FUKUSHIMA: TEPCO VA ACCELERER LE RETRAIT DU COMBUSTIBLE DE LA PISCINE 4

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TEPCO va accélérer le retrait du combustible de

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FUKUSHIMA: TEPCO VA ACCELERER LE RETRAIT DU COMBUSTIBLE DE LA PISCINE 4 dans REFLEXIONS PERSONNELLES fukudernierhabitant18

Photo: Antonio PAGNOTTA

TOKYO – La compagnie Tokyo Electric Power (TEPCO) va débuter en novembre 2013 le retrait du combustible de la piscine du réacteur 4 de la centrale de FUKUSHIMA et l’achever fin 2014, un an avant l’échéance initialement prévue, afin de réduire la dangerosité du site.

Le travail en lui-même devrait prendre 13 mois, quasiment deux fois moins de temps que ne le pensait auparavant TEPCO, a indiqué mardi 4 décembre 2012 un porte-parole à l’AFP.

Le toit de la piscine de désactivation du réacteur 4, située en étage, a été détruit par des explosions d’hydrogène qui ont saccagé les bâtiments de la centrale après le passage du tsunami du 11 mars 2011.

Partiellement à découvert, cette piscine est pleine de 1.331 barres de combustible usé (et environ 200 neuves) qui baignent dans l’eau, mais demeurent un danger potentiel en cas de séisme ou autre catastrophe naturelle entraînant la perte de ce liquide de refroidissement.

TEPCO, qui sait depuis longtemps le risque que présente cette piscine, a effectué un retrait de test de deux barres en juillet, afin d’évaluer la situation et de préparer l’extraction intégrale.

Cette opération très délicate devait être terminée fin 2015 mais, en accord avec l’Etat, TEPCO estime être en mesure de l’effectuer plus rapidement. Les barres seront transférées vers deux réservoirs.

Une couverture spéciale est en outre en train d’être installée sur la structure endommagée, une tâche qui devrait être achevée mi-2013, afin de limiter les émanations radioactives.

Le retrait du combustible de la piscine 4 est le plus urgent, compte tenu du nombre de barres, mais TEPCO va devoir procéder ensuite à l’extraction de celles contenues dans les piscines numéro 1 (292 barres), numéro 2 (587) et numéro 3 (514).

La piscine 4 était plus pleine que les autres car le réacteur 4 était arrêté au moment du séisme et du tsunami, et les centaines de barres habituellement contenues dans la cuve avaient été transférées dans la piscine de désactivation pour procéder aux opérations de maintenance de routine.

Quant au combustible qui se trouvait dans les coeurs des réacteurs 1 à 3, sur les six que compte la centrale FUKUSHIMA DAIICHI, il a fondu en raison de la perte de l’alimentation électrique et des fonctions de refroidissement.

Ces réacteurs, de même que le n°4, doivent être démantelés, une tâche ultra-complexe qui devrait nécessiter 40 ans de travaux et le développement de nouvelles techniques spéciales.

(©AFP / 04 décembre 2012 07h34) 

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 4 décembre, 2012 |Pas de commentaires »

UN PHYSICIEN NUCLEAIRE POUR LA FERMETURE IMMEDIATE DE FESSENHEIM (Réseau Sortir du Nucléaire)

Un physicien nucléaire pour la

fermeture immédiate de FESSENHEIM

UN PHYSICIEN NUCLEAIRE POUR LA FERMETURE IMMEDIATE DE FESSENHEIM (Réseau Sortir du Nucléaire) dans REFLEXIONS PERSONNELLES fessssssssPhysicien nucléaire, professeur à Polytechnique pendant 35 ans, Jean-Louis BASDEVANT a formé toute une génération d’ingénieurs du nucléaire.

Juste après l’accident de Fukushima, il a publié un ouvrage intitulé Maîtriser le nucléaire. Que sait-on et que peut-on faire après Fukushima?

Un an après, la réédition de ce livre est désormais sous-titrée Sortir du nucléaire après Fukushima ! Jean-Louis BASDEVANT témoigne ici de l’évolution de son point de vue.

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1. Pouvez-vous nous expliquer votre démarche et votre cheminement personnel ?

Le lendemain du déclenchement du désastre de Fukushima, un ami éditeur m’a demandé d’écrire un livre sur cet accident. Les informations étaient alors peu nombreuses, elles sont venues avec le temps, mais pour moi c’était un événement grave qui allait marquer l’histoire de l’électronucléaire civil. Il survenait après ceux de Three-Mile Island (TMI) en 1979, et de Tchernobyl en 1986.

En me mettant au travail, j’ai recueilli chaque jour les informations sur les événements de Fukushima, tout en me remémorant les détails de tous les incidents ou accidents antérieurs. Dans ce travail abondant, j’ai rapidement compris que l’essentiel du cataclysme tenait de la fusion du cœur des réacteurs.

C’est à l’été 2011 qu’après avoir analysé la structure et l’état du parc nucléaire français, je suis devenu convaincu que nos réacteurs actuels, comme pratiquement tous les réacteurs au monde, sont sujets au même type d’accident, et qu’ils sont dangereux. Plusieurs rapports, officiels ou provenant de sources qualifiés, ont confirmé ces idées. La suite de l’évolution du site de Fukushima laisse présager que l’accident est loin d’être terminé. Il faudra plusieurs années avant d’en faire un bilan complet.

Il n’est pas nécessaire d’essayer de dégager la responsabilité individuelle de tel ou tel dans ce terrible désastre. Le 6 juillet 2012, Kiyoshi Kurokawa, Professeur à l’Université de Tokyo, Président de la Commission Parlementaire sur l’Accident de Fukushima, a rendu des conclusions étonnantes de sévérité à l’égard de tous les acteurs de l’événement, notamment la structure de la culture japonaise. Qualifiant Fukushima de désastre Made in Japan, il dit que ses racines profondes proviennent d’usages et de comportement profondément ancrés dans la culture japonaise.

Ses causes fondamentales sont notre conditionnement à l’obéissance, notre réticence à remettre en question l’autorité, notre attachement à « nous conformer au programme fixé », notre mentalité de groupe et notre insularité. Si d’autres Japonais avaient été aux mêmes commandes que ceux qui, maintenant, portent la responsabilité de cet accident, le résultat aurait bien pu être le même. Nous devons au monde une explication de pourquoi cela pouvait se produire au Japon.

Depuis juillet 2011, je me pose la question : quel sera le désastre nucléaire Made in France ? Ou plutôt, pourquoi nous devons nous préoccuper d’une telle éventualité ?

2. Selon vous, quels sont les problèmes qui concernent les centrales nucléaires françaises ?

Le principal problème des centrales nucléaires françaises est que, parce qu’elles sont essentiellement du même type que les centrales japonaises et que les centrales américaines, y compris celle de Three Miles Island, elles présentent le même risque de fusion du coeur et de ses conséquences contre lesquelles on est sans défense à l’heure actuelle. 
La fusion du coeur et ses conséquences catastrophiques est, j’insiste, un problème qui se pose pour pratiquement toutes les centrales électronucléaire au monde.

Ce type d’accident menace donc la totalité actuelle du parc français, notamment les réacteurs de Fessenheim. Or un seul accident de ce genre serait une tragédie pour notre pays. Les recommandations faites par l’Agence de Sûreté Nucléaire (ASN) à la suite de Fukushima sont de nature à améliorer la sûreté de ces réacteurs, sans toutefois éliminer le risque.

Mais j’ai le regret de ne pas voir, à l’heure actuelle, le moindre signe de mise en conformité des réacteurs par EDF, ni de mise en place « à partir de 2012, d’une force d’action rapide nucléaire nationale […] qui devrait être totalement opérationnelle fin 2014″.

Il existe, dans ce que l’on appelle la génération 4 des réacteurs nucléaires, des réacteurs plus « sûrs » qui, par construction, ne peuvent pas subir ce type d’accident. Les centrales « sûres » seront peut-être la bonne solution au XXIIe siècle… mais ce ne sera plus notre affaire.

3. Pourquoi estimez-vous que Fessenheim doit être absolument fermée ?

Ce serait l’exemple de ce que doit être une décision politique sage. Il s’agit de l’installation nucléaire la plus ancienne du parc français. De ce fait, elle détient le record de minceur de radier : un mètre, comparé à trois à Fukushima et deux dans les centrales françaises plus récentes. Son ancienneté fait craindre une fragilité et tous ces éléments concordent à y favoriser le risque d’un accident avec fusion du coeur.

À l’issue de sa troisième visite décennale, le 4 juillet 2011, l’ASN a donné un avis technique favorable à la prolongation du réacteur 1 pour dix ans, avec les conditions expresses de:

1) renforcer le radier du réacteur avant le 30 juin 2013, afin d’augmenter sa résistance au corium en cas d’accident grave avec percement de la cuve, et

2) installer avant le 31 décembre 2012 des dispositions techniques de secours permettant d’évacuer durablement la puissance résiduelle en cas de perte de la source froide. À ce jour, aucune proposition acceptable n’a été faite par EDF.

La centrale de Fessenheim est située sur une faille en zone sismique (l’implantation la plus dangereuse de France à cet égard). Elle s’alimente en eau froide dans le grand canal d’Alsace, qui la surplombe de 9 mètres, toute perturbation grave de ce canal (chute d’avion) risquerait de noyer la centrale. Elle est, tout comme une autre, exposée au risque d’un « accident normal des systèmes complexes ». Dans un système complexe, un accident grave peut provenir de la conjonction inattendue et imprévisible de défaillances élémentaires, anodines en elles-mêmes.

Un accident nucléaire à Fessenheim aurait des conséquences plus que dramatiques. Elle est située à l’aplomb de la plus grande nappe phréatique de France, d’une capacité de 35 milliards de mètres cubes sur sa partie alsacienne, qui se prolonge en Allemagne. Et, pour corser le tout, elle est également à l’aplomb de la vallée du Rhin qui, entre Bâle et Rotterdam, est la région la plus peuplée, active, industrielle de l’Europe.

Cela signifie qu’en cas d’accident avec fusion partielle du coeur, une fois la dalle percée, le Rhin serait contaminé, jusqu’à Rotterdam. Un accident nucléaire grave y serait une catastrophe dramatique pour toute l’Europe, un coup de poignard qui anéantirait la vie dans cette région pendant plus de 300 ans. 
Arrêter Fessenheim est, pour moi, une application du Principe de Précaution, tant évoqué, qui relève d’un devoir moral vis-à-vis des habitants de l’Europe.

4. Votre remise en cause du nucléaire est-elle exceptionnelle dans votre milieu ?

Je m’exprime librement et ne fais qu’apporter ma contribution personnelle à une oeuvre qui comporte de très nombreux acteurs. Je ne suis certainement pas le seul dans mon milieu professionnel à remettre en cause le nucléaire civil.

Je communique avec de nombreux collègues, de spécialités diverses, tous de grande compétence. 
J’ai fait plusieurs conférences, dans le grand public comme dans les milieux scientifiques. J’ai toujours été écouté très courtoisement. Bien entendu, j’ai rencontré beaucoup de gens qui n’étaient pas de mon avis, et c’est parfaitement normal. Certains amis très proches sont en désaccord avec moi mais nos échanges sont toujours, pour moi, très stimulants. Un argument évident, qui n’a rien à voir avec la physique nucléaire ou la technique, est celui de l’avenir énergétique, fût-il de notre pays, de l’Europe ou du monde, compte tenu de ce que nous savons de l’état de l’économie, et la question de la transition énergétique tant prônée.

On se trouve, comme souvent dans la vie, devant de difficiles problèmes de choix. Ces choix sont de nature politique et je ne puis en parler qu’en amateur et apporter des informations.

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Jean-Louis Basdevant, « Maîtriser le nucléaire. Sortir du nucléaire après Fukushima », Paris, Eyrolles, 234 p., Edition de mars 2012.

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 28 novembre, 2012 |Pas de commentaires »

SECURITE NUCLEAIRE: JUSQU’À MAINTENANT, LE FACTEUR CHANCE A ETE FAVORABLE ! (Bernard LAPONCHE)

Sécurité nucléaire :

Jusqu’à maintenant, le facteur chance a été

favorable !

SECURITE NUCLEAIRE: JUSQU'À MAINTENANT, LE FACTEUR CHANCE A ETE FAVORABLE ! (Bernard LAPONCHE) dans REFLEXIONS PERSONNELLES centrale

LE CERCLE. par Bernard LAPONCHE -

« Les jeux de l’atome et du hasard » de Jean-Pierre Pharabod et Jean-Paul Schapira, publié en 1988 par Calmann-Levy, est le meilleur livre français que je connaisse sur la description et l’analyse des grands accidents nucléaires, avant celui de Fukushima.

« Rouge ! cria le croupier » (Dostoïevsky, Le Joueur).

Déjà les auteurs posaient la question suivante en sous-titre :

« De tels accidents peuvent-ils survenir en France » ? Ils écrivaient dans leur introduction : « l’analyse de la succession des incidents qui jalonnent notre histoire nucléaire semble indiquer que nous avons eu de la chance – peut-être beaucoup de chance ».

Three Mile Island (TMI) :

« S’il n’y a pas eu fusion totale et « syndrome chinois »(1), c’est essentiellement grâce au chef de quart de TMI-1(2) venu, deux heures après le début de l’accident, assister ses collègues en difficulté, et qui a compris (en soulevant une étiquette qui masquait un voyant) que la vanne de décharge du pressuriseur ne s’était pas refermée …on peut dire sans trop s’avancer qu’en Pennsylvanie, le 28 mars 1979 au matin, on a eu de la chance… ».

Et de citer le rapport de l’IPSN (aujourd’hui IRSN) relatif à l’accident survenu sur le réacteur français Bugey 5 le 14 avril 1984 :

« L’incident est d’une gravité, en ce qui concerne les sources électriques de puissance de la tranche, encore jamais rencontrée jusqu’ici sur les réacteurs français à eau pressurisée… Une défaillance supplémentaire sur cette voie (refus de démarrage du diesel, refus de couplage sur le tableau LHB(3), etc.) aurait donc conduit à une perte complète des alimentations électriques de puissance, situation hors dimensionnement. » 

Après avoir rappelé que la filière RBMK des réacteurs de Tchernobyl, développée en URSS depuis le début des années 1950, était « une filière rodée, performante et jugée très sûre », les auteurs présentent et analysent de la même façon la catastrophe du 26 avril 1986. Le cœur étant détruit, la masse radioactive risquerait de contaminer la nappe phréatique : « Une équipe de mineurs, que l’on fait venir spécialement, entreprend finalement la construction sous le réacteur d’un tunnel, véritable cocon que l’on remplit de béton pour l’isoler de la nappe phréatique ».

Dans son ouvrage récent « Maîtriser le nucléaire – Sortir du nucléaire après Fukushima », le professeur Jean-Louis Basdevant cite le professeur biélorusse Vassili Nesterenko : « Mon opinion est que nous avons frisé à Tchernobyl une explosion nucléaire. Si elle avait eu lieu, l’Europe serait devenue inhabitable ». Et Basdevant de conclure : « C’est pour cela que l’on peut avancer que si l’accident de Tchernobyl n’a pas été dramatiquement plus grave, c’est grâce au courage de quelques-uns, mais surtout grâce à la chance ».

L’accident de Fukushima, qui est loin d’être terminé, est lui aussi causé par la perte totale du refroidissement des réacteurs. C’est, au même titre que Tchernobyl, une catastrophe dont les effets se feront sentir longtemps et loin. Mais les habitants de Tokyo ont « eu de la chance » car, lors de l’explosion et de l’envoi massif de matières radioactives dans l’atmosphère, le vent soufflait vers l’ouest et l’océan Pacifique. S’il avait soufflé vers le sud, le « Japon était coupé en deux »(4) et il aurait fallu évacuer Tokyo. Jusqu’ici la chance, il n’y a pas d’autre mot, a permis que la piscine remplie de combustibles irradiés très radioactifs du réacteur 4, endommagée et située en hauteur, ne soit pas détruite par une secousse sismique ou un typhon.

Et la France ? Pharabod et Schapira concluaient le chapitre sur Tchernobyl par un avertissement : « Il faudra bien, nous semble-t-il, revoir les décisions (et la politique qui les sous-tend) qui ont conduit à implanter un nombre de plus en plus grand de centrales nucléaires sur l’ensemble de l’Europe et tout particulièrement en France, notamment près de zones à très fortes densités de population ».

Centrale du Blayais, 27 décembre 1999 : tempête et inondation, perte du réseau, dix heures pour récupérer le refroidissement normal du réacteur n°1. Le GSIEN écrit :

« La crainte du bogue de l’an 2000 a heureusement aidé : les équipes avaient été entraînées et ont travaillé comme des chefs » (Monique Sené), et la marée était loin du niveau maximal (Bella Belbéoch). On a failli évacuer Bordeaux…

Qu’il s’agisse de l’occurrence d’un accident grave ou de l’ampleur de ses conséquences qui le transforme en catastrophe, le hasard apparaît toujours dans l’accumulation de défaillances ou d’agressions dans ces systèmes complexes que sont la machine elle-même et son environnement, humain et naturel.

Lorsque l’on sait que, pour les réacteurs nucléaires équipant toutes les centrales nucléaires françaises, les accidents graves n’ont pas été considérés lors de leur conception(5), on peut se convaincre de la nécessité et de l’urgence « d’aider la chance » en fermant le plus rapidement possible les réacteurs nucléaires (qui arrivent pour la plupart à la fin de la durée de fonctionnement initialement prévue) sur la base d’une analyse de risques multicritère, tenant compte notamment de la densité de la population environnante.

NOTES : (1) Percement de la cuve et du béton du radier par le combustible fondu (corium) qui s’enfonce dans la terre. 

(2) Le réacteur accidenté est TMI-2. 

(3) Un des deux tableaux d’alimentation électrique de la centrale. 

(4)Témoignage d’un représentant de l’IRSN. 

(5) R&D relative aux accidents graves dans les réacteurs à eau pressurisée : bilan et perspectives, La Documentation Française, janvier 2007. Rapport rédigé conjointement par l’IRSN et le CEA (Commissariat à l’Energie Atomique).                      

De la responsabilité politique de la sûreté

nucléaire

LE CERCLE. (par Bernard LAPONCHE) -

A entendre ou lire certaines déclarations, on a le sentiment que le Gouvernement n’a pas vraiment pris la mesure de son rôle et de ses responsabilités dans le domaine du risque nucléaire.

L’existence depuis 2006 (loi relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire, dite Loi TSN(1)) de l’ASN, autorité administrative « indépendante », n’a fait que renforcer dans les esprits et dans les faits la démission (volontaire ou non) du pouvoir politique sur la question de la sûreté nucléaire : les politiques s’accommodent tout à fait d’une ASN « indépendante » et se réfèrent à ses avis ou prescriptions pour ne pas prendre de décisions dans ces domaines.

Etant précisé dans son article 28-I que « L’exploitant d’une installation nucléaire de base est responsable de la sûreté de son installation », la loi définit les responsabilités en matière de contrôle de la sûreté. On constate que les responsabilités de l’ASN ne sont pas aussi étendues qu’on le croit.
Qu’on en juge :
- Toutes les décisions réglementaires relatives à l’autorisation d’une installation nucléaire ou à son arrêt ou à la suspension de son fonctionnement sont de la responsabilité du Gouvernement (décrets et arrêtés des ministres responsables de la sûreté nucléaire ou décrets en Conseil d’Etat). Dans la plupart des cas, « après avis » ou « en concertation » avec l’ASN (article 3).
- « L’ASN, autorité administrative indépendante, participe au contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection et à l’information du public dans ces domaines » (article 4).
- L’ASN « peut prendre des décisions réglementaires à caractère technique pour compléter les modalités d’application des décrets et arrêtés pris en matière de sûreté nucléaire ou de radioprotection… Ces décisions sont soumises à l’homologation des ministres chargés de la sûreté nucléaire… ou des ministres chargés de la radioprotection… » (article 4-1).

La responsabilité directe du gouvernement est en particulier soulignée dans le cas d’une situation d’urgence : « L’ASN est associée à la gestion des situations d’urgence radiologique résultant d’évènements de nature à porter atteinte à la santé des personnes et à l’environnement par exposition aux rayonnements ionisants… », et, « Lorsque survient une telle situation d’urgence, elle (ASN) assiste le Gouvernement pour toutes les questions de sa compétence ».

La responsabilité du Gouvernement vis-à-vis des citoyens est bien confirmée par la loi:
« S’il apparaît qu’une installation nucléaire de base présente des risques graves pour les intérêts mentionnés au I de l’article 28(2), les ministres chargés de la sûreté nucléaire peuvent, par arrêté, prononcer la suspension de son fonctionnement pendant le délai nécessaire à la mise en œuvre des mesures propres à faire disparaître ces risques graves. Sauf cas d’urgence, l’exploitant est mis à même de présenter ses observations sur le projet de suspension et l’avis préalable de l’Autorité de sûreté nucléaire est recueilli » (article 29-IV).

La situation exceptionnelle de la France avec environ 75% de sa production d’électricité d’origine nucléaire(3) par 58 réacteurs de la même famille rend la responsabilité gouvernementale encore plus lourde, comme l’illustre la déclaration du président de l’ASN lors de son allocution du 3 avril 2003 devant l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Techniques (OPECST) :
« Pour illustrer mon propos, en cas de problème générique et grave, je serais conduit à aller voir le Premier Ministre et à lui dire : « Monsieur le Premier Ministre, vous avez le choix entre deux décisions possibles : première version, on coupe l’électricité ; deuxième version, on continue à faire fonctionner le parc nucléaire d’EDF dans un mode dégradé ».

La loi confirme bien que la responsabilité du Gouvernement est entière (ministre responsable de la sûreté nucléaire, Premier Ministre, Président de la République). Chacun doit en être parfaitement conscient.

NOTES : (1) Loi n° 2006-686 du 13 juin 2006. 

(2) Loi TSN, Article 28-I : « Sont soumis aux dispositions du présent titre les installations nucléaires de base et les transports de matières radioactives en raison des risques ou inconvénients qu’ils peuvent présenter pour la sécurité, la santé et la salubrité publiques ou la protection de la nature et de l’environnement ». 

(3) Cette proportion est beaucoup plus élevée que dans les grands pays industrialisés utilisant cette énergie. En 2009 : 19% aux Etats-Unis, 28% au Japon, 16% en Russie, 30% en Corée du Sud, 22% en Allemagne, 16% au Royaume-Uni (et 2% en Chine et en Inde). Cette production, en France, est entièrement assurée par le même type de réacteur de la filière à uranium légèrement enrichi et eau sous pression.

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 28 novembre, 2012 |Pas de commentaires »

URANIUM: UNE PREMIERE ! AREVA MET UN GENOU A TERRE ET INDEMNISE UNE VICTIME FRANCAISE DU NUCLEAIRE (Colectif Anti-Nucléaire Sud-Est / Jeuneafrique.com)

Uranium :

Une première ! AREVA met un genou à

terre et indemnise une victime française du

nucléaire.

URANIUM: UNE PREMIERE ! AREVA MET UN GENOU A TERRE ET INDEMNISE UNE VICTIME FRANCAISE DU NUCLEAIRE (Colectif Anti-Nucléaire Sud-Est / Jeuneafrique.com) dans REFLEXIONS PERSONNELLES areva

(Coordination Anti-Nucléaire Sud-Est)

Conducteur de travaux dans une mine d’uranium d’AREVA au GABON, Mr Aimé GAUDET, est décédé en l’an 2000 d’un cancer du à l’exposition à l’uranium.

Sa fille qui mène depuis un combat contre le géant français du nucléaire pour la défense des salariés et ex-salariés d’AREVA atteints de cancers (association MOUNANA) vient d’obtenir satisfaction et être indemnisée par le leader du crime sanitaire nucléaire.

C’est une première! Pour autant rien n’est encore définitivement gagné car sur les 21 dossiers médicaux d’anciens salariés atteints de cancers transmis à ce jour à AREVA, seul celui de son père a obtenu une indemnisation et un second devrait suivre. Quid des autres ?

Jacqueline GAUDET, présidente de « l’Association de Défense des Ex-Salariés d’AREVA Malades et de leurs Ayants Droit » est la fille d’un ex-salarié d’AREVA décédé d’un cancer. Elle vient d’être dédommagée par le géant français de l’uranium qui reconnait ainsi sa responsabilité dans la mort d’une victime de ses activités nucléaires. Un soulagement pour elle,  qui pourra enfin faire le deuil de son père décédé en 2000 d’un cancer, mais encore une source d’inquiétude car la quasi-totalité des autres dossiers des malades victimes a été refusée. Le sort incertain des autres anciens salariés et de leur famille demeure une tâche sombre supplémentaire sur l’image du géant de la destruction atomique civile et militaire.

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Cette indemnisation constitue toutefois une première en la matière. La société AREVA à mis un genou à terre en s’étant engagée à payer en décembre 2011 puis vouloir « proposer une compensation » pour deux dossiers. «  Les pathologies entrent bien dans le cadre de ce qui est connu comme effet à long terme des rayonnements ionisants« , précise le courrier adressé à Mme GAUDET et que l’avocat de l’association SHERPA, solidaire des victimes – Me Breham – commente : « c’est la première fois qu’AREVA reconnaît qu’il existe entre une maladie et des rayonnements un lien suffisamment fort pour indemniser la famille« .

La démonstration est faite que l’exposition à l’uranium tue.

C’est une reconnaissance de fait !

« Je suis très heureuse d’avoir pu démontrer que mon père est décédé à cause de l’exposition à l’uranium. C’est une reconnaissance de fait », soutient la présidente-fondatrice de l’association MOUNANA, pour la défense des salariés et ex-salariés d’AREVA atteints de cancers. Qui, dans son combat mené depuis 2005, a bénéficié du soutien très actif des ONG SHERPA (pour la défense des populations victimes de crimes économiques) et Médecins du Monde, ainsi que celui de la CRIIRAD (Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité).

Toutefois, Jacqueline GAUDET reste partagée, car pour l’heure, sur les 21 dossiers médicaux d’anciens salariés atteints de cancers transmis à AREVA, seul celui de son père a obtenu une indemnisation. Quid des autres, se demande-t-elle ?

Dès 2000, le cancer du poumon dont était atteint Aimé GOMEZ, le père de Jacqueline GAUDET, avait été diagnostiqué comme maladie due à l’uranium par le service pneumologique de l’hôpital du Moenchsberg à Mulhouse. D’où la décision de faire reconnaître les maladies radio-induites dues à l’exploitation de l’uranium à la mine de MOUNANA, au GABON, comme maladies professionnelles.

AREVA se défausse systématiquement depuis des décennies de

toute implication

AREVA avait été mis en cause à partir de 2003 par des associations qui menaçaient de porter plainte contre lui, et dénonçaient le taux élevé de cancers parmi les salariés ou ex-salariés de ses mines d’uranium au GABON et au NIGER. Mines d’où provient la quasi totalité de l’uranium nécessaire aux centrales nucléaires françaises rendant ainsi la France dépendante à 100% de l’étranger . Le groupe français avait accepté en 2007 de mettre en place des « Observatoires de la Santé » dans les régions concernées, ouvrant la voie à d’éventuelles indemnisations. Un tel observatoire vient ainsi d’être mis en place cette semaine dans la région d’Agadez, au NIGER.
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Des milliers de tonnes de déchets radioactifs et chimiques

Le combat de vérité s’est avéré un véritable parcours du combattant, AREVA se défaussant de toute implication. Il a fallu une dénonciation de la situation sanitaire au GABON par « Médecins du monde », suivie d’une conférence de presse par « SHERPA » pour dénoncer les agissements d’AREVA, et le documentaire du journaliste Dominique Hennequin, « Uranium, l’héritage empoisonné », pour que démarre « un processus de négociations ». Il en est résulté un accord en 2009 entre SHERPA, Médecins du monde et AREVA pour dédommager les éventuelles victimes ayant travaillé au GABON et au NIGER, et pour envisager la mise en place d’Observatoires de la Santé sur place.

Dans un documentaire sur ce sujet diffusé en France fin 2009, l’ingénieur en physique nucléaire, Bruno Chareyron, dénonçait une « contamination tout à fait inacceptable » du sol dans la forêt près de la mine de Mounana, en particulier en radium, torium 230 et plomb 210. Le réalisateur du documentaire, Dominique Hennequin, s’était vu admonester par le porte-parole d’AREVA Jacques-Emmanuel Saulnier (« Mes équipes ont pour instruction de ne plus donner suite à vos sollicitations ») qui n’avait pas apprécié deux propos : lorsque le réalisateur a confié au magazine Télérama  que «  l’encadrement par la com’ d’AREVA lui avait rappelé « la Corée du Nord« ; »L’entreprise a laissé derrière elle des milliers de tonnes de déchets radioactifs et chimiques. Les habitants vivent dans des maisons construites avec des stériles radioactifs, tandis que les moyens médicaux, eux, sont partis avec la COMUF, laissant les anciens mineurs mourir dans la souffrance et le silence« . 

21 types de cancers radio-induits reconnus par l’ UNSCEAR

(United National Scientific Committee of the Effects Atomic

Radiation) mais seulement 3 par la Sécurité Sociale Française!

« De 2009 à 2012, ça a été extrêmement dur », glisse Jacqueline GAUDET.

Laquelle évoque l’espoir qu’avait suscité l’accord de 2009, puis le scepticisme, puisque pour l’instant il ne concerne que les deux dossiers – celui de son père et un autre, en cours, « qui sera indemnisé », assure AREVA – dont les cancers sont reconnus au tableau n° 6 des maladies professionnelles du Code de la Sécurité Sociale Française (lequel ne reconnaît que trois types de cancers radio-induits). Les autres dossiers ont été rejetés par AREVA ; un est en cours d’examen.

« Examinés par un médecin d’AREVA et un autre désigné par SHERPA, 16 dossiers ont été identifiés sans rapport avec l’activité professionnelle. Quatre autres dossiers ont été revus par un expert auprès de la Cour d’appel : deux ont été reconnus et deux rejetés », explique le Dr Alain Acker, directeur médical d’AREVA, qui se fonde sur le tableau n° 6 de la Sécurité Sociale. « Si ce tableau n’a pas été rediscuté par le législateur depuis 1984, c’est qu’il n’avait pas à l’être. On applique strictement ce qui a été signé en 2009. »

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Néanmoins, Jacqueline GAUDET ne rend pas les armes, évoquant la liste des 21 types de cancers radio-induits retenus par UNSCEAR (United National Scientific Committee of the Effects Atomic Radiation) sur laquelle s’est basé le Sénat Français pour l’indemnisation des personnes irradiées lors des essais nucléaires. Le cancer du rein y figure, maladie dont sont atteintes les deux victimes encore vivantes ayant déposé un dossier auprès d’AREVA. L’association MOUNANA dit attendre le retour des dossiers médicaux pour comprendre sur quoi se fonde le refus de reconnaissance. Des dossiers qu’AREVA dit ne pas pouvoir posséder en vertu du secret médical, qui renvoie l’association auprès du médecin désigné par SHERPA.

« Tant qu’il y aura un doute, l’association MOUNANA voudra connaître la vérité», répète Jacqueline GAUDET, persuadée que « tout n’est peut-être pas fini » pour les autres familles touchées comme pour les anciens travailleurs d’Afrique… Sans parler, au GABON et au NIGER comme en France, des populations civiles riveraines victimes tous les jours des rejets radioactifs, dans l’air et dans l’eau, des installations nucléaires.

Coordination Anti-nucléaire Sud-Est

sources originelles : www.Alsace.fr / www.jeuneafrique.com

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 28 novembre, 2012 |Pas de commentaires »

L’IRAN REAFFIRME QU’IL VA POUSUIVRE L’ENRICHISSEMENT D’URANIUM AVEC FORCE

L’IRAN réaffirme qu’il va poursuivre

l’enrichissement d’uranium avec force

L'IRAN REAFFIRME QU'IL VA POUSUIVRE L'ENRICHISSEMENT D'URANIUM AVEC FORCE dans REFLEXIONS PERSONNELLES arak

Image du site d’Arak acquise par le satellite GeoEye le 17 février 2005.
Crédit image : GeoEye.

TEHERAN – L’IRAN va poursuivre avec force l’enrichissement d’uranium qui est au centre de son conflit avec la communauté internationale sur son programme nucléaire controversé, a réaffirmé, mercredi 28 novembre 2012, la chef de ce programme Fereydoun Abbassi Davani.

Cette déclaration intervient alors que l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) doit se réunir jeudi 29 novembre 2012 pour évoquer l’absence de progrès dans ses efforts visant à lever les doutes sur les activités nucléaires de Téhéran.

En dépit des sanctions (internationales), nous avons pu accroître significativement le nombre de centrifugeuses (…) ainsi que l’enrichissement, et ce développement va être poursuivi cette année (ndlr: l’année iranienne se terminant le 20 mars 2013), a déclaré M. Abbassi Davani cité par plusieurs médias officiels iraniens.

Nous allons continuer l’enrichisement (d’uranium) avec force, a ajouté le responsable de l’Organisation Iranienne de l’Energie Atomique.

L’IRAN est depuis 2007 sous le coup de sanctions de plus en plus sévères du Conseil de Sécurité de l’ONU et des pays occidentaux pour son programme nucléaire, soupçonné par la communauté internationale d’avoir un objectif militaire en dépit des dénégations véhémentes de Téhéran.

Six résolutions du Conseil de Sécurité ont enjoint à Téhéran de cesser notamment l’enrichissement d’uranium, mais les dirigeants iraniens ont toujours affirmé qu’ils ne cèderaient pas aux sanctions et que l’IRAN continuerait à enrichir de l’uranium conformément aux droits que lui donne, selon eux, le Traité de Non-Prolifération Nucléaire (TNP) dont il est signataire.

Dans son dernier rapport sur l’IRAN, l’AIEA a répété à la mi-novembre qu’elle n’était pas en mesure de conclure que tous les matériaux nucléaires en IRAN sont (utilisés) à des fins pacifiques.

Le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne plus l’Allemagne), qui discutent en vain depuis trois ans du dossier nucléaire iranien avec Téhéran, ont proposé de leur côté la semaine dernière de reprendre dès que possible les négociations au point mort après l’échec d’une réunion à Moscou en juin.

Téhéran n’a pas encore réagi publiquement à cette proposition.

M. Abbassi Davani a par ailleurs affirmé que l’IRAN allait prochainement tester avec du combustible virtuel son réacteur à eau lourde en construction à Arak (centre).

L’AIEA a noté dans son dernier rapport que Téhéran avait retardé de six mois, au premier trimestre 2014, la date de mise en service de cette installation.

En dépit des rumeurs (…), les travaux progressent selon le calendrier prévu, a affirmé le responsable iranien.

Il a toutefois ajouté que l’Iran avance avec précaution sur ce projet en raison des efforts de ses ennemis pour provoquer des dommages au réacteur, sans donner de détail sur la nature des menaces redoutées par les ingénieurs iraniens.

Les efforts de l’IRAN pour développer une filière nucléaire à eau lourde, qui ne nécessite pas d’uranium enrichi mais peut permettre de produire du plutonium susceptible d’avoir lui aussi un usage militaire, ont également été condamnés par le Conseil de Sécurité de l’ONU et ils sont suivis de près par l’AIEA. 

Les installations d’Arak ne sont toutefois que partiellement sous contrôle de l’agence onusienne, l’IRAN ne donnant qu’épisodiquement à ses inspecteurs l’accès à son site de production d’eau lourde.

(©AFP / 28 novembre 2012 12h06)                                                                                              

 fichier pdfRapport AIEA sur l’IRAN

fichier pdf IAEA_Iran_8Nov2011 

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 28 novembre, 2012 |Pas de commentaires »

LE PROFESSEUR MAURICE TUBIANA: CELUI QUI N’A PEUR DE RIEN !(Thierry LAMIREAU)

Arrêtons d'avoir peur ! dans Conseils de lecture 9782749915630

Arrêtons d’avoir peur !

LE PROFESSEUR MAURICE TUBIANA: CELUI QUI N'A PEUR DE RIEN !(Thierry LAMIREAU) dans REFLEXIONS PERSONNELLES tubiana1

Telle est l’injonction lancée

par Maurice TUBIANA

dans son dernier livre.

Le livre de Maurice TUBIANA  combat les « tenants du déclin et de l’obscurantisme scientifique. »

Un ton  excessif comme d’habitude et surtout un manque de données chiffrées ou de sources. 

« A l’heure où il convient de préparer le futur, d’œuvrer pour le bien de l’humanité, alors que certains pays attendent de connaître un progrès qui leur a jusque là été refusé, il serait paradoxal de refuser le progrès et le développement.

Mettre un terme au progrès au nom du Principe de Précaution serait pour le moins paradoxal et excessif. » 

Toujours le même baratin de type « fasciste » pour dire au peuple: « Braves gens, circulez !…y’a rien à voir…tout va bien !…laissons faire les industriels pour travailler en silence !…laissons le « progrès » envahir la planète… »pour le bien de l’humanité. »

Médecin biologiste et physicien, Maurice TUBIANA

martèle que la catastrophe de Tchernobyl décompte

uniquement 150 décès dus à l’irradiation…que les ondes

des téléphones portables sont sans conséquence…que sans

les insecticides certaines régions de France seraient

inhabitables !…que les OGM sont bonnes pour la

santé…que la pollution atmosphérique est négligeable…

que l’alimentation industrielle est bonne pour tous…

que le nucléaire est sans danger…

Maurice TUBIANA :

une technique de communication…

à la « GOEBBELS » !

Je ne lance pas ce titre à la légère.  Je me souviens d’une conférence

organisée dans un amphi plein à craquer à la Faculté de Médecine de

la ville de LIMOGES dans les années 90 où Maurice TUBIANA avait

pris en exemple « les techniques de communication de GOEBBBELS! »

J’étais présent dans la salle et j’ai été le SEUL à critiquer 

M.TUBIANA sur cette citation et sur d’autres sujets puisqu’il

parlait des effets de la radioactivité sur l’Homme notamment

parce qu’à l’époque, les mines d’URANIUM tournaient encore au

maximum en LIMOUSIN, région que j’habitais.

RAPPEL:

Joseph GOEBBELS

https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Goebbels

Un comble:

Alors que AREVA / COGEMA et M.Maurice TUBIANA ont induit par

leurs attitudes « nauséabondes » une augmentation très importante

de la MORBIDITE et de la MORTALITE de la population…

Traitement contre le cancer :

AREVA lance la construction

du « laboratoire Maurice TUBIANA »

pour la production de Plomb-212

« AREVA a lancé le 31 mai 2012 la construction d’un laboratoire de production de Plomb-212 de qualité médicale, sur le site de Bessines-sur-Gartempe, dans le LIMOUSIN.
La filiale AREVA MED, qui porte ce projet au sein du groupe, franchit ainsi une nouvelle étape clef vers la production industrielle de Plomb-212, un isotope utilisé dans le développement de traitements contre le cancer.
Ce laboratoire « unique au monde » selon le groupe, entrera en production en 2013. Il portera le nom du Professeur Maurice TUBIANA, membre de l’Académie des Sciences, dont les travaux sur le cancer font autorité dans le monde.
Le lancement officiel de la construction du nouveau laboratoire fait suite à l’autorisation donnée en janvier 2011 par les autorités américaines à AREVA MED de débuter les premiers essais cliniques d’un nouveau traitement au Plomb- 212.
L’innovation en médecine nucléaire est avant tout liée à la disponibilité des isotopes de qualité médicale.
Avec le laboratoire Maurice TUBIANA, la production à l’échelle industrielle de Plomb-212, un isotope rare, doit permettre de traiter les formes les plus agressives de cancer. »

Interview:

« Paralyser les avancées scientifiques

menace

notre avenir »

(Pr. M. TUBIANA)

(Philippe PAVARD)

Publié le jeudi 15 novembre 2012 – 18h05

Dans son dernier livre
« Arrêtons d’avoir peur »,
paru aux éditions Michel Lafon,
le Pr Maurice TUBIANA (1), pionnier de la cancérologie française, fustige la défiance actuelle orchestrée à l’égard de la science. Nous l’avons rencontré.

Comment expliquez-vous le mouvement de défiance à l’égard de la science ?

« Les Français sont devenus pessimistes et ont peur de tout.

Vis à vis de la science, c’est essentiellement l’écologie qui a joué.

Les écologistes leur ont dit que la science était nuisible, qu’elle avait détruit les équilibres naturels, que ce qu’elle avait introduit comme innovation comme les insecticides ou les OGM était très défavorable pour la santé, ce qui est totalement faux.

Au contraire, les insecticides ont permis de lutter contre un certain nombre de maladies comme le paludisme et la dengue. Autrefois, des régions entières comme la côte orientale de la Corse ou la région de Montpellier étaient invivables tellement il y avait de moustiques et aujourd’hui elles sont devenues des régions recherchées….

On a créé ce sentiment de défiance en disant que la nourriture moderne est mauvaise, que les aliments ne sont plus naturels alors que jamais il y a eu aussi peu de maladies digestives liées à la nourriture. Jamais la santé n’a été meilleure en France comme le prouve le fait que la durée de vie s’allonge continuellement de trois mois par an, ce qui est gigantesque.

La qualité de vie des gens âgés n’a jamais été meilleure. Il n’y a aucune base scientifique à la supériorité de l’alimentation bio.

C’est l’exemple même d’une vision tout à fait théorique et idéologique qu’ont imposée les écologistes. Si l’alimentation bio a du succès, c’est bien la preuve d’un déficit français en culture scientifique. L’écologie a fait de la nature une divinité. Or la science paraît sacrilège car on l’accuse de ne pas respecter la nature.

La France est devenue l’un des pays au monde où les écologistes ont le plus d’influence, notamment les plus radicaux d’entre eux.

Le principe de précaution a-t-il une responsabilité ?

Le principe de précaution a été imposé par Jacques Chirac uniquement dans un but électoraliste. Il y a vu un moyen d’exploiter la peur des français devant la science et le progrès.

Je me suis battu pour qu’il ne soit pas inscrit dans la constitution mais dans son entourage, Mme Kosciusko Morizet, a été l’élément moteur pour finalement le faire voter.

Nous avons hérité de la vision la plus radicale de ce principe. Heureusement, les gens commencent à réagir et à se dire que le principe de précaution est une fumisterie !

Vous pointez aussi du doigt le manque de culture scientifique chez nos élites…

La science n’est plus enseignée en France et on peut arriver à des postes importants sans avoir la moindre idée de ce qu’est la science et de ce qu’elle peut apporter, non seulement en pratique mais aussi en tant que formation intellectuelle, comme exigence de rigueur et de vérité.

Nos magistrats n’ont pas de culture scientifique. Et l’ENA n’en donne absolument aucune. La plupart des hauts fonctionnaires qui sont passés par cette école n’ont donc aucune formation dans ce domaine et c’est une véritable catastrophe pour le pays !

On a en France un déficit qui s’aggrave en scientifiques. Et dans beaucoup de domaines, on ne forme plus assez de jeunes pour prendre la relève de ceux qui partent à la retraite.

En plus, c’est mal considéré et mal payé. On présente en effet les scientifiques comme des apprenti-sorciers au lieu de voir en eux, comme autrefois, des bienfaiteurs de l’humanité.

Il n’est pas étonnant dans ces conditions que les jeunes se détournent de cette discipline.

Cette défiance a des impacts importants. « A qui profite le crime » comme vous dites ?

Il est évident que si on veut mettre la France en difficulté, il suffit de dresser les Français contre la science et de diminuer les ressources financières affectées à des actions scientifiques pour les diriger vers des projets illusoires ou chimériques.

Il y a des groupes de personnes dont la spécialité est d’attiser les peurs. C’est ainsi que des techniques prometteuses sont torpillées avec de graves conséquences. Regardez les cellules souches pour lesquelles on a pris du retard.

On les a présentées comme quelque chose de dangereux et de diabolique alors que c’est le principal espoir pour lutter contre le vieillissement. Cela se fera ailleurs…

Il en est de même pour les gaz de schiste prescrits comme dangereux, alors qu’aux Etats-Unis, ils constituent une source importante d’énergie sans effet nocif pour la population.

Des ONG luttent délibérément contre la science et le progrès. Je pense en particulier à GREENPEACE. Ces ONG ont souvent leur siège et leur centre de commandement dans un paradis fiscal, ce qui interdit de savoir d’où proviennent les fonds.

Elles peuvent très bien être manipulées par des pays ou des personnes qui ont intérêt à nuire à la France et à bloquer certaines initiatives.

Quelle est la responsabilité des médias dans ce mouvement ?

Les médias donnent de l’importance à des pseudo-scientifiques qui n’ont aucune formation, qui n’ont pas d’audience auprès de leurs pairs et qui n’ont jamais rien publié de sérieux.

Cela tient au fait que beaucoup de journalistes eux-mêmes n’ont pas ou peu de culture scientifique. Ils se laissent prendre par les apparences : c’est comme cela que certains médecins (une minorité heureusement) peuvent tenir des discours absolument délirants.

La peur stimule les ventes, stimule l’intérêt alors que rassurer n’attire pas le lecteur !

A contrario, n’êtes-vous pas en train de demander un retour au scientisme des trente glorieuses ? La science peut aussi se tromper…

Je ne demande pas du tout un retour au scientisme. Je demande que l’on fasse comprendre ce qu’est véritablement la science sans la caricaturer et que l’on réalise qu’un pays qui a une industrie ne peut pas se passer de la science.

La France est malheureusement devenue un pays où la capacité d’innovation a beaucoup baissé. Nous ne pointons plus qu’au dixième rang de l’UE !

On a laissé détruire l’industrie faute de substratum scientifique suffisant ». _____ (1) Le Pr Maurice Tubiana a dirigé l’Institut Gustave Roussy de Villejuif, est membre de l’Académie des Sciences et de l’Académie Nationale de Médecine qu’il a présidée. Propos recueillis par Philippe PAVARD

« Le Principe de Précaution:

Bilan de son application

quatre ans après sa

constitutionnalisation »

(Compte-rendu de l’audition publique

du 1er octobre 2009)

Organisée par Claude BIRRAUX, député.

M. MAURICE TUBIANA,

MEMBRE DE L’ACADÉMIE NATIONALE

DE MÉDECINE

Monsieur le Président, je voudrais insister sur un premier point :

Le principe de précaution tel qu’il a été inscrit dans la Charte de l’Environnement est très différent du principe de précaution tel qu’il était défini dans la loi Barnier et tel qu’il a été adopté à Nice en 2000 lors de la réunion des chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne.

Plusieurs garde-fous ont été supprimés mais la différence essentielle est la suppression de toute allusion aux bénéfices : dans le principe de précaution tel qu’il est dans la Constitution, on ne retient que les risques. Voilà qui est dangereux parce que l’évaluation en santé publique, et de façon plus générale dans la prise de décision, est fondée sur la balance bénéfice/risque.

La santé publique est née à la fin du XVIIIe siècle au moment où l’on a discuté de l’inoculation et de la vaccination contre la variole. Deux grands scientifiques, Daniel Bernoulli et d’Alembert s’étaient penchés sur le problème et avaient montré que l’on risquait environ 2 % de décès soit près de 300 000 morts en France, ce qui n’est pas un petit risque, cependant ils avaient malgré cela conclu à la nécessité de mettre en oeuvre une action contre la variole car leurs calculs montraient que le bénéfice allait être beaucoup plus grand que le risque. Effectivement, si nous n’avons pas de données précises sur l’ampleur du risque faute de statistiques, nous savons que l’espérance de vie a crû de dix ans entre 1800 et 1815 et que ce gain énorme d’espérance de vie, malgré les guerres napoléoniennes et toutes les perturbations de l’Europe liées à ces guerres, est le seul ayant été observé entre 1750 et 1850.

