DEMANTELEMENT DE LA CENTRALE DE BRENNILIS: LA QUESTION DES DECHETS RADIOACTIFS TOURNE AU CASSE-TÊTE (Philippe COLLET / Actu-environnement) + BONUS INFONUCLEAIRE

Démantèlement de la centrale de Brennilis :

la question des déchets radioactifs

tourne au casse-tête

DEMANTELEMENT DE LA CENTRALE DE BRENNILIS: LA QUESTION DES DECHETS RADIOACTIFS TOURNE AU CASSE-TÊTE (Philippe COLLET / Actu-environnement) + BONUS INFONUCLEAIRE dans REFLEXIONS PERSONNELLES brennilisL’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) a rejeté le dossier de démantèlement complet déposé par EDF. En cause, l’absence de solution de stockage pour les déchets, suite à l’arrêt de la construction de l’ICEDA sur la centrale du Bugey. Une situation qui pourrait s’éterniser.

Démantèlement de la centrale de Brennilis : la question des déchets radioactifs tourne au casse-tête
© EDF
Lundi 22 octobre 2012, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) est revenue sur le motif justifiant son rejet du dossier de demande d’autorisation présenté par EDF pour le démantèlement complet de la centrale nucléaire de Brennilis (Finistère). Le stockage des déchets radioactifs de la centrale mise en service en 1965 et arrêtée en 1985 constitue le point noir du dossier. Actuellement, EDF dispose d’une autorisation de démantellement partielle concernant notamment les échangeurs de chaleur et les structures de la station de traitement des effluents.

Dossier incomplet

L’ASN, sollicitée par le Gouvernement pour se prononcer sur la recevabilité du dossier avant qu’il ne soit soumis à enquête publique, juge que « ce nouveau dossier ne permet pas d’appréhender tous les enjeux liés au projet de démantèlement : la construction de l’Installation de Conditionnement et d’Entreposage des Déchets Activés (ICEDA), bien que largement engagée à Bugey dans l’Ain, est en effet désormais à l’arrêt ».

Certes, « EDF a justifié la stratégie de démantèlement retenue », considère l’ASN, néanmoins elle« recommande au Gouvernement que ce dossier soit complété avant d’être à nouveau soumis à une enquête publique, afin qu’il prenne pleinement en compte l’avis de la commission d’enquête publique du 15 mars 2010″.

Au chapitre déchets radioactifs, l’avis de la commission d’enquête pointe tout particulièrement que « la quasi-totalité des opposants au projet de démantèlement ont souligné l’absence de lieu d’entreposage et de stockage pour les déchets de faible et moyenne activité (FMA) à vie longue ». Or, « la Commission Locale d’Information (CLI) exclut l’entreposage sur le site », indique l’avis, ajoutant que la CLI « sollicite des précisions sur la solution qui serait envisagée si « l’installation ICEDA n’était pas opérationnelle à la date indiquée » ». Sans grande surprise, « ceux qui souhaitent la reprise des opérations de démantèlement ne font pas état des problèmes de stockage, ni d’entreposage des déchets radioactifs », rapporte la commission d’enquête.

Pour sa part, la commission tranche et formule un avis particulièrement critique sur ce point. Rappelant que « démanteler consiste à déplacer la radioactivité sans la réduire », elle juge que « sans la certitude de mise en service opérationnelle de l’ICEDA pour l’entreposage, il n’est pas envisageable d’entreprendre les opérations de démantèlement du bloc réacteur ». Et de conclure : « Par conséquent, la commission d’enquête émet un avis défavorable à la production de déchets radioactifs classés FMA à vie longue et à vie courte à envoi différé et à leur entreposage sur le site ».

L’entreposage des déchets au point mort

Le démantèlement du réacteur de Brennilis devrait générer quelque 40 tonnes de déchets de moyenne activité à vie longue, issus du bloc réacteur, et environ 35 tonnes de déchet de faible et moyenne activité à vie courte à envoi différé. Autant de déchets qu’EDF escompte entreposer au Bugey en attendant que l’Agence Nationale pour la Gestion des Déchets Radioactifs (ANDRA) trouve un site en vue du stockage définitif…

Or, comme le rappelle l’ASN, le projet ICEDA est arrêté depuis « l’annulation de son permis de construire, confirmée par la Cour Administrative de Lyon le 19 juin 2012« . Un horticulteur riverain de la centrale avait attaqué le permis de construire soutenant que le site du Bugey n’avait pas vocation à recevoir les déchets du démantèlement en cours de différents réacteurs français. Il s’agit là d’un changement total du projet initial, a plaidé l’avocat du plaignant qui a trouvé une faille dans le plan local d’urbanisme (PLU) de la commune de Saint-Vulbas (où est implanté le site) pour obtenir l’annulation du permis de construire. Le Tribunal Administratif de Lyon l’a suivi et a jugé le permis de construire non conforme au PLU qui interdit les occupations du sol « non liées » et  »nécessaires » au fonctionnement de la centrale.

Un simple contretemps ?

Contacté par Actu-environnement, EDF indique que la demande de complément d’information de l’ASN procède des discussions habituelles entre l’entreprise et l’autorité de régulation lors de l’instruction de tels dossiers. Un porte-parole indique qu’EDF attend de recevoir la demande d’information complémentaire, précisant qu’« EDF ne sait pas quelles pièces complémentaires devront être produites ».

Quant au retard pris dans la construction de l’ICEDA, ce même porte-parole explique que la commune a entrepris une modification du PLU afin de le rendre compatible avec la présence du site d’entreposage. Une fois le PLU modifié, l’entreprise entend déposer une nouvelle demande de permis de construire pour l’ICEDA. Le PLU devrait être modifié d’ici la fin de l’année, espère EDF qui compte obtenir le nouveau permis courant 2013 pour que l’ICEDA soit opérationnelle en 2015. Il ne s’agirait donc que d’un contretemps qui ferait perdre environ un an à l’entreprise.

Pour l’instant, tout au moins, car, comme le rappelle le porte-parole d’EDF ce calendrier tient « sans compter d’éventuels recours ». Là est le problème, puisqu’en juillet, l’exécutif du canton de Genève a déposé un recours auprès du Conseil d’Etat français contre l’ICEDA situé à 70 km de Genève. Si peu de détails sur les motifs du recours ont filtré, la Tribune de Genève révélait néanmoins que l’argument principal fait état d’un danger potentiel pour Genève et que le canton a particulièrement ciblé des failles administratives dans le dossier.

Philippe COLLET « Actu-environnement »            

A propos de Démantèlement…

brennilis AREVA dans REFLEXIONS PERSONNELLES
A propos de Brennilis: Contaminations, mensonges, opacité, illégalités… le dossier « exemplaire » de la centrale nucléaire des Monts d’Arrée, dans le Finistère. Trait d’Union n°37-38, novembre 2007, en PDF.
Impact radiologique de la centrale de Brennilis (CRIIRAD, 22 sept 2007, B. Chareyron)

En octobre 1996, un décret autorisait l’exploitant à procéder à la mise en confinement du bâtiment réacteur. Le démantèlement complet (dit de niveau 3) de l’installation ne devait intervenir qu’après un délai de 40 à 50 ans permettant de bénéficier de la réduction de l’activité des radionucléides à vie courte.

En 1999, les autorités recevaient la synthèse d’une étude EDF-CEA sur le démantèlement de niveau 3. L’étude mettait en évidence les avantages du démantèlement différé (délai de 40 ans à compter de la fin du démantèlement de niveau 2) que ce soit en termes de réduction de dose de rayonnement pour les intervenants, de gestion des déchets radioactifs et de coûts des travaux.

Début 2006, un décret opérait un changement complet de stratégie et autorisait EDF à procéder sans délai aux opérations de démantèlement complet du bâtiment réacteur. La décision était prise sans publication préalable de l’étude d’impact, sans passage par l’enquête publique et sans qu’aucune étude scientifique n’ait invalidé les conclusions de l’étude de 1999 et démontré l’avantage du démantèlement immédiat.

[...] Il faut porter à la décharge de la CLI que sa décision s’est très largement appuyée sur l’étude qu’elle a confiée à l’ACRO. Le cahier des charges établi par la CLI précisait qu’il s’agissait d’une mission d’expertise du dossier EDF mais le travail effectué a largement débordé de ce cadre. Confrontée au défaut de justification du démantèlement immédiat, l’ACRO s’est substituée à l’exploitant pour pallier les lacunes de son dossier et développer un argumentaire à charge contre le démantèlement différé. Le problème, c’est que l’association ne dispose pas des arguments scientifiques nécessaires à sa démonstration : piégée par sa tentative, elle doit admettre que ses arguments ne sont que des « PRESUPPOSES » ­ c’est-à-dire des HYPOTHESES NON VERIFIEES ­ qui devront faire l’objet d’études permettant de « STATUER » sur leur éventuelle validité.

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Centrale de Brennilis:

le démantèlement partiel

se poursuit

RENNES (7/2/2012) - Les travaux de démantèlement partiel se poursuivent sur le site de la centrale nucléaire de Brennilis (Finistère) et la demande d’autorisation pour le démantèlement total du réacteur, de son enceinte et de sa cuve a été déposée fin décembre, a-t-on appris mardi auprès de la direction du site.

Le dossier a été déposé comme prévu le 29 décembre 2011 auprès des autorités, on est dans la première étape de l’instruction du dossier, a indiqué le directeur du site des Monts d’Arrée, Jean-Christophe Couty.

Le chantier de démantèlement partiel qui concerne la station des effluents et les échangeurs thermiques a été relancé fin juillet par décret après une suspension de quatre ans obtenue sur recours par les militants antinucléaires.

Actuellement, les équipes sont à pied d’oeuvre et se concentrent sur le chenal d’évacuation des effluents qui devrait être assaini avant la fin de l’année 2012, a indiqué M. Couty. Puis commencera la démolition de la station de traitement des effluents.

Parallèlement, deux ateliers de démontage des échangeurs de chaleurs doivent être installés au cours du premier semestre 2012 et la première découpe sera réalisée au premier trimestre 2013, selon le directeur du site.

Le devis pour le démantèlement partiel de ce prototype à eau lourde stoppée en 1985 a été évalué à 373 millions d’euros en 2008, en augmentation de 26% comparé au devis établi en 2001 à périmètre égal, selon le récent rapport de la Cour des Comptes sur les coûts de la filière électronucléaire.

L’annulation par le Conseil d’Etat pour vice de forme du décret de 2006 autorisant le démantèlement a entraîné des hausses liées au report du chantier et des coûts d’études supplémentaires en vue de l’obtention d’un nouveau décret, selon le chapitre du rapport consacré à Brennilis.

D’autres raisons des hausses constatées sont d’ordre industriel et sont liées notamment à l’identification de surcoûts significatifs dans les travaux à mener, selon le texte.

Interrogé à ce sujet, le directeur de la centrale s’est refusé à tout détail sur ces surcoûts.

La Cour des Comptes pointe le coût du nucléaire

Dans son rapport qui est sorti, la Cour des Comptes dénonce le coût exorbitant du nucléaire français et, particulièrement, celui du démantèlement. Celui-ci est estimé à 22,2 milliards d’euros. Un chiffre sous-estimé selon la Cour des Comptes qui s’appuie sur le coût de démantèlement de onze centrales britanniques. La Cour a demandé à EDF de revoir son mode de calcul.

Le Parisien, 22/12/2011:

Démantèlement des centrales: le chantier sans fin de Brennilis

Le site de Brennilis, chantier pilote de

démantèlement

RENNES 22/10/2011 - La centrale nucléaire de Brennilis, dans le Finistère, où des opérations de démantèlement vont reprendre après quatre ans d’interruption, abrite un réacteur à eau lourde (EL4), le seul modèle du genre en France, le plus ancien du parc d’EDF et le premier voué à la destruction.

Prototype industriel couplé au réseau EDF en 1967, la petite unité des Monts d’Arrée (70 MW contre 900 à 1.450 MW pour les réacteurs suivants) a définitivement arrêté de produire le 31 juillet 1985, après avoir fourni 6,2 milliards de KWH – soit l’équivalent de la consommation annuelle de la ville de Paris.

La déconstruction de la centrale a été entamée en 1997, devant à l’origine servir de chantier pilote pour le démantèlement de 8 autres centrales de première génération – Bugey 1, Chinon A (1, 2 et 3), Chooz A, Creys-Malleville, Saint-Laurent A (1 et 2).

Depuis, trois bâtiments nucléaires ont été assainis et démolis, avec un total de 100.000 tonnes de déchets, dont 20% radioactifs, déjà évacués du site.

Autorisés par un décret du premier ministre en février 2006, les travaux de démantèlement du réacteur proprement dit ont été bloqués en 2007 par un recours déposé par les anti-nucléaires pour défaut d’enquête publique.

A la même époque, le chantier avait été épinglé par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) pour un défaut de conditionnement et d’évacuation de 32 fûts de déchets nucléaires.

En 2010, un nouveau projet de démantèlement total s’est heurté à un avis défavorable de la Commission d’Enquête Publique, selon laquelle EDF ne démontrait pas l’urgence et l’intérêt du démantèlement immédiat, d’autant que la filière pour gérer les déchets les plus radioactifs n’existait pas encore.

Le démantèlement partiel de la station de traitement des effluents et des échangeurs de chaleur, ainsi que l’assainissement du chenal de rejet des effluents et des zones de pollutions diffuses ont en revanche reçu un avis favorable, entériné par un décret du Premier Ministre, le 27 juillet dernier.

Sortir du Nucléaire Cornouaille a déposé fin septembre une requête préliminaire contre ce décret en dénonçant notamment l’autorisation de démantèlement des échangeurs thermiques, situés dans l’enceinte réacteur.

En 2007, le coût prévisionnel de la déconstruction de la centrale de Brennilis était évalué à 460 millions d’euros. Depuis, EDF n’a pas communiqué le montant des dépenses réelles, indiquant seulement que l’enveloppe prévisionnelle de 2 milliards d’euros pour le démantèlement des 9 centrales de première génération était respectée.

 19/9/2011: 

Ouest-France, 25 mai 2011: 


À Brennilis, des fuites dans la vie de la centrale

Il existe des poches de pollution sur le site que nous devons suivre de près. Il faut aussi qu’EDF nous explique le pourquoi de ces fuites, comme en 1984.

[...] Alain François Calderon, d’Eaux et rivières, précise que lors de l’enquête publique, les associations avaient demandé une caractérisation du site. « Or, l’Autorité de Sûreté Nucléaire a répondu : « Nous allons faire un décret ». C’est-à-dire que nous n’aurons pas une caractérisation du site avant démantèlement. C’est regrettable. »
Le militant poursuit l’argumentaire : « La centrale a émis beaucoup de tritium (isotope de l’hydrogène), un élément radioactif qui se fixe dans l’herbe, passe dans le lait, les aliments. Dans les mesures données par l’ACRO, on trouve des quantités radioactives supérieures à la normale dans l’eau du site. »

[Le tritium a été balancé dans la nature juste avant la fermeture de Brennilis, car cette centrale prototype de ce qui aurait du être les réacteurs de production en France (le model choisi sera finalement le PWR de licence Westinghouse) est entrée en service avant qu'il y ait une loi sur les autorisations de rejet, donc en fonctionnement Brennilis pouvait balancer n'importe quelle quantité de merde radioactive dans la nature, mais lors de sa fermeture elle tombait dans les lois qui ont été votées plus tard, d'où les rejet de Tritium juste avant la fermeture !]

 Ouest-France, 29/12/2009: 

 Le démantèlement du réacteur de Brennilis inquiète

La centrale nucléaire finistérienne est la première qu’EDF démolit. Depuis trois ans, le chantier est stoppé, à la suite du recours en justice d’associations de protection de l’environnement. Le démantèlement du réacteur pourrait intervenir en 2010, après une nouvelle enquête publique. La centrale nucléaire finistérienne, à l’arrêt depuis 1985, est la première qu’EDF démolit. Stoppé par la justice en 2006, pour manque de transparence, le chantier attend de redémarrer.

Un chantier expérimental. C’est une première nationale. Dans la campagne du centre-Bretagne, à Brennilis, EDF va déconstruire le réacteur de sa centrale nucléaire expérimentale, à l’arrêt depuis 1985. Il y a trois ans, avant qu’il ne s’attaque au bâtiment du réacteur, le chantier de démolition a été stoppé par un recours d’associations antinucléaires et de protection de l’environnement.

Le Conseil d’État a imposé à EDF d’être plus transparent sur son projet. Du 27 octobre au 11 décembre, EDF a soumis un nouveau dossier à enquête publique. La commissaire enquêteur doit rendre ses conclusions courant janvier. Les ministres de l’Écologie et de l’Économie se prononceront ensuite sur l’autorisation à reprendre la démolition. Auparavant, la Commission Locale d’Information, composée d’élus, d’associations et d’experts, et les associations ayant refusé d’y siéger, espèrent obtenir des éclaircissements.

Pourquoi démanteler maintenant ? Élus et associations estiment qu’EDF n’a pas suffisamment justifié son choix. Sur 1 900 pages de dossier, une seule répond à cette interrogation. Selon la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (Criirad), « la seule étude réalisée par EDF, en 1999, conclut que la meilleure solution est d’attendre quarante ans et non pas de procéder sans délai au démantèlement comme le prévoit le projet ». Avec le temps, assurent les opposants, la radioactivité diminuerait dans l’enceinte du réacteur ; les risques seraient donc moindres.

Le sol est-t-il pollué ?

L’expert mandaté par la Commission Locale d’Information pour étudier le dossier, a relevé d’autres faiblesses. « EDF ne caractérise pas le niveau de pollution des sols et des eaux souterraines », explique Gilbert Pigrée. Ce à quoi Xavier Petitjean, directeur du site de Brennilis, réplique : « Bien entendu, on va communiquer sur l’état du sol ; mais pour disposer d’éléments, on doit démanteler au préalable. »

Michel Marzin, un ancien délégué du personnel de la centrale, en doute : « En 1997, EDF a réalisé des prélèvements. J’ai eu ces données en main. Et aujourd’hui, EDF assure ne pas les avoir ! » Xavier Petitjean maintient ne pas connaître ces analyses qui n’ont pas été faites, précise-t-il, par EDF.

Que faire des déchets ?

Le démantèlement va produire 375 tonnes de déchets de faible et moyenne activité, qui concentreront 99 % de la radioactivité du site. Or, EDF n’a pas encore de solution de stockage. « Un site intermédiaire est prévu dans l’Ain », expliquent les cadres d’EDF. Sauf que des oppositions locales en empêchent la construction. En attendant, les déchets radioactifs seront entreposés dans les sous-sols de l’enceinte du réacteur. Une solution qui effraie les élus locaux. Comme Gérard Gwel, conseiller municipal du Botmeur, qui fait remarquer : « Au cas où le site de l’Ain ne se ferait pas, le dossier d’EDF ne présente pas de plan B. »

 CRIIRAD, 16 décembre 2009:

 Démantèlement de la centrale nucléaire des Monts d’Arrée

[BRENNILIS, FINISTERE]

LES DROITS DU PUBLIC EN MATIERE D’INFORMATION ET DE PARTICIPATION
AUX DECISIONS SONT A NOUVEAU BAFOUES
Bien que sanctionnés en 2006 par le Conseil d’Etat, l’exploitant et les autorités de sûreté nucléaire récidivent.

 Pour mémoire

Démarrée en 1966, la centrale nucléaire des Monts d’Arrée a été mise à l’arrêt en 1985.

En octobre 1996, un décret [1] autorisait l’exploitant à procéder à la mise en confinement du bâtiment réacteur. Le démantèlement complet (dit de niveau 3) de l’installation ne devait intervenir qu’après un délai de 40 à 50 ans permettant de bénéficier de la réduction de l’activité des radionucléides à vie courte.

En 1999, les autorités recevaient la synthèse d’une étude EDF-CEA [2] sur le démantèlement de niveau 3. L’étude mettait en évidence les avantages du démantèlement différé (délai de 40 ans à compter de la fin du démantèlement de niveau 2) que ce soit en termes de réduction de dose de rayonnement pour les intervenants, de gestion des déchets radioactifs et de coûts des travaux.

Début 2006, un décret [3] opérait un changement complet de stratégie et autorisait EDF à procéder sans délai aux opérations de démantèlement complet du bâtiment réacteur. La décision était prise sans publication préalable de l’étude d’impact, sans passage par l’enquête publique et sans qu’aucune étude scientifique n’ait invalidé les conclusions de l’étude de 1999 et démontré l’avantage du démantèlement immédiat.

Début 2007, dans le cadre d’un recours introduit par le Réseau Sortir du Nucléaire, le Conseil d’Etat annulait le décret de 2006 pour non respect de l’obligation de publication de l’étude d’impact [4] . Les associations demandaient aux autorités un certain nombre de garanties, en particulier sur la réalisation et la publication d’une étude comparative des différentes stratégies de démantèlement, immédiat ou différé [5] .

L’élément clef est absent du dossier !

Suite à la décision du Conseil d’Etat, une nouvelle procédure d’autorisation était engagée par les autorités. Organisée du 27 octobre au 11 décembre 2009, l’enquête publique sur la nouvelle demande d’autorisation d’EDF devait permettre de juger des progrès réalisés.

Le bilan est accablant :

L’étude de JUSTIFICATION du projet n’est pas dans le dossier.

Sa présence est pourtant requise par le CODE DE L’ENVIRONNEMENT. Le dossier doit exposer les raisons pour lesquelles, parmi les solutions envisagées, le projet a été retenu. Elément important de n’importe quel projet, l’étude de justification est dans le cas présent indispensable. Tout d’abord, parce que la seule étude réalisée conclut que la meilleure solution est d’attendre 40 ans et non pas de procéder sans délai au démantèlement comme le prévoit le projet ; ensuite, parce que le dossier des Monts d’Arrée est un dossier pilote qui va servir de modèle à des dizaines de chantiers de démantèlement. Dans un tel contexte, ni l’exploitant, ni les autorités n’ont le droit de faire l’impasse sur l’analyse détaillée des avantages et inconvénients des différentes options et de leurs implications, que ce soit en termes de risques sanitaires, d’impact environnemental, de transports de déchets ou de capacités d’entreposage et de stockage.

Les contradictions de la CLI et les présupposés de l’ACRO

Consultée sur le dossier, la Commission Locale d’Information des Monts d’Arrée a indiqué que «le dossier présenté par l’industriel justifie mal la solution retenue » [6] et « qu’un complément doit IMPERATIVEMENT être fourni par l’industriel sur cette question importante. ». Le problème est que ce complément indispensable, qui doit impérativement être fourni, ne le sera ­ si tant est qu’il le soit que POSTERIEUREMENT à l’enquête publique et la consultation des organismes représentatifs. Et ceci d’autant plus que la CLI a émis un avis FAVORABLE au projet de démantèlement immédiat sans le subordonner à aucune condition [7] .

Il faut porter à la décharge de la CLI que sa décision s’est très largement appuyée sur l’étude qu’elle a confiée à l’ACRO [8]. Le cahier des charges établi par la CLI précisait qu’il s’agissait d’une mission d’expertise du dossier EDF mais le travail effectué a largement débordé de ce cadre. Confrontée au défaut de justification du démantèlement immédiat, l’ACRO s’est substituée à l’exploitant pour pallier les lacunes de son dossier et développer un argumentaire à charge contre le démantèlement différé. Le problème, c’est que l’association ne dispose pas des arguments scientifiques nécessaires à sa démonstration : piégée par sa tentative, elle doit admettre que ses arguments ne sont que des « PRESUPPOSES » ­ c’est-à-dire des HYPOTHESES NON VERIFIEES ­ qui devront faire l’objet d’études permettant de « STATUER » sur leur éventuelle validité.

A aucun moment, la réalisation de ces études n’est posée comme un PREALABLE à l’acceptation du projet de démantèlement immédiat. Il est, certes, impératif d’effectuer des études qui permettront de vérifier s’il faut démanteler immédiatement ou s’il vaut mieux attendremais d’ici là EDF peut être autorisée à procéder immédiatement au démantèlement.

Par ailleurs, que les études manquantes soient réalisées, ou qu’elles ne le soient pas, et qu’elles concluent en faveur du démantèlement immédiat ou qu’elles l’invalident, de toute façon, elles n’interviendraient qu’APRES la consultation du public et des organismes représentatifs. On peut, dans ces conditions, s’interroger sur la validité de l’enquête publique et sa conformité aux prescriptions réglementaires. Au lieu de favoriser la présentation au public d’un dossier correct, l’expertise de l’ACRO vient cautionner une procédure vide, pour ne pas dire ILLEGALE.

En effet, le droit du public à l’information et à la participation au processus de décision en matière d’environnement est inscrit dans les textes. Rappelons que le principe de participation, énoncé par la loi du 27 février 2002 et intégré au code de l’environnement (art. L.110-1) dispose que « chacun a accès aux infor-mations relatives à l’environnement, y compris celles relatives aux substances et activités dangereuses, et le public est associé au processus d’élaboration des projets ayant une incidence importante sur l’environnement ou l’aménagement du territoire ». Rappelons également que la convention Aarhus, signée par la France et intégrée dans son droit nationa [9] dispose que les autorités prennent « des dispositions pour que la participation du public commence au début de la procédure, c’est-à-dire lorsque toutes les options et solutions sont encore possibles et que le public peut exercer une réelle influence ».

Dans ce dossier, en guise de droit à l’information, le public doit se contenter de l’étude réalisée en 1999 par l’exploitant, une étude censée démontrer l’intérêt du démantèlement différé à 40 ans mais dont la communication a été refusée aux associations (seule une synthèse, impossible à évaluer, est disponible). Et à l’appui du démantèlement immédiat, option pourtant retenue par les autorités et l’exploitant, il n’y a rien : ni étude, ni synthèse, ni même les références d’une étude ! Le tout pour un dossier « exemplaire » qui servira de modèle aux nombreux chantiers de démantèlement à venir ! Le comble est que les citoyens sont privés de leurs droits avec le soutien d’instances censées garantir le respect des procédures démocratiques.
La CRIIRAD demande, en préalable à toute décision, des études approfondies et un débat national

Afin de ne pas apporter sa caution à un dossier fondamentalement incorrect, la CRIIRAD avait décidé dès août 2009 de ne pas participer à l’enquête publique [10] et de ne pas répondre à l’appel d’offre lancé par la CLI pour l’expertise du dossier EDF. Elle ne souhaitait pas se trouver en situation d’analyser les modalités de mise en oeuvre d’un projet dont il n’a pas été démontré au préalable que c’est le bon. Elle considère en outre que le choix de la stratégie de démantèlement doit être effectué au niveau NATIONAL. Il concerne en effet de nombreuses installations, implantées dans différents départements, et il a des incidences sur les sites de stockage de déchets radioactifs existants ainsi que sur l’opportunité de créer, ou pas, de nouvelles installations d’entreposage (cf. projet ICEDA à Bugey dans l’Ain [11]).

En conséquence, la CRIIRAD demande un MORATOIRE sur le démantèlement complet de la centrale nucléaire des Monts d’Arrée, un moratoire permettant :

1/ la réalisation d’études comparatives approfondies et contradictoires sur les différentes stratégies de démantèlement, sur leurs avantages et leurs inconvénients et sur leurs implications en termes de transport, d’entreposage et de stockage des déchets radioactifs ;

2/ l’organisation d’un débat national. Rappelons que ce débat est demandé par de nombreux citoyens et associations de protection de l’environnement ainsi que par le président du Conseil Général du Finistère qui souligne, dans un courrier adressé le 28 novembre 2009 au ministère de l’Ecologie « l’intérêt d’un débat national sur les options du démantèlement des installations nucléaires en fin de vie ». Pour avoir un sens ­ pour ne pas être un alibi démocratique de plus ­ ce débat doit évidemment intervenir avant les prises de décision au niveau local et être assorti de garanties sur la qualité des informations mises à disposition du public et sur la prise en compte du résultat de la consultation.

Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité

[1] – Décret n°96-978 du 31 octobre 1996 autorisant le CEA à créer une INB destinée à conserver sous surveillance, dans un état intermédiaire de démantèlement, l’ancienne installation nucléaire de base n° 28, dénommée centrale nucléaire des monts d’Arrée-EL 4 (réacteur arrêté définitivement), sur le site des monts d’Arrée. (INB n°162 dénommée EL4-D)
[2] – Note de présentation de synthèse de l’étude de faisabilité et d’optimisation du démantèlement de niveau 3 de la centrale nucléaire des Monts d’Arrée. Document adressé le 5 novembre 1999 aux ministres en charge de la sûreté nucléaire.
[3] – Décret n°2006-147 du 9 février 2006 autorisant Electricité de France à procéder aux opérations de mise à l’arrêt définitif et de démantèlement complet de l’installation nucléaire de base n° 162 dénommée EL 4-D.
[4] – Décision du Conseil d’Etat (section du contentieux) du 6 février 2007 annulant le décret 2006-147 ­ Dossier n° 292386.
[5] – Courrier du 13 novembre 2007 adressé au premier ministre et aux ministres en charge de la sûreté nucléaire par les associations CRIIRAD, Vivre dans les Monts d’Arrée, AE2D, Réseau Sortir Du Nucléaire et SDN Cornouaille.
[6] – C’est un euphémisme. Ce que l’on ne saurait appeler une « étude de justification » tient sur une seule page (sur les milliers qui composent le dossier EDF) et n’est constitué que de généralités dépourvues de références scientifiques, complétées par du texte « emprunté » à une note d’information de l’ASN et recopié sans guillemets !
[7] – Ainsi que l’indique son président, l’avis de la CLI est « assorti d’un certain nombre d’observations et de recom-mandations que la Commission souhaiterait voir prises en compte » mais rien qui puisse être assimilé à une réserve, encore moins à une condition (à noter que l’avis favorable n’a été voté par aucune des associations membres de la CLI).
[8] – Examen du dossier d’enquête publique relatif à la demande d’autorisation de démantèlement de la centrale de Brennilis, INB n°162, appelée également Site des Monts d’Arrée (SMA). Travail engagé à l’initiative et pour le compte de la CLI dans le cadre de sa saisine par les instances préfectorales. ACRO, 2009.
[9] – Convention du 25 juin 1998 sur l’accès à l’information, la participation du public au processus décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement, convention dite Aarhus, publiée par le décret n° 2002-1187 du 12 septembre 2002, entrée en vigueur le 6 octobre 2002.
[10] – La CRIIRAD a toutefois adressé le 11 décembre dernier un courrier à la présidente de la commission d’enquête afin de l’alerter sur les dysfonctionnements constatés et lui rappeler la finalité de l’enquête publique.
[11] – Projet ICEDA pour Installation de Conditionnement et d’Entreposage de Déchets Activés.

Télécharger ce communiqué en pdf

Lire la lettre envoyée à la Présidente de la Commission d’enquête publique

Le Télégramme, 11/12/2009: 

Démantèlement:

Pierre Maille souhaite un débat

national

Sollicité par le préfet, le Conseil Général a donné, hier, un avis favorable sur la procédure de démantèlement de l’installation nucléaire de Brennilis, premier chantier du genre en France pour EDF.

Comme toutes les collectivités concernées, le Département avait à se prononcer sur l’enquête publique actuellement en cours (elle est close ce soir), mais cet avis favorable est assorti de plusieurs réserves.

Le conseil regrette notamment que le dossier n’étaye pas plus précisément les raisons du démantèlement et les scénarios alternatifs qui auraient pu être analysés. De même, il considère que les éléments relatifs aux coûts de l’opération ne sont pas apportés de manière assez détaillée par l’opérateur.

«Un chantier exemplaire»

Le Conseil Général souhaite également que ce chantier «soit exemplaire» en termes environnemental et sanitaire, mais aussi sur les plans économiques et sociaux, avec les créations d’activité qu’il peut générer. Pierre Maille, président du conseil général, mais également de la commission locale d’information(CLI), demande qu’un débat national soit organisé sur le démantèlement des installations nucléaires.

Brennilis n’est que le premier et modeste chantier mené par EDF qui aura, dans quelques années, à entreprendre des travaux de démantèlement d’une tout autre envergure. Autant dire que Brennilis est une sorte de prototype qui sera suivi avec attention.

Enjeu national

Hier à Loqueffret, Guy Hascoët, tête de la liste autonome Europe Écologie aux élections régionales en Bretagne, a également exigé la tenue d’un débat public national comme préalable au démantèlement de la centrale de Brennilis.

«On aurait tort de cantonner le chantier de Brennilis à des considérations locales. Il marque le début d’un demi-siècle de démantèlement en France, où 58 réacteurs attendent leur tour».

 Le Télégramme, 28/11/2009: 

 Brennilis:

Les antinucléaires persistent et signent

À la pauvre dizaine d’observations seulement enregistrées jusqu’alors se sont subitement ajoutées plus d’un millier de signatures à l’enquête publique sur le démantèlement de la centrale de Brennilis, hier après-midi, à Loqueffret (29). Et encore l’addition aurait-elle pu se révéler plus lourde si le règlement comptabilisait les manifestations électroniques (1), au nombre de 5.900.

Nouvelle demande de débat national. À qui doit-on ces milliers de paraphes ? À une pétition organisée par plusieurs associations antinucléaires (2) : «Nous demandons à la commission d’enquête de ne pas autoriser le redémarrage du chantier de Brennilis tant qu’un débat national sur la question plus générale du démantèlement des centrales nucléaires n’aura été organisé», explique Chantal Cuisnier, de Sortir du nucléaire.

Un souhait exprimé à de multiples reprises depuis juin 2007, au lendemain de l’arrêt du dernier chantier de démantèlement. Mais à quoi bon solliciter la Nation quand une enquête publique attise déjà peu de passion localement ? «Dans une enquête publique, les gens peuvent avoir le sentiment que le scénario est déjà ficelé. Cela ne sert à rien de se déplacer. En revanche, une réunion publique offre des moyens d’accès au débat. Et celui-ci doit concerner beaucoup de monde, ne serait-ce qu’à travers la problématique du transport des déchets».

Quinze jours de rab

Selon les antinucléaires, le débat public aurait également l’avantage de mieux cerner la question du calendrier de démantèlement. «Sachant que dans 50 ans, la radioactivité du site aura été divisée par 1.000». Du temps, Danielle Faysse, directrice de la commission de l’enquête publique, consent à en accorder. 15 jours de rab de procédure en espérant enrichir le registre de remarques supplémentaires. S’articulant justement autour du thème «Démanteler tout de suite ou après», la réunion publique de jeudi soir, à Loqueffret, servira-t-elle de catalyseur ?

1. Contrairement à ce que nous indiquions dans une précédente édition, les dépositions par courriel n’ont pas de valeur juridique.
2. Bretagne vivante, AE2D, Eau et Rivières, Sortir du nucléaire Cornouaille, Groupement mammologique breton, Vivre dans les monts d’Arrée et CLCV.

 Criirad, 16/12/2009:

Démantèlement de la centrale nucléaire des

Monts d’Arrée - Brennilis: Les droits des

citoyens à nouveau bafoués

Le Télégramme, 16/10/2009: 

Centrale nucléaire de Brennilis:

Tensions autour de l’enquête

Le démantèlement de la centrale de Brennilis s’était arrêté pour défaut d’information, en 2007. Pour obtenir sa reprise, EDF a mis le paquet : un dossier de 1.900 pages à l’enquête publique. Ses opposants estiment pourtant que tout n’est pas rapporté.

Quand se déroulera l’enquête publique et quelle est la population concernée ?

Du 27 octobre au 27 novembre. EDF a demandé l’élargissement du périmètre minimum légal. Les habitants de quinze communes pourront s’exprimer. La commission d’enquête organisera des permanences dans les mairies de Brennilis, de Loqueffret et en sous-préfecture de Châteaulin. Le dossier peut également être consulté sur le site internet de la préfecture. Au final, il appartiendra au Premier ministre de signer, ou pas, le décret de mise à l’arrêt définitif et de démantèlement de la centrale. Peut-être début 2010.

Faut-il la reporter ?

C’est le souhait exprimé par plusieurs associations environnementales (AE2D, Sortir du nucléaire…). Elles estiment que les enjeux (financiers, environnementaux…) dépassent le seul cadre d’une consultation locale et doivent engager une réflexion au niveau national. D’autant plus qu’il s’agit d’une opération inédite. D’où leur demande d’intervention de la commission nationale du débat public.

Combien de temps durera le chantier ?

«C’est un projet sur 15-20 ans avant restitution d’un site sans danger à la population», a précisé le directeur du site, Xavier Petitjean, hier soir, en réunion de présentation publique à Loqueffret. Trois grandes phases se chevaucheront dont la plus longue (douze ans) concerne le démantèlement et l’assainissement de l’échangeur de chaleur (16 pièces de 27 tonnes) et du bloc réacteur. Coût de l’opération ? «Nous avons une réserve de 2 milliards d’euros pour le démantèlement de neufs réacteurs à l’arrêt en France».

Quels sont les risques encourus par les intervenants ?

«Personne ne rentrera dans le bloc réacteur». Des robots télécommandés oeuvreront au contact de ses 50 tonnes de déchets radioactifs. Par ailleurs, l’exploitant assure que les 100 intervenants du chantier feront l’objet de contrôles de santé quotidiens. Sous contrôle de l’autorité de sûreté nucléaire. «La moitié des personnes qui ont travaillé sur le circuit eau lourde (durant la première phase de démantèlement du site, NDLR) sont décédées avant 65 ans», s’est emporté un ancien de la centrale. «Cela n’apparaît pas dans le dossier !».

Et pour la population ?

Le dossier d’EDF évoque un risque pour la faune et la flore environnantes de l’ordre du millième de la norme maximale autorisée. Les 50 tonnes de déchets les plus dangereux seront transférées (probablement par la route) dans des emballages conditionnés vers un centre que l’électricien doit encore construire dans l’Ain. Il s’agit de déchets classés «faiblement et moyennement actifs».

Leur durée de vie ? Trois cents ans !

Que se passerait-il si l’on ne démantelait pas ? 

Question posée par une antinucléaire qui a inspiré cette curieuse révélation d’un responsable du centre d’ingénierie de la déconstruction d’EDF:«Je ne le sais pas et c’est justement pour cela qu’il faut déconstruire».

Brennilis, Loqueffret, Botmeur, LaFeuillée, Lannédern, Saint-Rivoal, Brasparts, Le Cloître-Pleyben, Commana, Plounéour-Ménez, Collorec, Plouyé, Berrien, Locmaria-Berrien, Huelgoat.

Ouest-France, 8/10/2008: 

 Brennilis s’engage à la transparence nucléaire

La création de la CLI, Commission Locale d’Information, pourrait permettre le financement de nouvelles expertises radiologiques.

« Le démantèlement de la centrale nucléaire de Brennilis va désormais s’effectuer sous le contrôle des élus et des associations. Chargée de suivre ce chantier d’exception, la CLI aura des règles de fonctionnement qui lui assureront une transparence exemplaire. » C’est ainsi que, hier à Quimper, Pierre Maille, président du Conseil Général, a présenté aux associations de protection de l’environnement (1), cette « essentielle et très attendue CLI », ou « Commission Locale d’Information ». Début 2009, elle sera obligatoirement consultée dès qu’il s’agira de reprendre le démantèlement de Brennilis.

