AMERICAN GROUND ZERO
LA GUERRE NUCLÉAIRE SECRÈTE
CAROLE GALLAGHER
M.I.T. Press 1993
Paru aux Etats-Unis en 1993, ce livre a été traduit en français à l’initiative de deux membres d’un groupe antinucléaire parisien aujourd’hui disparu. Puis, il fut proposé à divers éditeurs, grands, comme petits. Tous ont renoncé à le publier, essentiellement semble t-il pour des raisons financières. C’est pourquoi ce livre est maintenant publié en ligne sur Internet. Toutes les unités de mesure sont ici traduites (par exemple, les degrés sont en degrés Celcius).
(Voir le document entier en PDF)
AVANT-PROPOS
Le 27 janvier 1951, quelques minutes avant les premières lueurs de l’aube, un bombardier B50 de l’Air Force tourna à gauche au-dessus des genévriers et des arbres de Josué et lâcha une bombe atomique dans le désert, à l’ouest de Las Vegas. La lumière de l’éclair réveilla les fermiers habitant plus au Nord, dans l’Utah. La secousse fit voler en éclats des vitres dans l’Arizona. Les radiations se répandirent dans toute l’Amérique, contaminant les sols de l’Iowa et de l’Indiana, les côtes de la Nouvelle Angleterre et les neiges de l’État de New- York, au Nord.
Ainsi commençait le programme d’expérimentation scientifique le plus prodigieusement téméraire de l’histoire des Etats-Unis d’Amérique.
Durant les douze années qui ont suivi, les acteurs gouvernementaux de la guerre froide firent exploser 126 bombes atomiques atmosphèriques dans les 2 150 km2 du site d’essais du Nevada. Chacun des nuages roses qui dériva au-dessus des plateaux et des vallées interdites appartenant aux terrains d’essais atomiques contenait des doses de radiation comparables à la quantité relâchée en 1986 après l’explosion du réacteur de Tchernobyl.
Les Etats-Unis ont condamné l’Union Soviétique pour avoir passé sous silence le désastre de Tchernobyl pendant trois jours, empêchant ainsi les Ukrainiens et les Européens de prendre des mesures contre les radiations. Mais de leur côté, les patrons de l’industrie des armes nucléaires américaines ont, pendant 30 ans, tout fait pour sauvegarder le secret médical et scientifique, afin de camoufler la contamination de vastes zones de l’Amérique du Nord résultant des explosions atomiques sur le site d’essais du Nevada.
Ces secrets sont maintenant publics, car durant ces 14 dernières années, des documents archivés, relatifs au programme d’essais atomiques, ont été rendus publics dans des cours fédérales, au Congrès et dans la presse. Ces rapports dévoilent une histoire faite de froids calculs et de comportements constamment irresponsables des ingénieurs et scientifiques nucléaires de haut niveau du gouvernement. Attitude qu’il est difficile, même à notre époque de cynisme national, d’appréhender pleinement.
Selon des études menées secrètement par le Public Health Service et l’Atomic Energy Commission, la campagne nucléaire lancée par le gouvernement dans le Nevada a empoisonné du lait en Nouvelle Angleterre, du blé dans le Dakota du Sud, de la terre en Virginie, et les poissons des Grands Lacs. Les radiations ont touché les électriciens et les ouvriers non protégés chargés de poser les canalisations sur le site d’essais, ainsi que ceux qui ont construit les tours où avaient eu lieu les explosion et nettoyé les débris radioactifs. Des milliers de soldats à qui l’armée avait ordonné d’observer les essais à partir de tranchées et de faire des manœuvres près du point zéro, ont aussi été atteints. Au-delà des limites de la réserve atomique gouvernementale, les radiations ont tué des moutons, brûlé des chevaux et du bétail, et ont condamné des hommes, des femmes et des enfants à mourir du cancer dans les coquettes petites villes mormones du nord de l’Arizona, du sud du Nevada et de l’Utah.
En général, les idées les plus destructrices furent celles d’hommes croyant que des époques extraordinaires justifient des actes extraordinaires. Au milieu du XXème siècle, cette manière de voir a constitué l’assise idéologique de ceux qui ont géré l’industrie gouvernementale des armes nucléaires.