Le principe de précaution avait pour but de diminuer les risques et de rassurer l’opinion ; il faut voir si ces deux objectifs ont été atteints. En ce qui concerne les jugements, le Tribunal Correctionnel d’Orléans en 2005 a relaxé quarante-neuf faucheurs volontaires de maïs transgénique parce que « cette dégradation volontaire répondait à l’état d’une nécessité résultant d’une situation de danger ».

Le tribunal ne dit pas sur quoi est fondée cette situation de danger car aucun rapport scientifique sur les OGM, ni celui de l’Académie des Sciences, ni celui de l’Académie Nationale de Médecine, ni ceux de l’Union Européenne ne mettent en évidence un risque sanitaire. Sur le plan biologique, seule la composition du génome importe et non pas son origine (génome sauvage ou obtenu par mutation induite, sélection, hybridation ou introduction d’un gène étranger). Ce n’est donc qu’au cas par cas qu’on peut juger de la nocivité ou de l’innocuité d’un génome. Je voudrais aussi rappeler que cet OGM et beaucoup d’autres sont cultivés en Amérique du nord et du sud ainsi qu’en Asie et, sur les deux milliards d’habitants qui les consomment, on n’a détecté aucune altération de la santé qui leur soit imputable.

Rappelons aussi qu’un nombre élevé et croissant de médicaments sont fabriqués par introduction d’un gène étranger dans le génome de bactéries ou de plantes. Or, non seulement, ils n’ont pas causé d’effets délétères, mais ces produits, par exemple les hormones fabriquées à partir d’OGM sont reconnues comme étant beaucoup plus sûres que celles extraites de l’hypophyse humain et que les médecins qui utilisaient celles-ci ont été critiqués à cause de leur risque. Malgré cela, 80% des Français ont peur des OGM.

En ce qui concerne les antennes téléphoniques, il y a les jugements de la Cour d’Appel de Versailles en février 2009, ainsi que des tribunaux de Carpentras et d’Angers. Comme on l’a dit à plusieurs reprises ce matin, les prises de position de ces magistrats ont été fondées sur les plaintes de personnes ressentant des troubles qui provoquaient des angoisses ; elles s’estimaient hypersensibles aux champs magnétiques. Or, les travaux scientifiques effectués sur plusieurs de ces personnes ont montré que cette hypersensibilité n’existait pas puisqu’elles ne distinguaient pas mieux que les autres lors d’expérimentation des expositions véritables des expositions simulées.

Il existe un phénomène bien connu en médecine appelé nocebo, qui consiste à ressentir un effet nocif parce que l’on croît être exposé à une substance dangereuse, même si l’on n’y est pas exposé. Il y a au moins deux faits en cette faveur : des antennes non branchées ont provoqué des risques et des inquiétudes équivalentes à celles d’antennes branchées. En 1976 avait eu lieu une anecdote célèbre : un réacteur nucléaire était accusé de méfaits sanitaires alors qu’enquête faite, l’uranium n’avait pas encore été chargé dans le réacteur qui n’était qu’une coquille de béton vide… C’est ce que l’on appelle un effet nocebo, ressentir un effet nocif parce que l’on croît qu’il y a un risque. Il est parallèle à l’effet placebo, qui consiste à avoir sa santé améliorée du seul fait que l’on croit prendre un médicament ; vous savez que maintenant, dans tous les essais cliniques pour tester un médicament, on exige que les sujets témoins prennent un placebo, c’est-à-dire avec de la mie de pain, de façon à ce qu’ils croient être traités.

A propos des antennes téléphoniques, l’Académie Nationale de Médecine avait fait un communiqué sur ce problème à la suite du jugement de la Cour de Versailles mais celui-ci a eu très peu de retentissement. Ces exemples montrent que le principe de précaution, qui a donné d’énormes responsabilités aux magistrats, ne leur a fourni ni un cadre sous forme d’une loi, ni une formation spécifique qui leur donnerait une connaissance de ces problèmes.

La vaccination contre l’hépatite B est le plus grave problème médical posé par le principe de précaution. C’est une maladie très grave transmise par voie sexuelle généralement pendant l’adolescence. Quand un vaccin efficace a été fabriqué, le ministère de la Santé avait voulu faire faire cette vaccination dans les écoles pour que toute la population soit protégée. Cette mesure avait été mal acceptée car il y avait eu des rumeurs sur des collusions entre le Ministère de la Santé et les fabricants du vaccin. Dans cette atmosphère ambiguë est née une autre rumeur, beaucoup plus grave, accusant la vaccination d’être à l’origine d’une maladie grave : la sclérose en plaques. Bien qu’il n’y en ait eu aucune preuve.

En invoquant le principe de précaution, la décision d’arrêter la vaccination en milieu scolaire a été prise. M. Birraux parlait du parapluie ; j’ai eu là une occasion d’en vérifier l’existence ! Plusieurs personnes qui ont eu à prendre cette décision ont eu l’amabilité de vouloir en discuter avec moi, je me rappelle la réflexion de l’un d’eux : « Vous m’avez montré que la vaccination ne comporte pas de risque de sclérose en plaques, soit, mais mon problème à moi est de ne pas être envoyé devant les tribunaux… » Le principe de parapluie a joué. Le résultat est qu’en France, moins de 30 % des adolescents sont vaccinés contre 85 % en moyenne dans les autres pays de l’Union européenne. La conséquence pratique en sera un excès d’environ 500 décès par an. Cet exemple montre que le principe de précaution peut être nocif pour la santé s’il ne met pas en balance risques et avantages.

Les insecticides sont un autre exemple des méfaits du principe de précaution.

Sur le plan physiologique, les insectes et les mammifères n’ont pas le même système physiologique ; aussi est-il normal qu’existent des produits dépourvu de toxicité pour les mammifères, et toxiques pour les insectes. Le DTT a été le premier insecticide efficace. Après avoir donné le Prix Nobel à son inventeur, on l’a accusé de tous les méfaits à la suite de travaux dont la validité était incertaine. Or, l’OMS l’a récemment réhabilité et conseille de nouveau son usage. La découverte du DTT est parallèle à celle des antibiotiques et de la pénicilline, fondée sur ce même principe que les bactéries et les mammifères n’ont pas la même physiologie, si bien que l’on trouve des substances toxiques pour les bactéries mais inoffensives pour les mammifères.

Je rappellerai les bénéfices des insecticides, notamment l’éradication du paludisme de presque toutes les rives de la Méditerranée. Grâce à eux, des territoires comme la côte orientale de la Corse ou certaines portions du Languedoc, auparavant terres désolées, sont devenues territoires agricoles ou paradis touristiques.

Les peurs injustifiées des insecticides ont des conséquences, comme on l’a constaté à l’occasion de l’épidémie de Chikungunya sur l’île de la Réunion : pendant plusieurs mois, les autorités sanitaires voulaient utiliser les insecticides mais certaines autorités locales s’y opposaient car la population était contre. L’épidémie a pris une ampleur croissante jusqu’à ce qu’enfin, on se décide à utiliser les insecticides : en deux semaines, l’épidémie était terminée. Plusieurs centaines de cas de Chikungunya auraient pu être évités si les insecticides avaient été utilisés plus tôt.

Je ne rappellerai que pour mémoire les décisions d’interdiction des insecticides Gaucho et Régent à cause d’effets putatifs défavorables sur la santé des abeilles ; on les a interdits mais la santé des abeilles n’a pas été améliorée. Il y a eu, en revanche, nuisance pour le prestige scientifique de la France, ainsi que j’ai eu l’occasion de le constater.

Pour l’encéphalite bovine spongiforme ou « maladie de la vache folle », encore sous la pression du principe de précaution, on a pris des mesures excessives et inappropriées. Tuer tous les animaux d’un troupeau quand un seul était malade a été fait au nom du principe de précaution en France, mais pas au Royaume-Uni, sans bénéfice apparent. L’interdiction des farines animales, mesure très discutable et très coûteuse (on parle d’un milliard d’euros par an), est plus nocive qu’utile : les farines animales, si elles étaient utilisées, comme l’a demandé un rapport conjoint de l’Académie des Sciences et de l’Académie de Médecine, pourraient diminuer les importations de soja qui, soit dit entre parenthèses, est fabriqué par OGM… Cette mesure a été refusée car l’opinion ne la comprendrait pas, m’a-t-on dit, c’est ainsi que des actions temporaires deviennent irréversibles.

Aux États-Unis, un membre de la Cour Suprême, Stephen Breyer, avait montré l’existence d’un cercle vicieux : sous l’effet de groupes de pression, quand les craintes de la population font prendre des mesures contre des risques hypothétiques, non seulement on ne rassure pas la population mais on l’inquiète car ces décisions renforcent la crédibilité du risque, accentuent les craintes, ce qui conduit la population à demander de nouvelles mesures ; c’est le cercle vicieux.

Nous avons eu en France maintes occasions de le vérifier. L’opinion y est actuellement caractérisée par un pessimisme, une peur du futur et de la science. En 1929, Freud avait écrit un livre intitulé « Malaise dans la civilisation » où il montrait comment, quand on est pessimiste, on a peur du futur et que quand on a peur du futur, les craintes se cristallisent sur la science et les technologies, qui sont l’élément le plus ostensible de la société contemporaine, ce qui induit un rejet de la science et de la technologie. La thèse de Freud rejoint les constatations de Breyer et soulignent comment quand on ne comprend pas les mécanismes psychologiques on peut, en voulant réduire les inquiétudes, les accroître.

Le principe de précaution n’a pas rassuré, comme le montrent les sondages, il a, au contraire, accentué les peurs, il a donné le primat aux émotions sur la rationalité. Il n’a engendré aucune mesure autre que celles qu’on aurait pu prendre dans le cadre de la prudence classique.

Enfin, il a eu des conséquences budgétaires qu’il faudrait demander à la Cour des Comptes d’étudier. De plus, et c’est le problème principal, la peur de risques hypothétiques a éclipsé celle des risques réels – on peut en citer énormément d’exemples, en particulier dans le domaine de l’alimentation. Alors que la population augmente plus rapidement que la production vivrière, on oublie ce problème pour considérer les dangers des insecticides ou ceux des OGM au lieu de faire des efforts pour augmenter la production.

En conclusion, le principe de précaution a renforcé les craintes devant la technologie comme le montrent les sondages, il a accentué les réticences envers la science et a fait ombrage à la rationalité. Merci beaucoup.

M. Claude BIRRAUX

Merci, Professeur TUBIANA.

ENERGIE ET SANTÉ :

LES FILIÈRES

AU BANC D’ESSAI

(Maurice TUBIANA

25 juin 2003

Ce thème recouvre plusieurs débats. Force est d’abord de constater qu’il ne peut pas y avoir de santé, de bien-être (du chauffage l’hiver à la chaîne du froid d’été), sans des moyens matériels nécessitant une quantité d’énergie nettement supérieure à celle dont disposent plus de la moitié des habitants du globe.

De ce fait, les avantages qu’apportent une quantité suffisante d’énergie l’emportent très largement sur les inconvénients liés à sa production. De plus, les sources décentralisées d’énergie du monde traditionnel (le bois, la biomasse) polluent l’air intérieur des habitations et les données épidémiologiques, notamment chinoises, montrent qu’il en résulte un accroissement significatif de la fréquence des cancers du poumon.

Sur le plan éthique, il apparaît donc qu’on doit mettre à la disposition de tous les êtres humains une énergie suffisante à un prix aussi faible que possible, d’où l’importance sanitaire du prix de kW/h, puisque plus celui-ci est élevé, plus nombreux seront ceux obligés de limiter son usage aux dépens de leur confort et leur santé. D’autre part, pour optimiser la production d’énergie, on doit évaluer les effets de chaque filière sur l’environnement (essentiellement la pollution et l’effet de serre) et sur la santé.

Filières comparées

La quasi-totalité des études effectuées, notamment sous l’égide de la Commission européenne à Bruxelles, pour comparer les risques sanitaires des diverses formes de production d’énergie – en particulier, charbon, pétrole, gaz, nucléaire -  concluent que l’énergie nucléaire est celle qui induit les risques les plus faibles.

Pour tenir compte des risques extérieurs divers qui vont des effets respiratoires de la pollution à l’induction de cancer, il faut utiliser un dénominateur commun permettant d’additionner des maladies très différentes ainsi que morbidité avec la mortalité.

On a recours à ce qu’on appelle le coût externe, où l’on attribue à chaque nuisance (en fonction de sa gravité) une valeur financière. Ce barème est fondé sur la valeur de l’année de vie perdue ou pendant laquelle la qualité de la vie a été altérée.

Il est le même pour toutes les énergies. On peut donc comparer les filières. Les résultats sont très clairs et peuvent être résumés en une phrase extraite d’un rapport du CEPN : « le bilan de la comparaison des filières sur les indicateurs de rejets, les indicateurs d’impacts, et sur l’évaluation des coûts externes fait ressortir le net avantage du nucléaire par rapport au charbon ou au gaz. »

Ainsi, en terme de coûts externes, les valeurs publiées sont de l’ordre de 0,11 à 0,56 m€/kWh pour le nucléaire alors qu’elles atteignent 20 à 50 m€/kWh pour le gaz et 70 à 120 m€/kWh pour le charbon. Alors que pour la filière nucléaire l’essentiel du coût externe provient de risques professionnels, pour les combustibles fossiles ils proviennent essentiellement des impacts liés à la pollution atmosphérique régionale ou globale. 

L’effet de Serre n’est pas considéré dans cette étude, bien qu’il doive être pris en compte dans l’évaluation des risques et des bénéfices des principales filières.

Quels risques pour la santé ?

Ils sont de nature différente selon les sources. Les uns ont été mis en évidence par des études épidémiologiques et le problème est alors celui de la validité du lien de causalité, car il faut se demander si les effets observés ont bien été causés par l’agent auquel ont les attribue. Les autres, notamment ceux concernant le nucléaire ou les faibles concentrations de produits chimiques, n’ont pas été observés mais calculés.

Dans de nombreux cas, les risques ont été mesurés pour des concentrations, ou des doses, beaucoup plus élevées que celles qui existent autour des sources d’énergie, en fonctionnement normal ; leur évaluation est alors fondée sur une relation dose-effet.

Celle-ci est indispensable pour ces calculs mais le choix de la relation est la source d’incertitudes qu’il faut analyser. La plupart des modèles utilisent une relation linéaire sans seuil (RLSS). Il faut donc s’interroger sur la validité de cette relation pour la gamme de doses (ou de concentrations) sur laquelle cette extrapolation est effectuée.

Cette relation a l’avantage d’indiquer la valeur maximale du risque putatif, mais on doit, dans chaque cas, examiner les estimations qui seraient obtenues avec d’autres relations dose-effet compatibles avec l’ensemble des données expérimentales et humaines.

Ceci n’ayant pas été fait, les résultats pénalisent donc l’énergie nucléaire puisque, dans ce cas, on prend en compte des irradiations très faibles (de l’ordre du centième de l’irradiation naturelle), or, il est extrêmement vraisemblable que de telles doses n’ont aucun effet sur la santé.

Inversement, les effets sanitaires des autres filières sont minimisés puisque les effets cancérigènes ne sont pas pris en compte.

Deux exemples :

A – Le pétrole et le gaz : 

La relation dose-effet, en matière d’effets sanitaires chroniques, repose sur le seul modèle épidémiologique de Pope dont la validité reste discutée et qui doit être utilisé avec prudence.

Dans la plupart des estimations proposées, aucune mention n’est faite des agents génotoxiques ou cancérigènes produits par leur combustion : par exemple, hydrocarbures aromatiques, aldéhydes, butadiène, etc… pour le pétrole ; benzène, etc… pour le gaz.

Il faudrait donc, comme on le fait pour les corps radioactifs, effectuer des expériences pour mesurer la concentration de ces agents en fonction des conditions de combustion, afin de leur appliquer une relation dose-effet : soit la relation linéaire sans seuil, soit d’autres relations compatibles avec l’ensemble des données.

De même, il faudrait considérer les métaux lourds ainsi que la pollution du sol et de l’eau, ce qui n’est présentement pas fait, car bien que ces produits soient mentionnés dans les projets, ils ne figurent pas dans les estimations disponibles.

Pour les agents chimiques pris en compte, l’évaluation des concentrations est effectuée avec un modèle de dispersion dont la validité n’a pas été vérifiée. Elle est limitée à environ 1000 km soit approximativement la population de l’Europe et sur 4 jours. Les effets sanitaires sont évalués sur 10 ans. L’utilisation de la relation linéaire sans seuil (RLSS) permet d’utiliser dans ces calculs les concentrations moyennes, ce qui simplifie beaucoup la méthodologie, mais peut aboutir à des conclusions discutables.

Dans cette hypothèse, en effet, la hauteur des cheminées d’usine n’a que peu d’impact sur le risque global puisque le facteur pertinent est la quantité de produits toxiques rejetés et non leur concentration.

Or, les toxicologues savent que la concentration est un paramètre plus pertinent que la quantité, ce qui explique qu’on ait eu de tout temps recours à a dilution pour protéger les hommes et l’environnement contre une contamination microbiologique ou chimique.

De plus, pour les agents chimiques, les relations dose-effet sont généralement plutôt proportionnelles au carré de la concentration, ou de la dose (relation quadratique), qu’à la dose ; il existe donc une dose seuil pratique.

Par exemple, chez l’homme, la relation pour le tabac est en D2 et non en D : le risque de fumer deux cigarettes par jour, ou, ce qui est l’équivalent, d’être exposé à un tabagisme passif, est très inférieur au dixième du risque induit par vingt cigarettes/jour et on admet que le risque d’un repas par an pris avec un convive fumeur est négligeable.

L’existence d’un seuil pratique

C’est en accord avec nos connaissances biologiques. Dans tout organisme vivant des mécanismes puissants luttent contre les agents toxiques et réparent les lésions de l’ADN que ceux-ci peuvent avoir produit. Sans ces mécanismes, la vie n’aurait pas pu se développer dans un environnement hostile.

Or, leur efficacité est beaucoup plus grande pour les faibles doses d’agents chimiques ou physiques (par exemple les rayons ultraviolets du soleil) que pour les fortes qui peuvent déborder ces mécanismes.

En d’autres termes, une cheminée haute est préférable à une cheminée basse et un bain de soleil à midi est plus nocif que plusieurs heures d’exposition solaire à des moments de la journée où le soleil est moins ardent, ce que tout le monde, d’ailleurs, perçoit intuitivement.

B – L’énergie nucléaire :

Il faudrait dans ce cas discuter, avec un soin particulier, la validité de la relation linéaire sans seuil car les doses considérées sont extrêmement faibles et l’extrapolation se fait sur des gammes de doses beaucoup plus considérables que pour les produits chimiques.

Rappelons que l’effet cancérogène des radiations peut être mesuré avec précision acceptable pour des doses de  0,5 à 1 Sv et que la dose la plus faible d’irradiation à débit élevé pour laquelle un effet cancérogène a été détecté est d’environ 100 mSv.

Depuis l’apparition de la vie sur terre, tout être vivant est soumis à une irradiation naturelle (rayons cosmiques, radioactivité naturelle) qui a régulièrement décru pendant cette période.

Or, l’irradiation naturelle varie considérablement d’une région à l’autre en fonction de la nature du sol : en France de 1,5 à plus de 6 mSv/an, à l’échelle du globe entre 1,5 mSv/an et 100 mSv/an et aucune augmentation de la fréquence des effets génétiques, et de malformations congénitales ni de celle des cancers n’a été détectée dans les régions à forte irradiation naturelle.

De plus, les nombreuses enquêtes effectuées chez des populations exposées à des doses inférieures à 100 mSv (travailleurs des usines nucléaires et des arsenaux, malades soumis à des examens médicaux ou ayant ingéré des produits radioactifs pour des raisons médicales etc…) n’ont jamais détecté un effet significatif.

Certes, la puissance statistique de ces études est souvent limitée, cependant la tendance générale non seulement n’est pas à une augmentation du risque par rapport aux populations témoins, mais inversement, et paradoxalement, la fréquence des cancers semble souvent diminuée comme si les faibles doses d’irradiation avaient un effet protecteur à cause de la stimulation des mécanismes de réparation.  

On n’a jamais observé, chez l’homme, d’effets génétiques provoqués par les rayonnements ionisants, même pour des doses relativement élevées (Hiroshima et Nagasaki, irradiations thérapeutiques).

Leur existence est extrêmement improbable aux doses minimes considérées ci-dessus, même en cas d’accident. Ainsi, même si l’existence de risques pour les doses de l’ordre d’un mSv ou inférieures ne peut pas être formellement exclue, tout donne à penser que plus la dose est petite, plus l’existence d’un risque devient improbable.

Il faut donc considérer avec prudence la validité de la relation linéaire sans seuil pour évaluer les risques des irradiations causées par l’énergie nucléaire. 

Dans le monde, les doses liées au nucléaire ont été évaluées, selon les pays, entre 0,001 et 0,03 mSv soit entre 1/1000 et 1/100 de l’irradiation naturelle.

En France, elles sont d’environ 0,015 mSv/an. De plus, elles sont délivrées à très faible débit, ce qui réduit l’éventualité d’un effet.

Les tenants de l’extrapolation linéaire remarquent que celle-ci a l’intérêt d’indiquer la limite supérieure.

Sources d’erreurs dans les comparaisons

La comparaison entre les méthodologies utilisées pour le nucléaire et les combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz) met en évidence quelques sources de biais :     

Facteurs temporel : limitation de la prise en compte des effets nocifs à dix ans pour les combustibles, alors qu’on effectue des calculs  à 100 ans, 1000 ou 100 000 ans dans les cas des produits radioactifs. Cette différence introduit un biais considérable, d’autant moins justifié que la radioactivité décroît tandis que nombreux sont les produits chimiques qui restent stables et nocifs pour l’éternité (métaux lourds, etc…).            

Facteur spatial : l’espace pris en compte pour quantifier la toxicité des produits chimiques est l’air balayé en 4 jours, soit 1 000 km autour de la source alors que c’est la totalité du globe pour les produits radioactifs.             

Type de pollution : non prise en compte des génotoxiques et des cancérogènes pour les combustibles, notamment pour le gaz.

Prise en compte pour les produits chimiques uniquement de la pollution de l’air, en négligeant la pollution du sol et de l’eau alors l’exhaustivité est très poussée pour le nucléaire.

Devant ces différences de méthodologies, il faut spécifier que, dans le cas de l’énergie nucléaire, les évaluations correspondent à la limite supérieure des risques et parallèlement souligner la possibilité d’une sous-estimation pour les risques des combustibles.

Malgré ces majorations des risques du nucléaire et cette minoration des risques des combustibles fossiles, les résultats indiquent très clairement que le nucléaire est la filière dont le coût sanitaire est de très loin le plus petit.

Cette conclusion s’impose malgré le caractère approximatif de ces études et la volonté très clairement affichée d’éviter tout ce qui pourrait faire penser que l’on a voulu favoriser le nucléaire dans les résultats de ces calculs effectués sous l’égide de la Commission européenne ou dans le cadre de l’Agence Internationale à l’Energie Atomique.

C’est pourquoi sans doute on a préféré maximaliser les risques liés à la filière nucléaire. Malheureusement, ces études, malgré leurs sérieux et leur rigueur, sont mal connues et n’ont guère eu d’impact sur l’opinion publique. C’est la grande question.

Maurice TUBIANA

Avons-nous raison d’avoir peur ?

(Louis Cornellier   18 août 2012)  

« Arrêtons d’avoir peur ! »

Professeur Maurice TUBIANA

Michel Lafon Île de La Jatte, 2012, 256 pages

Mon grand-père maternel faisait confiance à la vie et à ses contemporains. Il n’hésitait jamais à utiliser un nouveau produit mis en marché. « Si c’était dangereux, disait-il simplement, ils n’en vendraient pas. » Il mangeait de tout sans crainte de s’empoisonner ou de développer un cancer. Il est mort, il y a quelques années, à 87 ans.
Son attitude, aujourd’hui, passerait pour de l’inconscience. La lucidité, de nos jours, s’exprime plutôt sur le ton de la crainte. Les plus informés d’entre nous ont peur, en effet, de l’agriculture industrielle, des OGM, du nucléaire, des champs électromagnétiques, des produits chimiques, du réchauffement climatique et de bien des évolutions technologiques.
Je fais moi-même partie de ces craintifs, partisans d’une application rigoureuse du principe de précaution selon lequel en cas de doute, il vaut mieux s’abstenir.
Il m’arrive parfois, cependant, en mémoire de mon grand-père qui n’a jamais craint que le ciel ne lui tombe sur la tête, de douter de la pertinence de ce doute et de me demander si nous avons raison d’avoir ainsi peur. Après tout, malgré toutes les catastrophes annoncées, ne vivons-nous pas, en Occident du moins, mieux et plus longtemps qu’avant ?
Le grand cancérologue français Maurice TUBIANA, maintenant âgé de 92 ans, en a assez de toutes ces craintes qui nous empoisonnent l’existence et qui, d’après lui, ne reposent, dans presque tous les cas, sur aucune base scientifique solide.
Dans « Arrêtons d’avoir peur », un décoiffant pamphlet qui vise à réfuter « les mensonges des prophètes de l’apocalypse », il se livre à un plaidoyer décomplexé en faveur de l’innovation technoscientifique et à une charge à fond de train contre ceux qu’il qualifie d’idéologues écolos.
Si mon grand-père avait été un savant, il aurait écrit ce genre de livre.
Une régression intellectuelle
« La société du xxie siècle est une société de peur, constate TUBIANA. Sur quoi se fonde cette peur ?
Bien souvent sur des analyses superficielles ou des données discutables. Cette peur n’émerge pas du néant : elle est attisée par certaines organisations non gouvernementales dédiées à la protection de la nature, qui vivent de dons et de subventions dont l’importance est fonction des craintes ressenties par le public, aussi la peur est-elle soigneusement entretenue par les médias dont les tirages et les revenus publicitaires sont stimulés par les mauvaises nouvelles. »
TUBIANA entend lutter contre ce sentiment qu’il associe à une régression intellectuelle. Découvert en 1944, le DDT fut interdit en 1972, au nom de la protection de la biodiversité, « sans qu’une preuve de sa toxicité eût été apportée ».
On doit pourtant à cet insecticide, écrit le cancérologue, l’éradication du paludisme en Europe, sans « aucune conséquence néfaste ni sur la nature ni sur les humains ». Aujourd’hui, en Afrique, le paludisme fait des millions de victimes, mais l’épandage de DDT demeure interdit.
La peur, conclut TUBIANA, tue donc plus que les insecticides.
Anecdote : mon père, qui aura 80 ans cet été, se souvient que, pour combattre l’assaut des moustiques en campagne dans sa jeunesse, son frère et lui s’enduisaient généreusement de DDT ! Il se porte toujours bien.
Partisan des OGM qui, selon lui, ne présentent aucun danger et pourraient contribuer à nourrir la planète, TUBIANA oublie toutefois de dire que les famines actuelles ont essentiellement des causes géopolitiques et ne sont pas liées à une réelle pénurie de nourriture. Il va même jusqu’à affirmer que « tous les scientifiques considèrent que les OGM n’ont, en tant que tels, aucun effet sur la santé et ne peuvent pas en avoir », ce qui est évidemment une généralisation hâtive.
Cancer et environnement
Sur sa lancée, le cancérologue rejette l’hypothèse de liens entre le vaccin contre l’hépatite B et la sclérose en plaques, et assène que « la composition des produits bios et celle des produits alimentaires obtenus avec l’agriculture moderne sont identiques et [que] toutes les études montrent le peu de vraisemblance des hypothèses en faveur du bio ».
Il avance même, sur la base d’une étude réalisée par l’Académie des Sciences, par l’Académie de Médecine (organismes dont il est membre) et par le Centre International de Recherche sur le Cancer, « que moins d’un cancer sur cent [peut] être attribué à l’environnement ».
Les principales causes de cette maladie seraient plutôt le tabac, l’alcool, les agents infectieux, le manque d’activité physique et l’obésité.
À l’instar du physicien québécois Normand Mousseau, TUBIANA affirme que les champs électromagnétiques liés aux téléphones cellulaires et aux antennes relais sont sans danger, sauf ceux causés par la peur (effet nocebo).
Il ajoute, cependant, sourire en coin, que « les téléphones font perdre beaucoup de temps aux enfants et sont, de ce point de vue, très nuisibles ».
Grand défenseur de l’énergie nucléaire, plus écologique que les solutions de rechange aussi efficaces, le cancérologue explique que les centrales récentes sont sécuritaires. Il écrit même que « tout ce qu’on a raconté sur les dangers terribles de Tchernobyl était non fondé » – une thèse appuyée par le scientifique britannique Robert Matthews – et qu’il n’y a pas eu de catastrophe nucléaire à Fukushima.
Agressif à l’égard des écolos catastrophistes, TUBIANA reste silencieux au sujet des dérapages des géants commerciaux de la technoscience, ce qui ne va pas sans soulever un doute sur sa propre objectivité.
Quand il écrit que le gaz de schiste est largement exploité au Canada sans susciter de débat, on se dit que son information est pour le moins incomplète.
Il reste que son essai, en s’attaquant avec fougue à notre société de la peur et en plaidant pour une meilleure éducation scientifique pour tous, nourrit vivement un débat de fond et impose la réflexion.

La crise ! Quelle crise ?

Maurice TUBIANA :

arrêtons d’avoir peur !

Maurice Tubiana : arrêtons d’avoir peur !

Maurice TUBIANA

Maurice TUBIANA est né en 1920, il n’aime pas les écolos, trop vieux pour cela. A 91 ans, Maurice TUBIANA croit encore qu’il possède une vision juste de la réalité contemporaine. Mais dans son dernier livre, « Arrêtons d’avoir peur ! », il ne fait que reprendre les tartes à la crème de l’écoloscepticisme déjà étalées dans des livres aux titres redondants : « Le fanatisme de l’apocalypse » de Pascal Bruckner, « L’apocalypse n’est pas pour demain » de Bruno Tertrais, « Les prêcheurs de l’apocalypse » de Jean de Kervasdouén, etc.

Comme tous ces prêcheurs du « dormez braves gens, dormez », Maurice TUBIANA aime les insecticides, les OGM, la radioactivité, l’énergie nucléaire, les ondes électromagnétiques…

Dans le chapitre sur les OGM, les intentions sont claires : « Les écologistes annoncent aux Européens le pire si l’on cultive des OGM. Or demain les transgéniques pourraient contribuer à nourrir les 7 milliards d’êtres humains ».

Rappelons que TUBIANA n’est ni un spécialiste des OGM, ni d’ailleurs des insecticides ou des OEM, c’est un simple cancérologue qui a adoré la notoriété médiatique, le lobby nucléaire et les fauteuils administratifs. Maurice Tubiana : arrêtons d’avoir peur !

Attardons-nous sur un passage de son livre : « Il faut déchiffrer la stratégie de Greenpeace (contre les OGM), celle de la deep ecology, ou écologie profonde. Cette écologie proclame l’harmonie avec la nature considérée comme une divinité. Altérer cette harmonie par des manipulations génétiques est donc blasphématoire. Le refus obsessionnel de la moindre modification des espèces naturelles devient ainsi un élément essentiel du combat écolo. »

Rien ne vient étayer dans le texte de TUBIANA cet amalgame entre Greenpeace et écologie profonde. Il reprend les veilles analyses qu’il avait tenues en 1999 dans son livre L’éducation et la vie.

Il ne faisait alors que relayer les élucubrations de Luc Ferry qui rangeait explicitement en 1992 Greenpeace parmi les organisations issues de l’écologie profonde dans son pamphlet Le Nouvel Ordre écologique.

Ni TUBIANA, ni Ferry ne savent que l’écologie profonde est une philosophie définie par Arne Naess. Ni TUBIANA, ni Ferry ne savent que Greenpeace n’a pas adopté cette référence philosophique.

Leur méthode est la même, dénonciation mensongère et amalgame. Qu’Arne Naess ait été le premier secrétaire de la branche norvégienne de Greenpeace lors de sa fondation en 1988 ne transforme pas cette association en thuriféraire de l’écologie profonde ! Que le philosophe norvégien soit un spécialiste internationalement reconnu de Spinoza et de Gandhi et Greenpeace l’adepte des méthodes non violentes ne veut pas dire qu’il faut assimiler les deux !

Cette philosophie de l’écologie profonde est brandie à la manière d’un épouvantail. La question est de savoir pourquoi. La réponse est évidente. Dans les faits, l’écologie profonde sert à nier l’existence de la crise écologique alors que la dégradation des écosystèmes s’est accélérée. 

Maurice TUBIANA a écrit un livre tout juste bon à aboutir dans les invendus…

« Circulez…y’a rien à voir,

tout va bien ! »  

Mais revenons sur quelques

interventions de ce

cher Professeur

             Maurice TUBIANA…                                                                        m_tubiana ACADEMIE DE MEDECINE dans REFLEXIONS PERSONNELLES

Aprés l’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl en URSS quels sont les risques de pollution encourus par le passage du nuage nucléaire au dessus de la France ? Réponse du professeur TUBIANA cancérologue : « tout à fait infime… comparable à celui que courrait quelqu’un qui fumerait une cigarette tous les 10 ans » (JT d’A2 le 12/05/1986).

Le Pr TUBIANA,

éminence grise

de la Radioprotection

en FRANCE

1958

« Récemment, il s’est répandu dans le public de plusieurs pays des rumeurs concernant le danger auquel l’enfant en gestation peut se trouver exposé pendant la grossesse. Pour toutes les raisons déjà exposées, de telles rumeurs, apparemment basées sur un rapport scientifique préliminaire, peuvent avoir des conséquences déplorables, surtout dans les circonstances actuelles où les données scientifiquement établies sont si rares.

Il peut même être dangereux, dans ce cas, de diffuser des faits tenus pour certains ». Extrait du Rapport d’un groupe d’étude sur « Questions de santé mentale que pose l’utilisation de l’énergie atomique à des fins pacifiques », Rapport technique n° 151 (1958). Organisation Mondiale de la Santé.

En 1958, certains experts de l’OMS considéraient comme dangereux de diffuser des faits tenus pour certains. Il fallait tenir secrets les résultats d’une étude épidémiologique concernant le danger auquel est exposé un enfant en gestation.

Qui étaient ces scientifiques ? Le participant français à ce groupe d’études était le Dr M. TUBIANA, alors Directeur du Laboratoire des Isotopes et du Bêtatron, Institut Gustave Roussy (Villejuif).

1977

Le Pr Maurice TUBIANA, en conclusion d’un « Colloque sur les implications psychosociologiques du développement de l’industrie nucléaire » tenu à Paris, 13-15 janvier 1977, indiquait: « Il faudrait que jamais un scientifique ne favorise cette confusion entre l’exposé des faits et un jugement de valeur ». 

En somme les jugements de valeur concernant une activité donnée doivent être indépendants des faits concernant cette activité. Plus loin il mettait en avant « la nécessité pour les scientifiques de reconsidérer la façon dont est faite l’information. Il faut que nous cessions de voir celle-ci à travers un schéma simpliste et rationaliste mais l’acceptions telle qu’elle est ».

Ainsi, essayer d’expliquer à la population les résultats des études scientifiques sans en cacher certains aspects pour des raisons d’efficacité relèverait d’une conception « simpliste et rationaliste » tout à fait condamnable.

C’est peut être au nom de cet abandon du rationalisme en information qu’il vient de signer le manifeste de scientifiques pour une écologie scientifique et rationnelle. Ce manifeste, s’il l’a signé, correspond en fait à sa conception irrationnelle de l’information scientifique.

Dans son allocution il poursuivait: « il faut que nous recherchions l’efficacité dans l’information du public au lieu de nous contenter d’une information éthérée parfaitement satisfaisante mais inintelligible ou inefficace ». 

Malheureusement il ne définit pas ce qu’il entend par efficacité. Efficacité pour qui ? pour quoi ? Ensuite il termine en donnant sa référence d’efficacité : « l’efficacité de M. GOEBBELS était redoutable ».

Effectivement, l’efficacité du responsable nazi à l’information a été particulièrement redoutable pour des millions de gens. Il est singulièrement obscène (du latin obscenus – de mauvaise augure) de faire référence à GOEBBELS quand on parle d’informer la population.

1991

M. le Pr TUBIANA est intervenu à la « Conférence Internationale sur les Accidents Nucléaires et le Futur de l’Energie. Leçons tirées de Tchernobyl » (15 au 17 avril 1991, Paris).

On trouve dans son intervention concernant « L’effet cancérogène des radiations à faible dose » le passage suivant: « Par conséquent il est désormais impossible d’exclure l’hypothèse d’un seuil (BEIR V, p. 181 – Acad. Sc.) ».

Si l’on se reporte à la page 181 du rapport BEIR V on trouve: « Moreover, epidemiologic data cannot rigorously exclude the existence of a threshold in the millisievert dose range ». 

Cela signifie : « D’ailleurs les données épidémiologiques ne peuvent rigoureusement pas exclure l’existence d’un seuil dans le domaine de dose du millisievert » (souligné par nous).

M. TUBIANA, en citant BEIR V a tout simplement tronqué la citation. Le Comité de l’Académie des Sciences des USA n’excluait pas la possibilité d’un seuil à un niveau très bas, dans le domaine du rayonnement naturel, c’est-à-dire bien en de deçà des niveaux de dose concernant la radioprotection. M. le Pr TUBIANA est actuellement le Président du Conseil Supérieur de la Sûreté et de l’Information Nucléaires.

Il est membre de l’Académie des Sciences et c’est à ce titre que le Ministre de la Recherche, M. H. Curien, l’a consulté pour savoir s’il fallait réviser les normes de radioprotection. (Rapport Ac. Sc. novembre 1989, Risques des rayonnements ionisants et normes de radioprotection).

Compte tenu des prestations antérieures du Pr TUBIANA il était évident que la réponse ne pouvait être que négative. On peut s’étonner d’ailleurs que la protection des travailleurs et de la population soit du ressort du Ministère de la Recherche et non pas de celui de la Santé.

Secret, censure, mensonges, trucage, tout un programme pour un gouvernement qui s’est fait fort d’introduire de la transparence dans l’information sur les problèmes de l’énergie nucléaire. La Gazette Nucléaire n°117/118, août 1992. tubiana_nomme ACADEMIE DES SCIENCESEt pour rajouter quelques textes liés à ce cher M.TUBIANA…

Voici quelques documents en PDF…Bonne lecture…

Les comportements de type « fasciste » ont encore de beaux jours devant eux !

(Thierry LAMIREAU)

fichier pdf Irradiation et cancers Les risques imaginaires et les risques réels par Maurice TUBIANA

fichier pdf La relation dose-effet et l’estimation des effets cancérogènes des faibles doses de rayonnements ionisants

fichier pdf Nouveautés et cancérogénèse Maurice TUBIANA Séance commune Académie des Sciences et de Médecine

fichier pdf réalite-prévention Maurice TUBIANA-05 

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 27 novembre, 2012 |2 Commentaires »

LE NUCLEAIRE DU FUTUR…C’EST LES PROMESSES DU PASSE !…UN BEAU PETIT SCANDALE NUCLEAIRE A PARIS…JEUDI 22 NOVEMBRE 2012

Un beau petit scandale nucléaire:

Fondation Ecologie d’Avenir

-Institut de France-

Colloque:

« Le nucléaire du futur »

LE NUCLEAIRE DU FUTUR...C'EST LES PROMESSES DU PASSE !...UN BEAU PETIT SCANDALE NUCLEAIRE A PARIS...JEUDI 22 NOVEMBRE 2012 dans REFLEXIONS PERSONNELLES nucleaire

Jeudi 22 novembre 2012

Collège des Bernardins 75005 PARIS

De 15h à 19h (accueil du public à 14h30)

Entrée gratuite sur invitation.

Un bel exemple de désinformation, pour sûr !

Tiens, bizarre, le public n’est pas convié s’il n’est pas invité !…

LE NUCLÉAIRE DU FUTUR…

C’EST LES PROMESSES DU PASSÉ !

(Contre l’Ordre Atomique) 

Démarrage du nucléaire civil.

Le 8 décembre 1953, dans un discours devant l’Assemblée Générale des Nations Unies, Eisenhower présenta une initiative appelée “Atoms for Peace”, l’énergie atomique allait permettre de produire de l’énergie en quantité illimitée et quasiment gratuite, c’était l’annonce du bonheur pour l’humanité et ce… sans risques. Des navires atomiques écumeraient bientôt les océans. Les réacteurs atomiques produiraient de nouvelles techniques médicales, la conservation des aliments par l’irradiation, de la vapeur génératrice d’électricité, ils dessaleraient bientôt l’eau des océans à grande échelle transformant les déserts en prairies.

En août 1955 avait lieu à Genève la première Conférence Internationale pour les Usages Pacifiques de l’Energie Atomique.

Homi Bhabha, physicien indien lauréat du prix Nobel et président de la Conférence, y prédit que la fusion thermonucléaire contrôlée (actuellement projet  ITER) synonyme d’électricité illimitée à bas prix, et serait maîtrisée dans les vingt ans. Pour les pays en développement, l’énergie atomique deviendrait un formidable raccourci vers une industrialisation généralisée, et des experts envisageaient des automobiles, des locomotives et des avions atomiques…

À l’origine, le choix des réacteurs a été guidé par leur capacité à produire le plus rapidement possible le plutonium de la bombe atomique, la sûreté de ces premières unités militaires n’était pas une priorité.

Les Américains avaient alors opté pour des piles à l’uranium entourées de graphite et refroidies à l’eau (ancêtres des réacteurs soviétiques RBMK de Tchernobyl). Puis au début de la guerre froide, la propulsion nucléaire des sous-marins devint la nouvelle priorité des Etats-Unis. La rivalité avec l’URSS commanda là aussi, d’aller au plus vite. Parmi une dizaine de configurations différentes de réacteurs,  l‘amiral Rickover père du 1er sous-marin atomique jetta en 1949 son dévolu sur le fameux « réacteur à eau sous pression » (REP en français et PWR en anglais), dont 58 spécimens trônent aujourd’hui en France.

Pourquoi ? Eh bien, l’engin promet d’être simple, pour ne pas dire rustique donc rapide à mettre en œuvre, et il est aussi très compact. Dès lors, cette configuration est perfectionnée grace au financement massif de la Navy. Conséquence directe, à l’heure de retenir un type de réacteur civil producteur d’électricité, l’Atomic Energy Commission choisit le REP, pour la simple raison qu’il était déjà fin prêt.

Si les projets de réacteurs présentés dans ce colloque sont qualifiés de “nucléaire du futur” c’est parce que les réacteurs actuels, dont le dernier né français EPR qui est présenté paré de tous les atouts de la nouveauté (encore plus fiable que nos réacteurs précédents qui étaient déjà complètement fiables et plus économes en combustible, etc…), ne sont que les derniers rejetons d’une lignée apparue dans les années 50.

Si en France les réacteurs de la 1ère génération,  filière  uranium  naturel-graphite-gaz  dite  « UNGG »  ont  été  mis  à  l’arrêt  et  sont   »en  cours »  de démantèlement, le passage de la 2ème génération (celle de nos  58 réacteurs) à la 3ème avec l’EPR est entièrement fictif. Par exemple, les gaines entourant le combustible sont toujours en zirconium, un matériau connu depuis fort longtemps pour aggraver la situation en cas de perte du refroidissement du cœur, et justement, le coeur de 1600 MW de l’EPR est encore plus gros et plus difficile à refroidir (que celui de nos autres réacteurs de 900 MW, 1300 MW et 1450 MW).

Le seul changement important de l’EPR c’est la présence d’un “cendrier” pour récupérer le cœur fondu en cas… de catastrophe nucléaire suite à un problème de refroidissement.

Les « réacteurs à eau sous pression » PWR/REP comme l’EPR sont donc toujours fondamentalement de gros producteurs de déchets dangereux, ils sont instables, ils peuvent devenir incontrôlable, ils peuvent fondre, subir une explosion d’hydrogène… et ils consomment de l’uranium dont les réserves exploitables sont très limitées.

Au cours des trois dernières décennies, plus de l % des 430 réacteurs en activité dans le monde ont connu un accident majeur. La fusion du réacteur n°2 de  Three Mile Island aux USA en 1979, explosion du réacteur n°4 de  Tchernobyl en ex-URSS en 1986, et perte des réacteurs à Fukushima.

On est très loin de l’approche probabiliste de la sûreté qui nous a été vendue par les nucléocrates comme le rapport Rasmussen de 1975 qui évaluait à 5.10-5 la probabilité par réacteur et par an pour qu’un accident par perte du réfrigérant se produise (pour 1 000 réacteurs en service, on pourrait ainsi avoir 5 accidents par siècle par perte de refroidissement).

Au Japon il y a eu des explosions multiples sur 4 réacteurs, des incendies sur piscines de refroidissement,  des  ruptures  de  cuves  et   “syndromes  chinois”  sur  3 réacteurs avec seulement 54 unités en fonctionnements pendant 40 ans.

Au cours du colloque « Nucléaire, Santé, Sécurité » organisé par le Conseil Général du Tarn-et-Garonne à Montauban en janvier 1988,  Pierre TANGUY , lInspecteur Général pour la Sûreté et la Sécurité Nucléaire à la Direction Générale d’EDF, dans son intervention sur  »  La maîtrise des risques nucléaires «  ,donnait les limites de la sécurité des centrales : « Nous faisons tout ce que nous pouvons pour prévenir l’accident grave, nous espérons ne pas en avoir, mais nous ne pouvons pas garantir qu’il ne se produira pas. On ne peut exclure que dans les dix ou vingt ans à venir un accident civil grave se produise dans l’une de nos installations ».

Il précisait, au cours de la discussion qui a suivi son intervention, que si un accident grave se produisait ce serait un accident non prévu. Il relativisait ainsi la pertinence de l’approche probabiliste des accidents dans l’incapacité d’assurer la sûreté absolue des réacteurs.

D’après  Giovanni  Bruna,  expert  en  sûreté  nucléaire  à  L’IRSN:   »les  leçons  tirées de  Three  Mile  Island  et  de Tchernobyl, où se mêlaient erreurs humaines et  défaillances matérielles*, n’ont pas servi à Fukushima qui a été victime d’une combinaison aussi sidérante qu’imprévisible d’aléas naturels. Le prochain accident devrait suivre un scénario que nous n’aurons pas anticipé : il va falloir imaginer l’inimaginable. »

On est très loin des fameuses  trois barrières physiques consécutives (le gainage du combustible, le circuit primaire et le bâtiment réacteur) qui devaient assurer en France le confinement absolu des produits radioactifs en cas d’accident (des accidents qui de toute façon ne pouvaient presque pas arriver).

Après Fukushima, l’approche probabiliste de la sûreté qui prévaut en France et dans le monde est définitivement morte et enterrée !

L’industrie nucléaire en déclin au niveau mondial, tout en affirmant la qualité des centrales actuelles, est face à une contestation croissante depuis Fukushima qu’elle tente aujourd’hui de contourner et de récupérer par des promesses technologiques. Le mythe de la 4ème génération a pour fonction essentielle de créer une perspective d’avenir indispensable pour faire oublier la baisse de la part de production d’électricité nucléaire face aux autres sources d’énergie.