Informer le public

Son contexte : le décret du 12 mars 2008, en application de la loi 2006 relative à la sécurité et la transparence en matière nucléaire. Sa mission : l’information du public concernant l’impact des activités de l’ancienne centrale nucléaire sur les personnes et l’environnement. « Tant de questions restent encore en suspens, remarque Marie Nicolas, de Sortir du nucléaire Cornouaille. L’opacité persistante sur l’état, notamment radiologique, du site et de son environnement, est la première barrière à lever. »

Pour les associations, la CLI va se « démarquer fondamentalement » de l’ancien Observatoire du Démantèlement : « Auparavant, on ne disposait que de la seule version officielle. Ce n’était ni sain, ni objectif, ni démocratique, constate Xavier Grémillet, président du Groupe mammalogique breton. Brennilis est un cas de figure unique, son démantèlement, premier du genre, préfigure les suivants. EDF veut démontrer que c’est un savoir-faire parfaitement maîtrisé. Ça reste à vérifier. »

Expertises indépendantes et débat

Dotée d’un statut d’association et d’un budget d’environ 20 000 ¤, la CLI peut recevoir des subventions de l’État ou des collectivités : « On va demander, en priorité, que le travail initié par la CRIIRAD, la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité, soit poursuivi, explique Roger Abiven, président d’AE2D, Agir pour l’Environnement et le Développement Durable. Éventuelle contamination du lac Saint-Michel, conséquences des rejets dans l’Elez, de nouvelles expertises s’imposent. »

À Brennilis, EDF était déjà arrivé à la phase 3, l’ultime, le démantèlement du réacteur nucléaire. Avant que les travaux puissent reprendre, un débat public s’impose pour les associations : « C’est un enjeu national. En matière de nucléaire, et de ses déchets, il faut arrêter de privilégier la fuite en avant. Avec cette CLI, on pourra juger du poids que peut avoir le Finistère face au lobby nucléaire. »

(1) En majorité déjà présentes au sein de l’Observatoire du Démantèlement, 7 associations ont répondu à l’invitation de Pierre Maille : Bretagne vivante, Eaux et rivières, Sortir du nucléaire Cornouaille, Agir pour l’environnement et le développement durable, le Groupe mammologique breton, Vivre dans les Monts d’Arrée, L’Eau et la Terre.

 Le Télégramme, 8/10/2008: 

 Centrale de Brennilis.

Vers plus d’informations

Une première rencontre avec les associations intéressées par la future commission Locale d’Information (CLI) chargée de suivre le démantèlement de la centrale de Brennilis a eu lieu, hier, au conseil général à Quimper.

Prévue par la loi, la CLI doit logiquement prendre le relais de l’observatoire, une structure critiquée par nombre d’associations pour son « manque de transparence ». Hier, la réunion pilotée par Pierre Maille, président du Conseil Général du Finistère, avait pour but de fixer le calendrier d’installation de la future commission qui réunira une quarantaine de membres. Elle se composera pour moitié d’élus, puis de représentants des associations de protection de l’environnement, d’organisations syndicales et de représentants du monde économique.

Les associations invitées à faire acte de candidature. Pierre Maille a proposé de porter le nombre de représentants des associations à sept au lieu des quatre que prévoit la loi. Toutes les associations souhaitant y participer peuvent encore faire acte de candidature jusqu’à la fin du mois. Le président du Conseil Général imagine « un panel représentatif des divers centres d’intérêt » pour que les membres « diffusent l’information auprès du public selon leur sphère d’influence ».

Création de la CLI en décembre. Il se propose de réunir début novembre toutes les associations intéressées pour qu’elles désignent leurs représentants. « Je prendrai ensuite l’arrêté de composition de la CLI vers la mi-décembre. La première réunion de travail pourrait avoir lieu en janvier ». La commission aura à définir ses méthodes de travail, son mode d’information de la population, avant qu’une nouvelle enquête publique sur le démantèlement ne soit lancée. Peut-être courant 2009. Contrairement à l’observatoire, instance dont la composition était fixée par le préfet, la commission disposera d’un budget.

Le chiffre de 10.000 ¤ à 20.000 ¤ a été avancé. Un premier motif de satisfaction pour les associations. « On en attend aussi plus de transparence et que les élus nous rendent compte des travaux engagés sur le dossier du démantèlement. Car, reproche cette militante de l’association L’eau et la terre, l’exploitant, EDF, n’a jamais répondu à nos questions sur l’état de contamination. Il y avait un black-out total ».

Le Monde, 2/10/2008:

 1 000 milliards de dollars

pour traiter l’héritage nucléaire

Mille milliards de dollars

Telle est la somme faramineuse nécessaire pour démanteler les centaines d’installations radioactives en fin de vie que soixante ans d’activité nucléaire ont disséminée sur la planète. « En 2004, l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) a estimé qu’il faudrait mille milliards de dollars pour décontaminer tous ces sites, dit Michele Laraia, chargé du dossier à l’Agence. Depuis, le chiffre a augmenté, avec l’inflation. »

Ce montant concerne pour moitié les installations liées au nucléaire militaire. Reste environ 500 milliards qu’il faudra trouver pour nettoyer les laboratoires de recherche et les quelque 440 réacteurs producteurs d’électricité qui fermeront d’ici à environ trente ans. « Si le problème est envisagé dès le démarrage de l’installation, et que de l’argent est régulièrement mis de côté, ce n’est pas une grosse difficulté, poursuit M. Laraia. Mais si rien n’est prêt au moment de l’arrêt, le coût sera très élevé. »

Cet impératif est intégré par la communauté nucléaire, réunie jusqu’au 2 octobre à Avignon, pour un colloque consacré au démantèlement qui a lieu, tous les cinq ans, sous les auspices de la Société Française d’Energie Nucléaire (SFEN). « Pour maintenir l’option nucléaire ouverte, il faut montrer qu’on sait démanteler », résume Serge Klaeyle, d’EDF.

A Avignon, les spécialistes ont constaté la normalisation de leur activité. « On est sorti de la phase d’apprentissage, observe Catherine Lecomte, Directrice de l’Assainissement au Commissariat à l’Energie Atomique (CEA). Les premières installations qu’on a démantelées ont été les plus délicates, mais nous sommes maintenant parvenus à une phase industrielle. » Claudio Pescatore, de l’Agence de l’Energie Nucléaire de l’OCDE confirme : « Le démantèlement est devenu une activité industrielle, représentant un chiffre d’affaires, en augmentation régulière, de 5 à 6 milliards de dollars par an. »

Mais si les techniques commencent à être bien maîtrisées, que les procédures et les méthodes sont bien établies, l’expérience est encore limitée, notamment sur les réacteurs de production d’électricité. Seuls une dizaine dans le monde [que des petits réacteurs...] ont été totalement démantelés – c’est-à-dire que les sites ont été rendus à un autre usage sans la moindre trace de radioactivité artificielle [faux, archi faux !]. Si bien que le coût réel de cette déconstruction n’est pas établi avec certitude. Les estimations varient de 500 à 800 millions de dollars par réacteur. « On n’est jamais assez prudents, remarque Georges Leka, de AREVA TA. Les estimations initiales sont toujours revues à la hausse, jamais à la baisse. Car les exigences sont constamment renforcées. »

Les évaluations sont difficiles parce que les règles comptables ne sont pas harmonisées, que les situations varient beaucoup d’un site à l’autre, que les stratégies sont différentes : certains choisissent d’engager le démantèlement dès l’arrêt de l’installation, comme en France ou aux Etats-Unis, d’autres de repousser le problème à vingt-cinq ans, comme l’Espagne ou le Royaume-Uni avec ses réacteurs Magnox.

La question du système de financement est dès lors cruciale. « Il faut s’assurer qu’il y aura des fonds quand le moment sera venu », résume Claudio Pescatore. Plusieurs formules sont possibles : en France, les opérateurs doivent constituer des fonds pour les opérations prévisibles (le CEA a provisionné 7 milliards d’euros, EDF 7,8 milliards, AREVA 10 milliards). La Suisse et la Suède privilégient un fonds géré par une autorité indépendante. Au Royaume-Uni, c’est de facto le gouvernement qui abonde une grande partie des dépenses annuelles.

Mais ces réserves constitueront toujours une tentation, et d’autant plus que la situation économique se tendra : « Aux Etats-Unis, raconte le consultant Tom La Guardia, les compagnies ont versé 22 milliards de dollars dans le fonds de gestion des déchets géré par le gouvernement. Mais le fonds ne contient plus que 6 milliards, le reste a disparu ! »

Parallèlement au problème économique, le démantèlement est aussi gêné par le fait que très rares sont les pays où existent des sites prêts à accueillir les rebuts radioactifs issus de la déconstruction. En France, faute de site existant pour les déchets à vie longue ou moyenne, EDF et le CEA en sont réduits à créer des sites temporaires (ICEDA et CEDRA).

Une solution consiste à allonger la durée de vie des réacteurs, jusqu’à soixante ans, comme aux Etats-Unis. Le problème ne sera plus à la charge de nos enfants, mais de nos petits-enfants…

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A Brennilis, un chantier en souffrance ouvert en 1985EL4_Brennilis CEA

Brennilis, dans le Finistère, a vu fonctionner de 1967 à 1985 un réacteur à eau lourde de 70 mégawatts. Le démantèlement a commencé en 1985. Malgré quelques incidents, comme une remontée de nappe phréatique en 2000 et un incendie en 2001, et une opposition locale, le travail a bien avancé. Mais le Conseil d’Etat a annulé en juin 2007 le décret d’autorisation du démantèlement final. Le chantier est donc à l’arrêt. « Peut-être n’a-t-on pas fait assez de communication il y a trois ou quatre ans », dit EDF.


Le Télégramme, 4/9/2008:
[Blabla de nucléocrate...]

Centrale de Brennilis. Un directeur prêt à

démanteler

À seulement 36 ans, Xavier Petitjean en connaît un rayon sur les centrales nucléaires. EDF le propulse à la direction du site de Brennilis, avec mission principale de reprendre le démantèlement.

Quel est votre parcours ? 

Ingénieur diplômé de l’ENSTA, à Paris, je travaille depuis 1996 pour EDF : six ans à la maintenance de la centrale de Chooz (Ardennes), cinq autres à celle de Montrouge consacrées à la conception de l’EPR, deux ans en Chine en assistance de fabrication de quatre centrales et, depuis le 1 e r septembre, directeur du site de Brennilis.

Cela ne provoque-t-il pas de sentiment étrange de prendre la direction d’un équipement appelé à disparaître ? 

Je ne le considère pas comme tel. Si la centrale ne produit plus d’électricité, nous devons observer les contraintes d’exploitation liées à la sécurité. Il y a toujours quarante personnes, dont dix d’EDF à travailler sur le site. Et bientôt davantage si le chantier de démantèlement redémarre.

Où en est ce dossier ? 

EDF a envoyé sa nouvelle demande fin juillet. Actuellement, le dossier se trouve à l’instruction dans un service de l’État, lequel doit se prononcer avant la fin de l’année. S’il approuve, les travaux reprennent début 2009 sur la partie restante (bâtiment du réacteur) pour un démantèlement total en 2018.

Quels changements ont été opérés par rapport à la précédente mouture, annulée par le Conseil d’État (juin 2007), sous la pression de l’association Sortir du nucléaire ? 

L’essentiel a été repris et ajusté aux obligations législatives (le Conseil d’État avait motivé sa décision par l’absence de publication de l’étude d’impact, NDLR).

Ce projet représente également une vitrine du savoir-faire d’EDF

sur ce marché du démantèlement.

Ressentez-vous de la pression ? 

Hormis celle de fournir des éléments d’information, non. Mais je n’ignore pas que le chantier de Brennilis est pilote d’un processus de démantèlement concernant une dizaine de centrales en France (sur 58 actuellement en production).

Avec des ambitions à l’étranger ? 

(Charles Plourdeau, responsable de communication EDF, intervient) La procédure sera effectivement exportable.

Les associations opposées au nucléaire réclament un débat public sur ce dossier, êtes-vous favorable ? 

L’enquête publique permettra à chacun de s’exprimer et la Commission Locale d’Information, censée prendre le relais de l’Observatoire de Démantèlement en janvier 2009 (lire ci-dessous), diffusera l’information en toute transparence. Si débat il doit y avoir, il appartient à l’État de le mener car il s’agit d’un problème national.

Propos recueillis par Yann LE GALL

Commission Locale d’Information : création début décembre
Imposée par décret, une commission locale d’information doit supplanter l’Observatoire du démantèlement de la centrale de Brennilis en janvier 2009. Nouveau pilote, le conseil général la portera sur ses fonts baptismaux le 4 décembre. Comme sa devancière, la Cli réunira des représentants d’EDF, de l’État, des associations et des élus. Pour l’heure, on ignore l’identité du conseiller général qui la présidera, le montant du budget consacré, la périodicité des réunions… Et, donc, ce qu’elle changera fondamentalement.

Le Monde, 11 janvier 2008:

 Le démantèlement des futurs réacteurs fait l’objet d’intenses négociations

Il ne s’agit nullement de « corruption », tient à préciser Bill Hamilton; le porte-parole de l’Autorité de Démantèlement Nucléaire (NDA) britannique préfère parler de « gain planifié ».

La NDA vient en effet, au nom du gouvernement, de trouver un accord financier avec la circonscription de Copeland, près du centre nucléaire de Sellafield (ouest), afin que le petit village de Drigg accueille une extension de son centre d’entreposage de déchets faiblement radioactifs. En échange, cet arrondissement va recevoir 13,3 millions d’euros, qui alimenteront un fonds auquel s’ajouteront 2millions d’euros par année d’exploitation de cette installation. Une aubaine pour Drigg et ses 300 habitants, qui ne seront probablement pas les seuls à bénéficier d’une telle manne.

Le Times, qui a révélé l’affaire, estime en effet que la Grande-Bretagne pourrait distribuer dans les prochaines années plus de 1 milliard d’euros aux collectivités qui accepteront d’accueillir l’héritage encombrant du nucléaire britannique.

Sa gestion a été confiée à la NDA, responsable de 20 sites comprenant 39 réacteurs et diverses installations de traitement des combustibles nucléaires. Créée en 2005, elle s’est substituée à l’agence UK Nirex Ltd, au statut semi-public. Londres répondait ainsi à l’échec cuisant rencontré par Nirex en 1997 dans son projet de créer sur le site de Sellafield un centre de stockage pour les déchets les plus nocifs, à la durée de vie la plus longue.

En octobre 2006, la Grande-Bretagne a officiellement opté pour le stockage en profondeur de ces déchets, qui à ce jour représentent un volume d’environ 1400 m3. Pour trouver le site susceptible de les accueillir, le maître mot est désormais « consultation ». Et celle-ci s’annonce onéreuse.

MOYENS « CONSIDÉRABLES »

« Ces projets britanniques de stockage sont nettement moins avancés qu’en France« , constate Gérald Ouzounian, responsable international de l’Agence de Gestion des Déchets Radioactifs Française (ANDRA). Mais, note-t-il aussi, la NDA dispose de moyens financiers « considérables ». Son budget sera de 11,3 milliards d’euros sur la période 2008-2011, alimenté à parts égales par des fonds publics et privés. Ces dépenses ne sont qu’un début.

C’est pourquoi la relance du nucléaire en Grande-Bretagne s’accompagne d’intenses tractations de la part des opérateurs pressentis. Ils souhaitent que le prix du démantèlement des futurs réacteurs et de la gestion des déchets soit pris en compte dans la facture présentée aux consommateurs. Le coût du wattheure nucléaire doit en effet intégrer, outre des investissements initiaux très lourds, la charge ultérieure de la gestion d’installations en fin de vie et des rebuts ultimes.

En France, le niveau des provisions constituées par les opérateurs à cette fin (répercutées sur la facture) a fait l’objet d’intenses débats, avant qu’une loi n’institue en 2006 un système d’évaluation de ces montants, sécurisés par les opérateurs eux-mêmes.

Hervé MORIN

Rappel d’Infonucléaire: 

Matériel contaminés à vendre

Le passage sous le seuil de criticité de la centrale permet d’arrêter certains matériels de surveillance du coeur et de cesser leur maintenance. L’intérieur de la centrale ressemble maintenant, dans certains endroits, à un immense hangar abritant des machines d’occasion. De multiples pompes, moteurs et autres armoires électriques sont en cours « de mise hors service définitive », c’est à dire vidangés et nettoyés, avant d’être vendus ou mis à disposition d’autres centrales EDF. « Nos diesels sont à vendre. On a trouvé preneur pour trois chaudières électriques. Les deux alternateurs de 600 MW pourraient aller l’un à la centrale du Havre (Seine-Maritime), l’autre à celle de Cordemais (Loire Atlantique). Pour EDF, ça permet d’éviter d’acheter du neuf », explique M Coraça. Pour lui, ce travail de démontage a aussi sa noblesse, car « EDF doit savoir non seulement construire et exploiter, mais aussi déconstruire une centrale ». EDF se donne un délai de 25 ans avant « le retour de la pelouse », c’est à dire la deconstruction totale d’une centrale nucléaire, quel que soit son type. Concernant Superphénix, dont Lionel Jospin avait annoncé en juin 1997 la fermeture « à cause de son coût excessif » et « la réussite très aléatoire » de la technologie des surgénérateurs, le retour à la pelouse pourrait prendre d’autres formes. Malgré la demande d’une commune pour du terrain, EDF cherche à garder son emprise foncière. « Ce site, au bord du Rhône, prés des réseaux haute tension et d’un poste d’interconnexion, est stratégique. Si on veut implanter un centre de production d’électricité, pas forcement nucléaire, prés de la grande zone de consommation de Lyon, ici ça sera trés facile », explique M. Coraça.

Des montres radioactives: recyclage de cobalt 60 produit par les réacteurs nucléaires

Les déchets de faible activité

Le Télégramme, 29/11/2007: 

 Brennilis: EDF reconnaît la pollution

Le plutonium détecté dans le chenal de rejet des eaux du site de Brennilis provient de l’activité passée de la centrale nucléaire. EDF l’a avoué hier pour la première fois en public. En revanche, l’actinium 227, élément radioactif découvert dans la région, serait d’origine naturelle. Deux laboratoires indépendants l’affirment. Ce qui n’exclut pas certains dangers.

Maison du lac, sur le site de Brennilis

Une quarantaine d’élus locaux, de représentants de l’État et d’associations antinucléaires sont réunis pour la deuxième session annuelle de l’Observatoire du Démantèlement de la centrale nucléaire. « Il n’y a jamais eu autant de participants », souligne Charles Plourdeau, responsable communication d’EDF. C’est vrai que l’ordre du jour est alléchant. EDF doit s’expliquer sur la présence de plutonium dans le chenal de rejet des eaux de la centrale et deux laboratoires indépendants rendent leur conclusion sur l’actinium 227 retrouvé en forte concentration dans la région.

Du plutonium dans le chenal 

Pour le premier élément radioactif, le plutonium, Bertrand Dubuis, responsable du site, joue carte sur table. Oui, cette pollution provient de l’activité passée de la centrale. Les antinucléaires apprécient l’aveu mais restent sur leur faim. « Il n’a dit que deux phrases à ce sujet, comme si c’était un détail », commente Alain-François Calderon d’Eau et Rivières de Bretagne.

Naturellement dangereux 

Quid de l’actinium 227 ? Ce « petit-fils de l’uranium 235 » prolifère dans la région de Brennilis. Un rapport avec la centrale ? « J’en étais convaincu. Mais nous avons découvert que l’actinium 227 provenait des sources granitiques. Le Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE) est arrivé aux mêmes conclusions », explique le biologiste Pierre Barbey, consultant scientifique de l’Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest (ACRO). Naturel ne veut pas dire inoffensif. « L’actinium 227 est un élément fortement radiotoxique. L’eau devra être surveillée de près dans les monts d’Arrée ».

Plus proche des gens 

Cette réunion de l’Observatoire a également permis d’évoquer la création d’une Commission Locale d’Information (CLI). « Cette structure devrait remplacer l’Observatoire d’ici un an », annonce Bertrand Dubuis. Les associations se réjouissent. « Cela nous permettra d’obtenir des moyens. Pour financer des expertises par exemple. Cette commission sera plus proche des attentes de la population, car dirigée par le président du conseil général et non plus par le sous-préfet », explique Chantal Cuisnier, de Sortir du nucléaire Cornouaille.

Pas d’expert, pas de visite 

Seul incident de la journée : les associations ont refusé, hier, de participer à la visite du réacteur organisée par EDF. « Nous avions demandé à être accompagnés d’un expert indépendant. Cela nous a été refusé », s’indigne Chantal Cuisnier. Réponse de la sous-préfète de Morlaix : « La requête de l’association était dénuée de tout fondement ». Et la transparence dans tout ça ? « Les rapports des deux laboratoires sur l’actinium 227 et sur le plutonium sont publics. Les associations pourront commander une contre-expertise après avoir pris connaissance des études réalisées ».

Le 28 juin 2006, le législateur a prévu la création d’un site d’enfouissement profond. Celui-ci ne sera réalisé qu’en 2025. La fin du démantèlement de la centrale de Brennilis étant programmée en 2020, EDF a décidé d’ouvrir un site de gestion provisoire. Il se situera à Bugey, dans l’Ain, et devrait être achevé en 2012.

Le Soir, 29/11/2007: 

 Bientôt la fin de « Chooz A »

Le coeur de la vieille centrale va être déconstruit

Le démantèlement de Chooz A va entrer dans sa dernière phase. L’opération est suivie de près en Belgique.

Exploitée jusqu’en 1991, la centrale de Chooz A est toujours en cours de déconstruction. La dernière phase, qui vise le démantèlement complet de l’installation et son déclassement, a été autorisée par un décret publié le 29 septembre dernier, à la suite d’une enquête publique réalisée en 2006. Récemment, à la Chambre, le député Georges Gilkinet (Ecolo) interrogeait Patrick Dewael (VLD), Ministre de l’Intérieur, sur la concertation avec la population et les autorités belges. Pour le député namurois, il faut prendre le temps nécessaire pour permettre une baisse graduelle et progressive de la radioactivité, en évitant la dispersion d’ondes radioactives. « Les autorités de sûreté belges, dont l’Agence nucléaire, sont informées de manière systématique », a répondu M. Dewael, précisant que l’autorisation délivrée par le décret du 29 septembre se rapporte au démantèlement du circuit du réacteur déjà vide de combustible depuis 1995. Le ministre a encore ajouté que le fait que ce démantèlement s’opère dans des cavernes réduit considérablement les risques potentiels. Dans les communes belges voisines de la pointe de Givet, la sérénité prévaut. « Nous sommes informés régulièrement via un flash », explique Jean-Claude Maene (PS), le bourgmestre de Beauraing. « D’un point de vue technique, ce n’est pas le rôle des communes de s’inquiéter du suivi du démantèlement, argumente Jean-Marc Delizée (PS), bourgmestre de Viroinval, un plan de sécurité existe tant pour le fonctionnement que pour le démantèlement. » « L’année dernière, le manque de communication déploré dans le cadre d’un événement bénin a permis de remettre les choses au point », commente Guy Lapaille, secrétaire communal de Viroinval. Une convention d’échange. « Nous ne plaisantons pas, réagit Jean-Pol Bair, commissaire d’arrondissement. Avec le gouverneur Denis Mathen, une convention d’échange poussée jusqu’au plus petit détail a été renouvelée en octobre dernier ; croyez-moi, la moindre intervention d’un service de secours à Chooz ne manque pas de nous être communiquée ! » Si maintes opérations ont déjà été déjà réalisées, tout n’est pas pour autant terminé. Actuellement, on installe une nouvelle ventilation des cavernes, on relie les galeries et on met en place une installation de découplage et de transit des déchets faiblement et moyennement actifs. À partir de mi-2008, l’ensemble des équipements de la caverne des auxiliaires nucléaires seront démantelés, à l’exception de ceux nécessaires au contrôle de l’activité des eaux d’infiltration récoltées par les drains. Ensuite, l’ensemble des équipements de la caverne du réacteur sera démantelé puis évacué. Ces opérations s’étaleront entre 2008 et 2016. Mais l’installation restera sous surveillance. Enfin, les bâtiments de la plate-forme extérieure seront assainis puis démolis, avant la réhabilitation complète du site. Ces opérations dureront encore trois ans.

Le CEA veut vendre 30% de ses actions dans

AREVA pour financer le démantèlement

22/11/2007 - Le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) s’est prononcé mercredi en faveur de la vente de 30% de ses actions dans AREVA pour financer le démantèlement de ses anciennes installations nucléaires civiles et militaires, a-t-on appris jeudi de source syndicale. L’administrateur général du CEA, Alain Bugat, a rapporté devant le Comité National (équivalent d’un Comité Central d’Entreprise) de l’organisme public qu’il était « prêt à vendre 30% de ses actions dans AREVA, pour descendre à 49% », a rapporté à l’AFP Jocelyne Chenet, secrétaire générale CFDT de l’Union Fédération des Syndicats du Nucléaire (UFSN). Le capital du groupe nucléaire AREVA est actuellement public à près de 85%, dont 79% appartenant au CEA, et à 5,2% à l’Etat. Il est déjà ouvert à 4%, avec des actions sans droit de vote cotées à la Bourse de Paris. L’Elysée étudie plusieurs schémas de refonte d’AREVA, dont un rapprochement avec le groupe industriel privé Alstom, qui impliquerait d’ouvrir davantage son capital. M. Bugat souhaiterait cependant garder la majorité du capital dans les activités d’AREVA NC (ex-COGEMA), qui traite l’uranium des mines jusqu’à son recyclage, et d’AREVA TA, qui fabrique les réacteurs des sous-marins nucléaires, selon la responsable syndicale. De même source, on indique que le patron du CEA a refusé de s’exprimer sur les différents schémas de refonte du capital d’AREVA, affirmant n’avoir « aucune information » à ce sujet. Le démantèlement des anciennes installations nucléaires du CEA est financé par deux fonds, l’un civil et l’autre de défense. Un fonds civil a été créé en 2001, doté d’actifs financiers liquides et de 15% du capital d’Areva sur les 79% détenus par le CEA, qui devaient être monétisés en 2005 dans le cadre d’une ouverture du capital du groupe. Un fonds défense a été créé fin 2004, financé par des soultes (sommes d’argent) de l’électricien EDF et d’AREVA NP et par une contribution que l’Etat s’était engagé à verser. « Nicolas Sarkozy, alors ministre (de l’Economie), s’était engagé à verser 1,5 milliard d’euros (…). Cette promesse n’étant pas honorée, la seule solution, pour Alain Bugat, passe par la vente d’une partie des actions du CEA », explique l’UFSN dans un communiqué publié jeudi. Le coût de ces démantèlements, pour le CEA, représenterait 8 milliards d’euros, affirmait fin 2006 le directeur du site de Marcoule Loïck Martin-Deidier. Dans son communiqué, l’UFSN précise avoir mandaté le cabinet d’experts comptable Syndex pour « étudier les conséquences », pour le CEA, d’une ouverture du capital d’Areva.

www.brest-ouvert.net, mardi 30 octobre 2007:

Démantèlement de Brennilis :

EDF tente de « rattraper » ses fautes
AE2D renouvelle sa demande de création d’une

CLI (Commission Locale d’Information)

Ouest-France, 10/10/2007: 

 Le réacteur de Brennilis sera stocké dans l’Ain

Interview. Charles Plourdeau, porte-parole d’EDF et Bertrand Dubuis, directeur de la centrale nucléaire depuis trois ans, font le point sur le démantèlement. 

La centrale nucléaire finistérienne de Brennilis a fonctionné pendant 18 ans. Son réacteur a été arrêté en 1985. Engagé en 1997, le démantèlement est aujourd’hui suspendu par le Conseil d’État pour insuffisance d’information du public.

Quelles suites au démantèlement ?

Sortir du Nucléaire dénonce un « budget pharaonique » et un « manque de transparence »…

Au début, on s’est conformé à la législation française de l’époque. Depuis, la réglementation a énormément évolué. La loi Transparence et Sûreté en matière nucléaire n’existe que depuis 2006. Nous attendons le nouveau décret signé par le gouvernement. On a quand même montré que l’on savait complètement démanteler un bâtiment nucléaire. Un savoir-faire que EDF espère exporter. Question budget, on est dans les clous. Idem pour le planning, à mi-parcours. Nous ne divulguerons pas le coût total, pour des raisons de concurrence. EDF a provisionné 29,2 milliards d’euros au titre de la déconstruction globale.

D’où viennent le plutonium et l’américium 124, éléments radioactifs dangereux détectés autour du site, par la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD) ?

C’est inexpliqué. La déconstruction ne génère pas de radioactivité [Faux].

Alors, radioactivité naturelle ou conséquences de l’activité ancienne de la centrale ?

Les études du Commissariat à l’Energie Atomique sur cette « atypie » seront soumis, en novembre, à l’Observatoire du Démantèlement. Rappelons que le laboratoire du site de Brennilis a quand même effectué 850 prélèvements par an, sur l’herbe, la pluie, le lait… En mai, une inspection, effectuée par l’Autorité de Sûreté Nucléaire, pointait certains dysfonctionnements, comme une sous-évaluation de l’activité radiologique de certains déchets et la corrosion des fûts où ils sont entreposés. Depuis, nous avons démontré que cette corrosion n’impliquait pas de fuites.

Existe-t-il une solution pour les déchets les plus radioactifs ? Une fois déconstruit, où partira le bâtiment réacteur, forcément irradié ?

Enlevé en 1985, le combustible est entreposé à Cadarache (Bouches-du-Rhône) dans une installation provisoire. Il faut lui trouver une destinée « ultime ». Nous avons aussi prévu de construire une installation intermédiaire à Bugey (Ain), pour stocker Brennilis, qui nous servira ensuite pour les quatre autres réacteurs dont on a aujourd’hui entamé le démantèlement. Ce site d’entreposage est annoncé pour 2015.

Le Monde, 14/7/2007: 

 Le démantèlement de la centrale nucléaire de Brennilis manque de rigueur

[c’est le moins que le journal 

Le Monde puisse dire…]

 La déconstruction en cours de la centrale nucléaire des monts d’Arrée, à Brennilis (Finistère), ne semble pas avoir toujours été conduite avec la rigueur nécessaire. En témoigne une « lettre de suite » adressée à EDF, le 20 juin, par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), après une inspection du réacteur à eau lourde, qui a cessé de produire de l’électricité en 1985.

« L’organisation définie et mise en oeuvre sur le site pour la gestion des déchets est perfectible », note l’ASN. Au cours de leur « quadrillage » du site, ses inspecteurs ont ainsi « mis en évidence une incohérence complète (en termes de nombre de colis, de tonnage et d’activité des déchets nucléaires, des données de production, d’évacuation et des bilans d’entreposage) en début et fin d’année 2006. » Ils ont aussi constaté « la forte sous-évaluation, d’un facteur 30 à 200, de l’activité radiologique de certains déchets triés ». Ils ont déploré que ces « non-conformités » identifiées par les éliminateurs de déchets – l’ANDRA et CENTRACO – n’aient pas fait l’objet de déclarations auprès de l’ASN.

La visite a aussi révélé des signes de corrosion externes sur 20 % des fûts de déchets radioactifs – pour certains liquides – entreposés dans un des locaux du réacteur. Elle a montré que certains entreposages de déchets chimiques étaient trop proches des fûts radioactifs. Par ailleurs, un brumisateur était défaillant et l’autre trop éloigné de la zone où « le risque d’ignition spontanée ne peut pas être écarté ». Un local contenant des déchets radioactifs amiantés n’était pas suffisamment sécurisé.

Cette accumulation pourrait faire frémir. « La situation mérite d’être corrigée, mais elle ne remet pas en cause la sûreté et la radioprotection de l’installation, ni ne traduit une démotivation des équipes en place », tempère Jean-Luc Lachaume, directeur général adjoint de l’ASN. EDF indique, de son côté, que « les points mentionnés dans la lettre de l’ASN font actuellement l’objet d’un examen attentif ; certains ont été corrigés immédiatement. »

« GRAVES DÉCONVENUES ». Pour le Réseau Sortir du nucléaire, qui a exhumé le courrier du site Internet de l’ASN, cela « confirme que ce chantier se déroulait de façon tout à fait anormale ». Cette affaire « n’est de toute évidence que le prélude à de très graves déconvenues lors du démantèlement du parc nucléaire d’EDF », redoute l’association. Elle vient en outre d’obtenir du Conseil d’Etat l’annulation d’un décret de février 2006 qui autorisait le démantèlement complet de l’installation, pour « défaut d’information du public ». Les opérations ont donc été stoppées sine die.

Sur place, les équipes de démantèlement, qui comptaient une centaine de personnes, dont une vingtaine de salariés d’EDF, ont été réduites, indique l’électricien. Après dix ans de travaux, ne subsistent dans le bâtiment réacteur que le réacteur lui-même et les échangeurs. EDF a évacué à ce jour 7 500 tonnes de déchets radioactifs, 80 % des rebuts étant [considérés selon les normes comme] non radioactifs. Le chantier, qui devrait s’achever à l’horizon 2025-2030, selon l’ASN, sera retardé de deux ans environ. Le temps qu’un nouveau dossier de démantèlement soit instruit.

Le Télégramme de Brest, 12/7/2007: 

 Démantèlement de Brennilis:

Un rapport pointe des erreurs

Une inspection de la centrale nucléaire de Brennilis en cours de démantèlement a révélé fin mai plusieurs dysfonctionnements qui ont suscité un rappel à l’ordre de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Le compte rendu d’inspection, révélé par l’association Sortir du Nucléaire, est accessible sur le site internet de l’autorité de sûreté (www.asn.fr). Il fait notamment état de fûts de déchets radioactifs (environ 20 %) présentant « des signes de corrosion », ainsi que d’erreurs de décomptage et d’une « forte sous-évaluation » de l’activité radiologique de certains déchets. « Le bilan annuel déchets 2006 est donc erroné et un bilan révisé doit être établi », soulignent les inspecteurs, qui mettent également en cause le dispositif anti-incendie. De son côté, EDF indique dans un communiqué que la recommandation de l’ASN « ne concerne pas des écarts méritant une correction immédiate. Des actions de progrès vont, bien sûr, être rapidement mises en oeuvre, sous le contrôle vigilant de l’ASN ». Le démantèlement de la centrale des monts d’Arrée, qui a fonctionné jusqu’en 1985, a été suspendu début juin après l’annulation du décret par le Conseil d’État, faute d’une procédure d’information du public en bonne et due forme. Le Réseau Sortir du nucléaire estime que EDF « tente d’abuser l’opinion en lui laissant croire que le démantèlement d’un réacteur nucléaire ne pose pas de problèmes ».

Ouest-France, 12/7/2007 : 

 Brennilis: EDF se fait taper sur les doigts

Fûts de déchets radioactifs corrodés, radioactivité fortement sous-évaluée, erreurs de comptage, accuse un rapport du « gendarme » du nucléaire.

BREST. - Début juin, les militants du « Réseau sortir du nucléaire » ont obtenu de la justice l’arrêt du démantèlement de la centrale de Brennilis (Finistère). Voilà qu’ils viennent de dénicher un document plutôt embarrassant pour EDF. Il s’agit de la synthèse des constatations effectuées par des inspecteurs de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), à Brennilis, le 31 mai dernier. Rapport daté du 20 juin et mis en ligne, mardi, sur le site de l’ASN (www.asn.fr)

Qu’ont vu les inspecteurs ?

Des fûts, contenant des déchets radioactifs produits en 2004 et 2005, « présentent des signes de corrosion externe assez prononcée ». La comptabilité du nombre de colis, des tonnages de déchets entreposés ou évacués, semblait très approximative. L’ASN est même très sévère sur ce point. Elle note une « incohérence totale » des données chiffrées.
Plus inquiétant encore. Concernant l’activité radiologique de certains déchets tritiés (qui contiennent du tritium, considéré comme hautement toxique), l’ASN constate « une forte sous-évaluation, d’un facteur de 30 à 200 ».

Des documents accompagnant une expédition de déchets nucléaires « ne correspondaient pas au colis envoyé ». Cette « non-conformité » et cet « écart » – « deux fautes », dénoncent les antinucléaires – n’ont pas été déclarés à l’ASN… EDF, de son côté, estime que la recommandation de l’Autorité « ne concerne pas des écarts méritant une correction immédiate ».

« Barré par du ruban adhésif ».

Pourtant, l’ASN a aussi noté que des déchets nucléaires présentant des risques chimiques et d’incendie ont été mis dans une zone « trop proche » de déchets tritiés. Cette zone ne pouvait, en cas d’incendie, être arrosée par un brumisateur automatique. Et un autre brumisateur était hors service. Un local destiné à l’entreposage des déchets radioactifs amiantés était bien fermé à clé. Mais il est « directement accessible par le local adjacent dont les parois ont été déposées et dont seule l’issue externe est barrée par trois bandes de ruban adhésif ».

EDF a deux mois pour répondre à l’ASN, en prenant des engagements et en fixant un calendrier. « Sortir du nucléaire » estime que l’entreprise « tente d’abuser l’opinion en lui laissant croire que le démantèlement d’un réacteur nucléaire ne pose pas de problèmes ». EDF assure que « des actions de progrès vont bien sûr être rapidement mises en oeuvre, sous le contrôle vigilant de l’ASN ». Nous voilà rassurés…

Le Télégramme, 16/6/2007: 

 Brennilis.

Les antinucléaires veulent des garanties

Le 6 juin dernier, saisi par le réseau Sortir du nucléaire, le Conseil d’État a annulé le décret du 9 février 2006 autorisant le démantèlement complet de la centrale nucléaire de Brennilis. Hier, Sortir du nucléaire, représenté par son administratrice Chantal Cuisnier, s’est présenté devant la centrale avec un huissier afin de signifier à EDF l’obligation d’arrêter les travaux. 

Les dirigeants de la centrale, par la voix de Bertrand Dubuis, responsable du site, lui ont indiqué qu’ils avaient accepté de se conformer à la décision du Conseil d’État ; que quelques travaux de sécurisation sont en cours et devraient être achevés avant fin juin. Les opérations de démantèlement sont donc bel et bien stoppées. EDF a également proposé à Sortir du nucléaire et à son huissier une visite de la centrale, mardi prochain, pour s’assurer de la mise en ouuvre de la décision de justice.

 Le Figaro, 7/6/2007:

Nucléaire: Le casse-tête du démantèlement

Neuf centrales françaises sont arrêtées mais pas déconstruites. Le Conseil d’État a stoppé hier le démantèlement de Brennilis.

IL est plus rapide de s’engager dans la troisième génération du nucléaire (l’EPR à Flamanville) que de démanteler une vieille centrale nucléaire arrêtée depuis plus de vingt ans. C’est ce qui arrive au site de Brennilis, dans le Finistère : hier, le Conseil d’État a annulé le décret gouvernemental du 9 février 2006 autorisant la déconstruction complète de la seule centrale nucléaire implantée en Bretagne.

demantelement_el4 CENTRALE DE BRENNILISMis en service en 1967, Brennilis, unique représentant en France de la filière à eau lourde, a alimenté la région en électricité jusqu’en 1985. Les opérations doivent en théorie durer jusqu’en 2018. Toutefois, après la décision du Conseil d’État, ce calendrier pourrait prendre du retard. Même si, depuis qu’un commissaire du gouvernement avait réclamé l’annulation de ce décret, une telle décision était attendue.

En l’occurrence, le Conseil d’État, saisi par l’association Sortir du nucléaire s’est appuyée sur « l’absence de mise à disposition d’une étude d’impact » des opérations de démantèlement. Autrement dit, une faille dans les procédures d’information qu’EDF va devoir combler. Quand ? L’opérateur historique le dira bientôt. Pour le moment, il se contente d’indiquer qu’il respectera scrupuleusement la décision du Conseil d’État.

Si le dossier est aussi sensible, c’est tout simplement parce que pas moins de neuf centrales nucléaires en France sont en déconstruction. Sur ces neuf sites, un seul, Chinon A1 (qui a fonctionné jusqu’en 1973) a aujourd’hui totalement bouclé le processus : la centrale abrite aujourd’hui un musée.