A leurs yeux, la bombe atomique allait bien au-delà du simple exploit scientifique : ils la concevaient comme la réussite scientifique suprême du siècle, un symbole de virtuosité technique, une sorte de balle explosive magique qui, non seulement allait protéger l’Amérique et mettre les Soviétiques à terre, mais allait également conduire à une nouvelle ère de réalisations destinées à durer des siècles, au cours de laquelle la science viendrait à bout des maux humains.
Installés dans leur bureaucratie industrielle hautement centralisée, protégée par le strict secret militaire, les scientifiques de l’atome étaient libres de prendre tous les risques, d’effectuer tous les essais, d’élaborer toutes les expériences à l’abri de toute ingérence extérieure. Peu leur importait les conséquences brutales qui en résulteraient pour la terre et pour les populations. Les patrons de l’Atomic Energy Commission, l’agence gouvernementale à qui appartenait le site d’essais, pensaient que l’histoire justifierait leurs activités au cas où elles seraient découvertes.
Néanmoins, la vérité la plus frappante et la plus déconcertante de cette page sombre de l’histoire américaine, c’est que, tout en invoquant la protection des idéaux démocratiques, l’Atomic Energy Commission et ceux qui la soutenaient à la Maison Blanche et au Congrès les ont dégradés. Des gens qui avaient prêté allégeance à la Constitution ont mené un combat constant pour garder secrète cette trace de leur violence. Quand au début des années 50, puis de nouveau dans les années 60 et 70, on les mit en face des conséquences de leurs actes, les responsables de l’industrie nucléaire se sont comportés comme des traîtres, mentant sans vergogne lors des audi- tions au Congrès, détruisant des documents lors des procès, et conspirant pour camoufler la réalité.
La vérité commença à émerger en 1978, lorsque le Président Jimmy Carter ordonna que les rapports opérationnels de l’Atomic Energy Commission soient rendus publics. Deux ans plus tard, une équipe d’enquêteurs qui avait étudié les documents et interviewé des participants concluait : « la plus grande ironie de notre programme d’essais nucléaires atmosphériques est que la seule victime des armes nucléaires des Etats-Unis depuis la seconde guerre mondiale a été notre propre peuple. »
Dans son livre déterminé et courageux, Carole Gallagher nous présente des Américains victimes de la bombe atomique. Le livre de Gallagher, qu’elle a mis une décennie à mettre au point, est un panorama saisissant des victimes non décorées d’une guerre non déclarée. Tandis qu’elle préparait ce chef-d’œuvre, elle savait qu’elle engageait une course contre la montre pour recueillir les récits de personnes irrémédiablement malades, témoins d’événements que le gouvernement espérait enterrer avec eux. La conséquence de l’attitude insensible du gouvernement fut d’affermir la résolution de l’auteur et de ses sources. C’est le seul travail dans la récente littérature sur les armes atomiques américaines qui cherche avec autant de détermination à obliger les patrons de l’industrie des armes nucléaires à faire face aux coûts humains de leur œuvre.