Une sorte d’utopie technologique capable de mobiliser l’industrie (mais aussi paradoxalement, de justifier la construction des réacteurs dits de 3ème génération) dont elle se présente comme le prolongement (enfin sortie des contingences militaires de son enfantement) qui en résoudra les problèmes de sécurité et d’approvisionnement.

Les nucléocrates de ce colloque ont plein d’idées pour nous baratiner, mais ce “nucléaire du futur” n’est rien d’autre que l’avatar modernisé de l’utopie fondatrice du nucléaire “Atoms for Peace”, le rêve d’une énergie inépuisable, sûre et pas chère, paradoxalement ressuscitée par le traumatisme (TMI, Tchernobyl, Fukushima) de l’échec du parc nucléaire actuel à tenir ces mêmes promesses.

* N’importe quelle enceinte de confinement occidentale aurait instantanément volé en éclats avec une explosion de « type Tchernobyl » ! Brian Sheron, directeur de la Nuclear Reactor Regulatory Research à la NRC est formel à ce sujet  : l’énergie de l’explosion dégagée à Tchernobyl a été l’équivalent de 75 tonnes de TNT, c’est-à-dire 50 fois plus que le maximum qu’une enceinte de REP serait capable de contenir.

Il n’y a là nul vice de fabrication : les enceintes de confinement sont faites pour résister à une montée progressive en pression correspondant à un début de fusion du cœur, et nullement à une onde de choc. Il faut comprendre par ailleurs que la solidité de l’enceinte de confinement n’est pas une panacée : elle peut éventuellement jouer un rôle négatif. À Tchernobyl, elle a peut-être contribué à accroître l’explosion d’hydrogène. Peut-être qu’une enceinte encore plus solide aurait explosé encore plus violemment, pour le plus grand dommage de l’intégrité des enceintes des réacteurs voisins sur le même site. Richard Webb (1986) cite en exemple la centrale française de Gravelines, qui juxtapose six PWR.

(Extrait du livre « Crépuscule des Atomes », Louis Puiseux, 1986.)

15h00 – présentation par Claude Allègre : Claude Allègre

Lors d’une interview publiée le 21 avril 2011 dans Valeurs Actuelles, Claude Allègre affirmait « qu’il n’y a pas eu de catastrophe nucléaire au Japon. »

Ainsi, à la question du journaliste Frédéric Paya « Pensez-vous que le nucléaire sera remis en question à l’échelle mondiale ? »

Claude Allègre répond : « Rendons aux événements leur juste valeur. Les deux événements majeurs qui se sont produits au Japon sont le tremblement de terre et le tsunami, et rien d’autre ! À Fukushima, il y a eu certes un accident mais il n’y a pas eu de catastrophe nucléaire. On dénombrera sans doute plus de 30 000 morts au Japon, mais il n’y aura vraisemblablement aucune victime du nucléaire. »

Le 6 février 2012 l’ancien Ministre de la Recherche Claude Allègre a reçu à Paris le prix 2011 Atoms for Peace décerné  par  deux  organisations  internationales  pro-nucléaires  (l’Institut  International  pour  une  Paix Durable (IISP) basé au Japon et le Conseil Mondial des Travailleurs du Nucléaire (Wonuc) basé en France) pour son rôle dans la préservation et le développement de la filière nucléaire française.

Le géophysicien est distingué pour le rôle important qu’il a joué et continue de jouer grâce à ses publications, interventions, conférences pour la préservation et le développement de la filière nucléaire française, que le monde entier prend pour modèle, selon les deux organisations.

“ Je ne fais pas partie du lobby nucléaire, mais aujourd’hui arrêter le nucléaire, pour la France, ce serait suicidaire” a expliqué l’ancien ministre en marge de cette cérémonie.

15h05 – Introduction Marcel Boiteux:

Comment Marcel Boiteux le « père de l’énergie nucléaire

française » envisageait l’avenir.

Marcel Boiteux, le directeur d’EDF dans les années 70 est considéré comme le « père » de  notre électronucléarisation. Dans le journal Le Quotidien du 26 novembre 1974 il indiquait comme perspective du parc nucléaire français:

« cinquante centrales de quatre tranches chacune ». En clair 200 réacteurs !

En 1995, EDF avec ses 58 réacteurs était déjà  en surcapacité d’au moins 12 réacteurs pour satisfaire les besoins nationaux.

Marcel Boiteux n’excluait pas l’éventualité du “pire” (l’accident), il l’admettait. Pour lui “Jamais la crainte du pire n’a retardé longtemps l’humanité”. C’est ce genre de personnage qui fit la loi nucléaire en France avec l’accord et même le respect des pouvoirs politiques et l’indulgence des médias.

On a souvent dit que les décideurs technocrates n’avaient pas du tout introduit le problème des déchets dans leur décision. C’est faux, Marcel Boiteux en témoigne.

En 1974 le mensuel Science et Vie publiait la controverse entre le nucléocrate français et le physicien Hennes Alfen (Prix Nobel 1970). La controverse porta en particulier sur le problème des déchets nucléaires. Alfen avançait un argument très fort :

« Le réacteur à fission produit à la fois de l’énergie et des déchets radioactifs : et nous voudrions nous servir maintenant de l’énergie et laisser nos enfants et petits-enfants se débrouiller avec les déchets. Mais cela va à l’encontre de l’impératif écologique : « Tu ne lègueras pas un monde pollué et empoisonné aux générations futures » « . Marcel Boiteux  dans sa réponse n’avançait pas que les déchets ne posaient aucun problème. Bien au contraire il avait conscience que ces déchets nucléaires qu’il allait produire, on ne saurait pas les gérer d’une façon satisfaisante. Mais son argumentation est intéressante à noter : « N’est-il pas d’ailleurs une évidente et dangereuse illusion que de vouloir  extirper  de  notre  héritage  toutes  difficultés, toutes  responsabilités,  que  de  vouloir  transmettre  à  nos descendants un monde sans problèmes ? ».

Ainsi pour ce décideur laisser un bon paquet de merdes radioactives à nos enfants est une bénédiction pour eux. Un gage pour leur santé mentale.

Les visions de Boiteux sur l’avenir nucléaire français.

C’est ce personnage qui a impulsé le programme français avec son cynisme vis-à-vis des générations futures et son délire de puissance.

Il faut pourtant lui reconnaître une certaine lucidité. Ainsi, dans l’Événement du Jeudi du 6/12/1984, au journaliste qui lui pose la question : « Mais pourquoi les autres pays ont-ils réduit la fabrication des centrales nucléaires ? Je pense aux États-Unis, au Japon, à la Grande-Bretagne. Pourquoi pas chez nous ? »

Il répond cyniquement : « Parce que chez nous le nucléaire est bon marché, alors que dans les pays qui n’ont pas pu pour des raisons diverses résister aux attaques de la contestation, le nucléaire est devenu très cher ».

Si le nucléaire a réussi à se développer d’une façon exceptionnelle en France, ce n’est pas grâce à la qualité de notre technologie, mais parce que l’opinion publique a pu être totalement asphyxié et a laissé les mains libres à la technocratie étatique…

15h20 – Carlo Rubbia “Le nucléaire et son Avenir” :

L’amplificateur d’énergie nucléaire ou Rubbiatron, un réacteur capable de rendre actifs le thorium 232 par accélérateur de protons du nom de  son gourou italo-français, ou encore projet Bowman outre-Atlantique. Dans une cuve de réacteur de 600 MW remplie de plomb fondu (choisi pour sa faible capacité à réagir aux neutrons), circulent dans des gaines les matières fissiles, dans d’autres des matières fertiles, dans d’autres encore  des produits de fission ou d’activation à transmuter, le tout à l’état de sels fondus. Dans la cuve, plonge le canon d’un accélérateur qui bombarde le  plomb  de  protons,  les  noyaux  heurtés  éclatent  en  plusieurs morceaux  (spallation)  et  crache  des  neutrons (nécessaires à initier les réactions de fission) sur les gaines de produits fissiles-fertiles-produits de fission. Même que la réaction est sous-critique et ne risque pas de s’emballer, garantie dans le texte («Nous n’avons pas ce genre de souci avec  l’amplificateur  d’énergie,  avance  Robert Klapisch,  physicien  nucléaire  associé  au  Prix  Nobel  dans  cette entreprise.

Nous nous situons en dessous du régime critique.» (en clair, ici, le processus nucléaire se révèle incapable de s’auto-entretenir.). L’évacuation de la chaleur est passive, pas de pompe (quand on sait que dans un réacteur français de 1300 MW circulent 25 m3 d’eau par seconde pour évacuer l’énergie). Les produits en sel fondu circulent de l’intérieur de la cuve vers l’extérieur. En ligne sur le circuit, une chaîne de séparation chimique avancée pratiquant une séparation parfaite de tous les éléments (sachant qu’aujourd’hui on arrive difficilement à séparer le plutonium de l’américium).  Mieux  encore,  en  ligne sur  tout ceci,  une chaîne de séparation  isotopique avancée,  pour ne pas réintroduire d’éléments stables dans le circuit, et réinjecter chaque sel dans les bonnes gaines, oui, oui, une chaîne par élément ! Un super « La Hague » doublée d’un super « Eurodif » par réacteur et le tout miniaturisé. Incroyable !

Il n’est pas précisé si l’installation produirait plus d’énergie qu’elle n’en consomme ou inversement, ni quel pourrait être son prix. Mais on nous affirme que ce procédé nous approvisionnera en électricité pendant « cent mille ans » !!! Absolument incroyable. Les scénaristes d’ »X-files » après une nuit entière à fumer des pétards n’auraient pas pu trouver plus délirant.

Les seuls réacteurs au plomb utilisés jusqu’à présent l’ont été au sein des sous-marins d’attaque soviétiques dont deux au moins ont connu  un accident nucléaire grave. Le plomb s’avère extrêmement corrosif pour les structures du réacteur et, en plus, il rend très difficile toute inspection des circuits.

Carlo Rubbia bien que prix Nobel, est considéré  par nombre de scientifiques comme prenant ses désirs pour des réalités, du genre à inventer l’avion renifleur si le coup n’avait pas déjà été fait.

16h00 – Jacques Bouchard “Le nucléaire du futur

et la 4ème Génération” :

C’est Jacques Bouchard le Directeur des Applications Militaires du CEA, qui avait laissé filtré au printemps 1995, lors de son voyage aux Etats-Unis, la nouvelle que les essais français allaient reprendre sous la présidence de Jaques Chirac, mais encore mieux…

Journal Le Monde, 22 juillet 1995 “Mururoa à domicile”, par Jacques Isnard :

Le journaliste Jacques Isnard, rédacteur de la rubrique “Défense et Armée” du Monde, s’étonne de l’énormité de “l’aveu” prononcé par Jacques Bouchard devant la Commission de la Défense, mais aussi du manque de réaction de l’opinion publique […] le directeur des applications militaires (DAM) au Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) a répondu à Pierre Favre, député UDF de la Gironde, que la France pouvait procéder à des essais de faible puissance sur son propre sol, “y compris en métropole”, et non pas dans les seuls atolls polynésiens.

Le directeur de la DAM parle même, à propos “d’essais de très faible énergie (quelques tonnes de TNT)”, de possibilités de “camouflage”. Sans trop l’avouer publiquement, toutes les grandes puissances nucléaires souhaitent maîtriser cette technique en dehors des accords d’interdiction des essais. Il n’a pas précisé cependant où il proposerait les tirs souterrains “en métropole”, peut-être en Corse dans le désert des Agriates ???

À propos  4ème Génération…

Question:  pourquoi  n’y  a-t-il  pas  dans  les  multiples  spécialistes  intervenants dans  ce  colloque  de  spécialiste d’ITER ? Est-ce parce que tout le monde sait qu’ITER ne mènera à rien ???

Il est préconisé d’étudier des réacteurs à haute température (utilisant le couple l’hélium/graphite) qui porterait le rendement des centrales des 33% actuels à 50 %). Des métallurgistes imaginent les alliages susceptibles de résister à des liquides radioactifs circulant à plus de 600°C à environ un mètre par seconde dans des réacteurs à sels fondus (alors que l’on n’est même pas capable de trouver des solutions aux problèmes métallurgiques posés actuellement par les cuves de réacteurs fissurées, les gaines de combustibles qui fuient ou la corrosion de l’alliage  Inconel des réacteurs actuels (REP) fonctionnant à une température de 320°C).

Les différentes filières haute température sont :

- réacteur à très haute température.

- réacteur à sels fondus.

- réacteur à eau supercritique (c’est le principe des réacteurs actuels avec de l’eau plus chaude et encore plus de pression, donc les mêmes problèmes que maintenant en pire…)

- réacteur à neutrons rapides à caloporteur sodium, ou gaz, ou plomb.

- réacteur hybrides ou Rubbiatron piloté par accélérateur.

Pour réaliser un Réacteur à Haute Température, il faut d’abord disperser le combustible, afin de faciliter la circulation de la chaleur produite.

La solution ? Remplir le cœur du réacteur de quelques milliards de microbilles contenant des oxydes d’uranium ou de plutonium, noyées dans du graphite sous forme, de billes. Ne reste alors plus qu’à baigner ces assemblages dans un flux d’hélium sous pression, à collecter ce gaz ainsi réchauffé à plus de 800 C dans une turbine ad hoc, et de connecter celle-ci à un alternateur.

Si les grandes options techniques des RHT sont aussi nettement arrêtées, c’est qu’elles bénéficient d’études entamées… dès la fin des années 50, et de 1965 à 1972 plusieurs versions d’un même réacteur nucléaire pour fusée baptisé “kiwi” vont donc être testés à l’air libre sous l’égide de la Commission de l’Energie Atomique Américaine (ancêtre du Department of Energy) dans le désert du Nevada et largement polluer toute la zone de test.

L’hélium (gaz caloporteur) circule dans des structures de graphite, stocké à l’état liquide dans un énorme réservoir maintenu à 180 °C, il passe en sortie de réacteur à plus de 2000 °C à peine deux mètres plus loin   ! Enfin de programme, les records s’empilent  : une poussée de 90 tonnes, des pièces portées à 2 750 °C, pour une puissance de 4 000 mégawatts concentrée dans un mètre cube.

Malgré cet impressionnant palmarès, aucun réacteur ne tutoie les étoiles à cause de l’interdiction des essais atomiques aériens, et le programme est abandonné en 1973. Qu’importe, preuve est faite des capacités de la filière hélium/graphite.

L’hélium est un candidat idéal, neutre et transparent pour les neutrons. Sa seule faiblesse, la fâcheuse tendance de sa molécule à prendre la fuite. Très légère, elle se faufile à travers les joints d’isolation les mieux conçus. Or, si le caloporteur s’échappe de la cuve du réacteur, c’est au risque de laisser la température du cœur atteindre des limites dangereuses. Mais ce serait oublier les qualités de l’autre moitié du couple : le graphite. Son excellente conductivité thermique combinée avec la grande taille de la cuve (la faible densité de l’hélium impose de grands volumes) garantissent une évacuation passive de la chaleur résiduelle particulièrement efficace, en cas de perte du gaz réfrigérant. Magique on vous dit.

Les microbilles ont montré une “extraordinaire résistance” aux températures les plus élevées (cas d’accident). Lors de tests à 1 600 °C, les bille empilées qui enferment oxydes d’uranium ou de plutonium ne présentent pas, statistiquement tout au moins, de fissures significatives. Statistiquement, car le procédé de fabrication des microbilles comporte inévitablement (sur une série de plusieurs milliards) des défauts aléatoires. Ce projet dépend aussi de l’incapacité ultérieure à retraiter les microbilles de combustible déchargées du réacteur, qui suite à leur haut taux de combustion et à cette “extraordinaire résistance” deviennent un gros inconvénient conduisant au stockage direct du combustible irradié (qui n’est pas pratiqué en France, voir La Hague/cycle du combustible).

Sauf quelques prototypes aux Etats-Unis, en Allemagne, au Japon, l’aventure n’est guère allée plus loin pour l’instant.

Pourquoi ? C’est que, pour arriver à un bon niveau de sécurité, il faudrait construire un réacteur aux dimensions titanesques. « C’est une véritable usine à gaz  ; très difficile à exploiter« , regrette Giovanni Bruna, de I’IRSN. De surcroît, personne ne sait non plus comment gérer le graphite irradié.

16h30 – Christophe Béhard “Les réacteurs de la 4ème génération.

La recherche et développement faite en France” :

Le réacteur de 4ème génération  c’est le retour des surgénérateurs de type SuperPhénix…

En France la recherche de nouveaux réacteurs s’oriente (projet Astrid qui doit démarrer à Marcoule dès 2017) vers les réacteurs à neutrons rapides refroidis au sodium appelés aussi  surgénérateurs dont Super Phénix aujourd’hui arrêté fut le symbole de l’échec cuisant. Le sodium liquide des surgénérateurs explose au contact de l’eau et prend feu au contact de l’air.

Sur les 7 surgénérateurs producteurs d’électricité qui avaient déjà fonctionné fin des années soixante-dix, trois (EBR1 – fusion de 40 à 50 % du coeur, Fermi I, proche de l’explosion nucléaire, voir le livre “On a failli perdre Detroit”), BN 350 – incendie et explosion de sodium) ont eu de graves accidents, proportion jamais vue dans aucune autre filière.

A la différence des centrales nucléaires “conventionnelles” (comme nos REP), et à l’inverse de tout ce qui a été déclaré par la propagande officielle,  les surgénérateurs peuvent, par accident, exploser à la façon d’une bombe atomique “artisanales”. En effet, ils peuvent étre le siège d’une réaction en chaîne dite  “surcritique prompte en neutrons rapides”, particularité que seule la bombe atomique possède également. Evidemment personne ne parle jamais d’explosion atomique cela ferait trop peur, en langage de nucléocrate on parle “d’excursion nucléaire”.

Les travaux réalisés au CEA dans les années 70 ont démontré que la filière « rapide » ne faisait qu’augmenter au final la quantité de plutonium et d’actinides mineurs.

Rappel : le programme électronucléaire français des années 70 prévoyait sur les 200 réacteurs en l’an 2000 que 30% de ces réacteurs seraient de type SuperPhénix. Valéry Giscard d’Estaing est allé jusqu’à déclarer sur Europe 1, le 25 janvier 1980 que, grâce au surgénérateur, on aurait un gisement énergétique équivalent à celui de l’Arabie Saoudite en territoire français.

SuperPhénix comportait 35 tonnes de combustible nucléaire dont 5 tonnes de plutonium, sachant que 1/1 000000 ème de gr de plutonium inhalé suffit à provoquer un cancer et que 8 kilos sont suffisants pour faire une bombe atomique de type Nagasaki.

17h00 – Daniel Heuer “Thorium et sel fondus” :

Pour la filière Thorium (qui engendre sensiblement la même quantité de produits de fission que le cycle de l’uranium 235), comment trouver des matériaux capables de résister sur le long terme aux effets combinés des radiations, d’une éventuelle corrosion liée aux impuretés du liquide et de la très haute température présente dans le cœur (800 °C contre 320 °C dans un réacteur actuel).

On peut aussi avoir une certaine appréhension à l’idée que la matière fissile va « se balader » dans l’ensemble des circuits, échangeurs de chaleur et autres pompes. La maintenance deviendrait à haut risque pour les intervenants et ceux qui proposent l’utilisation du Thorium n’ont qu’à se proposer pour venir y travailler, ils pourraient ainsi profiter des « nombreux avantages » de cette solution…

Car le premier problème de la filière Thorium c’est la radioprotection. Le thorium 232 est un émetteur alpha très radiotoxique. Il est considéré comme presque 3,3 fois plus radiotoxique que le plutonium [CIPR 90].

Le modèle biocinétique du thorium est décrit dans la Publication 69 de la CIPR (1994). La pénétration du thorium dans l’organisme peut se faire par ingestion ou inhalation de poussières, plus rarement par blessure. Absorbé dans le sang, le thorium a pour principaux sites de dépôt, le foie et le squelette. Il se fixe dans l’os à raison de 60% de la quantité inhalée ou ingérée par l’individu. Chez l’enfant, l’assimilation par l’organisme est 4 à 8 fois supérieures à celle de l’adulte, ce qui se traduit par une plus grande fixation osseuse.

http: //www.irsn.fr/EN/Research/publications-documentation/radionuclides-sheets/Documents/Th232SAN.pdf

Le thorium est également dangereux en raison de sa chaîne de décroissance. Les descendants du thorium 228 qui ont des périodes courtes s’accumulent rapidement. Ils comprennent le radon 220 (thoron), un gaz qui relâche des particules alpha ; puis le bismuth 212 et le thallium 208, qui émettent des rayons gamma de haute énergie. Quarante ans après la séparation du thorium de son minerai porteur, le thorium 232 et ses descendants sont cinq fois plus actifs que le thorium 232 et 228 au moment de leur séparation.   http://www.francenuc.org/fr_mat/thorium_f.htm

Son deuxième problème c’est peut-être les militaires.

Un éminent expert du Commissariat à l’Énergie Atomique a trouvé le moyen de se vanter que l’uranium 233 obtenu par fertilisation du thorium 232, « c’était nettement mieux que le plutonium pour faire des bombes ». On savait déjà que la recherche sur les réacteurs à thorium 232 uranium 233 avaient été abandonnés pour cause d’instabilité due à une activité neutronique trop élevée.

Mais ce qui est un défaut pour un réacteur civil peut être une qualité pour une bombe (à neutrons renforcés ?). Ça pète mieux, il y a donc moins de matière fissile, ce qui permet de produire des engins de plus petite puissance (cela permettrait les prétendues frappes décapitantes, que mentionne le Livre Blanc sur la Défense) ; il n’y a ni plutonium ni autres transuraniens, radioéléments des plus toxiques ; cela laisse une pollution moindre, les militaires diraient une « bombe propre ».

17h30 – Bernard Bonin “Les microréacteurs” :

Pour des raisons économiques, l’industrie a conçu des unités toujours plus grosses, tel l’EPR et ses 1600 MW.  Or, un petit cœur de réacteur, moins puissant est plus facile à refroidir, il offre une plus vaste surface d’échange thermique au regard de son volume. À tel point que les concepteurs de mini réacteurs (moins de 300 MW) assurent pouvoir se passer de l’injection d’eau froide !

Ils pouraient servir sur un “marché de niche” fondé sur la co-génération, électricité- chauffage urbain dans les régions du Nord ou électricité-dessalement d’eau dans les régions du Sud. Des investisseurs comme Bill Gates ou Toshiba sont attirés.

Comme va probablement l’expliquer Bernard Bonin

voir:http://www.visiatome.fr/Local/visiatome/files/399/Bernard.Bonin.Les.petits.reacteurs.modulaires.pdf)

Les Russes construisent déjà des microréacteurs dérivés de la propulsion navale comme ces 4 réacteurs graphite-eau bouillante de 11 MWé chacun qui fonctionnent depuis 1976 à la centrale de co-génération de Bilibino (Sibérie) et produisent à la fois de l’électricité et de l’eau chaude pour le chauffage urbain, pour un coût inférieur à l’alternative “combustibles fossiles”.

C’est très rassurant eu égard à l’intérêt que l’ex-Union Soviétique a toujours attachée à la sécurité de ces centrales et à la santé de ses habitants… mais comme Bernard Bonin ajoute plus loin dans son exposé que: “En cas de fusion du coeur, la quantité de corium produite serait faible → facile à refroidir, peu de dégâts → peut-être pas besoin de récupérateur de corium”. On est donc tout à fait rassuré et convaincu !

Pour autant, des unités de petite taille rendraient-elles le nucléaire plus sûr ? Comme le fait remarquer Giovanni Bruna (IRSN),   »une  grande  série  de  miniréacteurs serait  vulnérable  à  la  même  inondation  par  exemple  regardez Fukushima. Est-on sûr que cela ne produira pas des problèmes nouveaux, et peut-être graves, par simple effet de proximité. De plus multiplier les sites nucléaires demanderait à l’opérateur des moyens de surveillance décuplés, sans parler des risques de prolifération…”.

Ensuite, les réacteurs nomades de petite puissance n’ont absoluement rien de neuf ! Ils ont été développés depuis longtemps pour la propulsion navale (atomes pour la guerre), porte-avions, sous-marins, brise-glaces atomiques ou navire de commerce. C’est environ 240 réacteurs nucléaires de plusieurs pays (URSS,USA, France,Chine, Inde…) qui naviguent sur les océans (à comparer aux 440 réacteurs nucléaires civils qui produisent de l’électricité sur la terre ferme). Ces réacteurs “marins” ont largement fait leurs preuves au niveau des fuites, des accidents graves, et même… de l’explosion nucléaire (le K- 314 soviétique le 10 août 1985).

Au final, les bénéfices réels sont loins d’être évidents, mais c’est vrai que par souci démocratique tout le monde devrait avoir droit à son petit Tchernobyl, même si l’on vit loin de tout dans une région très isolée du monde.

Suggèrons aux organisateurs de ce colloque de relancer un autre projet du passé “Thermos” un “microréacteur”

100% français de 100 mégawatts thermiques qui pouvait faire de la cogénération (électricité + chauffage urbain), décentralisé en fonction des lieux de consommation (grandes villes) et implanté au plus près des consommateurs (peu de perte en ligne). Une vraie merveille…

Voir http: //www.dissident-media.org/infonucleaire/thermos_sv.html

18h00 – Bernard Salha “Enjeux technologiques de la durée de

fonctionnement des réacteurs nucléaires et perspectives pour

les nouveaux développements” :

Quant à Bernard Salha, on voit qu’il a une vision très réaliste des choses du nucléaire, pour l’EPR il déclarait dans

Le Figaro, 3/12/2007:

La construction de l’EPR est prévue sur cinquante-quatre mois, un planning ambitieux mais que nous considérons comme réaliste et soutenable ”, expose Bernard Salha, directeur de la division ingénierie nucléaire d’EDF.

« L’EPR de Flamanville, doté d’une puissance de 1 650 MW, est prévu pour être opérationnel en 2012, après une année complète d’essais. Le montant total de l’investissement est évalué à 3,3 milliards d’Euros. Il n’y a pas ou peu de risque de dépassement budgétaire car tous les grands contrats ont déjà été finalisés ”, souligne Bernard Salha. »

En fait le projet a pris 4 ans de retard, et son coût a quasi doublé!

http://www.usinenouvelle.com/article/epr-le-chantier-de-flamanville-partiellement-interrompu.N169921

Prolonger la vie des centrales nucléaires

La propagande d’EDF a longtemps utilisé l’image des matriochkas, ces poupées russes qui s’emboîtent, pour décrire les trois barrières consécutives qui devaient assurer le confinement absolu des produits radioactifs en cas d’accident majeur. Ces  trois barrières sont : le gainage du combustible, le circuit primaire et le bâtiment réacteur. Cette notion de troisième barrière a vécu (même à EDF), aussi un palliatif a été imaginé (en France on a des idées) pour faire chuter la pression dans le bâtiment réacteur (et éviter en situation accidentelle une brèche ou même la destruction de l’enceinte) en laissant partir les gaz radioactifs du coeur surchauffé à travers  un filtre à sable destiné à piéger une partie des iodes…

Les défauts répertoriés dans la technologie nucléaire  

sont de plus en plus nombreux :

- Les matériaux des installations nucléaires sont soumis à des conditions très dures : contraintes de pression, températures élevées, cyclages thermiques, flux intenses de neutrons. Les qualités métallurgiques des aciers et alliages résistent mal à ces contraintes et se détériorent notablement au cours du vieillissement des installations. De plus, les grandes dimensions des équipements ne permettent pas de garantir les mêmes qualités que celles qu’on peut obtenir en laboratoire sur des échantillons de petites dimensions.

Les études de tenue des matériaux aux conditions de fonctionnement très dures des réacteurs nucléaires ont été trop superficielles notamment en ce qui concerne la durée de vie des réacteurs pour pouvoir garantir une fiabilité suffisante.

Des études correctes auraient mis en évidence l’impossibilité de réaliser une telle fiabilité. Par exemple ce n’est qu’en fin de vie d’une cuve de réacteur que l’on peut analyser comment les défauts métallurgiques inhérents à la fabrication de la cuve se sont comportés sous irradiation et les comparer aux échantillons de petites dimensions qui servent de contrôle. Mais les résultats obtenus sur une cuve particulière ne peuvent être étendus à une autre cuve dont les conditions de fabrication auront été différentes. Ces études ne peuvent fournir que des indications, jamais de certitude. Encore faut-il que cette « fin de vie » ne soit pas une catastrophe !

La volonté de lancer rapidement et d’une façon irréversible le programme d’électronucléarisation massive de la France, a favorisé les techniciens ultra-optimistes se satisfaisant d’études partielles et rudimentaires, les techniciens plus rigoureux étant destinés à la « mise au placard ».

Monsieur Pierre Tanguy découvre en 1991 cet aspect de la sûreté nucléaire dans son  « Rapport de l’Inspection Générale pour la Sûreté Nucléaire (EDF) ». A la page 9 on peut lire :   » Certains problèmes que nous avons rencontrés ces dernières années peuvent se relier à un manque de curiosité des équipes qui doivent apporter un soutien technique à l’exploitation, un excès de confiance chez nos experts, et une détermination insuffisante dans les études et réalisations « . Il s’agit là d’un manque manifeste de ce que P. Tanguy appelle la « culture de la sûreté ».

- Des erreurs de conception.

Depuis quelques années il apparaît que de nombreuses erreurs de conception ont été commises pour la construction des réacteurs. Ce n’est pas forcément la compétence technique qui dans ce cas est en cause. Il s’agit là, pour certains techniciens, de leur incapacité à envisager que les problèmes pourraient être plus complexes que ce qu’ils croient et que dans certaines situations il n’y a peut-être pas  de solution qui satisfasse de façon rigoureuse les critères de sûreté absolue qu’il est nécessaire de remplir compte tenu de l’ampleur des dégâts que peuvent causer les accidents nucléaires graves.

- La nécessité de réduire les coûts de production a conduit à adopter des procédures de fabrication insuffisamment testées. Les remèdes technologiques se sont à plusieurs reprises révélés pires que les défauts que l’on voulait corriger.

L’industrie nucléaire a été présentée à l’opinion publique comme parfaite, la technologie nucléaire étant synonyme de référence de perfection. C’était ignorer les contraintes industrielles sur les coûts et les délais  qui  réagissent  directement  sur l’orientation  des  recherches  technologiques  et  le  comportement  des techniciens. C’était ignorer l’ampleur et la complexité des problèmes à résoudre notamment en métallurgie.

- Absence de maîtrise des problèmes métallurgiques.

Études insuffisantes, mauvais choix de matériaux et des procédés de fabrication illustrent la précipitation dans le démarrage du programme électronucléaire français. Depuis quelques années le manque de maîtrise des problèmes métallurgiques a été mis en évidence. Donnons pour exemple les phénomènes de corrosion sous contrainte de l’alliage « Inconel 600″ responsables des fissurations observées sur certains éléments du circuit primaire essentiels du point de vue de la sûreté.

Citons à nouveau Pierre Tanguy dans son rapport de 1991 :  » Le deuxième exemple est celui de l’Inconel 600 dont on peut se demander si la confiance imperturbable qu’ont contribué à lui attribuer les experts, tant à EDF qu’à Framatome d’ailleurs, malgré tous les déboires qu’il a entraînés, reflète bien cette attitude interrogative que l’on attend des individus, et si ce n’est pas plutôt un refus de se remettre en cause et d’admettre qu’on a pu se tromper (…) ou n’y a-t-il pas là une lacune dans la culture de sûreté de nos experts  » (page 71).

- Des fissurations importantes  ont été trouvées sur des parties critiques du réacteur: les lignes de vapeur principales du circuit secondaire, les tubes de générateur de vapeur,  les adaptateurs des  couvercles de cuve. En décembre 1996, il a été fait état au Conseil Supérieur de la Sûreté et de l’Information Nucléaire (CSSIN) de fissurations sur les protections thermiques des pompes primaires. C’est un point faible sur nos réacteurs, très préoccupant du point de vue de la sûreté car il peut conduire à une perte de réfrigérant du circuit primaire.

- Des anomalies sur les grappes de commande.

Elles doivent être citées comme faisant partie des avatars récents et très sérieux. Ce sont en effet les barres de contrôle, qui, en chutant rapidement dans le coeur du réacteur sont censées calmer la réaction en chaine en cas d’accident. Or des blocages de grappes ont été constatés et pour certains incidents l’origine des anomalies est inconnue.

- L’acier des cuves de réacteur.

L’acier des cuves est caractérisé par une température de transition : au dessus de cette température l’acier est ductile (non fragile) et en dessous de cette température, il devient cassant. Il faut toujours maintenir la cuve en zone ductile. Au départ cette température de transition fragile-ductile est très basse, -20°C. Quelles que soient les conditions de fonctionnement l’acier est donc toujours au dessus de – 20°C dans la bonne zone (non fragile).

Sous irradiation neutronique  l’acier des cuves vieillit mal car il se fragilise : au cours des ans (et donc de la quantité de neutrons qui ont frappé la cuve) les qualités de l’acier évoluent à cause des défauts créés par irradiation et la température de transition s’élève. Lorsqu’elle atteint 90°C la cuve devrait, d’après les estimations des experts officiels, être en fin de vie car elle résisterait mal à des chocs thermiques.

Cela veut dire que si la température de la cuve descend rapidement en dessous de 90°C [comme ce serait le cas en situation d'urgence lors d'un abaissement brutal de température par aspersion d'eau] des fissurations peuvent se propager rapidement dans l’acier devenu fragile et aboutir à la fracturation de la cuve. Or pour certains réacteurs (Fessenheim-1 et Bugey-5) la température de transition ductile-fragile serait voisine de 90°C après 20 ans seulement de fonctionnement.

- Des barres d’ancrage antisismiques qui sont desserrées, des bétons qui fluent, la qualité nucléaire fait défaut dans de nombreux endroits. Il n’est pas possible de faire rapidement un inventaire exhaustif de tous les problèmes qui sont apparus sur les réacteurs, signe d’un vieillissement prématuré alors qu’EDF a en projet  de faire durer ses réacteurs pendant 40 ans  (lire “Quand EDF prend ses désirs pour des réalités”), certains envisagent même d’aller jusqu’à 60 ans…

- La situation psychologique dans les centrales nucléaires est

très préoccupante.

Les  contraintes économiques imposées par le management du nucléaires conduisent de plus en plus à  l’utilisation de sous-traitances à plusieurs niveaux et de ce fait difficilement contrôlables, à des comportements négligents vis-à-vis de la sécurité pour améliorer la rentabilité, à  un dialogue de plus en plus difficile entre les directions et les employés EDF ce qui peut conduire à des actes de malveillance (sabotage) ressentis comme seule alternative à une situation conflictuelle.

18h30 – Luc Oursel “Conclusion” :

Luc OURSEL qui a été nommé, par Nicolas Sarkozy, Président d’AREVA a également été nommé Président de la SFEN (dont il était Vice-Président).

La SFEN (Société Française d’Énergie Nucléaire) est un “club” de fanatique du nucléaire, Francis Sorin (alors directeur de son pôle information) déclarait dans l’Yonne Républicaine (4/12/2004) à propos de Tchernobyl :

Quelles sont, selon vous, les conséquences de l’accident

nucléaire sur les populations ? 

« De très nombreuses études et enquêtes de terrain sont menées depuis bientôt vingt ans dans de très vastes régions autour de Tchernobyl, auprès des populations affectées par l’accident ainsi que des liquidateurs. Nous ne pouvons en exposer les résultats et nous nous bornerons à en rapporter les principales conclusions : outre les 39 décès enregistrés parmi les personnes présentes les premiers jours sur le site même du réacteur, et 95 cas de forte irradiation, la conséquence la plus marquante de l’accident a été une nette augmentation des cancers de la thyroïde chez les enfants qui avaient moins de 15 ans au moment de l’accident. 2 000 cas ont été recensés. Heureusement, le taux de guérison de ces types de cancers est important. Il est évalué entre 70 et 95 % des cas, selon l’apparition de complications éventuelles.

La très légère augmentation des leucémies enregistrée auprès des liquidateurs et des populations riveraines était déjà constatée dans la région depuis le début des années 1980, soit six ans avant l’accident, et ne saurait donc être tenu pour une conséquence directe de celui-ci. S’il existe un effet – qu’il ne faut pas écarter a priori – il reste faible en tout état de cause.

On peut en dire autant des cancers solides, dont les études indiquent qu’aucun excès n’a été clairement constaté, ainsi que des malformations congénitales. Celles-ci existent de façon “naturelle”, comme partout ailleurs, avec des taux variant de 2 à 6 % selon les régions. Les attribuer à Tchernobyl, comme certains le font sans vergogne à travers des documents photographiques ou des reportages filmés prétendument “révélateurs”, est une tromperie.

Pourquoi, alors, faire courir une telle rumeur ?

N’existe-t-il pas quand même des risques ?

Si l’accident a été un drame pour les populations résidentes (avec l’apparition incontestable de pathologies notamment psychosomatiques avec troubles cardiaques, maladies digestives, anxiété), il reste que les hécatombes annoncées par les marchands de peur peu scrupuleux n’ont pas eu lieu et que les allégations de Wladimir Tchertkoff ne reposent sur aucune base crédible.

En fait, si les opposants au nucléaire – tout au moins certains d’entre eux – se complaisent à faire “ courir la rumeur ” à propos de Tchernobyl, c’est parce que l’excellent niveau de sûreté des centrales nucléaires, en France et dans les pays de technologie occidentale, les prive d’arguments percutants.

Dans notre pays, depuis quarante ans qu’on les utilise, les centrales nucléaires ont fait zéro victime  (hormis quelques  accidents  de  chantier  intervenus  pendant  les  phases  de construction). Par  rapport  aux  grandes  sources d’énergie traditionnelles (charbon, pétrole, gaz, hydraulique), le nucléaire s’affirme clairement, et de loin, comme celle dont les risques sont le mieux maîtrisés. Les militants antinucléaires se servent de Tchernobyl comme d’une arme pour brouiller ce constat, Wladimir Tchertkoff comme les autres. »

C’est la SFEN de Luc Oursel qui essaye de faire croire qu’il y a

une rumeur !

En janvier 2010, l’Académie des Sciences de New York (NYAS)  a publié le recueil (sous la direction d’Alexei Yablokov) le plus complet de données scientifiques concernant la nature et l’étendue des dommages infligés aux êtres humains et à l’environnement à la suite de l’accident de Tchernobyl  «Chernobyl: Consequences of the catastrophe for people and the environment».

Cet ouvrage (dont on peut lire une version réduite et traduite par Wladimir Tchertkoff  en Word (.doc), ou en PDF,) met à la disposition du lecteur une grande quantité d’études collectées dans les pays les plus touchés : la Biélorussie, la Russie et l’Ukraine.

Les auteurs estiment que les émissions radioactives du réacteur en feu ont atteint dix milliards de curies, soit deux cents fois les retombées des bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki, que sur les 830 000 «liquidateurs» intervenus sur le site après les faits, 112 000 à 125 000 sont morts, et que le nombre de décès à travers le monde attribuables aux retombées de l’accident, entre 1986 et 2004, est de 985 000, un chiffre qui a encore augmenté depuis cette date.

Luc Oursel avec sa double casquette AREVA/SFEN est donc le parfait propagandiste du nucléaire pour nous vanter une technologie mortellement dangereuse depuis ses origines en oubliant l’impact majeur de celle-ci sur l’homme et son environnement.

C’est l’homme qu’il fallait pour clore en “beauté” un tel colloque!

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 19 novembre, 2012 |Pas de commentaires »

LE DOCTEUR HELEN CALDICOTT ESTIME QUE LA MOITIE DU TERRITOIRE JAPONAIS EST CONTAMINEE ! (enenews tv / gen4.fr))

Le Dr. Helen Caldicott estime que la moitié du

territoire Japonais est contaminée

LE DOCTEUR HELEN CALDICOTT ESTIME QUE LA MOITIE DU TERRITOIRE JAPONAIS EST CONTAMINEE ! (enenews tv / gen4.fr)) dans REFLEXIONS PERSONNELLES nucleaire-risques-de-contamination-credit-photo-nhk_26034_w460

 Pour le Dr. Helen Caldicott, la moitié du Japon est

contaminée

(enenews tv / gen4.fr)

Interviewée sur democracy now 1 le Dr. Helen Caldicott 2 a déclaré que, selon elle, la moitié environ du territoire Japonais aurait été contaminée suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima-Daiichi.

Un océan de censure

Le Dr. Caldicott a également insisté, lors d’une intervention effectuée par Amy Goodman – au moment précis où CBS annonçait le résultat définitif des élections américaines – sur le fait que le gouvernement Japonais poursuit sa politique de désinformation et de muselage de la presse Japonaise sur l’ensemble des conséquences de la catastrophe Japonaise.

Helen Caldicott se rendra au Japon la semaine prochaine pour tenter de faire une analyse plus précise de la situation sanitaire.

Une situation sanitaire périlleuse

Compte tenu des rejets effectués par les réacteurs éventrés et des vents ayant soufflé vers l’intérieur des terres à partir du 15 mars 2011, une partie non négligeable des particules radioactives échappées des confinements endommagés s’est dirigée vers le Sud et l’Ouest de la centrale en perdition, contaminant gravement terres, rivières et… habitants dans les régions non évacuées.

Des maladies radioinduites en gestation

Il est évident que la situation sanitaire, compte tenu du temps de latence des anomalies génétiques cellulaires 3 se développant relativement lentement au sein des organismes soumis à une contamination non négligeable et par un large échantillon de radionucléides s’aggravera dans un période comprise de quelques années à quelques dizaines d’années.

La double peine des cellules irradiées

En outre, un autre effet mal documenté mais qui commence à être étudié de près 4 permet de penser que les cellules affectées par les rayonnements répercutent une espèce de  « signal de détresse » qui toucherait plus rapidement et à des niveaux de doses très inférieurs les cellules adjacentes et même parfois celles nettement plus éloignées.

10% seulement des cellules exposées à des radiations Alpha

suffiraient à « contaminer » 100% des cellules avoisinantes

La constatation effectuée dans les services de médecine nucléaire 5 peut hélas s’appliquer dans les cas de contamination accidentelle sur des organismes en bonne santé : les tissus ne font pas de différence entre des irradiations « bénéfiques » (dans le cadre d’une thérapie) et celles créant le chaos, la destruction et la mort de cellules saines. Les particules Alpha sont celles qui sont principalement émises par les noyaux lourds 6 dont on sait par ailleurs qu’une quantité certaine a accompagné sans aucun doute les rejets d’autres noyaux plus légers dans le cadre de la catastrophe nucléaire Japonaise.

Des doses mêmes très faibles peuvent en fait induire des

dégâts génétiques intenses

Si l’on superpose les dégâts chromosomiques agissant plutôt sur le long terme (les cellules reproduites) à l’hypothèse de l’effet de choc (effet bystander), les deux étant peut-être d’ailleurs liées 7 il est hélas raisonnable de penser que, même soumis à des doses relativement faibles de radionucléides – dont les fameux émetteurs Alpha – les organismes exposés relativement longtemps pour se retrouver irradiés et contaminés ne développent des pathologies cellulaires dans un délai plus ou moins long.

Des doses de 10 mSv semblent suffisantes pour induire

cette réaction en chaine cellulaire

Alors que les seuils d’innocuité aux rayonnements Gamma généralement utilisés par les radioprotectionnistes sont habituellement situés de 100 à 200 mSv , les études récentes sur l’effet bystander semblent supporter l’hypothèse que les effets de choc des irradiations débuteraient à des seuils bien plus bas et seraient ensuite relativement linéaires : une irradiation Gamma évaluée à 0.01 Gy (soit 10 mSv de Gamma) suffirait à induire des dégâts cellulaires équivalents à des doses 10 fois supérieures (le seuil Gamma « référentiel » habituel de 0.1 Gy / 100 mSv).

Effet de doses Gamma sur des cellules de l’épiderme (Belyakov) – Les effets bystander sont indiqués par la partie noire des barres alors que les effets décalés (génétiques) sont représentés par la partie blanche

Sources :

Interview de Helen Caldicott, 7/11/12, (00:30, anglais)

Caldicott Live on TV, enenews, 7/11/12, anglais

Lire également :

« L’effet bystander induit par les rayonnements », traduction française de l’étude d’Oleg V. Belyakov (758)

  1. Chaîne TV d’information indépendante basée à New-York qui travaille principalement sur les sujets de politique internationale des USA. 
  2. Médecin Australien, militante pour la paix et opposante au nucléaire militaire et civil 
  3. L’instabilité génomique est induite par le fait que le mécanisme de dégradation cellulaire affecte principalement les descendantes des cellules touchées par la radioactivité 
  4. L’effet bystander (« contagion radioactive » dans des tissus cellulaires), savoir.fr 
  5. Utilisation de rayonnements ionisants sur des tissus cancéreux en radiothérapie 
  6. Transuraniens : les éléments les plus lourds, totalement artificiels 
  7. Le choc initial pourrait en quelque sorte démarrer le processus de mutation génétique 
  8. L’effet bystander

    induit par les rayonnements

    Oleg V. Belyakov

    traduit de:

    http://belyakov.fortunecity.net/bystander.html

    avec l’aimable autorisation de l’auteur

     L’effet bystander induit par les rayonnements est un phénomène par lequel des dommages cellulaires (échanges de chromatidessoeurs, aberrations chromosomiques, apoptose, micronucléation, transformation, mutations et expression de gène) sont exprimés dans des cellules voisines non irradiées à proximité d’une cellule ou de cellules irradiées (voir la figure 1).

    figure 1. schéma de l’effet bystander

    cellule directement endommagée   cellule endommagée par effet bystander

    Jusqu’à récemment on a, de façon générale, admis que les conséquences biologiques suivant l’exposition aux rayonnements sont attribuables aux dommages à l’ADN. Selon ce paradigme, les dommages à l’ADN se produisent pendant ou très peu de temps après l’irradiation des noyaux des cellules visées et le potentiel pour des conséquences biologiques peut être exprimé dans les limites de une ou deux générations de cellules (Grosovsky, 1999). Quelques éléments probants ont maintenant émergé qui remettent en cause les effets classiques résultant des dommages ciblés à l’ADN. Ces effets sont également nommés  »non-ciblés » et incluent des effets de proximité, ou « effets bystander », instabilité génomique induite par la radiation, hypersensibilité aux faibles doses et induction des gènes par rayonnement (Ward, 1999). La caractéristique principale des effets  »non-ciblés » est leur survenue particulière à de faibles doses.

