ESCLAVAGE, CAPITALISME, CROISSANCE: UNE BELLE CONTINUITE ! (SUPERNO)

Esclavage, capitalisme, croissance :

 ça continue !

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travail03 CAPITALISME dans REFLEXIONS PERSONNELLES

bangladesh CROISSANCE

Laissons pour une fois de côté les nouvelles fondamentales de la Politique Française (genre le jean de Cécile Duflot ou les parachutes de Le Pen et Mélenchon) pour évoquer des sujets tellement secondaires que j’ai honte de devoir m’abaisser jusqu’à en parler.

Oui, je sais, j’ai déjà écrit là-dessus. Ici, il y a quatre ans. , il y a 18 mois.
Depuis, rien n’a changé, bien évidemment.

L’émission “Cash investigation” de France 2 avait diffusé la semaine dernière un fort didactique reportage sur l’art et la manière qu’ont les multinationales, y compris françaises, de frauder le fisc à l’aide de montages abracadabrantesques élaborés par d’autres multinationales spécialisées, et qui ont pour point commun de passer par des filiales luxembourgeoises bidons.

Hier soir, France 2, décidément bien inspiré, a diffusé un nouveau reportage écœurant dans les ateliers de couture au Bangladesh et en Inde. Rien de bien nouveau sous le soleil, à vrai dire. On y apprend, images à l’appui, que dans ces ateliers travaillent des gamines de 12 ans, 12 heures par jour, 6 jours par semaine, pour un salaire inférieur à un dollar par jour. Je pense qu’on peut parler d’esclavage. Il y a certes parfois des rebellions, mais dans l’ensemble, les multinationales n’ont pas à se plaindre, merci pour elles.

Une fois les fringues cousues par ces esclaves, elles sont emballées dans des cartons et expédiées en occident par bateau dans des immenses conteneurs.

Le voyage en bateau sert en quelque sorte de paravent entre la production et la consommation. Il transforme le malheur des uns en objet de désir des autres. Car une fois arrivées ici, les fringues sont étalées dans des boutiques plus ou moins clinquantes, dans lesquelles le con-sommateur (et surtout trice, il faut bien le dire) se précipite pour acheter, souvent pour quelques euros, de quoi vêtir toute la famille.

La pub et le marketing font leur œuvre pour que le coût de fabrication, indécemment bas, fasse une multiple culbute, suffisante pour que les actionnaires deviennent milliardaires (c’est le seul but de la manœuvre), mais pas trop pour rester dans le business model de la con-sommation de masse, que la ménagère de moins de 50 ans revienne le plus souvent possible acheter, acheter et encore acheter.

Bien entendu, on n’affiche pas dans les boutiques la photo de ces milliers de gamines devant leur machine à coudre, dans un bruit infernal, sous la lumière des néons blafards et les aboiements du contremaître, ni dans leurs bidonvilles insalubres. Sinon les gens n’achèteraient pas, probablement. Au contraire, on y met les photos sur papier glacé de mannequins anorexiques ou de stars de cinéma soucieuses d’arrondir des fins de mois pourtant déjà bien rondelettes.

Tout cela a été parfaitement décrit dans le livre de Naomi Klein, “No Logo” , qui détaille le processus de décérébration des foules (et notamment des jeunes) qui conduit des humains en apparence ordinaires à être fiers de payer une fortune des objets fabriqués par des esclaves à un coût dérisoire.

Avant le bateau : le cauchemar. Après, le rêve.

Le reportage citait des marques. Monoprix, Ikea, Leclerc, Zara. Peu importe, il y a fort à parier que c’est partout pareil. On a pu assister à des scènes pathétiques de communicants à la langue d’ébène, niant que les images montrées aient pu exister, se cachant derrière des cahiers des charges, des chartes, des normes, des audits, jurant leurs grands dieux qu’ils avaient une éthique et que tout manquement à icelle devait être corrigé, et patati et patata.

Et ce sont les mêmes connards qui discutent des heures avec les fournisseurs pour baisser les prix d’un pouième de centime. Qui savent très bien que tous ces cahiers des charges sont du pipeau, que celui qui le signe sous-traitera et qu’au final les fringues seront fabriquées dans des conditions sordides par des gamines esclaves, tandis que les actionnaires se feront des couilles en or et se prélasseront sur leur yacht.