27 milliards d’euros provisionnés

Quant à Brennilis, il s’agit, parmi les huit centrales restantes, du seul site arrivé en phase de niveau 3. Celle-ci recouvre les différentes opérations de démantèlement total: à la fois le démontage, le conditionnement et l’évacuation du bâtiment réacteur et des matériaux et équipement encore radioactifs. Au terme de cette phase, le site peut être réutilisé.

Pour sa part, le niveau 2 (démantèlement partiel) sert en particulier à isoler et à mettre sous surveillance le réacteur. Quant au niveau 1, il s’agit d’une phase de mise à l’arrêt définitif : via notamment le déchargement du combustible.

Toutes ces opérations ont un prix : au 31 décembre 2006, EDF avait estimé à 2,1 milliards d’euros le coût total de la déconstruction de ces neuf centrales, hors opérations de retraitement du combustible. Une enveloppe destinée à croître puisque la fin de la prochaine décennie correspondra au début de la vague de remplacement des centrales actuelles, 19 en tout, soit 58 réacteurs. Celle de Fessenheim, en Alsace, aura précisément 40 ans en 2017.

combinaison_brennilis CENTRALES NUCLEAIRES Réacteur EL4 à Brennilis, découpe d’une chaudière auxiliaire en combinaison ventilée ignifugée.

Même si la durée de vie des réacteurs peut être prolongée au-delà [lire: prolongation à 40 ans de la durée de vie des centrales: Quand EDF prend ses désirs pour des réalités], EDF a provisionné 27 milliards d’euros pour le démantèlement et le retraitement des déchets.

ENVELOPPE

Au 31 décembre 2006, EDF avait estimé à 2,1 milliards d’euros le coût total de la déconstruction de ces neuf centrales, hors opérations de retraitement du combustible.

Voir: le dossier Brennilis de Sortir du nucléaire Cornouaille

La Tribune, 7/6/2007: 

 Saisi par le réseau Sortir du nucléaire, le Conseil d’État sanctionne EDF

[...] UNE FACTURE LOURDE. Si cette action ne fait que retarder d’un an le démantèlement de Brennilis, elle doit faire date, estime l’association qui veut  » empêcher EDF de bafouer la loi « . Cette centrale de 70 MW fait partie des réacteurs français de la première génération. Les prochains démantèlements seront d’une autre ampleur, portant sur des réacteurs de 900 MW et plus. 


Cette affaire risque de relancer aussi le débat sur les coûts du démantèlement.  » La facture se compte en centaines de milliards d’euros et non en dizaines de milliards comme l’annonce EDF « , affirme Sortir du nucléaire. À titre de comparaison, précise-t-elle,  » la Grande-Bretagne a évalué à 103 milliards d’euros le démantèlement de ses installations qui sont bien moins nombreuses qu’en France 
« .

 Ouest-France, 7/6/2007: 

 Le démantèlement de Brennilis jugé illégal

Les représentants de Sortir du Nucléaire, l’association qui a saisi le Conseil d’État, avec Agir pour l’Environnement et le Développement Durable, et Vivre dans les Monts d’Arrée, réclament l’arrêt immédiat du chantier. 

Le Conseil d’État a annulé l’autorisation de terminer la démolition de la centrale nucléaire finistérienne. Le public n’a pas été assez informé.

La plus haute juridiction administrative a, hier, donné raison aux militants du « Réseau sortir du nucléaire ». Les magistrats du Conseil d’État ont annulé le décret pris par le gouvernement, le 9 février 2006, autorisant le démantèlement complet de la centrale électrique des Monts d’Arrée. Ce décret devait permettre de s’attaquer au bâtiment du réacteur, partie la plus radioactive de la centrale arrêtée en 1985, et seul bâtiment encore debout. Le décret précédent, datant de 1996, autorisant un démantèlement partiel, avait permis la démolition d’autres bâtiments. Lancé en 1999, le chantier est prévu pour durer jusqu’en 2018.

« Un décalage dans le planning ». Les juges ont suivi les recommandations de Yann Aguila, le Commissaire du Gouvernement, qui est le magistrat chargé d’éclairer le Conseil d’État sur la solution de droit. Lors de l’audience, en mai, il avait rappelé que le ministre de l’Économie aurait dû, avant de prendre ce décret, « soumettre l’étude d’impact à la consultation du public ». Pour Yann Aguila, il appartenait au gouvernement « de tout mettre en oeuvre » pour que les 700 000 habitants des 50 km alentours puissent consulter l’étude d’impact. Ce qui n’a pas été le cas. Pourtant, en 1999, un rapport faisait état « d’un fort risque d’exposition des intervenants aux radiations ». Et posait le problème du stockage des déchets.

Contrairement aux allégations du ministre, la consultation de « l’observatoire » du démantèlement, rassemblant élus, syndicats, associations et État, « ne répond pas aux objectifs de la directive européenne » qui impose de consulter le public. D’autant moins que l’objet de cet « observatoire » était « d’informer ses membres sur l’avancement des travaux » et pas le public.

« Une grande victoire pour la démocratie », se réjouit Chantal Cuisnier, de Sortir du Nucléaire, qui exige « l’arrêt immédiat » du chantier. « Un état des lieux approfondi s’impose : évaluer les risques pour la santé du personnel, préciser l’impact sur l’environnement et avancer sur la gestion des déchets. » Une centaine de personnes travaillent sur ce chantier pilote. Son coût est désormais évalué à 482 millions d’euros, soit cinq fois plus que ce que prévoyait EDF initialement.

« EDF prend acte et s’y conformera strictement, commente Bertrand Dubuis, chef du site de Brennilis. L’annulation entraînera un décalage dans le planning, mais ne remet pas en cause le démantèlement. Nous allons représenter un dossier complet, dans la plus grande transparence, selon nos objectifs fondamentaux : préservation de l’emploi, sécurité, radioprotection et sauvegarde de l’environnement. »

Le directeur de Brennilis:

Les travaux liés à la

sécurité vont continuer

7/6/2007  - EDF entend se conformer à la décision du Conseil d’Etat sur l’arrêt de la déconstruction de la centrale nucléaire de Brennilis, mais les questions de sécurité rendent nécessaire la poursuite d’un certain nombre de travaux, explique Bertrand Dubuis, directeur de la centrale.

Q – Quelles conséquences tirez-vous de la décision du Conseil d’Etat

R – EDF se conformera strictement à la décision du Conseil d’Etat. Nous analysons actuellement les conséquences de ces décisions du Conseil d’Etat sur l’organisation du site et les travaux en cours. Cette analyse devrait prendre plusieurs semaines. Nous déposerons dès que possible une demande pour obtenir des pouvoirs publics un nouveau décret de mise à l’arrêt définitif et de démantèlement complet de la centrale de Brennilis, car notre objectif principal, qui est de démanteler totalement ce site, reste entier et nous irons jusqu’au bout.

Q – Quel sera l’impact concret de la décision du Conseil d’Etat ? 

R – Un chantier nucléaire ne peut s’arrêter du jour au lendemain, car il y a des opérations de démantèlement en cours. Si nous devons arrêter ces travaux, nous prendrons toute une série de dispositions indispensables à la sûreté, notre priorité, et à la protection des travailleurs et de l’environnement.

Q – Les travaux se poursuivent donc ? 

R – Actuellement, une centaine de personnes travaillent à la déconstruction de Brennilis: des agents EDF et des salariés d’entreprises locales et nationales. Pour l’instant, nous continuons les travaux nécessaires à la mise en sécurité des chantiers. Aujourd’hui, il y a toujours de l’activité sur le site parce que nous avons des opérations d’entretien et de maintenance nécessaires pour respecter notre référentiel de sûreté, surveillé de près par l’autorité de sûreté nucléaire. Nous effectuons également régulièrement des analyses, et des essais périodiques sur les installations.

Annulation du démantèlement de la centrale de

Brennilis recommandée en Conseil d’Etat

14/5/2007 - L’annulation du décret gouvernemental du 9 février 2006 autorisant le démantèlement complet de la centrale nucléaire de Brennilis (Finistère), l’une des plus anciennes du parc nucléaire français, a été recommandée lundi devant le Conseil d’Etat.

Le Commissaire du Gouvernement, magistrat indépendant chargé de dire le droit, a demandé l’annulation du décret en raison de « l’absence de mise à disposition du public d’une étude d’impact » des travaux de démantèlement de la centrale située dans les Monts d’Arrée, qui a fonctionné de 1967 à 1985. Le Conseil d’Etat doit rendre sa décision dans quelques semaines.

Le décret de 2006, permettant un « démantèlement complet » de la centrale, faisait suite à celui de 1996, qui autorisait un démantèlement partiel. Le texte du 9 février 2006, signé par le Premier Ministre Dominique de Villepin et les ministres de l’Economie, de l’Industrie et de l’Ecologie, a été attaqué par le réseau Sortir du nucléaire.

Le commissaire du gouvernement Yann Aguila a estimé recevable l’un des motifs d’annulation soulevés par l’association écologiste, mettant en évidence « l’absence de mise à disposition du public d’une étude d’impact » des travaux. « Les centrales nucléaires, y compris leur démantèlement, sont soumises » à cette obligation prévue par une directive européenne de 1985, a rappelé le magistrat.

Réalisée par le maître d’ouvrage, en l’occurence EDF, l’étude d’impact doit contenir un descriptif du projet et de ses conséquences sur l’environnement. Il s’agit « d’offrir au public concerné la possibilité de donner son avis avant que l’autorisation ne soit donnée », a insisté le commissaire du gouvernement.

Or, dans le cas de la centrale de Brennilis, « le démantèlement a bien fait l’objet d’une étude d’impact mais celle-ci n’a pas été mise à la disposition du public avant que l’autorisation de démantèlement ne soit donnée », a fait valoir Yann Aguila, qui a rappelé que 700.000 habitants vivaient dans un rayon de 50 km autour de la centrale.

En conséquence, le décret attaqué doit être jugé « contraire au droit communautaire » et annulé par le Conseil d’Etat. Le magistrat a en outre recommandé à la plus haute juridiction administrative de condamner l’Etat à verser 2.200 euros à Sortir du nucléaire au titre des frais de procédure.

La centrale nucléaire des Monts d’Arrée, à Brennilis, fait partie des réacteurs français de la première génération. Unique exemplaire industriel français de la filière nucléaire à eau lourde, elle a alimenté la Bretagne en électricité de 1967 à 1985. Les opérations de démantèlement doivent durer jusqu’en 2018.

Le Monde, 27/10/06:

 Le CEA, laboratoire du démantèlement de

l’héritage nucléaire

 MARCOULE (GARD) ENVOYÉ SPÉCIAL

Le nucléaire engendre des chiffres vertigineux. Il en va ainsi du démantèlement partiel des installations du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA), évalué à 8 milliards d’euros. Pour le seul site de Marcoule (Gard), berceau de la production de plutonium militaire et du retraitement des combustibles usés, le devis est de 6 milliards d’euros. Ce chantier représente 140 000 m3 de zones contaminées et irradiantes. Il produira 27 000 tonnes de déchets de faible et très faible activité, dont le conditionnement nécessitera 4,3 millions d’heures d’interventions et 1 million d’heures d’études. Les opérations, entamées en 1997, prendront fin vers… 2035.

« C’est une première mondiale ! », insiste Philippe Pradel, directeur de l’énergie nucléaire du CEA. Selon cet ancien de la COGEMA, « le plus difficile est fait », en termes de manipulation des produits les plus irradiés. Le chantier, qu’il faisait visiter, jeudi 26 octobre, « n’est pas seulement un mal nécessaire : il nous permet de faire la preuve que nous pouvons mettre correctement un terme à la première génération des centrales nucléaires ». Démonstration d’autant plus attendue que la filière nucléaire française entend profiter de la conjoncture, favorable à l’étranger à la relance de ce type d’énergie.
Avec les sites plus modestes de Grenoble et Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), Marcoule est donc un laboratoire du démantèlement d’installations nucléaires et de la gestion des déchets engendrés par des décennies d’activité. Le « gros morceau » est l’usine de plutonium n°1 (UP1), où fut séparé l’ingrédient essentiel de la force de frappe française, issu des réacteurs plutonigènes de la filière graphite-gaz.
La radioactivité omniprésente impose des précautions de tous les instants. Dans un atelier où l’on produisait des lingots de plutonium, deux ouvriers aux allures de Bibendum scient un tube d’acier. Couverts d’une combinaison rose étanche, gonflée pour que la surpression interdise tout contact avec des particules radioactives, ils ne peuvent travailler que deux heures par jour.

60 000 FÛTS À « EMBALLER »

Parfois, des robots prennent le relais. Pour assainir une salle de filtration des gaz de ventilation, deux chenillettes dotées d’un bras articulé, commandées à distance, se partagent le travail : l’une tient une tôle, que l’autre découpe, sous l’oeil de la caméra d’un petit robot explorateur. Les machines sont lentes : il faudra cinq ans pour ce seul local. Afin d’accélérer les opérations, des caméras gamma ont été mises au point. Elles sont capables de détecter à distance les « points chauds », à travers l’acier des canalisations et des fûts.
Dès l’origine, UP1 a produit des déchets radioactifs, coulés alors dans de simples fûts pétroliers. La pratique était de les immerger en mer. Quand des traités internationaux ont mis fin à ce mode de « gestion », les fûts ont été empilés dans des casemates. Il en reste 60 000 à emballer dans de nouvelles coques d’inox. Soit trente ans d’activité.

Comment assurer le financement sur une si longue période ?

Le CEA a constitué deux fonds consacrés, l’un civil (3,96 milliards d’euros), l’autre militaire (4,18 milliards d’euros), hors coûts de stockage des déchets. Le fonds civil, créé en 2001, outre des actifs financiers liquides, a reçu 15 % du capital d’AREVA, sur les 79 % détenus par le CEA. Il est alimenté chaque année par le versement de dividendes. Le fonds militaire reçoit des contributions d’EDF et d’AREVA en contrepartie de leur désengagement des opérations de démantèlement, tandis que les modalités de la contribution de l’Etat « restent à définir », indique le CEA.
Sur un panneau syndical, une note de 2005 de la CFE-CGC rappelle que « vu la complexité et la durée du projet, nul ne peut être certain de l’exactitude des devis ». Philippe Pradel rétorque qu’après dix ans d’opérations, les coûts sont tenus, que le niveau de radioactivité rencontrée est moindre qu’escompté et qu’une marge de 10 % a été prévue pour anticiper les aléas du chantier.
En 2005, la Cour des Comptes estimait que les charges de l’ensemble de l’« aval du cycle nucléaire » - retraitement et stockage des déchets – représentaient 10 % du coût de production du kilowattheure nucléaire. La loi sur les matières et déchets radioactifs du 28 juin a institué une Commission Nationale d’Evaluation du Financement du Démantèlement et de Gestion des Déchets, chargée de vérifier que les provisions constituées seront suffisantes. Le décret d’application n’est pas encore paru.

Chronologie:
1945 : création du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA). [Lire: Le CEA, sa raison d’être, la bombe son alibi, la recherche]
1956 : construction à Marcoule (Gard) du premier réacteur nucléaire graphite-gaz français, G1, assurant la production de plutonium militaire.
1958 : création de l’usine plutonium n°1 (UP1) destinée à extraire ce plutonium et à retraiter les combustibles irradiés de la filière graphite-gaz.
1976 : le site passe sous la responsabilité de la COGEMA, filiale du CEA.
1997 : arrêt définitif de production d’UP1. Début du démantèlement.
2006 : la responsabilité du site est transférée au CEA.
2035 environ : fin du démantèlement des installations et du conditionnement des déchets de la filière graphite-gaz.

Hervé MORIN

dem1_g2 COGEMA

 France 3, 21/4/06:

« Sortir du nucléaire«  dépose plainte contre un décret autorisant le démantèlement du coeur du réacteur de la Centrale.

18 avril 2006:

Note CRIIRAD - Résultats et interprétation des analyses radiologiques d’eau et de plantes en aval de la centrale de Brennilis

 Le Télégramme Brest, 7/4/2006:

 Centrale de Brennilis: Un feu vert qui inquiète

(Voir la CRIIRAD)

Par décret du 9 février dernier, l’Etat vient d’autoriser EDF « à procéder aux opérations de mise à l’arrêt définitif et de démantèlement complet de l’installation nucléaire » de Brennilis. Inquiète de la tournure des événements, jugée précipitée, l’association Agir pour l’Environnement et le Développement Durable reste, par la voix de son président, Roger Abiven, plus que jamais vigilante.

Ce décret va permettre au chantier d’entrer dans sa troisième et dernière phase : la déconstruction du réacteur et de son enceinte. Sa préparation débutera, cette année, alors que son exécution interviendra entre 2008 et 2012.

Manque de transparence

D’emblée, Roger Abiven prévient : « Il y a aujourd’hui un déficit de prise de conscience. Pour beaucoup, ces travaux signifient surtout la fin de la centrale. Mais, le démantèlement représente beaucoup plus de risques que l’exploitation et notamment pour les travailleurs. Il y aura manipulation de matière radioactive. On est d’autant plus inquiets que le rayonnement n’aura pas beaucoup diminué ». A un démantèlement immédiat, l’association aurait, en effet, préféré une période d’attente de 40 à 50 ans pour que la radioactivité diminue. Bien qu’elle ait intégré l’observatoire de démantèlement lors de sa dernière réunion en octobre, l’association dénonce le manque de transparence. « Les autorités d’EDF s’expriment unilatéralement. La lumière est faite sur beaucoup d’aspects, mais il y a des choses qui ne sont pas dévoilées », estime ainsi Roger Abiven avant de poursuivre : « Ce qui est nouveau, c’est qu’EDF et le gouvernement ont décidé d’accélérer le processus et de passer au démantèlement du réacteur au plus vite ».

Destination des déchets ?

Par ailleurs, selon les autorités, la déconstruction de Brennilis doit servir de modèle à reproduire plus tard sur d’autres chantiers comparables. Mais, pour Roger Abiven, « vu les incidents qui s’y sont produits, ça va être difficile. La phase 2 n’a pas été si exemplaire que cela ». Et l’associatif de rappeler alors la poussée d’une nappe phréatique qui a fragilisé un bâtiment ou encore les accidents du travail (quatre cas en 2005). Autre sujet d’inquiétude, la destination des déchets. « D’habitude, on prend un décret lorsque tout est prêt. Mais, pour l’instant, on ne sait pas quel site va recevoir les déchets moyennement radioactifs et à longue durée de vie de Brennilis. Trois destinations sont envisagées, aucune n’a pour l’instant été retenue. Dans ce cadre, le décret semble prématuré », affirme Roger Abiven.

Expertises indépendantes

L’association réclame donc que des études épidémiologiques réalisées par des indépendants établissent l’impact des travaux sur les ouvriers, les civils, la faune et la flore. Elle souhaite aussi être associée à l’appel d’offres qui déterminera les entreprises retenues, et que des expertises et contre-expertises établissent leur niveau de compétence. « Puisque l’on est engagé dans le démantèlement immédiat, soyons d’autant plus vigilants. Il reste des moyens à mettre en oeuvre pour que la santé publique soit garantie », conclut Roger Abiven.

Hervé CORRE

Le Monde.fr, 22 février 2006:

 Les principaux points du rapport de la

Cour des comptes.

Absence de stratégie nucléaire

clairepour l’avenir

Les Français savent-ils que la stratégie sur le nucléaire est engagée à l’horizon 2040? C’est avec un art consommé de la litote que la Cour des Comptes pose la question dans son chapitre consacré au démantèlement des intallations nucléaires et aux déchets nucléaires. Car si ceux-ci pèseront sur les générations futures, les choix qui déterminent leur gestion, et donc leur coût, se font aujourd’hui. 

Or, indique la Cour, « la production électronucléaire française repose sur l’hypothèse d’un retraitement de tout le combustible usé », y compris le Mox (mélange de plutonium et d’uranium). « Cette hypothèse suppose la continuation du programme électronucléaire et son prolongement ultérieur à des réacteurs dits de quatrième génération, eux-mêmes consommateurs de plutonium, à l’horizon des années 2040. »

Mais l’incertitude sur le coût futur de la gestion des déchets nucléaires est déjà très grande, indique la Cour. Il s’agit de savoir si seront retraités les combustibles Mox ­ qui ne le sont pas pour l’instant à La Hague ­, ainsi que la part des combustibles usés standard qui n’est pas retraitée actuellement, soit environ un quart du total. Ces combustibles non retraités, s’ils devaient le rester, nécessiteraient des installations supplémentaires de stockage durable, et donc un coût important, qui n’est pas encore pas chiffré.

En l’état actuel, souligne les magistrats, « on suppose que les déchets les plus radioactifs [n'intégreront] pas de plutonium dans l’optique d’une mise en service de réacteurs de génération IV à l’horizon 2040″. Rien n’indique que ces réacteurs seront prêts à cette échéance, et l’on voit mal si leur mise en oeuvre ne seront pas contradictoires avec les réacteurs EPR que le gouvernement s’apprête à lancer dans les années 2010 et qui doivent avoir une durée de fonctionnement de soixante ans.

Une incertitude majeure pèse donc sur la gestion française des déchets nucléaires. La Cour confirme son jugement de début 2005 quand, dans son rapport particulier consacré au même sujet, elle avait déploré le « défaut d’une vue d’ensemble sur la politique nucléaire future ». Elle recommande « d’énoncer plus clairement les conditions nécessaires à une réalisation effective de la stratégie annoncée, puisqu’elles justifient le mode de calcul des provisions pour fin de cycle des combustibles nucléaires. »

Sur les autres aspects du démantèlement, la Cour est moins sévère. Les provisions brutes de démantèlement des installations nucléaires ­ les sommes mises de côté pour démonter les usines arrivées en fin de fonctionnement ­ et de gestion de leurs déchets représentent 69 milliards d’euros. Sur 125 installations nucléaires en France, 22 sont déjà à l’arrêt. Si AREVA présente de ce point de vue « une situation satisfaisante », la Cour est inquiète pour le Commissariat à l’Energie Atomique, dont le système est « à la fois complexe et peu transparent ».

La Cour s’inquiète aussi du fait que les provisions d’EDF et d’AREVA pourraient être mal protégées en cas de privatisation et invite « à réfléchir sur la question de la sécurisation des actifs ». Il s’agit de s’assurer que les sommes mises de côté restent bien destinées au démantèlement des centrales, et non affectés à d’autres dépenses. Dans sa réponse, le ministre de l’économie écrit que cette réflexion pourrait « prendre la forme d’un cantonnement juridique des actifs concernés pour garantir qu’ils restent effectivement dédiés à la couverture des engagements nucléaires ».

Hervé KEMPF

 Ouest-France du jeudi 27 janvier 200

 Les inquiétudes de la Cour des comptes

 Le coût « explosif » des déchets nucléaires

dem2_g2 COUR DES COMPTESLe démantèlement d’un réacteur nucléaire coûte beaucoup plus cher que prévu, a révélé hier la Cour des comptes. À Brennilis, en Bretagne, la facture est multipliée par cinq. L’industrie nucléaire pourra-t-elle toujours assumer ces coûts ?

Le prix réel du kilowattheure nucléaire est-il sous-évalué ? Sous la houlette impérieuse de Philippe Séguin, son nouveau premier président, la Cour des comptes vient de mettre les pieds dans un plat qui a trop longtemps relevé du secret d’État : celui du financement du démantèlement des vieilles installations nucléaires et de la gestion des déchets radioactifs. Elle y consacre un rapport entier

Actuellement, EDF facture au consommateur le futur démantèlement de ses réacteurs. AREVA, le ministère de la Défense, la COGEMA, ont également fait des provisions. Mais l’exemple de Brennilis est quelque peu inquiétant. Le coût de cette « déconstruction », qui va générer 110 000 tonnes de déchets à été très sous-estimé. La facture finale serait de 482 millions d’euros. Au moins cinq fois plus que prévu.

À Marcoule, dans le Gard, autre très mauvaise surprise. On y démantèle une vieille usine de production de plutonium. Le coût final serait de 6 milliards d’euros. Quant au futur centre de stockage profond des déchets ultimes, à Bure dans la Meuse, il a pris du retard et a doublé son prix initial de 60 millions d’euros.

La France compte actuellement 122 installations nucléaires. Vingt-deux sont à l’arrêt, dont le célèbre « Superphénix ». Toutes devront être démantelées. La loi le prévoit. Mais les financements seront-ils au rendez-vous ? Didier Gasse, l’un des auteurs du rapport, s’inquiète :« La stratégie financière d’EDF n’est pas très claire ». Le premier producteur mondial d’électricité nucléaire a pourtant déjà accumulé 24 milliards d’euros de provisions. Mais ces fonds ne sont pas spécifiquement dédiés au démantèlement. Ce que lui reproche vertement la Cour des ComptesLe comble serait qu’en effet, les Français payent plusieurs fois le démantèlement : en tant que consommateurs d’hier et de demain, et puis en tant que contribuables, si l’entreprise était un jour incapable de tenir ses engagements.

Seule la société AREVA serait « dans les clous », selon Didier Gasse. La Défense, le CEA, doivent encore créer un fonds spécifique. La Cour donne en exemple la Grande-Bretagne et les États-Unis où ce sont les pouvoirs publics qui gèrent ces fonds et non pas les entreprises. Mais cette question est « taboue » à EDF. L’électricien ne veut pas se priver de cette manne au moment où il projette d’ouvrir son capital.

Ce sera au Parlement de trancher la controverse. Un débat est prévu en 2006, un an avant la présidentielle. « Cette échéance doit être respectée, dit Philippe Séguin, car c’est la crédibilité de l’ensemble de notre politique nucléaire qui est en jeu ». Beaucoup de Français pensent, en effet, qu’en matière de déchets radioactifs, on leur cache des choses.

Bernard LE SOLLEU

Libération, 27 janvier 2005: 

 Le coût des déchets du nucléaire inquiète la Cour des comptes

 Elle craint que deux opérateurs (CEA et EDF) n’aient pas économisé suffisamment.

Comment appliquer le sain principe «pollueur-payeur» à l’échelle de décennies ? C’est la question posée par «le démantèlement des installations nucléaires et la gestion des déchets radioactifs», titre du dernier rapport de la Cour des comptes présidée par Philippe Séguin.

Vérifier

 Les magistrats de la dite cour, malgré leur dextérité juridique – et un document précieux pour un débat public «éléments sur la table», insiste Seguin -, montrent un réel embarras devant le sujet. Compatissons. Ils sont en effet pronucléaires, comme l’essentiel des couches dirigeantes. Mais, fonction oblige, ils doivent vérifier que les chiffres correspondent aux promesses : que les provisions mises au passif des grands opérateurs de l’électronucléaire – AREVA, CEA et EDF – pour financer démantèlement et gestion des déchets ne se révéleront pas monnaie de singe lorsqu’il faudra les «décaisser». Outre cette vertu financière, ils voudraient même que la «transparence»produise la «confiance du citoyen» qu’ils trouvent «morose».

Sous la conduite de Bertrand Fragonard, ils ont donc peint un tableau curieux. D’abord en effaçant une vieille toile : le démantèlement en cours des premières installations (Marcoule, Brennilis…). Certes, admettent-ils, il a coûté «beaucoup plus cher que prévu». Ces installations ont essuyé les plâtres d’activités nouvelles. Et le mode de calcul utilisé n’était valable que pour les centrales du parc actuel d’EDF. Du coup, ils avalisent les provisions actuelles, estimant que les trois opérateurs «calculent scrupuleusement le coût du démantèlement des centrales aux environs de 15 % de celui de leur construction».

Ce satisfecit ne s’étend pas à celui du stockage des déchets les plus radioactifs en couches géologiques dont le laboratoire souterrain de Bures (Meuse) est censé démontrer la faisabilité (1). Entre l’estimation d’EDF et celle de l’Andra, le coût final variant de «5 à 18 milliards d’euros», une commission de conciliation doit y mettre un peu d’ordre.

Menace

Mais si provisions il y a dans les comptes – 12 milliards pour AREVA, 11 pour le CEA et 48 pour EDF -, l’argent sera-t-il disponible dans «quarante ou quatre-vingts ans», s’interroge la cour, qui traite différemment les trois opérateurs. Areva semble n’avoir aucun souci, assis sur un tas d’or, sans dettes, et doté d’un portefeuille d’actifs dédiés pour le démantèlement de ses installations déjà supérieur à 2 milliards. Le CEA, lui, doit encore constituer un fonds suffisant, surtout que le ministère de la Défense ne s’acquitte pas de ses devoirs pour les installations militaires à démanteler. Mais c’est surtout EDF qui suscite l’«inquiétude» des magistrats. Du fait de son endettement, elle ne dispose que d’«un embryon d’actifs dédiés par rapport à la masse à financer». Aussi, alertent-ils : «Sans mécanisme de sécurisation, le risque existe, dans le cadre d’une ouverture du capital d’AREVA et d’EDF dans des marchés devenus fortement concurrentiels, que les conséquences financières de leurs obligations de démantèlement et de gestion de leurs déchets soient mal assurées et que la charge en rejaillisse in fine sur l’Etat.» Ils réclament des garanties – par des «règles dures» - qu’EDF ne gaspille pas ces provisions où qu’elle ne les mise pas sur des opérations douteuses.

Ils en arrivent même à agiter la menace de la «création de fonds externalisés». Par exemple en les confiant à la Caisse des Dépôts. Bien sûr, cette menace vise juste à faire peur. Mais elle pourrait être prise au mot par des associations, des partis ou des députés courageux. Afin d’éviter que les consommateurs paient deux fois – aujourd’hui et dans un demi-siècle – le vrai prix de l’électricité nucléaire.

(1) Libération du 15 janvier.

Sylvestre HUET

Le Figaro, 27/01/2005 : 

 Comment EDF a joué sur le nucléaire pour

sauver son bilan

La Cour des Comptes juge insuffisant lefinancement du démantèlement

Comment EDF a joué sur le nucléaire pour sauver son bilan

Chez EDF, le dossier sensible de la facture, et surtout du financement du démantèlement du parc nucléaire, a toujours été entouré d’une véritable opacité. A l’occasion de l’un de ses précédents rapports, la Cour des Comptes avait d’ailleurs souligné que dans le domaine du nucléaire, «les dotations aux provisions apparaissent plus comme une technique destinée à peser sur le résultat que comme un moyen d’étaler les charges afférentes sur les différents exercices».

Les décaissements liés au démantèlement s’inscrivent dans un avenir lointain ­ pas avant 2015 ­ et EDF a déjà utilisé cette arme du temps pour améliorer sensiblement ses comptes. Lors de la présentation de ses premiers comptes semestriels à l’automne 2003, le premier électricien avait réussi à annoncer un résultat net positif en procédant à une reprise d’une partie de ses dotations aux provisions justifiée à ses yeux par l’allongement de la durée de vie de ses centrales nucléaires.

Cet allongement de 30 à 40 ans s’était traduit, dans le compte de résultat, par une augmentation de 1,8 milliard d’euros du bénéfice net semestriel 2003.

Au bilan, les effets de cette prolongation s’avéraient encore plus marquants puisque le changement du mode d’amortissement des installations nucléaires décidé conjointement (passage d’un système dégressif à un système linaire) se traduisait par une augmentation des fonds propres de l’ordre de 5,4 milliards d’euros. Une opération d’autant moins anodine que depuis plusieurs années EDF se plaint de son manque cruel de capitaux propres.

A l’époque, un certain nombre d’observateurs s’étaient émus de ce jeu d’écritures, arguant que si aucun texte en France ne limite la durée de vie des centrales, la prudence aurait dû conduire à neutraliser l’impact de cette reprise de provisions sur le résultat. Il est vrai que cette astuce comptable ne faisait rentrer aucun euro supplémentaire dans les caisses d’EDF.

Depuis, aussi bien pour les provisions pour le démantèlement que pour la gestion des déchets, la création de fonds dédiés ­ comme cela se pratique dans d’autres pays ­ est régulièrement réclamée, mais sans succès particulier. Car même si EDF a bien créé un fonds spécifique pour les opérations de démantèlement, cette structure est bien loin, de l’avis général, de contenir les sommes évoquées.

Un autre épisode directement lié au nucléaire avait également permis à EDF de sauver ses comptes en 2001. Il s’agissait alors de la renégociation du contrat passé avec COGEMA pour la gestion des combustibles usés issus des centrales nucléaires.

Cette reprise de provisions, qui s’élevait à 1,1 milliard d’euros, avait été passée en totalité dans les comptes de l’exercice 2001, alors que le contrat avec COGEMA courait déjà à cette époque jusqu’en 2007.

Frédéric DE MONICAULT

Le Monde, 18/1/05:

 Les comptes incertains de la fin de vie du nucléaire

Une analyse des coûts de gestion des déchets et de démantèlement des centrales.

L‘industrie nucléaire ne risque-t-elle pas de faire peser sur les générations futures le coût de son démantèlement et de la gestion des déchets qu’elle produit ? La Cour des Comptes, a rendu public, mercredi 26 janvier, un rapport sur le sujet.

Au 31 décembre 2003, la France comptait 125 installations nucléaires de base (INB) civiles. Parmi les 22 INB déjà à l’arrêt, plusieurs permettent de mesurer la charge financière du démantèlement. L’opération en cours à la centrale de Brennilis révèle un coût effectif« très supérieur à celui attendu pour le démantèlement des centrales actuelles », souligne la Cour. Les installations anciennes seront les plus délicates à « déconstruire ». « Il faut en assumer les conséquences en procédant, à des prix élevés, à l’assainissement d’installations où les exploitants ont laissé s’accumuler des déchets sans aucune vue prospective« , constate la Cour, qui se veut néanmoins rassurante en soulignant l’ »effet de série » dont bénéficieront les centrales actuellement en service.

Concernant la gestion des déchets radioactifs, il importe, selon les conseillers, de « sortir de l’ambiguïté » sur le statut des combustibles usés, qui ne sont pas considérés par les industriels comme des déchets, mais qui pourraient le devenir si la doctrine française évoluait sur ce sujet.

Ils invitent donc l’Agence Nationale pour la Gestion des Déchets Radioactifs (ANDRA) et les producteurs de déchets à « résoudre -leurs- divergences » sur le coût du stockage en profondeur. Les estimations des coûts supplémentaires varient en effet de 5 à 18 milliards d’euros…

Les provisions pour le démantelement et déchets s’établissaient, fin 2003, à 71,4 milliards d’euros, répartis entre AREVA (12,3 milliards), le CEA (11,1) et EDF (48). Au total, la fin de vie du cycle nucléaire représenterait, rapportée au kWh, 10 % du coût de production. Ces financements seront-ils sécurisés à long terme ?  »Le risque existe, dans le cadre d’une ouverture de capital d’AREVA et d’EDF dans des marchés devenus fortement concurrentiels, que les conséquences financières de leurs obligations (…) soient mal assurées et que la charge en rejaillisse in fine sur l’Etat », avertit la Cour, qui prône plus de transparence.

Hervé MORIN

Les Echos, 26/11/2004 :

 Démantèlement du site de Marcoule : 

AREVA et EDF paient une soulte de 1,5 milliardau CEA.

Où trouver de l’argent quand on s’appelle l’Etat, il suffit souvent de « demander » aux entreprises publiques. C’est ce qui vient de se passer, en toute discrétion, pour le démantèlement des sites nucléaires de Marcoule (Gard) surtout, et de Pierrelatte (drôme) dans une moindre mesure. Selon la terminologie officielle, il s’agit d’ »installations nucléaires de bases secrètes ». Après des mois de cafouillages, en grand en partie liés au fait que trois ministères sont parties prenantes (la Défense, l’Economie et la Recherche), l’Etat et les entreprises concernées (AREVA, EDF et CEA) sont parvenus à un accord. Selon nos informations, Cogema versera 427 millions d’euros d’ici à la fin de l’année au CEA. Quand à EDF, la facture s’élève à 1,125 milliard d’euros à payer également avant la fin de l’année. 

Ces deux versements considérables apparaîtront dans les comptes 2004 des deux entreprises. Un proche du dossier estime qu’ils enrichiront également le budget de l’Etat d’environ 0,1 point de PIB. Cette manne inespérée, qui permettra à l’Etat de ne rien verser avant 2008 et de préserver le budget de la défense au moins jusqu’à cette date, passe par la création d’un fonds dédié pour assurer le financement du démantèlement des installations nucléaires de défense de Marcoule et de Pierrelatte. Alimenter par les deux soultes, le fonds entraîne le transfert de la maîtrise d’ouvrage de COGEMA au CEA. Le fonds doit couvrir l’intégralité des dépenses relatives aux opérations d’assainissement et de démantèlement restant à réaliser, en dehors du transport et du stockage des déchets.
Jusqu’à présent, COGEMA, à hauteur de 10%, EDF (45%) et le CEA (45%) étaient parties prenantes dans un GIE appelé Codem, fondé en 1996 et chargé des opérations de démantèlement du site de Marcoule. Le GIE sera dissous dans les jours à venir, lorsque le fonds sera mis en place. Parallèlement à cette opération, le CEA va également verser une soulte à Cogema correspondant à ses engagements sur le site de La Hague.

Attrait boursier

« Tout le monde est content : EDF et la COGEMA ne paient pas cher et l’Etat ne paie rien, résume un expert du dossier. Mais qui peut savoir aujourd’hui quel sera le coût du démantèlement de telles installations dans vingt, trente ou quarante ans ? Les soultes libératoires sans clauses de revoyures entraînent le désengagement total des entreprises concernées et un report sur le CEA, autrement dit l’Etat, donc le contribuable, des charges qui n’auront pas été prévues et sous estimées« .

Du côté des syndicats, on estime que le transfert de responsabilité vers le CEA est essentiellement motivé par la perspective d’ouverture du capital d’AREVA et d’EDF. « L’attrait boursier de ces entreprises serait fortement réduit si devaient se présenter aux futurs actionnaires des comptes où seraient provisionnées des charges pour assainissement et démantèlement sur une période de trente ans », estime la CFDT. Un artisan du montage estime, à l’inverse, que « l’on a une bonne visibilité du coût jusqu’en 2012 et que, pour tenir compte des aspects moins prévisibles, le devis a été majoré de 20%, correspondant à une marge d’incertitude et à une prime de risque ».

Par ailleurs, les syndicats expriment de nombreuses craintes quant à la reconversion de ces sites dont les opérations de démantèlement ont été estimées, en 1996, par le GIE Codem à 6 milliards d’euros pour la totalité, y compris le transport et le stockage des déchets.
A Pierrelatte, la mise à l’arrêt de l’usine d’enrichissement d’uranium a été achevée fin 2000. Les grands travaux devraient être terminés en 2007, pour un coût total évalué à 500 millions d’euros. A Marcoule, l’enjeu est beaucoup plus lourd : 5,6 milliards d’euros pour démanteler l’usine UP1, qui assurait la production de plutonium militaire, mais aussi le retraitement des combustibles de réacteurs civils. Mise en service en 1958, elle a été arrêtée en 1997.

Renaud CZARNES 

Les deux chantiers en cours :

- Pierrelatte : démantèlement des usines de diffusion gazeuses produisant de l’uranium très enrichi arrêtées en 1996. Les travaux industriels ont commencé en juillet 2002 et devraient s’achever en 2007. Coût estimé : 500 millions d’euros.
- Marcoule : démantèlement de l’usine UP1 dédiée à l’extraction de plutonium par séparation chimique. Mise en service en 1958, l’unité a été arrêtée en 1997. Les travaux devraient durer environ quarante ans. Coût estimé : 5,6 milliards d’euros.