    Ces dernières années, quelques équipes ont démontré l’existence d’un effet bystander dans lequel des dommages sont exprimés dans les cellules voisines non irradiées à proximité d’une cellule ou de cellules irradiées (Nagasawa et Little, 1992 ; Hickman et coll, 1994 ; Deshpande et coll, 1996 ; Prise et coll, 1998). Dans les expériences pilotes sur l’effet bystander par Nagasawa et Little (Nagasawa et Little, 1992) des cultures de cellules ont été exposées à un flux très bas de particules d’alpha, tel que seulement 1% des cellules ont été traversées. Cela a eu comme conséquence une augmentation des échanges de chromatides soeurs pour 30% à 50% des cellules de la population. Un article récent (Zhou et coll, 2000) a démontré que les cellules, irradiées un microfaisceau précis de particules alpha , pouvaient induire un effet mutagène de proximité dans les cellules voisines non directement traversées et que le processus de communication de cellule à cellule à un rôle critique dans la médiation de l’effet bystander. On a montré que l’irradiation, avec 20 particules alpha pour chacune, de 20% de cellules hybrides humain-hamster A(L) aléatoirement choisies , a comme conséquence une fraction de mutants qui est 3 fois plus élevée que prévue, sans effet de modulation. L’analyse par PCR a démontré que les types de mutants induits sont sensiblement différents de ceux d’origine spontanée.

    Le mécanisme de l’effet bystander n’est pas encore connu. Cependant, il y a des preuves que l’effet bystander peut avoir au moins deux voies différentes pour le transfert des dommages des cellules irradiées aux voisines non irradiées : par les jonctions de cellule à cellule (gap junctions) ou par des facteurs de culture. 

    Azzam et ses collaborateurs (Azzam et coll, 1998) ont démontré que l’effet bystander dépend de la communication intercellulaire (gap junctions) dans les cultures confluentes de fibroblastes diploïdes humains exposés à des flux bas d’irradiation alpha. Ils ont prouvé que les voies métaboliques p53 et p21 sont activées. Hickman et ses collègues ont signalé qu’une voie à médiation p53 pouvait être activée dans l’effet bysander (Hickman et autres, 1994). Ils ont étudié les effets de l’irradiation à faible dose de particules d’alpha sur cellules épithéliales de poumon de rat. L’analyse cytométrique de la fraction des cellules avec un niveau élevé de protéine p53 a détecté dans cette fraction une expression accrue par rapport à celles qui avaient été été frappées par une particule d’alpha.

    Le deuxième mécanisme de l’effet bystander proposé est la médiation de l’effet par la sécrétion de facteurs dans le milieu de culture (Mothersill et Seymour, 1997 ; Cummins et coll, 1999). Une série d’études (Lehnert et Goodwin, 1997a ; Lehnert et Goodwin, 1997b ; Narayanan et coll, 1997) suggèrent un mécanisme alternatif dans lequel les cellules irradiées sécrètent des cytokines ou d’autres facteurs qui agissent pour augmenter les taux intracellulaires de formes réactives d’oxygène dans les cellules non irradiées. Lehnert et collègues ont démontré que le milieu de culture issu de cellules irradiées avec des flux bas de particules alpha peut induire une augmentation des échanges de chromatides soeurs lorsqu’il est utilisé pour incuber des cellules non irradiées de test. Mothersill et Seymour (1998) ont rapporté des données qui suggèrent que l’effet bystander ne dépend pas de la communication par les gap junctions de cellules en contact.

    Il n’y a pas encore assez d’information disponible pour spéculer au sujet de la nature des initiateurs de l’effet bystander. Narayanan et les collègues (1997) ont montré que des facteurs issus du milieu de culture de cellules irradiées peuvent induire une augmentation des taux intracellulaires de formes réactives de l’oxygène, y compris le superoxyde et le peroxyde d’hydrogène. Ils pourraient jouer un rôle important dans le phénomène de transfert des dommages. D’un autre côté, l’élimination de l’effet bystander par le traitement thermique du milieu de culture ou par le traitement des cellules irradiées avec des inhibiteurs de la synthèse des protéines suggère que les facteurs sécrétés pourraient être des protéines (Lehnert et Goodwin, 1997b).

    L’instabilité génomique et l’effet bystander sont les deux effets non-ciblés de l’irradiation. Ils ont un rayon d’action beaucoup plus grand que le noyau. L’instabilité génomique induite par le rayonnement est définie comme une élévation persistante dans le taux d’apparition de novo de changements génétiques (mutations, aberrations chromosomiques et micronuclei) chez une population clonale (Little et coll, 1997 ; Ullrich et Ponnaiya, 1998). Il n’y a jusqu’ici aucune preuve que l’effet bystander persiste sur beaucoup de générations. Par ailleurs, on a rapporté (le Comité sur les effets biologiques des radiations ionisantes, 1990) que l’instabilité génomiquepersistante peut être induite par l’intermédiaire d’un effet bystander. Un autre article (Lorimore et coll, 1998) a démontré l’instabilité chromosomique dans les descendants clonaux des cellules souches hématopoïétiques après irradiation de la moelle des os chez la souris avec des particules alpha. Les auteurs ont étudié les effets d’interposition d’une grille entre les cellules et la source de particules alpha de sorte que la population survivante consiste principalement en cellules souches non atteintes. On a montré que le nombre de cellulesclonogéniques transmettant l’instabilité chromosomique était plus grand que le nombre prévu de cellules devant être atteintes et survivre. Ce fait suggère que la section initiale de dommages est augmentée par l’effet bystander, et que les cellules affectées par l’effet bystander peuvent entrainer un risque accru de changement génétique pour beaucoup de générations.

    L’effet bystander ne montre pas un rapport linéaire avec la dose (Nagasawa et Little, 1992 ; Hickman et coll, 1994 ; Deshpande et coll, 1996 ; Lehnert et Goodwin, 1997a ; Prise et coll, 1998). Il est induit au maximum par les doses très basses, suggérant pour son activation un mécanisme avec effet de commutation (voir le schéma 2).

    figure 2. Comparaison des types « classiques » et « bystander » de réponse à l’irradiation

     L’effet bystander contribue à une proportion significative de l’ensemble des mutations dans la région des faibles doses par un mécanisme apparemment distinct de la réponse « classique » au rayonnement. L’irradiation de 1 fibroblaste avec 1 particule 3He2+ donne lieu à une augmentation significative de cellules endommagées par effet bystander de approximativement de 1% à 3%. Un accroissement ultérieur de dose ne change pas la réponse pour une dose donnée. (Prise et coll, 1998). En raison des différences dans la fonction dose-réponse, la voie bystander pour la mutagenèse peut être négligée au delà doses qui, paradoxalement, sont souvent utilisées comme point de départ pour l’extrapolation des risques liés aux faibles doses

    Quelle est la contribution relative des effets « classiques » et « bystander » à la mort de cellules ?
    Seymour et Mothersill (Seymour et Mothersill, 2000) ont employé les kératinocytes humains pour étudier le phénomène. Ils ont présenté des données montrant une méthode pour corriger la courbe globale de survie permettant l’analyse des contributions relatives de l’effet bystander et de l’effet attribuable à l’interaction directe du rayonnement avec la cellule cible. La technique utilisée est de construire une courbe clonogénique de survie en utilisant l’analyse de Puck et de Marcus. Les résultats de survie sont convertis en mortclonogéniques pour l’effet bystander et pour l’effet total. Par soustraction, on peut déterminer le % de cellules mortes non induites par effet bystander. Les données prouvent que pour cette lignée humaine de cellules épithéliales, les doses de 0.01 à 0.5 Gy de rayons gamma induisent seulement la mort clonogénique par l’effet bystander (voir la figure 3).

    On peut voir qu’il y a une composante très importante d’effet bystander à de faibles doses mais aux doses de 0.5 Gy et au-delà des effets directs du rayonnement commencent à apparaître. L’importance de l’effet bystander est relativement constante et elle semble saturer aux doses de la gamme des 0.03-0.5 Gy. Au delà des doses de 0.5 Gy, les courbes clonogéniques de la mort sont le résultat d’un effet de dose-dépendant non-bystander et d’un effet dose-indépendant bystander.

    Quelques études ont été publiées sur l’effet bystander en systèmes multicellulaires. La radiosensibilité des lignes de cellules épithéliales de HPV-G et de HaCaT irradiées à l’intérieur de microcolonies (> 50 cellules) s’est avérée être inférieure à celle de cellules irradiées comme cellules isolées(Mothersill et Seymour, 1997 ; Cummins et coll, 1999). L’article de Bishayee et ses collègues (Bishayee, et coll, 1999) décrit un effet bystander prononcé en modèle tridimensionnel de culture du tissu V79 marqué avec 3H quand l’isotope est localisé au noyau de cellules et non-uniformément distribué parmi les cellules. Jen et collègues (Jen et coll, 1991) ont constaté que la radiosensibilité des cellules de rein de souris qui sont irradiées dans des conditions in vivo in situ ou in vitro en fragments est plus élevée que celles irradiées in vitro

  9. Helen Caldicott
  10. 220px-DrHelenCaldicott CENTRALE NUCLEAIRE dans REFLEXIONS PERSONNELLES
    magnify-clip CONTAMINATION RADIOACTIVE
    Helen Caldicott.

Helen Caldicott est une militante anti-nucléaire et médecin australienne, née à Melbourne en1938.

Biographie:

Après avoir obtenu son diplôme de médecine à l’Université d’Adélaïde (Australie), Helen Caldicott rejoint l’Hôpital pour enfants d’Adélaïde, puis le quitte en 1977 pour celui de Boston (USA) et enseigne la pédiatrie de 1977 à 1978 à la Harvard Medical School. Elle abandonne sa carrière médicale dès 1980 pour se consacrer au mouvement anti-nucléaire.

Elle accède à la notoriété en 1982, grâce à sa participation au documentaire canadien If you love this planet. Caldicott y accuse alors la Hershey Foods Corporation de distribuer des aliments contaminés par du strontium 90 suite à l’accident de la centrale nucléaire de Three Mile Island. Selon Caldicott, le strontium 90 absorbé par les végétaux est ensuite ingéré par les vaches, produisant ainsi le lait contaminé qu’utilisait la société Hershey.

En 1982, elle fonde également l’association Women’s Action for Nuclear Disarmament (WAND, mouvement des femmes pour le désarmement nucléaire), ensuite renommé Women’s Action for New Directions (WAND, mouvement des femmes pour des orientations nouvelles), un groupe visant à réduire l’utilisation de l’énergie nucléaire.

Helen Caldicott participa activement au sein du groupe Physicians for Social Responsibility de 1977 à 1986, une organisation regroupant 23.000 médecins désirant informer la population des risques de l’énergie nucléaire. Elle travailla à travers le monde à la création de groupes similaires. L’un d’entre eux, l’International Physicians for the Prevention of Nuclear War (groupe international des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire) a été récompensé par le prix Nobel de la paix en 1985.

En 1990, elle se lance en politique et brigue le siège de député de la circonscription de Richmond (Australie). Malgré son échec, elle tente en 1991 d’entrer au Sénat Australien avec le soutien du parti démocrate australien pour le poste de sénateur du New South Wales. Cependant, un cacique du parti lui est préferé.

Une de ses enquêtes est sélectionnée par Project Censored (organisme d’enquête universitaire) en 1990. Citant les recherches des scientifiques soviétiques Valery Burdakov et Vyacheslav Fiin, Caldicott affirme que le programme de la navette spatiale de la NASA détruit la couche d’ozone. Un total de 300 vols seraient suffisants pour « détruire complètement la couche d’ozone qui protège la Terre ». Il n’y a cependant pas de preuve scientifique.

En 1995, Helen Caldicott retourne aux États-Unis où elle enseigne la politique internationale et l’environnement à la New School of Social Research on the Media (New York). Elle anime également une émission de radio hebdomadaire sur WBAI et devient présidente fondatrice de la fondation STAR (Standing for Truth About Radiation).

Son sixième livre, The New Nuclear Danger : George W. Bush’s Military Industrial Complex est publié en 2001. Elle crée le Nuclear Policy Research Institute, dont le siège est à Washington (USA). L’objectif du NPRI est de pousser les grands médias à informer sur les dangers du nucléaire, de créer un consensus populaire autour d’un arrêt nécessaire des programmes nucléaires civile et militaire.

Le film documentaire Helen’s War: portrait of a dissident (2004) est une immersion dans la vie de Helen Caldicott, filmée à travers les yeux de sa nièce, la réalisatrice Anna Broinowski.

Helen Caldicott partage son temps entre les États-Unis et l’Australie, elle continue ses conférences afin de donner son avis sur le nucléaire. Elle a été recompensée par 19 doctorats honoraires, nominée pour le prix Nobel de la paix, recompensée du prix Lannan Foundation pour sa liberté culturelle en 2003, l’Organisation Pacifique Australienne la récompensa avec le premier Australian Peace Prize « for her longstanding commitment to raising awareness about the medical and environmental hazards of the nuclear age » en 2006. Le Smithsonian Institution a nommé Caldicott comme l’une des femmes les plus influentes du xxe siècle.

En mai 2003, Helen Caldicott donne une conférence sur « la nouvelle menace nucléaire » à l’université de San Diego aux États-Unis.

Distinctions:

Liens externes:

  1. site officiel d’Helen Caldicott
  2. NPRI – Nuclear Policy Research Institute
  3. WAND – Women’s Action for New Directions
  4. PSR – Physicians for Social Responsibility
  5. IPPNW – International Physicians for the Prevention of Nuclear War
  6. Project Censored
Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 8 novembre, 2012 |Pas de commentaires »

URANIUM: LE NIGER JUGE TRES DESEQUILIBRE SON PARTENARIAT AVEC AREVA…NORMAL !…AREVA ET HOLLANDE SE CROIENT ENCORE DANS LES COLONIES ! (Thierry LAMIREAU)

Uranium:

URANIUM: LE NIGER JUGE TRES DESEQUILIBRE SON PARTENARIAT AVEC AREVA...NORMAL !...AREVA ET HOLLANDE SE CROIENT ENCORE DANS LES COLONIES ! (Thierry LAMIREAU) dans REFLEXIONS PERSONNELLES areva3Le Niger juge très déséquilibré son partenariat

avec AREVA

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NIAMEY – Le Niger a durci le ton jeudi 25 octobre 2012 envers le groupe français AREVA, jugeant très déséquilibré leur partenariat historique dans l’uranium, dont le pays est l’un des plus grands producteurs mondiaux, et a dit vouloir accroître les retombées du secteur minier pour la population.

Le partenariat dans l’exploitation de l’uranium est très déséquilibré en défaveur du Niger, et ce depuis 41 ans d’exploitation de ce minerai, indique un communiqué du Conseil des Ministres.

Ce déséquilibre est corroboré par le fait que les recettes tirées de l’uranium représentent 5% des recettes du budget national alors que le Niger devrait en tirer des ressources importantes, explique le gouvernement du président Mahamadou Issoufou, élu en mars 2011.

Le gouvernement exprime sa volonté d’accroître les retombées du secteur minier pour le peuple nigérien, à travers notamment le renforcement de sa participation à la gouvernance du secteur, sans plus de précision.

Selon les médias officiels nigériens, le président Issoufou s’est entretenu cette semaine à Niamey avec Luc Oursel, le président d’AREVA, de l’épineuse question de l’exploitation de l’uranium, dont les revenus alimentent la controverse depuis des décennies.

Interrogée par l’AFP, une porte-parole d’AREVA à Paris n’a pas fait pas de commentaires dans l’immédiat.

Présent depuis une quarantaine d’années au Niger, le groupe nucléaire français y exploite deux gisements d’uranium à Arlit et à Akokan, dans le nord désertique du pays.

Plus grand employeur privé de ce pays parmi les plus pauvres du monde, AREVA doit en outre commencer en 2013-2014 l’exploitation de la mine géante d’Imouraren (nord), présentée comme la deuxième du monde. Elle doit produire 5.000 tonnes d’uranium par an à plein régime et représente un investissement de plus de 1,2 milliard d’euros.

Le pétrole aussi

Le gouvernement a aussi déploré le retard dans le chantier d’Imouraren, imputable à AREVA et qui entraînera un manque à gagner pour l’Etat.

Depuis quelques années, deux compagnies chinoises, dont la China National Nuclear Corporation (CNNC), extraient aussi de l’uranium à Azelik, dans la même région.

En février, Niamey avait annoncé que le prix du kilogramme d’uranium nigérien avait été fixé à 73.000 FCFA (environ 111 euros), à l’issue de négociations avec AREVA, évoquant une avancée notable dans l’histoire des négociations des prix des matières premières au Niger.

Il s’agit d’un prix plancher généralement fixé lors de discussions annuelles avec AREVA et censé mettre le Niger à l’abri des fluctuations sur le marché international.

Premier produit d’exportation du pays, le minerai représente 5% de son produit intérieur brut (PIB).

Le gouvernement a indiqué, sans plus de détail, avoir la même volonté de changement dans le secteur pétrolier, où la même démarche est en cours.

Le Niger est devenu en novembre 2011 producteur de pétrole et a ouvert à Zinder (centre-est) sa première raffinerie, pour une modeste production de 20.000 barils par jour.

Les prix à la pompe de l’essence produite et raffinée sur place sont jugés trop élevés dans la population et suscitent depuis un an de vives protestations.

Le contrat de production et de raffinage attribue 40% de la production au Niger et 60% à la China National Petroleum Corp. (CNPC), une compagnie publique chinoise.

Les ONG nigériennes ont souvent dénoncé le flou autour des contrats miniers.

Nous saluons et encourageons cette décision du gouvernement, a réagi Salissou Oubandoma, ex-coordonnateur du Groupe de Réflexion sur les Industries Extractives au Niger (GREN), une ONG locale. Nous produisons d’énormes quantités de ce minerai stratégique, on ne peut comprendre que les Nigériens végètent encore dans la misère, a-t-il affirmé à l’AFP.

(©AFP / 25 octobre 2012 19h53)

NIGER : LA BATAILLE DE L’URANIUM

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Les sites d’extraction d’uranium sont situés dans les plaines désertiques du nord du Niger, en territoire touareg.
© Areva
Au nord du Niger, dans une région de plaines désertiques où est implantée AREVA, le fleuron français de l’industrie nucléaire, les Touareg ont pris les armes. Leurs revendications : un partage équitable des revenus issus de l’extraction d’uranium et des conditions d’exploitation du minerai qui respectent leur mode de vie, leur santé et leur environnement.

Enlèvements, attaques de garnisons, blocages d’axes routiers névralgiques : ce sont les seuls moyens de pression dont disposent les rebelles touareg du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ) pour exiger du gouvernement de Niamey une répartition équitable des revenus uranifères. Exploitées depuis quarante ans par la firme française AREVA, numéro un mondial du nucléaire, les mines d’uranium du nord du Niger constituent une manne économique pour le sud du pays. Quant aux Touareg et aux 80 000 âmes de la ville d’Arlit, à proximité des sites d’extraction, ils ont « gagné la poussière, la radioactivité, plus de pollution et plus d’atteintes à l’environnement », selon Moussa Tchangari, un militant associatif.

Eau, air, sols : un lourd tribut

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Les combattants du MNJ revendiquent 50 % des revenus issus de l’exploitation de l’uranium.
© Galaxie Presse
De fait, l’eau des puits est polluée par l’acide sulfurique utilisé dans le traitement de la pierre. L’air est chargé de poussières de minerais hautement radiotoxiques. Enfin, des matériaux irradiés récupérés par les mineurs se retrouvent dans les charpentes des maisons, les voitures ou les ustensiles de cuisine. En dépit de preuves tangibles, l’absence de dépistage ne permet pas d’établir l’ampleur de la contamination à l’uranium de la population. Surplombant les activités minières, les vergers de la région agricole de l’Aïr, classée au patrimoine mondial de l’humanité, sont également menacés. Tandis que le gouvernement étend les zones de prospection sans consulter les Touareg qui y vivent, le président du MNJ, Aghali Alambo, appréhende la sédentarisation à laquelle est contrainte sa communauté. « Le nomadisme, c’est notre culture, explique-t-il. Ces gens n’ont pas l’habitude de payer l’eau, le bois, l’électricité. Dans les villes, tout est payant. Et s’ils n’ont pas de travail, il faut qu’ils demandent la charité devant tout le monde. Et ça touche la crédibilité de notre culture. »

Gaëlle Gonthier

DOCUMENTAIRE
DURÉE 47′
RÉALISATION NAHAN SIBY, FRÉDÉRIQUE DENIS ET STÉPHANE MANIER
PRODUCTION FRANCE 5 / GALAXIE PRESSE
ANNÉE 2008
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Mine d’uranium au Niger. 

 Mines d’uranium au Niger:

Un scandale nommé COGEMA

Le nucléaire, l’uranium

et « l’indépendance énergétique »

française

Sur le site internet de COGEMA [1] on trouve les précisions suivantes: « Le groupe COGEMA est l’un des leaders mondiaux pour la production d’uranium naturel, il en produit de l’ordre de 7 000 tonnes par an soit environ 20% de la production mondiale. (…) En France plus de 70 000 tonnes d’uranium ont été exploitées depuis 1946. Les principaux gisements se situaient dans le Limousin, le Forez, la Vendée et l’Hérault (…). Dès le début des années soixante, les équipes de prospection du groupe COGEMA ont engagé des recherches hors de France (…). Les succès les plus remarquables ont été rencontrés au Gabon (près de 27 000 tonnes d’uranium découvertes et exploitées de 1960 à 1999) et surtout au Niger (près de 80 000 tonnes d’uranium produites depuis l’origine) (…) ».

L’année 1988 correspond à la production maximale des mines d’uranium en France mais à partir de cette date les fermetures de sièges miniers vont se succéder (a). Pourtant, huit ans plus tard, dans la publication CEA « Memento sur l’énergie 1996″ il est indiqué au chapitre« Réserves énergétiques françaises » que le taux d’indépendance de la France vis-à-vis de l’uranium est de 100% alors que les mines françaises sont en fin de vie. Dans les publications ultérieures ce chapitre a disparu.

Notons que cette façon de voir l’indépendance de la France est parfaitement logique dans le système économique actuel. La production d’une entreprise n’appartient pas au pays où l’entreprise est implantée mais à son propriétaire. Si les mines d’uranium en Afrique ou ailleurs sont la propriété de COGEMA alors l’uranium produit est français. L’économie moderne nous a permis de récupérer des territoires coloniaux que nous avions perdus. Une façon moderne de gérer la colonisation ! Ainsi, notre soit disant « indépendance énergétique » qui serait due à l’uranium vient, en réalité, d’Afrique depuis bien des années déjà, mais aussi du Canada, d’Australie, et COGEMA développe désormais des activités minières en Asie centrale dans des républiques de l’ex-URSS (Kazakhstan et Mongolie).

La réalité COGEMA et ses mythes

Une plainte avec constitution de partie civile pour « pollution, mise en danger de la vie d’autrui, abandon et dépôt de déchets concernant tous les sites miniers du Limousin » a été déposée contre COGEMA en mars 1999 par l’association Sources et Rivières du Limousin, trois ans après que plusieurs associations aient dénoncé la radioactivité des eaux du Lac de St Pardoux [2]. La COGEMA, en tant que personne morale, a été effectivement mise en examen le 30 août 2002 pour « pollution, abandon et dépôt de déchets ».

Comment est-ce possible ?

Les habitants du Limousin et de tous les sites miniers ne doivent-ils pas être rassurés et heureux des activités menées par COGEMA – la prospection, l’activité minière et la réhabilitation après la fermeture des installations – si l’on en croit le panégyrique publicitaire de COGEMA qu’on peut trouver sur internet ? Citons quelques passages. Les activités minières COGEMA ce n’est pas seulement « Découvrir et produire » mais aussi: « Favoriser le développement durable (…) En fin d’exploitation, COGEMA réaménage les sites miniers pour les rendre au milieu naturel et maintient une surveillance sur les sites une fois réaménagés. Sans attendre la phase de réaménagement, COGEMA entreprend à chaque stade des opérations, des actions de précaution et de prévention, afin de minimiser les impacts et les risques environnementaux ». « La sécurité et la santé des travailleurs, COGEMA a été pionnière dans la profession pour la protection des mineurs contre les radiations ionisantes (…) ». « Les relations avec les populations locales, COGEMA est à leur écoute et contribue à la vie économique et sociale de façon adaptée à chaque situation : – Assistance médicale dans les pays ne disposant pas de système de santé publique (exemple de l’hôpital d’Arlit au Niger) (…) «  Cette auto-complaisance a de quoi faire grincer les dents. Nous allons la confronter à deux réalités, celle du Limousin et celle d’Arlit au Niger.

COGEMA et les mines d’uranium en Limousin

Ne manquez pas de voir le film de Thierry LAMIREAU « Uranium en Limousin«  en Realvideo 21Kb [3] qui raconte une autre histoire, moins triomphaliste et plus triste, de sites saccagés, d’opposants, de travailleurs malades. L’histoire racontée par un médecin, de son patient qui a ses mouchoirs toujours jaunes comme est jaune la couleur du « yellowcake » issu des traitements chimiques du minerai d’uranium (b), qui va mourir et être autopsié et dont les résultats ne seront jamais communiqués.

Les oppositions à COGEMA ont été nombreuses en Limousin comme en témoigne la dizaine d’associations [4] créées au cours des ans dans toute la région. Michèle Granier (CLADE) nous fait un bref résumé: « En Limousin, la Division Minière de la Crouzille exploite l’uranium depuis 1949. Au début des années 1970 la contestation naît dans la population et une plainte en justice est déposée lorsque les déchets et matériaux provenant du démantèlement de l’usine du Bouchet [5] en région parisienne sont déversés dans une mine à ciel ouvert, Le Brugeaud, où sont stockées les boues de concentration du minerai. (Il a été question de 40 – 50 curies de radium 226 provenant du Bouchet). Il y a eu une grande variété de luttes ponctuelles, par exemple contre les permis d’exploitation dans les secteurs miniers.

Dans les années 90 les opposants ont obtenu une pré-étude sur l’état radiologique des sites d’exploitation du Limousin, payée par les Conseils Général et Régional, effectuée par la CRIIRAD, association indépendante (Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité), et la société ALGADE choisie par la COGEMA. Les deux séries de mesures ont été concordantes mais pas l’interprétation des résultats ! Les conclusions de la DRIRE (Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement) ont été celles d’ALGADE qui dédouanent la COGEMA.

En bref:

L’exploitation minière n’a eu aucun impact sanitaire en

Limousin !

L’inertie des élus et de la population aidant, les recommandations formulées par la CRIIRAD ont été enterrées. Mais cela n’empêche pas les problèmes de refaire surface très périodiquement: réservoirs d’eau potable de la ville de Limoges contaminés par les eaux d’exhaure des anciennes mines d’uranium « abandonnées ou délaissées ». Lac touristique de Saint-Pardoux faisant de la « rétention » de radioactivité dans les sédiments ; maison à taux de radon record, vendue à des particuliers par COGEMA, que Kouchner – le ministre de la santé de l’époque – fait évacuer, le tout avec procès à la clé (annulation de la vente au motif que COGEMA étant « expert en la matière » a réalisé une vente en connaissance du vice caché) ; plainte déposée par Sources et Rivières du Limousin pour « empoisonnement des eaux du Limousin » aboutissant en 2002 à la mise en examen de COGEMA (à suivre). Plainte le 2 octobre 2002 contre l’Etat Français,  le Ministère de l’Environnement chargé des installations classées, déposée par l’ADEPAL [5] auprès de la Commission des Communautés Européennes au sujet de l’autorisation préfectorale accordée à COGEMA de stockage de 199 900 tonnes d’oxyde d’uranium appauvri à Bessines, dans des hangars de surface (c). (Avec la réponse récente de la CCE l’Etat a gagné). D’autres actions ont eu lieu au cours des ans, on ne peut les citer toutes (d).

Hors Limousin

Concernant la Division Minière du Forez, l’étude mandatée par le Collectif des Bois Noirs, la Mairie de Saint Priest la Prugne et les élus locaux sera rendue début 2003. (A noter que la fermeture du site date de 20 ans et que c’est l’état du site et les préoccupations de santé des populations qui obligent les élus à se pencher sur le problème (mesures de la contamination du site par la CRIIRAD et SUBATECH choisi par COGEMA).

Par ailleurs la Division Minière de Vendée a, elle aussi, demandé à la CRIIRAD de faire une étude qui a obligé l’industriel à reprendre certains sites. Quant à la Division de Lodève (Hérault) elle sert de vitrine de « réaménagement modèle » mais il faut noter que jusqu’à présent la contestation ne s’est pas fait entendre. Il se pourrait que s’engage le même processus que sur tous les sites visités par COGEMA ».

Le scandale d’Arlit

COGEMA soit-disant: « pionnière pour la protection des mineurs d’uranium » !
Pour illustrer les « bonnes oeuvres » de la COGEMA en Afrique, le site minier d’Arlit au Niger est exemplaire et nous donnons ci-après la traduction par Anne-Marie Chenet (Stop Nogent) d’un article de Roger Moody publié par Wise-Amsterdam le 22 avril 1982 [6] :

 « Scandale de l’uranium au Niger » 

« Des gamins de quinze et seize ans se font irradier dans les mines sous contrôle français au Niger. Il n’y a quasiment aucune protection contre l’inhalation de gaz radon. La main d’oeuvre, presque exclusivement des nomades Touaregs, reste totalement ignorante des effets de l’exploitation minière. La détection des radiations et les contrôles sanitaires sont inexistants. »

Ce ne sont là que quelques uns des faits rapportés par un réalisateur de télévision britannique qui, avec une équipe de caméramen de l’émission Panorama (UK) ont été les premiers étrangers à visiter Arlit dans la partie nord du Niger. [Le réalisateur] Christopher Olgiati est un jeune homme grand et mince, parlant avec aisance. Il n’exprime pas de griefs particuliers contre le gouvernement militaire du Président Kountché: de fait il le défend contre l’accusation qui s’est répandue selon laquelle le gouvernement aurait permis aux Lybiens de détourner le minerai d’uranium. (Olgiati pense que c’est peut-être une désinformation qu’a fait courir la CIA).

Pour ce que j’en sais Chris Olgiati peut très bien être un défenseur de l’énergie nucléaire. Mais ce qui l’a choqué lors de sa visite durant dix jours de cette région uranifère, une des plus importantes de la planète, ce sont les conditions de vie de la main d’oeuvre locale. Et le contraste avec celles des Français qui occupent les postes de direction.

« Arlit est absolument au milieu de nulle part » m’a-t-il dit dans une interview en exclusivité.  » C’est une oasis artificielle construite selon le modèle colonial. Elle a sa propre ville-dortoir avec supermarchés, courses de chevaux, produits de luxe importés de la métropole. Un incroyable choc culturel si l’on compare avec les travailleurs nomades ». Selon Olgiati c’est la main d’oeuvre nomade qui vient vers la compagnie plutôt que l’inverse. Souvent les nomades ne restent pas plus d’une semaine, prennent leur paie et s’en vont. Certains ne restent qu’une journée. « C’était la grande récrimination française » dit Olgiati, « les ouvriers ne font juste que passer ».

« Il va de soi que les Français n’informent pas les indigènes qu’ils travaillent dans les mines les plus dangereuses du monde, ils n’entendent jamais parler de mesures dosimétriques des rayonnements et un suivi sanitaire quel qu’il soit est impensable ».

« Un sympathique directeur d’Arlit nous a concédé que les nomades travaillaient dans l’ignorance absolue de ce qui pouvait leur arriver dans vingt ou trente ans ». Il y a de grandes mines souterraines à Arlit que l’équipe de la télévision a visitées: « une journée sous terre était plus qu’assez » a commenté Olgiati. « Le renouvellement d’air semblait correct mais le bruit du forage était insupportable. Je n’ai vu personne porter de masque. Les mineurs remontent des galeries en fin de journée recouverts de poussière radioactive de la tête aux pieds ». Arlit n’est pas la seule mine d’uranium du Niger mais elle a été la première et elle reste la deuxième en importance. La production commerciale a démarré en 1971 – la production a été de 1900 tonnes en 1980. La teneur moyenne en uranium est actuellement de 0,25% mais en 1978 elle atteignait les 3%. Si l’on se réfère au terrible taux de mortalité parmi les mineurs des mines de Kerr McGee dans les années 50-60 (et leurs conditions de travail étaient probablement meilleures qu’ici) cela signifie que les Français ont signé l’arrêt de mort de milliers de Nigériens dans les années à venir.

Seulement le tiers du consortium SOMAIR d’Arlit appartient au gouvernement nigérien. La COGEMA (filiale du CEA, Commissariat à l’Energie Atomique) en détient 27% tandis que la société IMETAL en détient aujourd’hui 19% à travers la compagnie française MOKTA. L’autre géant français de l’uranium MINATOME détient 8% des actions. Des parts moindres sont détenues par Urangesellschaft (6,5%) ouest-allemande et la société italienne AGIP (6,5%) (e). Mais la direction est solidement tenue par les Français. « J’ai eu l’impression d’être en première ligne » dit Olgiati. « Arlit est très important pour les Français. Ils ont une station émettrice très puissante qui communique directement avec la France et ils ont littéralement haï qu’il y ait une équipe de télévision ici ». L’uranium du Niger est non seulement indispensable au programme électronucléaire massif de la France mais aussi à sa production d’armement (…). L’uranium est transporté vers le monde extérieur par camions vers le Bénin et aussi vers la Libye par Agadez à 250 km au sud-est d’Arlit où l’avion prend la relève. Chaque convoi est gardé sévèrement mais des accidents et des déversements de « yellowcake » sont chose courante. « Il y a toutes sortes d’histoires qui circulent au sujet de déversements d’uranium hors des camions et qui contaminent les réserves d’eau » dit Olgiati.

Cependant, le plus grand danger est la mine elle-même. Ici, des gens parmi les plus pauvres de la planète travaillent dans un environnement parmi les plus mortels qui soient pour fournir l’énergie aux norias de trains mus à l’électricité des nations les plus riches et alimenter leurs bombes en combustible. Ils sont maintenus dans l’ignorance totale des conséquences de leur travail et lorsqu’ils mourront leur corps ne sera même pas soumis à la formalité d’un examen post-mortem [autopsie]. Il serait difficile de trouver un exemple plus frappant de néo-colonialisme rampant.

Remarque : Ce scandale des conditions de travail des mineurs d’uranium africains n’a jamais fait partie des préoccupations syndicales en France. Ni d’ailleurs des ONG comme Médecins du Monde que nous avons essayé de sensibiliser à ce problème, mais sans succès [7].

Ceci n’est pas étonnant puisque même en France les syndicats des mineurs d’uranium ne se sont guère intéressés à l’excès de mortalité par cancers chez les mineurs d’uranium en particulier par cancers du poumon. Bien plus, ils ont contribué à masquer le problème comme en témoigne le fait que la réunion sur le thème des déchets miniers et de la surmortalité par cancer chez les mineurs d’uranium [8] n’a pu se tenir à Bessines le 16 décembre 1993 que sous la protection des gendarmes pour empêcher l’intervention violente des dirigeants syndicaux (CGT) qui voulaient casser le matériel de projection de Thierry LAMIREAU.

Bella BELBEOCH,
Lettre d’information du Comité Stop Nogent-sur-Seine n°95.

Références:

[1] COGEMA: Compagnie Générale des Matières Nucléaires, dont la présidente est Anne Lauvergeon (ancienne sherpa de François Mitterrand). Dans le cadre de la réorganisation de la filière nucléaire, création le 3 septembre 2001 par CEA-Industrie, Framatome et COGEMA, du groupe AREVA dont le directoire est présidé par Anne Lauvergeon. Dans AREVA: un pôle nucléaire avec COGEMA et Framatome ANP – Framatome Advanced Nuclear Power Inc.- (66% Framatome et 34% Siemens) et un pôle « technologie de l’information et de la communication » avec FCI (Framatome connections international) et ST Microelectronics. [Framatome ANP est très présent aux USA, entre autres pour assurer la maintenance des réacteurs]

[2] La Montagne, 7 sept. 2002 « La Cogéma mise en examen »

[3] Thierry Lamireau, 6, bis route de la FULY, 74150 RUMILLY. Uranium en Limousin, film/vidéo de 36 mn, 1ère version 1993, Copyright Thierry Lamireau 1995. Plusieurs fois primé: mai 1994 2ème prix au Festival Audiovisuel des Cultures Minorisées d’Europe. Septembre 1994 « Meilleure oeuvre vidéo » 5èmes rencontres de l’Image-Nature et Environnement, Martigues. Novembre 1994 1er prix catégorie « amateur », Rencontres Documentaires Traces de Vie Vic Le Comte/Clermont-Ferrand. Mars 1995, Prix du Ministère de l’Environnement au Festival Eurorégional du Film d’Environnement de Roubaix. Projeté dans plusieurs festivals dont le Festival du Film Scientifique de Palaiseau (Novembre 1995) et le Festival « Territoires en Images » (Institut de Géographie, Paris, Mars 2002), etc.

[4] Amis de la Terre Limousin et Marche, APMA Association de la Protection des Monts d’Ambazac, ALV les Amis du Limousin Vert, APPSP Association pour la Protection du Pays de Saint-Pardoux, AICIN Association Intercommunale d’Information sur le Nucléaire, ADEMAU Association de Défense des Monts d’Auriat, CRIIRAD Marche-Limousin, CLAN Collectif Limousin pour une Alternative au Nucléaire, CLADE Coordination Limousine Anti-Déchets Radioactifs, ADEPAL Association de Défense du Pays Arédien en Limousin. Il en manque peut-être !

[5] En région parisienne, à l’usine du Bouchet (CEA) les murs de certains laboratoires étaient devenus jaunes-orangés, comme les poudres d’uranates traités… N’étant pas d’une santé florissante les travailleurs du Bouchet ont eu du mal à se recaser pour raisons médicales dans les centres CEA après la fermeture de l’usine en 1971 et certains devaient être licenciés ce qui est apparu comme le début d’une campagne plus générale de licenciements prévus par l’administration du CEA qui a entraîné une riposte du personnel (« Non à la politique du citron pressé, non aux licenciements »), les syndicats ont appelé à la grève le 5 mai 1971, largement suivie à Saclay.

Il n’y a pas eu d’étude épidémiologique sérieuse des travailleurs du Bouchet. Obtenir la reconnaissance en maladie professionnelle de ceux morts par cancer est un véritable parcours du combattant. En 1990 la décontamination du site n’était toujours pas terminée et suscita de multiples protestations d’habitants du voisinage (Ballancourt, Itteville, Vert-le-Petit) en particulier des Amis de la Terre. Le Parisien des 28-29 avril 1990 titrait « Essonne : 20 000 tonnes de déchets nucléaires dorment près de Paris ».

[6] WISE-Amsterdam, Number 134.967, 22.4.82 (WISE, World Information Service on Energy). Nous remercions Wise-Amsterdam pour nous avoir retrouvé ce document de 1982. (En 1982 Roger Moody habitait Londres. Militant très actif il a, entre autres, fondé un groupe de recherche et d’action en faveur des minorités indigènes coloniales, il collaborait à Wise-Amsterdam, et devait se rendre en Australie visiter une mine appartenant à COGEMA).Wise publie désormais un bulletin Nuclear Monitor conjointement avec Nuclear Information and Resource Service (NIRS, Washington- USA). Contact: WISE Amsterdam, PO Box 59636, 1040 LC Amsterdam,http://www.antenna.nl/wise

[7] Lors de cette rencontre le 12 mai 1987 avec plusieurs membres de Médecins du Monde (le président était à l’époque Bernard Kouchner) nous avons expliqué les problèmes liés aux mines d’uranium, l’importance des mesures de radioprotection (évidemment ces mesures ont un coût qui se répercute sur le prix de l’uranium), signalé ce témoignage paru dans le bulletin de WISE sur l’emploi d’adolescents Touareg. Nous leur avons suggéré de faire une enquête sur les conditions de travail à Arlit. Cela ne devait pas poser de problèmes car des médecins de MdM sont présents en Afrique. Aucun écho, si ce n’est qu’au cours de la discussion il est apparu qu’une des femmes présentes était descendue dans une mine souterraine d’Arlit (il y a aussi à Arlit des mines à ciel ouvert). Elle ne s’était pas inquiétée des conditions de travail mais a pali quand on a expliqué l’importance du radon et des poussières d’uranium sur l’incidence des cancers du poumon.

[8] Roger Belbéoch, « Les risques de cancer chez les mineurs d’uranium français«  La Gazette Nucléaire 129/130, décembre 1993, p.10-15. Colloque Uranium et Santé, Limoges novembre 1993.

Notes:

a) Dossier:  »l’uranium », par Pierre-Christian GUIOLLARD http://www.minerapole.com/f_/fi_01_1.html. Jouac, la toute dernière mine d’uranium française non loin de Limoges, a fermé le 31 mai 2001. D’après la publication CEA Informations utiles, Edition 2001, la répartition de la production d’uranium en 1999 par les compagnies du groupe COGEMA (5528 tonnes) était la suivante: Afrique 58% ; Canada 32% ; Jouac 8% ; divers (USA) 2%.

b) Le « yellowcake » est un concentré issu du traitement chimique du minerai. C’est un diuranate de couleur jaune. A Bessines ces traitements étaient effectués à l’usine SIMO (Société Industrielle des Minerais de l’Ouest). C’est sous forme de « yellowcake » que l’uranium est ensuite envoyé aux différentes usines de conversion.

c) La présence d’un tel tonnage d’oxyde d’uranium appauvri sous forme de poudre n’a guère mobilisé les antinucléaires hors Limousin. Et pourtant si un avion s’écrasait sur les hangars ou si un incendie se déclarait (acte malveillant, amorçage de réaction chimique transformant UO2 résiduel en U3O8 etc.) ce serait pire que la dispersion des oxydes formés par l’impact des obus utilisés dans la guerre du Golfe et au Kosovo car, dans les hangars, c’est déjà de l’oxyde d’uranium sous forme de poudre qui se disperserait.

d) Action collective symbolique réussie à Auriat: deux forages destinés à l’étude de l’enfouissement en couche géologique profonde de déchets radioactifs sont définitivement bouchés. Il ne s’agissait pas de la COGEMA mais de forages de l’Institut de Protection et de la Sûreté Nucléaire (IPSN).

e) D’après Wise-Amsterdam (mise à jour 2 août 2002) deux groupes SOMAIR et COMINAK se partagent l’exploitation de l’uranium au Niger dans les sites respectifs d’Arlit et Akouta et COGEMA est majoritaire: SOMAIR: 56,86% COGEMA, 6,54% Urangeselschaft Allemagne, 36,6% ONAREM Niger. COMINAK: 34% COGEMA, 31% ONAREM Niger, 25% OURD Japon, 10% ENUSA Espagne http://www.antenna.nl/wise/uranium/uoafr.html

A lire :

- Communiqué de la CRIIRAD, 16/02/2005: Areva – Niger – Uranium

- (format word): Malgré l’opposition des filiales de la COGEMA, la CRIIRAD et SHERPA ont mis le pied au Niger et commencé les investigations autour des sites miniers (déc. 2003).

Le Limousin radioactif

Radon, un gaz mortel qui vient du sol

La mine de IMOURAREN au NIGER…

Les manœuvres qui battent leur plein à Paris pour placer des fidèles aux postes clés de la filière électrique, renvoient au rôle stratégique que représente le groupe nucléaire français AREVA. Après avoir débarqué Anne Lauvergeon en 2011, l’Elysée compte garder la main sur le groupe nucléaire qui exploite au Niger l’un des plus grands gisements d’uranium en Afrique. AREVA mène avec EDF des discussions difficiles pour des opérations de fourniture de combustible et de prise de participation dans des actifs miniers. Le groupe AREVA assure que les négociations portent essentiellement sur la future mine d’Imouraren au Niger.

Il s’agit de la plus grande mine d’uranium à ciel ouvert d’Afrique, et la deuxième au monde. Le complexe de la future mine démarrera, vraisemblablement, en 2015 pour un investissement d’au moins 1,2 milliard d’euros. A terme, le groupe français compte sur une production annuelle de 5000 tonnes. Pourtant, l’Etat français actionnaire à plus de 80% d’AREVA, a des soucis à se faire, surtout avec l’entrée envahissante de la Chine en Afrique. Pour répondre à ses énormes besoins en énergie, Pékin a établi un ambitieux programme nucléaire qui prévoit la construction de plus d’une vingtaine de réacteurs nucléaires. Un programme qui s’étalera sur plusieurs années et qui risque de rendre la compétition plus ardue entre la France, présente de longue date en Afrique, et le nouvel arrivant. Ce qui amène les observateurs à considérer que la situation de déstabilisation qui prévaut actuellement dans le Sahel ne va pas totalement contre les intérêts français. Il est vrai que sept salariés d’AREVA travaillant sur le site d’exploitation d’Arlit, au Niger, ont été enlevés en septembre 2010 par un groupe terroriste se réclamant d’Aqmi. Trois d’entre eux ont été relâchés depuis, alors que les jihadistes exigent des dizaines de millions d’euros pour la libération des quatre autres captifs. Pour sa part, Paris assure régulièrement qu’il poursuit ses efforts pour la libération des otages. Des efforts qui n’excluent certainement pas un renforcement de la présence militaire française dans la région, avec la caution des gouvernements locaux.

- Communiqué de presse CRIIRAD et ONG

AGHIRIN’MAN du 28/08/12 (IMOURAREM)

pdf_icon LUC OURSEL Lire le communiqué en Pdf

La CRIIRAD et l’ONG AGHIR IN MAN demandent la révision de l’étude d’impact concernant le projet d’exploitation de la mine d’IMOURAREN par AREVA au Niger

La plus grande mine d’uranium d’Afrique

Le gouvernement du Niger et AREVA ont signé le 5 janvier 2009 à Niamey la convention minière attribuant à AREVA le permis d’exploitation du gisement d’uranium d’Imouraren, situé au nord d’Agadez .
Selon AREVA, il s’agit du « plus grand projet industriel jamais envisagé au Niger. Imouraren est la mine d’uranium la plus importante de toute l’Afrique et la deuxième du monde » « Le démarrage de sa production …/… permettra au Niger de doubler sa production actuelle et de se placer au deuxième rang mondial des pays producteurs d’uranium ».
Selon l’étude d’impact initiale, le gisement s’étend sur 8 km de long et 2,5 km de large et le site industriel couvrira une surface de 200 km2.
Compte tenu des réserves estimées à 179 000 tonnes d’uranium, la production à terme est estimée à 5 000 tonnes d’uranium par an pendant plus de 35 ans. Le gisement principal étant situé à une profondeur moyenne de 130 mètres, son exploitation par mine à ciel ouvert nécessitera la manipulation de près de 3,8 milliards de tonnes de roches dont 85 millions de tonnes de stériles radioactifs et 245 millions de tonnes de minerai exploitable.

Les conditions d’extraction de l’uranium qui seront mises en place ne sont pas celles décrites dans l’étude d’impact initiale

Dans son étude d’impact sur l’environnement, AREVA avait indiqué que l’uranium serait extrait des minerais selon deux techniques : 58 % par lixiviation dynamique et 42 % par lixiviation en tas produisant ainsi au total 245 millions de tonnes de résidus radioactifs.
Lors de la réunion du Comité Local d’Information qui s’est tenue à Arlit en décembre 2011, AREVA a annoncé que finalement l’ensemble des minerais seraient traités par lixiviation en tas. Ceci constitue une modification fondamentale du projet qui nécessite une révision de l’étude d’impact.
Quel que soit le procédé utilisé, l’extraction de l’uranium conduira à la production de centaines de millions de tonnes de résidus radioactifs dont AREVA n’est pas actuellement en mesure de définir comment en sera garanti le confinement pendant des centaines de milliers d’années.
Dans le cas des mines exploitées par les filiales d’AREVA depuis plus de 40 ans dans la région d’ARLIT, environ 45 millions de tonnes de ces résidus sont toujours actuellement à l’air libre. Les poussières radioactives et le radon peuvent se disperser au gré des vents.