La richesse indécente a toujours besoin d’esclaves en nombre. Les bubons capitalistes purulents de Dubaï ou du Qatar consomment environ 10 esclaves pour un habitant. Nous, c’est pareil, sauf que nos esclaves restent chez eux, fabriquant nos fringues, gadgets électroniques, bagnoles que les haut-parleurs de la pub et du dieu croissance nous ordonnent d’acheter frénétiquement et de jeter le plus vite possible.

Les magazines économiques, en plus d’appeler de leurs vœux la rigueur budgétaire, la baisse des impôts, et la disparition de tout secteur public, célèbrent ces grands entrepreneurs : regardez cette liste de milliardaires.

Vous y reconnaîtrez le fondateur d’Ikea Ingvar Kamprad, première fortune européenne avec 33 milliards d’euros. Puis, un peu plus loin, entre Bernard Arnault et Liliane Bettencourt, vous trouverez Amancio Ortega, propriétaire de Zara, avec 30 milliards.

On marche sur la tête, non ?

Tant que j’y suis, je passe à autre chose. Non, en fait c’est la même chose. Je me souviens de la couverture de Libé au lendemain de l’assassinat des gamins devant l’école de Toulouse. (Vous la trouverez )

En voyant cette couverture, je m’étais dit que Libé, dont le directeur Demorand semble avoir remarqué que les unes racoleuses avaient un effet bénéfique sur les ventes, d’où sa propension à en caser à toute occasion, aurait pu en faire une similaire, sur fond noir, mais aux caractères beaucoup plus petits, pour y faire figurer les noms et âges des 20000 (vingt mille) enfants morts de faim ce jour-là, comme tous les autres jours, d’ailleurs.

Comme le dit si justement Jean Ziegler, nous pourrions très bien nourrir ces enfants, et ils meurent quand même, c’est donc qu’ils sont assassinés.

Notre système trouve pourtant toujours les milliards, et même les dizaines de milliers de milliards, pour voler au secours de ces pauvres banquiers. Il a consacré plus de 1600 milliards l’an dernier à acheter des armes. Mais n’est pas foutu de trouver 30 pauvres milliards (la fortune de M.Ikea ou de M.Zara, tiens) pour nourrir la terre entière pendant un an. En même temps un banquier ou un marchand de canons, c’est quand même plus important que quelques millions d’enfants. Surtout noirs ou jaunes…

Tout ça, c’est la conséquence directe et indéniable de notre système capitaliste, libéral et croissanciste. De sa répartition incroyablement scandaleuse des richesses. De sa prédation par la finance et les spéculateurs. De ce phénomène incroyable qui fait que malgré les odes à la “valeur travail”, ce ne sont jamais ceux qui travaillent qui s’enrichissent, mais des intermédiaires parasitaires. Ceux qui cultivent les fruits et légumes restent pauvres, tout comme la caissière du supermarché, mais pas le propriétaire de l’enseigne.

En France, nous avons de la chance : nous venons de chasser un gouvernement de droite, incapable et corrompu, pour le remplacer par un gouvernement de “gauche”, qui respecte la parité et qui a signé une charte éthique….

Et surtout, son dicton est “Le changement, c’est maintenant”. Merveilleux, non ? Bon, on commence quand ?

Euh… Pour l’instant, le principal changement c’est qu’on peut venir au conseil des ministres en jean. Pour le reste, permettez-moi de douter. Car même si le QI moyen du gouvernement doit être au moins le double de celui du précédent, il suffit de gratter un peu pour constater la supercherie. Tous les postes importants sont occupés par des représentants de la “gauche de droite”. DSK n’est plus là, mais ses disciples et ses idées sont restés. Enarques et membres du “Siècle” foisonnent. Pas un seul dangereux révolutionnaire gauchiste à l’horizon.

Pas une de ces personnes n’a l’intention de faire quoi que ce soit pour changer de paradigme. Tous se plaisent et se complaisent dans le capitalisme libéral, qui leur a d’ailleurs apporté richesse, puissance et gloire.

Le premier ministre est le premier promoteur du projet mégalomaniaque et scandaleux de l’ayraultport de Notre Dame des Landes. Ce projet témoigne de son aveuglement total quant à l’évolution du monde et de ses ressources naturelles.

Quant au président Hollande, son déplacement aux Etats-Unis montre qu’il n’a rien compris non plus, pas plus qu’Obama, d’ailleurs. Délectez-vous de ces billevesées, reprises en boucle et sans le moindre sens critique par des médias tétanisés d’extase :
Le président François Hollande a fait état d’une “convergences” de vues avec son homologue américain Barack Obama sur la nécessité de relancer la croissance pour faire face à la crise, vendredi 18 mai à la Maison-Blanche, peu avant un sommet du G8. La croissance doit être une priorité (…)”.