EDF et AREVA : fonds propres et prélèvements
En milliards d’euros
——-
EDF:
Total des fonds propres : 20,3
Retraites : – 15
Assurance-Maladie : – 4,5
Soulte du démantèlement : – 1,1
——-
AREVA:
Total des fonds propres : 4,1
Soulte du démantèlement : – 0,427

—-> Le recyclage, mythes et réalités, PDF

—-> Manifestation contre le retraitement de ferrailles radioactives (voir: Magouilles radioactives à Feurs ! et le site: A.D.S.E.)

 L’abandon du nucléaire se concrétise avec l’arrêt de la 1ère centrale

14/11/03 - La première des 19 centrales nucléaires allemandes a été débranchée vendredi, deux ans après le vote en 2001 de la loi sur l’abandon de l’atome civil, mais le mouvement antinucléaire sait que le nucléaire civil a encore de belles années devant lui en Allemagne.

En service depuis 1972, Stade, près de Hambourg (nord), est la deuxième plus vieille centrale nucléaire allemande. La plus ancienne, celle d’Obrigheim (sud-ouest), devrait cesser son activité d’ici 2005, en vertu de l’accord négocié à l’arraché en 2000-2001 entre le ministre de l’Environnement, l’écologiste Juergen Trittin, et les industriels du secteur, sous les auspices du chancelier social-démocrate Gerhard Schroeder.
« A Stade, l’abandon du nucléaire est pris au sérieux », s’est félicité M. Trittin, qui célébrait vendredi l’événement dans un restaurant à la mode de Berlin. L’ambiance est moins à la fête dans cette ville de 45.000 habitants qui vit depuis 30 ans de sa centrale nucléaire. Elle ne fournit pas uniquement une taxe professionnelle conséquente, mais aussi des emplois pour de nombreux sous-traitants de la région. Aucun des 300 employés de la centrale ne perdra toutefois son travail, assure l’exploitant, le numéro un mondial de l’énergie E.ON: 150 d’entre eux seront appelés à participer au démantèlement des installations, le reste étant redéployé en interne.
A Stade commence à présent un chantier titanesque, évalué à quelque 500 millions d’euros –alors que la construction n’avait coûté que 153 millions d’euros–. Dans un premier temps, d’ici 2005, les combustibles usés doivent être envoyés pour retraitement à l’usine de La Hague (nord-ouest de la France).
Commencera ensuite le démantèlement effectif, qui ne devrait pas s’achever avant 2015. Ne restera alors de la centrale qu’une halle de stockage provisoire de déchets faiblement ou moyennement radioactifs, qui ne disparaîtra que lorsque l’Allemagne aura décidé de créer un centre de stockage définitif pour ses déchets nucléaires. Ce qui pourrait encore durer des années…
C’est, aux yeux des antinucléaires allemands, le fruit le plus amer du compromis sur l’abandon de l’atome: le nucléaire civil a encore de belles années devant lui en Allemagne.
Les convois de déchets radioactifs rapatriés des usines françaises et britannique de La Hague et Sellafield vers le centre de stockage de Gorleben, qui suscitent des manifestations d’antinucléaires, continueront encore pendant au moins dix ans, en dépit de l’arrêt des livraisons à destination des usines de retraitement à partir de 2005.
En outre, l’accord conclu avec les industriels impose certes pour chaque centrale des quotas de production à ne pas dépasser qui équivalent à une durée de vie de 32 ans, ce qui reviendrait à fermer la dernière centrale allemande d’ici à 2021. Mais il donne aussi la possibilité aux industriels de reporter les quotas d’une centrale à l’autre, prolongeant ainsi la durée de vie des centrales les plus rentables.
Un procédé qu’EON met d’ores et déjà en application en fermant Stade un an avant sa date de fermeture théorique (2004). La raison avancée est d’ailleurs économique : la vieille centrale n’était plus très rentable.
« La vraie fête, nous la célébrerons lorsque la dernière centrale allemande sera fermée », souligne Suzanne Ochse, de l’organisation écologiste Greenpeace. « D’ici là, nous aurons deux fois plus de déchets nucléaires qu’aujourd’hui. Et personne ne sait qu’en faire ».
Pour déconnecter du réseau la centrale de Stade, aucun câble spécifique n’a dû être coupé, aucun bouton rouge spécial enclenché, précise une porte-parole de E.ON. « Comme pour un contrôle de routine », le réacteur a été éteint.

Démantèlement des installations nucléaires:

des procédures plus rapides

15/5/03 - Le démantèlement des installations nucléaires, un problème qui deviendra crucial lorsque les centrales EDF arriveront en fin de vie, devra se faire dans des délais beaucoup plus courts que ce qui était prévu jusqu’à présent, selon l’Autorité de Sûreté Nucléaire, le « gendarme du nucléaire ».

Un nouveau cadre réglementaire vient d’être mis en place pour le démantèlement de ces installations, obligeant les exploitants à engager immédiatement les opérations sans attendre des décennies, a annoncé jeudi l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN).

« Cette nouvelle réglementation ne constitue pas une rupture, mais prend en compte les expériences passées », a précisé devant la presse Jérémie Averous, responsable de ce dossier à l’ASN.

Les installations nucléaires en cours de démantèlement sont diverses; réacteurs EDF de centrales de première génération arrêtées définitivement, centres du Commissariat à l’Energie Atomique en voie de dénucléarisation, ateliers de fabrication de combustible…

Dans les années 90, les exploitants du nucléaire, encadrés par des procédures administratives complexes, privilégiaient une stratégie d’attente: on met l’installation en sommeil pendant une cinquantaine d’années, en attendant que la radioactivité décroisse, avant d’entamer la démolition. C’est aussi la stratégie adoptée en Grande-Bretagne, où les installations arrêtées sont mises sous cocon pendant une centaine d’années.

« Aujourd’hui, les exploitants sont à même d’avoir une vision industrielle du démantèlement », a estimé M. Averous. « Le démantèlement immédiat est préférable », a-t-il ajouté. Selon le « gendarme du nucléaire », les inconvénients de la « solution attentiste » sont nombreux: risques de pertes de compétences des personnels, dangers liés au vieillissement des installations, difficultés pour garantir le financement des opérations.

Délicat et couteux

La nouvelle réglementation, qui fait l’objet d’une note du 17 février (www.asn.gouv.fr), permet de déclencher sans attendre les opérations de démantèlement, avec un démontage qui s’étale sur une période de 15 à 25 ans, selon l’ASN.

Quels que soient les choix énérgétiques qui seront faits par la France (maintien du nucléaire, réduction ou abandon), le démantèlement des installations reste un processus délicat et couteux. A partir de 2020, les premiers des 58 réacteurs en service dans le parc EDF, prévus pour un fonctionnement d’une quarantaine d’années, arriveront en fin de vie et devront être démantelés.

« Les démantèlements d’installations nucléaires effectués dans le passé ont montré que l’opération ne présentait pas de difficultés techniques insurmontables », a estimé l’expert de l’ASN. A condition toutefois que le démantèlement soit prévu dès la conception et que les filières d’élimination des déchets -radioactifs et conventionnels- soient mises en place.

Selon le « gendarme du nucléaire », le coût du démantèlement d’un réacteur est de l’ordre de 15% du coût de construction, soit environ 15 milliards d’euros pour l’ensemble du parc EDF.

Les experts de l’ASN estiment qu’un démantèlement immédiat permet notamment de vérifier si ces sommes ont été correctement provisionnées par l’exploitant. Un problème qui peut s’avérer crucial si tout ou partie de la production d’électricité est un jour privatisée en France.

Greenpeace: baisse alarmante des réserves

d’EDF pour démanteler les centrales

Centrale de Brennilis:

Le bâtiment du réacteur

démantelé à partir de 2005

BRENNILIS (Finistère), 27 mars 03 - La déconstruction du bâtiment abritant le réacteur de la centrale nucléaire de Brennilis débutera en 2005 pour une libération totale du site en 2018, a annoncé jeudi Alain Ensuque, chef du site EDF des Monts d’Arrée.

Il s’exprimait lors d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion de l’Observatoire du Démantèlement de la centrale.

Le démantèlement de cette centrale de 70 mégawatts qui doit servir de modèle aux futures déconstructions des centrales nucléaires françaises coûtera 480 millions d’euros au total.

Brennilis_SA_n215_janvier1965 DECHETS NUCLEAIRES Extrait de Science et Avenir n°215, janvier 1965.

Prototype industriel conçu en 1962 et destiné à prouver la fiabilité de la filière à « eau lourde », Brennilis a alimenté la Bretagne en électricité de 1967 à 1985.

D’ici 2004, quatre bâtiments auront été démolis notamment celui ayant abrité les déchets solides, un autre réservé au combustible irradié ainsi que la station de traitement des effluents liquides.

150 personnes appartenant pour la plupart à des entreprises sous-traitantes spécialisées travaillent actuellement sur le site.

Une étude menée par un laboratoire privé montre un « très léger marquage sur l’environnement » du fait de la centrale, un marquage qualifié de « très léger, bien inférieur aux seuils réglementaires », a-t-on précisé de même source.

Déconstruction de 48 cheminées de

Superphénix

GRENOBLE, 6 sept 02 - La déconstruction de 48 cheminées, situées sur les générateurs de vapeur du surgénérateur nucléaire Superphénix de Creys-Malville (Isère), a commencé et devrait s’achever dans trois mois, a annoncé vendredi la direction de la centrale.

Ces cheminées représentent un total de 950 tonnes d’acier. Certaines avaient une hauteur de 75 et 80 m et leur démontage va changer la physionomie de la centrale.

Le démontage du surgénérateur se poursuit et, à ce jour, 500 assemblages de combustible situés dans le coeur du réacteur, sur un total de 650, ont été évacués. Le réacteur devrait être vidé de l’ensemble de son combustible à la fin 2002 ou en janvier 2003, a indiqué le chef de cabinet de la centrale, Jean-Louis Regairaz.

Le gouvernement avait décidé en juin 1997 de fermer la centrale nucléaire Superphénix « à cause de son coût excessif ».

EDF s’est donné un délai de 25 ans avant « le retour à la pelouse », c’est-à-dire la déconstruction totale de n’importe quelle centrale nucléaire de son parc.

Le démontage du surgénérateur Superphénix

avance

CREYS-MALVILLE (Isère), 18 mai - Le démontage du surgénérateur Superphénix de Creys-Malville (Isère) vient de franchir une étape importante, avec le déchargement d’un tiers du combustible situé dans le coeur du réacteur, ce qui rend impossible dorénavant « la réaction en chaîne propre à un réacteur nucléaire », a annoncé la direction de la centrale.

203 assemblages fissiles, sur un total de 640, ont été retirés du coeur, et entreposés dans une piscine remplie d’eau prévue à cet effet, a précisé le directeur de la centrale, Bruno Coraça, avant l’ouverture au public vendredi et samedi, pour la première fois de son histoire, de cette usine.

Ces assemblages se présentent sous la forme de barres longues de 5,40 m et d’un poids de 580 ou 740 kilos. Ils contiennent de la matière fissible et une quinzaine de kilos de plutonium et sont immergés au sein du coeur du réacteur dans un bain de sodium. Ce métal liquide a la particularité de s’enflammer au contact de l’air ou de l’eau. Il faut donc « laver » ces éléments et enlever toute particule de sodium avant de les entreposer dans la piscine remplie d’eau.

L’opération est délicate, et on retire en moyenne 4 assemblages par jour ouvrable du coeur du réacteur à neutrons rapide d’une puissance de 1200 MW.

« Ces assemblages dégagent 700 watts, c’est à dire la moitié de la chaleur dégagée par un fer à repasser. Comme la centrale est à l’arrêt depuis 1996, ils ont le temps de refroidir » explique M. Coraça.

Le déchargement du coeur sera achevé mi 2002.

350 agents EDF et 200 salariés de prestataires de service (gardiennage, nettoyage …) travaillent actuellement sur le site.

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 29 octobre, 2012 |Pas de commentaires »

FUKUSHIMA: LES TAUX OFFICIELS DE RADIATION NE SONT PAS FIABLES !…RIEN D’ETONNANT…D’AILLEURS, EN FRANCE…CE SERAIT LA MÊME CHOSE ! (Thierry LAMIREAU)

Fukushima:

FUKUSHIMA: LES TAUX OFFICIELS DE RADIATION NE SONT PAS FIABLES !...RIEN D'ETONNANT...D'AILLEURS, EN FRANCE...CE SERAIT LA MÊME CHOSE ! (Thierry LAMIREAU) dans REFLEXIONS PERSONNELLES fukushima2Les taux officiels de radiation ne sont pas fiables

TOKYO – Les mesures de radiation effectuées par les autorités japonaises dans la région autour de la centrale nucléaire de Fukushima ne sont pas fiables, a affirmé mardi 23 octobre 2012 à Tokyo l’organisation Greenpeace, selon qui les populations seraient exposées à treize fois la limite autorisée.

Selon Greenpeace, des niveaux de radiation supérieurs à 3 microsieverts par heure ont été relevés dans des parcs et des écoles de la ville de Fukushima, alors que la limite a été fixée à 0,23. La ville de Fukushima, capitale de la préfecture du même nom, est située à une cinquantaine de kilomètres de la centrale nucléaire accidentée, Fukushima Daiichi.

Nous avons découvert que les appareils de mesure installés par le gouvernement sous-évaluaient systématiquement les niveaux de radiations, a déclaré Rianne Teule, experte en radiation de Greenpeace. Selon elle, ils sont protégés des radiations par les structures métalliques ou de béton environnantes, ce qui fausse les mesures.

Ces appareils ont été placés dans des zones décontaminées. Cependant nos propres mesures montrent qu’à peine un peu plus loin les niveaux remontaient de façon significative, a-t-elle poursuivi.

Rianne Teule a également affirmé que les travaux de décontamination ont été sérieusement retardés et de nombreux endroits très irradiés signalés régulièrement par Greenpeace existent toujours.

Lors de tests effectués la semaine dernière pendant quatre jours, Greenpeace a ajouté avoir mesuré des taux au-dessus de la norme légale dans le village d’Iitate où le gouvernement espère renvoyer bientôt les habitants évacués après la catastrophe.

Il est peu probable que cette zone montagneuse et très forestière redevienne sûre avant quelques années, a estimé Kazue Suzuki, de Greenpeace Japon

Le gouvernement donne de faux espoirs aux victimes du désastre, a-t-elle ajouté. 

Consécutif à un séisme de magnitude 9 et à un tsunami géant, l’accident de Fukushima, le pire depuis celui de Tchernobyl (Ukraine) en 1986, avait provoqué d’importantes émissions radioactives dans l’air, les eaux et les sols de la région de la centrale, située à 220 km au nord-est de Tokyo. Une centaine de milliers de personnes avaient dû quitter leur domicile.

(©AFP / 23 octobre 2012 11h10)

REMARQUES:

(Le Souffle c’est ma Vie / Thierry LAMIREAU)

Dans une situation similaire en FRANCE nous aurions la même

sous-évaluation (tricherie) des instances officielles et de l’Etat

français.

Il faut d’ailleurs noter que c’est déjà une PRATIQUE COURANTE de AREVA sur les anciens sites des mines d’uranium françaises !…

Tricher sur les mesures, déplacer les instruments de mesure si les résultats sont trop forts, faire disparaître des documents et des mesures si les niveaux de radiations sont trop élevés, cacher les pollutions avec un peu de terre en surface pour « faire beau », etc.

L’Etat français MENT,

MANIPULE les chiffres et la conscience

de la population

pour dire que tout va bien

et que « tout est rentré dans l’ordre »…

même technique CRIMINELLE qu’au JAPON !

En FRANCE comme au JAPON,

des RESPONSABLES ET COUPABLES

DEVRAIENT FINIR LEURS JOURS

EN PRISON !

Qui pense encore que l’accident nucléaire est

impossible en France alors que les autorités s’y

préparent ?


[Rappel: Le raport WASH-740, de la Commission de l’Energie Atomique des États-Unis de mars 1957 sur les possibilités théoriques et conséquences d’accidents majeurs dans les centrales nucléaires de forte puissance…]

Trois textes sont parus au Journal Officiel qui montrent, d’une part la militarisation de la société engendrée par les risques nucléaires, et d’autre part donnent les niveaux d’intervention sanitaire en situation «  d’urgence radiologique  ».

-Protection du secret- défense

Le premier texte, l’arrêté du 24 juillet 2003 publié au JO le 9 août 2003 relatif à  » la protection du secret de la défense nationale «  a suscité une rapide mobilisation d’individus et d’associations avec recours en annulation déposé devant le Conseil d’Etat par la CRIIRAD, Reporters sans frontières et Greenpeace. Cet arrêté va bien plus loin qu’une atteinte à la diffusion d’informations relatives aux transports de combustibles. Comme l’écrit la CRIIRAD dans son appel à mobilisation joint à la pétition nationale, cet arrêté implique une restriction considérable de la liberté d’expression et la lourdeur des sanctions pourrait réduire au silence n’importe quelle association.
Cet arrêté s’inscrit dans un contexte qui entérine la main mise de la défense nationale dans la gestion d’accidents nucléaires ou radiologiques sur des installations civiles.

-La main mise de la défense nationale dans la gestion des accidents nucléaires civils est corroborée par la parution au JO d’un deuxième texte, le décret présidentiel n° 2003-865 du 8 septembre 2003  » portant création du Comité Interministériel aux Crises Nucléaires ou Radiologiques  » (CICNR)

Ce décret annule celui du 4 août 1975 ­c’était avant Three Mile Island- qui instituait un Comité Interministériel de la Sécurité Nucléaire (CISN) et a été modifié à plusieurs reprises. Dans toutes ces différentes versions au cours des années (1) il y avait une constante : le secrétaire général de ce Comité Interministériel de la Sécurité Nucléaire (CISN) avait le rôle primordial d’assurer en permanence l’information du Président de la République et du Premier Ministre lors de tout incident ou accident sur des installations civiles, c’est à lui que devaient aboutir les informations des ministres de l’intérieur, de l’industrie, de la santé, des transports. De plus en cas d’incident ou d’accident sur une installation ou de transports relevant de la défense, le Ministre de la Défense prévenait le secrétaire général de la défense nationale et aussi le secrétaire du CISN. Ainsi ce dernier avait toutes les informations des secteurs tant civil que militaire.

Le rôle du militaire dans le nouveau décret créant le CICNR: 
Avec ce nouveau décret qui fait explicitement référence dans les attendus aux attributions du secrétaire général à la défense nationale, celui-ci a un rôle prépondérant.
Art. 1er  » En cas d’accident survenant dans une installation nucléaire de base une installation nucléaire de base secrète, au cours d’un transport de matières nucléaires ou radioactives intéressant le secteur civil ou la défense ou sur tout système nucléaire militaire, ainsi qu’en cas d’attentat ou de menace d’attentat ayant ou pouvant avoir des conséquences nucléaires ou radiologiques, le Premier Ministre peut réunir un Comité Interministériel aux Crises Nucléaires ou Radiologiques (CICNR). Ce comité est chargé de proposer au Premier Ministre les mesures à prendre (…) le secrétariat général à la défense en assure le secrétariat. [souligné par moi]
Art. 2 (…) c’est «  le secrétaire général à la défense nationale qui est informé sans délai de la survenue d’un accident, attentat ou d’une menace de nature nucléaire ou radiologique. Il assure alors la synthèse de l’information destinée au Président de la République et au Premier ministre « .

Dans un pays comme le nôtre qui a connu la sombre histoire des Irlandais de Vincennes on peut s’inquiéter des définitions et interprétations concernant « les menaces d’attentat ayant ou pouvant avoir des conséquences », s’inquiéter des dérives et de la perte de libertés que cela entraîne automatiquement. Mais le terrorisme existe, il ne faut pas faire l’autruche. La militarisation de la société est liée à la possibilité de l’accident nucléaire, c’est bien une des raisons qui nous ont conduits à être antinucléaires dans les années 70 (et à être considérés comme des catastrophistes par certains écologistes).

-Les niveaux d’intervention en situation d’urgence radiologique : mise à l’abri, prise d’iode stable, évacuation. 

Les  » contre-mesures « , actions de protection à entreprendre en cas d’urgence radiologique, étaient dans les tiroirs des préfets depuis un bon moment. Nous les avons indiquées fin 1998 : «  Quand la transparence est opaque : les normes d’intervention en cas d’accident nucléaire grave  » dans la Lettre d’information du comité Stop-Nogent (n°82, oct.1998-janv. 1999. Elles sont enfin sorties dans l’ » Arrêté du 13 octobre 2003 relatif aux niveaux d’intervention en situation d’urgence radiologique  » publié au JO (4 novembre 2003, 18766). L’arrêté est signé par A.-C. Lacoste, le Directeur Général de la Sûreté Nucléaire et de la Radioprotection, par délégation pour le Ministre de la Santé, de la Famille et des Personnes Handicapées.
Les niveaux d’intervention concernent la phase d’urgence dont la durée n’est pas précisée. (En général on considère qu’elle ne doit pas excéder 48 heures). L’arrêté fait état de l’article R. 1333-80 du Code de la santé publique. Si on s’y réfère on lit : « des actions de protection de la population doivent être mises en oeuvre dès lors que les prévisions d’exposition aux rayonnements ionisants et leurs conséquences sanitaires dépassent les niveaux d’intervention définis par un arrêté du ministre chargé de la santé, après avis de l’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire ». L’arrêté du 13 octobre indique qu’il y a eu un avis du 15 mai 2003 de l’IRSN, mais on ne le trouve pas sur leur site internet. Quant aux niveaux d’intervention ils sont les suivants:
-une dose efficace de 10 mSv pour la mise à l’abri
-une dose efficace de 50 mSv pour l’évacuation
-une dose équivalente à la thyroïde de 100 mSv pour l’administration d’iode stable
Ce sont ceux que nous avions indiqués il y a 5 ans !
Avec un radiamètre classique on peut mesurer, en temps normal, le débit de dose externe en un endroit déterminé et, en cas d’accident, voir comment ça grimpe et faire soi-même ses prévisions de dose externe mais il n’en est pas de même de la contamination interne. Il est préoccupant de savoir qu’il faudra se fier au terme source fourni par l’exploitant, se fier aux experts officiels faisant les calculs avec des modèles de diffusion des différents radionucléides émis, et que, d’après le code de la santé publique et son article R.1333-81 c’est «  le préfet [qui] décide de la mise en oeuvre  » de tout ou partie des actions de protection en appréciant notamment si le préjudice associé à l’intervention n’est pas disproportionné par rapport au bénéfice attendu « . Quelle responsabilité pour le préfet de décider une contre-mesure ? Le bénéfice attendu c’est une meilleure protection de la population pour éviter les effets nocifs des rayonnements ionisants. Le préjudice c’est combien coûterait une évacuation ou un confinement (désormais appelé  » mise à l’abri « ), l’interruption de la vie  » normale « .
Soulignons que dans l’arrêté les femmes enceintes et les jeunes enfants ne sont pas considérés à part pour la protection de la thyroïde et que pour ces catégories il n’est pas préconisé une dose équivalente à la thyroïde plus faible qui a été demandée en 1994 par le Dr Baverstock de l’OMS. Dans les recommandations de l’OMS de 1999 «  Guidelines for Iodine Prophylaxis following Nuclear Accidents. Mise à jour 1999 «  la prophylaxie par iode stable était recommandée dès 10 mGy (2) à la thyroïde pour les nourrissons, les enfants et adolescents jusqu’à 18 ans, les femmes enceintes et allaitantes.
On remarquera aussi que l’arrêté ne traite pas des interdictions de nourriture.

Dernière remarque : l’arrêté traite de la phase d’urgence et le premier but des actions de protection est d’éviter les effets déterministes (voir le Bulletin 82 déjà cité). Nulle part en France ne sont publiés les critères de gestion du moyen terme et du long terme. On conçoit tout l’intérêt qu’ont les autorités, aidés par d’éminents professeurs et académiciens, à nier les effets sanitaires post-Tchernobyl observés par les médecins locaux travaillant sur le terrain au Bélarus (ex-Biélorussie) notamment la dégradation de la santé des enfants et toutes les pathologies décrites par Youri Bandajevsky et son équipe qui sont la raison de son emprisonnement. Dans tous les domaines, sociologique, médical, médiatique, scientifique etc. qui va risquer sa carrière en France en disant qu’effectivement la santé s’est dégradée là-bas et que la contamination chronique par la nourriture est bien en cause ? Cette absence de dissidence, cette soumission auront un prix en cas de malheur nucléaire chez nous : on évacuera beaucoup moins d’habitants qu’en URSS en 1986, si on évacue. 

Notre Académie des Sciences, l’Académie de Médecine sont, au monde, celles qui, depuis des décennies, minimisent les effets biologiques nocifs des rayonnements ionisants. N’est-ce pas une des raisons expliquant la nucléarisation massive de la France ?

B. BELBEOCH, décembre 2003,

Lettre d’information du Comité Stop Nogent-sur-Seine n° 99/100, août/décembre 2003.

(1) Modifiées soit par décret (en 1978, JO du 23 déc.) soit, après Tchernobyl, par des directives interministérielles non publiées au JO, les modalités ont été précisées «  sur la coordination de l’action des pouvoirs publics en cas d’incident ou d’accident concernant la sécurité nucléaire  » par la Directive Interministérielle SGSN n°2201 du 30 juillet 1987, puis n°2002 du 13 juin 1989 ou celle du 1er juillet 1991 «  relative à l’organisation des pouvoirs publics en cas d’accident touchant une installation nucléaire civile « 

(2) Dans le cas du rayonnement gamma 1gray (Gy)=1 sievert (Sv), 10 mGy= 10 mSv. Ainsi le niveau d’intervention de l’arrêté du 13 octobre 2003 est 10 fois plus élevé que celui préconisé par Baverstock.

La Gestion post-accident nucléaire en France:

Le CODIRPA 

1) Vers une gestion de la phase post-accidentelle d’un accident nucléaire en France

a) La démarche PAREX
b) CODIRPA (Comité directeur pour la gestion de la phase post-accidentelle)
c) Séminaire international post-accidentel nucléaire

2) L’accident est-il inéluctable ? – Marche arrière toute !

Une publication de 55 pages « Guide d’aide à la décision pour la gestion du milieu agricole en cas d’accident nucléaire » est aussi disponible sur le site internet du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche.

Notes:
- De la servitude volontaire à la nécessité de la servitude
- La France « se prépare militairement » aux conséquences d’un accident de type (très petit) Tchernobyl sur son sol

1) Le CODIRPA: Vers une gestion soft* et participative pour une vie durablement contaminée après un accident nucléaire en France

« Historiquement, l’accent a été mis sur la gestion de l’accident lui-même. Il apparaît maintenant nécessaire, en France comme dans les autres pays étrangers, de mieux préparer la gestion de cette phase post-accidentelle. C’est pourquoi l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) s’est engagée dans la préparation de dispositions visant à répondre aux problèmes complexes de la gestion post-accidentelle, dans un premier temps en mettant en oeuvre la démarche PAREX, puis en instaurant un Comité Directeur pour la Gestion de la Phase Post-Accidentelle d’un Accident Nucléaire ou d’une Situation d’Urgence Radiologique (CODIRPA). »

a) La démarche PAREX

« En 2005, l’ASN a lancé une étude sur le retour d’expérience de la gestion post-accidentelle de Tchernobyl. Cette étude a été confiée à la société Mutadis Consultants.

Les objectifs de cette démarche, outre l’étude du retour d’expérience de la gestion post-accidentelle de Tchernobyl, étaient : d’évaluer la pertinence de ce retour d’expérience dans le contexte social, économique et politique de la France et de l’Union Européenne ; d’en dégager des enseignements dans la perspective d’un dispositif préventif de gestion post-accidentel au plan français.

La démarche PAREX se base sur une réflexion participative et pluraliste associant : des représentants de différents organismes publics concernés ; des représentants de la société civile (associations, membre de commissions locales, représentants d’administration territoriale, élus territoriaux).

[Par "associations" il faut entendre associations "anti" ou "d'aide aux enfants contaminés", etc...]

Un groupe de 3 experts français impliqués depuis 1990 dans la gestion post-accidentelle de Tchernobyl dans le cadre de différents projets internationaux, Gilles Hériard Dubreuil (Mutadis), Jacques Lochard (CEPN) et Henri Ollagnon (INA-PG) et des experts biélorusses ont animé les séances de travail.

… cadre institutionnel et juridique de la gestion post-accidentelle… nouvelles formes de gouvernance adaptées à la complexité de la situation post-accidentelle… réhabilitation durable des conditions de vie dans les territoires contaminés…

Pour réaliser cette démarche, de nombreuses informations et témoignages sur la gestion post-accidentelle de Tchernobyl ont été rassemblés. Ils proviennent de travaux de recherche engagés depuis 1990 : programmes CEI, ETHOS, CORE, EURETHOS, SAGE, FARMING.

Enseignements et préconisations : face à une situation aussi complexe qu’une situation de contamination radiologique durable, acteurs publics et parties prenantes doivent travailler ensemble pour élaborer une réponse adaptée ; une place majeure doit être accordée aux acteurs locaux dans la gestion de la situation de contamination… au niveau national, une plate-forme de réflexion pluraliste doit être initié sur la réhabilitation des conditions de vie, en connexion avec les projets développés au niveau territorial… »

[ETHOS, CORE, SAGE, CEPN... c'est donc aussi valable pour la France!!!]

b) CODIRPA (Comité directeur pour la gestion de la phase post-accidentelle)

En juin 2005, l’ASN a mis en place le CODIRPA chargé d’élaborer les éléments de doctrine correspondants.

 » Objectif: Préparer des dispositions visant à répondre aux problèmes complexes de la gestion post-accidentelle, en particulier ceux portant sur la gestion sanitaire des populations, les conséquences économiques ou la réhabilitation des conditions de vie dans les zones contaminées.

Pour mener ses travaux, le CODIRPA a mis en place 9 groupes de travail (GT) thématiques et en a désigné les pilotes.

Ces groupes de travail portent sur :

GT1 : Levée des actions d’urgence de protection des populations et réduction de la contamination en milieu bâti (piloté par l’ASN)

GT2 : Vie dans les territoires ruraux contaminés, agriculture et eau (piloté par la DGAL/CGAEER)

GT3 : Évaluation des conséquences radiologiques et dosimétriques (piloté par l’IRSN)

GT4 : Suivi sanitaire des populations (piloté par l’InVS)

GT5 : Indemnisation (piloté par la DGEMP)

GT6 : Gestion des déchets, produits contaminés et terres contaminées (piloté par l’ASN)

GT7 : Organisation des pouvoirs publics et implication des « parties prenantes » (piloté par le SGDN)

GT « Eau » : impact et de la gestion de la ressource en eau (piloté par l’ASN)

GT « Hypothèses » : choix des hypothèses retenues pour les évaluations des conséquences radiologiques et dosimétriques (piloté par l’ASN)

Le CODIRPA fixe les objectifs généraux et assure la coordination des groupes de travail. Il en valide les cahiers des charges et les travaux ainsi que les éléments de doctrine produits. Le mandat du CODIRPA a initialement été fixé pour deux ans ; il a ensuite été prolongé jusqu’en janvier 2009. Il a été demandé aux groupes de travail de réaliser des rapports d’étape en juin 2007 (à l’exception des GT Eau et Hypothèses dont les travaux ne faisaient que commencer), 2 ans après la mise en place du Comité directeur. » Voir les Synthèses et rapports des Groupes de travail.

c) Séminaire international post-accidentel nucléaire

 » L’ASN a organisé, les 6 et 7 décembre 2007 à Paris, un séminaire international sur la gestion des conséquences d’un accident nucléaire. Ce séminaire s’adressait aux participants du CODIRPA et aux projets internationaux qui visent à développer des programmes de réhabilitation des territoires contaminés (EURANOS, CORE), ainsi que les personnes sensibilisées à cette problématique qui pourraient être impliquées dans le processus de réhabilitation (pouvoirs publics, associations), tant en France qu’à l’étranger.

Le séminaire s’est articulé autour de cinq sessions :
- les programmes nationaux et internationaux de préparation au post-accident nucléaire ;
- la gestion des territoires ruraux en situation post-accidentelle ;
- la protection des populations et le suivi sanitaire en situation post-accidentelle ;
- l’indemnisation ;
- le passage à la pratique et implication des parties prenantes.

Quel rôle pour les parties prenantes:

- Quel rôle pour les associations ?
Jean-Claude Autret, ACRO / Anita Villers, EDA / Monique Sene, GSIEN

- Gestion des risques post-accidentels : quel rôle pour les CLI et l’ANCLI ?
Alexis Calafat, ANCLI « 

2) L’accident est-il inéluctable ? – Marche arrière toute !

Pour sortir du nucléaire rapidement à cause de la possibilité d’un accident majeur chez nous l’argument de base du Comité Stop Nogent-sur-Seine, le recours au thermique classique, charbon, fioul et gaz est rejeté par la majorité des antinucléaires et n’a pas convaincu la population. L’effet de serre est devenu un argument incontournable et nous ne savons pas comment y répondre « efficacement » alors que la part de l’électronucléaire français représente une part de l’ordre de 1% de l’énergie primaire mondiale consommée.

Les grosses associations écologistes comme Greenpeace n’ont pas levé le petit doigt contre la création de la nouvelle usine d’enrichissement par centrifugation Georges Besse II qui doit progressivement remplacer Eurodif. Cette installation ne nécessitera qu’une puissance de 50 MW au lieu de 3 réacteurs du Tricastin pour l’usine Eurodif. Elle prouve qu’on s’embarque en France dans une nouvelle étape nucléaire et que les écologistes « officiels » n’en ont rien à cirer.

Comment expliquer une telle bévue ?

- ils ne croient pas qu’un accident de type Tchernobyl soit possible en France ? Pour eux Tchernobyl a été un accident soviétique, nos réacteurs PWR sont moins dangereux, ils ne peuvent pas exploser.

- il y a pas mal de petites associations qui aident d’une façon ou d’une autre les enfants des zones contaminées d’Ukraine, Biélorussie et Russie. Mais fondamentalement ces personnes honnêtes et chaleureuses n’envisagent pas qu’une telle situation peut arriver chez nous, sur nos réacteurs et installations nucléaires.

On a eu beau montrer que les autorités se préparent à l’accident majeur, publication de décrets, mise sur pied de la nouvelle Autorité de Sûreté Nucléaire présidée par André-Claude Lacoste nous n’étions pas crédibles.

C’est désormais une évidence, le comité CODIRPA a été créé spécialement en avril 2005 pour préparer la gestion d’un accident majeur chez nous. Hervé Morin l’écrit dans le journal Le Monde, jeudi 21 février 2008 avec quelques détails, comme par exemple « Dans les zones agricoles, faudrait-il moissonner pour concentrer la radioactivité et s’en débarrasser, ou chercher sa dilution ? » En cas d’accident nucléaire chez nous on pourrait être amené à « sacrifier » un territoire…

Le CODIRPA publie les résultats préliminaires des travaux de ses 7 sous-groupes. Il ne s’agit plus de traiter la phase d’urgence et de transition mais le « long terme », quand des zones sont toujours contaminées après la cessation des rejets et que cela peut conduire à un « déplacement » temporaire, voire définitif, de population.

Une publication de 55 pages « Guide d’aide à la décision pour la gestion du milieu agricole en cas d’accident nucléaire » est disponible sur le site internet du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche:

Partie 1 - Troupeaux laitiers, troupeaux allaitants (3.08 Mo)

Partie 2 - Elevages de porcs, volailles et veaux + Cultures de plein champ et prairie (2.91 Mo)

Partie 3 - Cultures sous abris + vignobles et vergers (2.22 Mo)

Partie 4 - Informations générales sur le risque nucléaire et sa gestion, sur la réglementation et les filières agricoles (3.95 Mo)

Apparemment aucun écho pour l’instant, à part ce petit article (Le Monde). Si ça ne rue pas dans les brancards on peut s’attendre à ce que cela soit à nouveau l’éteignoir. MAIS, PEUT-ÊTRE MÊME PAS, CAR, C’EST LE PIÈGE, LE RÊVE DES AUTORITÉS EST D’ASSOCIER LA POPULATION À LA GESTION POUR QUE ÇA SE PASSE MIEUX. « De la servitude volontaire à la nécessité de la servitude » avait écrit** Roger Belbéoch…

Comment les écologistes patentés ont-ils réussi – sans le vouloir – à anesthésier l’opinion ?

Ils ont diabolisé le charbon. On ne peut être que d’accord que le charbon ce n’est pas la solution idéale. L’extraction du charbon n’est pas un plaisir, il y a des accidents miniers qui tuent des mineurs (la mine d’uranium tue aussi mais plus lentement, par cancers). Les émanations des centrales thermiques à flamme ne sont sûrement pas inoffensives. Mais face à une situation comme celle que vivent depuis 1986 les habitants des zones contaminées (il aurait fallu évacuer 1 million de personnes d’après la lettre adressée à Gorbatchev par 92 responsables en radioprotection soviétiques que peut-on faire ? Les centrales à charbon fioul et gaz sont un pis-aller face à la catastrophe nucléaire et à ses conséquences sanitaires. On n’a jamais évacué une région après un accident minier.

La lecture du « Guide d’aide à la décision pour la gestion du milieu agricole en cas d’accident nucléaire » devrait susciter une réflexion rapide pour changer de cap d’urgence.

L’effet de serre

En prônant le charbon on encouragerait les autres pays à en faire autant. Ceux du tiers-monde mais aussi la Chine. (De toute façon la Chine va utiliser son charbon. Elle ne peut pas avoir un recours massif au nucléaire). Ce ne serait pas moral de prôner le charbon en l’interdisant aux autres. Mais est-ce que cela sera moral d’envoyer des nuages radioactifs sur nos voisins en cas de catastrophe chez nous ?

Et en plus on vend nos EPR partout. A des pays « voyous », à des pays sans structure technologique adéquate ce qui multiplie le risque nucléaire (directement ou par terrorisme).

Infonucléaire

Notes:

* La version « hard » est (elle aussi) prête, et ces deux versions peuvent-être complémentaires ou se suivre dans un ordre ou un autre, lire: La France « se prépare militairement » aux conséquences d’un accident de type[très petit] Tchernobyl sur son sol.

« La gestion d’une catastrophe nucléaire exige le maintien de l’ordre, (c’est formellement indiqué en introduction des plans de gestion nucléaire). Cette exigence n’est pas seulement celle de tout politicien quelles que soient par ailleurs ses promesses électorales, elle est une nécessité afin de minimiser les effets biologiques de la catastrophe. En cas de désastre nucléaire le «  citoyen  » est incapable de gérer son quotidien, il doit s’en remettre aux «  experts  ». Même si ceux-ci n’ont pas d’éléments pour la «  meilleure  » gestion c’est mieux que les possibles réactions violentes des «  citoyens  » car leur violence pourrait leur coûter cher, non pas en terme de répression policière mais en termes sanitaires.

Actuellement le mensonge nucléaire a quelque chose de paradoxal. Sa crédibilité a été hissée à un très haut niveau et pourtant, si les «  citoyens  » sont de plus en plus exigeants, ce n’est pas pour connaître la vérité mais afin que ces mensonges crédibles leur évitent des problèmes de conscience insolubles. Ceux-ci pourraient évidemment produire des «  turbulences sociales  » pré-accidentelles difficiles à gérer tant par les gestionnaires sociaux que par les citoyens.