Des puits sont asséchés dans l’environnement du site

d’Imouraren

Selon l’étude d’impact initiale d’AREVA, l’extraction de l’uranium à Imouraren entraînera une forte consommation d’eau de la nappe fossile (12 à 13 millions de mètres cubes par an) et conduira à « un assèchement local des nappes du Tchirezine 2 et du Teloua dans l’environnement proche en fin d’exploitation ». Pour « atténuer et compenser » cet impact, AREVA indiquait dans l’étude d’impact que de nouvelles études hydrogéologiques allaient être réalisées. Cela signifie que le projet a été lancé sans qu’AREVA ait une connaissance satisfaisante des réserves en eau et de l’impact effectif de ses activités au plan hydrogéologique.
Fin 2011, AREVA a annoncé le lancement prochain des opérations de « dénoyage » du site. C’est-à-dire que les eaux souterraines sont pompées et déversées dans un gigantesque bassin à ciel ouvert. La mise en place de la mine ne peut en effet se faire que si le gisement est à sec.
Dans le cadre d’une visite de terrain réalisée il y a quelques mois, l’ONG AGHIRIN’ MAN a constaté que de nombreux puits traditionnels utilisés par la population locale de la région étaient asséchés. C’est en particulier le cas du puits de Tizirfitik situé à une trentaine de kilomètres au sud du gisement et utilisé par les populations des villages de Fichet et Tizirfitik. L’usage de ce puits est vital car il est habituellement utilisé durant la saison sèche lorsque les autres captages sont asséchés. L’existence de ce puits est mentionnée dans l’étude d’impact d’AREVA mais aucun résultat de suivi de la qualité des eaux de ce puits et du niveau d’eau n’est indiqué dans le dossier.
Selon les témoignages recueillis sur place par l’ONG AGHIRIN’ MAN auprès des populations concernées, l’assèchement de ce puits est un phénomène nouveau. Interpellé il y a quelques semaines par AGHIRIN’ MAN dans le cadre d’une réunion présidée par le préfet à Arlit, le directeur général d’AREVA uranium Niger a indiqué qu’il n’était pas au courant. En attendant, la population est contrainte d’utiliser les eaux de surface déposées par les pluies mais dès la saison sèche, à partir du mois d’octobre, la situation sera réellement critique pour ces populations qui vivent en zone désertique.

La création d’une zone d’exclusion de 450 km2 n’était pas indiquée dans l’étude d’impact.

AREVA a annoncé son intention de créer un périmètre « sanitaire » de 450 km2 autour du complexe industriel d’Imouraren. Cette zone sera interdite d’accès tant aux populations qu’aux animaux. Les populations seront ainsi privées de 450 km2 d’espaces pastoraux. Cette contrainte n’était pas explicitée dans l’étude d’impact initiale.

Les demandes de la CRIIRAD et de l’ONG AGHIRIN’MAN

Pour toutes ces raisons, et à l’issue de réunions de travail à Valence (France) du 21 au 28 août 2012, la CRIIRAD et l’ONG AGHIRIN’MAN demandent qu’AREVA réalise une nouvelle étude d’impact environnemental et apporte des réponses précises aux questions concernant l’impact hydrogéologique et l’entreposage à long terme des déchets radioactifs, ainsi que les moyens de compensation pour les populations touchées. Cette nouvelle étude d’impact devrait pouvoir être expertisée par des scientifiques indépendants et être discutée lors de nouvelles audiences publiques à réaliser avant la mise en production de la mine d’IMOURAREN.

Rédacteurs : Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire, responsable du laboratoire de la CRIIRAD et Ghamar Illatoufegh, secrétaire général d’AGHIRIN’ MAN

Pour plus de renseignements :

CRIIRAD : par mail : bruno.chareyron@criirad.org ou par téléphone : 04 75 41.82.50
AGHIRIN’MAN : par mail aghirin_man@yahoo.fr ou par téléphone 00 227 96 87 24 98
Site CRIIRAD : www.criirad.org
Site AGHIRIN’MAN : http://aghirinman.blogspot.fr

CRIIRAD Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité 

Copyright © 2012

Areva assure qu'aucun salarié au Niger n'est exposé à un niveau dangereux de radiations.
AREVA assure qu’aucun salarié au Niger n’est exposé à aucun niveau dangereux de radiations. – © ALBERTO OG via FlickR / Licence Creative Commons

Nouveau terrain miné !

AREVA, leader mondial de l’énergie nucléaire, va exploiter à partir de 2014 une troisième mine d’uranium au Niger, sur le site d’Imouraren. Un gisement géant dont seront extraites chaque année 5000 tonnes de cet élément radioactif naturel.

Le gisement d’Imouraren est stratégique. D’abord pour AREVA, présent depuis 40 ans au Niger. Le groupe exploite déjà deux sites dans ce pays, qui lui assurent 3000 tonnes d’uranium par an. De quoi alimenter un tiers des centrales hexagonales. Mais aussi pour le Niger, puisque la nouvelle mine placerait le pays au deuxième rang mondial des pays producteurs d’uranium.

Mais les ONG craignent des conséquences néfastes pour les populations locales et l’environnement. La Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD) et l’Association Nigérienne Aghir In Man redoutent « l’assèchement et la contamination des ressources en eau et la disparition des espaces pastoraux sur des centaines de kilomètres carrés ». L’agropastoralisme représente 10% du PIB, contre la moitié pour l’exploitation de l’uranium.

Des résidus radioactifs à l’air libre

AREVA, contactée par BazikPress, réfute ces allégations et vante plutôt les bénéfices pour la population: construction de puits et investissements en faveur de l’éducation.

L’entreprise certifie également que ses activités respectent les normes internationales et que ses salariés sont soumis à de faibles niveaux d’exposition à la radioactivité. Depuis décembre 2011, des observatoires de santé ont été mis en place pour assurer le suivi sanitaire des employés et des riverains. Sur les 135 personnes examinées, « aucune maladie professionnelle due aux rayonnements ionisants n’a été détectée ».

Pour autant, la justice française a condamné AREVA en mai 2012 à la suite du décès d’un ancien employé de la mine d’Akokan au Niger, mort en 2009 d’un cancer du poumon lié aux poussières d’uranium. L’entreprise a fait appel.

Depuis des années, des associations comme Sherpa, Greenpeace et Médecins du monde pointent également les risques liés au stockage à l’air libre des résidus extraits des mines. La dispersion par le vent de poussières radioactives serait à l’origine d’une contamination des sols et eaux.

« Le niveau de radiation devant l’hôpital de la Cominak atteignait des valeurs jusqu’à 100 fois supérieures à la normale [en 2007]« , mentionne un rapport de la CRIIRAD. Et selon Raphaël Granvaud, de l’association Survie, interviewé par Terra Eco, le nombre de personnes atteintes d’affections pulmonaires dans la zone des mines est « deux fois supérieur au reste du pays ».

Damien DUBUC (Bazikpress)

Niger :

AREVA exploitera une nouvelle mine

d’uranium en 2014

AREVA va bientôt débuter l’exploitation d’une nouvelle mine d’uranium au Niger. Une activité sans risque pour les hommes ni pour l’environnement, assure l’entreprise. Ce que contestent vivement les ONG, qui s’inquiètent.

Niger : Areva exploitera une nouvelle mine d'uranium en 2014

®Novethic

Le nucléaire français a encore de l’avenir. AREVA, leader mondial de l’énergie nucléaire, doit en effet débuter fin 2014 l’exploitation d’une troisième mine d’uranium au Niger, sur le site d’Imouraren, dans le nord du pays.
Le gisement, de 8 km de long sur 2,5 km de large, contient une grande quantité de cet élément radioactif naturel. AREVA va en extraire 5 000 tonnes par an sur au moins 35 ans, pour alimenter les centrales françaises notamment. Mais le gisement étant situé entre 110 et 170 mètres de profondeur, il va falloir extraire 3,8 milliards de tonnes de roches (!) pour atteindre le précieux élément. Le paysage désertique va vite voir pousser sur 200 km 2 – l’étendue du site industriel – des collines de roches…

Une mine qui donne soif aux bêtes

Une fois le précieux élément extrait, il va encore falloir utiliser beaucoup d’eau et de produits chimiques afin de le séparer de la roche. On ne devrait en effet trouver en moyenne que 800 grammes d’uranium par tonne de roche extraite.
Dans ces conditions, la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD), et l’Association Nigérienne, Aghir In Man, s’inquiètent. Lors d’un point presse tenu à Valence mercredi, elles ont dénoncé « l’assèchement et la contamination des ressources en eau » et « la disparition des espaces pastoraux sur des centaines de kilomètres carrés » qui vont découler de l’exploitation de la mine.
Le secrétaire général de l’ONG nigérienne, Ghamar Ilatoufegh, s’est rendu il y a deux mois sur le site de la mine, où les travaux ont commencé depuis 2009. « La mine a commencé à être creusée », a-t-il expliqué lors du point presse, repris par l’AFP. Il craint une disparition des espaces pastoraux « sur des centaines de kilomètres carrés ». Et ce d’autant plus qu’un « périmètre sanitaire couvrira quelque 450 km », inaccessible aux populations nomades et leurs animaux, et « sans compensation ». « Ces populations sont en train d’être expropriées de leur surface de vie par AREVA », s’est-il plaint.
« La surface de la mine occupe moins de 0,03% de la surface de la région du Nord du Niger. Les nomades ne sont pas privés de leurs lieux de passage », réplique Marie-Laure Lefébure, directrice adjointe de la communication d’AREVA Mines. Elle ajoute que l’entreprise va construire des puits à pompe solaire pour permettre de poursuivre les activités agropastorales.
Mais l’eau, dans la région, est une ressource rare. Le fait qu’AREVA pompe le liquide « dans une nappe fossile, qui se renouvelle à un rythme millénaire, va provoquer son assèchement rapide et être catastrophique pour l’agropastoralisme, qui pèse dans le PIB nigérien deux fois plus que l’exploitation de l’uranium », avance de son côté Raphaël Granvaud, membre de l’ONG Survie qui a publié en février 2012 « AREVA en Afrique. Une face cachée du nucléaire français » (éditions Agone).

Des collines de résidus radioactifs à l’air libre…

Autre inquiétude : les collines de roches qui vont progressivement s’élever en raison de l’extraction des milliards de tonnes de roches, qu’elles soient dites « stériles », car de faible teneur en uranium, ou traitées pour en extraire l’élément radioactif, vont être source de pollution de l’air et des sols. C’est du moins ce qu’estime la CRIIRAD, en se basant sur des études réalisées en 2010 avec Greenpeace International sur les sites des mines de Somaïr et Cominak, également exploitées par AREVA dans la région d’Arlit, à 80 km d’Imouraren.
En réponse à ce rapport jugé « à charge et caricatural sur les activités d’AREVA au Niger », l’entreprise a publié en février 2011 le document « AREVA et le Niger, un partenariat durable » « réfutant point par point les accusations », explique Marie-Laure Lefébure.
Elle nous confirme par ailleurs que, comme pour ces deux autres sites, les roches stériles d’Imouraren seront stockées à l’air libre. Idem pour les millions de tonnes de « résidus issus du traitement du minerai ». Encore radioactifs, ils seront entassés de manière compacte sous forme de verses (sortes de petites montagnes étendues, ndlr), comme c’est le cas à Cominak et Somaïr.

… mais 100% sûrs, selon l’entreprise

Mais la responsable d’AREVA se veut rassurante : « La verse de Cominak repose sur des argiles et celle de Somair sur un revêtement étanche. Elles sont ceinturées de digues. Une couche épaisse et très indurée se forme en surface de ces résidus lors de leur séchage, évitant l’envol de poussières. »

Donc circulez, il n’y a rien à voir!

Les alertes à la pollution des sols et de l’eau et à la contamination des travailleurs des mines comme de la population lancées depuis des années par différentes ONG (Sherpa, Médecins du Monde et bien sûr la CRIIRAD) ne seraient donc, d’après AREVA, pas justifiées. « AREVA est une entreprise responsable, dont les sites d’extraction d’uranium répondent à la norme ISO 14001 et sont soumis à de fréquents contrôles. Nous avons mis en place en 2000 un réseau de surveillance de l’air, de l’eau, des sols et de la chaîne alimentaire. Tous nos résultats montrent que notre politique environnementale est conforme aux normes internationales. » Et Marie-Laure Lefébure de préciser, encore, que l’Observatoire de la Santé mis en place au premier semestre 2012, en partenariat avec l’association Sherpa, a procédé à l’examen médical de 710 anciens travailleurs miniers.
« Aucune maladie professionnelle due aux rayonnements ionisants n’a été détectée. »

Des roches dites « stériles » qui polluent quand même les

villes

Pourtant, la CRIIRAD a relevé la présence de matériaux radioactifs dans les rues et certains lieux publics, jusque devant un hôpital. En 2007, elle a informé le Centre National de Radioprotection de Niamey ainsi qu’Anne Lauvergeon, alors présidente d’AREVA, de la découverte de niveaux de radiation anormalement élevés dans les rues d’Akokan, à quelques kilomètres de la mine d’uranium Cominak. « Le niveau de radiation au contact du sol devant l’hôpital de la Cominak atteignait des valeurs jusqu’à 100 fois supérieures à la normale. Il s’agissait probablement de stériles miniers issus de la mine Cominak et réutilisés pour la constitution de la piste. Compte tenu du niveau de radiation mesuré ces matériaux devraient être qualifiés de « déchets radioactifs ». Ils engendrent un niveau de risque cancérigène par exposition externe », peut-on lire dans un rapport. Et Raphaël Granvaud, de Survie, d’ajouter que le nombre de personnes atteintes d’affections pulmonaires est, dans la zone des mines d’uranium,   »deux fois supérieur au reste du pays ».

Face à cette guerre des chiffres et des arguments, l’Etat nigérien, lui, se range du côté d’AREVA. L’entreprise française est en effet le premier employeur privé du pays, et son principal partenaire industriel depuis 40 ans. De plus, grâce à Imouraren, qui sera la plus importante mine d’uranium à ciel ouvert d’Afrique de l’Ouest et la deuxième au monde, le Niger se placera au deuxième rang mondial des pays producteurs d’uranium, en doublant sa production actuelle.

De quoi fermer les yeux…

> Aller plus loin avec Novethic.fr

L’héritage radioactif des mines d’uranium

COMMUNIQUÉ CRIIRAD
15 octobre 2012
Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité
471 av. V. Hugo – 26000 Valence
L’HERITAGE RADIOACTIF DES MINES
D’URANIUM
CREATION DU COLLECTIF « MINES
D’URANIUM »
Venant de différentes régions de France et du Niger, des associations ont décidé d’unir leur force pour combattre les conséquences sanitaires et environnementales de l’exploitation de l’uranium.
Lire la déclaration commune avec la liste des signataires Les 23 et 24 août 2012, les représentants de 12 associations se sont réunis à Lavoine près de Saint-Priest-La-Prugne (Loire), à proximité du site des Bois Noirs Limouzat où le CEA, puis la COGEMA, ont extrait et traité du minerai d’uranium. Ce travail a abouti à la rédaction d’une déclaration commune qui a été examinée courant septembre par chaque association et que toutes ont décidé de signer. A ce jour, 13 départements français sont concernés (Allier, Cantal, Corrèze, Creuse, Deux-Sèvres, Finistère, Haute-Vienne, Loire, Loire Atlantique, Maine et Loire, Morbihan, Puy-de-Dôme, et Vendée) mais ce premier réseau est appelé à s’étendre.
L’objectif du COLLECTIF MINES D’URANIUM est de travailler en synergie sur les problèmes qui sont communs à l’ensemble des sites miniers, réutilisation de stériles uranifères comme remblais, pollution du milieu aquatique, contrôles inadaptés et bilans environnementaux biaisés, défaut de réglementation et de sanction des dysfonctionnements, décisions basées sur les rapports de force, etc. Il s’agit de faire front face aux moyens puissants dont dispose AREVA.
Cette action est urgente car ce qui s’organise dans l’ombre, c’est l’abandon des sites par l’exploitant et le transfert des responsabilités et des problèmes à la collectivité. Afin que les habitants n’aient pas à payer l’addition ou à subir la contamination, il est essentiel de faire appliquer le principe du « pollueur payeur », d’obtenir la décontamination des zones et habitations affectées et le maintien de la responsabilité des producteurs de déchets aussi longtemps qu’aucune solution de confinement pérenne n’a été apportée.
Tirer les leçons des erreurs commises en France pour en faire profiter les populations confrontées au développement des mines d’uranium. En France, les mines d’uranium constituent un héritage radioactif mais, dans un certain nombre de pays, l’exploitation est en cours, voire en plein développement.
C’est en particulier le cas au NIGER d’où vient une part importante de l’uranium qui alimente les centrales nucléaires françaises.
Les journées d’action et de formation d’août dernier ont accueilli des représentants de l’ONG AGHIR IN MAN, et notamment son président, monsieur Almoustapha ALHACEN. Cette ONG œuvre dans ce pays pour la protection de l’environnement et de la santé de la population. Elle travaille en particulier sur l’impact des mines d’uranium exploitées par les filiales d’AREVA dans la région d’Arlit, à 250 km au nord-ouest d’Agadez, et se trouve désormais confrontée au colossal projet d’Imouraren.
Depuis le lancement, en 2002, de son partenariat avec AGHIR IN MAN, la CRIIRAD a engagé des actions de formation et de contrôles environnementaux dans un certain nombre d’autres pays, notamment en Namibie, au Mali, au Malawi, au Brésil, en Finlande et en Bulgarie. On peut espérer qu’à terme, le réseau de solidarité s’étende et gagne en efficacité.
L’objectif est de transmettre aux citoyens et associations de ces pays, les enseignements tirés de ce qui s’est passé en France afin d’éviter les mêmes erreurs, voire des opérations encore pires, si l’on se base sur ce qui se passe au Niger.
Il s’agit également de les aider à décrypter, preuves à l’appui, les discours mensongers sur l’innocuité de l’uranium et la propreté de l’exploitation.
Premières actions communes
Au vu des différents agendas, deux actions ont été jugées prioritaires par les membres du collectif mines d’uranium :
1/ obtenir la publication des résultats des campagnes de mesures héliportées destinées à repérer les zones de réutilisation des stériles miniers radioactifs (des zones qui sont anormalement irradiantes) ;
2/ obtenir la définition de critères de décontamination suffisamment protecteurs et applicables partout car ce qui prévaut aujourd’hui, c’est le rapport de force et il est rarement favorable aux habitants.
QUELQUES RAPPELS
Entre 1948 et 2001, près de 200 mines d’uranium ont été exploitées sur le territoire français, générant de l’ordre de 200 millions de tonnes de déchets appelés « stériles », un terme trompeur car ces roches présentent des niveaux de radioactivité qui n’ont rien de négligeable (composées de roches excavées pour accéder au minerai et de minerais dont le teneur en uranium est inférieure aux teneurs exploitables).
Aux installations d’extraction du minerai, se sont ajoutées les installations de traitement mécanique et chimique pour extraction de l’élément uranium qui ont produit plus de 50 millions de tonnes de résidus radioactifs.
Les stériles sont des déchets radioactifs dont l’activité massique est typiquement de l’ordre de plusieurs dizaines de milliers de Bq/kg ; les résidus issus du traitement mécanique et chimique des minerais ont des activités de plusieurs centaines de milliers de Bq/kg. Dans les deux cas, il s’agit de déchets radioactifs de très longues durées de vie : périodes radioactives de 75 000 ans pour le thorium 230, de plusieurs milliards d’années pour l’uranium 238.
Du fait de leur radiotoxicité, de leur activité et de leur durée de vie, ces déchets relèvent des catégories TFA-VL et FA-VL qui imposent toute une série de prescriptions pour prévenir les transferts vers la biosphère et les populations.
Or, aucune des règles applicables n’est respectée.
Les actions conduites au niveau local se heurtent à la puissance d’AREVA et à ses relations privilégiées avec l’État.
De plus, les actions en justice sont d’autant plus difficiles que la réglementation a été mise en place afin de favoriser l’exploitation à moindre coût des gisements uranifères. C’est une chose de constater des pollutions et des opérations inacceptables, s’en est une autre de pouvoir saisir la justice. Ce qui est illégitime et choquant n’est pas forcément illégal.
Pour plus de renseignements :
CRIIRAD / par mail : bruno.chareyron@criirad.org ou par téléphone : 04 75 41 82 50
Impact des mines d’uranium sur le territoire français
http://www.criirad.org/actualites/uraniumfrance/somuraniumfrance1.html
Impact des mines d’uranium au Niger
http://www.criirad.org/actualites/dossiers2005/niger/somniger.html
Participants et intervenants au stage « Mines d’Uranium » du 23-24 août 2012
 Niger : L’uranium du Niger, ou est le problème ?

Le Niger est le troisième producteur mondial d’uranium (8 % loin derrière le Canada et l’Australie) et pourtant c’est un des pays les plus pauvres du monde ou 70 % de la population a moins de 20 ans. L’uranium représente aujourd’hui environ 35 % des exportations du Niger(80 % en 1970). 5% du PNB sans compter toutes les activités induites : sous traitants, commerce, artisanat, tacherons… C’est à la fin des années soixante que la Somaïr (Société des Mines de l’Aïr) commence l’exploitation d’un gisement de minerai d’uranium, puis la Cominak en 1974 à Akokan. Les cours de l’uranium sont au plus haut (60 000 F/CFA le kg en 84/85) pour une production d’environs 2000t. 250 expatriés vivaient dans la cité construite par la société, on l’appelait, le « petit Paris » magasins directement approvisionnés de France, hôpital le plus perfectionné du pays, restaurants piscine, Arlit a des allures de ville de western. Une ville « induite » se crée en marge de la cité : les bâtiments administratifs, la poste, des banques, station service, gare routière, un marché puis à la périphérie, le village carton celui des tâcherons, des parents d’ouvriers qui espèrent gagner quelques sous. En quelques années là où il n’y avait qu’un désert habité par des chameaux transhumants se constitue une agglomération de 60 000 habitants venant de tous le pays chercher fortune. À L’euphorie des années 70 a succédé un ralentissement de moitié de la production (1000 t) correspondant à un effondrement des cours (20 000 FCFA le kg) et a de sérieuses compressions de personnel (de 2000 à 600 employés) Aujourd’hui, la situation est stabilisée il n’y a plus que quelques expatriés, les cadres étant Nigérien et les cours de l’uranium remontent légèrement. L’exploitation par la Somaïr se fait à ciel ouvert tandis que la Cominak exploite la plus grande mine souterraine au monde de ce type à 250 mètres de profondeur. Les risques de contamination sont : les rayons Gamma, le gaz Radon, les poussières. La radioprotection et les contrôles sont effectués par la même société ALGADE.

Les problèmes liés à l’exploitation des mines d’uranium sont de trois ordres :

1) Sur le site même au nord de la ville

Pendant longtemps la radioprotection était sommaire et les soucis d’environnement liés aux résidus stériles d’exploitation marginaux. La teneur en minerai est de 3/1000. Au début les mesures de protection et les instruments de mesure rares. Ce sont les postes les plus exposés qui posent le plus de problèmes : concassage, usine. Les travailleurs ne doivent pas être exposés à plus de 20msv.(millisivert) en moyenne ce qui semble être le cas aujourd’hui  d’importants résidus d’exploitation radioactifs à l’air libre et de bassins de décantation de boues à l’acide sulfurique. Aujourd’hui après trente ans il n’existe pas vraiment d’état de santé des travailleurs. Qu’en est-il de ceux exposés depuis vingt ou trente ans ? Difficile à dire car beaucoup sont rentrés chez eux très loin d’Arlit, beaucoup sont morts dans l’anonymat. On remarque cependant un fort taux de mortalité après la retraite et de nombreux cas d’hypertension mais il est difficile d’attribuer de façon formel ces pathologies à une contamination.

2) En ville

 Nous sommes en plein désert, les vents dominants vont d’est en Ouest, la ville est au sud, si le vent tourne… Un trafic de métaux ayant servi à la mine porteur de radioactivité sert à la construction des maisons et à différentes utilisations. Il semble que beaucoup de ces métaux récupérés sur des engins soient recyclés par la douane jusqu’au Nigéria. Aujourd’hui les mesures en ville doivent être inférieur à 1 MSV ce qui semble être le cas d’après nos mesures certains métaux ont cependant été mesurés à 40 msv.(millisivert)

3) La principale pollution à notre avis vient de l’existence même de cette ville avec une consommation excessive de fourrage (afaso), de bois entraînant la désertification, de l’eau avec une diminution notoire de la nappe phréatique, pollution des jardins construits artificiellement sur un plateau argileux (banco) et arrosés avec de l’eau de récupération. Risques de Typhoïde. Même l’imam de la grande mosquée achète l’eau à Agadez. Bassin de rétention véritable nid à moustiques vecteurs du paludisme inconnu dans cette région jusqu’alors. Cette maladie transmise par les anophèles a été importée du sud et l’on note une recrudescence au moment des retours de congé, nombreux cas de tuberculose.

Accidents de la route.

Prostitution, trafic de marchandises importants avec l’Algérie, passeurs clandestins de voyageurs en provenance d’Afrique noire à destination de l’Europe. Corruption des douaniers. (Pour un transport de trente passagers, il faut l’équivalent du prix de 7 passagers pour payer les autorisations et la corruption).

Problèmes sociaux et culturels

Les touaregs premiers occupants de ces territoires arides (200 mm de pluie /an) ont été déstabilisés dans leur mode de vie : transhumance, pression démographique… sans avoir de contreparties. Ce fut une des causes de la rébellion des années 90. Les accords de paix prévoyaient l’embauche de 350 touaregs chiffre impossible à réaliser en pleine récession. Profitant du flux de camions approvisionnant la mine, la mine importe 40 000 t (matériel, intrans, souffre) et exporte 2 000 t (uranate de soude). Les jardins de l’Aïr se sont particulièrement développés et exportent vers le sud : oignons, pommes de terre, tomates… également exportation de bétails (viande et peaux). Aujourd’hui le village carton s’est transformé en plusieurs « boukoki » dont beaucoup de maisons sont en dur (banco).

Demande d’information

L’ONG Agherin’man (bouclier de l’âme) demande une enquête indépendante des risques encourus par les travailleurs et les populations. Sollicitée, la CRIRAD s’est vue confisquer ses appareils de mesure à l’entrée du territoire du Niger. L’association Sherpa est également venu enquêter. Il est clair que le manque d’informations indépendantes de la part des sociétés laisse la place à toutes les suppositions. Si l’on cache quelque chose, c’est qu’il y a un problème. Ce qui est clair c’est que le mot uranium déclenche des passions dans tous les sens et qu’il fait très peur.. Les réserves de la mine actuelle sont de l’ordre de 10 à 13 ans. Le petit lapin est sorti… qui le rattrapera… à suivre…

3 Août 2007: AREVA a annoncé jeudi avoir renouvelé ses contrats avec le gouvernement du président Tandja. « L’accord prévoit un relèvement immédiat du prix de l’uranium » (61 euros par kilo contre 41,6 auparavant, accord rétrocatif au 1er janvier2007), précise la direction du groupe

Bernard DESJEUX 

PS: voir :http://www.criirad.com/criirad/actualites/Communiques/NIGER/NoteCRIIRADfinal.pdf

 16 août 2007


Redistribution des cartes de l’uranium au Niger

La crise qui couvait depuis quelques mois entre l’Etat du Niger (quatrième producteur mondial d’uranium) et la multinationale française AREVA (troisième société productrice d’uranium) a conduit à la fin – amiable – du monopole d’AREVA sur l’uranium nigérien.

En effet, selon la ministre nigérienne des Affaires Etrangères et de la Coopération, l’Etat du Niger, au vu de la hausse des prix des cours de l’uranium, veut désormais élaborer une politique de diversification de ses partenaires industriels et commerciaux, ce qui mécaniquement devait passer par la fin du monopole d’AREVA sur l’uranium nigérien

(cf.article du Républicain Niger Républicain_Niger_article_2.pdf).

Ce monopole prenait racine dans les accords de défense entre le Niger et la France qui stipulaient – entre autres – la livraison d’uranium à des prix défiant toute concurrence.

Si certains voient dans la fin de ce monopole la fin d’un « pacte colonial », il semble nécessaire de remettre en perspective les accords AREVA – Niger dans le cadre plus global des tendances du marché mondial de l’uranium.

Mais d’abord passons rapidement en revue les termes de l’accord conclu :

-  AREVA s’engage à payer le kilo d’uranium (minerai brut ou yellow cake ? pas de précisions pour l’instant) au prix de 40 000 francs CFA (soit 60.98 euros), l’ancien prix étant de 27 300 francs CFA. Remarquons que cette hausse de prix sensible est encore en-dessous des prix internationaux couramment pratiqués (de l’ordre de 122 000 francs CFA) ;

-  ce prix de 40 000 francs CFA sera renégocié à compter du 1er janvier 2008 ;

-  l’Etat du Niger pourra vendre directement sur le marché international 300 tonnes de yellow cake pour son propre compte : 100 tonnes en 2007 et 200 tonnes en 2008 ;

-  enfin, la société AREVA sera désormais traitée comme les autres sociétés minières qui opèrent ou vont prochainement opérer sur le sol nigérien. 

Aïr Info N°104 (15 oct-15 nov 2009)

Le mea culpa d’AREVA Sanction de

Almoustapha

Alhacen, Président de Aghirman et de la

coordination civile d’Arlit

dimanche 29 novembre 2009

Le 9 octobre 2009, le Président de la Coordination de la Société Civile d’Arlit a écopé d’une sanction de mise à pied par les représentants de Anne Lauvergeon au Niger.

Motif ? Un extrait de la lettre de mise à pieds justifiait : « Dans la période du 15 au 16 juin 2009, vous (Ndlr Almoustapha) avez eu connaissance qu’une équipe de votre service accompagnant le service des mines du Niger avait mené une mission de contrôle dans le ville d’Arlit. Cette mission avait pris les dispositions pour que les objets contaminés (radioactifs), identifiés soient rapidement récupérés en accord avec les dispositions réglementaires. La radio et télévision (Dounia-Niamey) venue à Arlit du 18 au 25 juin 2009 dans le cadre de la couverture d’un match de football a été conduite par vous même (Almoustapha) sur les lieux en question alors que vous aviez eu connaissance du marquage des objets radioactifs dans le cadre de votre activité professionnelle. Ce comportement viole votre devoir de réserve et l’exigence de loyauté qu’exige votre contrat de travail envers votre employeur (AREVA). Au vu de ces manquements, je vous inflige une mise à pied de 3 jours » (signé le représentant à Arlit de Anne Lauvergeon, Présidente d’AREVA)“.

Outre cette sanction, le Président de la Coordination a été muté dans un autre service manu militari.

Cette sanction n’est ni plus ni moins qu’un mea-culpa de cette société qui jure sur tous les toits que son activité au Niger est exempte de tout reproche. Comme l’a écrit et crié Almoustapha Alhacen : “Nous prenons l’opinion nationale et internationale à témoin sur cet aveu d’AREVA qui disperse des ferrailles et objets radioactifs sur le marché public d’Arlit et refuse que quiconque en parle. La ville d’Arlit, le service des mines du Niger d’Arlit, domaines publics sont devenus par la volonté de la puissance d’AREVA et ses valets locaux, un domaine privé.”

Et de poursuivre :” qu’à travers cette sanction, Anne Lauvergeon, Présidente d’AREVA a démontré qu’elle a des choses à cacher dans le cadre de l’exploitation de l’uranium au Niger, notamment dans le domaine de la protection de l’environnement.”

Ce mea-culpa doit interpeller nos décideurs politiques, nos défenseurs des droits de l’homme sur la présence des ces sociétés d’exploitation des matières premières au Niger. A l’instar de la coordination de la Société Civile d’Arlit, il nous faut condamner et rejeter cette lâche sanction prise cinq mois après les faits. “AREVA ne fera pas sa loi au Niger”, plus qu’un slogan c’est une question de survie.

Dogo MAYAKI

Jean-Michel Bezat Le Monde 03-01-2008

Uranium appauvri

dimanche 4 janvier 2009

Il y a un an et demi, quand 1 livre d’uranium s’échangeait 130 dollars sur le marché spot (10 % de la consommation mondiale, le reste étant fixé par contrats), qui aurait cru à une telle baisse ? La livre d’uranium est tombée à 53 dollars (37 euros), selon l’indicateur Ux U3O8 Price. La chute a été suffisamment forte pour décider le groupe nucléaire français AREVA à reporter l’ouverture d’une mine (Midwest) prévue en 2010 au Canada, le prix (extraction, vente) étant un des facteurs rendant la rentabilité du projet « incertaine ».

S’il n’y a pas de cotation officielle, comme pour l’or ou le pétrole, l’uranium connaît d’importantes variations de prix. Il n’a cessé de grimper depuis le début de la décennie, passant de moins de 10 dollars en 2000 à 130 dollars la livre courant 2007. Depuis un an, le marché n’a pratiquement pas cessé de refluer comme ceux de toutes les matières premières.

Sans doute y a-t-il eu un excès de spéculation sur l’uranium. Notamment entre 2005 et 2007, où le prix a été multiplié par trois, emporté par l’euphorie d’une renaissance annoncée du nucléaire dans le monde et les craintes sur un tarissement de l’offre dans les prochaines décennies. La crise économique a assombri les perspectives à court terme, sans compromettre le développement à long terme de l’énergie atomique.

« Les problèmes du côté de l’offre resteront sans doute un facteur important tirant les prix » vers le haut, estimaient les spécialistes de Lehman Brothers trois mois avant la faillite de leur banque.

Jusqu’à présent, le désarmement nucléaire aux Etats-Unis et en Russie a permis de convertir d’importants stocks militaires et de fournir les groupes d’électricité : une partie des centrales américaines fonctionne grâce aux fournitures russes ! Or ces stocks s’épuisent. Et la production des mines ne couvre que 55 % des besoins, qui pourraient augmenter de 18 % d’ici à 2013 et de bien davantage à l’horizon 2030.

Après vingt ans de sous-investissements, la prospection et l’exploitation minières ont repris. La lutte s’annonce sans merci entre les grands groupes de l’industrie nucléaire pour ce minerai relativement abondant qui doit être enrichi en isotope U 235 pour donner le combustible des centrales. Avec de puissants concurrents chinois ou indiens pour les groupes occidentaux, comme l’illustrent les difficiles tractations menées par AREVA avec le Niger.

Jean-Michel BEZAT

Le Sahel-06-01-09 Imouraren : extrait du

conseil des ministres du 5 janvier 2009

mardi 6 janvier 2009

Le Conseil des Ministres s’est réuni, hier, lundi 05 janvier 2009, dans la salle habituelle de délibérations, sous la présidence de Son Excellence Monsieur Mamadou Tandja, Président de la République, Chef de l’Etat, Président du Conseil des Ministres. Après examen des points inscrits à l’ordre du jour, le Conseil a pris les décisions suivantes :

I. AU TITRE DU MINISTERE DES MINES ET DE L’ENERGIE.

Le conseil des ministres a examiné et adopté les projets de textes suivants :
-  Projet de décret fixant les modalités d’application de la loi n°2008-30 du 03 juillet 2008 accordant des avantages dérogatoires pour les investissements des grands projets miniers. Des avantages dérogatoires au Code minier en vigueur ont été accordés par la loi n° 2008-30 du 03 juillet 2008 aux grands projets miniers afin de créer les conditions incitatives concourant à la faisabilité de l’exploitation des gisements concernés. Il s’agit des projets miniers nouveaux et des exploitations minières existantes objet d’extension, de diversification ou de modernisation ayant un impact économique et social positif pour le pays et prévoyant des investissements d’au moins trois cent milliards (300.000.000.000) de francs CFA hors taxe et la création d’au moins huit cents (800) emplois permanents nouveaux pour des nigériens.

Le présent projet de décret vise à fixer les modalités d’application de la loi précitée ; il s’articule autour des points suivants : la procédure de demande d’agrément ; les conditions de l’octroi de l’agrément ; les dispositions fiscales et douanières régissant les bénéficiaires ; les sanctions applicables en cas du non respect des obligations édictées.

-  Projet de décret portant approbation et publication au Journal Officiel de la Convention Minière entre la République du Niger et AREVA NC pour le permis pour Grande Exploitation des gisements d’uranium d’Imouraren, situé dans le département d’Arlit, Région d’Agadez.

AREVA NC NIGER est une filiale d’AREVA NC, leader mondial du cycle du combustible nucléaire et société de droit français au capital de 100.259.000 Euros, dont le siège est situé à rue de La Fayette, 75009- Paris.

Après deux ans de travaux intenses de recherche, les réserves d’uranium antérieurement connues sur le site d’Imouraren ont été confirmées ; mieux, elles ont été augmentées de 30 %. C’est fort de ces résultats que AREVA NC a déposé le 14 mai 2008 une demande de permis pour Grande Exploitation minière.

Le présent projet de Convention a pour objectifs de définir les conditions générales, juridiques, financières, fiscales, économiques, administratives, douanières, sociales et environnementales dans lesquelles la Société d’Exploitation des gisements d’uranium d’Imouraren, actuellement en phase de création, mènera ses activités d’exploitation minière.

En vertu de l’article 3 de la présente Convention, l’Etat s’engage à octroyer le permis d’exploitation à la Société d’Exploitation. Préalablement à cette demande, AREVA NC a réalisé une étude de faisabilité technico-économique sur la rentabilité de l’exploitation des gisements d’uranium d’Imouraren et une Etude d’Impact sur l’Environnement (EIE) de cette exploitation.

La validation de l’EIE, précédée d’une audience publique, a eu lieu à Agadez sous la conduite d’un comité créé à cet effet par le Ministre chargé de l’Environnement. A l’issue du processus, le Certificat n° 3/ME/LCD/BEEEI/08 du 29 juillet 2008 a été délivré à AREVA NC Niger pour la mise en oeuvre du projet d’exploitation des gisements d’uranium d’Imouraren.

Les négociations menées par l’Etat du Niger avec AREVA NC sur la Convention minière ont abouti aux conclusions suivantes :
-  a) AREVA NC apportera ou donnera accès à la totalité du financement nécessaire aux investissements ;
-  b) l’Etat du Niger détiendra dans le capital social de la Société d’Exploitation une participation de 33,35 % dont 10 % de participation gratuite et 23,35 % à souscrire en numéraire ou en nature à travers la Société du Patrimoine des Mines du Niger (SOPAMIN) ;
-  c) la SOPAMIN enlèvera et commercialisera 33,35 % de la production d’uranium issue de l’exploitation des gisements d’Imouraren ;
-  d) une répartition équilibrée des postes de responsabilité dans la gouvernance de la future Société d’Exploitation entre le Niger et AREVA NC conformément au Pacte d’Actionnaire signé par les deux parties (Etat du Niger et AREVA NC) ;
-  e) un engagement de AREVA NC, à travers ses filiales minières nigériennes à participer avec les autres acteurs industriels du Niger au financement des études des grands projets stratégiques que le Niger entend entreprendre pour son développement économique. Il s’agit de la mise à niveau de SONICHAR, de la remise en état de la RTA et la connexion de la Transsaharienne, du projet Africarail, de la formation professionnelle des nigériens et du développement d’une filière électronucléaire au Niger.

Cet engagement est consigné dans la Lettre d’Intention signée par AREVA NC. L’approbation de la présente Convention permettra aux deux parties d’avancer dans le processus de mise en place des organes et des outils permettant de démarrer les travaux de mise en exploitation des gisements d’uranium d’Imouraren dont les avantages pour le Niger sont :
-  a) les recettes financières issues de la fiscalité applicable pour un montant de 641 milliards de Francs CFA en Valeur Actualisée Nette à 12 % à travers notamment : la redevance superficiaire annuelle, la redevance minière, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les prestations de service liées au fonctionnement administratif, l’impôt sur les bénéficies, l’impôt sur les revenus dû par les employés nationaux, les impôts et droit de douane sur les importations après les rabattements autorisés par la réglementation, la redevance statistique, la taxe d’apprentissage.
-  b) 33,35 % des dividendes distribués à titre d’actionnaire ;
-  c) la création de 1350 postes d’emplois directs et 3375 postes d’emplois induits pour une masse salariale d’environ 20 milliards de francs CFA ;
-  d) la marge de commercialisation par SOPAMIN des 33,35 % de la production d’uranium ;
-  e) la contribution au développement local des communes dans lesquelles elle conduira ses activités, en participant au financement des infrastructures collectives.

26 septembre 2010
Niger : à Arlit, l’insécurité grandissait depuis plusieurs mois http://www.reporterre.net/spip.php ?article1303 EXCLUSIF : Une lettre d’Almoustapha Alhacen, président d’Aghir In Man, décrit l’atmosphère tendue qui régnait à Arlit depuis quelques temps. En mai, un agent d’AREVA avait été tué par balles.

Le Point.fr – Publié le 11/05/2012 à 11:10 - Modifié le 11/05/2012 à 16:01

L’entreprise devra verser 200 000 euros de dommages et intérêts et une double rente à la veuve d’un homme décédé d’un cancer du poumon.

Une mine d'uranium au Niger (photo d'illustration).
Une mine d’uranium au Niger (photo d’illustration). © Patrick Guyot / Maxppp

Le groupe AREVA a été condamné vendredi après la mort d’un ex-salarié d’une mine d’uranium du groupe français du nucléaire au Niger, décédé en 2009 d’un cancer du poumon, un jugement qui pourrait ouvrir la voie à d’autres poursuites et condamnations.

Serge Venel est mort en juillet 2009 à l’âge de 59 ans. Il avait travaillé de 1978 à 1985 pour une filiale d’AREVA, la Cominak, société de droit nigérien qui exploite des mines d’uranium du groupe à Akokan, au nord-ouest du Niger. Quelques mois avant le décès, en mars, le pneumologue avait dit que la cause du cancer était « l’inhalation de poussières d’uranium », a expliqué sa fille, Peggy Venel, à l’audience en février.

À la barre, l’avocat de la famille Jean-Paul Teissonnière a souligné que la Sécurité Sociale avait « reconnu la maladie professionnelle durant la période de travail au Niger et la Caisse Primaire d’Assurance Maladie a adressé ses conclusions à AREVA, considérant donc qu’AREVA est l’employeur ». Le Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale (TASS) de Melun a jugé vendredi qu’AREVA avait commis « une faute inexcusable », en tant que « co-employeur ». La veuve de Serge Venel voit sa rente doubler et touchera la totalité du salaire de la victime, a indiqué Me Teisonnière. L’entreprise de nucléaire a également été condamnée à verser des dommages et intérêts d’un montant dépassant les 200 000 euros.

Contacté, AREVA n’a pas souhaité faire de commentaire. Tout en estimant que « ce n’est pas fini, car AREVA va certainement faire appel, « la fille de la victime a fait part vendredi de son « immense joie ». « On ne s’est pas battus pour rien », s’est-elle félicitée.

« Comme les procès de l’amiante »

« Chez les Nigériens, il y a eu de très nombreuses victimes ; au niveau des expatriés, il y a eu beaucoup de décès », a-t-elle affirmé. « Beaucoup avaient peur d’attaquer AREVA, mais j’espère que les mentalités vont changer. » « Une brèche s’ouvre pour les autres, qui étaient en attente (de ce jugement, ndlr) », a-t-elle dit. Peggy Venel a cité « au moins deux » cas de personnes qui allaient attaquer. « Ca va faire comme les procès de l’amiante », a-t-elle estimé.

« C’était un dossier difficile », a dit Me Teissonnière, avocat qui a déjà mené un long combat aux côtés des victimes de l’amiante. « Juridiquement, AREVA n’était pas l’employeur direct, (…) mais les questions de sécurité et les conditions d’exploitation de la mine sont définies par AREVA », a mis en avant l’avocat. « Le tribunal a dépassé l’apparence pour reconnaître la réalité des relations sociales de l’entreprise », a-t-il estimé. Son client avait un contrat de travail de droit nigérien et ne dépendait pas de la Sécurité Sociale française, a détaillé l’avocat. « Toute la question est la responsabilité de la société mère par rapport à la filiale, et cette question est au coeur de l’actualité avec toutes les délocalisations », a-t-il souligné.

Lors de l’audience, l’avocat d’AREVA, Me Philippe Plichon, avait plaidé « l’irrecevablilité » du dossier. « La faute inexcusable s’exerce contre l’employeur, qui est Cominak« , avait-il affirmé. Les condamnations d’entreprises pour « faute inexcusable » sont fréquentes, notamment dans des affaires liées à l’amiante. Le 3 mai, le TASS de Créteil a par exemple reconnu la « faute inexcusable » commise par Sanofi-Chimie en exposant à l’amiante un ex-salarié de son site de Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne.

Le retour de l’extraction d’uranium en Bretagne:

Si le Niger devenait trop dangereux ?

Interview du 20/09/10 21:27 de notre correspondant F. Chauffin QUIMPER/KEMPER

—On connaît Chantal Cuisnier pour son investissement dans les dossiers concernant le démantèlement de la centrale de Brennilis et les anciens sites miniers d’uranium en Bretagne. Elle a récemment, en Autriche, accompagné un Nigérien qui expliquait la situation dramatique que vivent les voisins des mines d’uranium. L’ABP a rencontré cette militante qui va bientôt aller au Ministère à Paris pour parler de la sécurité autour des mines bretonnes.

 Que pensez-vous ce ce qui se passe actuellement au Niger, la prise des otages et l’extraction d’uranium ont-ils un lien ?

- La prise d’otages est en lien avec l’extraction d’uranium car ce sont des salariés d’AREVA et de Vinci travaillant pour la mine d’uranium d’Arlit qui ont été enlevés. C’est ce qu’explique clairement le communiqué de l’Observatoire du Nucléaire du 16 septembre 2010 – Le conflit n’est pas nouveau et dure depuis plusieurs années dans cette zone. Les conflits, attentats liés au nucléaire sont nombreux. Rappelons nous la prise des otages au Liban en lien avec l’usine d’enrichissement Eurodif  de Pierrelatte financée par le Shah d’Iran, les infirmières bulgares libérées grâce à un «troc nucléaire» avec le colonel lybien Khadhafi.  

 Le risque n’est-il pas que l’on rouvre les mines d’uranium bretonnes ?

- Pas dans l’immédiat mais ce n’est pas à exclure car les filons ne sont pas épuisés. Et les zones d’extraction à l’étranger risquent de devenir des zones de conflit surtout dans un contexte où le lobby nucléaire fait le forcing pour le renouvellement du parc nucléaire. De plus, les peuples autochtones (Australie, Canada, Afrique) prennent conscience de l’héritage empoisonné laissé par l’extraction de l’uranium. Le 30 août 2010 à Bâle, lors de la conférence intitulée «Territoires sacrés, peuples empoisonnés», ils ont dit «Stop, laissez l’uranium dans le sol !».  40 ans d’extraction de l’uranium n’ont pas enrichi le Niger qui reste le pays le plus pauvre de la planète, mais a pollué la richesse la plus précieuse pour la population pastorale : les nappes phréatiques et fossiles.  De plus les milliers de tonnes de déchets radioactifs laissés par l’extraction sont balayés par des vents puissants et les particules radioactives respirées par la population.  

Vous avez mené avec la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD) et l’association Roz Glas une enquête sur d’anciens sites miniers entre Guilligomarc’h et Pontivy. Quelles sont actuellement les conclusions scientifiques de vos investigations ?