La croissance, la croissance, la croissance… La même chose qu’avant, mais PLUS ! Plus d’esclaves, plus d’armes, plus de morts de faim, plus de paradis fiscaux. Plus de pétrole, plus de ressources naturelles, plus de pollution, plus de CO2. Et plus d’argent virtuel pour contourner les limites de l’économie réelle.

Pauvres aveugles ! Mai 2012, et ils n’ont toujours rien compris. Après avoir décidé de ruiner les peuples pour rembourser les banksters, ils décident désormais qu’il faudrait en fait encore emprunter aux banksters pour éviter la ruine des peuples…

Quant à ceux qui croyaient que Hollande allait mettre la finance à genoux, même après la déclaration d’allégeance faite aux banksters de la City, pensaient-ils qu’il allait nommer Frédéric Lordon responsable du G20 pour la France ? Curieusement, non, l’heureux élu de Hollande, secrétaire général adjoint de l’Elysée s’appelle Emmanuel Macron, 34 ans. C’est un disciple de Jacques Attali (dont l’ombre plane sur la “gauche” comme celle de Minc plane sur la droite), ex-membre de sa ridiculissime “commission sur le retour de la croissance”. Et que fait-il dans la vie, ce petit génie ? Il est associé-gérant chez Rothschild, et le fait d’abandonner un salaire annuel de l’ordre d’un million d’euros est une preuve évidente de son désintéressement espoir de retour sur investissement.

Certains parlent de faire revenir ces usines en France… Les “socialistes” viennent même de créer un ministère marketing du “redressement productif” confié à Montebourg. Quelle rigolade ! Comment faire revenir en France des industries qui en sont parties, poussées par la perspective d’employer des esclaves et par les lois qui permettaient cette forfaiture ? Sans changer ces lois, sans revenir sur ce système ?

Juste pour rire, c’est un “socialiste” français, Pascal Lamy, qui dirige depuis 7 ans l’OMC (ex GATT), le principal organisme responsable de la dérégulation du commerce mondial…

Tous ces gens sont d’accord sur un point : il faut améliorer la compétitivité de la France, et baisser le coût du travail. Pour l’aligner sur celui du Bangladesh, par exemple… Car tout le monde le sait, je l’ai même lu sur Twitter de la part de prétendus gauchistes : “si on va fabriquer au Bangladesh, c’est que ça coûte trop cher de fabriquer en France”.

Ok, réduisons donc le coût du travail… qui est principalement composé de plusieurs facteurs :
- Le salaire
- Les cotisations sociales (improprement baptisées “charges”).

Réduire le coût du travail, cela signifie donc au choix réduire les salaires (ou travailler plus pour le même salaire), ou réduire les retraites, les remboursements de sécu, les allocs chômage… Ou, pour être plus efficace, les deux. Supprimons par la même occasion toutes les “barrières à l’emploi”, comme le salaire minimum, le code du travail, les congés, le paiement des arrêts maladie, et la retraite.

Pour finir, supprimons carrément tout salaire, et c’est le plein emploi garanti. Fort de cette compétitivité retrouvée, les zentrepreneurs embaucheront massivement, et y vont voir, au Bangladesh, ce que c’est que la France Compétitive ! Comment que Leclerc il va rapatrier fissa la fabrication de ses tee-shirts !

Hollande semble devenu le héraut du keynésianisme, par opposition au néolibéralisme. Cette doctrine, qui prône la croissance par la demande, au besoin soutenue par l’Etat (et donc par l’endettement… On rêve !), a fait son temps pendant les “30 glorieuses” qui ont suivi la deuxième guerre mondiale, avant d’être balayée par le n’importe quoi du néolibéralisme. Depuis, cette doctrine est caduque, anachronique.

C’est donc un grand bond en arrière de plus de 35 ans que Hollande, tout ravi de jouer les vedettes au G8, propose au monde ébahi par tant d’originalité. Et même si la plupart de nos “socialistes” (Hollande lui-même, Ayrault, Fabius…) en sont effectivement restés à cette époque, le monde a changé, et va prochainement s’apercevoir que toute politique de croissance dans les pays occidentaux est vouée à l’échec et à la catastrophe.