Il y a donc une conjonction assez curieuse entre la nécessité pour les gestionnaires de mentir et la nécessité pour les «  citoyens  » que ces mensonges soient crédibles. De nombreux experts ont compris ce problème et interviennent auprès des diplodocus nucléaires pour confier les mensonges à des gens «  compétents  », mais cela n’est pas facile.

Jusqu’à présent les mensonges et la dictature des experts étaient acceptés «  volontairement  » par la mise en balance inconsciente des avantages (pas pour tout le monde) et des inconvénients. Maintenant cette servitude vis-à-vis des experts est devenue une nécessité pour la meilleure survie des «  catastrophés  » quels qu’ils soient. On est passé de la servitude volontaire à une nécessité de la servitude.  »

Roger BELBEOCH

Panorama des catastrophes à venir

Quand les erreurs techniques rencontrent

les difficultés financières

En 1989, le Comité Stop-Nogent découvrait dans la Seine une pleine poignée de becquerels de Cobalt 58. Nos réflexions nous amenaient à craindre qu’un alliage à base de nickel utilisé dans le circuit du réacteur se corrode et se fissure, l’activation de ces particules dans le flux neutronique produisant le cobalt radioactif anormalement rejeté en rivière. Malgré les tergiversations d’EDF, la suite de l’histoire confirma complètement nos craintes.

Les réacteurs nucléaires ont été construits d’une façon qui se voulait très sûre, avec une norme statistique de risque d’accident de 1 par million de réacteurs et par an. Suite aux problèmes de corrosion de l’alliage qui ne touchaient à l’époque que les générateurs de vapeur, nous pouvions lire en 1989 dans un rapport de l’autorité de sûreté nucléaire du ministère de l’Industrie que le risque d’accident grave avait sérieusement augmenté. Il était alors estimé entre 1 pour 500 et 1 pour 10 000 par réacteur et par an. Début 1990, l’inspecteur général de sûreté nucléaire d’EDF écrivait dans son rapport annuel que «  le risque d’un accident majeur dans les 20 ans à venir était de quelques pour cent « .

La situation ne s’est pas améliorée depuis; d’autres anomalies sont apparues, et les erreurs humaines dans le maniement de ces installations, parfois volontaires, sont en hausse évidente.

Dans cet article nous décrirons, autour des incidents intervenus sur le parc français en 1996, ainsi que des problèmes génériques, un échantillonnage panoramique des risques, afin que le lecteur puisse se forger une opinion sur la sortie du nucléaire. Faut-il avoir une vision réaliste de type économique qui vise à laisser les installations finir «  naturellement «  de vieillesse et remplacer ensuite par autre chose? Faut-il développer les énergies renouvelables et économiser l’énergie, afin de permettre de se passer du nucléaire dans un certain nombre de décennies, ou faut-il opter pour une sortie la plus rapide possible du nucléaire par une technologie de production immédiatement disponible et de réserves planétaires abondantes : le thermique classique au charbon? À chacun d’estimer la valeur de la vie, humaine, végétale, animale, et de la comparer aux valeurs du «  réalisme économique  ».

Le parc nucléaire vieillit, et vieillit mal. En plus des erreurs de conception, de plus en plus nombreuses à se manifester dans le temps, l’accumulation des sollicitations thermiques, mécaniques et neutronique, engendre une fragilisation des matériaux non prévue à la fabrication. L’exploitant est aujourd’hui contraint de faire face à des coûts de maintenance en large progression, non budgétisés au départ, alors qu’il envisage de faire durer ces installations jusqu’à 40 ans.

« Le nucléaire n’est plus compétitif. »

Telle est la conclusion que l’on peut tirer à la lecture de la très officielle étude des « coûts de référence » publiée par le Ministère de l’Industrie en avril dernier. Bien que l’on puisse objectivement douter que tous les éléments aient été pris en compte dans le calcul du coût officiel du kWh nucléaire, cette énergie a déjà officiellement perdu son avantage économique sur d’autres formes de production d’électricité thermique comme le cycle combiné au gaz, le charbon pulvérisé ou le charbon propre sur lit fluidisé. Or, nous vivons dans une économie libérale, internationale, ou règnent les règles de la concurrence.

Rendement et concurrence obligent, EDF défend ses intérêts en rognant sur les coûts et les durées de maintenance, en ne respectant pas les procédures, en surexploitant les personnels internes et intérimaires. Il en résulte une dégradation significative de la « culture de sûreté », voire des sabotages, entraînant une nette augmentation des incidents dans les centrales, principale critique citée dans le rapport annuel d’activité de la DSIN, l’autorité de sûreté. Cette instance a recensé en 1996 près de 500 incidents sur l’ensemble des installations nucléaires (+ 30% en un an), la plupart dans le parc EDF à eau pressurisée (55 réacteurs répartis sur 18 sites). Si 26% des incidents proviennent de défaillances du matériel, principalement dues au vieillissement, 74% des aléas sont issus d’erreurs humaines, de défauts d’organisation ou de surveillance, d’interventions mal préparées, de confusions, de négligences. 55% des incidents ont lieu en fonctionnement, 45% en arrêt de tranche. Pour le seul site de Chooz (Ardennes), les deux premiers réacteurs de 1450 MWe enfin 100% français, dont le premier a divergé (démarré) en juillet 1996, la DSIN à comptabilisé 25 incidents pour l’année écoulée.

Certaines réparations de grande importance pour la sûreté sont tellement lourdes, financièrement et technologiquement, qu’elles seront étalées sur plusieurs années, de quoi douter du pouvoir effectif de la DSIN qui laisse fonctionner des installations en situation de sûreté dégradée; l’arbitrage entre le risque potentiel d’une part, la disponibilité et la productivité d’autre part, tournant généralement à l’avantage d’arguments économiques de court terme.

L’exploitant joue aussi la carte des « coûts de combustible ». EDF utilise de manière croissante un combustible plus enrichi en uranium fissile. Ce qui a pour conséquence un risque accru de perte de contrôle de réactivité, une déformation possible des assemblages de combustible pouvant entraver la manoeuvre des barres de contrôle.

L’estimation du risque d’accident grave, au début des programmes nucléaires, était de 1 par million de réacteurs et par an. Suite aux nombreuses anomalies génériques apparues depuis, l’on admet officiellement aujourd’hui un risque dix fois plus élevé. Mais ces études de risque probabiliste sont calculées par le lobby lui même, et fort éloigné de la réalité. Comme l’écrit B. BELBEOCH dans une récente Gazette Nucléaire, le nombre comptabilisé de ruptures de tubes de générateurs de vapeur dans le monde est 100 fois supérieur à celui prévu par les études probabilistes.

Compte tenu du vieillissement du parc, de la dégradation de la qualité de travail, tant à EDF que chez les prestataires, estimer probable un accident grave en France paraît tout à fait réaliste.

Aussi insisterons-nous, une fois de plus, pour engager les mouvements antinucléaire et écologiste vers une sortie rapide, très rapide, du nucléaire. N’en déplaise aux vrais ou faux naïfs qui croient tout pouvoir attendre, patiemment, des énergies renouvelables, et ne redoutent rien tant que l’apocalypse de l’effet de serre : la seule façon raisonnable de sortir vite du nucléaire par une technologie disponible, abondante et d’un coût raisonnable est de recourir aux combustibles fossiles (les techniques du charbon propre existent).

L’accident nucléaire serait, lui, synonyme de perte de santé et de démocratie, d’effondrement social et économique de tout le pays; et ce ne sera pas dans la pénurie et le délabrement post-accidentel que l’on sortira du nucléaire : les moyens financiers ne seront plus disponibles.

Ci-après, l’état de sûreté de notre parc nucléaire, pour donner la mesure des risques du nucléaire au quotidien et bien faire comprendre pourquoi il faut en sortir au plus vite. Cet article est limité aux réacteurs à eau pressurisée et ne tient pas compte du risque tout aussi redoutable dans les autres installations nucléaires, les usines (La Hague, Tricastin, Cadarache, etc., que l’on a tendance à oublier), les réacteurs à neutrons rapides et autres installations militaires ou laboratoires de recherche. Il est suivi, sous forme d’un « tableau de chasse », de la liste des incidents les plus significatifs publiés par la DSIN en 1996 dans le 3614 MAGNUC (mise à jour hebdomadaire les vendredis, 0,37 F la minute et 0,13 F le soir).

Liste des « erreurs humaines » (non exhaustif)

Barres de contrôle du réacteur trop basses

En suivi de réseau, selon la consommation d’électricité, l’exploitant peut être amené à réduire fortement la puissance de fonctionnement des installations. Pour ce faire, il baisse les barres de contrôle, tout en les gardant à une hauteur suffisamment élevée permettant leur chute pour un arrêt d’urgence en cas de problème. Une baisse plus importante de puissance nécessite l’injection de bore neutrophage dans le circuit primaire. Pour remonter en puissance, une remontée des barres est rapide, alors qu’une purge de l’excédant de bore est plus lente, nécessite plus de travail et augmente la quantité d’effluents radioactifs à traiter. Par productivisme, l’exploitant a tendance à ne pas pratiquer la borication, se privant ainsi d’un moyen d’arrêt d’urgence. Fin 95, la DSIN estimait l’occurrence de cet « incident volontaire » à plus d’une centaine.

Dégradation des conditions de travail

La consommation d’électricité étant plus importante en hiver, les arrêts de tranche pour échange de combustible se pratiquent du printemps à l’automne. La maintenance, est pratiquée à plus de 80% par des prestataires et de préférence par ceux aux coûts les plus compétitifs. Le caractère saisonnier, les contraintes temporelles, la précarisation, pèsent lourdement sur les compétences et les impératifs de sûreté. Ajoutons à cela la détérioration des relations de travail, la démoralisation des travailleurs pouvant conduire à la consommation de drogues, voire au suicide. Il arrive que l’entreprise sous-traitante commette elle-même les infractions pour réaliser quelques gains financier (falsification de radiographies de soudures défectueuses, Dampierre 1993). Par le vieillissement, des particules abrasées (notamment le cobalt) puis activées par le flux neutronique contaminent les circuits, exposant le personnel à des niveaux de rayonnement importants; on tend de ce fait à réduire la durée des opérations. Pour couronner le tout, on observe un manque évident de contrôle par EDF du travail réalisé par les prestataires. A EDF même, l’ambiance de travail est exécrable. Les sanctions, le muselage syndical, font que les réactions se manifestent de plus en plus clandestinement. Quelques actes de malveillance, de sabotages (Blayais, Paluel) ont même été constatés sans que les auteurs en soient officiellement connus.

Egalement

Vannes d’isolement des tuyauteries traversant l’enceinte de confinement détectées ouvertes sur 24 réacteurs en 96. Obturation des prises d’eau de refroidissement par des déchets flottants en rivière ou en mer (Gravelines 1 récemment, les deux circuits redondants en même temps). Baisse de niveau d’eau dans le réacteur lors d’opérations de maintenance (plage de travail basse réacteur à l’arrêt Bugey janvier 94).

Mais aussi

Absence de possibilité de contrôle de l’autorité de sûreté sur les circuits non nucléaires des centrales; zones identifiées par l’autorité de sûreté ne faisant l’objet d’aucun contrôle; non prise en compte du retour d’expérience par l’exploitant qui répète les mêmes erreurs, initiant les mêmes incidents; dissimulation par l’exploitant de certains incidents, défauts de réalisation de contrôles périodiques, dépassement des paramètres autorisés, non respect des procédures, vannes ouvertes alors qu’elles devraient être fermées, ou inversement (en particulier sur les circuits d’injection de sécurité d’eau borée, l’extincteur nucléaire), confusion entre les commandes de deux réacteurs, etc. (voir ci-après la liste des incidents en 1996).

Anomalies génériques et vieillissement des matériaux (non exhaustif)

Réacteurs 900 MWe et 1300 MWe

Fissuration des brides des barrières thermiques de pompes primaires

Cette anomalie générique est actuellement la plus importante et potentiellement la plus dangereuse. L’eau du circuit primaire, à 155 bars et plus de 300 °C, circule au travers du coeur du réacteur et des tubes en « U » des générateurs de vapeurs poussée par de puissantes pompes d’un débit de plus de 6 m3/s; trois pompes sur le parc 900 MW, quatre sur les 1300 MW. Le moteur de chaque pompe et le joint d’étanchéité sont protégés du flux de chaleur d’eau primaire du corps de la pompe (roue et volute) par une barrière thermique métallique traversée par un serpentin alimenté en eau froide par le circuit de refroidissement intermédiaire. Les brides de fixation de ces barrières thermiques se fissurent depuis 1990 sur le parc 900 MWe sous l’effet de contraintes thermiques et mécaniques. Certains défauts ont atteint 16 mm de profondeur. La presque totalité de ce parc est touchée, et de léger défauts commencent à apparaître sur le parc 1300 MWe. Cette situation pourrait entraîner une rupture d’une partie de la bride à l’intérieur de la barrière thermique avec risque de migration de débris et de rupture du serpentin du circuit RRI, induisant une entrée de fluide primaire haute pression dans ce circuit qui n’est pas dimensionné pour cela. Il en résulterait une perte de réfrigérant primaire : c’est à dire l’accident majeur. La zone étant peu accessible, le contrôle de l’état des brides est irréalisable, sauf démontage complet pour vérification dans un atelier spécialisé (Somanu, dans le Nord de la France). Ces pièces ne sont plus approvisionnées, il faut donc en reprendre la fabrication. EDF dispose de 5 ans à compter de 1997 pour remplacer toutes ces brides. En attendant, l’exploitant doit se fier au contrôle d’une éventuelle montée de radioactivité dans le circuit RRI (refroidissement intermédiaire) contaminé par le circuit primaire par une fuite interne d’une pompe.

Réacteurs 900 MWe

Dégradation des plaques entretoises des générateurs de vapeur

Ces plaques servent au maintien des 3000 tubes de GV. Non maintenus, les vibrations risquent d’engendrer des ruptures de ces tubes et de provoquer des rejets atmosphériques d’eau primaire radioactive, ainsi qu’une perturbation du refroidissement du réacteur et accident majeur au delà de deux tubes rompus. Déjà dégradés pour cause de corrosion et de fissuration sous contrainte de l’alliage Inconel 600 qui compose ces tubes, tous les générateurs de vapeur devront être changés au rythme de trois tranches par an. En attendant, une surveillance accrue est nécessaire.

Réacteur de 900 MWe

Dégradation des barres de précontrainte des butées latérales antisismiques du puits de cuve

Décelée en mai 96 sur Chinon 1, à l’occasion de l’arrêt pour visite partielle et rechargement en combustible du réacteur B1 de Chinon, cette anomalie générique concerne 24 réacteurs du parc 900 MWe. Ce dispositif a pour but de reprendre les efforts horizontaux qui pourraient être générés lors d’un séisme et de protéger ainsi la cuve du réacteur. Espérons que l’ensemble de ces butées du parc 900 MWe pourra être repris avant que ne survienne un séisme.

Réacteurs 1300 MWe

Mauvais fonctionnement ou blocage des grappes de commande du coeur.

8 incidents en un an (sites de Belleville, Paluel, Cattenom, Flamanville, Golfech, Nogent-sur-Seine et Saint-Alban). 5 sont dus à une rupture d’une vis du mécanisme de commande, 2 à une éventuelle déformation des assemblages de combustible, la dernière reste de cause inconnue. D’autres anomalies affectant les grappes et se traduisant par des déplacements incontrôlés de celles-ci (chutes partielles ou déplacements insuffisants lors de manoeuvres). Des anomalies de même type, mais provenant de problèmes techniques différents, étaient également apparues en Corée, sur la centrale de Kori en 1994 et à Daya-Bay en Chine (réacteurs français), ainsi qu’à Chooz, réacteur de 1450 MWe.

Mais aussi, pêle-mêle

Déformation des assemblages de combustible; vieillissement des matériaux, accumulation des sollicitations entraînant des dégradations non prévues à la conception ou à la fabrication; corrosion de certains alliages, principalement l’Inconel 600; fragilisation de la cuve par le flux neutronique, modification de la température de transition dite « ductile-fragile », en particulier sur les zones soudées, avec risque de rupture de la cuve en cas de refroidissement brutal (arrêt d’urgence par exemple); coudes moulés des tuyauteries primaires fragilisés; risques accrus par l’utilisation de combustibles de plus en plus enrichis (bientôt 4% d’U 235 dans les 1300 MWe), ou le mox; objets errants dans le circuit primaire; fragilisation de la liaison bimétallique qui relie le pressuriseur au circuit primaire; fragilisation thermique des éléments moulés austéno-ferritiques (coudes des tuyauteries primaires, piquages d’instrumentations, volutes des pompes primaires, pièces de robinetterie); fissuration des buses de soupapes des générateurs de vapeur; défauts de fabrication non encore résolus; fuites diverses; risque d’éjection d’une grappe de commande en marche, induisant une augmentation brutale de réactivité; perte de refroidissement du circuit primaire; rupture de tubes de générateur de vapeur. Le système de prévention d’explosion par recombinaison catalytique d’hydrogène peut avoir l’effet inverse. Les moyen de dépression du circuit à moins de 20 bar pour permettre la mise en oeuvre des moyens d’ultimes secours peuvent ne pas fonctionner, etc.

1) Les Américains, les Allemands, les Anglais, etc., s’en sont aperçus depuis longtemps (cf. Courrier International du 18 au 24/1/96, reprenant un article de The Economist, que nous avions mentionné dans notre bulletin n° 71.

2) Sur le parc 900 MWe, le taux d’enrichissement du combustible est passé à 3,7 % d’uranium fissile changé par quart de coeur par an (au lieu de 3,1 % par tiers de coeur), 4 % échangé par tiers de coeur tous les 18 mois sur le parc 1300 MWe (au lieu de 3,1 % tiers de coeur par an).

Lettre d’information du Comité Stop Nogent-sur-Seine n°75 et n°76,

janvier-mars 1997 et avril-juin 1997.

Le nucléaire « roule » sans assurance

Une convention internationale, signée par 22 pays en 1988, prévoit que la responsabilité civile de l’exploitant d’une centrale nucléaire est limitée à 50 millions de ff ou 300 millions de fb. Les assurances travaillent en « pools ». Elles se sont organisées mondialement en 28 groupes, notamment pour ne pas faire monter les prix des primes. Autant dire que le secteur « roule » sans assurance.

Roger Belbéoch: « Dans de nombreux pays industrialisés, il y a une loi nationale qui limite la responsabilité civile des exploitants nucléaires en cas de catastrophe. Cette loi établit un plafond: quoi qu’il arrive, les indemnisations ne devront pas dépasser un niveau donné. En France, par exemple, la limite est beaucoup plus basse qu’aux Etats-Unis, pour le même type de réacteurs. La santé des Français vaut-elle moins que celle des Américains? La loi française limite à 600 millions de ff la responsabilité de l’exploitant.
Vous faites un calcul simple, qui se rapporte au terrain perdu seulement en traçant un cercle de 30 ou de 50 km autour d’une centrale, et vous vous rendez compte: moins d’1 ff au mètre carré. Allez expliquer cela aux propriétaires des terrains des grands vins de Bordeaux, par exemple, et qui sont éventuellement menacés de la ruine par les centrales de Golfech et du Blayais.
Quand on évacue un territoire, on ne perd pas que du terrain. Il y a aussi toutes les infrastructures, les routes, les hôpitaux, les écoles, les usines, les maisons, les appartements, avec tous les meubles et objets divers: tout est contaminé et reste sur place.
Aux Etats-Unis, l’énergie nucléaire n’a pu se développer de façon industrielle que lorsque ses promoteurs ont été assurés qu’en cas d’accident leur responsabilité serait limitée. Le « Price Anderson Act » fut adopté en 1957. La responsabilité civile des producteurs d’électricité s’arrêtait à 60 millions de $. Au-delà de cette somme, le gouvernement pouvait intervenir pour les indemnisations jusqu’à 500 millions de $. Cette loi, en principe votée pour dix ans, fut régulièrement reconduite. Même si les limites de responsabilité ont été révisées à la hausse, elles n’atteignent pas les montants prévisibles en cas d’accident. Aux Etats-Unis, c’était la première fois que la responsabilité civile d’une entreprise privée était légalement limitée par une loi.
Mais à quel montant peuvent se chiffrer les dommages en cas d’accident majeur? Selon une estimation officielle, la catastrophe de Tchernobyl aurait coûté 300 milliards de dollars à l’économie ex-soviétique.
Si l’industrie était entièrement responsable des dommages en cas d’accident, plus personne n’investirait dans ce secteur.

Greenpeace: En dehors des accidents majeurs, dans quelles mesures les dangers que fait courir le nucléaire aux populations sont-ils réellement pris en compte?

Roger Belbéoch: Chaque pays a la sûreté qu’il mérite. On peut, par exemple, voir quel fut le comportement vis-à-vis de la contamination des aliments après Tchernobyl. On s’est aperçu que les pays où la population était la plus sensible aux problèmes de santé et d’environnement ont édicté les normes les plus rigoureuses. Et inversement, les pays -comme la France- dont la population est traditionnellement indifférente aux problèmes écologiques et de santé, n’ont pas eu de normes du tout. En Allemagne, les normes étaient d’autant plus strictes que, dans le Land correspondant, les Verts étaient plus puissants. Cela veut dire que l’opinion publique joue un rôle direct dans l’établissement des normes. A partir du moment où elle est indifférente, on ne voit pas pourquoi les industriels se casseraient la tête… C’est vrai pour n’importe quel type de pollution.

Un accident grave tous les 6 ans ?

Les industries du nucléaire le clamaient bien haut : la probabilité pour qu’un accident sérieux se produise était inférieure à 1 sur un million d’années de fonctionnement-réacteur. En un mot, si l’on ajoutait bout à bout, le nombre d’années de service de l’ensemble des centrales dans le monde. il faudrait atteindre au moins le chiffre d’un million pour qu’une catastrophe survienne. Pour en arriver là, les experts avaient calculé les chances de mauvais fonctionnement de chacun des composants vitaux d’un réacteur. leurs conséquences sur les autres éléments du système et ils en avaient déduit la probabilité d’un accident.

En utilisant cette méthode, les auteurs du rapport Ramussen, qui durant des années fit autorité en matière de sûreté nucléaire, calculèrent qu’il y avait une chance sur deux pour qu’une catastrophe se produise à l’intérieur d’une fourchette de 23 000 à 100 000 ans de fonctionnement-réacteur.

Ces calculs théoriques sont totalement irréalistes, expliquent deux chercheurs – un Suédois et un Allemand – dans une lettre adressée à l’hebdomadaire Nature. Aujourd’hui, il y a 374 réacteurs en service dans le monde. Ilstotalisaient fin mai 1986, 4 000 ans de fonctionnement durant lesquels il y eut deux accidents très graves – Three Mile Island et Tchernobyl -. Il faut donc recommencer tous les calculs de probabilité à partir de ces données réelles et abandonner les calculs théoriques. C’est ce que firent les deux scientifiques. Leurs résultats sont alarmants. Ainsi, avec le parc de centrales actuellement en fonctionnement, il y a 95 % de chances pour qu’une nouvelle catastrophe se produise dans les 20 ans à venir, ou 86 % de chances pour que ce soit dans les 10 ans à venir ou encore 70 % de chances pour qu’elle survienne dans les 5,4 prochaines années. De quoi nous faire froid dans le dos! Il est vrai qu’une forte probabilité n’équivaut pas à une certitude, Mais ces chiffres donnent à réfléchir puisqu’ils sont basés sur l’expérience et non plus sur quelques données théoriques.

Extrait de l’article « Le vrai coût d’un accident nucléaire »,

iode_autorites CENTRALE NUCLEAIRE dans REFLEXIONS PERSONNELLES
Voir l’article (en Jpg 700 Ko) du Quotidien du Médecin du 13 février 1990: « Accidents nucléaires : comment distribuer l’iode » de Marie-Françoise Depange qui donne un tableau « posologie et formes d’administration de l’iode stable ».

Les comprimés d’iode: Des

tranquillisants contre l’angoisse nucléaire

La décision de distribuer des comprimés d’iode stable au voisinage des centrales nucléaires françaises a donné lieu à des commentaires d’experts médicaux très proches du lobby nucléaire pour qui seuls les iodes radioactifs auraient des effets néfastes sur la santé (du moins c’est ce qu’ils prétendent dans les médias). Ainsi, en prenant ces comprimés d’iode stable en cas d’accident grave la population serait totalement protégée. Tout se passe donc comme si le cocktail de radionucléides qui seraient rejetés en même temps que les iodes (césium, ruthénium, argent, strontium, plutonium et autres transuraniens) une fois inhalés et ingérés n’auraient aucun effet sur la santé. Il est vrai que contrairement aux iodes radioactifs qui ont pour cible la thyroïde sur laquelle ils se fixent, ces radioéléments ne donneraient pas d’effets spécifiques identifiables sur des organes particuliers. Il serait donc difficile pour les personnes contaminées de les discerner parmi les maladies normales et les experts pourraient facilement camoufler leurs effets.

S’il n’est pas possible pour les individus d’identifier les cancers radioinduits non spécifiques, alors il n’est pas nécessaire pour les gestionnaires et leurs conseillers scientifiques d’en tenir compte d’autant plus que ces cancers n’apparaîtraient que très tardivement.

Les iodes radioactifs ayant un effet spécifique sur la thyroïde et cela à relativement court terme (on l’a vu après Tchernobyl avec l’apparition des cancers chez les enfants biélorusses), il n’est pas possible de les négliger dans les gestions post-accidentelles. Ainsi le comprimé d’iode stable devient miraculeusement l’antidote absolu contre les effets des rejets radioactifs en cas d’accident nucléaire grave.

Quelques précisions sur les prises d’iode stable

L’iode stable est administré préventivement pour saturer la thyroïde et empêcher qu’elle n’absorbe ensuite les iodes radioactifs rejetés dans les accidents nucléaires. Dans cette situation la thyroïde serait protégée des effets du rayonnement causés par ces iodes radioactifs ingérés ou inhalés. [Nous ne discuterons pas ici des contre-indications médicales qui ne sont peut être pas aussi anodines qu'on nous l'assure].

Les experts de la Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR) dans la publication 63 de 1992 (Principes pour l’intervention pour la protection du public en cas d’urgence radiologique ) donnent quelques indications sur les procédures à respecter pour que la prise d’iode stable soit efficace. Remarquons que ces experts ont attendu pour nous livrer leurs réflexions que Tchernobyl ait montré indiscutablement le développement de problèmes thyroïdiens, entre autres des cancers, chez les enfants des régions contaminées en Biélorussie, Ukraine et Russie. L’effet désastreux sur la population prenant directement conscience qu’elle avait été contaminée, malgré les dénégations officielles, n’est certainement pas étranger au souci soudain porté aux iodes radioactifs chez les experts internationaux et les gestionnaires nationaux.

La rapidité de la prise d’iode est le point important. La CIPR précise : «  L’absorption d’iode radioactif est généralement stoppée 5 minutes après l’administration de 100 milligrammes d’iode stable [pour les adultes]  » (art. 70). Encore faut-il que cette ingestion d’iode stable soit faite avant que l’iode radioactif ait agi notablement en saturant la thyroïde, ce qu’indique l’article 71 : «  Le bénéfice maximum est clairement obtenu en prenant les tablettes d’iode stable avant l’exposition aux iodes radioactifs ou le plus tôt possible après. L’administration quelques heures après l’exposition à une incorporation unique d’iode radioactif peut réduire l’activité de la thyroïde d’un facteur pouvant aller jusqu’à 2. Une petite réduction de la dose à la thyroïde pourrait être obtenue si l’administration d’iode stable est retardée au-delà de 6 heures et l’action protectrice est nulle au-delà de 12 heures après que l’ingestion/inhalation d’iode radioactif a cessé  ».

Ainsi la CIPR indique que l’efficacité d’une prise d’iode stable pour réduire les effets des iodes radioactifs est très petite après un délai de 6 heures pour les personnes sous un panache d’iodes radioactifs.

Prenons ces 6 heures comme référence. Pour les habitants proches du réacteur à problèmes, il faudrait que le directeur de la centrale donne l’alerte suffisamment longtemps avant le début des rejets pour que tous les gens concernés soient correctement informés (par exemple qu’ils aient le temps de rentrer chez eux chercher leur comprimé) sinon leur protection serait réduite, voire illusoire. du moins pour le réacteur de leur voisinage, mais pas forcément pour un désastre sur les autres sites. Un vent normal de 20 à 30 km/heure transporterait l’iode radioactif à une distance comprise entre 120 et 180 km en 6 heures. C’est la distance au-delà de laquelle il serait éventuellement possible de se protéger. Un vent plus violent de 40 km/h porte la distance à 240 km. Enfin dans la vallée du Rhône particulièrement nucléarisée, si le mistral ou la tramontane soufflent à une vitesse d’environ 60 km/h, la distance que l’on pourrait protéger se situe au-delà de 360 km.

On voit, compte tenu de l’implantation des centrales nucléaires dans notre pays, que c’est l’ensemble du territoire qu’il faudrait protéger et non pas la population des quelques km au voisinage des réacteurs.

Le Pr Schlumberger de l’Institut Gustave Roussy concluait de la façon suivante son article intitulé «  Les cancers de la thyroïde après Tchernobyl  » publié dans la très officielle revue de la Société Française de Radioprotection Radioprotection, (1994, vol. 29 n°3, p. 397-404) : «  L’accident de Tchernobyl a montré que les populations vivant à plusieurs centaines de kilomètres de la centrale (région de Brest notamment) [il s'agit de la région de Brest-Litovsk en Biélorussie à la frontière polonaise] peuvent être fortement contaminées et développer dans les années qui suivent un cancer de la thyroïde. Ceci montre que les plans d’intervention doivent être établis au niveau d’un pays, voire d’un continent  » [souligné par nous). On voit que la distribution d’iode dans un périmètre de 5 km autour des centrales françaises est un signe de panique irrationnelle et d’incompétence notoire des autorités qui seraient chargées de gérer une «  urgence radiologique  » (terme pudiquement utilisé officiellement pour catastrophe nucléaire). Irrationalité non pas par rapport à l’éventualité d’un désastre nucléaire mais par rapport à l’efficacité de ces autorités pour gérer de tels événements. A moins bien sûr que ces distributions de comprimés d’iode stable ne soient pas envisagées pour protéger les thyroïdes de la population mais pour réduire ce que les experts en catastrophes industrielles nomment maintenant le «  risque psychologique  » qui pourrait conduire les habitants près des centrales nucléaires à exiger rapidement leur mise à l’arrêt. En cas d’accident grave ce «  risque psychologique  » pourrait amener des «  turbulences sociales  » particulièrement redoutées des gestionnaires. Ils espèrent qu’une population qui se croit protégée demeure plus calme. En somme ces comprimés d’iode stable n’auraient qu’un rôle de tranquillisant. De plus on essaie par cette procédure de responsabiliser les gens. En somme s’il leur arrive des ennuis de santé après un accident nucléaire ce sera parce qu’ils n’ont pas pris correctement leur iode stable. C’est la victime qui devient responsable. Une trouvaille !

Quelques problèmes

- Faut-il donner les comprimés aux enfants quand ils vont à l’école ? Faut-il les confier aux enseignants ?

- Faut-il que les gens qui quittent leur habitation emportent les comprimés avec eux ?

- Faut-il que les étrangers aux communes concernées se déclarent à la mairie pour obtenir leurs comprimés ?

- Comment procéder pour les gens qui habitent hors de la zone concernée par les comprimés et vont travailler dans cette zone ? Devront-ils se déclarer dans les mairies, faudrait-il les ficher ?

- Faut-il avertir les touristes qui ont l’intention de se rendre dans des zones à haut risque qu’ils devront avoir leur comprimé ? Où pourront-ils l’obtenir ? dans les agences de tourisme ? dans les syndicats d’initiative ? dans les mairies ? Ces organsmes distributeurs devront-ils être ouverts en permanence 24h/24 ?

- Si l’information pour la prise d’iode est faite par radio, ne faudrait-il pas fournir à la population des récepteurs à piles pour le cas où l’accident nucléaire s’accompagnerait d’une panne de courant ?

Finalement le système soviétique qui interdisait à la population de se déplacer hors du lieu de résidence sans une autorisation, simplifierait notablement la gestion de ces comprimés d’iode stable. L’organisation autoritaire de la société est probablement la meilleure solution pour gérer l’énergie nucléaire !

Le problème des personnes allergiques à l’iode.

Ces individus particuliers ne semblent pas préoccuper les autorités sanitaires. Est-ce parce qu’ils sont peu nombreux donc négligeables du point de vue des responsables sanitaires ? Est-ce parce qu’ils savent qu’ils sont allergiques et que par conséquent ils ne prendront pas les pastilles qu’on leur proposera (mais alors on admet qu’ils ne seront pas protégés en cas de rejets d’iode) ? Mais ceux qui ne savent pas qu’ils sont allergiques à l’iode et que pour eux ingurgiter ces pastilles équivaut à de graves problèmes de santé en perspective ? Les autorités sanitaires jugent (ont-ils des données statistiques à ce sujet) que le nombre de ces personnes est trop petit pour qu’elles s’embarrassent de ces questions.

Cependant nous voudrions rassurer les allergiques à l’iode. Dans le Bulletin National de l’Ordre des Médecins d’octobre 1986, on trouve au titre des « mesures de radioprotection » la recommandation suivante :  » un simple mouchoir mouillé devant la bouche et le nez peut réduire de façon significative une inhalation de produits radioactifs « . Que les allergiques à l’iode exigent qu’on leur fournisse des mouchoirs humides et le problème est résolu…

Ce même bulletin de l’ordre des médecins signale  » qu’une douche est généralement suffisante pour éliminer une contamination externe « . En somme si les populations soviétiques ont souffert de contamination interne et d’irradiation externe importantes c’est que le régime n’avait pas développé les douches. Chez nous, rien à craindre, les douches font partie du confort de notre modernité.

Que faire pour les animaux domestiques ?

Dans Libération-Champagne du 17 octobre 1997 à propos des questions que l’on se pose le journal répond à la question  » Quels sont les risques pour les animaux ? «  la réponse du journal est :  » La première précaution à prendre est de les maintenir à l’intérieur de la maison [il faut donc évidemment prévoir un endroit pour leurs "besoins"]. L’administration d’iode est comme chez l’homme une mesure de protection complémentaire envisageable. Les modalités d’administration chez les différents animaux est en cours à l’école vétarinaire de Lyon et votre vétérinaire pourra bientôt, si vous le souhaitez, vous renseigner utilement  ». Mais le journal ne dit pas si la consultation sera remboursée par EDF. Avez-vous essayé de mettre un mouchoir humide sur le museau de votre chat au cas où il serait allergique à l’iode ?

Lettre d’information du Comité Stop Nogent-sur-Seine n°78,

octobre-décembre 1997.

Les exercices bidons de « simulation d’accident » nucléaire 

Sud-Ouest, 30/4/2009: 

Un accident improbable mais un vrai exercice

 BASE AÉRIENNE. Airnuc, simulation d’accident radioactif, a débuté hier et se poursuit aujourd’hui

8 h 45. À l’heure dite où presque : trois coups de sirène. Pas très audibles d’ailleurs puisqu’une bonne partie de la ville n’a rien entendu. Un avion, après avoir croisé un vol d’oiseaux, se trouve en difficulté au-dessus de la base aérienne. La situation est d’autant plus dangereuse qu’un convoi transportant des missiles sol-air est engagé sur le tarmac. Et puisque tout est réuni pour qu’un accident survienne, la tour de contrôle commet une erreur en ne demandant pas au convoi de rebrousser chemin.

Ce qui devait arriver arrive, l’avion en perdition percute un des camions du convoi et son missile. Le second camion, en faisant demi-tour, percute le véhicule de pompiers qui fermait le convoi. Le bilan est lourd : trois morts (le pilote de l’avion et les deux occupants du premier camion), cinq blessés graves, un missile détruit et un autre endommagé. C’est en fait le missile détruit qui constitue le coeur de l’exercice de par le dégagement de radioactivité qui en découle.

L’AFASEC confinée. En théorie, le périmètre possiblement impacté est de 2 kilomètres et abrite environ 30 000 personnes. Dans l’exercice, seul le quartier de l’hippodrome sera concerné. En première ligne, les apprentis jockeys et lads de l’AFASEC. Au premier coup de sirène qu’ils ont eu pour certains du mal à entendre, ils se sont précipités à l’abri, respectant ainsi les consignes de sécurité. Dans le foyer du centre, ils passent le temps aussi en écoutant les dernières nouvelles à la radio (France Bleu Gascogne était partie prenante) et en regardant passer derrière les vitres les arbitres et les observateurs de l’exercice. « Contaminé ! », lancent-ils en rigolant. Dans le même temps ou presque, gendarmes et policiers ont pris position aux deux croisements donnant accès à la route de Canenx. Cet axe est censément interdit à la circulation.

Dans l’enceinte de la base aérienne, c’est l’effervescence. Au total, 1 500 militaires sont concernés par l’exercice. L’urgence consiste d’abord à secourir les victimes et circonvenir l’incendie qui s’est déclaré. À une centaine de mètres de la scène, le général Olivier Allard, directeur de l’exercice, explique. Les observateurs, à savoir des élus des communes limitrophes et un représentant de la Sepanso, commentent. « On ne pense pas à ce type d’accident, ce n’est pas possible que ça se passe comme ça », livre Alain Bentéjac. Le maire de Bretagne-de-Marsan est plus impressionné qu’inquiet. « C’est quelque chose qu’on n’avait jamais vu. C’est difficile d’imaginer les moyens mis en oeuvre. »

Danger à l’est. Et il n’a pas tout vu, loin s’en faut. Au point d’accueil des blessés et radio-contaminés, une vingtaine de soignants s’activent auprès des victimes. Bientôt elles seront transférées à l’hôpital Layné où les attend la cellule d’intervention radiologique. Le centre hospitalier est confronté à une double contrainte. Traiter les blessés mais aussi protéger ses personnels et malades.

En parallèle, les militaires, bientôt renforcés par des membres du Commissariat à l’énergie atomique, évaluent la radioactivité sur zone. Les vents portants étant d’ouest, c’est à l’est de la base qu’elle est la plus forte. Le périmètre concerné a la forme d’une plume et en porte d’ailleurs le nom. Ce diagnostic étant effectué, la décontamination peut commencer. L’exercice se poursuit aujourd’hui. Il sera surtout question du traitement du missile endommagé.

Sortir du nucléaire ironise

L’association Sortir du nucléaire estime que l’exercice Airnuc est « une plaisanterie ». « Qu’elles soient organisées autour des centrales nucléaires ou des bases militaires, les simulations d’accident nucléaire, de même que les distributions de pastilles d’iode, sont seulement destinées à faire accepter à la population l’éventualité pourtant intolérable d’une catastrophe nucléaire. »

« Avec ces exercices ridicules, explique Stéphane Lhomme, un des membres de l’association, les autorités reconnaissent néanmoins que le pire est possible ». Pour lui, les simulations n’apportent pas de réponses aux questions suivantes. Si un tel accident se produisait, « comment évacuer, où et pour combien de temps, des dizaines voire des centaines de milliers de personnes ? » Et qui serait « sacrifié » pour enrayer la catastrophe ?

L’association se gausse également de l’étroitesse du périmètre concerné par l’exercice: elle rappelle que le nuage radioactif de Tchernobyl a touché toute l’Europe.

L’Union, 14/4/2009: 

Scénarios en cas d’incident à Chooz

 Un nouveau plan d’intervention public qui détaille les scénarios en cas d’incidents importants à la centrale de Chooz est consultable dans les mairies jusqu’au jeudi 7 mai.