- Dans tous les sites miniers explorés de Bretagne, de grandes anomalies radiamétriques (10 à même 100 fois le niveau naturel) ont été trouvées  notamment sur des sentiers de randonnée, des prés, terrains, parking, etc… contrairement aux discours rassurants  tenus en 2005 par la Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement (DRIRE) ou AREVA qui parlait d’ «opération exemplaire» et «de radioactivité comparable à celle que l’on mesure dans la région». Les analyses des prélèvement au laboratoire de la CRIIRAD ont confirmé les mesures et le classement en déchets radioactifs.  Les associations Roz Glas et CRIIRAD ont envoyé une lettre en juin dernier au ministre de l’écologie dénonçant la situation . Depuis, le préfet a pris un arrêté obligeant AREVA à revoir sa copie. Les associations seront reçues au ministère le 6 octobre, et insisteront notamment pour obtenir des garanties en matière de mise en sécurité et décontamination exemplaire de ces anciens sites miniers ainsi qu’un bilan complet de la situation radiologique des cours d’eau qui  les traversent et alimentent les captages notamment de la ville de Lorient.  Pour ceux qui voudraient en savoir plus, contacter l’association Roz Glas au 02 98 53 81 79 ■

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L’industrie nucléaire française procède à un

véritable pillage au Niger

Sophie CHAPELLE

10 / 2009

Depuis 40 ans, la multinationale AREVA puise abondamment dans les ressources d’un des pays les plus pauvres de la planète. Le Niger pourrait demain devenir le deuxième producteur mondial d’uranium. Pourtant, le pays figure à la dernière place de l’indicateur de développement humain. C’est dans cette absence de partage des richesses et sur fond de crise institutionnelle, que se profile une catastrophe sociale, environnementale et économique. Produire ici de l’électricité d’origine nucléaire a pour corollaire, là-bas, contaminations radioactives et désertification.

AREVA, champion français de l’industrie nucléaire, le clame fièrement : sa nouvelle mine d’uranium d’Imouraren, au Niger, sera la plus importante d’Afrique et la deuxième au monde. AREVA répète avoir « fait du développement durable la clé de voûte de sa stratégie industrielle avec la triple ambition d’une croissance rentable, socialement responsable et respectueuse de l’environnement ».

Dans le cadre de cette stratégie, AREVA a organisé le 16 mai dernier à Agadez, dans le nord du Niger, « une audience publique et un atelier de validation de l’étude d’impact environnemental d’Imouraren ».

La multinationale de l’atome se serait-elle reconvertie à un soudain souci de transparence ?

« Un écran de fumée », selon le collectif AREVA ne fera pas la loi au Niger, au moment où – coïncidence ? – l’état d’exception est décrété sur la région d’Agadez. Dénonçant l’impossibilité de consulter le rapport provisoire, la mise à l’écart du comité Ad-hoc, la réduction du temps imparti à la consultation, le collectif associatif demande de disposer de cette étude d’impact et d’une contre-expertise scientifique indépendante. Il attend toujours.

AREVA, éco-responsable ?

Derrière les grands discours socialement responsables et respectueux de l’environnement se cache une toute autre réalité. Des études indépendantes ont d’ores et déjà été menées. La Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD) révèle que les eaux distribuées dans la ville minière d’Arlit, où opère AREVA, ne sont pas aux normes de potabilité : d’après les prélèvements de 2004 et 2005, le taux de contamination de ces eaux dépasse de 7 à 110 fois les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé ! Toujours selon la CRIIRAD, des boues radioactives et d’énormes masses de déchets radioactifs, les « stériles », sont stockées à l’air libre. La Société Civile Nigérienne, via l’association Aghir In Man ou le réseau Rotab, ont tenté d’alarmer AREVA et les responsables politiques nigériens sur la question. En vain. A ce jour, rien n’a été fait pour revoir la gestion de ces sites uranifères. Selon le collectif AREVA ne fera pas la loi au Niger.

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Il n’y a pas que la contamination radioactive qui pose problème. AREVA, et d’autres industries minières, contribuent à la désertification du pays.« L’économie pastorale est en train de disparaître dans le Nord du Niger, région où s’installent les miniers du monde entier. On va vers une catastrophe environnementale et économique », prévient l’hydrogéologue Alain Joseph. L’élevage extensif – principale source de revenus d’un des Etats les plus pauvres de la planète – mené par les Touaregs, les Peulhs et les tribus arabes Kounta dans l’immense plaine de l’Irhazer est fortement remis en cause par l’assèchement des nappes phréatiques d’Agadez (nord du Niger), seule ressource en eau de la région. La cause de leur épuisement ? L’octroi de concessions minières : 139 permis de recherche et d’exploitation ont été vendus en moins d’un an. L’eau des nappes est acheminée vers des mines de charbon qui alimente en électricité les installations d’AREVA à Arlit.

Un comportement prédateur

A Akokan et Arlit, les sociétés Cominak et Somaïr, dont AREVA est l’opérateur, ont déjà épuisé à 70% l’aquifère carbonifère au nord du Tarat, à raison de 22 000 m3/j depuis 38 ans. Ces deux sociétés envisagent d’utiliser un pipeline de 30 km et de déplacer leurs pompages vers l’ouest, dans la nappe des grès d’Agadez. « C’est significatif du comportement prédateur minier : on s’installe, on prend le maximum et après moi, le désert, s’insurge Alain Joseph. Non content d’avoir vidé l’aquifère du Tarat, AREVA s’installe maintenant à Imouraren. Bien d’autres pays, la Chine, le Canada, l’Inde, l’Australie, se ruent sur les ressources du sous-sol nigérien. Nous allons assister à un assèchement rapide de cette nappe. Comment vont vivre les pasteurs si les sources sont épuisées ? Comment vont-ils se déplacer dans un univers qui va être maintenant essentiellement minier ? »

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Côté face : L’uranium nigérien sert à alimenter les centrales nucléaires françaises

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Côté pile : Désertification et absence de partage des richesses au Niger

(Crédit photos : AREVA ne fera pas la loi au Niger)

« Ce que nous voulons c’est l’arrêt de l’exploitation des mines d’uranium. Seul le régime en profite, le peuple nigérien lui ne profite que de la misère et des radiations ». Pour Aghali Mahiya, Touareg du Niger et ancien salarié de la Somaïr, filiale nigérienne d’AREVA, la population ne bénéficie d’aucune retombée économique. Bien que l’exploitation d’Imouraren fasse du Niger le deuxième producteur mondial d’uranium, le pays est encore classé parmi les trois plus pauvres de la planète et figure à la dernière place de l’Indicateur de Développement Humain. De son côté, AREVA a tiré du Niger près de 40 % de sa production d’uranium depuis 40 ans. Sans ce précieux combustible, jamais la multinationale n’aurait pu se développer ni le nucléaire français fonctionner. Pas question, pour autant, de favoriser le développement du pays.

« Le peuple nigérien ne profite que

de la misère et des radiations »

Pour Myrtho, président d’une association au Nord-Niger, le partage des richesses n’existe pas. « J’ai rencontré Issouf ag Maha, le maire de Tchirozerine au Niger. Areva lui a demandé une liste de gens intéressés pour travailler pour AREVA. M. le Maire a fait une liste de 800 personnes avec leur nom, leur adresse… mais à ce jour aucune de ces personnes n’a été embauchée par AREVA. » La multinationale pèse plus de 13 milliards d’euros de chiffre d’affaire en 2008. L’Etat nigérien, lui, voit son produit intérieur brut plafonner à 2,7 milliards d’euros en 2007. Soit cinq fois moins que le groupe dirigé par Anne Lauvergeon (en photo). Comment rivaliser ? Surtout quand, derrière AREVA, on trouve l’Etat français.

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La poursuite de l’exploitation d’uranium au Niger s’établit sur le fond d’« une très grave crise institutionnelle », rappelle Olivier Thimonnier de l’association Survie. En mai dernier, le président Tandja annonce l’organisation d’un référendum en vue d’un changement constitutionnel afin de prolonger son mandat. S’ensuit la dissolution de la Cour Constitutionnelle et de l’Assemblée Nationale qui jugent le projet de référendum inconstitutionnel. En juin, alors que Tandja s’arroge les pleins pouvoirs, le Quai d’Orsay se contente de rappeler « l’importance que la France attache au cadre constitutionnel du Niger, à la préservation de l’acquis démocratique de ce pays et à sa stabilité. » Le référendum est organisé le 4 août, et malgré la forte opposition des syndicats, des partis et d’une partie de la société civile, le Niger finit par adopter une 6e Constitution. Dans l’indifférence presque totale des médias français (1).

AREVA, outil de la Françafrique ?

Le 20 octobre, Tandja organise des élections législatives. Il est isolé sur la scène politique intérieure : l’ensemble de la société civile, des centrales syndicales et son propre parti, divisé, s’y sont opposés. Il est la cible de critiques internationales : gel partiel de la coopération de l’UE avec le Niger, suspension du Niger par la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest, mesures à venir de l’Union Africaine. Seule la France reste silencieuse. « Le 10 août, le Ministère des Affaires Etrangères déclare que la France est attentive à l’élection, qu’elle doit être transparente et démocratique. Ceci valide la réforme de la Constitution par le président Tandja, analyse Olivier Thimonnier. Cette position française est le résultat de la défense d’intérêts économiques clairement liés aux intérêts d’Areva au Niger. Elle s’inscrit dans le prolongement de la politique d’indépendance énergétique de la France lancée par le Général de Gaulle dans les années 60. »

Une indépendance énergétique qualifiée de « parfaitement virtuelle » par Johnny Da Silva du Réseau Sortir du Nucléaire« La France importe 100 % de son uranium pour 80 % de son électricité. C’est sans compter les transports de matières radioactives sur des milliers de kilomètres. » « Quand on nous explique que le nucléaire est une énergie propre, c’est un mensonge à plusieurs niveaux, poursuit le Député Vert Noël Mamère. Ce n’est ni une énergie renouvelable, ni une énergie propre mais bien une énergie sale dans sa contribution à soutenir les réseaux de la Françafrique et les régimes dictatoriaux. » Le Collectif AREVA ne fera pas la loi au Niger mais demande à toutes les parties impliquées un moratoire sur l’extraction minière. En attendant l’hypothétique appui de ce moratoire par le gouvernement français, les choix énergétiques de ce dernier continuent d’avoir de désastreuses conséquences… loin de nos vertes campagnes.

URANIUM DU NIGER : HOLLANDE SOUTIENT

LA FRANÇAFRIQUE ET LE LOBBY NUCLÉAIRE

Observatoire du nucléaire – Communiqué du 12 juin 2012

 Les ministres écologistes vont-ils

quitter le gouvernement ?

L’Etat de grâce n’aura pas duré longtemps : lundi 11 juin 2012, moins d’un mois après son investiture, François Hollande a bafoué toutes les valeurs de la gauche et de l’écologie.

En effet, recevant le Président du Niger M. Issoufou, le nouveau Président de la République s’est prononcé pour l’exploitation par AREVA, qui plus est avant même la date prévue de 2014, de la mine géante d’uranium Imouraren au Niger (*)

Il s’agit là d’une claire perpétuation des mécanismes de la Françafrique, pour le plus grand profit du lobby nucléaire (AREVA) et au détriment de la démocratie en Afrique. Il est d’ailleurs édifiant de rappeler que le Président Issoufou est un ancien directeur d’une société d’exploitation de l’uranium, la Somaïr, filiale d’AREVA !

Il est nécessaire de rappeler que :

- l’exploitation des mines d’uranium contamine l’environnement et assèche les nappes phréatiques.

- AREVA exploite les travailleurs du Niger et bafoue leurs droits et leur santé.

- la mise en exploitation du gisement d’Imouraren va entraîner le déplacement de populations nomades (Touaregs).

- l’exploitation de l’uranium du Niger depuis 40 ans par la France n’a rien apporté à la population locale qui reste une des plus pauvres du monde.

Le positionnement clair de François Hollande en faveur de la Françafrique et du lobby nucléaire annonce aussi le maintien des forces armées françaises en Afrique, présence néocoloniale dont le but est de « sécuriser » l’approvisionnement des centrales nucléaires françaises en uranium.

Que va faire l’écologiste Pascal Canfin, directement concerné en tant que Ministre Délégué au Développement ?Que va faire la ministre Cécile Duflot, dirigeante d’EELV et donc théoriquement opposée au lobby nucléaire et au néocolonialisme ?

En restant au gouvernement après ce triste 11 juin, les ministres d’EELV cautionneraient la liquidation par M. Hollande des valeurs de la gauche et de l’écologie.

La France envoie des troupes secrètement au

Sahel

Malgré les mises en garde des experts, les militaires français interviennent au Sahel sous le couvert d’une mission de spécialistes de l’Union européenne.

Saisissant l’incapacité de Bamako à contrôler le nord du Mali, devenu une plaque tournante de tous les trafics, la France a envoyé des groupes de militaires d’«élite» dont la mission officielle est d’assister en premier les pays de la région (Niger, Mali et Mauritanie) dans leur lutte contre les groupes terroristes qui infestent la bande sahélo-sahélienne. Ces «experts» ont commencé discrètement à se déployer au Niger début août.

Au total, la mission baptisée Eucap Sahel comptera une cinquantaine d’experts. Sa mission officielle est de former les forces de sécurité locales. Basée à Niamey, la mission aura des officiers de liaison à Bamako et Nouakchott. Ancienne puissance coloniale dans la région, la France semble sous-estimer les dangers encourus dans cette partie de l’Afrique sub-saharienne totalement désertique et aux reliefs très dangereux et accidentés. Mais la France est prête à courir ces risques pour garantir la sécurité de ses mines d’uranium au Niger, lesquelles alimentent ses nombreuses centrales nucléaires, une cinquantaine. Ni l’Union Européenne qui a donné son feu vert pour cette mission ni la France ne parlent de sécurité énergétique. Mais tout le monde l’aura compris.

Actuellement, la société française AREVA exploite deux gisements d’uranium à Arlit et Akokan au Niger et entamera en 2013-20147 – si la situation sécuritaire le permet – l’exploitation de la mine géante d’Imouraren, toujours dans le Grand Nord, qui sera alors la deuxième mine du monde. L’enjeu énergétique est tel que la France n’a pas peur de s’embourber dans les sables mouvants du Sahel. Cette offensive déguisée des Français dans la région, après avoir échoué à faire intervenir l’armée algérienne qui connaît bien ce territoire à haut risque, en dit long sur les visées de cette ancienne puissance coloniale.

Source: Irib et Algériepatriotique

 

transparentlogo MINES D'URANIUM

humanitarian news and analysis

a service of the UN Office for the Coordination of Humanitarian Affairs

NIGER:

Les habitants du désert payent au prix fort

l’exploitation des mines d’uranium

200903307 NIGER
Prospection des mines d’uranium par AREVA, au Canada : même
minéral, autre
contexte

DAKAR, 1 Avril 2009 (IRIN) – Après la visite du président français Nicolas Sarkozy au Niger, à la fin du mois de mars, les habitants de ce pays désertique, exportateur d’uranium, continuent de se demander si AREVA, une société principalement détenue par le gouvernement français, honorera son engagement de protéger les communautés des risques de l’exploitation minière.

Selon plusieurs études, ainsi que les témoignages des habitants, les opérations minières menées et gérées à la fois par les filiales d’AREVA et le gouvernement nigérien comportent des risques sanitaires et environnementaux.

Salifou Adifou, 67 ans, a travaillé pendant 40 ans comme foreur à la SOMAÏR (Société des Mines de l’Aïr), une entreprise publique/privée nigérienne, détenue à 63 pour cent par AREVA.

Aujourd’hui à la retraite, il a expliqué à IRIN qu’il souffrait de problèmes de santé non-diagnostiqués. « J’ai des maux de ventre et des douleurs à la poitrine, mais depuis que j’ai pris ma retraite [en 1999], je n’ai plus les moyens de me soigner ».

Salifou Adifou a également rapporté qu’un de ses amis, qui travaillait comme mineur, était désormais alité. Aucun des deux hommes ne connaît la cause de ses problèmes de santé, a-t-il ajouté M. Adifou.

L’air

La COMINAK (Compagnie Minière d’Akouta), majoritairement détenue par AREVA, a commandé en 2006 une étude environnementale sur les opérations qu’elle mène à Arlit, qui compte 110 000 habitants ; l’étude a révélé que le nombre de décès causés par des infections respiratoires était deux fois plus élevé dans cette ville minière (16 pour cent) que dans le reste du pays.

« Le vent transporte la poussière contaminée au radium, un minéral durable [il lui faut plus de 1 600 ans pour perdre sa toxicité], et au plomb … Les échantillons [ont été] prélevés dans un rayon de cinq kilomètres du site … Les tempêtes de sable [et] les rejets atmosphériques des mines peuvent aggraver les [maladies] pulmonaires dans la région », ont écrit les chercheurs, auteurs de l’Etude Environnementale de la COMINAK.

200808298 NUCLEAIRE
Photo: Phuong Tran/IRIN magnify POLITIQUE
Comment des tempêtes de poussière peuvent être mortelles (photo d’archives)

Dans le rapport publié en janvier 2009 par AREVA sur les activités minières menées au Niger, la société rejette toutefois l’existence d’un lien entre l’exploitation minière et l’augmentation des problèmes de santé. « Ces problèmes sont habituels dans les régions désertiques… ils ne sont pas liés aux activités minières ».

Les dirigeants d’AREVA ont néanmoins consenti à ouvrir des centres de diagnostic médical dans tous les pays où l’entreprise extrait de l’uranium, en commençant par le Gabon, selon l’association SHERPA, un organisme juridique parisien de défense des droits humains. « Il aura fallu deux longues et dures années pour que cette société donne enfin la possibilité à ses travailleurs de se faire entendre », a déclaré à IRIN Yann Queinnec, directeur de l’association.

Les projets sont encore en cours de finalisation, selon M. Queinnec, mais la société s’est mise d’accord sur la formation, dans chaque centre, d’un comité consultatif, au sein duquel seront représentés les travailleurs, les autorités locales, les organismes à but non-lucratif, et AREVA.

M. Queinnec a expliqué qu’il avait fallu plusieurs années « pour élaborer un accord différent des autres accords signés pour la protection des travailleurs », dont les principales clauses n’ont pas été respectées, selon l’avocat.

Le sol 

La Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD), sise à Paris, a fait état de « graves défaillances de sécurité », au Niger, dans les sites d’exploitation minière d’AREVA et aux alentours.

En 2007, les chercheurs de la CRIIRAD ont déclaré avoir découvert que les populations locales vendaient de la ferraille contaminée, trouvée sur les sites d’exploitation minière ; ces matériaux servaient ensuite à la construction de logements, ou à la fabrication d’ustensiles de cuisine et d’outils. En 2003, la CRIIRAD a recommandé à AREVA d’identifier les métaux contaminés et de les détruire.

Des déchets radioactifs, qui servent peut-être à la construction de routes, pourraient également être responsables du niveau anormalement élevé de radiation, selon la CRIIRAD. En 2007, les chercheurs de la CRIIRAD ont en effet écrit que le niveau de radiation était pas moins de 100 fois supérieur à la moyenne devant l’hôpital financé par AREVA, et situé à proximité de la mine de la COMINAK.

L’eau 

Les codes d’exploitation minière au Niger
Initiative pour la transparence dans les industries extractives

International Commission on Radiological Protection (en anglais)

Association française pour l’assurance de la qualité

International Atomic Energy Agency (en anglais)

Pour plus d’informations

Aghir In’Man

AREVA au Niger

CRIIRAD

SHERPA

Organisation Mondiale de la Santé (en anglais)

Pour répondre aux critiques selon lesquelles l’exploitation minière contamine les réserves d’eau potable de plus en plus maigres du nord du Niger, AREVA a publié un communiqué, en janvier 2009, affirmant que « les analyses bactériologiques mensuelles, les analyses radiologiques semestrielles, et les analyses chimiques annuelles montrent l’absence de contamination [de l’eau] ».

Mais les études environnementales menées par la CRIIRAD et l’association SHERPA en 2005 dans les communautés minières ont révélé un niveau de radiation de l’eau jusque 110 fois supérieur aux normes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur la potabilité de l’eau, dans les zones industrielles, et 10 fois plus élevé dans les zones urbaines.

L’extraction de l’uranium nécessite de l’eau pour nettoyer le site d’exploitation minière, pour traiter le minéral et subvenir aux besoins hydriques des travailleurs et de leurs familles, d’après AREVA.

Les éleveurs ont également accusé AREVA d’épuiser les réserves d’eau de la région.

Selon les calculs d’AREVA, la société a pompé 270 millions de mètres cubes d’eau souterraine au cours des 40 dernières années dans ses deux mines, à Arlit ; sur ce volume, 35 pour cent ont été utilisés dans le cadre des activités minières, et le reste a permis de subvenir aux besoins de la ville.

Yves Dufour, porte-parole d’AREVA, a déclaré récemment aux médias français que les besoins hydriques futurs d’AREVA à Imouraren, à 80 kilomètres au sud d’Arlit, ne représenteraient qu’une petite partie des huit milliards de mètres cubes d’eau souterraine que renferme cette région désertique. AREVA investit à l’heure actuelle 1,5 milliard de dollars à Imouraren, dans ce qui devrait être la plus grande mine d’uranium du pays.

Selon les estimations des hydrologues, il faudra peut-être compter environ 200 ans pour que les sources d’eaux souterraines pluviales (comme l’aquifère exploité par AREVA à 150 mètres de profondeur dans le désert) se reconstituent.

La responsabilité de l’entreprise 

Bien que le gouvernement nigérien détienne un tiers des mines d’uranium, Almoustapha Alhacen, directeur d’Aghir In’Man, une organisation non-gouvernementale (ONG) sise à Arlit, a déclaré à IRIN qu’il jugeait AREVA entièrement responsable des problèmes sanitaires et environnementaux observés dans le nord. « AREVA est [aussi] implantée au Canada, mais est-ce qu’elle y exploite l’uranium aussi sauvagement qu’elle le fait ici ? Est-ce que le bétail canadien a été décimé, lui aussi ? »

Les éleveurs imputent la mort d’un certain nombre de bêtes à la contamination des puits où s’abreuve le bétail.

AREVA a extrait environ 3 200 tonnes d’uranium dans le nord du Canada en 2007, soit un peu plus qu’au Niger pendant la même période. Au cours d’une enquête publiée en mai 2007 et menée auprès de 1 000 personnes habitant à proximité des sites où AREVA mène ses opérations d’exploitation de l’uranium, au Canada, 80 pour cent des sondés avaient pourtant déclaré soutenir la prospection des mines d’uranium.

Alun Richards, porte-parole d’AREVA Resources Canada, a déclaré à IRIN que sa société louait chaque jour des charters pour transporter 350 employés de leur domicile dans la région nord, reculée, du pays, au site d’exploitation minière, situé dans la province de Saskatchewan, expliquant que ces travailleurs, des nomades pour la plupart, avaient « besoin d’être près de leurs réseaux familiaux élargis ».

La mine canadienne verse également 80 000 dollars par an aux communautés locales pour leur permettre de mener leurs propres études d’impact environnemental. « Les gens ne lisent pas les études. Ils font plus confiance aux résultats si ce sont eux qui analysent leur propre nourriture et l’eau des rivières où ils vont pêcher », a indiqué M. Richards.

2008090210 SANTE PUBLIQUE
Photo: Phuong Tran/IRIN magnify uranium
Les rebelles du désert exigent davantage de royalties sur l’exploitation de l’uranium (photo d’archives)
En outre, les mines canadiennes sont « strictement réglementées » par une trentaine d’organismes publics, des pêcheries à la sécurité nucléaire, a-t-il ajouté.

La moitié des employés sont issus de la communauté locale, selon M. Richards. « Il est tout aussi important pour nous d’honorer nos obligations sociales et de préserver notre réputation au sein de la communauté que de nous conformer à la réglementation environnementale et sanitaire », a-t-il indiqué.

Bien qu’AREVA France investisse un million de dollars par an dans le développement communautaire dans le nord du Niger, selon les registres de la société, M. Alhacen, directeur d’ONG, a expliqué que la plupart des membres des communautés minières avaient une opinion « généralement négative » sur l’industrie.

A la question « pourquoi une entreprise privée associée au gouvernement nigérien devrait être la principale responsable du développement des communautés ? », M. Alhacen a répondu que les multinationales qui opèrent en Afrique devaient reconnaître leur part de responsabilité.

Les conditions de vie des populations du Niger, mesurées selon des critères de santé, d’éducation et de revenus, comptent parmi les plus difficiles du monde, d’après les Nations Unies.

AREVA France a indiqué que son approche ne consistait pas à faire « œuvre de charité », mais à faire participer les populations locales à la gestion des projets et à collaborer davantage avec les bailleurs.

D’après M. Alhacen, les dommages causés par l’exploitation minière sont bien plus importants que les avantages qu’en tire le Niger. « AREVA [France] fait savoir qu’elle prend en charge financièrement, chaque année, 200 000 visites médicales. Nous ne voyons pas cela ici. Et quand bien même, cela revient à admettre que des dizaines de milliers de personnes tombent malades chaque année », a fait remarquer M. Alhacen.

La responsabilité de l’Etat 

Depuis juin 2007, le gouvernement nigérien a déclaré l’état d’alerte dans plus de la moitié du pays, après la reprise, en février 2007, d’une rébellion qui dure depuis plusieurs décennies. Des centaines de personnes ont trouvé la mort et plusieurs milliers d’habitants ont été déplacés par les affrontements, ces deux dernières années.

Les rebelles qui ont pris d’assaut les postes militaires et les usines d’eau et d’électricité qui permettent à AREVA de mener ses opérations exigent qu’une plus grande partie des profits tirés de l’exploitation minière soit réinvestie dans le développement des communautés ; ils réclament également une meilleure protection contre les dangers de l’exploitation minière. Ils ont en outre accusé le gouvernement de fermer les yeux, en échange de redevances minières, sur le non-respect de la réglementation environnementale dont se rendrait coupable AREVA, disent-ils.

Pour sa part, le gouvernement n’accorde aucun crédit à la rébellion, qui sert de couverture, estime-t-il, à la contrebande.

« Le gouvernement a fait tout ce qu’il pouvait pour protéger les populations locales des pratiques minières préjudiciables. Nous ne fermons pas les yeux juste pour le profit », a déclaré à IRIN Mohamed Ben Omar, ministre de l’Information. « Nous avons ratifié toutes les conventions internationales pertinentes [dans le domaine de l’exploitation minière] et pris toutes les mesures de contrôle nécessaires ».

Aghaly Ag Alambo, le chef du front rebelle qui a lancé l’attaque de février 2007, a toutefois déclaré à IRIN que les communautés minières n’étaient toujours pas en sécurité. « AREVA n’est pas le principal problème. Ce n’est pas à AREVA de subvenir aux besoins des Nigériens. C’est le gouvernement qui a failli à son devoir envers son peuple ».

Une tribune à l’Assemblée pour AREVA

Mediapart du 26 mars 2008, par Mathilde MATHIEU

A l’Assemblée Nationale, alors que les Verts organisaient mardi 25 mars une conférence de presse pour dénoncer les conditions d’exploitation des mines d’uranium au Niger par l’entreprise AREVA ( « spoliation des terres », « contamination de l’air et des ressources en eau », etc.), le président du groupe d‘Amitié Parlementaire France-Niger, le député centriste Marc Vampa, a offert une tribune au spécialiste hexagonal du nucléaire. Pour contrer l’opération concoctée par l’écologiste Noël Mamère, Marc Vampa avait réservé un bureau mitoyen. Ordre du jour, d’après l’agenda officiel: « l’audition des dirigeants du groupe AREVA ». En fait, il a d’emblée offert la parole au porte-parole de la société, qualifiée de « partenaire durable du Niger ». A ses côtés, deux députés seulement, sur une trentaine de membres inscrits au groupe : Michel Terrot (UMP), « avocat soucieux du principe du contradictoire », ayant toujours « préféré qu’AREVA fasse des affaires là-bas plutôt que ses concurrents indiens ou chinois » ; et Françoise Banget (UMP), attrapée quelques secondes plus tôt dans les couloirs, muette…
« L’audition » a duré une heure, sans une question de la part des élus. L’entreprise a pu dérouler son argumentaire, déployer les chiffres de ses investissements humanitaires (écoles pour enfants nomades, hôpitaux, etc.). De l’autre côté du mur, des représentants d’ONG internationales et des rebelles touaregs (le Mouvement des Nigériens pour la Justice) demandaient un moratoire et lançaient une pétition intitulée: « AREVA ne fera pas la loi au Niger »…
Quelques minutes avant la fin, Noël Mamère a fait irruption, côté parlementaires: « AREVA se comporte en vautour; le nouveau contrat d’exploitation, tout juste signé avec le gouvernement nigérien, ne prévoit pas de véritables contreparties sociales ni garanties environnementales. Je m’étonne par ailleurs de n’avoir pas reçu d’invitation à cette audition, alors que je suis membre du groupe! ».
A la sortie, Michel Terrot s’indignait: « Ce qui est choquant, c’est qu’un député puisse inviter, dans l’enceinte même de la représentation nationale, des porte-voix d’un groupe rebelle armé ». Et d’accuser son collègue Mamère de « complicité »…

Des élus Touaregs interpellent AREVA

27 mar 2008 :: Revue de presse

Extrait de l’Humanité, édition du 26 mars 2008

Niger :

Des organisations ont dénoncé hier les conditions dans lesquelles la compagnie française exploite plusieurs mines d’uranium.

« Nous sommes venus porter le message d’une population en détresse », a résumé Issouf Ag Maha, maire de Tchirozérine, dans le nord du Niger. À l’occasion d’une conférence de presse organisée hier à l’Assemblée Nationale par un collectif d’associations, plusieurs intervenants ont rappelé les difficultés causées dans cette région par quarante ans d’expoitation de l’uranium par la compagnie AREVA.

Selon l’hydrogéologue Alain Joseph, qui évoque, « une très grande négligence dans le traitement des eaux usées », les ressources en eau ont été affectées par la présence de nitrates et de phosphates. Au niveau quantitatif, les deux tiers d’une des deux réserves d’eau ont déjà été vidés et l’autre est menacé d’être utilisé par les industriels. « Dans cette zone, les populations ne sont que des victimes, exclues des bénéfices des richesses exploitées », a estimé Rhissa Feltou, conseiller municipal d’Agadez.

Le contexte international, marqué par le recherche d’énergies alternatives au pétrole, risque d’agraver cette situation. Désormais, AREVA n’est plus seul. Indiens, Sud-Africains, Canadiens et surtout Chinois sont entrés dans la compétition pour le précieux minerai. Cette perte de monopole, dans un contexte de hausse mondiale des cours de l’uranium, est une des raisons qui a contraint la compagnie française, après des mois de tensions, à augmenter en janvier ses tarifs de 50 %.

En échange, AREVA avait gagné le droit d’exploiter le site prometteur d’Imouraren. Elle ajoutait ainsi son nom à une liste de plus de 130 permis de recherche et d’exploitation vendus depuis un an par le gouvernement nigérien, selon le chiffre d’Issouf Ag Maha , qui constate qu’en superposant leur superficie « il n’y a plus de place pour les populations ».

Ce contexte est encore aggravé par la guerre que mène le gouvernement nigérien contre le Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ), rébellion qui revendique notamment pour le nord du Niger une part plus importante des revenus tirés de l’uranium. Depuis l’apparition, début 2007, de ce mouvement, le pouvoir a refusé de négocier, optant pour un conflit dont les civils sont les principales victimes. Un choix stratégique dont certains pensent qu’il n’est pas sans liens avec la volonté de garder le contrôle des concessions d’uranium à distribuer.

Le Niger en terrain miné :

Paris, le 11 mars 2008 

Une véritable catastrophe sociale et environnementale s’annonce pour les autochtones de la région d’Agadez, où les territoires sont sacrifiés sur l’autel du profit et au mépris des droits humains les plus fondamentaux.

L’exploitation de l’uranium au Niger est synonyme de pollutions multiples, d’expulsion des populations de leurs territoires ancestraux, d’épuisement extraordinairement rapide et irréversible des nappes d’eau…

Mi-janvier, Anne Lauvergeon est rentrée du Niger se targuant de la « signature d’un accord de partenariat gagnant-gagnant et solidaire » : mais qu’en sera-t-il réellement alors qu’aucune étude d’impact sérieuse n’a été réalisée, ni même envisagée ? Alors que les permis de recherches et d’exploitations minières ont été octroyés dans l’opacité et sans concertation avec les populations locales ?

A l’heure où la voie du dialogue semble s’ouvrir aux rebelles du MNJ, où une journée de soutien au journaliste Moussa Kaka est organisée et largement médiatisée en France, les problèmes de fond qui sous-tendent les fortes tensions que subit le Nord Niger doivent être mis en lumière et dénoncés, en France notamment, car la France est non seulement responsable mais aussi coupable au travers de sa multinationale AREVA.

Un peuple pillé, une région menacée

Depuis plusieurs mois, une rébellion, composée essentiellement de Touaregs du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), a démarré dans le nord du Niger, en réaction à un gigantesque projet minier conduit, notamment, par le groupe français AREVA.

La vaste région du nord du Niger détient d’importantes mines d’uranium, dont deux sont exploitées, depuis 40 ans, par AREVA. 
La rébellion d’aujourd’hui a démarré suite à l’octroi de 122 permis de recherche et d’exploitation de l’uranium dans une zone de transit crucial pour les Touaregs (voir la carte ci-jointe). Cette zone, immense comme deux fois l’Auvergne, est maintenant défendue par l’armée nigérienne qui protège les intérêts d’AREVA, principal bénéficiaire des permis d’exploitation. Elle recouvre une immense nappe aquifère souterraine fossile, donc non renouvelable, et des zones humides écologiquement très fragiles, indispensables à la survie des populations agro-pastorales autochtones.

État d’exception

Avec l’assentiment tacite de la France, le président du Niger, Mamadou Tandja, refuse de négocier avec le MJN et a donné les pleins pouvoirs à l’armée nigérienne sur la région d’Agadez. L’état d’exception y a été décrété, avec son cortège d’exécutions sommaires ciblées, d’arrestations arbitraires, de destruction des moyens de subsistance des nomades (cheptel abattu, activités agricoles rendues impossibles, approvisionnements restreints…), de déplacements de populations, d’interdiction d’ONG, de contrôle des radios et de la presse.

L’ampleur de la répression laisse, en réalité, peu de choix aux populations, essentiellement touaregs dans cette partie du Niger. Même les plus modérés sont amenés à prendre les armes pour assurer la survie de leur communauté de plus de 400 000 membres. Ainsi, le ralliement d’Issouf Ag Maha, maire d’une commune dans laquelle il a initié des projets d’agriculture biologique, intellectuel reconnu et réputé jusqu’ici comme pacifiste, est un coup dur pour le pouvoir, car il montre que les rebelles sont bien autre chose que des « bandits armés » ou une « bande de trafiquants » comme le prétend le pouvoir.

La situation des droits humains est extrêmement préoccupante au nord du Niger, et il faut qu’une mobilisation la plus large possible se mette en place pour faire cesser la répression féroce, en particulier les exécutions sommaires et les nombreuses arrestations arbitraires attestées par Amnesty International et Human Rights Watch. L’épisode de l’arrestation de deux journalistes français, qui ont cherché à entrer en contact avec le MNJ, en dit long sur la volonté d’opacité du gouvernement qui cherche à camoufler ses exactions. Moins médiatisé, l’emprisonnement du journaliste correspondant de Radio France internationale, Moussa Kaka, en prison au Niger depuis six mois pour avoir eu, dans le cadre de son travail, des contacts avec la rébellion touareg, a fait l’objet d’un nouvel appel de Reporters sans frontières.

Le gouvernement français, s’il souhaitait réellement rompre avec le système de la « Françafrique », aurait  déjà dû interrompre son aide logistique au gouvernement nigérien. Une convention avec le Niger lui permet, en effet, l’envoi de matériel et de « conseillers ».

Force est de constater, une nouvelle fois, que le lobby international du nucléaire s’accommode mal de la démocratie. Tous les projets nucléaires récents se développent dans des pays qui bafouent autant les droits de l’homme que l’environnement : la Chine, la Libye (avec les ventes d’EPR), et maintenant ce projet minier pharaonique au nord du Niger qui risque de transformer une fragile et précieuse région en une vaste poubelle nucléaire.

Naissance d’un collectif

Un collectif « AREVA ne fera pas la loi au Niger » a été créé.

Il est déjà soutenu par Attac, le Cedetim, le Collectif Tchinaghen1, la LCR, les Verts, le réseau Sortir du nucléaire, Sud-énergie, Survie, Via campesina. Ses revendications s’articulent autour de deux axes. D’abord, l’arrêt de la répression, le respect des droits humains et une action en faveur d’un retour rapide à la paix. Ensuite, un moratoire sur tous les nouveaux projets miniers, tant que tous les problèmes liés à ce type d’exploitation n’auront pas été résolus (expertises et contrôles sanitaires, études d’impact sur l’eau, dépollution  des  sites  déjà  ex­ploités, gestion de l’après-mine, etc.).

Dette financière et écologique

Ce collectif espère s’élargir à de nombreux autres soutiens, dans une perspective de solidarité internationale pour le respect des droits des peuples autochtones et des travailleurs. Un appel spécifique en direction des confédérations syndicales est prévu, à l’initiative des militants du syndicat Sud-énergie. Les différentes actions prévues (expositions photo, tournées dans les sites français d’extraction, brochures et affiches, projections…) s’inscrivent dans une logique de mise en cause d’AREVA par un procès citoyen.

La question de l’extraction de l’uranium est une épine dans le pied du lobby nucléaire, épine que nous comptons bien enfoncer le plus profondément possible. La question du partage des richesses se pose de façon criante au Niger : « Dans cette zone, les populations ne sont que des victimes, exclues des bénéfices des richesses exploitées », a estimé Rhissa Feltou, conseiller municipal d’Agadez, lors de la conférence du 25 mars à l’Assemblée Nationale française (lire encadré). Après quarante ans d’exploitation de l’uranium par AREVA, payé à un prix très inférieur à celui du cours mondial, les Nigériens sont toujours aussi pauvres. Le pays est parmi les plus pauvres du monde, alors qu’Areva distribue ses milliards d’euros de profit à ses actionnaires. Payer quarante ans l’uranium à un prix nettement inférieur au prix du marché est un vol manifeste, même selon les critères capitalistes. AREVA – et donc l’État français qui en est l’actionnaire majoritaire – a véritablement spolié le peuple nigérien. Et ce n’est pas la légère revalorisation, intervenue en 2007, qui améliorera les choses, car un véritable système de récupération de la manne de l’uranium semble s’être mis en place, dans l’entourage du président nigérien. À la dette écologique, liée aux dégâts de l’extraction, s’ajoute donc une dette financière d’AREVA envers le peuple nigérien. Au-delà du nécessaire partage immédiat des richesses, il est aussi important de souligner, pour répondre à Areva qui prétend apporter le « progrès » au Niger, qu’un autre développement serait possible. Les trois milliards d’euros qu’AREVA compte investir pour éventrer le Niger et souiller ses nappes phréatiques pourraient, par exemple, servir à lancer une véritable industrie de production de panneaux solaires, laquelle permettrait de concilier développement économique, environnement et accès à l’énergie. À titre d’exemple, le projet alternatif à l’EPR en France, présenté par le réseau Sortir du nucléaire, montrait qu’avec un somme à peu près équivalente (un peu plus de trois milliards d’euros), il était possible de créer plus de dix mille emplois pérennes, soit six fois plus que ce qui est prévu par AREVA.

Il s’agit donc de la sauvegarde d’un peuple dont les fragiles conditions de survie sont mises en péril par AREVA, symbole du pillage impérialiste à la française. Imposons l’arrêt de ce pillage, en commençant par exiger le paiement de l’uranium à un prix correspondant au prix du cours mondial et en demandant la création d’un fonds de dédommagement des préjudices causés. Il faut, de plus et surtout, s’opposer à ce qu’AREVA commence un nouveau projet avant d’avoir réparé les immenses dégâts qu’elle a créés, notamment dans la région d’Arlit (lire encadré). La LCR engage toute son énergie, dans le collectif « AREVA ne fera pas la loi au Niger », pour que le peuple nigérien, en particulier les Touaregs du nord du Niger, ait un autre avenir que l’horizon radioactif qu’Areva lui prépare.

La région d’Arlit

Depuis près de quarante ans, AREVA, via deux filiales, exploite, près d’Arlit, à 150 kilomètres d’Agadez, une gigantesque mine à ciel ouvert. Au fur et à mesure que les mines d’uranium en France ont été fermées, le chantier d’Arlit a grossi. Les poussières radioactives, issues des montagnes de résidus, plongent la ville dans une atmosphère suffocante, provoquant la contamination des eaux et la destruction de la faune et de la flore à des dizaines de kilomètres autour des mines. Des ferrailles contaminées sont abandonnées. En 2003, la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD), lors d’une mission au Niger, et malgré la confiscation de son matériel, a pu observer une contamination radioactive généralisée dans l’air et l’eau, ainsi que sur les ferrailles récupérées par les habitants1. L’épuisement d’une des deux grandes nappes phréatique de la région, à hauteur de 70 %, est également préoccupant. À moyen terme, son irréversibilité est prévisible, ce qui rendra la vie purement et simplement impossible dans cette région. Il y a, de plus, de nombreuses pollutions annexes, essentiellement dues aux activités périphériques comme celles des carrières de charbon et des centrales thermiques. L’hôpital qui effectue les diagnostics étant géré par AREVA, il n’y a aucun moyen de connaître réellement l’impact sur la santé des populations et des travailleurs. Mais le pire est à craindre.

1. Voir www.criirad.org/actualites/dossiers2005/niger/somniger.html

Une conférence qui dérange

Le 25 mars, s’est tenue une conférence de presse à l’Assemblée Nationale française, afin d’attirer l’attention de l’opinion sur la dramatique situation humanitaire du Niger et pour marquer le lancement de la campagne du Collectif « AREVA ne fera pas la loi au Niger ». Deux élus touaregs de la région d’Agadez, Issouf Maha et Rhissa Feltou, ont témoigné de la gravité de la situation. Les populations civiles du nord du Niger subissent les affres d’une guerre menée par le gouvernement et destinée à protéger les intérêts des entreprises minières. L’objectif de la conférence était de porter la situation au nord du Niger au cœur du débat sur les exploitations minières des grandes puissances dans les pays du Sud, et d’interpeller la France qui, à travers AREVA, exploite l’uranium nigérien depuis 40 ans, fermant les yeux sur les conséquences désastreuses de cette industrie. Pour faire diversion, une réunion ouverte à la presse était organisée, au même moment, dans un bureau voisin, par le groupe parlementaire d’« Amitié France-Niger ». Au moins une journaliste, pensant venir à notre initiative, s’est retrouvée face à la propagande d’AREVA qui avait posté un de ses cerbères à l’entrée pour contrôler l’accès de la salle. Autre « coïncidence », le porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, Stéphane Lhomme, était convoqué, le même jour, dans les locaux de la DST concernant l’affaire, qu’on croyait oubliée, de la vulnérabilité de l’EPR.

Laurent GROUET

Notes:

1. www.tchinaghen.org

2. Voir la brochure (PDF) « Un courant alternatif pour le Grand Ouest »

2247-niger

Colonialisme nucléaire et spoliation des terres

agropastorales touarègues au Niger (d’après

DAO collectif de Tchinaghen)

Bakchich Info publie des documents

compromettants…

7 mai 2007 : Documents

Voir cet article d’Ignacio Manga : AREVA fait rêver le Niger, accompagné de documents compromettants pour le géant du nucléaire :

Courriers Officiels : Où l’on découvre qu’AREVA et ses filiales ne respectent pas toujours les délais pour dépolluer une route pleine de ses petits déchets radioactifs.

Courriers internes : À neuf mois d’écart, le laboratoire d’analyse missionné par la COGEMA alerte son client du non-respect des critères de potabilité de l’eau qu’elle distribue à Arlit.

Résultats d’analyses : Où l’on découvre que les limites admissibles de l’Organisation Mondiale de la Santé quant à l’eau sont tout bonnement explosées à Arlit. Et les seuils d’arrêt de la distribution d’eau, soit 0,1Bq/l en indice alpha total, près de quarante fois dépassés. La station de surpression ZI affiche même un indice de 4,25…

La Télé Libre : LE CONFLIT DU NIGER S’INVITE

A L’ASSEMBLÉE

5 avr 2008 : Video – Audio

Le 25 mars 2008, Noël Mamère invitait des représentants Touaregs du Niger à l’Assemblée Nationale, pour dénoncer les conditions d’exploitation de l’uranium par AREVA dans leur région. Dans le bureau d’à côté, un député UMP tenait une autre conférence de presse, cette fois avec des responsables d’AREVA, dont le propos était sensiblement différent…

Mardi 25 mars, jour de rentrée parlementaire, des hommes du désert traversent les couloirs de l’Assemblée. Ils se rendent au bureau numéro 5, où se tient une conférence de presse intitulée « AREVA ne fera pas la loi au Niger ! ».

A l’initiative de la rencontre, le député Vert Noël Mamère, solidaire du combat de la rébellion Touareg contre le pouvoir nigérien, qui sous prétexte de sécurité a interdit l’accès de la région à la presse et aux observateurs étrangers, mais pas aux compagnies minières.

Au micro, élus Touaregs, chercheurs et militants associatifs se succèdent pour dénoncer le scandale de l’extraction de l’uranium dans la région, qui menace l’environnement, épuise les réserves en eau, et soutient le pouvoir en place, au détriment des populations locales.

Une porte plus loin, des représentants d’AREVA et des parlementaires UMP vantent les mérites de ce « fleuron de l’industrie française », et affirment leur soutien au régime nigérien. Michel Terrot, l’organisateur de cette contre-conférence de presse, est député UMP du Rhône, et membre du groupe d’Amitié France Niger.

Françafrique disiez vous ?

Joseph Hirsch
Caméraman : Yann Kaim
Montage : Sylvain Huillier

Impact de l’exploitation de l’uranium par les filiales de COGEMA-AREVA au NIGER - Note CRIIRAD (pdf, avril 2005)

Rapport d’enquête SHERPA (pdf)

Mission préliminaire CRIIRAD / SHERPA au Niger - décembre 2003 :

Compte rendu de mission CRIIRAD (pdf avec photos)

Complément photographique de la mission CRIIRAD (html)

Compte rendu de mission SHERPA (word, décembre 2003)

Une région pillée, un peuple sacrifié !

16 mai 2008 : Communiqués du Collectif

Communiqué unitaire du 23 mars 2008

Depuis 40 ans, la Société Française AREVA, leader mondial du nucléaire civil, tire près de 40% de sa production d’uranium du Nord Niger, pays encore classé à ce jour parmi les 3 plus pauvres de la planète. En 2007, AREVA perd son monopole et l’Etat nigérien reçoit des demandes de permis de sociétés nord-américaines, australiennes, asiatiques et sud-africaines. Bien qu’Azelik, future grande exploitation, ait été accordé aux Chinois via la société Sino-U (CNUC), AREVA a tout de même récemment obtenu l’autorisation d’exploiter l’énorme site d’Imouraren avec lequel le Niger devrait devenir le 2ème producteur mondial.