Pénurie de pognon, pénurie de pétrole, pénurie généralisée de ressources (aka “peak everything”, un très bon article dans “Science et Vie de ce mois-ci sur la pénurie des métaux, mais Hollande et Obama lisent trop le “Financial Times”, pas “Sciences et Vie”), cette politique emmène l’humanité droit dans le mur. En klaxonnant.

Keynes, cité par Jean Gadrey (auteur de “Adieu à la croissance”) avait tout de même prévu qu’après des décennies de croissance, un certain niveau de richesse serait atteint et l’objectif devait changer : « il sera temps pour l’humanité d’apprendre comment consacrer son énergie à des buts autres qu’économiques ».

Hollande et Obama sont assurément moins cons que leurs prédécesseurs respectifs Sarkozy et Bush. Qu’ils le prouvent !

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 29 mai, 2012 |1 Commentaire »

VIETNAM: IN MEMORIAM…

In memoriam

VIETNAM: IN MEMORIAM... dans REFLEXIONS PERSONNELLES VIETNAM

Jean BRICMONT
Cette année nous ne commémorerons pas le 50ème anniversaire d’un événement qui n’existe pas, du moins dans la conscience collective de l’Occident, ce que Noam Chomsky appelle l’invasion américaine du Sud Vietnam [1]. Pourtant c’est bien en 1962 que les États-Unis ont commencé à bombarder le Sud Vietnam pour tenter de sauver un gouvernement sud-vietnamien installé par eux après la défaite de Diên Biên Phù et les accords de Genève de 1954, qui avaient mis fin à la partie française de la guerre. Le président américain Eisenhower avait refusé à cette époque que soient organisées les élections prévues dans ces accords, élections qui devaient mener à la réunification du Sud et du Nord du pays, pensant que Ho Chi Minh les gagnerait. En 1962, ce gouvernement sud-vietnamien était devenu totalement impopulaire et risquait de s’effondrer face à une insurrection interne.

Ce qu’on appelle dans l’histoire officielle « la guerre du Vietnam » n’a commencé qu’en 1964-1965, avec l’incident du Golfe du Tonkin et le début des bombardements sur le Nord Vietnam. Mais faire commencer la guerre à cette date permet d’entretenir le mythe américain d’une « défense » du Sud Vietnam par rapport au Nord, et de faire l’impasse sur le refus des élections après 1954, et l’envoi de l’US Air Force bombarder le sud à partir de 1962.

L’expression « invasion américaine du Sud Vietnam » est calquée sur celle d’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique en 1979, celle-ci étant, de façon analogue, intervenue pour sauver un gouvernement afghan qu’elle avait contribué à mettre en place. La comparaison est injuste pour l’URSS (pays limitrophe de l’Afghanistan et non pas éloigné de milliers de kilomètres, comme l’était le Vietnam pour les États-Unis), mais, même ainsi, l’expression « invasion américaine du Sud Vietnam » est impensable, inaudible dans notre société, y compris, la plupart du temps, dans les mouvements pacifistes.

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Pourtant cette intervention en 1962 est bien à l’origine d’une des plus grandes tragédies du 20ème siècle et la pire d’après 1945, trois pays dévastés pour des décennies (Vietnam, Cambodge, Laos) et des millions de morts- même si personne ne sait au juste combien. Les Américains appliquaient, en matière de body count, la mere gook rule (la règle des simples bougnoules) : si c’est mort et si c’est jaune, c’est un Vietcong, c’est-à-dire un guérillero communiste. Cette façon de compter avait l’avantage de minimiser le nombre de morts civils.

À l’égard des Vietnamiens, il n’y a aucun devoir de mémoire. Aucune loi n’interdit le révisionnisme massif qui règne dans notre culture par rapport à ce non-événement. On ne construit pas de musées et on n’élève pas de statues pour les morts et les blessés de ce conflit. On ne crée de chaires universitaires pour étudier cette tragédie. Des gens qui ont participé à ces massacres ou qui en font régulièrement l’apologie sont reçus dans toutes les chancelleries du monde sans qu’aucune accusation de « complicité » ou de « complaisance » ne soit lancée.

Aucune « leçon de l’histoire » n’est tirée de la guerre du Vietnam. Les leçons de l’histoire vont toujours dans le même sens : Munich, Munich, Munich. La faiblesse des démocraties face au totalitarisme et allons-y, la fleur au fusil, ou plutôt, envoyons bombardiers et drones contre les pays dirigés par les « nouveaux Hitler » arrêter un « nouvel holocauste », la Yougoslavie, l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, la Syrie ou l’Iran demain. Même d’un point de vue historique, le récit sur Munich est faux, mais laissons cela de côté. L’astuce de « Munich », c’est de permettre à la gauche et à l’extrême-gauche de se rallier à la bannière étoilée au nom de l’anti-fascisme.