CINQ grands itinéraires d’évacuation de la population sont d’ores et déjà tracés en cas d’incidents importants à la centrale nucléaire de Chooz. Le plan est consultable dans toutes les mairies du secteur jusqu’au jeudi 7 mai. Durant cette période, le public peut commenter le document avant qu’il ne devienne définitif. « Il y a un itinéraire d’évacuation par le Nord par l’axe Givet-Dinant, un itinéraire par l’Est par l’axe Givet-Beauraing, par l’Ouest, Givet-Doisches, au Sud-ouest Givet-Vireux-Molhain vers Revin et au Sud Givet-Fumay et enfin un couloir réservé aux itinéraires de secours. La nouveauté de ce plan est que, cette fois, les scénarios ont été élaborés en étroite collaboration avec les Belges », explique la Préfecture des Ardennes. Cette phase d’évacuation de la population en cas d’incidents graves est détaillée dans le nouveau projet de plan particulier d’intervention autour de la centrale de Chooz.

Appels automatiques. « Nous avons travaillé sur la manière d’accueillir la population, sur l’hébergement et sur la manière de regrouper les familles. Il y a différents schémas qui seront mis en place selon la direction du vent ce jour-là », poursuit la Préfecture. Différents scénarios sont également envisagés selon la nature du risque de rejet radioactif. Imaginons un risque imminent : la phase réflexe est alors enclenchée. Cette phase concerne les populations situées dans un rayon de deux kilomètres du site nucléaire : Chooz et Landrichamps.

« Les populations sont prévenues par des sirènes et par des automates d’appel qui seront bientôt mis en place par EDF, c’est-à-dire que les habitants recevront un coup de téléphone automatique chez eux pour les prévenir du risque. Les Belges sont prévenus. Pour les populations qui habitent au-delà des 2 km, les moyens communaux et les sapeurs-pompiers seront utilisés pour prévenir les habitants, qui sont invités à prendre les comprimés d’iode », détaille la Préfecture.

Ecouter la radio. Si le risque de rejet est constaté mais pas imminent : les services de la préfecture prennent « le temps d’analyser la situation et de mesurer la radioactivité ». En cas de risque de rejet radioactif immédiat, la population est mise à l’abri. « Les gens sont invités à rentrer dans un bâtiment en dur, chez eux, dans une salle communale, ou dans leur entreprise. Il faut couper la ventilation et écouter la Radio Fugi et France 3 », poursuit la préfecture. En cas d’urgence absolue : il y a une mobilisation immédiate de tous les services de l’état, qui décident d’un plan d’urgence adapté. Les autorités belges seront étroitement associées à la gestion de l’événement.


 Le Progrès, 27/3/2009: 

Centrale nucléaire du Bugey: un test grandeur

nature « pour mieux se préparer »

Dans le cadre d’un exercice, un accident a été simulé hier à la centrale nucléaire du Bugey. L’occasion, pour les autorités et les services concernés, de tester et d’améliorer leurs dispositifs d’intervention. Il était environ 7 h 30 hier, quand l’alerte a été donnée à la centrale nucléaire de production d’électricité (CNPE) du Bugey. Elle a été déclenchée suite à la rupture de cinq tubes du générateur de vapeur qui a provoqué l’arrêt automatique d’un réacteur.

Associée à cette première suite d’événements, une vanne s’est bloquée, laissant s’échapper des éléments radioactifs dans l’atmosphère. À partir de ce scénario entièrement fictif, dont les détails n’étaient pas connus à l’avance par les participants, les plans d’urgence se sont mis en place : ainsi, l’exercice de sûreté nucléaire, organisé par la préfecture de l’Ain en lien avec celle de l’Isère et plusieurs services spécialisés, a été lancé. D’abord, le Plan d’urgence interne (PUI), au niveau de la centrale, visant à assurer la sûreté de l’installation.

Puis, dès 8 h 25, le préfet de l’Ain, a déclenché le Plan particulier d’intervention (PPI), qui organise les modalités d’action à l’extérieur de l’installation. Appuis techniques d’EDF, sapeurs-pompiers ou encore experts sont intervenus de manière fictive. Car hier, seul le dispositif d’alerte était joué « en réel » : les sirènes ont retenti et les appels téléphoniques ont été passés à la population habitant dans un périmètre de 2 km autour de la centrale. « Sur la totalité des appels, nous avons compté 70 % de décrochages, ce qui semble normal à cette heure de la journée », précise Jacques Meunier, directeur de la centrale.

Bien que la crise ait été gérée, hier, de façon simulée, les services mobilisés à la préfecture dans le cadre du « centre opérationnel départemental », ont poursuivi leur travail « sur table » jusqu’à 16 heures. « Dès que le PPI a été déclenché, les services qui le composent sont arrivés en moins d’une heure », explique Violaine Démaret, directrice de cabinet du préfet de l’Ain.

Dès lors, ils se sont réunis, ont partagé leurs informations sur l’accident, puis le préfet a pris des décisions pour tenter de protéger au mieux la population. Les acteurs de cet exercice se sont ainsi entraînés à différentes étapes de la gestion de crise, avec un accent particulier mis sur la phase dite « post-accidentelle », concernant notamment le traitement des conséquences à plus long terme de l’accident pour les personnes habitant à proximité. Après un premier débriefing « à chaud », un second bilan sera effectué fin avril, puis un troisième « à froid », en juin. De quoi tirer les enseignements de cette journée d’entraînement.

Une « plaisanterie » selon Sortir du nucléaire

Dans un communiqué, Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau « Sortir du nucléaire », fédération d’associations, considère cet exercice comme une « véritable plaisanterie ». « Les simulations d’accident nucléaire, de même que les distributions de pastilles d’iode, sont seulement destinées à faire accepter à la population l’éventualité pourtant intolérable d’une catastrophe nucléaire, déclare-t-il. Avec ces exercices ridicules, les autorités reconnaissent néanmoins que le pire est possible. Un accident ou un acte terroriste peuvent occasionner un drame équivalent à Tchernobyl. Les simulations n’apportent pas de réponses à des questions pourtant fondamentales ». Interrogé sur cette qualification de « plaisanterie », Jacques Meunier, directeur de la centrale, a estimé que « le fait de s’exercer » est « sérieux et professionnel ». «Il faut se préparer, même aux situations improbables », a-t-il précisé.

Mediapart, 7/2/2009: 

Le désastreux exercice nucléaire de Belleville-

sur-Cher

Au moment où le président de la République «décide» (encore) et toujours en parfaite contradiction avec les lois, dont celle de son ministre Michel Barnier, de la construction d’un troisième réacteur nucléaire de la génération EPR, ce qui s’est passé le jeudi 29 janvier, autour de la centrale de Belleville, dans le Cher, montre à quel point la France n’est pas prête à faire face à un accident nucléaire en dépit des efforts de communication du gouvernement et d’Electricité de France. Ce jour là, l’Autorité de Sûreté nucléaire a organisé autour de cette centrale équipée de deux réacteurs un grand exercice pour vérifier l’état de préparation des services de l’Etat en cas d’accident majeur.

Le résultat, alors que contrairement aux allégations des responsables, le patron de la centrale était parfaitement au courant de la simulation d’un accident de « type Tchernobyl », a été catastrophique. Tandis que les ingénieurs et techniciens de la centrale s’activaient mollement dans une salle de commande qui n’est qu’un instrument de simulation, les élus et habitants de la région ont constaté une incroyable pagaille. Pourtant les habitants qui avaient accepté d’être prêt à jouer le jeu de l’accident n’étaient que… seize. Et la plupart, n’ont même pas entendu la sirène annonçant le début de l’alerte pourtant déclenchée en plein jour, à 9h18 exactement ; et les autres n’ont pas compris qu’ils se trouvaient au coeur d’une catastrophe dont ils n’ont évidemment pas su qu’elle était fictive. Pas plus qu’ils n’ont entendu le véhicule d’alerte des pompiers diffusant par haut-parleur un message d’alerte.

Quant au nouveau système d’avertissement automatique par téléphone, il n’a même pas fonctionné chez chacun des seize volontaires qui l’ont attendu en vain. Même chose pour le message d’alerte diffusé par France Bleu Berry… que personne n’écoutait puisque cette filiale de Radio France était ce jour là en grève. Et alors que, raconte le Journal de Gien, l’hebdomadaire local, la fin de l’alerte fictive a été « officiellement » annoncé à 11h45, à l’heure du déjeuner, les pompiers continuaient à patrouiller dans la zone en recommandant aux habitants de calfeutrer chez eux, ce que personne n’avait fait en dehors de quelques uns des volontaires.

Quant au PC opérationnel de crise prévu par le plan Orsec rad, les autorités ont tout simplement oublié d’y installer les lignes téléphoniques et informatiques qui permettent aux sauveteurs d’organiser les secours et la coordination de la gestion de la population. Les techniciens dépêchés sur place par le Préfet ont cherché jusqu’à la fin de l’alerte les bonnes prises et les bons fils pour brancher leurs équipements, encombrant les couloirs pendant deux heures ainsi que le parking de la salle de sport choisi pour servir de PC opérationnel de crise. De nombreux véhicules des pompiers, des gendarmes, des autorités préfectorales, des ingénieurs venus de Paris et du Samu, incapables de trouver la moindre place pour se garer ont du stationner loin du PC ou bien, furieux de la pagaille constaté, sont tout simplement repartis avant la fin officielle de l’alerte.

Il n’aura fallu qu’une petite heure à tout le monde pour comprendre que l’exercice tournait à la farce. Une farce que les élus locaux ont suivi avec d’autant plus d’inquiétude qu’ils n’ont reçu que quelques coups de téléphone parfaitement contradictoires. Alors que l’alerte avait été déclenchée peu après 9 heures, ils n’ont reçu le message les informant du bouclage routier de la région et la mise en place du Plan particulier d’intervention que peu avant 10 heures. Commentaire du maire : « nous étions dans un exercice prévu, avec des gens préparés. Qu’est ce qui se passerait en cas d’accident réel, dans une situation pour laquelle personne n’aurait été prévenu et que chacun vaquerait à ses occupations ? En y pensant j’ai un frisson qui me parcourt l’échine. On aurait rien su ni pu faire. Vu de la mairie, où nous avions heureusement apporté du travail pour nous occuper, l’exercice de mise à l’abri des personnes était calamiteux ».

Cette désastreuse expérience montre au moins deux choses : d’abord que les autorités ne croient pas vraiment à leurs exercices qui ne servent qu’à conforter des plans technocratiques et ensuite, de l’aveu même des responsables de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, qu’un accident sera ingérable et ne pourra qu’entraîner de nombreuses victimes. D’autant plus qu’entre eux, ils ne sont pas d’accord sur la nécessité de confiner les gens chez eux plutôt que de mettre des moyens de transport collectifs pour quitter la zone contaminée au plus vite. Leur cauchemar récurrent : l’embouteillage monstre qui paralysera la fuite des habitants dans leurs voitures et les exposera encore plus à la radioactivité. Sauf à mettre en place des forces de l’ordre recevant la consigne de tirer en cas de désobéissance. Cela figure en toutes lettres dans d’autres plans qui, eux, restent secrets.

Bilan de cette opération : des centaines de victimes irradiées. Heureusement que l’accident était aussi fictif que le plan mis en oeuvre.

Roland KSOURI -Sapeur-Pompier à la commune

de Lyon, ancien membre des Cellule Mobile

d’intervention radiologique 

Ecoutez ou téléchargez l’interview au format

MP3 (7 Mo)

Témoignage extrait de la lettre d’information de

« Sortir du nucléaire » de décembre 2001:

Témoignage d’un sapeur pompier professionnel

au sujet de la gestion du risque nucléaire

DEVOIR DE RESERVE OU LOI DU SILENCE !

EDF prétend qu’il existe des dispositifs qui visent, en toutes circonstances, à assurer la protection des populations, dont le plan particulier d’intervention (PPI) et le plan d’urgence d’intervention (PUI) mis en oeuvre par les préfectures. 

Je suis sapeur-pompier professionnel au service d’intervention et de secours du Rhône et j’ai un certificat d’intervention en milieu radiologique, spécialité existant dans le cadre des cellules mobiles d’intervention radiologique (CMIR). Si les CMIR sont adaptées pour faire une recherche de source scellée, détecter et enlever une pollution ponctuelle, établir un petit périmètre de protection, elles ne peuvent en aucun cas assurer la protection des populations en cas d’accident dépassant l’enceinte d’une installation nucléaire. La seule protection efficace étant la distance, l’unique protection contre une irradiation et (ou) une contamination est le sauve-qui-peut et du bon côté (sens du vent). Pour en avoir débattu avec des collègues, je sais qu’en cas d’accident majeur, les sapeurs-pompiers n’iront pas au casse-pipe comme ceux de Tchernobyl.

Le texte ci-dessous est extrait d’un cours de formation d’officiers sapeurs-pompiers à la « gestion des risques » en matière radiologique. Ainsi apprécierons-nous ce qui est prévu sur le papier par nos autorités, en caractères italiques, et ce qui se passerait en réalité en cas d’accident dépassant l’enceinte d’une installation nucléaire.

Plan d’intervention

L’organisation au préalable des secours à mettre en oeuvre en présence d’un accident à caractère radiologique est définie par les plans particuliers d’intervention (PPI) et par les plans d’urgence interne (PUI) dans les installations nucléaires de base (INB).

En matière nucléaire, le plan particulier d’intervention (PPI) prévoit trois niveaux d’alerte et d’intervention, correspondant à différentes procédures et moyens à mettre en oeuvre.

Le niveau 1

Ce niveau correspond à un incident ou accident à caractère non radiologique. Ce niveau comprend deux degrés :

Le premier en l’absence de victimes. 

Le second en présence d’une ou plusieurs victimes.

Le niveau 2

Ce deuxième niveau est destiné à faire face à un événement à caractère radiologique limité au site. Ce niveau comprend aussi deux degrés :

Le premier en l’absence de victimes. 

Le second en présence d’une ou plusieurs victimes.

Le niveau 3

Ce dernier niveau est déclenché lorsque l’accident est à caractère radiologique avec des conséquences immédiates ou envisageables à l’extérieur du site.

Il ne comporte pas de degrés.

Le PPI est établi par le préfet du département assisté des services compétents, dont le SDIS (service départemental d’incendies de secours), il est déclenché et mis en oeuvre sous la responsabilité du préfet qui occupe la fonction de directeur des opérations de secours (DOS).

Son objectif est la protection des populations grâce à une information préventive associée à une organisation de crise adaptée.

A cette fin, le PPI est actuellement organisé autour d’un PC fixe activé en préfecture et d’un PC opérationnel mis en place à proximité du lieu du sinistre.

Il prévoit succinctement :

- l’information des services, des populations et des médias ; 

- l’activation des équipes de mesures et de prélèvements : équipes de 1er niveau et cellule mobile d’intervention radiologique en ce qui concerne les sapeurs-pompiers, ZIPE 1 (zone
d’intervention premier échelon) et ZIDE 2 (zone d’intervention de deuxième échelon ) pour ce qui est du CEA (commissariat à l’énergie atomique) ;
- la mise en service des centres de regroupement et de contrôle de la population ainsi que des centres de décontamination et la distribution d’iode ;
- le contrôle des accès routiers autour du site concerné. Pour ce faire, deux périmètres sont prédéfinis :
< l’un de 5 km de rayon dans lequel il peut être envisagé de recourir à l’évacuation de la population située sous le vent, alors que la consigne normale est le confinement ;
< le second périmètre, compris entre 5 et 10 km, pour lequel seul le confinement des populations est retenu ;

- l’accueil des blessés, irradiés ou contaminés.

En ce qui concerne le niveau 3, incident ou accident à caractère radioactif extérieur au site, les équipes de détection sapeurs-pompiers effectuent des mesures sur les circuits préétablis. Des mesures 

complémentaires sont effectuées par les CMIR. Suivant les résultats et les avis des experts, il y a trois types de situation :

- Vie normale : Equipes de détection et CMIR peaufinent les premières mesures. Des échantillons sont prélevés pour mesure à l’aide du véhicule CMIR « anthropogammamétrique ». 

- Confinement : Information de la population par haut-parleur. Balisage des zones de confinement. Activation des centres de regroupement de la population (matériel de détection de la contamination +
médecins Sapeurs-pompiers). Contrôle de la population grâce aux véhicules CMIR « anthropogammamétrique » et mesures sur échantillons.
- Evacuation : Information de la population. Balisage des secteurs à évacuer et à confiner. Participation à l’évacuation. Contrôle aux centres de regroupement. Evacuation des malades. Tri : personnes
contaminées, non contaminées, grâce aux véhicules CMIR « anthropogammamétriques » et mesures sur échantillons (aliments, eaux, terre, végétaux)

Les objectifs du plan d’urgence interne peuvent se résumer de la façon suivante :

Assurer : 

- le secours aux blessés, qu’ils soient conventionnels, irradiés ou contaminés
- la protection du reste du personnel ;
- la conduite des unités vers le meilleur état de sûreté possible ;
- la stabilisation de la situation en limitant au maximum les conséquences de l’événement.

Alerter et informer : 

- les autorités préfectorales et de sûreté ;
- les services d’intervention ;
- l’organisation nationale de crise de la structure.

Analyser l’accident et ses conséquences : 

- diagnostic et pronostic de l’évolution potentielle ;
- évaluation des rejets et de leurs impacts sur la population.

Ces dispositions sont prises sous la responsabilité du chef d’établissement qui est aussi à l’origine du déclenchement de ce plan.

Voilà pour la théorie ; pour la pratique, souhaitons que jamais nous ne connaissions un accident de niveau 3.

Car un accident nucléaire dépassant les limites d’un site nucléaire deviendra vite ingérable.

Il faut plusieurs heures entre l’ordre d’alerte de la CMIR et la réalisation des premières mesures sur le circuit préétabli. La CMIR, vu la pénibilité de la tâche, devra être relevée : par qui ? Une seule CMIR (4 hommes) est opérationnelle, les autres étant de repos ou affectées à d’autres missions. Il faudra faire intervenir des CMIR d’autres départements ou régions. (3 CMIR en Rhône-Alpes : Lyon, Valence, Grenoble).

Comment réaliser, comme le prévoit le PPI, la mise en service des centres de regroupement et de contrôle de la population dans la mesure où il n’y a pas, à ma connaissance, en Rhône-Alpes comme dans tout le Sud-Est de la France (une des régions les plus nucléarisé au monde !) des véhicules CMIR « anthropogammamétriques » ?

La distribution d’iode, pour être efficace et seulement contre l’iode radioactif, doit se faire plusieurs heures avant l’exposition à la radioactivité.

Si des blessés contaminés doivent être transportés vers un centre hospitalier, aucune structure hospitalière, à part un service de grand brûlés (milieu stérile et confiné), ne pourra les accueillir. Les lits disponibles dans ces services très pointus ne pourront accueillir qu’un nombre très limité de victimes. Ensuite, il faudra décontaminer les véhicules ayant servi au transport et le service hospitalier.

Quant à l’évacuation de la population située sous le vent, chacun connaît la difficulté à évacuer lors des manoeuvres très médiatiques de simulation préparées des mois à l’avance ; en réel, la tâche sera encore plus difficile avec des ordres et contre-ordres, l’affolement et la panique (accidents routiers, embouteillages etc.).

Le confinement des populations ne s’improvise pas. Il faut posséder la technique et le matériel (films plastiques, rubans adhésifs). Aucune information ni formation n’est réalisée si ce n’est par quelques dépliants dont la diffusion est restreinte.

Si la contamination est massive, ce sera le sauve-qui-peut mais du bon côté (direction du vent), car la première protection, c’est la distance, la seconde, le temps (la dose absorbée est directement proportionnelle à la durée d’exposition).

Arrêtons là cette simulation désastreuse. EDF et les autorités laissent croire à la population que des sapeurs-pompiers pourront assurer leur protection en cas d’accident radioactif de niveau 3 : il est pourtant compréhensible que, même s’ils avaient tous les moyens humains et matériels, ils seraient totalement inopérants pour une pollution par des éléments radiotoxiques à des doses du millionième de gramme.

Les sapeurs-pompiers sont des fonctionnaires territoriaux et d’après leur statut, ils doivent observer un devoir de réserve, mais le devoir de réserve n’est pas la loi du silence. Tout fonctionnaire qui a connaissance de dysfonctionnements devrait les dénoncer.

Roland KSOURI

(sapeur-pompier professionnel du Rhône)

Scénario-catastrophe simulé pour un exercice à

la centrale de Fessenheim

20/11/2008 - Un scénario-catastrophe, avec rejet de vapeurs radioactives, a été simulé jeudi à la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) lors d’un exercice qui mobilisait pour la journée les pouvoirs publics, les médias, la Suisse et l’Allemagne. Selon le scénario, un ou plusieurs tubes du réacteur fictif numéro 3 de la centrale se seraient rompus, provoquant un dégagement de vapeurs contaminées largement disséminées par le vent vers le sud. Dans le cadre de cet exercice, le préfet du Haut-Rhin a constitué une cellule de crise, déclenché un Plan particulier d’intervention (PPI) avec la Sécurité civile et ordonné la mise à l’abri des populations successivement dans des rayons de deux, cinq puis dix kilomètres. Dans la réalité, toutes les sirènes ont été activées, des routes ont été coupées, les élèves de deux écoles ont été mis à l’abri et des messages d’alerte téléphonés ont été adressés aux quelque 800 foyers de la commune de Fessenheim. Cet exercice « de grande ampleur », selon la préfecture du Haut-Rhin, qui a lieu tous les trois ans, a pour objectif de tester le dispositif d’alerte et d’organisation de crise déployé dans l’hypothèse d’un accident nucléaire. Du côté de la centrale à Fessenheim et d’EDF à Paris, où près de 300 personnes au total ont été mobilisées pour l’exercice, un Plan d’urgence interne (PUI) a été mis en oeuvre pour tester la chaîne de décisions des pouvoirs publics. Les techniciens mobilisés dans la centrale s’exercent sur un simulateur de pilotage qui est une réplique exacte de la salle de commande. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), EDF, les gendarmes et les pompiers du Haut-Rhin, les directions départementales concernées, les maires de quinze communes environnantes et Météo France sont également associés à l’exercice. Entrée en service en 1977, la centrale de Fessenheim est la plus ancienne du parc nucléaire français. Fin octobre, des antinucléaires suisses, allemands et français ont saisi le Conseil d’Etat après le rejet par le ministère de l’Ecologie d’un recours demandant l’arrêt définitif de la centrale.

Ouest-France, 17/10/2008: 

Exercice radioactif, population inactive

Hier, AREVA, préfecture de la Manche, services de sécurité et de secoursont joué un accident nucléaire dans La Hague. Pas les habitants.

9 h 23, dans la rue principale de Beaumont-Hague, le piéton va son bonhomme de chemin. Tranquille. 9 h 24, les énormes sirènes perchées sur le toit de la mairie hurlent. Un son long et lugubre à donner le cafard au plus optimiste. Au bar-PMU, on ne s’émeut pas pour autant. Les sirènes insistent. Quelques clients décident de « filer avant qu’ils nous bloquent les routes ». Toutefois, la rue demeure sereine et chacun vie sa vie.

À deux kilomètres de là, c’est différent. Depuis près d’une heure, Aréva est sur les dents. « Un incendie s’est déclaré dans un atelier de séparation du plutonium », annonce la communication. De quoi donner des sueurs froides [Rappel: 1/1 000 000 ème de gr de plutonium inhalé suffit à provoquer un cancer]. Devant la gravité de la chose, le préfet de la Manche décide de sonner l’alarme. Outre les sirènes, un serveur téléphonique automatique doit avertir chaque riverain dans un rayon de deux kilomètres.

« Y’a des priorités dans la vie ! ». « Chez moi, ça a bien fonctionné. J’ai reçu dix-sept messages en un quart d’heure », témoigne Michel Canoville, président de la communauté de communes de La Hague. Il ne s’est pas confiné pour autant à son domicile, comme prévu par le Plan particulier d’intervention. Au PMU en revanche, « aucun appel », signale le patron. « Sauf celui de Momo. Il demandait s’il pouvait venir faire son tiercé et boire un p’tit blanc. J’lui ai dit que oui. Y’a des priorités dans la vie »  

Le dispositif d’alerte prévoit la diffusion de messages radio. Ceux-ci sont intervenus près d’une heure après le début de l’alerte. La préfecture n’avait pas encore validé le message. Sur le terrain, les gendarmes ont bloqué les différents accès, deux kilomètres autour de l’usine nucléaire. Certains ont mis toutefois un certain temps à se positionner au bon carrefour. Les pompiers, eux avaient pour mission de contrôler la radioactivité à l’extérieur du site. Les cellules chimiques et radioactives sont venues du Calvados, d’Ille-et-Vilaine et de la Manche.

Les seuls riverains vraiment motivés, ou contraints, furent les élèves du collège de Beaumont-Hague, confinés dans leurs classes. « Sauf que la sirène, on l’a presque pas entendue », souligne une troisième. « Toute façon, si ça pète, on est tous morts », commente un sixième en haussant les épaules. Pour les autorités, « le bilan est plutôt positif. » La partie fictive de l’opération, à quelques couacs près, semble avoir bien fonctionné.Cependant, près de 40 ans après la mise en service de l’usine atomique, on s’interroge toujours sur la manière de protéger la population en cas de pépinExcès de confiance ou fatalisme ?

La Nouvelle République du Centre-Ouest,

8/10/2008: 

Centrale nucléaire: un exercice révélateur de

faiblesses

Plus facile à gérer sur les écrans que sur le terrain, la simulation d’accident à la centrale de Saint-Laurent a connu des faiblesses lors de l’évacuation.

Un arrêt automatique sur un réacteur, comme il s’en passe fréquemment et puis de fil en aiguille une série de pépins. A 8 h 15, l’alerte est donnée, le préfet averti. C’est l’accident sérieux : dans le quart d’heure, les populations des communes d’Avaray, Courbouzon, Lestiou et Saint-Laurent sont prévenues automatiquement par téléphone. La grosse machine du plan d’urgence interne s’enclenche, sur ses rouages bien huilés, en mode réflexe.

Autrement dit dans des séquences aussi programmées qu’automatiques. Le plan particulier d’intervention va suivre, rodé de la même manière. Du poste de direction situé au coeur de la centrale, locaux entièrement autonomes et protégés pour des jours entiers d’isolement, le lien s’établit avec la préfecture, l’autorité de sûreté nucléaire, et le poste de commandement opérationnel installé au centre de secours de Muides. L’accident se gère sur écran, par téléphone, à déjouer les pannes en cascade concoctées par l’équipe des scénaristes.

Elle est moins commode à maîtriser sur le terrain. L’évacuation d’une partie de la population prend du retard. Une heure et demie d’attente devant la mairie de Courbouzon, bien exposé à une pollution supposée dangereuse. Il en sera question à l’heure du débriefing, à l’issue de l’exercice.

« Globalement, les équipes en place ont bien fonctionné », estimait le préfet Philippe Galli, en fin de journée. « Sans doute, nous avons eu quelques problèmes de liaison et d’appréciation avec le poste de commandement opérationnel, et plus particulièrement avec les instances nationales, lorsqu’il s’agissait de valider des chiffres avant de les communiquer. » C’est ce niveau national qui n’aurait pas jugé bon de maintenir les consignes de confinement, oubliant qu’à Courbouzon, des volontaires attendaient leur car depuis plus d’une heure et qu’ils avaient pris une journée pour participer à cet exercice.

La Nouvelle République, 29/8/2008:

Civaux – Exercice de sécurité à la centrale: le

GIGN appelé en renfort

Branle-bas de combat, hier après-midi à la centrale nucléaire de Civaux : un exercice de sécurité a mobilisé une vingtaine d’hommes du GIGN et plus de trente gendarmes. Le communiqué de la mission communication du Centre nucléaire de production d’électricité de Civaux était des plus laconiques : « Jeudi 28 août, un exercice de sécurité des installations est programmé sur la centrale de Civaux. Il a pour but d’entraîner les équipes et de tester les dispositifs de sécurité ».

Ce genre d’exercice, prévu dans le cadre de conventions associant la gendarmerie nationale et EDF, est régulier à Civaux. Mais celui d’hier avait un caractère exceptionnel et spectaculaire. Pour la première fois depuis la mise en exploitation de la centrale nucléaire poitevine, le GIGN (Groupement d’Intervention de la gendarmerie nationale) s’y est entraîné.

La simulation d’alerte a été donnée aux gendarmes vers 13 h 45. Très vite, et toutes sirènes hurlantes, une trentaine de militaires des brigades de Chauvigny, Lussac-les-Chateaux et Montmorillon ont convergé vers le site sous la direction du colonel Bonavita, commandant du groupement de la Vienne. Sur place, le sous-préfet Laurent Olivier attendait en compagnie d’un scénariste du GIGN. « C’est un exercice que nous pratiquons de façon fréquente dans les centrales nucléaires, au moins deux fois par an », a-t-il expliqué.

Impossible d’en apprendre plus sur le contenu de l’exercice : était-ce la réplique à une simulation d’attaque terroriste ? D’intrusion d’opposants au nucléaire dans l’enceinte ? « Nous n’avons rien de plus à vous dire ! »

Quoi qu’il en soit, deux heures plus tard, trois hélicoptères Puma de l’armée de terre ont posé une vingtaine de membres du GIGN armés jusqu’aux dents. Un bus de l’armée a conduit ces gendarmes surentraînés au sein de la centrale. C’était un exercice doublement confidentiel : la zone sensible du nucléaire civil doublée du secret entourant le GIGN a fait des miracles. La « Grande Muette » a tenu parole.

La Dépêche du Midi, 25/6/2008:

Vents mauvais sur l’exercice de Golfech ?

Sûreté nucléaire. Il y aurait eu divergence entre deux sources de données météo.

Seigneur météo quand tu dis qu’il fait beau! Seigneur météo, aglagla, quel frigo!» La Préfecture de Tarn-et-Garonne aurait-elle du s’inspirer de la chanson de Carlos, le 19 juin dernier, à l’occasion de l’exercice de sûreté nucléaire autour de la centrale de Golfech?

«Un exercice joué pour la première fois en météo réelle», avait souligné en guise de précaution bienvenue Mme le Préfet, Danièle Polvé-Montmasson, à l’occasion des réunions préparatoires. Ce qui n’est pas sans incidence puisque, en cas de déclenchement du plan particulier d’intervention en phase réflexe, au-delà du périmètre de protection automatique des 2 km autour de la centrale, les populations situées sous le vent au-delà de cette zone sont susceptibles d’être également mises à l’abri.

Le hic c’est que, selon nos informations, il y aurait eu le 19 juin dernier une divergence entre les indications météorologiques fournies par Météo France, sur lesquelles s’est appuyé le poste de commandement fixe de la préfecture, et les données enregistrées par la station météorologique de la centrale de Golfech. Les premières auraient fait état à 12 heures d’un vent allant de Boudou vers Agen, alors qu’Edf aurait indiqué à 11h30 des vents dans le sens Lauzerte/Beaumont. Autant dire des vents contraires. 

En attente d’éclaircissement 

Ce que tend à confirmer le communiqué reçu hier de la Commission locale d’information (CLI) de Golfech: «Madame le Préfet a communiqué une divergence d’informations entre Météo France et EDF, au sujet de la direction des vents, et a demandé une étude sur les raisons.» Hier après-midi, du côté de la Préfecture, on cherchait plutôt à dédramatiser. «Il faut savoir qu’il y a eu très peu de vent lors de l’exercice. On ne peut pas parler de divergence. Chacun des intervenants a expliqué ses moyens d’expertise», arguait Marie-Josette Meyer, directrice de cabinet de Mme la Préfète.

Le sujet apparaît toutefois sensible puisque cette dernière reconnaissait: «On s’est rendu compte qu’il fallait savoir de quoi on parle. De météo en temps réel ou de prévisions? De mesures au sol ou en altitude? Parfois une indication de type Nord-Est/Sud-Ouest ne veut pas dire la même chose pour tout le monde.» Un sujet météo qui demande donc éclaircissement. «C’est ce à quoi sert un exercice», concluait la Préfecture.

Sud-Ouest, 20/6/2008: 

Urgence nucléaire pour de faux: « Cette

simulation est une plaisanterie »

SÉCURITÉ – Exercice de simulation d’accident radiologique, hier, à la centrale nucléaire de Golfech (82)

La sirène a retenti, hier, sur le site de la centrale nucléaire de Golfech. C’était un peu avant 9 heures. Ce genre de signal d’alarme à l’ombre des cheminées d’un réacteur susceptible, c’est du moins l’idée qu’on se fait, de vitrifier la campagne environnante, il y a de quoi vous mettre le « trouillomètre » à zéro. Mais hier matin, l’angoisse n’était pas palpable à Golfech. Pour cause, on faisait semblant.

Tous les trois ans, la centrale organise un exercice de simulation « maouss costaud » en mobilisant une partie de son personnel (ils sont 900 à travailler sur le site), les pompiers et la gendarmerie du Tarn-et-Garonne mais aussi ceux du Lot-et-Garonne et du Gers.

Par rapport au précédent exercice, cette simulation a été d’une moindre envergure et n’a touché qu’un périmètre de 2 km autour de la centrale. En effet, en 2005, les onze communes du Lot-et-Garonne intégrées dans le plan d’urgence de la centrale avaient été sollicitées afin de participer à l’exercice. Grande première néanmoins, hier, avec déclenchement pour la première fois d’un automate d’appels permettant de contacter par téléphone tous les habitants de la zone concernée.

30 000 pannes. Le scénario concocté s’appuyait sur une fuite radioactive à effet rapide. C’est au sein du simulateur de la centrale (30 000 pannes possibles) que s’est donc jouée une partie de l’exercice. « On teste notre capacité à gérer un accident de ce type et notre faculté à nous articuler avec les services de l’Etat », explique Vincent Renouard, chargé de communication au sein de la centrale nucléaire de Golfech.

Toutefois, la matière nucléaire étant on ne peut plus délicate, les exercices de sécurité sont très fréquents : 26 par an en plus d’un exercice trisannuel et d’un check-up minutieux tous les dix ans qui détermine la poursuite de l’activité. A noter que des barrages routiers filtrants ont été mis en place par la gendarmerie notamment au niveau de la départementale 813, ce qui a occasionné un certain nombre d’embouteillages.

Dans un communiqué, le réseau « Sortir du nucléaire » estime que la simulation orchestrée, hier, au niveau de la centrale nucléaire de Golfech est « une plaisanterie ». « Ces simulations sont seulement destinées à faire accepter à la population l’éventualité pourtant intolérable d’une catastrophe nucléaire. Avec des exercices ridicules, les autorités reconnaissent que le pire est possible. Les simulations n’apportent pas de réponses à des questions pourtant fondamentales. 21 ans après la catastrophe de Tchernobyl , des zones entières sont évacuées pour des siècles et des millions de personnes vivent toujours dans des zones contaminées. La seule façon de se protéger contre ce risque est de fermer au plus vite les installations nucléaires et non d’organiser de dérisoires simulations. »

Sud-Ouest, 27/5/2008: 

Golfech: le pire scénario

Exercice de simulation d’accident le 19 juin à la centrale nucléaire. Autorités, élus et riverains sont sur le pont

A toute rédaction de scénario catastrophe, il faut une part de machiavélisme. À n’en pas douter, celui écrit par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire sera fidèle à la tradition de ces journées pourries où tout part en quenouille. Caroline Bernard, directrice du Centre nucléaire de production d’électricité d’EDF à Golfech (82), en convient d’ailleurs très bien : « Le but est d’arriver à une situation extrême en perdant une à une toutes nos lignes de défense. » 

Donc nul ne sait où et à quelle heure, mais la centrale de Golfech va connaître une sérieuse avarie le 19 juin prochain. Un incident simulé et stimulé par la volonté de tester jusque dans ses moindres retranchements le plan particulier d’intervention en mettant sous tension la chaîne décisionnelle composée d’EDF et des différentes autorités. L’opération est chapeautée par la préfecture de Tarn-et-Garonne. Celles du Gers et du Lot-et-Garonne y contribuent.
Cinétique rapide avec rejets. « Tous les trois ans, la réglementation exige que les pouvoirs publics organisent un exercice afin d’entraîner les services, les maires et les populations à respecter les mesures de protection qu’il appartient au préfet de prescrire en cas de situation d’urgence radiologique », rappelle Danièle Polve-Montmasson qui inaugure en la matière ses nouvelles fonctions préfectorales.
Pour le personnel de la centrale, ce type d’opération confine quasiment à la routine. Le site va vivre la cinquième expérience de ce type. En cette accidentelle occurrence, la préfecture a donc choisi d’épicer le contexte, voire de le corser. « Les exercices antérieurs étaient plutôt à dominante sécurité civile. J’ai donc demandé à ce que cette fois-ci, la tendance aille vers un exercice de sûreté nucléaire, en simulant un accident à cinétique rapide avec rejets », expose Mme Polve-Montmasson.
Pour se compliquer la tache jusqu’au bout, il a été convenu de jouer la scène en situation de météo réelle. « L’objectif est de tester les processus d’analyse et de décision au sein de la cellule de crise, mais aussi le bouclage des routes et la mise en place de déviations ainsi que l’intervention des secours en zone contaminée », ajoute le représentant de l’état.
À Clermont-Soubiran. Un périmètre de sécurité réglementaire de dix kilomètres sera tracé autour de la centrale EDF. Trente et une communes sont concernées. Dans cette zone, les habitants situés dans un rayon de deux kilomètres seront alertés par deux biais : la rituelle sirène et le nouveau système Sappre, un réseau d’appel téléphonique.
À l’intérieur de ce cercle, les secours devront gérer la situation d’un groupe d’élèves partis en classe découverte. « L’objectif ultime est de protéger l’homme et l’environnement. Nous partons donc du principe que c’est en imaginant le pire que l’on pourra développer une organisation plus efficace », reprend Caroline Bernard.
Une réunion d’information à l’adresse des riverains de Clermont-Soubiran, située dans la première ceinture sera organisée le 4 juin.

Un accident nucléaire simulé sur la base des

sous-marins de l’Ile-Longue

29/4/2008 - Un exercice national de sécurité nucléaire simulant une contamination au plutonium susceptible de se propager vers les populations riveraines s’est déroulé mardi sur le site de l’Ile-Longue (Finistère), base des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE). L’exercice avait pour scénario une contamination accidentelle dans la zone d’assemblage des modules de missiles M45, après l’incendie d’un camion transportant un conteneur renfermant des éléments d’armes, un accident qualifié de « hautement improbable » par la Marine nationale. Supervisé par les ministères de la Défense et de l’Intérieur, cet exercice de sécurité nucléaire qui se déroule tous les ans en alternance sur l’un des trois sites de la Marine (Brest, Cherbourg et Toulon) a pour but notamment de « tester le fonctionnement de la chaîne de décision des pouvoirs publics, des cellules de crise locales et nationales ». Une agence de communication devait également « simuler une pression médiatique » sur les autorités en charge de la gestion de l’accident. La presse avait été invitée dans le cadre de la loi de 2006 sur la transparence de la sûreté nucléaire garantissant « le droit du public à une information fiable et accessible ». Le scénario a mobilisé environ 200 personnes sur la base. L’exercice prévoyait de tester la procédure d’alerte ordonnant le confinement des riverains. Mais mardi matin, la sirène était difficilement audible en raison des conditions météo et de l’orientation du vent, selon les témoins.