« Je me souviens qu’une fois, à l’école, on nous a montré un film intitulé “A” pour Atome, “B” pour Bombe », dit Jay Truman – une des victimes, né en 1951 et élevé à Enterprise, dans l’Utah, une communauté située sous le vent du site d’essais du Nevada, dans laquelle des malformations congénitales et des décès dus au cancer ont commencé à apparaître à la fin des années 50. « Je crois que la plupart de ceux d’entre nous qui avons grandi durant cette période a ajouté mentalement : “C” pour Cancer ; “D” pour Décès.” C’est ce que je vois pour le futur, je pense. Dans ma vie je n’essaye pas de penser à l’avenir, dans un sens parce que… on finit par réaliser qu’on n’en a pas vraiment. »
« Je me souviens quand mon fils est né avec une mal- formation congénitale, juste après que tout cela se soit produit », a ajouté Ken Pratt, qui vivait dans le sud de l’Utah dans les années 50 et travaillait comme cascadeur pour doubler les vedettes dans des films. « Son visage était un trou immense et ils ont dû en réunir tous les morceaux derrière. Je pouvais voir sa gorge dans la partie inférieure, tout était sens dessus dessous, son visage était ouvert, chaque côté allant vers l’extérieur, et c’était horrible. Je voulais mourir et je voulais qu’il meure. »
Il est difficile de qualifier cet ensemble de blessures humaines et écologiques autrement que comme quelque chose d’immoral. Au moins, la fabrication et les essais d’armes nucléaires semblent enfin se terminer. Depuis que Carole Gallagher a commencé à travailler sur ce livre, aucune autre industrie aux Etats-Unis n’a subi autant de changements que celle qui fabriqua les bombes atomiques du gouvernement. En 1983, le site d’essais du Nevada était l’un des 17 principaux complexes répartis dans 12 États qui constituaient le cœur du monopole de la fabrication des armes nucléaires appartenant en totalité au gouvernement.
Avec près de 120 000 employés et un budget annuel de 4 milliards de dollars au début des années 80, l’industrie des armes nucléaires était une des entreprises les plus dangereuses et les plus importantes du pays.
Aujourd’hui, en 1992, les Etats-Unis n’ont plus produit d’arme nucléaire depuis 2 ans. Seuls six complexes d’armement restent ouverts, y compris le site d’essais du Nevada, qui cette année testera sous terre 5 ou 6 armes nucléaires, d’après le rapport public fait par le Department of Energy, le successeur de l’Atomic Energy Commission.
Le Congrès est en lutte avec le Department of Energy pour faire de nouvelles proposi- tions qui pourraient mettre fin aux essais nucléaires dans le Nevada.
Bientôt l’industrie des armes nucléaires pourrait être réduite à deux complexes tout au plus, dont la tâche serait de démanteler les milliers de têtes nucléaires qu’on a mis 50 ans à construire.
Il est évident que l’effondrement du communisme en Europe de l’Est et la fin de la guerre froide ont contribué à la débâcle soudaine de l’industrie des armes nucléaires. Ce que le public a appris à la fin des années 80 au sujet des équipements dangereusement délabrés de cette industrie, de ses mauvais rapports d’exploitation et d’une pollution radioactive et chimique rampante fut aussi important. A chaque étape des opérations de cette industrie, des parties de la population demandaient l’arrêt de l’exploitation de matières radioactives qui n’étaient plus nécessaires à une guerre qui ne serait jamais entreprise.
Le mouvement national qui conduisit à l’arrêt de l’industrie des armes nucléaires à la fin des années 80 n’a pas pris naissance spontanément. Il est né dans le désert, autour du site d’essais du Nevada, et a pris de l’ampleur grâce à quelques fiers et opiniâtres Mormons du sud-ouest qui considéraient que c’était pécher que de défier le gouvernement, mais s’y résignèrent parce que ne pas le faire eût été pêcher plus gravement encore. En 1956 et 1982, ces gens s’attaquèrent au gouvernement devant un tribunal du district fédéral de Salt Lake City, à l’occasion de trois affaires historiques qui furent les premières à révéler le scandale nucléaire national.
Les deux premières affaires concernaient les mêmes incidents de 1953, lorsque des gardiens de moutons qui effectuaient le rassemblement de leurs troupeaux au printemps trouvèrent leurs brebis et leurs agneaux porteurs de vilaines brûlures, de lésions au museau et à la gueule, et si malades que beaucoup pouvaient à peine tenir debout. Quand ils conduisirent leurs animaux dans les bergeries de l’Utah, ils furent témoins de phénomènes biologiques encore plus étranges. « Il commença à naître des agneaux chétifs et ballonnés » affirma en 1989 Kern Bulloch, un fermier de Cedar City (Utah) lors d’une audition du comité judiciaire du Tribunal.. « De tels agneaux ne vivaient que quelques heures. »
Sur les 14 000 moutons qui se trouvaient le long du site d’essais du Nevada, 4 500 moururent en mai et juin 1953. Les éleveurs de moutons étaient convaincus que ces pertes étaient dues aux radiations particulièrement nocives causées par les essais nucléaires atmosphériques effectués au début de cette année-là. En 1955, les éleveurs entamèrent des poursuites devant les juridictions du district fédéral de Salt Lake City, et furent les premiers à réclamer des indemnités pour des pertes dues aux radiations provoquées par l’industrie gouvernementale des armes nucléaires.