Les 40 années d’exploitation minière de COGEMA/AREVA, à Arlit et Akokan, ont eu pour premières conséquences :

  • La spoliation des terres agro-pastorales autour des deux sites, situés dans la région d’Agadez.
  • Des bénéfices énormes réalisés par AREVA sans retombées pour les populations : un véritable partenariat « gagnant-perdant » !
  • La destruction de la faune et de la flore aux alentours des mines.
  • La contamination de l’air par des poussières et des gaz radioactifs.
  • La contamination radiologique des ressources en eau.
  • L’épuisement d’une des deux grandes nappes fossiles (Tarat), à hauteur de 2/3 de ses réserves et, à moyen terme, le tarissement irréversible de la seconde nappe, avec le dénoyage de la partie ouest de l’aquifère (grès d’Agadez) en 40 ans.
  • Des pollutions annexes innombrables, essentiellement dues aux activités périphériques.

La très forte demande en énergie des pays émergents a considérablement favorisé l’intérêt nouveau pour le nucléaire, énergie dite « propre », ce qui a eu pour conséquence une fulgurante ascension du prix de ce minerai. Une manne inespérée… les autorités nigériennes annoncent dès 2007 le triplement de la production pour les années à venir.

niger-irrad.gif139 permis de recherche et d’exploitation ont été vendus en moins d’un an et de nombreux permis en demande seront bientôt accordés. Ces permis, qui englobent la majeure partie des territoires des populations de la région d’Agadez (plus de 85.000 km²) sont octroyés dans l’opacité et sans aucune concertation préalable.%%

A ce jour, les autorités nigériennes se refusent toujours à tout dialogue avec les populations autochtones, et ce malgré l’émergence récente d’un nouveau mouvement de rébellion condamnant sans détours cet état de fait.

Interdisant tout acte de résistance, le Niger – tacitement soutenu par l’Etat français, au travers de sa « filiale » AREVA organise, une vaste campagne de discrimination avec l’objectif à peine voilé de vider la région de ses habitants, facilitant ainsi l’aboutissement de ses relations commerciales.

Les pleins pouvoirs sont ainsi donnés à l’armée nigérienne, l’état d’exception est décrété pour la région d’Agadez :

  • Exécutions sommaires ciblées et arrestations arbitraires.
  • Destruction des moyens de subsistance des nomades (cheptel abattu, activités agricoles rendues impossibles, approvisionnements restreints, etc.).
  • Populations déplacées.
  • ONG interdites, radios et presse muselés.

areva.jpgÀ l’heure même où la notion de développement durable, admise par tant d’Occidentaux, est plus que jamais d’actualité, il serait souhaitable que les grands groupes industriels du Nord qui sans cesse communiquent sur le bien-fondé des énergies « propres » aient la décence de reconnaître que l’énergie nucléaire n’est pas si propre que cela.

Que le développement durable est à considérer dans sa globalité et non dans sa finalité.
Qu’il est absolument hypocrite de nous vendre, à nous Occidentaux, une énergie prétendue sans taches, sans effets, sans conséquences, alors que loin de nous des populations, aux conditions de vie déjà très précaires, souffrent et meurent d’un environnement vicié, d’une spoliation de leurs territoires d’attache ?

Le collectif « AREVA ne fera pas la loi au Niger »

Conscient de la catastrophe annoncée, le collectif « AREVA ne fera pas la loi au Niger » mène une campagne visant à mettre la société AREVA, la France, l’Union Européenne et la Communauté Internationale face à leurs responsabilités.

Il s’agit de dénoncer les conséquences désastreuses de nos choix énergétiques ici et de soutenir ceux qui en paient le prix là-bas.

Réseau de solidarité et d’action, le collectif soutient, au travers de leurs représentants réfugiés en France, les populations concernées dans leur lutte pour la reconnaissance de leurs droits, de leur dignité et de leurs libertés fondamentales.

Le collectif dénonce la complicité de la communauté internationale et particulièrement de la France qui, de connivence avec le Président Tandja :

  • Passent sous silence la réalité et la gravité du conflit.
  • Cautionnent le comportement irresponsable et irrespectueux des sociétés minières.
  • Affament et tuent en vertu de la concurrence et du profit.

C’est tout un peuple, chassé de ses terres, privé de ses activités traditionnelles, de ses ressources en eau, qui est menacé de disparaître face aux enjeux géostratégiques et politiques mondiaux.

=> Revendications du collectif

AREVA profite de l’état d’urgence au Nord du

Niger pour valider son énorme projet minier

d’Imouraren

27 mai 2008 : Communiqués du Collectif

Le vendredi 16 mai, AREVA a organisé à Agadez, au Nord du Niger une « audience publique et un atelier de validation de l’étude d’impact environnemental » de son nouveau projet minier : Imouraren (4 000 tonnes par an en 2012).

Suite au déclenchement d’une rébellion armée en 2007, l’état d’exception est décrété sur la région d’Agadez. Tous les pouvoirs sont donnés à l’armée : exécutions sommaires ciblées, arrestations arbitraires, destruction des moyens de subsistance des nomades, populations déplacées, ONG interdites, radios et presse muselées, sont le lot quotidien des habitants de la région… Cette « audience » est un écran de fumée. AREVA profite de cette situation : qui osera, dans un tel contexte, venir exprimer son désaccord avec le projet du géant nucléaire qui agit en toute impunité avec la bénédiction du pouvoir central nigérien !?

Des manœuvres sournoises ont été opérées pour limiter la participation de certaines structures dans la tenue et la conduite des audiences. En effet, le Comité Ad-hoc, pourtant missionné en 2006 par le ministère de l’Hydraulique, de l’Environnement, a été mis à l’écart par un arrêté du ministère des Mines et de l’Energie du Niger pris en avril 2008, ce qui est certainement le résultat d’arrangements avec le géant nucléaire français. De plus, le volumineux rapport provisoire de l’étude d’impact environnemental du projet d’Areva est volontairement rendu inaccessible. La majorité des participants à cet atelier n’ont pas eu accès à ce dernier, puis le temps imparti pour sa consultation a été sciemment réduit. Enfin, il n’y a eu aucune contre-expertise scientifique indépendante permettant aux participants d’opérer un choix ou d’émettre des avis conséquents sur un projet aussi énorme.

Des milliers d’éleveurs, maraichers, artisans, acteurs économiques sont directement menacés par la future mine d’AREVA : spoliation des terres agro-pastorales, destruction de la faune et de la flore, contamination de l’air, contamination radiologique, épuisement et pollution de la nappe phréatique, pollutions annexes innombrables et destruction irrémédiable du tissu socio économique… Les populations autochtones et les ouvriers subissent déjà depuis 40 ans les conséquences désastreuses des activités minières de la société à Arlit et Akokan.

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Action menée devant le siège d’Areva à Paris le 27 mai 2008

« Pour un monde sans nucléaire » : grand

rassemblement le 12 juillet à Paris

7 juil 2008 : Agenda

Au programme de la soirée projection, musique, conférence (20h) :

  • la question de l’uranium avec un Touareg du Niger, Marcus Atkinson de Footprints for Peace (Australie), Laurent Grouet et le Collectif « Areva ne fera pas la loi au Niger » (France), Mika Flojt (Finlande – Laponie)

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Communiqué :

Le 1er juillet 2008, le gouvernement français présidera pour 6 mois l’Union Européenne. L’énergie et le nucléaire sont deux enjeux majeurs de cette présidence.

Le lendemain du rassemblement, soit les 13 et 14 juillet, N. Sarkozy recevra à Paris des dizaines de chefs d’Etat de l’Union Européenne et du pourtour méditerranéen (dont le dictateur libyen M. Kadhafi).

Le président français entend continuer à promouvoir le nucléaire, en le présentant comme une solution au changement climatique, ce qui est un mensonge pur et simple.

Le nucléaire n’est ni propre, ni renouvelable !

Le nucléaire constitue un risque grave et avéré pour les générations présentes et futures. Ne laissons pas construire de nouveaux réacteurs ou sites nucléaires en France ou ailleurs dans le monde (EPR, Bure, ITER…). Comme 90% des Européens, exigeons des investissements massifs dans les économies d’énergie et le développement des énergies renouvelables, seules solutions pour préserver efficacement le climat.

Face au changement climatique, le nucléaire n’est qu’une dangereuse illusion.

Plus d’informations ICI

 

Photos de la manifestation :

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Rassemblement devant le siège d’AREVA : la

vidéo

et la dépêche AFP

2 juin 2008 : Video – Audio

26097712_p.gifAFP : Rassemblement devant le siège

d’AREVA sur l’exploitation au Niger

PARIS – Une vingtaine de membres du collectif « AREVA ne fera pas la loi au Niger » se sont rassemblés mardi devant le siège du groupe français pour protester contre les conditions d’exploitation de l’uranium nigérien, a constaté l’AFP.

Certains manifestants étaient vêtus de combinaisons anti-irradiation, d’autres figuraient des journalistes baillonnés. Un touareg représentait les populations du nord du Niger, victimes des violences entre l’armée et la rébellion et de l’exploitation minière, selon les manifestants.

Le collectif dénonçait notamment la tenue vendredi à Agadez, au nord du Niger, d’une « audience publique » d’AREVA sur l’étude d’impact concernant son nouveau projet minier à Imouraren. Or, suite au déclenchement d’une rébellion armée en 2007, l’état d’exception est décrété sur la région, les ONG sont interdites et la presse muselée, fait valoir le collectif, qui n’a pu accéder ni à la réunion, ni à l’étude d’impact.

« AREVA profite de cette situation: qui osera dans un tel contexte venir exprimer son désaccord avec le projet du géant nucléaire qui agit en toute impunité avec la bénédiction du pouvoir central nigérien? », relève le communiqué du collectif (Attac, LCR, les Verts, Sortir du nucléaire, etc).

Les associations réclament notamment la dépollution des sites déjà exploités et une expertise indépendante.

Le Niger est le troisième producteur mondial d’uranium mais aussi l’un des pays les plus pauvres du monde.

©AFP / 27 mai 2008 14h26

AFP : Plusieurs milliers de manifestants

antinucléaires à Paris

13 juil 2008 : Revue de presse

Plusieurs milliers de manifestants antinucléaires se sont rassemblés samedi après-midi place de la République à Paris pour protester contre les projets nucléaires du gouvernement à la veille du sommet de lancement de l’Union pour la Méditerranée. Les manifestants étaient au nombre de 7.000, selon le réseau Sortir du Nucléaire. La préfecture n’avait pas encore rendu public son estimation en milieu d’après-midi.

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« Sarkozy a invité les chef d’Etat européens et méditerranéens avec l’objectif de vendre du nucléaire à toute la planète », a estimé Alain Rivat, porte-parole de Sortir du Nucléaire, dans une allocution au début de la manifestation. Une délégation européenne d’opposants à l’énergie nucléaire était présente, venus de Finlande, d’Autriche, d’Allemagne, d’Irlande, des Etats-Unis et du Niger. « Nous contestons formellement les allégations de M. Sarkozy et ses dirigeants du nucléaire en général qui prétendent que le nucléaire permettrait de lutter contre le réchauffement climatique », avait déclaré peu avant déclaré Stéphane Lhomme, autre porte-parole de Sortir du Nucléaire, lors d’une conférence de presse avant la manifestation. « Nous contestons aussi que cela permette de protéger la France de la montée du prix de l’énergie. Il suffit de voir les pêcheurs, les routiers, les automobilistes: tout le monde est finalement frappé de plein fouet par la montée du prix de l’énergie », a-t-il ajouté.

Dans le nord du Niger, l’extraction de l’uranium aura pour conséquence « la destruction totale du cadre de vie des populations », a déclaré pour sa part Issouf Maha, maire de Tchirozérine, située en territoire touareg dans le nord du pays. Selon l’édile nigérien, 60% des 40.000 km2 que couvre sa commune ont été vendus à des compagnies d’extraction de minerai. Avec l’EPR, « les Finlandais servent de cobayes pour une technologie radicalement nouvelle », s’est inquiétée de son côté la Finlandaise Angela Oker-Blom, du Réseau International des Artistes pour un Avenir Propre, qui a aussi dénoncé les effets sur l’environnement de la recherche d’uranium dans son pays par AREVA.

AFP 12 juillet 2008

Les ONG nigériennes du Réseau ROTAB

réclament l’application de l’Initiative sur la

Transparence dans les Industries Extractives

2 aoû 2008 : Documents

Déclaration de Presse 

Réunies le samedi 26 juillet 2008, en Assemblée Ordinaire, à l’effet d’examiner plusieurs points inscrits à son ordre du jour, les Organisations Membres du Réseau des Organisations pour la Transparence et l’Analyse Budgétaire font la déclaration suivante :

Vu la Constitution du Niger du 09 août 1999, notamment en son article 31 qui dispose que les biens publics sont sacrés et inviolables, Considérant l’adhésion du Niger à l’Initiative sur la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE),
Considérant que la transparence dans les industries extractives doit être effective sur toute la chaîne (de la signature à la répartition des revenus générés par les ressources naturelles non renouvelables et les impactes environnementaux),
Considérant la signature du contrat d’exploitation pétrolière du bloc d’Agadem, entre le gouvernement du Niger et la « China National Oil and Gaz Development and Exploration Corporation »,

Le ROTAB dénonce et condamne :

1. L’opacité qui a entouré la signature du contrat entre le gouvernement du Niger et la filiale de CNCP.

2. La mise à l’écart des techniciens nationaux compétents dans le domaine des industries pétrolières.

3. L’utilisation exclusive des personnes ressources extérieures et de qualité douteuse.

4. Le manque d’information sur l’utilisation faite du bonus des 127 milliards accordé par les chinois à la suite de la signature du contrat du bloc d’Agadem.

5. Le refus du gouvernement de mettre à la disposition de la société civile le contrat avec les chinois sur l’exploitation pétrolière ainsi que celui signé avec AREVA.

6. Le retard manifeste dans la mise en œuvre de l’ ITIE au Niger,

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Obtention du Certificat de Conformité

Environnementale pour le Projet Imouraren

2 aoû 2008 : Documents

Communiqué d’AREVA – 31 juillet 2008

Confirmant les conclusions de l’atelier de validation qui s’était tenu du 19 au 21 mai derniers à Agadez, dans le nord du Niger, les autorités nigériennes, en la personne du directeur du Bureau d’Evaluation Environnementale et des Etudes d’Impact (BEEEI), ont officiellement remis à AREVA, mardi 29 juillet, un Certificat de Conformité Environnementale pour le Projet Imouraren. Signé par le Ministre de l’Environnement et de la Lutte Contre la Désertification, ce document fait partie intégrante du dossier pour le permis d’exploiter (PEX) dont la demande a officiellement été déposée le 15 mai dernier. Une décision des autorités en faveur de l’attribution du PEX ouvrirait la voie aux investissements massifs prévus pour le site (près de 1,2 milliards d’euros sur les trois premières années) et au lancement des premiers travaux d’envergure. Prévu pour débuter à partir de 2012, l’exploitation du gisement d’Imouraren devrait produire à terme près de 5000 tonnes d’uranium par an et devenir la deuxième plus grande mine d’uranium à ciel ouvert au monde.

Au sujet du projet Imouraren, lisez notre communiqué du 27 mai 2008 : AREVA profite de l’état d’urgence au Nord du Niger pour valider son énorme projet minier d’Imouraren

7 oct 2008 : Documents

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Des gisements d’uranium sont exploités à moins d’une centaine de kilomètres de la frontière algéro-nigérienne par deux compagnies françaises dans la région d’Arlit au Niger. L’émanation des poussières radioactives et du gaz radon-222, poussés par les vents du Sud, traversent les frontières et se dispersent plus particulièrement sur une grande superficie du Sud algérien, détruisant pour toujours le système écologique.

Cette émanation toxique tue les hommes, la flore et la faune, sur une échelle plus grande que les restes des essais nucléaires français au Sahara.

L’uranium du Niger est seulement indispensable au programme électronucléaire massif de la France, mais surtout pour la fabrication d’armes nucléaires, qui sont prohibées pour certains et permises pour d’autres. L’uranium du Niger, une fois traité sur site et délesté de ses déchets radioactifs, représente 96,5% du volume de minerai extrait, le « yellowcake » (concentré de minerai jaunâtre), une part est transportée vers le Libye par Agadez, le reste est acheminé au Bénin jusqu’au port de Cotonou.

Ce qui est inquiétant, c’est l’existence de la mine elle-même, car elle restera pour l’éternité une grande source d’émanation de la radioactivité, tuant à petit feu les populations d’Afrique (voir tableau 1). Libéré en grande quantité par l’activité minière et les déchets radioactifs, le gaz radon-222, élément radioactif, qui peut parcourir des milliers de kilomètres en quelques jours sans jamais s’éloigner de la surface du sol, à cause de sa densité et la pesanteur. Le radon s’émane aussi en grande quantité des montagnes de résidus radioactifs, qui jonchent auprès des mines et aussi par les cheminées d’aération de la mine. A Arlit, une montagne de 15 m de haut sur une superficie de 85 hectares de surface et d’un volume de 12,5 millions de tonnes de résidus radioactifs est soumise au gré des vents qui transportent ses poussières sur des milliers de kilomètres.

Sur le site de la mine d’Arlit, des mesures faites clandestinement par des ONG européennes donnent une teneur moyenne de 49 000 Bg/kg pour le thorium 230, 57 000 Bg/kg pour le radium 226 et 54 000 Bg/kg pour le plomb 210, soit une radioactivité totale supérieure à 500 000 Bg/kg, si l’on ajoute la contribution des 14 descendants de l’uranium (voir tableau 1). Laissés à l’air libre, la poussière de résidus radioactifs et le gaz radon-222 sont emportés par les vents dominants, soufflant du sud vers le nord, jusqu’en profondeur du territoire algérien.

A Tamanrasset comme à Adrar des morts suspectes dues à l’irradiation radioactive ont été enregistrées, la plupart des habitants du Sud algérien portent un cancer des poumons, les enfants dès leur jeune âge souffrent des difficultés respiratoires, les services sanitaires ont relevé sur la population des signes de stress et de perte de mémoire, d’autres sont apparues : les cancers de la peau, les cancers de gorge, les déformations physiques, la chute de cheveux à un âge prématuré, etc. Des mesures hasardeuses qui ont été faites dans différents sites du sud du pays se sont avérées alarmantes et quelques fois elles dépassent largement le seuil de radioactivité admis pour l’homme et la nature.

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Invitation réunion conjointe : collectifs « Malgré

tout » et « Areva ne fera pas la loi au Niger »

10 sep 2008 : Agenda

A l’occasion de la naissance du Collectif « D’un plateau à l’autre, du Larzac à la Quebrada (Argentine) l’uranium contre la vie« , initié par M. Miguel Benasayag, les deux collectifs vous convient à une réunion, le 22 Septembre 2008, sur le thème :

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Le sort des populations autochtones du Nord

Ouest Argentine et du Nord Niger face à l’essor

fulgurant de l’uranium

De véritables catastrophes humaines, sociales et environnementales perdurent ou s’annoncent pour les populations autochtones

Ces deux derniers mois, au moins deux demandes d’exploration d’uranium ont été déposées pour les sites de Juella et de Yacoraite, deux vallées affluentes de la vallée principale parcourue par le Río Grande qui traverse Tilcara, village situé dans la célèbre « Quebrada » de Humahuaca (Province de Jujuy, terre de l’Inca). A l’instar du drame que connaissent depuis 40 ans les populations du Nord Niger où les territoires sont sacrifiés sur l’autel du profit et au mépris des droits humains les plus fondamentaux, les indiens Quechuas et Aimaras de la province de Jujuy se voient menacés dans leur existence par de nouveaux projets de mine d’uranium à ciel ouvert, dont les désastres écologiques, sociaux et culturels irréversibles ne sont plus à démontrer mais reste à dénoncer.

L’exploitation de l’uranium au Niger est synonyme de pollutions multiples, d’expulsions des populations de leurs territoires ancestraux, de désarticulation de leur mode de vie (autosuffisance historique), d’épuisement irréversible des nappes d’eau… Les indiens Quechuas et Aimaras de Juyuy risquent de connaître le même sort.

Des territoires spoliés, pollués et pillés de leurs ressources en eau

La Cordillère des Andes subit une véritable invasion des industries extractives, notamment celle de l’uranium qui connaît une ascension mondiale fulgurante. Ainsi, en Argentine, après les ravages des lobbies du soja OGM qui ont déboisé des centaines de milliers d’hectares de terre, expulsé des dizaines de milliers paysans, les populations autochtones assistent au retour dévastateur des mines d’uranium à ciel ouvert. Ces populations se voient menacées par les incidences directes et immédiates sur les équilibres écologiques et culturels fragiles, tant sur le haut plateau de la Puna, que dans les vallées.

Dans la province de Jujuy (plateau de la Puna) de nombreux projets d’exploration et d’exploitation de mines d’uranium à ciel ouvert resurgissent, notamment ceux des deux exploitants Aguilar et Pirquita. Si les populations du Nord Niger sont asphyxiées tant par un conflit armé que par les effets pervers de l’exploitation uranifère, les communautés paysannes et indigènes de la province Jujuy subissent le même sort et trouvent pour seul refuge les bidonvilles et les quartiers suburbains où elles mènent une existence des plus indécentes.

Cette reprise d’activité accélérée au Nord Ouest d’Argentine et la concentration des projets miniers auront des conséquences à moyen et long terme sur les ressources en eau de la région de Quebrada et Puna, avec les risques de contamination chimique de l’eau et son épuisement irréversible (la seule mine de Pirquita consomme 70 000 m3 par jour). D’ores et déjà l’‘ex’- lagune de Guayatayoc, sur la Puna Argentine est totalement asséchée et de nombreux villages sont privés d’eau faisant les frais du pillage par les sociétés extractives. Il en va de même pour la célèbre vallée “Quebrada” de Humahuaca, un site pourtant déclaré en 2002 Patrimoine Naturel et Culturel de l’UNESCO.

Quel sort pour les populations autochtones ?

Qu’elles soient dans l’Aïr (Nord Niger) ou sur les plateaux de la cordillère des Andes, les populations autochtones payent l’uranium au prix fort, celui de leur devenir, du devenir de leurs enfants et de leur mode de vie. Dans ces deux cas, l’épuisement des ressources uranifères très attractives pour les multinationales, s’accompagnant inéluctablement de l’épuisement des ressources en eau et d’une destruction de l’écosystème, signeront l’arrêt de mort de toute activité agropastorale et par la même de toute vie humaine.

La manne financière de l’industrie uranifère est à ce jour un indicateur de fausse croissance et de destruction de modes de vie ancestraux.

Des actions locales à soutenir

Face à ces menaces, un groupe informel d’habitants dits « autoconvoqués », tentent de se mobiliser sur place. Ce groupe a été initié par M. Roger Moreau, un français établi à Tilcara et adopté par les indiens Quechuas de la région depuis 1985. Après avoir mené pendant dix ans (1971 et 1982) le combat sur le Larzac pour repousser le projet de camp militaire, Roger Moreau mobilise les paysans locaux pour un nouveau combat contre le projet de mine d’uranium à ciel ouvert à trente kilomètres en amont de Tilcara.

A l’heure où le nucléaire est largement présenté et médiatisé comme ressource énergétique alternative et propre, les problèmes de fond qui remettent en cause l’existence même des populations autochtones tant en Argentine qu’au Niger, doivent être sans cesse mis en lumière et dénoncés, en France et partout ailleurs.

Les collectifs « AREVA ne fera pas la loi au Niger » et « Malgré tout« , souhaitent mobiliser toutes les énergies afin de dénoncer ces faits, soutenir ces populations menacées et favoriser la solidarité Sud/Sud

Le Collectif d’un plateau à l’autre, du Larzac à la Quebrada (Argentine) « l’uranium contre la vie », tend à ériger un pont entre les deux continents (Afrique/ Amérique Latine) afin de permettre à ces populations vulnérables de conjurer leurs souffrances et de pallier à leur isolement face aux multinationales.

A tous ceux qui veulent s’informer, soutenir ou participer à ce combat contre la fatalité, rendez-vous :

Lundi 22 septembre 2008, à 20h00,
au Siège d’ %Attac France
66-72 rue Marceau – 93100 Montreuil
www.malgretout.org
Contact : arevaneferapaslaloi@gmail.com

Lettre à la Banque Européenne d’Investissement

11 sep 2008 : General

Le collectif « AREVA ne fera pas la loi au Niger » est co-signataire du courrier envoyé par Les Amis de la Terre au Président de la Banque Européenne d’Investissement et aux Vice-Présidents concernés sur un éventuel soutien de la banque aux mines d’uranium d’AREVA au Niger.


logo.gifA : Philippe Maystadt, Président

Copies à : Philippe de FONTAINE VIVE CURTAZ, Vice Président
Plutarchos SAKELLARIS, Vice Président
Montreuil, le 8 septembre 2008

Objet : éventuel financement de projets miniers d’AREVA

Monsieur le Président,

Nous vous écrivons suite à la publication de plusieurs articles faisant état de l’intensification des activités minières d’AREVA en Afrique (1). Nous supposons qu’AREVA aura besoin de financements pour mettre en oeuvre ces projets. Notant que la BEI a récemment approuvé un prêt de 400 millions d’euros en faveur pour l’usine d’enrichissement d’uranium du Tricastin, nous souhaiterions :

  • savoir si AREVA vous a déjà contacté pour des projets de mine d’uranium en Afrique,
  • vous apporter quelques informations sur le passif de l’entreprise dans ce domaine.

Comportement irresponsable d’AREVA au Niger

En effet, AREVA est réputée pour sa gestion déplorable des mines d’uranium en Afrique, en particulier au Niger, où ses filiales, la Cominak et la Somair, exploitent l’uranium depuis les années 70. Nous nous appuyons ici sur ces deux exemples et sur les études de la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD) et de l’association Sherpa sur le terrain pour illustrer les très sérieux problèmes entourant l’exploitation des mines d’uranium par les filiales d’AREVA (voir rapports ci-joint).

Des études et mesures effectuées par la CRIIRAD entre 2004 et 2005 démontrent que les activités d’exploitation de l’uranium ont provoqué de graves contaminations des eaux distribuées aux travailleurs et à la population, avec des taux de contamination aux particules alpha (parmi les plus dangereuses pour la santé humaine) 7 à 110 fois supérieures aux seuils recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et le dépassement des normes de potabilité internationales. Informée par son laboratoire d’analyse, l’entreprise se contente d’ignorer le problème.

L’enquête de la CRIIRAD observe également la dissémination de ferrailles contaminées dans la population, ainsi que le stockage de montagnes de déchets hautement radioactifs non recouverts et dispersables par les vents. Des gaz radioactifs sont également rejetés à l’air libre, exposant toutes les communautés alentour. Ces contaminations de l’air, des sols et de l’eau se poursuivront sur plusieurs générations.

L’association Sherpa, qui a conduit plusieurs visites sur le terrain dénonce l’absence de protection et d’information des ouvriers. Pendant plus de quinze ans, ceux-ci ne portaient aucun masque de protection et n’avaient reçu aucune formation sur les risques de la radioactivité. Si la santé des mineurs et de leur famille est, dans ces conditions, déplorable (maladies pulmonaires multiples), ils sont totalement désinformés : des médecins avouent ainsi faire sciemment de faux diagnostics en cas de cancer, quand le patient n’a pas les moyens de payer les traitements appropriés.

A la suite de ces études, AREVA s’est vu attribuer en 2008 le Public Global Eye Award, qui «récompense » les entreprises s’étant distinguées par leur mépris des droits environnementaux et sociaux au niveau international.
Malheureusement, le comportement scandaleux d’AREVA dans le cadre de ses mines d’uranium ne se limite pas aux opérations au Niger. Vous trouverez ci-joint un point de presse soulevant les problèmes liés aux anciennes mines de l’entreprise au Gabon.

Nos questions à la BEI

Au regard des impacts sociaux et environnementaux très lourds des projets miniers, des dangers particuliers induits par l’exploitation de l’uranium, et du comportement désastreux d’AREVA, nous souhaiterions vivement :

  • Etre informés de toute collaboration entre AREVA et la BEI avant qu’une demande formelle de prêt ne soit formulée.
  • Etre informés de toute demande de soutien d’AREVA à la BEI, dès le premier stade d’évaluation préliminaire du ou des projets.
  • Rester en contact avec vous sur le sujet, afin de pouvoir vous faire parvenir toutes les informations utiles à votre évaluation des projets dont nous disposons, et ce dès les tout premiers stades de cette évaluation.

En vous remerciant d’avance de votre réponse, nous vous prions de croire, Monsieur le Président, en l’expression de notre haute considération.

Anne-Sophie Simpere Chargée de campagne Responsabilité des acteurs financiers Les Amis de la Terre

Signataires :

AITEC (Association Internationale de Techniciens, Experts et Chercheurs), ATTAC France, Collectif « Areva ne fera pas la loi au Niger », IPAM (Initiatives Pour un Autre Monde), ISF (Ingénieurs sans frontières), MIR France (Mouvement international de la Réconciliation), Réseau « Sortir du nucléaire » (Fédération de 830 associations), Association Survie.

(1) “AREVA, Technip team up in Africa-focused uranium venture“ Mining weekly, 20.3.2008, ou : “Areva Lands Uranium Miner” Forbes, 15.6.2008, ou encore: “Areva signs uranium mining deal in Africa“, International Herald Tribune, 2.8.2008

NIGER : L’uranium – bénédiction ou

malédiction ?

19 nov 2008 : Documents

transparentlogo.gifArticle publié par IRIN le 16 octobre 2007

DAKAR, 16 octobre 2007 (IRIN)

Tandis que la demande mondiale en énergie nucléaire grimpe, les vastes réserves d’uranium du Niger ne sont pas un atout pour la population du pays, à en croire les analystes ; au contraire, elles ne font qu’ajouter aux graves problèmes qui pèsent sur la région.

Pays pauvre situé à la lisière sud du désert du Sahara, le Niger dispose de réserves d’uranium – source principale de combustible nucléaire – parmi les plus importantes du monde, mais n’en tire presque aucun avantage.

Au contraire, selon les organisations locales et internationales, l’exploitation de l’uranium par des sociétés principalement étrangères a des conséquences néfastes sur l’environnement et la santé des populations dans l’extrême nord du pays.

Les opérations minières sont aussi à l’origine de tensions politiques nationales : notamment, une des exigences principales du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ), une milice armée aux prises avec l’armée nigérienne depuis février, repose sur une répartition plus équitable des revenus générés par l’exploitation de l’uranium.

« Le fait qu’il y ait de (l’uranium au Niger) est plus un mal qu’un bien, pour l’instant » selon Jeremy Keenan, professeur à l’université de Bristol au Royaume-Uni, et autorité reconnue sur le Sahara. « C’est une malédiction pour la région et les populations qui y vivent  Cela a tout le potentiel d’une situation tout à fait explosive. »

Peu d’avantages

Les associations de la société civile au Niger, ainsi que plusieurs universitaires aux Etats-Unis et au Royaume-Uni s’accordent sur le fait que les populations du Niger n’ont pas profité des 100 000 tonnes d’uranium extraites ces 36 dernières années. Le Niger, qui produit plus de 3 000 tonnes d’uranium par an, se situe entre la troisième et la cinquième places mondiales en matière de production d’uranium.

Néanmoins, selon l’Indice de développement humain 2006 du Programme des Nations Unies pour le Développement, le Niger est le pays le plus pauvre du monde : l’espérance de vie est de 45 ans, 71 pour cent des adultes ne savent pas lire, et 60 pour cent de la population survit avec moins d’un dollar par jour.

« Le peuple nigérien ne profite pas de ces revenus », selon Ali Idrissa, coordinateur de la branche nigérienne de Publish What You Pay, une coalition internationale d’organisations non-gouvernementales (ONG) qui appellent les compagnies extractives (pétrole, gaz, mines) à communiquer les montants qu’elles versent aux gouvernements pour l’extraction des ressources naturelles.

Le gouvernement nigérien, notamment, ne perçoit qu’une faible part des revenus de l’uranium : ce sont des sociétés étrangères qui détiennent une participation majoritaire dans SOMAÏR et COMINAK, les deux entreprises productrices d’uranium, gérées et principalement détenues par AREVA, multinationale française et géant mondial de l’exploitation minière.

En juillet, les autorités ont renégocié le prix de l’uranium, augmentant ainsi le taux de redevance au kilo, pour le porter à 40 000 francs CFA (soit 86 dollars) pour l’année 2007. Malgré tout, aux termes d’un accord vieux de plusieurs décennies, les deux sociétés de production ne sont pas tenues de verser plus de 5,5 pour cent de leurs revenus à l’Etat. En 2006, cela équivalait seulement à 10 milliards de francs CFA (22 millions de dollars), selon le ministère de l’Exploitation minière et de l’Energie.

D’après Robert Charlick, professeur à l’université publique de Cleveland et auteur d’ouvrages sur le Niger, les revenus de l’uranium permettent néanmoins au gouvernement de moins dépendre des impôts, et donc d’avoir moins besoin du soutien de la population, et particulièrement de la grande majorité de la population rurale isolée du pays.

« Cela a détruit la perspective de voir apparaître un système politique plus attentif aux intérêts des populations rurales », a expliqué M. Charlick à IRIN. Si l’industrie minière a permis un certain développement, a-t-il poursuivi, ce développement s’est opéré de façon à servir la production de l’uranium, et non à profiter au Nigérien moyen. Une route vers Arlit a été construite à travers la ville minière de Tahoua pour permettre le transport de l’uranium, et l’exploitation du charbon a été développée pour permettre le fonctionnement des centres de production d’uranium. « Ces régions ont l’électricité, mais rares sont les autres zones rurales du pays qui l’ont », a-t-il ajouté.

Préoccupations sanitaires et environnementales Le mécontentement est également de plus en plus vif chez les milliers de mineurs et les populations qui vivent près des sites miniers de la région d’Agadez, dans le nord ; ceux-ci se plaignent de conditions de travail dangereuses et de l’exposition de la communauté aux substances radioactives.

En août, un mouvement d’associations de la société civile aurait exigé qu’AREVA verse 300 milliards de francs CFA (647 millions) de dommages et intérêts pour ses années d’exploration dans des « conditions injustes et iniques ».

Selon une enquête réalisée en 2005 par Sherpa, un réseau international d’avocats qui plaident pour la responsabilité sociale des entreprises, les personnes qui travaillent dans les mines d’uranium nigériennes ne sont pas informées des risques sanitaires auxquels elles sont exposées ; ne bénéficient pas des mesures de sécurité les plus essentielles ; et ne sont pas toujours soignées en cas de cancer du poumon. Il a été démontré qu’à long terme, l’exposition au radon – un gaz obtenu par transformation de l’uranium – par inhalation avait un lien avec l’apparition du cancer du poumon. 200411922.JPGSelon CRIIRAD, une autre ONG française, l’eau, la terre et les morceaux de ferraille qui se trouvent dans la zone d’exploitation des deux mines du Niger présentent des taux de radioactivité dangereusement élevés.

Pour Mamane Sani Adamou, d’Alternative Espaces Citoyens, une organisation de la société civile, l’extraction de l’uranium a gravement porté atteinte à l’environnement, réduisant notamment les forêts et les pâturages.

La multinationale a fait obstacle à la poursuite des recherches visant à démontrer scientifiquement la véracité des allégations de pollution et de préjudice sanitaire, selon M. Keenan, de l’université de Bristol.

Areva a systématiquement nié ces allégations, et attribué le nombre élevé de maladies à la rudesse du climat désertique. Dans une déclaration écrite, envoyée en réponse aux questions d’IRIN, Areva a dit faire l’objet d’audits externes réguliers ayant trait à la santé, à l’environnement et à la sécurité ; selon les conclusions d’un de ces audits, réalisé par l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), un organisme français, la société opère conformément aux normes internationales. La société AREVA également indiqué qu’elle ouvrirait un centre de santé près de ses sites d’exploitation.

« Les accusations de négligence et de manque de transparence portées à l’encontre d’AREVA sont en contradiction totale avec les faits réels », selon le document. Une source de conflit potentiel

Tandis que la concurrence générale pour l’obtention des ressources africaines se fait de plus en plus vive – Daniel Volman, chercheur indépendant exerçant à Washington, parle d’une « concurrence mondiale entre les Etats-Unis et la Chine pour l’accès aux réserves énergétiques » – certains analystes craignent que l’uranium nigérien ne devienne également une source de tensions.

Selon l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, la demande mondiale globale en énergie augmentera d’au moins 50 pour cent au cours des 25 prochaines années et devra être satisfaite principalement par des combustibles non-fossiles, et particulièrement par l’énergie nucléaire.

« Les Etats-Unis et tous les autres pays industrialisés ou en voie de développement se tourneront vers l’Afrique comme source d’uranium », a expliqué M. Volman, qui étudie la politique américaine en Afrique, en matière de réserves d’énergie. « Le processus a déjà commencé et va prendre de l’ampleur ».

Le Niger abrite les plus grandes réserves d’uranium d’Afrique, principalement accaparées par AREVA depuis plusieurs années. Le gouvernement tente à présent de trouver d’autres partenaires et a délivré plus de 100 permis d’exploration à des sociétés canadiennes, américaines, chinoises, indiennes et autres, au cours de cette dernière année, seulement.

« De nombreux pays du monde sont en quelque sorte prêts à tout pour mettre la main sur de l’uranium », a résumé M. Keenan de l’université de Bristol, ajoutant : « Il risque d’y avoir progressivement de plus en plus de conflits de ressources dans le monde ». La guerre de l’uranium ?

Jusqu’ici, l’instabilité de la région sahélienne était due à des facteurs autres que l’exploitation des ressources. Mais au Niger, l’uranium participe d’un mélange de facteurs potentiellement explosifs, notamment la guerre menée par les Etats-Unis contre le terrorisme, la rébellion dans le nord et la politique du gouvernement, qui interdit toute négociation avec les rebelles.

D’après M. Volman, chercheur indépendant, la présence de ressources naturelles amène les gouvernements étrangers à apporter un soutien militaire et financier aux pays riches en ressources de façon à s’assurer un accès continu à ces ressources. Les Etats-Unis assurent déjà l’entraînement militaire des officiers nigériens, a-t-il expliqué, et le Niger a participé à d’autres programmes d’équipement offerts par les Etats-Unis par le passé.

Or, pour M. Volman, une militarisation accrue mène à une agressivité accrue des gouvernements envers leurs propres administrés et les pays voisins. « Cela favorise la répression interne. Et cela encourage aussi les pays à envahir leurs voisins », a-t-il affirmé. « Cela les incite à se résoudre à la force, à la fois pour solutionner leurs problèmes et pour saisir les occasions qui se présentent à eux – et notamment l’occasion d’envahir les pays voisins et de les piller ».

« On peut difficilement citer un exemple où la présence de ressources en Afrique n’a pas été une malédiction totale », a poursuivi M. Volman. « Je m’attends à ce que le Niger reproduise le même type de cycle constaté dans d’autres pays, car il est déjà en train de suivre la même trajectoire ».

Depuis le mois de février, les rebelles du MNJ ont pris d’assaut plusieurs avant-postes de l’armée nigérienne et mené des attaques contre certaines sociétés minières étrangères ; ils ont notamment tué au moins 45 soldats et enlevé un ressortissant chinois qui travaillait à l’exploitation de l’uranium, avant de le libérer, sain et sauf. En juillet, le MNJ a conseillé à tous les ressortissants étrangers travaillant dans le secteur de l’exploitation minière des ressources naturelles de quitter les zones de conflit « pour leur sécurité ».

Malgré tout, pour certains, les prévisions d’un violent conflit au sujet de l’uranium sont exagérées. « Je ne pense vraiment pas qu’il faille s’attendre à une guerre de l’uranium », a assuré M. Charlick de l’université publique de Cleveland. « Ce sera un problème économique de plus en plus pesant, mais je ne m’attends pas à ce qu’il débouche sur une bataille ».

M. Idrissa de Publish What You Pay n’est pas du même avis ; à la question « la présence d’uranium pourrait-elle aboutir à une guerre régionale ? », il répond quant à lui :

« Vu les intérêts de certaines puissances en matière d’uranium, il faut s’attendre à tout ».

« On peut difficilement citer un exemple où la

présence de ressources en Afrique n’a pas été

une malédiction totale »

19 nov 2008 : Documents

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Uranium, vers une nouvelle malédiction ?

La récente ruée sur l’uranium subsaharien bouleverse les monopoles de jadis. Des sociétés canadiennes, américaines, chinoises, sud africaines, indiennes remettent en cause la répartition des gisements nigériens. Majoritairement concentrées au Niger (lire Bataille pour l’uranium au Niger, d’Anna Bednik, Le Monde Diplomatique, juin 2008) et en Namibie, respectivement troisième et sixième producteurs mondiaux, les réserves d’uranium d’Afrique subsaharienne se retrouvent aujourd’hui au centre du phénomène de renaissance nucléaire et d’une spirale des prix qui a vu croître le coût de la livre d’oxyde d’uranium de près de 1000% durant ces sept dernières années (elle s’achète actuellement autour de 82 dollars la tonne contre un pic de 136 dollars l’année dernière).

Cette ruée sur l’uranium subsaharien (New Uranium Mining Projects) bouleverse les monopoles de jadis. La française AREVA, dont les filiales Cominak et Somaïr gardaient depuis les années 1970 la mainmise sur les gisements nigériens, a vu débouler depuis 2007 sur ses plate-bande sahéliennes des sociétés canadiennes, américaines, chinoises, sud africaines, indiennes, auxquelles Niamey a octroyé plus de cent permis d’exploration.

Si l’on est encore loin d’une guerre de l’uranium, la demande croissante en combustible non fossile pour les 25 prochaines années pourrait bien voir s’intensifier les tensions entre l’Etat central et les populations autochtones, voire entre entreprises transnationales, autour de ces ressources. En somme, déboucher, à l’instar de la guerre de basse intensité livrée autour du brut du Delta du Niger, sur une potentielle nigérianisation des zones uranifères. On peut difficilement citer un exemple ou la présence de ressources en Afrique n’a pas été une malédiction totale, note Daniel Volman, directeur de l’African Security Research Project à Washington, dans l’article, remarquablement équilibré, publié en 2007 par le bureau pour la coordination des affaires humanitaires de l’Onu (Niger : l’uranium – bénédiction ou malédiction ?). Je m’attends à ce que le Niger reproduise le même type de cycle constaté dans d’autres pays, car il est déjà en train de suivre la même trajectoire, précise ce chercheur américain.

Une première étape a déjà été franchie : en renégociant l’année dernière le prix de l’uranium et en augmentant son taux de redevance au kilo, l’Etat nigérien est devenu moins dépendant des impôts. Il a donc moins besoin du soutien des populations rurales. Et moins besoin d’être attentif aux demandes des populations du Nord Niger. Ce qui n’a fait que gonfler les rangs des sympathisants du Mouvement Nigérien pour la Justice (MNJ) — aux prises avec l’armée sur fond de répartition plus équitable des revenus générés par l’exploitation de l’uranium — et durcir la répression contre tous ceux, journalistes et militants des droits humains en premier lieu, suspectés de sympathies avec le MNJ. Le journaliste Moussa Kaka, correspondant de Radio France Internationale, en paie le prix en prison depuis un an ce vendredi 19 septembre.

Une seconde étape est en train d’être franchie : la militarisation accrue d’un pays parmi les plus pauvres du monde, et la sanctuarisation de ses coffre-forts minéraux, avec le risque que ses problèmes ne soient uniquement résolus par la manière forte. Dotées d’un nouvel armement chinois, les forces militaires de Niamey sont par ailleurs couvées par les Etats-Unis qui assurent l’entrainement militaire de leurs officiers.

Face à cette vision pessimiste, certains pourront rétorquer que la nouvelle course vers l’uranium nigérien a réveillé le ressentiment de la population touarègue à l’égard du pouvoir central et, plus globalement, des opérateurs étrangers impliqués dans la zone de conflit. En somme, que la crise vécue par Niamey dans son pourtour saharien est bien spécifique. A entendre le mécontentement grandissant des ONG namibiennes impliquées dans la protection de l’environnement, face au grand jeu international auxquelles se livrent actuellement une quarantaine d’entreprises extractives (dont Areva) dans le désert de Namibie, on peut commencer à en douter (Lire Increased Nuclear Energy Demand Boosts Namibia).

Lorsque le défunt militant nigérian Ken Saro Wiwa s’attaqua au début des années 1990 à Shell, qui exploitait le territoire ogoni au cœur du Delta du Niger, sa lutte était pacifique. Et pour des raisons majoritairement liées à la détérioration de l’environnement. On connaît la suite…

Jean-Christophe Servant pour CETRI - Centre Tricontinental (Belgique)
Le 03-10-2008

« La Françafrique au secours de l’uranium »

d’Imouraren : AREVA propose d’aider Tandja à

« mater la rébellion touarègue »

3 dec 2008 : Revue de presse

Dans ses communiqués officiels, le groupe AREVA a souvent tendance à mettre la charrue avant les boeufs. Aussi, la mise en place du projet d’uranium géant d’Imouraren est loin d’être acquise pour AREVA. Les négociations toujours en cours, via Thierry d’Arbonneau, sont âpres et compliquées entre le « fleuron français » et le président nigérien. A ce sujet, lisez la Lettre du Continent du 2 octobre 2008.

Le 5 novembre 2008, le Canard Enchaîné publiait un article des plus instructifs, intitulé « La Françafrique au secours de l’uranium » rapportant les propos du super-négociateur d’AREVA au Niger au cours du colloque « Sécurité économique », organisé par le MEDEF (en présence notamment de Michèle Alliot-Marie, Ministre de l’Intérieur français) :

« L’amiral (à la retraite) Thierry d’Arbonneau, délégué par son groupe au Niger (qui regorge d’uranium), s’est catégoriquement élevé contre toute réglementation des sociétés privées de renseignement et de sécurité. Ce qui compliquerait, à l’en croire, la tâche d’entreprises comme la sienne.
L’Etat français ferait mieux, a-t-il ajouté, de donner aux autorités nigériennes les moyens de mater la rébellion des Touareg, « ces hommes en bleu qui font rêver les hommes et chavirer le cœur des femmes mais ne sont qu’une illusion ». Explication de cette sortie : AREVA négocie actuellement le droit d’exploiter le gisement géant d’Imouraren. Les prix du marché et la concurrence chinoise aidant, le président nigérien, Mamadou Tandja, a déjà obtenu qu’AREVA triple son prix d’achat du minerai. Mais il souhaiterait aussi un coup de main français pour combattre les Touareg, qui, dans le nord du pays, réclament un territoire et une part du gâteau minier. Le site est donc peu tranquille, et AREVA a besoin de sécurité (publique ou privée) afin de repousser ces arrogants «hommes bleus» qui voudraient nous empêcher de creuser leur terre… J.-F. J. »

canard

Suite à cet article, aucune réaction publique de la part du directoire d’AREVA. Pourtant, les propos de son Directeur de la protection du patrimoine et des personnes constituent une provocation publique à la violence et une injure, à raison de l’appartenance raciale ou ethnique ; ils portent indéniablement atteinte à l’honneur et à la dignité des populations touarègues et du Niger en général et attentent à leurs aspirations à la paix et à l’unité nationale. De tels propos sont interdits et incriminés par les lois françaises. Ils contreviennent également à la « Charte des valeurs du groupe AREVA » en vertu de laquelle, tant le groupe que l’ensemble de ses salariés s’engagent à respecter le droit international des droits de l’homme en général, et la dignité humaine en particulier.