Sud-Ouest, 22/11/2007: 

Tchernoblaye dénonce « une véritable

mascarade »

Dans un communiqué circonstancié, l’association Tchernoblaye, dont on ne présente plus les engagements antinucléaires, s’est élevée hier contre ce qu’elle appelle une « véritable mascarade ». Selon Tchernoblaye, « les simulations d’accident nucléaire, de même que la distribution de pastilles d’iode sont seulement destinées à faire accepter à la population l’éventualité pourtant intolérable d’une catastrophe nucléaire. Avec ces exercices ridicules, les autorités reconnaissent néanmoins que le pire est possible ». 

Évoquant la perspective d’un accident ou d’un crash suicide sur la centrale nucléaire du Blayais, les auteurs du communiqué, parlant « d’un drame équivalent à Tchernobyl », posent trois questions :
« À Tchernobyl, 800 000 liquidateurs se sont sacrifiés pour stopper la catastrophe. Qui ira, ici, si jamais cela devait se produire ? » ;
« En cas d’accident nucléaire en France, et par exemple au Blayais, que faire des millions d’habitants de la région ? Comment et où les évacuer ? Pour combien de temps ? » ;
« Le périmètre de quelques kilomètres concerné par les exercices officiels et les distributions de pastilles d’iode est proprement ridicule. Le nuage radioactif de Tchernobyl a touché toute l’Europe ! »

Pour les antinucléaires de Tchernoblaye, il n’y a rien à sauver de ces procédures. Ni rien de bon à attendre de la filière électronucléaire. « Vingt et un ans après la catastrophe de Tchernobyl, des zones entières sont évacuées sont évacuées pour des siècles. Et des millions de personnes vivent toujours dans des zones contaminées, où la situation continue de s’aggraver. Par ailleurs, faut-il rappeler que l’on a au Blayais frôlé le drame en décembre 1999. Or les autorités et la population n’ont découvert la gravité de la situation que que 15 jours plus tard…»

20minutes, 21/11/2007: 

Cata factice à la centrale nucléaire :

Tchernoblaye dénonce une « mascarade »

« Cet exercice est une mascarade », dénoncent les membres de l’association Tchernoblaye, qui fait partie du réseau Sortir du nucléaire. Aujourd’hui, les autorités de la centrale nucléaire du Blayais organisent en effet une simulation d’accident, afin d’évaluer l’efficacité des mesures de protection de la population si un tel drame venait à se produire.

L’exercice va permettre de tester le plan d’urgence interne et le plan d’intervention, récemment discutés par la préfecture. « Il y a une prise de conscience d’un éventuel risque, mais la seule façon de se protéger contre celui-ci, c’est de fermer au plus vite cette installation nucléaire. Cette simulation est destinée à faire accepter l’éventualité intolérable d’une catastrophe nucléaire », affirme l’association.

Tageblatt, 17/11/2007:

Cattenom: exercice simulant une intrusion à la

centrale nucléaire

Un exercice de sécurité, simulant une intrusion sur le site de la centrale nucléaire de Cattenom (Moselle) avec prise d’otages et pose de bombe fictives, a été organisé vendredi soir par les pouvoirs publics, a-t-on appris samedi auprès de la direction de la centrale. Selon le scénario, une alarme a retenti vers 16h00 sur le site pour signaler l’intrusion de plusieurs personnes, déclenchant une riposte au sein de la centrale. Une trentaine de gendarmes sont intervenus, puis le préfet de Région et le procureur de la République ont constitué avec le directeur de la centrale une cellule de crise pour maîtriser l’incident, tandis que quatre hélicoptères amenaient sur place une équipe d’une trentaine de policiers du GIGN depuis la région parisienne, a indiqué le directeur délégué de la centrale Didier Fortuny. L’exercice, qui s’est déroulé « comme si c’était vrai », a pris fin samedi vers 1h00 après un débriefing, selon une porte-parole de la centrale. Cet « exercice sécuritaire inopiné » de grande ampleur avait été commandité par les services du Haut fonctionnaire de défense et de sécurité (HFDS) du ministère des Finances, selon M. Fortuny. Ils sont organisés tous les ans par le HFDS sur des sites sensibles comme Aréva ou le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) avec pour objectif de tester l’organisation des différentes entités et la coordination de la sécurité. Les élus mosellans ont été informés dès le déclenchement de l’exercice ainsi que la presse locale qui a été chargée de rassurer les riverains alors que tous les accès autour de la centrale étaient coupés.

Accident nucléaire: 2 000 habitants associés à

un exercice à Paluel

19/9/2006 - Quelque 2.000 habitants ont participé mardi à un exercice simulant un accident à la centrale nucléaire de Paluel (Seine-Maritime) qui est la plus importante de France avec ses quatre réacteurs de 1.300 mégawatts, a-t-on appris auprès de la préfecture.

L’exercice a commencé vers 07H30 avec une alerte déclenchée à la suite d’un accident dans cette centrale qui a entraîné la mise en oeuvre du Plan d’urgence interne (PUI). « Cet exercice avait pour objectif de tester le bon fonctionnement du dispositif d’alerte et les mesures de protection des populations », a-t-on expliqué à la préfecture.
Dans l’après-midi, le préfet a déclenché le Plan particulier d’intervention (PPI) en raison de l’éventualité de rejets radioactifs dans l’atmosphère. Les habitants résidant dans un rayon de deux à dix kilomètres autour de la centrale ont été alors invités à se mettre à l’abri. 
Des observateurs de la Mission d’appui à la gestion des risques nucléaires (MARN), de la Direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection (DGSNR) et de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) ont participé aux opérations.
L’antenne départementale du Réseau sortir du nucléaire a qualifié l’exercice de « mascarade » en affirmant que le nucléaire était « un risque incomparable » à tous les autres. « La seule façon de se protéger contre ce risque est de fermer au plus vite toutes les installations nucléaires ».

Le Parisien, 14 juin 2006:

Saint-Aubin – Saclay

Simulation d’accident nucléaire au CEA

RUES TOTALEMENT VIDES, carrefours bardés de véhicules de gendarmerie et pompiers déambulant masques à gaz vissés au visage : le plateau de Saclay avait hier des airs de désert post-apocalyptique. En fait, il s’agissait seulement d’une simulation d’accident nucléaire, pour laquelle a été déployée l’artillerie lourde : une centaine de pompiers venus de l’Essonne et des Yvelines, quand 70 gendarmes verrouillent totalement un périmètre [artillerie lourde ??] englobant le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et la commune de Saint-Aubin. 9 h 20 : une première sirène résonne, cantonnée au site du CEA. Un grave accident vient de se produire : une fuite sur le réacteur Osiris. Dix minutes plus tard : l’alarme retentit cette fois à Saint-Aubin, donnant toute son ampleur au sinistre. Sur place, l’ambiance est à la fois surréaliste et un brin angoissante.

 Des spectres en combinaisons blanches serpentent entre les bâtiments du CEA. « Victor ? appelle dans une radio crachotante le commandant des opérations, nous avons cinq victimes irradiées dont deux blessées. Montage du sas d’exclusion en cours. » A deux pas, les blessés en question gisent sur des civières. Les blessures sont plus vraies que nature. Mais le sourire de la victime prouve que nous sommes bien dans le domaine de la fiction. Les sauveteurs, en revanche, bardés de harnachements, vivent un calvaire sous le soleil de plomb. « L’hypothèse d’un tel accident n’est pas forcément crédible, commente Alain Dechatre, le directeur adjoint du CEA. Mais cela nous permet de renforcer notre culture de la sécurité. »

Des habitants terrés chez eux A quelques encablures de là, les  habitants de Saint-Aubin sont terrés chez eux. « Si vous n’avez pas d’uniforme, ce n’est même pas la peine d’espérer passer », prévient un pompier. « Veuillez vous mettre à l’abri et brancher la radio sur 87,8 FM », hurle un haut-parleur planté sur une voiture. « Ça met de l’animation, sourit Nicolas, cuisinier du restaurant les Chevaliers des Balances. Le problème, c’est qu’aucun client ne peut parvenir jusqu’ici… »

« Beaucoup de gens sont au travail, nuance quant à lui Bernard Mazière, l’adjoint au maire de Saint-Aubin. Mais, d’une manière générale, ils sont peu inquiets. » La preuve, seulement 30 % de la population est allée retirer les pastilles d’iode gratuites disponibles en pharmacie. Ancien maire de Saclay, Louis Chavernoz se dit de son côté bluffé par le dispositif. « Il y a vingt-cinq ans, c’était le cirque complet. Les gens appelaient en mairie pour demander ce qu’ils devaient faire des vaches ou des chiens ! Aujourd’hui, les progrès sont énormes, mais je crois que les populations ne s’intéressent toujours pas. Elles préfèrent ne pas voir… »
« Globalement, la France commence à devenir adulte sur ces questions, se félicite quant à lui Christian Géneau, de la mission d’appui et de gestion des risques nucléaires du ministère de l’Intérieur. En 1986, on n’avait pas osé parler de Tchernobyl, alors que les Allemands l’avaient fait… »

LE TEMOIN DU JOUR

«La France n’est pas préparée»

DES SIMULATIONS d’accidents nucléaires, Frédéric Marillier en a vécu plusieurs, notamment à La Hague (Manche). « Sur le principe, c’est intéressant et important. » Sauf que pour cet observateur avisé du petit monde du nucléaire, les pouvoirs publics « ne vont pas au bout de la logique », et « la France n’est pas du tout préparée à un accident majeur ». « Déjà, les périmètres sont sous-estimés, déplore Frédéric Marillier.
Même si nous avons affaire au CEA à un petit réacteur, un problème concernerait la N 118 et le rond-point du Christ de Saclay. Je ne suis pas sûr que les autorités pourraient gérer le blocage de ces axes. » Autre inquiétude : « L’implication de la population. Un exercice de confinement, cela reste simple, mais en cas d’évacuation, ce serait autre chose… » Et de citer l’exemple de La Hague : « Lors du dernier exercice, le scénario comptait trois victimes… car il n’y a que trois places pour elles à l’hôpital de Cherbourg.
De la même manière, les gens seraient évacués en bus. Selon un sondage, 80 % des chauffeurs iraient chercher leurs propres enfants avant ceux des autres… Au final, j’ai l’impression que les pouvoirs publics n’assument pas le risque qu’ils font courir à la population, et n’ont surtout pas envie de connaître la véritable ampleur de ce risque. »

Nicolas JACQUARD

La Nouvelle République du Centre-Ouest,

22/03/2006:

Exercice de sûreté nucléaire : l’essentiel, c’est

d’essayer

On a vécu un accident nucléaire simulé hier aux alentours de Civaux. L’exercice, destiné à rassurer la population, a mobilisé des centaines de personnes. Jusqu’à Sillars où l’on a tenté de prévenir les habitants avec les moyens communaux. Le réseau «  Sortir du nucléaire  » dénonce une «  plaisanterie  ».

Les agents du CEA ont déposé une sonde de prélèvement atmosphérique pour contrôler les rejets radioactifs de la centrale
Le calme est revenu dix kilomètres autour de la centrale nucléaire de Civaux dans le rayon du plan particulier d’intervention. L’exercice de sûreté nucléaire a débuté hier vers 7 h 15 dans le simulateur du CNPE par une fuite du circuit de refroidissement primaire. Les pannes se sont enchaînées jusqu’à conduire à un début de fusion du réacteur.
La centrale a déclenché son plan d’urgence interne à 8 h et le préfet a déclenché son PPI à 11 h 30. Du poste de commandement fixe à Poitiers au poste de commandement opérationnel à Fleuré piloté par le sous-préfet de Châtellerault Philippe Curé, les pompiers, le SAMU, la gendarmerie, l’IRSN, le CEA [...] ont pris position dans l’objectif de protéger la population.
Le village de Sillars a tenté l’expérience à son niveau. Les six cents âmes disséminées dans le bourg et les hameaux ont été prévenues grâce aux moyens communaux. Avec sa liste de numéros de téléphone, le maire Yves Vergnaud était fébrile au moment de passer à l’acte : « Nous avons désigné deux personnes par hameaux, deux autres dans le bourg et cinq élus donnent un coup de main. C’est de l’alerte artisanale ! »
Le cantonnier a joué le jeu. Et il a fait vite, même à vélo. Toute la journée, le périmètre du PPI a donc été un terrain d’entraînement pour une crise nucléaire simulée.
Le préfet est satisfait, pas les anti-nucléaires
Les équipes de secours ont évacué des personnes à mobilité réduite, des mesures radiologiques ont été réalisées et on a même déplié un sas de décontamination entre Tercé et Fleuré.
Bref, on a mis les petits compteurs geigers dans les grands pour montrer que l’accident nucléaire n’est pas une catastrophe. Las, sur l’antenne de France Bleu Poitou (la radio officielle en cas de souci), le porte-parole du réseau « Sortir du nucléaire », Stéphane Lhomme, a qualifié cet exercice de « plaisanterie ». « Il ne faut pas d’accident nucléaire, tout simplement. On peut s’entraîner mais on ne réduira pas le problème. Imaginez-vous qu’un accident se produise réellement. Il est impossible de confiner les gens, ils prendront leurs voitures avec les risques d’accidents, les embouteillages Et les pastilles d’iode protégeront uniquement contre le rejet d’iode radioactif. »
En fin de journée, lors d’une conférence de presse, le préfet Bernard Prévost a tenu le discours inverse : « Globalement, tout s’est bien passé. Tous les observateurs ont noté de nets progrès depuis l’exercice il y a trois ans. Il y a eu une bonne coordination des services. C’est l’aboutissement d’un grand travail de préparation, chacun a tenu sa place même s’il y a eu des petits dysfonctionnements ou des redondances. »

Xavier BENOIT

Début de l’exercice de simulation d’un accident

nucléaire à l’usine Cogema de La Hague

LA HAGUE (20 octobre 2005) - Un exercice de simulation d’accident nucléaire a débuté jeudi à 10 heures à l’usine Cogema de La Hague (Manche). Il devrait durer toute la journée selon la préfecture de la Manche qui coordonne l’opération. Cet exercice va permettre de tester les capacités d’intervention et de réaction de l’établissement et des services de l’Etat en cas d’incident nucléaire Il va également permettre de savoir si les sirènes ont désormais atteint le niveau d’efficacité souhaité, un point négatif qui avait été décelé lors du précédent exercice en mars 2002. Au cours de l’exercice, une évacuation de blessés radioactifs vers l’hôpital Pasteur de Cherbourg et par la mer est prévue, de même qu’un confinement de 900 élèves des écoles de Beaumont-Hague ainsi que d’une partie de la population (Un crash suicide sur le site nucléaire de La Haguepourrait occasionner un drame équivalent à 67 fois Tchernobyl (Wise-Paris étude de 2001).

Ouest-France, vendredi 21 octobre 2005:

Scénario catastrophe dans La Hague

L’exercice a entraîné le confinement de 800 élèves et le transport de blessés

Accident fictif à l’usine de retraitement de La Hague, groupes scolaires de Beaumont-Hague confinés, blessés contaminés transportés à l’hôpital Pasteur : un exercice de simulation a été organisé hier matin autour de Cogéma. Jeudi matin, 9 h 30 : les trois sirènes de l’usine de retraitement de combustibles irradiés de La Hague et celles de Beaumont et d’Omonville sonnent l’alerte. Le maire de Beaumont-Hague, Michel Laurent, peut lancer la procédure de confinement des 800 enfants solarisés dans les écoles et collège. Une heure plus tôt, un exercice était déclenché à Cogéma La Hague. Un accident dans l’unité UP3 de l’usine de retraitement de combustible irradiés qui allait provoquer un dégagement radioactif dans l’atmosphère. Le scénario, « hautement improbable », explique la Cogéma, est celui d’un exercice grandeur nature. Au gré des changements des données météorologiques, le PC environnement évaluera, tout au long de la matinée, les trajectoires du nuage radioactif fictif. « Cet exercice de gestion de crise nucléaire à dominante Sécurité civile a pour objectif de tester l’ensemble des chaînes de décision », explique Laurence Pernot, responsable de la communication pour la Cogéma. Le sous-préfet est d’ailleurs sur place pour voir la mise en place de son PC mobile avancé, installé sur le parking devant la mairie de Beaumont-Hague. De Paris à Cherbourg en passant par la préfecture à Saint-Lô, de la préfecture maritime à l’Autorité de sûreté nucléaire, des cellules sont mobilisées.

Distribution de tracts

A Beaumont-Hague, sirènes d’alerte ou pas, la vie se poursuit. Deux hommes qui ont vêtu les combinaisons blanches de protection distribuent des tracts aux quelques passants. Le texte, signé de la Cellule citoyenne de contrôle et d’information (Greenpeace), annonce un scénario différent de celui de Cogéma : un avion s’est écrasé sur les piscines de l’usine. Et propose de téléphoner au centre de retraitement, à la préfecture…, numéros de téléphones à l’appui. Le tout sous l’oeil de Yannick Rousselet, de Greenpeace : « On voit bien que tout est déjà prêt. On est loin des conditions réelles. » La Cogéma recevra 153 appels d’habitants « plus ou moins paniqués ».
Dans un bar proche de la mairie, les clients terminent leur café matinal en entendant les sirènes. Derrière le bar, le patron sort la lettre estampillée Areva : « Ici, ils nous disent tout ce qu’il faut faire en cas d’alerte. » Dans l’enveloppe, un document donnant les mesures d’urgence en cas d’accident nucléaire. Une enveloppe que cette passante n’a pas vue dans sa boîte aux lettres. « Vous savez, il y a tellement de papiers qui arrivent. »

Hélitreuillage

Peu avant midi, l’exercice prend une autre tournure. Le vent a changé et le nuage fictif se dirige vers la mer. La préfecture maritime simule le lancement d’un avis d’interdiction de navigation dans un rayon de 10 km autour des cheminées de La Hague, confine le personnel du Cross-Jobourg et fait évacuer le sémaphore de La Hague. Elle envoie l’hélicoptère de la Marine nationale devant Vauville, pour hélitreuiller trois blessés contaminés, dont un grièvement.
Hier soir, l’ensemble des autorités concernées par l’exercice s’accordaient à le qualifier d’enrichissant. « Les exercices réunissaient des conditions difficiles, puisque le système a été poussé au bout de ses limites, soulignait le représentant de l’Autorité de sûreté nucléaire. Et nous estimons que le système a réagi de manière satisfaisante. »

Exercice grandeur nature autour d’un accident

nucléaire à Golfech

(Simulation bidon d’accident à Golfech)

 3/03/2005 - Un exercice grandeur nature autour de la simulation d’un accident nucléaire à la centrale de Golfech a mobilisé toute la journée de jeudi personnels, équipes de secours et forces de l’ordre, ainsi que la population de 11 communes voisines, invitée à se mettre à l’abri.

L’opération avait démarré peu avant 07H00 par le déclenchement d’un plan d’urgence interne (PUI) dans la centrale, à la suite d’une fuite de vapeur causant dans un premier temps une quinzaine de blessés – dont 3 graves. Face à un accident s’aggravant progressivement, selon le scénario dont les participants à l’exercice ont découvert le contenu au fur et à mesure, il a fallu mobiliser les équipes des 3 SAMU de la région, qui ont participé au traitement des faux blessés et irradiés et à des évacuations sanitaires par hélicoptère et ambulance.
Pour vérifier le bon fonctionnement du plan particulier d’intervention (PPI) dont la préfecture du Tarn-en-Garonne assure la direction, les autorités ont ordonné la mise à l’abri de la population du voisinage: 3 villages du département – dont Golfech – situés dans un rayon de 2 km autour de la centrale, et 8 autres du Lot-et-Garonne, situés sous le vent. Les habitants devaient se mettre à l’abri dans un lieu clos, sur place au moment de l’alerte, ne pas rester dans les véhicules, ne pas aller chercher les enfants qui devaient rester sous la surveillance des enseignants. Ils devaient aussi s’assurer d’avoir en leur possession des comprimés d’iode 
distribués par les mairies (Les pastilles d’iode ne protègent que de l’iode radioactif, un nuage comme celui de Tchernobyl comprend de nombreux autres éléments radioactifs contre lesquels il n’existe pas de pastille, il vaut mieux avoir une pastille d’iode que ne pas en avoir, mais c’est une « protection » tout à fait illusoire en cas d’accident nucléaire). La gendarmerie a de son côté mis en place des barrages routiers interdisant l’accès à la zone autour de la centrale.
Ce type d’exercice est effectué tous les 3 ans dans chacune des 19 centrales nucléaires françaises. Pour la première fois à Golfech, les personnels réagissaient au scénario dans un « simulateur pleine échelle » construit il y a deux ans, où a été recréé exactement à l’identique la salle de commandement de la centrale et qui sert habituellement à la formation. Le réseau « Sortir du Nucléaire » a dénoncé dans un communiqué « l’hypocrisie des pouvoirs publics et des entreprises du nucléaire » estimant qu’il s’agissait d’ »exercices dérisoires, inefficaces, organisés pour abuser les citoyens en leur faisant croire qu’il est possible de limiter les conséquences d’une catastrophe nucléaire ». Le Réseau estime notamment que « le périmètre de 10 km concerné par les exercices officiels est ridicule ». Il évoque la catastrophe de Tchernobyl (avril 1986) et demande « comment et où évacuer des millions d’habitants en cas d’accident nucléaire en France? ».

 La Dépèche du Midi, 06/02/2005 :

Golfech: fausse alerte nucléaire, vrai exercice

Tarn-et-Garonne

SÉCURITÉ. LE 3 MARS, UN SCÉNARIO CATASTROPHE PERMETTRA DE TESTER LES CAPACITÉS DE RÉACTION DES SERVICES DE L’ETAT ET DE LA POPULATION.

Rupture des trois barrières de protection, défaillances sévères de tous les systèmes de sûreté, fission du coeur du réacteur et, probablement, rejet dans la nature d’un nuage radioactif… Le scénario, élaboré par Serge Autuori, d’EDF-Organisation nationale de crise, est du genre cauchemardesque (mais très possible, lire: Les circuits de secours ne fonctionneraient pas en cas de rupture du circuit primaire). « Cela revient à casser le moteur et crever les pneus d’une voiture dont le conducteur a un problème. Les risques de connaître un tel accident à Golfech sont infimes», assure-t-il (mais c’est faux, les autorités se préparent à l’accident). Rien de mieux donc pour rythmer l’exercice nucléaire qui se déroulera le 3 mars, durant huit heures, sur le site de la centrale nucléaire de Golfech et aux alentours. Les détails du faux incident restent, pour l’instant, totalement secrets. «Nous ne les connaîtrons que le jour même. On nous imposera des conditions météos fictives, un déroulement de l’accident, nous devrons nous adapter», explique Anne-Marie Charvet, préfète de Tarn-et-Garonne, qui, pour l’occasion, enfilera sa tenue de directrice des opérations de secours. EDF et tous les services de l’État, de l’Inspection d’académie à la gendarmerie, se lanceront dans cette vaste simulation. Mais la population située dans un rayon de 10 km autour de la centrale dans le Tarn-et-Garonne, le Gers et le Lot-et-Garonne, aura aussi son propre rôle à jouer sous la houlette des maires. Pendant que les agents EDF géreront la crise dans leur simulateur, tous les systèmes d’alertes élaborés dans le cadre du plan particulier d’intervention (PPI) seront mis en oeuvre. Coups de fils aux plus hautes instances nationales et locales, mise en place de poste d’un commandement fixe à la préfecture, habitants prévenus par des sirènes, des messages radios… « Il faut que la population joue le jeu sans quoi il ne sera pas possible d’évaluer nos capacités à réagir», insiste Anne-Marie Charvet. En fonction de la météo fictive, les habitants de certaines communes devront se mettre à l’abri. Des routes seront interdites à la circulation par les services de la gendarmerie et de la DDE, des déviations seront mises en places. «Différentes hypothèses ont été étudiées sur un rayon de 10 km. Elles pourront être utiles dans d’autres situations comme des accidents de la routes graves, des inondations », indique Anne-Marie Charvet.

Inutile donc de simuler un vent de panique et d’embouteiller un peu plus les axes. Seuls les services de secours pourront emprunter ces routes pour transporter, à l’hôpital, les blessés. Fictifs, eux aussi.

Fabrice VIRONNEAU

La population mise à contribution

Se mettre à l’abri, être évacué et pourquoi pas prendre ses pastilles d’iodes Le 3 mars la population des communes situées dans un rayon de 10 km de la centrale, dans le Tarn-et-Garonne, le Gers et le Lot-et-Garonne, sera mise à contribution lors de l’exercice. « Ils doivent jouer le jeu avec nous et respecter toutes les consignes qui seront données », martèle avec insistance Anne-Marie Charvet, la préfète. Les chefs d’établissements scolaires ont déjà été sensibilisés à la question lors d’une réunion d’information. « La journée des élèves se déroulera comme à l’accoutumée.
S’il est prévu qu’ils se rendent à la piscine ils iront. Ensuite, ils suivront les consignes d’évacuation avec les enseignants », promet un représentant de l’inspection d’académie. Jusqu’au 12 février, les réunions de sensibilisations permettront aux élèves scolarisés dans des établissements situés entre 2 et 5 km de la centrale, de comprendre les rouages de cet exercice nucléaire. Leurs parents seront eux conviés à des réunions qui se dérouleront le 15 février à 20 h 30 à la salle des fêtes de Donzac et le 16 février à 20 h 30 à la salle des fêtes de Grayssas.
Anne-Marie Charvet reconnaît : « On ne peut rien prévoir en matière de risques. Mais notre rôle est de faire en sorte que la population y soit le mieux préparée ». Cet exercice doit contribuer à cet apprentissage.

 Scénario de crise à la centrale nucléaire du

Blayais

 BRAUD-ET-SAINT-LOUIS (Gironde) (9 décembre 2004) - Une sonnette retentit, des voyants rouges s’allument: l’exercice de simulation d’un incident nucléaire a commencé jeudi à 6H36 dans la salle de commandes du centre de simulation de la centrale nucléaire du Blayais. Des fiches de consignes à la main, deux opérateurs et un superviseur se penchent aussitôt « avec calme et sérénité » sur le pupitre de commandes où des voyants rouges, jaunes, blancs et verts clignotent comme une guirlande de Noël. L’unité de production de la centrale, située à Braud-et-Saint-Louis, vient de s’arrêter après une chute de pression du circuit primaire du réacteur N.5, l’aspersion de l’enceinte n’a pas fonctionné: un scénario « improbable », selon Michel Maschi, directeur de la centrale. « Le directeur de crise » à la centrale alerte aussitôt la préfecture, la sous-préfecture, les maires des communes alentours, la gendarmerie. Une cellule de veille est mise en place à la préfecture de la Gironde. (Allez pour rire… il s’agit d’une perte du refroidissement et d’une panne du circuit de secours, la fusion du coeur n’est donc pas loin, et une cellule de veille est mise en place à la préfecture, c’est vraiment « moins que le minimum » à faire en tel cas !)

A 9H10, le plan particulier d’intervention (PPI) est déclenché par le préfet (voir témoignage du sapeur pompier professionnel plus bas). Dans une petite salle de la préfecture à Bordeaux, une quarantaine de personnes (gendarmes, pompiers, autorités sanitaires, météorologues…) sont mobilisés. Une heure plus tard, les onze personnes vivant dans les 2 km autour de la centrale sont invités à sortir de la zone et des comprimés d’iode leurs sont distribués. Sur le terrain, 58 sapeurs-pompiers et 76 gendarmes se déploient. Vers 14H00, des pompiers venus de Blaye prennent position à l’entrée du village. Ils mesurent avec des appareils au nom barbare la présence éventuelle d’un radio élément. « Nous avons reçus une formation pour faire ce genre d’intervention », explique le lieutenant Thomas Mimiague, de la caserne de Blaye tout en notant scupuleusement, dans un froid glacial, les valeurs énoncées par ses collègues. Dans un périmètre de 10 km autour de la centrale, des barrages filtrants sont installés par la gendarmerie. Dans le cadre de l’exercice, ils se contentent de distribuer une note d’information aux automobilistes. « En cas de vraie crise, notre rôle serait d’empêcher les gens de rentrer dans la zone contaminée et de comptabiliser ceux qui en sortent », indique le capitaine François Bortoli, de la compagnie de gendarmerie de Blaye. Pendant ce temps, de l’autre côté de la Gironde, les élèves du collège de Pauillac et de l’école primaire de Saint-Esthèphe ont été mis à l’abri. 16h00: fin de l’exercice. « Tout s’est déroulé dans de très bonnes conditions », dit la préfecture.

 Le Midi Libre, 6/10/2004 : 

Crise fictive à Marcoule, la population mise à

l’épreuve

 Le 21 octobre, à 9 h 30. Seules la date et l’heure sont connues. Pour la gravité de l’accident, le secret est évidemment très bien gardé jusqu’au jour J. Tout comme le scénario ficelé pour faire face au premier exercice fictif de crise nucléaire de type sécurité civile programmé dans quinze jours et concernant l’installation Phénix.

Et dont les modalités ont été exposées, avant-hier, aux habitants de Chusclan qui, c’est une première, seront réellement amenés à participer. A l’image aussi des riverains de Codolet (1). C’est d’ailleurs devant un parterre de Chusclannais (140 personnes) que les « autorités » (2) ont présenté au centre socioculturel le but de la manoeuvre. Des villageois élèves tout ouïe et désireux de s’impliquer.

On le disait, la grande nouveauté de cet exercice sera d’associer à la fois les populations de Chusclan et de Codolet. « Les faire jouer afin de voir comment ils vont pouvoir réagir notamment face à un tel exercice », précise Christophe Perrin, adjoint au responsable de la sécurité civile de la préfecture du Gard, « et aussi dans un souci d’avoir les bons réflexes. »

Une phase dite « réflexe », testée en grandeur nature le jeudi 21 octobre, découlant de la révision du nouveauPPI (le Plan particulier d’intervention). Revu et corrigé en 2002 (3), il tire les enseignements des dernières mises à l’épreuve réalisées (« Atalante » en janvier 2001). « Cette journée sera donc aussi la première mise en application concrète du PPI révisé », relève Christophe Perrin.

Objectif, donc : tester cette fameuse phase réflexe destinée « à faire face à un accident pouvant conduire à des rejets de matières nucléaires en dehors du site dans un temps très court (moins de six heures) » et les actions prévues. Et on l’aura bien compris : elle concerne deux communes, Chusclan et Codolet (soit 1 500 habitants), toutes deux intégrées dans un rayon de 2,750 km autour du site nucléaire de Marcoule.

Le déroulement de la mise en scène du 21 octobre. Top départ donné à 8 h. Jusqu’à 17 h, les nerfs vont être soumis à rude épreuve. 9 h 30, lancement de la phase réflexe. Et dès lors entrée en jeu des riverains de Chusclan et Codolet.

Comment vont-ils être avertis ? Les sirènes retentiront sur les deux villages. Il s’agit d’un son modulé de trois fois une minute. Que devront-ils faire ? Après le déclenchement de ces sirènes, il est donc demandé aux riverains de se mettre à l’abri durant une heure (jusqu’à 10 h 30) dans un endroit fermé. Puis, il faudra penser à s’informer en écoutant la radio (France Bleu Gard Lozère). Régulièrement, des messages d’informations du préfet y seront diffusés. Là aussi cela sera un premier test. .

Au même moment, les forces de l’ordre boucleront la zone et la DDE déviera le trafic pour « éviter toute intrusion dans cette zone et un afflux routier », explique de nouveau Christophe Perrin. La nationale 580 sera ouverte à la circulation contrairement aux routes menant aux deux villages (D 765, 765 A, 865 et 138).

Soit un total de dix points de bouclage (un seul dans le Vaucluse et neuf dans le Gard). De son côté, la population sera mise à l’épreuve durant une heure. Même son de cloche pour la circulation. L’autre clé de voûte de cette opération sera l’expérimentation des PPMS (Plans particuliers de mise en sûreté) qui s’appliquent aux scolaires. « Afin d’en évaluer l’efficacité, ne pas venir chercher les enfants puisque dans chaque école des observateurs seront présents », confie Marcel Lotito, l’inspecteur de l’Education nationale à Bagnols.

De même, l’effervescence sera de mise pour la cellule mesure. Les sapeurs-pompiers ainsi que les cellules mobiles d’intervention radiologiques du Vaucluse et de la Drôme travailleront main dans la main afin d’effectuer sur l’environnement des tests.

Le compte à rebours est déjà amorcé pour l’exercice dont les retombées réelles permettront de vérifier l’ensemble du dispositif en cas de crise… et de l’améliorer.

Simulation d’un accident nucléaire majeur jeudi

à Gravelines

DUNKERQUE (5 mai 2004) - Un exercice de simulation d’un accident nucléaire majeur, doit avoir lieu jeudi à la centrale nucléaire de Gravelines, près de Dunkerque (Nord), afin de tester les procédure de gestion de crise et d’alerte, de protection et d’information de la population.

Selon la préfecture du Nord, cet accident nucléaire fictif sera mis en scène dans un rayon de deux à cinq kilomètres autour la centrale EDF de Gravelines (voir: Tchernobyl-sur-Seine), le site nucléaire le plus important en Europe.

La population de quatre communes du Nord, dont Gravelines, sera alertée mais ne participera pas directement à l’exercice. Seuls plusieurs centaines d’enfants d’établissements scolaires du secteur devront respecter en temps réel les consignes de confinement une fois que l’alerte aura été donnée.

Les autres habitants n’auront pas à vivre une situation de catastrophe nucléaire, ni à suivre de mesures de protection physique ou sanitaire comme la prise d’iode. Mais c’est une bonne révision de la conduite à tenir en cas de crise nucléaire.

« Cet exercice est surtout un test de dimension nationale pour l’ensemble des opérateurs chargés de la gestion de la crise nucléaire », précise Jean-Jacques Fiems, secrétaire général de la sous-préfecture de Dunkerque (Nord).

Sur les quelque 26.500 habitants de la zone concernée, 8.000 seront avertis par un message d’EDF transmis par téléphone filaire. Une centaine de foyers feront l’objet d’une opération d’alerte test, tandis que les autres seront prévenus par sirène, messages diffusés par haut-parleur, radio et rondes des sapeurs-pompiers dans les rues.

En revanche, les élèves d’une cinquantaine d’établissements scolaires joueront en temps réel les modalités du plan de mise en sûreté déclenché en cas d’accident nucléaire.

« Pour la première fois, nous allons tester le nouveau plan de secours communal », se satisfait Jean Séname, président de l’Adelfa, une fédération d’associations de protection de l’environnement. « Je suis curieux de constater comment les choses vont se passer. Lors d’un exercice en 2001, nous avions relevé de grosses lacunes en matière de communication et d’information », souligne-t-il.

Pendant la durée de l’exercice, des observateurs doivent évaluer le bon déroulement et le respect des procédures. La préfecture maritime de Cherbourg (Manche) est chargée d’étudier les conséquences d’une crise nucléaire pour le trafic maritime. Des délégations belges, britanniques et brésiliennes sont associées à l’exercice.

Le quotidien du médecin, 13/05/03:

Risque d’attentats nucléaires : un plan national

de secours bientôt publié

 Le Secrétariat général du gouvernement (SGDG) vient de valider une circulaire sur les moyens de secours et de soins face à une action terroriste nucléaire, à paraître prochainement au « Journal officiel ». La France se dote ainsi d’un schéma d’organisation qui n’aurait pas d’équivalent dans le monde et que « le Quotidien » s’est procuré. A la clef, une formation de base qui sera bientôt mise en place ; un premier test a eu lieu à Paris, sous la houlette du SAMU. Un travail de fond destiné à tous les professionnels de santé et qui demandera des années pour « assurer la ligne de flottaison ».

La formation de base des médecins à la prise en charge des victimes radiocontaminées a déjà fait l’objet d’un test (DR)
S’agissant des risques NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique), le N et le R sont les lettres les moins bien loties : la culture du secret défense a occulté celle du risque, de sa prévention et de son traitement. Une longue histoire que certains experts, dénonçant d’importantes lacunes, voudraient réécrire (« le Quotidien » du 3 avril).

« C’est vrai, convient le Pr Pierre Carli, directeur du SAMU de Paris, alors qu’on a beaucoup gambergé ces dernières années sur le risque chimique après l’attentat au sarin (Tokyo, 1995) et sur le risque biologique (alertes au charbon en cascade en 2002 à Paris, élaboration du plan variole), face au nucléaire, on est parti médicalement de pas grand-chose. »
Le seul risque pris publiquement en considération concernait celui d’un accident survenant dans une centrale nucléaire. Mais les attentats du 11 septembre ont fait prendre conscience aux autorités du spectre d’une action terroriste, par explosion, épandage ou dissémination de sources radiologiques.
D’où la « circulaire relative à la doctrine nationale des moyens de secours et de soins face à une action terroriste mettant en Suvre des moyens nucléaires ». Un texte réglementaire élaboré sous l’égide du SGDG, avec la direction générale de la Sûreté nucléaire et de la Radioprotection, le haut fonctionnaire de défense au ministère de la Santé, la direction de l’Hospitalisation, le Service de santé des armées, les SAMU, ainsi que le Service de protection radiologique des armées (SPRA).
Sa parution est imminente.
S’y retrouveront les principaux éléments d’un autre texte (circulaire du 2 mai 2002 consacrée à l’organisation des soins médicaux en cas d’accident nucléaire ou radiologique), augmentés d’éléments sur la collaboration entre les SAMU, les sapeurs-pompiers, les services de police.
Le document fait le point en une trentaine de pages sur les procédures spécifiques, détaillant un plan national élaboré en complément du plan gouvernemental Piratome et décliné sur le plan zonal (selon les sept zones de défense, avec chacune un établissement de santé de référence et des services de santé correspondants, nucléaires, radiothérapiques et radiologiques), sur le plan départemental (rôle dévolu à chaque établissement dans une optique de complémentarité, avec la désignation d’établissements ciblés en mesure de traiter un grand nombre de victimes) et sur le plan local (chaque établissement élabore son propre plan blanc).

Trois catégories de victimes

La circulaire rappelle que « la prise en charge des victimes doit se faire conformément à la doctrine habituelle de médecine de catastrophe » : organisation d’une noria entre le site de l’accident et le poste médical avancé (PMA) effectuée par des personnels munis de matériel de radioprotection, mise en place d’un PMA en dehors de la zone d’exclusion, évacuation des victimes vers les établissements de soins appropriés, avec constitution, si nécessaire, d’un centre médical d’évacuation.
Quant à la prise en charge des victimes, elle découle de leur catégorisation : groupe 1 pour les personnes atteintes de lésions conventionnelles (brûlés thermiques, chimiques, traumatisés, blessés…), associées ou non à une contamination ou à une irradiation ; groupe 2 pour les victimes non blessées mais avec suspicion d’irradiation ou de contamination en raison de leur présence ou de leur activité à proximité de l’événement. Et groupe 3 pour les populations établies au voisinage du site de l’accident.
Depuis mars 2002, un guide national d’intervention nucléaire ou radiologique, élaboré par une vingtaine d’experts (SAMU, DGSNR, CEZA, SPRA, DHOS, DGS), propose un ensemble de fiches pratiques pour favoriser la réactivité des acteurs de santé face à « un événement calamiteux mettant en jeu des substances radioactives ». Y figurent quelques généralités (« Soigner un irradié externe n’entraîne aucun risque pour le personnel soignant » ou : « En cas de lésions chirurgicales associées, l’urgence conventionnelle prime »), des directives pour une bonne démarche diagnostique, les règles de protection des sauveteurs (masque respiratoire avec port d’une tenue antipoussière, deux paires de gants en latex pour les aérosols, port d’une combinaison spéciale, étanche et pressurisée, pour les radioéléments diffusibles par voie transcutanée, port d’un dosimètre à lecture directe en cas de risque d’irradiation associée. Et, bien entendu, conduite à tenir pour la prise en charge des urgences, absolues et relatives, avec les techniques de décontamination externe, le déshabillage et le lavage devant obéir à des règles strictes. Le traitement initial des radiocontaminations internes est également détaillé pour les composés les plus importants (américium, césium, cobalt, iode, plutonium, tritium et uranium).