En septembre 1956, pendant le procès de 14 jours qui se déroula devant le juge A. Sherman Christensen, les éleveurs n’eurent pas la moindre chance.
Quand les scientifiques gouvernementaux de l’atome prirent position, c’est tout juste si leurs témoignages n’étaient pas mensongers du début à la fin.
En 1980, le Comité Judiciaire chargé du commerce international et interaméricain mena une enquête sur les moutons morts et conclut que l’Atomic Energy Commission s’était engagée dans une entreprise de camouflage scientifique sophistiquée, visant à protéger le programme d’essais mené au Nevada à n’importe quel prix, y compris au risque de ruiner la crédibilité gouvernementale. Des rapports internes découverts par les enquêteurs indiquaient que les vétérinaires fédéraux et ceux de l’État avaient mesuré des doses létales de radiation dans les organes des animaux morts et mourants, mais que l’Atomic Energy Commission avait fait disparaître ces rapports.
En outre, l’Atomic Energy Commission avait mené des études distinctes entre 1951 et 1954 dans une autre usine d’armes nucléaires, la réserve nucléaire de Hanford, dans l’État de Washington, au cours desquelles des moutons furent exposés à des niveaux d’irradiation identiques à ceux provoqués par les retombées sur le Nevada et l’Utah. Les résultats furent presque semblables à ceux de 1953 dans l’Utah. Les moutons développaient des lésions, perdaient leur laine, et ils mouraient en plus grand nombre que d’ordinaire. Le gouvernement ne mentionna jamais l’existence de ces études devant la cour.
La publication de l’étude du Comité Judiciaire incita plusieurs des plaignants d’origine à demander un nouveau procès. En mai 1982, pendant quatre jours, le juge Christensen, le juge le plus haut placé de la cour à l’époque, entendit leurs arguments. En août 1982, dans un rapport de 56 pages, il rendit un jugement qui entendait faire jurisprudence. Vingt-six ans après sa première décision, Christensen déclarait qu’une monstrueuse erreur judiciaire avait été commise et que l’Atomic Energy Commission avait perpétré « une fraude vis- à-vis de la cour, à laquelle il faut remédier, même à cette date tardive ». En accordant un nouveau procès aux fermiers, Christensen disait que les scientifiques et les hommes de loi du gouvernement avaient délibérément caché des documents, produit des faux témoignages et occulté des informations.
En 1983, par une décision inexplicable, la cour d’appel de la 10ème circonscription des Etats-Unis à Denver annula le jugement de Christensen. Le jury d’appel jugea qu’il n’y avait pas eu de témoignages faux ou mensongers et qu’on n’avait caché aucune preuve aux gardiens des troupeaux de moutons. On a su plus tard qu’avant d’être nommé à la Cour d’appel en 1962, le juge qui avait rendu cette décision avait travaillé à Santa Fé (Nouveau Mexique) comme membre d’une importante société judiciaire servant de conseil au Laboratoire National de Los Alamos, le responsable des expérimentations atomiques.
La troisième affaire historique, la plainte de 1 200 habitants du sud-ouest, fut exposée devant la cour du juge Bruce S. Jenkins à Salt Lake City en 1982. Pour illustrer les résultats des essais, on avait sélectionné les dossiers médicaux des cancers de 24 plaignants, parmi lesquels 4 enfants -tous morts- et 19 adultes, dont 5 étaient encore en vie. Pendant 4 mois le tribunal présidé par Jenkins entendit les dépositions de 98 témoins. Des mères et des pères parlèrent de la douleur indicible dont avaient souffert leurs enfants agonisants. Des enfants de victimes décrivirent leurs tourments à la vue de leur parents agonisants, dont le corps s’atrophiait.