A défaut de démenti ou d’excuses, nous avons tout juste pu constater que, dans la semaine qui a suivi la publication de l’article du « Canard Enchaîné », l’identité de M. d’Arbonneau avait disparu du programme du colloque du MEDEF pour être insidieusement remplacée par un certain « Zéphirin Diabré, Directeur Afrique et Moyen-Orient du Groupe AREVA » ; ce changement de programme mesquin et ridiculement tardif vaut un aveu masqué de culpabilité.

Afrik.com : « AREVA, maître de la plus grande

mine d’uranium d’Afrique »

9 jan 2009 : Revue de presse

La société civile nigérienne parle d’une convention d’exploitation désavantageuse pour le paysarton16046.jpg

Le groupe nucléaire français et le gouvernement nigérien ont signé, lundi, une convention octroyant à AREVA le droit d’exploiter le gisement d’uranium d’Imouraren, le plus grand, de toute l’Afrique. Un projet qui devrait démarrer en 2012 et permettre au Niger de se placer au deuxième rang mondial des producteurs. Toutes ces bonnes perspectives laissent, tout de même, certains Nigériens sceptiques.


jeudi 8 janvier 2009, par Stéphane Ballong © afrik.com


Il s’agirait du plus grand projet industriel minier jamais envisagé au Niger, selon AREVA. Le groupe nucléaire français vient de se voir attribuer un permis d’exploitation de la mine d’Imouraren, le plus grand gisement d’uranium de toute l’Afrique. Anne Lauvergeon, la présidente du directoire du groupe nucléaire français a conclu, lundi, avec le gouvernement nigérien une convention dans ce sens.

Selon les termes de cet accord, une société d’exploitation va être créée et sera détenue à 66,65 % par le groupe français et à 33,35% par le Niger. Un peu plus de 1,2 milliard d’euros (800 milliards de francs CFA) seront débloqués pour le lancement de ce projet d’Imouraren. La nouvelle compagnie devrait démarrer ses activités en 2012, avec une production annuelle estimée, à terme, à 5 000 tonnes pendant plus de 35 ans. Et l’Etat nigérien pourra extraire et commercialiser 33,35% de cette production par le biais de la société du Patrimoine des Mines du Niger (SOPAMIN).

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NIGER • AREVA accusé de toutes parts

12 mar 2009 : Revue de presse

Courrier international. hebdo n° 958 – 12 mars 200910.png

Le groupe français exploite depuis quarante ans des mines d’uranium à Arlit. Si sa présence est un atout pour l’économie locale, elle laisse cependant à désirer sur le plan de l’environnement.

AREVA est le groupe nucléaire français qui construit en ce moment des centrales dans toute l’Europe et doit piloter le développement du nucléaire britannique. Depuis quarante ans, il exploite les mines d’uranium du nord du Niger à partir de sa base d’Arlit. Quand on entre dans la ville, on a un peu l’impression d’être dans un film de série B des années 1950 sur la fin du monde. Arlit est entourée d’un désert formé non pas des belles dunes ondoyantes des magazines de voyage, mais d’une vaste plaine aride balayée par les tempêtes de poussière orange venues du Sahara.

Les 2 000 employés de la mine vivent dans des pavillons entretenus par l’entreprise, dans des rues bien ordonnées, et disposent d’eau courante propre et d’électricité. Au menu du club-house figurent des plats français tels que le magret de canard. Il y a des écoles, un hôpital et des terrains de sport où tout le monde est censé pouvoir jouer au football, une installation invraisemblable au milieu du désert. Mais ces équipements ne sont ouverts qu’aux familles des mineurs et aux fonctionnaires en poste dans la ville.

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Charlie Hebdo – Le lobbying d’AREVA pour

l’uranium du Niger

29 avr 2009 :Revue de presse

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L’indépendance énergétique française repose sur le nucléaire, mais aussi sur des amitiés avec des pays pas toujours fréquentables. Par exemple, le Niger, principal fournisseur de l’uranium utilisé dans les centrales françaises. Charlie a obtenu des preuves sur les tueries commises par les autorités de ce pays.

Notre enquête révèle les détails des prochaines actions de lobbying que compte entreprendre l’industriel français du nucléaire, AREVA, pour faire oublier les origines politiques de cet uranium.

Au cours de notre enquête. Nous avons appris que le groupe AREVA prépare pour le 25 mai une conférence de presse commune avec l’ONG Sherpa, une organisation spécialisée dans la défense des droits de l’Homme, fondée par l’avocat William Bourdon. A cette occasion, les dirigeants de Sherpa et d’AREVA rendront publique la signature d’une convention pour la mise en place d’observatoires sanitaires et sociaux, d’abord au Gabon, puis éventuellement au Niger. Une manière pour l’industriel de donner des gages de sa bonne volonté. L’ONG garantira l’indépendance du dispositif.

Selon nos informations, le 4 avril dernier, Sherpa et AREVA sont parvenus à un texte qui les a satisfaits. Interrogé sur ce partenariat, Yann Queinnec, le directeur de Sherpa, a refusé de commenter cette information, tout en confirmant l’existence de ces discussions.

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Imouraren, un désastre annoncé ! Communiqué

du 4 mai 2009

4 mai 2009 : Communiqués du Collectif

Communiqué en PDF pdf-icon

Ce 4 mai 2009, AREVA et les autorités nigériennes inaugurent l’exploitation uranifère d’Imouraren, le plus grand projet industriel jamais envisagé au Niger. Plus importante mine d’uranium d’Afrique et deuxième au monde, Imouraren devrait voir se prolonger le scandale de l’exploitation de l’uranium nigérien.

Anne Lauvergeon, présidente du groupe français, Mamadou Tandja, président nigérien et l’ambassadeur de France au Niger, font le déplacement.

Cette inauguration a lieu un mois après la venue du président Nicolas Sarkozy à Niamey, le 27 mars, pour consacrer l’accord entre le gouvernement nigérien et AREVA signé en janvier 2009 et quelques semaine après l’acceptation de pourparlers par le gouvernement nigérien avec la rébellion sévissant au Nord Niger depuis février 2007. En somme, tous les acteurs politiques semblent avoir œuvré pour démarrer rapidement l’activité de la mine.

Le Collectif AREVA ne fera pas la loi au Niger s’inquiète quant aux conditions de mise en œuvre de ce projet, au niveau écologique, économique et social. En effet, AREVA (ex-COGEMA) exploite l’uranium au Niger depuis 1968, exploitation qui ne contribue ni au développement du pays ni à l’amélioration du niveau de vie des Nigériens et qui a des conséquences sanitaires et sociales désastreuses pour la population locale (à majorité touareg) et pour l’environnement.

La relation bien particulière de la France avec le Niger avait permis par le passé un accès exclusif à l’uranium à un prix ridicule, grâce à un accord signé en 1961. Le contrat d’Imouraren reste dans la même lignée : le gouvernement nigérien n’a que 33% des parts de la société d’exploitation tandis que le prix d’achat de l’uranium reste bien en deçà des cours du marché international.

Quant aux conséquences au niveau local, les mesures de la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD) de 2004 et 2005 montrent que les eaux distribuées dans la ville minière d’Arlit où opère AREVA ne sont pas aux normes de potabilité, avec un taux de contamination dépassant de 7 à 110 fois les recommandations de l’OMS. La surconsommation d’eau nécessaire aux mines contribue à l’épuisement accéléré des ressources fossiles dans une région qui en manque cruellement.

Selon la CRIIRAD encore, d’énormes masses de déchets radioactifs, dits improprement « stériles », et des boues radioactives générant des poussières et des gaz comme le radon sont laissées à l’air libre. Un « stérile » a même été identifié à l’entrée de l’hôpital d’Arlit ! Pire, des ferrailles contaminées sont utilisées par la population, l’exposant ainsi directement à la radioactivité.

Alors que la société civile nigérienne (notamment l’association Aghir In Man, le réseau ROTAB, …) a alerté AREVA et les responsables politiques nigériens sur la question, rien n’a été fait pour revoir la gestion de ces sites uranifères faite au mépris des populations. Il y a fort à craindre qu’AREVA s’apprête à reproduire les mêmes conditions d’exploitation à Imouraren, une mine à ciel ouvert beaucoup plus étendue, située à proximité de zones habités et de zones de pâturages primordiales pour les populations locales. Rien que du fait des simples explorations précédant la future extraction, le site de la mine a d’ores et déjà un taux de radioactivité particulièrement élevé. Les résultats de l’étude d’impact réalisée par AREVA sont quasi confidentiels et aucune contre-expertise scientifique indépendante garantissant la fiabilité des données n’existe, ce qu’ont pourtant exigé la société civile et des responsables locaux.

Les enjeux liés à l’eau, à l’accès à la terre et aux conséquences sociales ne semblent pas non plus faire partie des préoccupations du gouvernement français. De même, les décisions liées au nucléaire sont discrétionnaires et émanent directement de l’Élysée. Ainsi, l’exploitation de l’uranium au Niger se trouve dans une double opacité.

Pour obtenir le contrat d’Imouraren au Niger, Paris a évité d’évoquer les questions qui fâchent relatives aux exactions de l’armée nigérienne au Nord Niger constatées par l’ONU ou de revenir sur l’éventuelle prolongation du mandat du président nigérien, qui serait anticonstitutionnelle, alors que les élections présidentielles sont prévues en décembre 2009.

Le Collectif AREVA ne fera pas la loi au Niger demande, pour le site d’Imouraren, qu’AREVA et le gouvernement nigérien assurent
– un moratoire sur la mise en exploitation de la mine tant qu’une étude d’impact indépendante n’aura pas été faite et n’aura pas rendu ses conclusions.
– la reconnaissance et la réparation par AREVA des dommages sociaux et environnementaux que ses exploitations ont commis au Niger.
– la mise en oeuvre de l’ITIE (Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives) dès mars 2010 comme annoncé par le gouvernement nigérien pour que la population bénéficie effectivement de l’exploitation des ressources naturelles – que tous les travailleurs de la mine ET les populations vivant à proximité de l’exploitation bénéficient d’un examen médical complet, d’une évaluation rétrospective des doses subies et de l’inscription dans un programme de suivi sanitaire à long terme réalisé par des organismes médicaux compétents et indépendants.
– que des taxes parafiscales, comme il en existe en France, soient prélevées et confiées à un organisme de gestion spécialisé et indépendant pour la remise en état des sites après extraction et pour une gestion saine, équitable et concertée des ressources en eau.

Le Collectif : %Attac – Cedetim – CNT – Collectif Tchinaghen – Les Verts – NPA – Réseau Sortir du Nucléaire – Sud Energie/Solidaires – Survie – Via Campesina

Contacts presse : Anne Roussel – roussel_annesimone@yahoo.fr – 06 62 56 96 13 (Collectif Tchinaghen) Samira Clady – clady.samira@neuf.fr – 06 85 05 07 74 (Collectif Tchinaghen) Stéphanie Dubois de Prisque - stephanie.duboisdeprisque@survie.org – 01 44 61 03 25 (Survie)

Les observatoires de santé d’AREVA au Niger et

au Gabon : Payer (un peu) pour polluer

librement

24 juin 2009 : Communiqués du Collectif

Communiqué du 29 juin 2009

Communiqué en PDF pdf-icon

090514_areva.jpgLe 19 juin dernier, AREVA a annoncé la mise en œuvre d’Observatoires de la Santé sur ses différents sites miniers, en particulier au Gabon puis au Niger, en accord avec des associations (Médecins Du Monde, Sherpa).

Cet accord intervient peu après l’inauguration de la gigantesque mine d’Imouraren au Niger, dont l’exploitation fait craindre desconséquences désastreuses. Conséquences déjà bien visibles autour d’autres mines que la COGEMA, devenue AREVA, exploitent depuis 40 ans à Arlit.

Des organisations et des autorités locales y dénoncent depuis des années lesravages sanitaires, sociaux et environnementaux causés par AREVA. Car ce sont non seulement les travailleurs des mines, mais aussi les quelque 60.000 habitants de la ville d’Arlit qui sont potentiellement touchés par la pollution de l’eau et vivent au contact de matériaux et résidus miniers radioactifs ou pollués par la radioactivité – ainsi, des stériles sont laissés à l’air libre, même à proximité de l’hôpital.

AREVA a toujours ignoré les revendications des populations réclamant des mesures pour réduire les dégâts causés par l’exploitation uranifère, à l’exception d’actions mineures (normes de sécurité pour les travailleurs des mines, récupération de matériaux contaminés utilisés par les habitants d’Arlit).

L’accord signé le 19 juin viserait à indemniser les seuls travailleurs des mines qui en font la demande et pouvant prouver les liens entre leur maladie et leur activité ; à faire apparaître les évolutions de l’état de santé des populations locales ; à « faire des propositions pour l’amélioration de l’hygiène et de la sécurité sanitaire des sites miniers ». Mais cet accord soulève de nombreuses questions sur sa mise en œuvre :

  • Areva est omniprésente dans ces observatoires. Elle est aussi l’unique pourvoyeur de fonds de ce projet. N’est-elle donc pas juge et partie ? Ces observatoires de la santé peuvent-ils alors travailler en toute indépendance ?
  • Comment ces observatoires peuvent-ils afficher un objectif d’indemnisation et passer outre tout engagement relatif à l’information sur la possibilité d’être indemnisé, à la prévention, ou à la sensibilisation des populations sur les risques sanitaires ?
  • AREVA peut-elle donc décider elle-même de l’indemnisation des dégâts dont elle est responsable ? N’est-ce pas le rôle d’une autorité judiciaire indépendante ?
  • L’accord parle d’ « impact éventuel » des activités minières alors que l’impact sanitaire et environnemental (traitement des déchets, l’emprise sur les ressources en eau …) a déjà été documenté. Faut-il attendre que des personnes soient déclarées malades pour s’en alarmer ? Pourquoi cet accord ne part-il pas du principe de précaution ?

Il apparaît donc que la mise en place de ces observatoires de la santé s’inscrit davantage dans une opération de communication destinée à redorer l’image désastreuse d’AREVA qui communique massivement sur le « développement durable » et l’« énergie propre ».

Areva trompe aussi l’opinion publique en séparant la question sanitaire de la question environnementale, comme si l’une et l’autre n’étaient pas inextricablement liées. Au Niger, AREVA continue donc à exploiter l’uranium sans se soucier de la pollution qu’elle engendre. Elle continue à épuiser les ressources hydriques dans une région qui en manque cruellement.

Cet accord apporte également une caution sociale à AREVA, ce qui devraitfaciliter l’obtention d’un financement du projet d’Imouraren par la Banque Européenne d’Investissement (BEI) à hauteur de 1,2 milliards d’euros. Une décision qui devrait tomber dans les prochaines semaines !

Par cet accord, AREVA tente également de se dégager de sa responsabilité pénale et civile à moindre coût. Cet accord limité à la santé des seuls travailleurs des mines (et non des populations) devrait concerner, annuellement pour le Niger, entre 15 et 30 personnes.

Contacts presse :

Tchinaghen : Samira Clady – clady.samira@neuf.fr – 06 85 05 07 74

Survie : Olivier Thimonier – olivier.thimonier@survie.org – 01 44 61 03 25

Malgré la crise politique, le business continue -

Pollution et pillage de la ressource en eau au

nord du pays

Le collectif « AREVA ne fera pas la loi au Niger » organise, avec le soutien de Mr Noël Mamère une Conférence de Presse le 21 octobre 2009 à l’Assemblée Nationale.

Le Niger vit actuellement une très grave crise institutionnelle : coup d’Etat constitutionnel du président Mamadou Tandja ayant organisé un référendum pour se maintenir au pouvoir. Des élections législatives auront lieu le 20 octobre 2009 avec le but d’asseoir le nouveau régime ; scrutin majoritairement boycotté par les partis d’opposition.
La communauté internationale s’est trop faiblement émue de la situation. La France, quant à elle, a une position particulièrement ambiguë qui s’explique par ses énormes enjeux sur place : l’exploitation de l’uranium par AREVA.

logo.gifAvec ce durcissement du régime, la lutte de la société civile pour une amélioration des conditions d’exploitation de l’uranium risque d’être de plus en plus difficile. Dans ce contexte, notre Collectif AREVA souhaite porter l’attention sur la question sensible des conséquences de cette industrie sur les ressources en eau au Nord Niger.

Parmi les multiples conséquences (spoliation des terres agro-pastorales exploitées par les populations locales, la destruction de la faune et de la flore, la contamination radioactive de l’air), l’exploitation de l’uranium provoque unecontamination radioactive des ressources en eau ainsi que l’épuisement et la pollution des deux nappes phréatiques fossiles de la région d’Agadez. Cette eau assurait jusqu’ici la survie des populations locales. En effet, depuis des millénaires les populations nomades fréquentent l’immense plaine de l’Irhazer où elles trouvent et gèrent traditionnellement les ressources nécessaires à l’économie pastorale.

Loin d’avoir amélioré le niveau de vie des populations – le Niger deuxième producteur mondial d’uranium figure à la dernière place de l’IDH – les sociétés minières, avides d’eau, pillent inconsidérément les nappes phréatiques non renouvelables de la région. Les compagnies uranifères ne s’inquiètent guère de cette catastrophe annoncée : une fois les gisements d’uranium épuisés et l’eau tarie, elles quitteront cette région dévastée pour piller ailleurs. L’avenir de toute une population, les impératifs de protection de l’environnement et de la santé sont donc sacrifiés au profit de la seule logique des profits à court terme par AREVA en particulier, avec l’aval du président nigérien, qui distribue à tout va les concessions minières.

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AREVA ne fera pas la loi au Niger –

Communiqué

de Presse du 21 octobre 2009

A l’occasion des élections législatives nigériennes du 20 octobre 2009, le Collectif AREVA ne fera pas la loi au Niger a tenu une conférence de presse hier, mercredi 21 octobre 2009 à l’Assemblée Nationale.

Dans le contexte actuel de durcissement du pouvoir, l’émergence d’un débat démocratique autour des questions minières et la lutte de la société civile sur les conditions d’exploitation de l’uranium étant de plus en plus difficile, notre Collectif a porté l’attention sur la question sensible des conséquences de cette industrie sur les ressources en eau. 

Le Niger vit une très grave crise : un coup d’Etat constitutionnel du président Mamadou Tandja qui, passant outre les règles de la démocratie parlementaire, a organisé le 4 août dernier, un référendum pour se maintenir au pouvoir. Les élections législatives du 20 octobre 2009 avaient pour seul but d’asseoir le nouveau régime et de parachever son coup d’Etat. Le scrutin a été majoritairement boycotté par les partis d’opposition et la population. En effet, en tenant ces législatives le chef de l’Etat a finalisé son plan de confiscation du pouvoir passant outre l’élection présidentielle prévue fin 2009 et usant de moyens disproportionnés et insidieux lui permettant de réduire à néant toute opposition.

Après s’être trop faiblement émue de cette situation, la communauté internationale a réagi fermement : La Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a « suspendu » le Niger « jusqu’à ce que la légalité constitutionnelle soit rétablie », et a alerté l’Union Africaine ; l’Union Européenne menace de suspendre son aide au développement conformément aux prescriptions de l’article 96 des accords de Cotonou, en laissant toutefois place aux négociations. Quant à la France, elle a maintenu une position particulièrement ambiguë jusqu’à la veille des élections législatives, contribuant à l’attentisme général. Cette attitude revient à cautionner le coup d’Etat constitutionnel et à contribuer à la normalisation d’une situation illégale. A nouveau, la France privilégie ses intérêts économiques sur la promotion de la démocratie et le respect de l’Etat de droit. En effet l’exploitation de l’uranium par AREVA se poursuit et la mise en exploitation de la mine d’Imouraren lui offre d’énormes perspectives.

Cette exploitation uranifère au nord du pays conduit à la contamination des ressources en eau et à l’épuisement et la pollution des deux grandes nappes phréatiques fossiles de la région d’Agadez, qui assuraient jusqu’ici la survie des populations locales. Cela est tout aussi dramatique que la spoliation des terres agro-pastorales exploitées par les populations locales, la destruction de la faune et de la flore ou la contamination radioactive de l’air dues à cette même industrie.

Depuis des millénaires les populations nomades fréquentent l’immense plaine de l’Irhazer et gèrent de façon traditionnelle les ressources nécessaires à l’économie pastorale. L’aquifère des grès d’Agadez, seule ressource en eau de cette plaine, est fossile. Or la région regorge d’uranium, qui est en partie déjà exploité par l’industrie uranifère avide d’eau : ce réservoir est fortement menacé par l’octroi anomique de concessions minières et par l’exploitation en cours et se vide inexorablement. Cela ne perturbe aucunement les sociétés minières dont le comportement se résume à « prendre, polluer et partir ».

Les quantités quotidiennes d’eau consommée par les miniers sont effarantes :

  • 10.000 m3/j sont prélevés à Rharous depuis 1980, pour les mines de charbon (qui alimente en électricité les installations d’Areva à Arlit).
  • 20.000 m3/j sont prévus par AREVA, pour sa nouvelle exploitation uranifère d’Imouraren,
  • 4000 m3/j sont prélevés pour la mine d’uranium d’Azelik, exploitée par une compagnie chinoise.
En comparaison : moins de 2 000 m3 par an et par habitant sont consommés dans les pays où les ressources en eau sont faibles.

Et ce n’est pas tout : les sociétés COMINAK et SOMAÏR (filiales d’AREVA) qui exploitent les mines d’Arlit envisagent d’utiliser un pipe line de 30 km et de déplacer leurs pompages vers l’ouest c’est-à-dire dans la nappe des grès d’Agadez ! En effet, ils ont déjà épuisé à 70% la nappe phréatique carbonifère qui se trouve plus au nord, à raison de 22 000 m3/j depuis 38 ans.

Le prélèvement actuel est de 25 millions de m3 d’eau par an. Ce calcul est non exhaustif car il ne tient pas compte de l’accroissement exponentiel de la délivrance des permis d’exploitation de l’uranium, du futur projet des salines de Tédikelt et de projets pharaoniques d’irrigation. A ce rythme là, on peut s’attendre au dénoyage, c’est à dire à l’épuisement complet de toute la partie ouest de l’aquifère d’ici 40 ans.

Les effets pervers de l’exploitation uranifère : loin d’avoir amélioré le niveau de vie des populations, elle condamne leur avenir à moyen terme

Le Niger deuxième producteur mondial d’uranium figure paradoxalement à la dernière place de l’IDH. Les populations nigériennes victimes d’un pillage organisé des ressources naturelles, y compris de l’eau ressource vitale, récoltent désordres et désolation et non pas les richesses émanant de cette industrie stratégique et très lucrative. Les compagnies minières ne s’inquiètent guère de cette catastrophe annoncée : une fois les gisements d’uranium épuisés, une fois l’eau épuisée, la région ne présentera plus d’intérêt pour elles et leurs actionnaires. Ils quitteront cette région dévastée, désormais impropre au tourisme et à l’économie pastorale et sans développement pour aller piller ailleurs. L’avenir de toute une population, les impératifs de protection de l’environnement et de la santé, sont sacrifiés sur l’autel des profits à court et moyen terme.

À l’heure où la notion de « développement durable », admise par tant d’occidentaux, est mise en avant, le nucléaire, est présenté par les industriels, dont AREVA, comme une énergie « propre ». Or l’extraction de l’uranium est terriblement polluante et dangereuse puisqu’elle s’attaque à l’homme et ses ressources hydriques vitales et épuisables. Il est hypocrite de nous vendre une énergie prétendue sans effets négatifs et sans conséquences, alors que loin de nous des populations, aux conditions de vie déjà très précaires, en souffrent et en meurent.

Nos revendications :

Nous demandons instamment, pour l’exploitation de l’uranium au Niger, le respect des droits de l’homme et des règles de transparence fixées dans le cadre de l’initiative sur la transparence des industries extractives (ITIE) à laquelle le Niger a adhéré en mars 2005 ainsi que la fixation de normes sociales et environnementales, notamment sur l’eau et la mise en œuvre d’organismes indépendants de contrôle qui sanctionnent leurs manquements.

Le détail de nos revendications ICI.

Contacts presse : arevaneferapaslaloi@gmail.com

L’épopée d’AREVA en Afrique – Une face cachée

du nucléaire français

22 fév 2012 : General

Sortie du Dossier Noir n°24

Areva

Communiqué, le 15 février 2012

L’Association Survie et les Editions Agone publient « AREVA en Afrique – une face cachée du nucléaire français », un Dossier Noir écrit par Raphaël Granvaud. Sa sortie, pour demain en librairie, s’accompagnera de mobilisations organisées en partenariat avec le Réseau Sortir du nucléaire. Les enjeux majeurs abordés dans l’ouvrage ont été présentés à la presse le 9 février par l’auteur et des représentants de Survie, de Sortir du nucléaire et de la société civile gabonaise.

« AREVA a pris une part très importante dans la politique du président Sarkozy de promotion des intérêts français en Afrique. Nous avons souhaité nous concentrer sur cette entreprise, qui est au cœur du système de la Françafrique et sur ses imbrications diplomatiques, politiques, militaires, et qui appartient pour l’essentiel à l’État français et donc aux contribuables » introduit Fabrice Tarrit, le président de Survie.

« Le but de ce Dossier Noir, explique Raphaël Granvaud, c’est d’en finir avec le mythe de « l’indépendance énergétique », leitmotiv que l’on retrouve dans 40 ans de discours des autorités politiques françaises. » Ce mythe repose sur diverses manipulations statistiques, dont la principale est « la question des importations d’uranium qui ne sont pas considérées comme importation énergétique dans les statistiques officielles. (…) Cela va de pair avec une occultation de la part de l’Afrique dans toute l’histoire du développement du nucléaire français, depuis les origines », comme si la France se considérait toujours propriétaire du sous-sol de ses anciennes colonies. Pourtant, depuis 2001, elle importe la totalité de son uranium et environ 30% provient du sous-sol nigérien, exploité par les filiales d’AREVA.

Si la France a très largement profité de l’uranium, en cooptant des régimes autoritaires qui le lui fournissaient au meilleur prix, pour l’auteur « le Niger n’a hérité que d’une triple catastrophe : une catastrophe environnementale, une catastrophe sanitaire et une catastrophe sociale. » Selon diverses ONG, seulement 12 % de la valeur de l’uranium produit sur son sol est revenu au Niger. Alors que le Niger éclaire une ampoule française sur trois, il importe son électricité du Nigeria, et la majorité des Nigériens n’y ont même pas accès.

Pour la porte-parole du Réseau « Sortir du nucléaire », Opale Crivello, « AREVA refuse d’assumer ses responsabilités. » Suite à l’exploitation de 210 mines entre 1946 et 2001 dans plus de 25 départements français par la COGEMA (AREVA), il reste 300 millions de tonnes de déchets d’uranium abandonnés. En outre l’IRSN1 est formel : les travailleurs de l’uranium meurent plus tôt et développent des cancers des poumons et des reins. Et ce sort n’est pas réservé aux seuls mineurs. « AREVA rétorque que pour le moment, il n’y a pas encore eu de pathologies en lien avec la radioactivité. C’est faux ! AREVA sait très bien ce qu’endurent et ce qu’encourent les populations au Niger. Face à ce scandale et vu du retour d’expérience français, nous avons le devoir d’agir pour dénoncer ces pratiques au Niger », conclut Opale Crivello.

Ancien directeur diocésain de Caritas Gabon, Bruno Ondo apporte un témoignage éclairant : « pendant 40 ans, 2 millions de tonnes de déchets radioactifs ont été déversées dans les cours d’eau et 4 millions de tonnes dans les carrières abandonnés » aux alentours des mines uranifères exploitées par la filiale gabonaise de la COGEMA. Treize ans après la fermeture du site de Mounana, les riverains et les anciens mineurs subissent toujours les conséquences. « Les zones interdites2 à cause du taux de radioactivité se trouvent à l’intérieur du champ d’activité des populations : là où les gens viennent tremper le manioc, où elles vont faire de la pêche, à proximité des habitations. (…) Le prix véritable de l’uranium, c’est celui payé par les populations ! ». Suite aux pressions de la société civile, des observatoires de la santé ont été lancés par le gouvernement gabonais et par AREVA mais jusqu’à aujourd’hui « cet observatoire n’existe que de nom (…)».

Alors qu’AREVA pourrait bien ouvrir de nouvelles exploitations uranifères au Gabon, Bruno Ondo conclut avec colère : « A-t-on le droit de laisser revenir Areva au Gabon ? ». Cette question fera partie intégrante des nombreuses conférences, interpellations de décideurs qui, partout en France, accompagneront la sortie de l’ouvrage à partir du 16 février, dans un contexte de fort débat politique sur la place et le coût du nucléaire, et sur les agissements de l’entreprise AREVA elle-même.

icone-videoVoir les 4 vidéos de la conférence de presse sur ICI

Contact presse :

Stéphanie Dubois de Prisque
Chargée de communication
stephanie.duboisdeprisque@survie.org
01 44 61 03 25

Opale Crivello
Chargée de communication et des relations presse
opale.crivello@sortirdunucleaire.fr
06 64 66 01 23

1 IRSN = Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire
2 Du fait de la radioactivité

Carte Interactive sur le site de Survie – Cliquez sur la carte :
carteareva-ffb52

UNE RÉGION PILLÉE, UN PEUPLE SACRIFIÉ

Téléchargez le communiqué unitaire du collectif au format PDF : Une région pillée, un peuple sacrifié

Climat explosif à prévoir dans la campagne électorale.
Un militant alter-mondialiste originaire du Niger, Mamane Sani Adamou, a accusé jeudi à Nairobi, au Kenya, le groupe français AREVA de piller les ressources minières de son pays.

Selon lui, le groupe nucléaire français, leader dans son domaine, serait le principal bénéficiaire de la vente de plus de 100000 tonnes d’uranium extraites dans le nord du Niger.

Mais l’affaire va plus loin désormais puisque les ONG nigériennes se sont unies à des organisations françaises en vue de mettre leurs efforts en commun pour obtenir que le dossier de l’uranium nigérien exploité par AREVA soit débattu durant la campagne pour l’élection présidentielle.

Au delà de l’aspect financier, c’est également les conséquences de l’exploitation des mines sur la santé des employés locaux qui sont également pointées du doigt. Ne pas oublier toutefois qu’une telle kabbale pourrait servir les intérêts des concurrents de AREVA qui ne verraient pas d’un très bon oeil d’éventuelles négociations avec l’Iran.

I – Une ONG du Niger attaque AREVA

Selon Mamane Sani Adamou, quelque 2.500 milliards de FCFA auraient été encaissés par AREVA au titre de la vente d’uranium produit par les mines nigériennes, mais sur ce montant, le Niger n’aurait eu “que des miettes”. « Pour un kilogramme d’uranium vendu à 100 euros, mon pays n’a droit qu’à 30 euros », a affirmé M. Adamou, participant à Nairobi au septième Forum Social Mondial consacré « au pillage des ressources minières en Afrique ». Représentant l’ONG nigérienne Alternatives Espaces Citoyens, il a regretté la perte de la souveraineté de son pays sur son uranium.

« L’uranium est produit dans les mines du Niger, mais c’est AREVA qui choisit exclusivement les acheteurs. Le groupe français, qui achète au Niger l’uranium à un prix fixe, peut le revendre au cours du marché mondial sans ajuster la part qui revient à la partie nigérienne », a-t-il déploré. « Nous sommes à l’évidence dans un type de rapport néo-coloniale », a ajouté M. Adamou, dénonçant la « connivence » des dirigeants politiques nigériens avec les intérêts français. « Tous savent que le Niger est lésé dans la répartition des revenus de l’uranium, mais personne ne peut lever petit doigt pour interpeller AREVA », a- t-il affirmé.

« La classe politique nigérienne n’a pas oublié que Diori Hamani (le premier président du pays) a été renversé par un coup d’Etat, en 1975, pour avoir voulu remettre en cause la main mise de la France sur l’uranium nigérien », a poursuivi le militant alter-mondialiste.

Soulignant les dangers environnementaux que représentent les conditions actuelles d’exploitation de l’uranium au Niger, il a assuré que la société civile de son pays « fera tout pour que l’uranium profite d’abord aux Nigériens ». Deux ONG français ont récemment publié des études montrant que l’exploitation des mines d’uranium nigériennes présente des dangers pour la santé des populations et pour l’environnement.

« Nous, organisations de la société civile nigérienne, n’avons aucune intention de laisser les choses se perpétuer. Notre pays a été délesté depuis des années de plusieurs milliards de FCFA des recettes alors qu’il est l’un des plus pauvres au monde. Nous allons développer une résistance citoyenne », a déclaré M. Adamou.

II – Le problème pourrait faire irruption dans la campagne

« Nous allons construire un agenda commun avec nos partenaires français pour obtenir que le problème de l’uranium nigérien soit débattu pendant la présidentielle française. Les citoyens français doivent être informés sur ce dossier », a déclaré Abdourhamane Ousmane de l’ONG nigérienne « Alternatives Espaces citoyens ».

Il a rappelé les relations de travail sur le dossier de l’uranium entre, d’une part, la Société civile nigérienne et, d’autre part, Sherpa et la CRIIRAD, deux ONG françaises qui étaient venues en 2004 procéder à des enquêtes de radioactivité dans le nord du Niger.

« Les militants de la société civile française que nous avons rencontrés au dernier Forum Social Mondial de Nairobi ont été très sensibles à nos arguments. Ils sont d’accord pour que nous saisissions ensemble l’opportunité de la présidentielle en France », a affirmé M. Ousmane.

Présentant l’exploitation de l’uranium nigérien comme « un véritable drame » économique, social et politique, le responsable de « Alternatives Espaces citoyens » a assuré que la société civile nigérienne entend se battre « pour rétablir la souveraineté du pays sur ses ressources minières ».

« En 36 ans d’exploitation de notre uranium, AREVA a réalisé un bénéfice de près de 2.500 milliards de FCFA. Dans le même temps, le Niger est le dernier pays du monde en terme d’Indice du développement humain (IDH) depuis 4 années consécutives. Il y a donc des choses qui ne vont pas dans les relations entre AREVA et le Niger. Le peuple français doit le savoir afin de d’exercer des pressions pour un autre type de relations entre la France et ses anciennes colonies », a-t-il insisté.

III – AREVA veut doubler la production d’uranium du Niger

Anne Lauvergeon, la présidente du directoire du groupe AREVA a déclaré début décembre que le groupe qu’elle dirige espérait, à l’avenir, »doubler la production minière du Niger et faire de lui, l’un des premiers pays exportateurs d’uranium.

Déjà à l’époque, je supputai que la nouvelle risquait de faire réagir maintes ONG, compte-tenu des dégats constatés sur la santé de la population locale du fait de l’exploitation minière.

Lors d’un point de presse à Niamey sur les activités de AREVA dans le secteur minier au Niger depuis 35 ans, Mme Lauvergeon avait affirmé que le groupe Areva a extrait au Niger la 100.000ème tonne. Le groupe compte continuer l’exploration et l’exploitation de nouvelles possibilités d’extraction de l’uranium.

Avec 5 milliards de francs par an, AREVA, avec ses trois licences sur les sites de la Cominak, la Somair et Anou Araren, s’est engagé à accroître ses investissements en vue d’augmenter les volumes extraits.

Le groupe industriel AREVA est présent au Niger depuis près de 50 ans où, en partenariat avec le Niger, il crée les sociétés minières Somair et Cominak. AREVA a depuis octobre 2004 réactivé l’établissement « AREVA NC Niger » pour la recherche minière dans le domaine de l’uranium.

Pour rappel, le Niger est le troisième producteur mondial d’uranium (8 % loin derrière le Canada et l’Australie) et pourtant c’est un des pays les plus pauvres du monde où 70 % de la population avait moins de 20 ans en 2005. L’uranium représente aujourd’hui environs 35 % des exportations du Niger(80 % en 1970), 5% du PNB sans compter toutes les activités induites : sous-traitants, commerce, artisanat, tacherons… C’est à la fin des années soixante que la Somaïr (société des mines de l’Aïr) commence l’exploitation d’un gisement de minerai d’uranium, puis la Cominak en 1974 à Akokan.

A travers sa filiale, la COGEMA, le groupe français AREVA contrôle 65% de la Société Minière de l’Aïr (Somaïr) et 34% de la Compagnie Minière d’Akouta. L’uranium produit dans ces deux mines est transporté sous sa forme brute par camions vers le port de Cotonou (Bénin) puis embarqué par la voie maritime vers les usines de Narbonne, dans le Sud-Ouest de la France. Le choix des acheteurs de l’uranium nigérien et la fixation de son prix sur le marché international sont du ressort exclusif du groupe français, en vertu d’une convention signée en 1967 entre le Niger et la France.

Niger : pourquoi les rebelles touareg se battent

  • Par Jean-Luc Manaud

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    Dans le nord du pays, où sont concentrées les mines d’uranium et où le groupe français AREVA est solidement implanté, les hommes bleus affrontent l’armée régulière. Nos reporters ont passé plusieurs jours à leurs côtés, dans le désert. Reportage publié dans VSD n°1594 (du 12 au 19 mars 2008). Une guérilla réactivée. Un combattant touareg du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ) exhibe son armement. Sur la bordure est du massif de l’Aïr, au nord du Niger, les Touareg sont environ 800 000. À l’ouest, leur territoire recèle l’une des provinces uranifères les plus riches du monde.

    Dans le nord du pays, où sont concentrées les mines et où le groupe français AREVA est solidement implanté, les hommes bleus affrontent l’armée régulière. Nos reporters ont passé plusieurs jours à leurs côtés, dans le désert.

    Camions carbonisés, murs criblés de balles, obus éparpillés : l’oasis de Tazerzait a conservé le décor apocalyptique de la bataille la plus emblématique de la guérilla du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ) face à l’armée nigérienne. C’est en haut de ces dunes que, en juin dernier, les MNJ ont attaqué quatre-vingts militaires postés dans une petite école de brousse. Bilan : quatorze tués, trente blessés et une trentaine de prisonniers. Le MNJ ne déplore qu’un mort dans ses rangs. L’escarmouche a non seulement permis à la guérilla de se fournir en armes lourdes, de faire parler d’elle au niveau international, mais aussi de se venger : quelques jours avant la bataille de Tazerzait, trois vieillards avaient été massacrés par l’armée régulière, leurs cadavres découpés en morceaux et plusieurs dromadaires avaient été abattus.

    Des frontières tracées au mépris des ethnies

    Depuis un an, la guérilla harcèle les soldats nigériens car les Touareg voudraient toucher leur part des millions d’euros provenant de l’exploitation des mines d’uranium situées dans le Nord, où ils vivent. Ce conflit fait resurgir l’éternelle opposition entre les éleveurs nomades berbères touareg du Nord, anciens trafiquants d’esclaves, et les ethnies noires et sédentaires du Sud, détentrices du pouvoir économique et politique de Niamey, dans un Niger aux frontières tracées au mépris des ethnies par les colonisateurs français.

    Le MNJ a ­attaqué une caserne à Iferouane, dans l’extrême nord du pays, faisant quarante-cinq morts et de nombreux blessés. Il s’en est ensuite pris à l’aéroport d’Agadez, ainsi qu’à un escadron de l’armée, tuant treize soldats et faisant quarante et un prisonniers. En avril, il lançait une offensive sur le site de recherches d’uranium d’AREVA, à Imouraren, à 80 kilomètres ­d’Arlit. Autant d’opérations destinées à voler des armes et les indispensables pick-up Toyota.

    Près du puits de Tazerzait financé par feu Mano Dayak, leader de la première guérilla dans les années quatre-vingt-dix, ne vit plus qu’une famille. Les autres ont fui les exactions des militaires. Tout comme les touristes, qui offraient aux Touareg d’importantes sources de revenus. « Sur ces dunes, à Noël, tu pouvais voir une centaine de tentes de voyageurs », déplore un guérillero. Au milieu d’une trentaine de chèvres qui broutent dans le sable et une ­dizaine d’enfants, une femme pile le mil. Son mari, Illa Hamid, 55 ans et bouc blanc, a repris la kalachnikov : « Sous ma tente, je n’ai que de la poussière. Alors que je sais qu’il y a de l’eau, du pétrole, de l’uranium. Mais l’état ne fait rien pour la population », déplore-t-il. Son constat est d’autant plus amer qu’il sait que les cours de l’uranium n’ont jamais été aussi hauts et que les mines de la Somaïr et de la Cominak – des filiales d’AREVA – ont produit depuis 1970 plus de 100 000 tonnes d’uranium. Malgré cela, le Niger, quatrième producteur mondial, demeure l’un des pays les plus pauvres de la planète.

    « Les Français donnent des milliards à des incapables ! » s’enflam-me Mohammed Autchiki, sexa-génaire, ancien étudiant à Montpellier et spécialiste des criquets. Il a laissé sa femme et ses quatre filles pour le maquis. « C’est avec nous qu’il faut traiter, car l’état ne peut pas protéger AREVA. Pour nous défendre, nous nous allierons avec le diable, à al-Qaida, s’il le faut ! » menace-t-il. Aghali Alambo, le chef du MNJ, précise : « On connaît les jours de passage des convois d’uranium de la mine d’Arlit à Agadez. »

    Enturbanné de bleu, l’homme ne dort jamais au même endroit et a fait de son Land Cruiser Toyota son quartier général. « On a des unités mobiles à 40 kilomètres de là. On contrôle tout l’Aïr, d’Agadez au massif du Tanga, soit presque 320 kilomètres. à partir de Tazerzait l’armée n’entre plus. » Tout le campement bruisse d’une prochaine embuscade. « Chaque trimestre, nous attaquons au moment de la relève de l’armée, entre Arlit et ­Iferouane. Ils ont besoin de cent cinquante véhicules et d’avions de reconnaissance pour passer. Mais, c’est notre territoire. Nous savons où et combien ils sont. Et même où est le responsable que l’on tue en premier. Ici, les montagnes ont des yeux et des oreilles. »

    “J’ai repris les armes parce que rien n’a changé”

    Devant le feu, Ahmed confie : « J’ai fait partie de la première rébellion [en 1991, NDLR]. J’ai repris les armes car rien n’a changé. » Et ce, malgré l’accord de paix de Ouagadougou signé en 1995 qui promettait « une large autonomie » de gestion des zones touareg et la reconversion socio-économique des rebelles. « à part une vingtaine de cadres de la guérilla recasés, les autres n’ont rien obtenu », explique Aghali Alambo. « On a des capitaines et des sous-­officiers de très grande valeur qui n’ont jamais pu devenir mieux que guides de l’armée. Trois mille combattants attendaient la réinsertion. Le gouvernement a offert de l’argent. Mais tous espéraient des emplois qui ne sont pas venus. Même les préfets d’Agadez ou d’Arlit ne sont pas touareg alors que c’est notre territoire ! AREVA exige des brevets pour ses chauffeurs, mais les Touareg, même sans diplôme, conduisent mieux que n’importe qui dans le désert », ­sourit-il, assis dans son 4 x 4 qu’il conduit lui-même dans les dunes, un lance-roquettes calé sous la banquette arrière.

    Plus tard, autour d’un plat de riz, Mohammed mâche moins ses mots : « Ces gens-là (à Niamey) ne comprennent que les armes. Ils disent que nous sommes des bandits : avant, oui. Mais tout le monde l’était ! Ils nous traitent de terroristes ? Mais ce sont eux qui tirent sur les civils. Ils nous traitent de lâches, alors que vivre dans le désert tient de l’héroïsme. »

    Aujourd’hui, le MNJ revendique « dix compagnies, soit deux mille quatre cents hommes », selon son chef. Mais les trois ou quatre cents guérilleros croisés dans le désert sont sous-équipés. Chaque pick-up, regroupant douze soldats et un chauffeur n’a souvent pas plus de deux fusils d’assaut. « Rappelez-vous que nous avons déjà cinquante véhicules [dotés de mitrailleuses lourdes]. Il n’en a fallu que trente pour menacer le Tchad », corrige Alambo. Assez, selon lui, pour exiger que 90 % des emplois des sociétés minières soient attribués aux Touareg et que ces sociétés injectent 50 % de leurs revenus dans des programmes de développement de la région d’Agadez, une des plus déshéritées du Niger.

    « Si on menace nos intérêts, les Français savent de quoi les Touareg sont capables, poursuit le chef du MNJ. La France doit faire pression sur le gouvernement pour trouver une solution. Car même si Tandja [le président nigérien, NDLR] envoie des chars et des hélicos, ça ne se réglera pas. On en aura aussi. Et le sang coulera… »

    Antoine DE TOURNEMIRE 

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LA SUISSE PROPOSE UN PREMIER PAQUET DE MESURES POUR SORTIR DU NUCLEAIRE

La Suisse propose un premier paquet de mesures pour sortir du nucléaire

LA SUISSE PROPOSE UN PREMIER PAQUET DE MESURES POUR SORTIR DU NUCLEAIRE dans REFLEXIONS PERSONNELLES SUISSE

GENEVE – La Suisse doit, à l’horizon 2035, réduire de 35% par rapport à l’an 2000 sa consommation moyenne d’énergie par personne et par an, selon le premier paquet de mesures proposé par le gouvernement dans l’optique de la sortie du nucléaire décidée après la catastrophe survenue à Fukushima.

Le projet de révision de la loi sur l’énergie, présenté vendredi 28 septembre 2012, prévoit par ailleurs de développer la production annuelle de la force hydraulique et de faire progresser la part des autres énergies renouvelables.

Berne entend aussi promouvoir les assainissements énergétiques des bâtiments et durcir les normes de construction.

En matière de transport, le gouvernement veut prescrire des émissions de CO2 plus sévères pour les nouvelles voitures de tourisme et dans l’industrie, il veut conclure des conventions d’objectifs contraignantes avec des entreprises et prescrire des consommations d’énergie plus strictes pour les appareils électriques et l’éclairage.

Par ailleurs, le Ministère des Finances est chargé de préparer une réforme fiscale écologique pour la deuxième phase de sa stratégie énergétique (2020/2050). Un projet sera élaboré en ce sens d’ici à 2014.

Malgré tous ces efforts, le gouvernement, qui ne chiffre pas les coûts de cette réforme, admet qu’il sera nécessaire toutefois de développer temporairement la production d’électricité fossile avec le Couplage Chaleur-Force (CCF) et probablement avec des centrales à gaz à cycles combinés jusqu’à ce que les besoins énergétiques puissent être intégralement couverts par les énergies renouvelables.

En outre, les prix de l’électricité devraient augmenter de 20 à 30%, selon la Ministre de l’Energie et de l’Environnement, Doris Leuthard, citée samedi 29 septembre 2012 dans le journal Le Matin.

En septembre 2011, le parlement suisse a approuvé la sortie progressive du nucléaire. La Suisse compte actuellement cinq réacteurs nucléaires, qui seront mis peu à peu hors service d’ici à 2034.

Afin d’y parvenir, la Suisse mise sur une transformation par étapes de son système énergétique, un long processus qui devrait être financé par diverses taxes dont les modalités ne sont pas encore déterminées.

Le premier paquet de mesures proposé par le gouvernement est mis en consultation jusqu’à fin janvier 2013 auprès des cantons et des milieux intéressés afin de connaître leurs positions.

(©AFP / 29 septembre 2012 12h01) 

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