Une formation d’une journée

Un module de formation d’une journée, intégré dans la formation générale NRBC, a déjà été testé par le SAMU de Paris en association avec le SPRA et la DGSNR, avec une trentaine de médecins franciliens participants. « Nous leur avons dispensé des notions théoriques de biophysique et des conduites à tenir très concrètes, avec la projection de 250 diapositives », explique l’un des maîtres d’oeuvre de l’enseignement, le Pr Carli. Des observateurs venus d’autres régions, urgentistes et médecins de catastrophe, étaient présents pour étudier les formations qui vont être mises en place au sein des zones de défense, sur une durée allant de deux heures (formation de base systématique) à quatre jours, selon le degré d’implication de l’établissement.
« Nous devons maintenant faire progresser ces formations, explique au « Quotidien » le Pr Michel Bourguignon, directeur général adjoint de la DGSNR, pour asssurer une ligne de flottaison nationale ; le meilleur contre-feu contre le terrorisme nucléaire, qui a vocation à créer la panique jusqu’au sein du système de santé, c’est de former les professionnels à une juste perception du risque radionucléaire. Comparé au risque chimique, celui-ci est assurément plus faible. A condition que les professionnels de santé soient armés pour lutter contre la psychose qu’il génère. »
Un travail de fond vient donc de commencer. La montée en puissance contre les risques liés à un attentat nucléaire prendra des années.

Christian DELAHAYE

Un exercice de simulation d’incident nucléaire

dans l’Essonne

 25/0303 - Un exercice de simulation d’incident nucléaire a eu lieu mardi sur le plateau de Saclay (Essonne), sous la responsabilité de la préfecture d’Evry et du Commissariat à l’énergie atomique, a indiqué le directeur de cabinet du préfet.

Le scénario de l’exercice consistait en un incendie dans une société pharmaceutique privée produisant des radios à usage médical pour le dépistage du cancer, et implantée au sein du CEA, a précisé Pascal Crapelet. L’alerte a été donnée par le CEA à la préfecture à 09h35 et le plan d’urgence déclenché à 09h54.
Selon la même source, cet exercice a permis d’identifier quelques améliorations à apporter au dispositif, concernant « la coordination entre les différents services » et « la communication envers la population ».
La sirène a retenti dès le plan déclenché, et les habitants de Saclay, Villiers-le-Bâcle et Saint-Aubin ont été invités à rester à leur domicile, avec la consigne d’écouter France Inter pour recevoir les informations complémentaires.
La mobilisation du pôle opérationnel d’urgence a été jugée satisfaisante par la préfecture. Les exercices de simulation nucléaire ont lieu tous les trois ans.

 

La dépêche du midi, 16/12/02:

Gers – centrale nucléaire: les élus tirent les

conséquences de l’exercice de sécurité civile et la

sonnette d’alarme

Golfech : Pierre et le loup version moderne

Tout le monde a en mémoire la fameuse fable de « Pierre et le loup ». Pierre, gardien de troupeaux, s’évertuait à alerter une venue « fictive » du loup auprès de ses amis bergers, lesquels à force de se faire berner ne l’écoutaient plus. Jusqu’au jour où le loup est réellement venu et personne n’a su que faire face à la bête. Et bien c’est un peu pour prendre garde de cette historiette, et surtout pour ne pas jouer un remake de celle-ci, que les élus de la zone du PPI (plan particulier d’intervention lié à un incident sur la centrale de Golfech) sont intervenus jeudi soir auprès de Bruno Roussel, sous-préfet de Castelsarrasin, en charge de la réunion de retour d’expérience de l’exercice national dit « de sécurité civile » du 14 novembre dernier. A commencer par Alexis Calafat, maire de Golfech et président de la Cli (commission locale d’information), lequel dès l’entame du débat suivant les exposés des experts de l’Etat et d’Edf a tenu le propos suivant à l’adresse du représentant de l’Etat: « Mon impression générale sur cet exercice est très claire. Il semblerait que les élus locaux et la population aient été laissés de côté durant cet exercice au détriment de collectivités et d’administrés qui étaient prêts à jouer le jeu. Il aurait fallu faire cela plus sérieusement ». Et le président de la Cli d’énumérer les dysfonctionnements: « Les sirènes d’alerte que peu de personnes entendent (point sur lequel tout le monde semblait d’accord, l’Etat y compris). Le manque de communication, pendant plus d’une heure je n’ai pas été averti par téléphone ou fax de l’incident, aussi fictif soit-il. Le manque d’information sur le degré de gravité sur le risque potentiel encouru, et enfin pour abréger l’éternelle question des scolaires, question épineuse à traiter ».

Caricature ou exercice ?

Des dysfonctionnements corroborés par d’autres élus tel l’intervention de Gilbert Abarnou, maire de Bardigues, sur « l’arrivée impromptu de 50 pompiers sur ma commune, pompiers en manque d’information » ou encore de Jean Balat, maire de Goudourville, sur « un fax reçu de la préfecture où il manquait deux numéros ». Et pour conclure ce mécontentement la remarque cuisante du maire de St-Sixte (Lot-et-Garonne), commune concernée par le PPI: « En fait cet exercice était un peu caricatural ». Face à cet assaut de questions restant pour l’instant sans réponses apparentes, Bruno Roussel, rappelait, comme il l’avait fait depuis le PCO (poste de commandement opérationnel) le jour même de l’exercice: « Il s’agissait d’un test du plan particulier d’intervention, il s’agira de prendre en compte ces remarques et d’essayer d’améliorer encore celui-ci ». Heureusement, quelques minutes plus tôt, Philippe Sasseigne, directeur de la centrale de Golfech, avait tiré un bilan plus « satisfaisant du plan d’urgence interne et de la réponse donnée à l’incident fictif, avec une bonne maîtrise technique face à l’évènement, relevant seulement, une communication externe et surtout une interface centrale-préfecture-autorité de sûreté plus perfectible, même si des points ont été améliorés ». Malgré ce point positif, ce dernier constat sera-t-il suffisant aux yeux d’élus qui semblent bien circonspects sur la gestion globale de l’exercice? Affaire à suivre, il en va de la sérénité des populations locales.

Baptiste GAY

Simulation d’accident nucléaire à CADARACHE 

pompe CONTAMINATION

Des sapeurs pompiers mesurent, le 05 décembre 2002 à Saint-Paul-les-Durance, le taux de radioactivité dans un périmètre de sécurité, lors d’un exercice de simulation d’accident nucléaire au centre de recherche du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Cadarache. L’exercice de simulation vise à tester en grandeur nature un nouveau plan particulier d’intervention (PPI) pour mieux garantir la sécurité des riverains autour du site en cas d’accident majeur.

 SAINT-PAUL-LES-DURANCE (Bouches-du-Rhône), 5 déc 02 -  »Là, il y a au moins 20 km d’embouteillages », assure un gendarme posté à l’un des barrages installés jeudi pour la simulation d’un accident nucléaire à Cadarache (Bouches-du-Rhône). « Aïe, Aïe, Aïe!!! », lâche, hilare, le général russe Berchyk Venedikt, directeur du centre de crise du ministère de l’énergie atomique russe, venu avec trois de ses conseillers assister à l’exercice autour de Saint-Paul-lès-Durance.

« Chez eux, ils n’ont pas encore bloqué les autoroutes lors d’exercices de simulation d’incident nucléaire. Ils sont plutôt impressionnés », assure, sourire en coin, l’un des conseillers scientifiques du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Cadarache, qui accompagne la délégation russe pour une visite studieuse, mais détendue.

L’exercice a été déclenché à 08h36 avec l’ouverture d’une enveloppe annonçant « une suspicion de fusion partielle du coeur du réacteur Masurca » au centre de Cadarache, ayant fait une victime. L’alerte est parvenue à l’AFP plus de 2h30 après.

Ce scénario imaginé par des experts, sous la houlette de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le « gendarme du nucléaire » français, visait à tester en grandeur nature un nouveau Plan particulier d’intervention (PPI) pour mieux garantir la sécurité des riverains dans « une zone d’alerte » de 5 km autour du site en cas d’accident majeur, selon la préfecture des Bouches-du-Rhône.

« très sérieux »

« Vous avez mis en place des déviations? Que faites-vous si l’un des chauffeurs ne respecte pas l’interdiction de passer? », transmet l’interprète au colonel de gendarmerie. « On les immobilise et on les place en garde à vue, mais les routiers en France sont assez disciplinés, ils se prêtent au jeu », répond le militaire.

« En Russie aussi, les routiers sont disciplinés, mais ils crient plus fort! », abat d’une voix grave, sans sourciller, le général, déclenchant l’hilarité générale.

Quelques mètres plus loin, les chauffeurs routiers sont pourtant loin d’être aussi maléables que prévu. « Ils nous font vraiment chier! Ils disent qu’il y avait une déviation, mais je n’ai rien vu et ça fait maintenent deux heures que je suis bloqué! », s’énerve l’un d’eux. Le barrage sera levé quelques minutes plus tard.

Ce type d’exercice est organisé tous les deux ans. Cette fois, aucune distribution d’iode n’a eu lieu. Aucun moyen de décontamination n’a été mobilisé. Des personnels de la sécurité civile et de la gendarmerie ont participé à cet exercice.

Dans un communiqué, le réseau « Sortir du nucléaire » dénonce l’hypocrisie des pouvoirs publics concernant les simulations d’accidents nucléaires. « Il est clair que rien ne se passera comme prévu en cas de véritable catastrophe », souligne-t-il, en ajoutant qu’une « catastrophe nucléaire, c’est une région contaminée et évacuée pour des siècles, des milliers de personnes gravement irradiées, des malformations génétiques pour les générations futures ».

« Les simulations d’accidents nucléaires, de même que les distributions de pastilles d’iode, sont destinées à faire accepter à la population l’éventualité pourtant intolérable d’une catastrophe nucléaire », précise « Sortir du nucléaire ».

Invitée dans le cadre d’un partenariat entre le Commissariat à l’Energie atomique et le ministère de l’énergie atomique russe, la délégation traverse incognito les points névralgiques du dispositif. Barrages, PC de crise installé à Jouques, à une dizaine de kilomètres du CEA de Cadarache… Rien ne manque.

Ils ne prennent pas de notes. Le quatuor observe, scrute. Entre les réponses, l’un des Russes s’écarte et prend quelques photos du général en train de serrer les mains.

Les enseignements tirés? « C’est une organisation très sérieuse, c’est bien fait », concède laconiquement le général, qui n’en dira guère plus.

Cadarache, exercice simulant un accident

nucléaire

 SAINT-PAUL-LEZ-DURANCE (Bouches-du-Rhône), 4 déc 02 - C’est par l’ouverture d’une enveloppe, déposée au centre de recherche du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Cadarache, que débutera jeudi un exercice grandeur nature de simulation d’un accident nucléaire.

Cette enveloppe contient le scénario, tenu secret, d’une catastrophe imaginé par des experts, sous la houlette de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le « gendarme du nucléaire » français. Il vise à tester en grandeur nature un nouveau Plan particulier d’intervention (PPI) sensé mieux garantir la sécurité des riverains dans « une zone d’alerte » de 5 km autour du site en cas d’accident majeur, a indiqué la préfecture des Bouches-du-Rhône. Le précédent PPI datait de 1993.

Dès l’accident connu, le centre de Cadarache alertera la préfecture du département où une cellule de crise sera mise en place sous l’autorité du préfet.

Parallèlement, un PC opérationnel sera installé dans une des communes limitrophes sous la responsabilité du sous-préfet d’Aix-en-Provence. Un troisième PC de sécurité sera activé au centre même de Cadarache où travaillent 4.300 personnes dans 480 bâtiments sur une zone clôturée de 900 ha.

Nuage radioactif

Aussitôt, les sirènes retentiront à Cadarache et dans les sept communes voisines concernées par l’opération, où vivent environ 14.000 personnes, réparties sur quatre départements.

Ces derniers jours, des réunions publiques ont été organisées par les maires pour sensibiliser la population à l’exercice. Des fiches de recommandation ont été distribuées. Elles demandent notamment de se mettre à l’abri dans un lieu clos pour se protéger du nuage chimique ou radioactif et de se brancher sur une radio.

Quinze radios locales, parmi lesquelles France Bleu Provence, ont accepté de participer à l’opération en diffusant des consignes et des messages sur l’évolution de la situation. Dans le réalité, le préfet pourra par exemple demander aux habitants d’absorber des capsules d’iode qui leur ont été remises il y a quelques mois, explique la préfecture.

Autour de la zone d’alerte, une quinzaine de barrages seront installés, notamment sur l’A51, la RN96 et la RD 952, pour protéger le périmètre et faciliter l’acheminement des secours. Des tracts expliquant la simulation seront distribués aux automobilistes qui ne pourront pas pénétrer dans la zone durant l’exercice.

Le dispositif doit permettre de tester la chaîne de commandement au niveau des services de l’Etat (DDE, DRIRE) de la protection civile, des pompiers, des services d’urgence, de la police et de la gendarmerie, a précisé la préfecture.

La Dépêche du Midi, 14/11/02:


Crise virtuelle simulée aujourd’hui à la centrale

de Golfech

Sud Ouest, 14/11/02:

La simulation d’accident organisée aujourd’hui

ne servirait à rien selon eux.

Une farce selon les opposants

« Nous avons participé à deux exercice de simulation d’accident à la centrale nucléaire de Golfech, et pour nous, c’est une farce ! ». André Crouzet, de l’association « Stop Golfech », ne mâche pas ses mots, et il ignorera superbement ce nouvel exercice initié aujourd’hui par EDF.
« Ca n’a rien à voir avec ce que peut être la réalité d’un véritable accident nucléaire qui lui est absolument ingérable, contrairement à ce que veulent faire croire les partisans du nucléaire » confirme sa collègue Monique Guittenit. « Ils veulent suggérer à la population que l’on peut se permettre un accident nucléaire alors qu’on nous fige dans une insécurité permanente. Mais comment a-t-on pu mettre les gens devant un risque pareil ».
« On n’évacue pas une région en dix heures, ce n’est pas possible renchérit Marc Saint Aroman de l’association « Les Amis de la Terre ». « Croyez vous que les parents laisseront les instituteurs veiller sur leurs en enfant en cas d’accident, pendant qu’eux ils évacueraient ? Et nous ne sommes pas en Russie où les gens montent dans les bus sans discuter si on le leur demande.
D’autre part on se contente d’une mise à l’abri sans confinement » ajoute Monique Guittenit.

Pastilles d’iode. « Les places sont dérisoires pour accueillir les irradiés à l’hôpital d’Agen. On parle distribuer des pastilles d’iode dans un périmètre de deux kilomètres autour de la centrale, mais l’Organisation Mondiale de la Santé préconise un périmètre de cinq cents kilomètres ! »

« Stop Golfech » dénonce également « des incidents en hausse sur le parc nucléaire français, dont 23 en 2001 à Golfech. Il y a dégradation des conditions de travail et de sérieux doutes en matière de sûreté. Et nous n’avons toujours pas la balise que nous demandons afin de juger de la radioactivité de la Garonne… »
Et l’association demande une réflexion sur la reconversion de la filière nucléaire. Par contre, elle sera présente lors débriefing de l’opération qui aura lieu en décembre.

Exercice de sécurité jeudi à la centrale nucléaire de Golfech

MONTAUBAN, 12 nov 02 - La centrale nucléaire de Golfech (Tarn-et-Garonne) sera le théâtre jeudi d’un important exercice de simulation d’un accident destiné à tester aussi bien les procédures d’alerte internes de la centrale que les plans de protection des populations riveraines, a-t-on appris mardi auprès de la préfecture du Tarn-et-Garonne.

Cette simulation, dont le scénario technique ne sera pas dévoilé aux participants à l’exercice, conduira dans un premier temps EDF à déclencher le plan d’urgence interne (PUI) de la centrale de Golfech et permettra ainsi d’évaluer la capacité de ses agents à maîtriser une situation d’urgence.

Dans un second temps, le préfet du Tarn-et-Garonne lancera le plan particulier d’intervention (PPI), qui se manifestera notamment par la « mise à l’abri » des populations dans un rayon de 2 kilomètres autour de la centrale. Des moyens de mesure de la radioactivité et de décontamination seront également déployés pendant l’exercice.

Cet exercice dit « national » intervient deux semaines après la publication, par le réseau « Sortir du nucléaire », de comptes-rendus d’anomalies relevées par l’Autorité de sûreté nuclaire (ASN) sur les systèmes de sécurité de onze centrales nucléaires françaises, qui jettent un doute sur leur efficacité en cas de fort séisme.

Mises en service à partir de 1991, les deux tranches de la centrale nucléaire de Golfech développent chacune une puissance de 1.300 mégawatts.

Françoise Harrois-Monin, octobre 1986.

L’électronucléarisation de la France et l’alibi de

la crise pétrolière 

La nucléarisation massive de la France s’est décidée en 1974 avec le Rapport d’Ornano (voir le rapport en Pdf) qui indiquait les sites envisagés pour les réacteurs nucléaires. Il s’agissait alors, prenant prétexte de la crise pétrolière, de mettre en place 190 à 200 réacteurs électronucléaires pour 1990-2000. Cétait un vrai délire. L’arrivée au pouvoir de Mitterrand en 1981 qui, auparavant avait signé avant les élections le texte sur un moratoire du nucléaire, promis la non extension de l’usine de La Hague (pour obtenir facilement les voix écolos !) réduisit les perspectives de 1974, non pour des raisons antinucléaires mais pour des raisons strictement économiques.

Les prévisions grandioses de 1974 étaient totalement stupides.

L’électronucléarisation de la France n’a guère été expliquée par les médias. En 1950 il se crée un Comité dit Comité PEON (production électrique d’origine nucléaire) qui réunit des technocrates (haut niveau, corps des mines) de l’industrie et de l’Etat. Ces derniers vont essayer d’intéresser l’industrie au nucléaire, ce qui signifie d’accepter d’investir dans des équipements rentables à long terme, sans ignorer les dangers d’une catastrophe qu’ils redoutent (pour le fric investi bien sûr, pas pour la santé des gens).
Les réunions de ce Comité PEON se chargèrent de les rassurer : aucune responsabilité civile en cas de catastrophe, un développement important et rapide (4 à 5 réacteurs par an) pour garantir leurs investissements (1).

Les responsables EDF prirent prétexte de la crise pétrolière de 1973 pour accélérer le processus de nucléarisation qu’ils envisageaient depuis longtemps.

Il y eut quelques flashs entre EDF et CEA car EDF visait la rentabilité industrielle de l’électronucléaire alors que le CEA voulait garder la direction des opérations. Les réacteurs CEA graphite-gaz (UNGG, uranium naturel, graphite, gaz) qui avaient permis de développer à la fois la bombe et l’électricité n’étaient pas pour EDF les plus efficaces pour la production électrique. EDF préférait les réacteurs à eau pressurisée PWR sous licence américaine Westinghouse. Cela a conduit à des manifestations du personnel CEA pour imposer les réacteurs CEA, avec des mots d’ordre assez prémonitoires « du graphite et du gaz pour tout le monde » dans les rues de Palaiseau, localité proche du centre d’études nucléaires de Saclay. Tchernobyl a réalisé ce « désir »…

Revenons à 1974. Le gouvernement Messmer justifie son programme électronucléaire par le danger d’une crise pétrolière amorcée en 1973 et l’électronucléarisation massive devait permettre d’y faire face. L’effet de serre n’était pas encore né. Le choix était entre nucléaire et charbon+fioul.

En 2005 on assiste à un début de crise pétrolière et on s’aperçoit que la France qui avait soit disant résolu ce problème en 1974 grâce au nucléaire, se trouve dans des conditions aussi difficiles que les pays voisins beaucoup moins nucléarisés que nous et qui ont maintenu leur production électrique par le thermique classique !

Ce regard sur le passé nous montre que la justification du programme nucléaire qui met la France en tête, et de loin, des pays nucléarisés était stupide et finalement facile à dénoncer ce qui paraît aujourd’hui une évidence : l’électricité, quelle que soit son origine, ne peut pas remplacer le pétrole…
(1) Pour plus de précisions lire « L’énergie nucléaire et la démocratie« , Lettre d’information du Comité Stop-Nogent n°93/94.

Roger Belbéoch,
Lettre du Comité Stop Nogent-sur-Seine n°108.
 

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 23 octobre, 2012 |Pas de commentaires »

« A FUKUSHIMA » (La Parisienne Libérée / Thierry LAMIREAU)

« A FUKUSHIMA »

(La Parisienne Libérée / arretsurimages.net)

Ce soir, cher-e-s Ami-e-s du JAPON, je pense à vous…

Je pense à vos visites en FRANCE lorsque déjà nous prenions des risques sur et dans les mines d’uranium…

Mes pensées visualisent nos moments d’amitié.

Vous souvenez-vous de notre projet de tournage sur le site nucléaire de ROKKASHO-MURA ?

Je devais aller vous voir, vous filmer…

et peu de temps après (à l’échelle humaine)

la CATASTROPHE de FUKUSHIMA est arrivée !

Vous souvenez-vous lorsque je vous avais dit en FRANCE, en LIMOUSIN précisément:

« Si un séisme majeur se produit au JAPON cela induira une CATASTROPHE MAJEURE SUR UN SITE NUCLEAIRE JAPONAIS… »

J’avais malheureusement raison !…

Et je le redis ici:

LE PIRE EST A VENIR CHEZ VOUS…COMME CHEZ NOUS EN FRANCE !

Soyez forts…malgré tout…car la vie continue.

Thierry LAMIREAU

Fukushima:

La compagnie Tepco admet avoir minimisé le risque de tsunami

TOKYO – La compagnie d’électricité japonaise Tepco, qui opère la centrale nucléaire de Fukushima, a admis pour la première fois vendredi 12 octobre 2012 qu’elle avait minimisé le risque de tsunami par peur d’une fermeture pour améliorer la sécurité.

Il existait une peur latente d’une fermeture jusqu’à ce que des mesures draconiennes de sécurité soient mises en place, indique Tokyo Electric Power (Tepco) dans un rapport intitulé Politique fondamentale pour la réforme du dispositif nucléaire de Tepco.

Ce rapport, en forme de confession, indique qu’avant même que le tsunami géant de mars 2011 ne submerge la centrale, la compagnie était au courant que les systèmes de défense et de protection étaient insuffisants, mais qu’elle n’avait toutefois pas agi. 

Il y avait cette inquiétude que si de nouvelles et sévères mesures étaient imposées, la sécurité de toutes les centrales existantes serait devenu un sujet de préoccupation, lit-on encore.

En décembre 2011, Tepco avait rendu public un épais rapport sur les causes de l’accident nucléaire de mars 2011, soulignant l’insuffisance de sa préparation.

En juillet 2012, un nouveau rapport, officiel cette fois, mettait sévèrement en cause le gouvernement japonais et Tepco dans l’accident de Fukushima, fustigeant leur aveuglement face aux risques et leurs erreurs dans la gestion de la catastrophe.

Le problème principal provient du fait que les compagnies d’électricité, dont Tepco, et le gouvernement, n’ont pas perçu la réalité du danger, car ils croyaient au mythe de la sécurité nucléaire d’après lequel un accident grave ne peut se produire dans notre pays, soulignaient alors les membres de la commission d’enquête.

Malgré ce rapport accablant, Tepco continuait jusque-là de prétendre que la puissance du séisme et l’ampleur du tsunami avaient dépassé toutes les prévisions et n’avaient donc pu être envisagées.

(©AFP / 12 octobre 2012 14h26)                                                                                                    

En FRANCE…Même ARROGANCE !

Pour EDF, pour les instances de surveillance des centrales nucléaires…

Pas de problème…circulez…y’a rien à dire et à voir !

Nous sommes les meilleurs !

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 11 octobre, 2012 |Pas de commentaires »

TRANSPORT DE MATIERES RADIOACTIVES: LES CHEMINOTS DU NUCLEAIRE S’INQUIETENT (Nolwen WEILER)

Transport de matières radioactives :

les cheminots du nucléaire s’inquiètent

TRANSPORT DE MATIERES RADIOACTIVES: LES CHEMINOTS DU NUCLEAIRE S'INQUIETENT (Nolwen WEILER) dans REFLEXIONS PERSONNELLES areva

Nolwenn WEILER 

Deux à trois trains chargés de déchets radioactifs ou de combustibles nucléaires parcourent la France chaque jour. Ces transports sont considérés comme « sans danger » pour les cheminots qui les convoient, promettent la SNCF et AREVA. Mais, en absence de mesures de prévention spécifiques, certains cheminots s’inquiètent. Et rien ne garantit qu’à l’avenir, sur fond de privatisation du rail, ces transports à hauts risques ne soient pas acheminés par des sociétés privées moins regardantes sur la sécurité.

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138 000 kilomètres : c’est la distance parcourue chaque année, en France, par des convois nucléaires ferroviaires. « On parle beaucoup des trains chargés de déchets qui arrivent des pays étrangers, puis y retournent ensuite, une fois retraités à l’usine de La Hague, en Normandie. Mais ce ne sont pas les plus nombreux », détaille Michel  [1], entré à la SNCF dans les années 1980. « La majorité des déchets qui voyagent sont français. »

2 à 3 trains nucléaires par jour

Ils partent des 58 centrales nucléaires vers l’usine de retraitement de La Hague, dans la presqu’île du Cotentin. Certains y restent, stockés en surface. D’autres repartent. L’uranium issu du retraitement s’en va vers Pierrelatte, où il sera à nouveau transformé pour être stockable. Et les déchets de faible et moyenne activités sont expédiés vers le site de stockage de Soulaine, dans l’Aube. « Au total, 500 trains nucléaires, dont seulement 1 sur 10 est étranger, circulent en France chaque année. Soit 2 ou 3 par jour ! »

Chargés par le personnel d’EDF ou d’AREVA, les trains sont ensuite préparés par des agents SNCF. Les cheminots doivent accrocher les wagons entre eux, vérifier l’état des freins, s’assurer que tout (bâche, porte, trappe…) est bien en place et inspecter les attelages. « Pour un agent qui bosse vite et bien, cela prend trente minutes, dont la moitié tout près du train », résume un habitué. S’il y a un souci au niveau des freins, il peut y passer beaucoup plus de temps.« Parfois, il doit se mettre sous le wagon », raconte Philippe Guiter, agent de conduite et secrétaire fédéral du syndicat SUD-RAIL. « S’il ne peut pas trouver la solution tout seul, il est secondé par un agent du matériel. » Et si le wagon n’est pas réparable rapidement, il faut le décrocher et l’isoler. Il part ensuite à la réparation, avec son stock de radioactivité.

Aucun suivi médical particulier pour les cheminots du nucléaire

Les wagons déclarés aptes à circuler sont tractés jusqu’à bon port, pendant plusieurs heures, par un agent de conduite. En cas d’incident, le cheminot doit descendre de sa cabine et longer le train, pour localiser le souci technique. « Il arrive alors qu’il soit au contact des wagons pendant un quart d’heure, une demi-heure, voire plus », dit Michel. Ces cheminots ne sont pas considérés comme travailleurs du nucléaire. La dose maximale de radiations qu’ils ne doivent pas dépasser est la même que pour le grand public : 1 millisievert (mSv) par an, hors rayonnements naturels et médicaux. Ils ne sont pas astreints à un suivi médical particulier.

Ils sont pourtant soumis, dans le cadre de leur travail, à des risques d’irradiation et de contamination. « En cas d’irradiation, décrit Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire et responsable du laboratoire de la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD), certaines radiations traversent la paroi de l’emballage à l’intérieur duquel se trouve la matière radioactive. » La contamination, c’est le dépôt de matières radioactives hors de l’emballage : « On amène des becquerels sur des terrains où il n’y en a normalement pas, sur les rails par lesquelles passent les convois les jours de pluie, par exemple. »

« Parfois, les gars d’AREVA nous disent : ce wagon-là, ne t’en approche pas trop »

En 1998, après la révélation d’une importante contamination de wagons castors (nom des conteneurs utilisés pour transporter des déchets radioactifs) assurant le trajet entre la France et l’Allemagne, la CRIIRAD finit par obtenir l’autorisation de réaliser ses propres mesures indépendantes.

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Selon les rayonnements gamma et neutroniques enregistrés, un agent SNCF qui prépare six convois par an, en demeurant un quart d’heure à chaque fois à moins d’un mètre des wagons, peut recevoir plus de la moitié de la dose minimale annuelle autorisée, soit 675 microsieverts (μSv) [2]. « Nous sommes très au-dessus des niveaux de dose qualifiés de négligeables par la réglementation européenne, soit 10 μSv par an », note alors la CRIIRAD. Les valeurs mesurées montrent surtout que « les doses reçues annuellement par certains employés de la SNCF peuvent dépasser la limite du risque maximum tolérable de 1 000 μSv par an ». Car, en même temps que ces niveaux de radioactivité jusqu’alors méconnus, la CRIIRAD découvre l’ampleur de l’ignorance des cheminots en matière de radioprotection. Dans la gare normande de Valognes, l’hiver, certains d’entre eux se serrent près des wagons pendant la pause casse-croûte pour profiter de la chaleur qui en émane !

Ceux-là ont sans doute dépassé les quinze minutes avec lesquelles on arrive aux 675 μSv par an. « C’est clair qu’on ne faisait pas du tout attention, commente un agent de manœuvre. Je me souviens que dans certains triages on se prenait en photos près des wagons. Parfois, les gars d’AREVA nous disaient :  »Ce wagon-là, ne t’en approche pas trop, ou alors vite fait. » On essayait alors de faire un peu plus gaffe. Mais, en même temps, la direction nous a toujours dit qu’il n’y avait pas de problème, que c’était fait pour… »

Polémique autour des risques d’irradiation

À la SNCF, c’est le document RH0838 qui régit le « risque de rayonnement ionisant ». Les plans de prévention des risques qu’il définit s’appliquent sur « les sites ferroviaires concernés par le transport des matières radioactives » : ceux qui se trouvent à proximité du Tricastin ou de La Hague. Pour identifier les risques auxquels les agents sont exposés, la SNCF a demandé à l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) de réaliser des mesures, en fonction des types de convois et des postes de travail. Ces mesures effectuées entre 1998 et 2004 attestent d’un respect des limites réglementaires : « On vérifie que la dose maximale reçue sur 12 mois ne dépasse pas le seuil de 1 mSv par an, ce qui a toujours été le cas jusqu’à présent », détaille un document de la direction communication Fret.

Les mesures réalisées le 18 novembre 2011 par un laboratoire indépendant et agréé –l’Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest (ACRO) – sur un convoi en partance pour l’Allemagne confirment des débits de doses en deçà du seuil de 1 mSv par an. Mais alors que l’IRSN conclut qu’il n’y a pas de problème, l’ACRO estime que si. « Cette limite de 1 mSv, c’est une limite censée couvrir toutes les sources d’exposition auxquelles une personne est soumise, précise Pierre Barbey, vice-président du laboratoire. Lorsqu’il s’agit d’une exposition à une seule source, comme c’est le cas avec un convoi nucléaire, la Commission Internationale de Protection Radiologique (ICPR) recommande de retenir la valeur de 0,3 mSv/an comme valeur de référence. Un cheminot qui passe une dizaine d’heures par an à deux mètres de tels wagons dépasse cette valeur. »

Interrogée sur le sujet, l’IRSN répond qu’« en dehors de ces convois les cheminots n’ont que très peu de risques d’exposition à des rayons ionisants ». Mais « la radioprotection, ce n’est pas seulement la valeur limite réglementaire, commente Pierre Barbey. C’est aussi, voire surtout, le principe d’optimisation, qui commande de se situer le plus loin possible de la valeur limite. La Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR) est très claire sur ce point ».

Port intermittent de dosimètres

Dans le cadre des plans de prévention de la SNCF, certains membres ont été dotés de dosimètres. Combien sont-ils ? Nul ne semble le savoir. Ni à la SNCF (injoignable sur le sujet), ni au sein des Comités d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT), censés vérifier que les dispositions qui protègent la santé des travailleurs sont bien appliquées. Les suivis dosimétriques individuels « sont transmis trimestriellement aux médecins chargés de leur suivi médical » assure la direction communication Fret. Mais, selon Philippe Guiter, la réalité est un peu différente : « Il n’y a pas assez de médecins du travail pour examiner les dosimètres. Et comme ils sont à lecture différée, les gars ne peuvent pas le lire eux-mêmes. Il faut être formé pour ça. Résultat ? Certains ne le mettent même pas. Ils n’en voient pas l’utilité. »

Les quelques cheminots tracassés par cette proximité répétée avec la radioactivité préfèreraient porter des dosimètres opérationnels, qui informent en temps réel de l’exposition à laquelle ils sont soumis, et alertent en cas de dépassements de dose. « Nous réclamons que tous les agents en portent, y compris les conducteurs », renchérit Philippe Guiter. Selon la SNCF, ces derniers ne sont pas exposés, « du fait de leur éloignement de la source des matières dangereuses et de leur positionnement dans la cabine de conduite ». Mais « la cabine n’est pas un espace de confinement, s’inquiètent certains barons du rail. Et, surtout, l’agent de conduite peut être appelé à descendre du train. À l’automne 2010, celui qui emmenait en Allemagne un train de déchets recyclés à La Hague avait dû longer le train, à plusieurs reprises. Il a vu que les policiers qui accompagnaient le wagon avaient tous des dosimètres. » Le temps d’exposition des cheminots peut en plus grimper en flèche en cas de problème. En février 1997, quand un train de combustibles irradiés a déraillé en gare d’Apach, à la frontière franco-allemande, il a fallu plusieurs heures pour relever les colis renversés.

AREVA promet qu’il n’y a pas de danger

À la CFDT et à la CGT, on fait plutôt confiance aux mesures et aux discours de la SNCF. « On aimerait que la direction soit aussi pointilleuse sur les autres dossiers de santé au travail que sur le nucléaire », souligne même Éric Chollet, secrétaire national de la CFDT cheminots. Sur le terrain, les avis sont partagés.« La direction assure qu’il n’y a aucun souci. J’aimerais les croire, vraiment », dit Laurent, conducteur. « Mais, avec le nucléaire, c’est compliqué. On nous dit toujours qu’il n’y a aucun problème jusqu’à ce qu’il y en ait un », poursuit un collègue. Et dans les gares où l’on ne fait que des trains nucléaires, on craint de voir le boulot filer ailleurs, si la contestation se fait trop vive.

Chacun se dit « très attentif », et personne ne serait opposé à ce que des mesures complémentaires soient réalisées. « Si les tests de la SNCF pouvaient être confirmés par des résultats extérieurs, ce serait un plus », concède Grégory Laloyer, de la section CGT cheminots de Rouen. SUD-RAIL, très mobilisé autour de la question, a réclamé ces tests additionnels à plusieurs reprises. « On nous les refuse systématiquement », regrette un syndicaliste. « L’évaluation du risque de contamination est du ressort de l’expéditeur », argumente la SNCF dans un courrier justifiant ces refus. « C’est AREVA ou EDF qui assurent qu’il n’y a pas de problème au départ et à l’arrivée : c’est pas magnifique ? », ironise Philippe Guiter.

Le certificat attestant de l’absence de contamination des wagons, délivré par AREVA, se base sur des mesures de l’IRSN, qui utilisent comme référence les 1 mSv/an. Mais, sur le site d’AREVA, il est précisé que les emballages« respectent les seuils de radioprotection définis dans la réglementation internationale : 2 milliSievert par heure (mSv/h) au contact de l’emballage et du véhicule, 0,1 mSv/h à deux mètres du véhicule ». Ni l’ACRO ni la CRIIRAD n’ont jamais enregistré de tels niveaux de radiations, avec lesquels on atteindrait la dose maximale acceptable annuellement au bout d’une demi-heure seulement, à proximité immédiate des wagons. « Mais cette réglementation internationale sur les transports est en incohérence avec le code de santé publique français », proteste Bruno Chareyron, de la CRIIRAD. « Nous avons demandé en 1998 que cela soit revu. Nous n’avons jamais obtenu satisfaction. » (Contactées à plusieurs reprises , AREVA et la SNCF ne nous ont jamais répondu.)

Questions autour de la résistance des wagons

La SNCF a été sommée à plusieurs reprises par divers inspecteurs du travail de revoir son système d’évaluation des risques pour les cheminots côtoyant les convois nucléaires. En mars 2011, une inspectrice du travail de la Région Île-de-France a ainsi demandé à la société de « procéder à une nouvelle évaluation du risque et d’anticiper les modes opératoires dans le cadre d’intervention en urgence sur ce type de chargement ». Formulées en mars 2011, ces demandes n’ont, pour le moment, pas été suivies d’effets.

SUD-RAIL réclame enfin que les tests de résistance des castors en cas d’accident soient revus. « On nous dit qu’ils peuvent résister à un incendie de 800 °C pendant une demi-heure. Mais, lors de l’accident du tunnel du Mont-Blanc en 1999, la chaleur a atteint 1 000 °C, pendant plusieurs heures. Et un convoi nucléaire traverse en moyenne une dizaine de tunnels !, rappelle Philippe Guiter. Quant au crash test, qui prétend que les castors résistent à une chute de neuf mètres, je demande à voir. »

Une étude de Wise, cabinet d’étude et de conseil sur le nucléaire et les politiques énergétiques, publiée en 2003 met en doute la capacité de résistance aux chocs des castors : « Dans le cas d’un accident mettant en jeu un transport de matières nucléaires et un transport de matières dangereuses, les vitesses moyennes empruntées par les transports de matières dangereuses montrent que, statistiquement, un choc entre les deux transports, y compris si le transport de matières nucléaires se trouvait momentanément immobilisé, dépasserait en intensité le test de chute de neuf mètres opéré sur les conteneurs de matières nucléaires. »

Vers une privatisation des transports nucléaires ?

« Nous ne souhaitons pas être débarrassés de ces convois, précise un agent de conduite SNCF. Mais nous voulons le faire dans de bonnes conditions de travail. Et sans mettre notre santé en danger. » Tous les syndicats de cheminots tiennent à ce que les matières dangereuses, dont les déchets nucléaires font partie, continuent d’être transportées par rail, « qui reste la voie la moins risquée ». Ils soulignent aussi que cette mission doit être remplie par une entreprise de service public, où l’on peut se permettre de prendre le temps de vérifier que la sécurité est assurée. « Et où on a une capacité à agir pour que les salariés soient protégés », ajoute Grégory Laloyer, de la CGT.

La présence de compagnies privées sur les rails français les inquiètent beaucoup. « L’autre jour, témoigne un cheminot, un gars employé par une boîte privée est arrivé en gare de triage. Il n’avait pas pu prendre le temps de vérifier ses freins, et il ne savait même pas ce qu’il transportait. Que se passerait-il, demain, si ces gars-là conduisaient des convois nucléaires, pour le moment transportés exclusivement par la SNCF ? »

« La transparence que nous demandons, pour nous et nos collègues, vaut aussi pour les voyageurs », reprend Laurent, agent de conduite. « Nous estimons qu’il n’est pas normal que des convois chargés de déchets nucléaires transitent par des voies empruntées par le public à des heures de pointe, notamment en région parisienne », ajoute Philippe Guiter. « Nous tenons à ce que la SNCF reste une entreprise de transport de qualité », terminent-ils. Où ni les salariés ni les voyageurs ne risquent d’être irradiés à leur insu.

Nolwenn WEILER

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