Des scientifiques du gouvernement admirent qu’ils avaient caché les dangers des expérimentations, tout en précisant qu’ils restaient sceptiques sur le fait que quiconque ait subi un préjudice.
En mai 1984, Jenkins, dans un rapport de 489 pages, prononça un jugement, le premier à affirmer que les radiations émises par l’industrie gouvernementale des armes nucléaires avait causé des cancers. Jenkins accordait des indemnités à 10 des 24 victimes parce que, disait-il, le gouvernement avait négligé de prévenir les habitants des conséquences potentielles de l’exposition aux retombées.
« La Cour a conclu qu’individuellement ou en commun, les accusés ont exposé d’une manière déraisonnable les plaignants ou leurs ascendants à des risques de blessures résultant directement ou indirectement du fait qu’ils ont négligé de les prévenir » écrivait-il.
Une fois encore, la cour d’appel de la 10ème circonscription de Denver cassa la décision. Un comité de juges décida en 1987 que la conduite d’essais ou de tests atmosphériques était une décision politique protégée par le Federal Tort Claims Act, une loi de 1946 qui donne aux fonctionnaires de larges pouvoirs discrétionnaires permettant de mener des programmes fédéraux vitaux, que ceux-ci causent ou non des préjudices. En 1988, la Cour suprême des Etats-Unis décida de ne plus s’occuper de l’affaire et la querelle judiciaire prit fin.
Loin de se laisser abattre par les décisions de la Cour suprême, le mouvement national, décidé à placer le gouvernement face à ses responsabilités, acquit un nouveau dynamisme. Utilisant la décision Jenkins comme jurisprudence, des actions en justice furent intentées dans 10 Etats contre les installations d’armes nucléaires dépendant du Départment Of Energy, réclamant des indemnités pour dommages médicaux et environnementaux.
La première victoire fut remporté en 1989 : le Department Of Energy versa 78 millions de dollars aux habitants de Fernald (Ohio) pour torts causés à leurs biens par la contamination radioactive venant du Feed Materials Production Center, une usine locale de traitement de l’uranium.
Le jugement du juge Jenkins pesa en faveur des tentatives des législateurs du Congrès pour dédommager les victimes de l’industrie nucléaire. En 1988 le Congrès chargea le Ministère des anciens combattants de verser des pensions d’invalidité aux vétérans de l’atome qui avaient participé aux essais atomiques du Nevada et qui souffraient d’un des cancers figurant sur une liste de treize types de cancer.
Et le 15 octobre 1990, après des années de lobbying intensif mené par deux législateurs de l’Utah, le représentant Wayne Owens et le sénateur Orrin Hatch, le président Bush signa le « Radiation Exposure Compensation Act », en vue de présenter les excuses du gouvernement pour son comportement dans le sud- ouest et d’instaurer un fond en fidéicommis pour les victimes.
La guerre nucléaire secrète est un récit consciencieux et difficile à surpasser qui parle de confusion humaine et d’indifférence officielle. Ce livre s’inscrit dans une tradition américaine d’histoire orale et de photographies documentaires qui transcende toute autre forme d’art parce qu’elle conserve la mémoire des époques politiques troublées. Tout comme Mathew Brady a produit des documents sur la Guerre de Sécession, Walker Evans a fait la chronique de la Grande Dépression, et tout comme des photo-reporters modernes ont réalisé des reportages sur le mouvement des droits civiques et la guerre du Vietnam, Carole Gallagher nous met en face des victimes d’un autre chapitre douloureux de l’histoire américaine.
Les conséquences de la contamination de l’Amérique par l’industrie des armes nucléaires persisteront pendant des siècles.
Voici un document d’une qualité professionnelle extraordinaire dû à une journaliste qui refuse de laisser cette tragédie sombrer dans l’oubli.
KEITH SCHNEIDER
Journaliste au New-York Times, spécialisé dans l’étude des coûts écologiques occasionés par le développement militaire de l’époque de la guerre froide.
American_Ground_Zero LA GUERRE NUCLEAIRE SECRETE