Pire, les tragédies qui ont accompagné la fin de cette guerre de trente ans (1945-1975), les boat people et les Khmers rouges, ont immédiatement été utilisées en Occident, surtout par des « intellectuels de gauche », pour donner naissance et justifier la politique d’ingérence, alors que c’est précisément l’ingérence constante des États-Unis dans les affaires intérieures du Vietnam qui était la source de ces tragédies.

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Si des « leçons de l’histoire » devaient être tirées de la guerre du Vietnam, elles iraient toutes dans le « mauvais » sens, celui de la paix, du désarmement, d’un effort de modestie en Occident par rapport à la Russie, la Chine, Cuba, l’Iran, la Syrie ou le Venezuela. L’exact opposé des « leçons » tirées de Munich et de l’holocauste.

Les Vietnamiens n’étaient pas victimes de « domination symbolique » ou de « haine », mais de bombardements massifs. Il ne se voyaient d’ailleurs pas comme des victimes, mais comme les acteurs de leur propre destin. Ils étaient dirigés par l’un des plus grands génies politiques de tous les temps, Ho Chi Minh, accompagné d’un génie militaire, Giap. Ils ne se battaient pas pour la démocratie, mais pour l’indépendance nationale, notion périmée dans notre monde « globalisé ». Et ce combat, ils l’ont mené contre des démocraties, la France et les États-Unis.

Pourtant, les Vietnamiens ne haïssaient pas nos « valeurs » (mot à vrai dire inusité à l’époque), ni l’Occident, ni la science, ni la rationalité, ni la modernité ; ils voulaient simplement en partager les fruits. Ils n’étaient pas particulièrement religieux et ne raisonnaient pas en terme d’identité, mais de classe. Ils faisaient sans arrêt la distinction entre le peuple américain et ses dirigeants. Cette distinction était peut-être simpliste, mais elle a permis de séparer en Amérique même les dirigeants d’une partie de leur population.

Les Vietnamiens n’ont reçu aucune réparation pour les souffrances qui leur ont été infligées. Aucune excuse ne leur a jamais été faite. Ils n’en ont d’ailleurs jamais demandé : leur victoire leur suffisait. Ils n’ont pas exigé qu’une cour pénale internationale juge leurs agresseurs. Ils ont tout juste demandé que les « blessures de la guerres soient soignées », ce qui, bien sûr, leur a été refusé avec mépris. Comme disait le président américain Carter, futur prix Nobel de la paix, « les destructions furent mutuelles ». En effet : environs 50.000 morts d’un côté, plusieurs millions de l’autre.

Ils sont passés d’une forme de socialisme à une forme de capitalisme, causant ainsi des révisions déchirantes chez certains de leurs supporters occidentaux ; mais en Asie, capitalisme et communisme sont des pseudonymes. Les véritables noms sont : indépendance nationale, développement, rattrapage (et bientôt dépassement) de l’Occident.

On leur a reproché de vouloir rééduquer leurs ennemis capturés, ces aviateurs venus de loin bombarder une population dont ils pensaient qu’elle était sans défense. C’était peut-être naïf, mais était-ce pire que de les assassiner sans jugement ou de les enfermer à Guantanamo ?

Ils faisaient face à une barbarie sans nom mais, quels que soient les problèmes, ils demandaient toujours qu’on y trouve une solution politique et négociée, mots que nos défenseurs actuels des droits de l’homme ne peuvent pas entendre.

Leur combat a été important dans le principal mouvement d’émancipation du 20ème siècle, la décolonisation. Il a aussi été une sorte de mission civilisatrice à l’envers, en faisant prendre conscience à une partie de la jeunesse occidentale de l’extraordinaire violence de nos démocraties dans leurs rapports avec le reste du monde. En se battant pour leur indépendance nationale, les Vietnamiens ont combattu pour l’humanité entière.

Après 1968, cette prise de conscience a peu à peu disparu, dissoute dans l’idéologie des droits de l’homme, dans le subjectivisme et le postmodernisme, et dans l’incessant conflit des identités.

A l’heure où notre politique d’ingérence se trouve dans l’impasse, et où on bat le tambour contre l’Iran et la Syrie, il serait peut-être utile de se souvenir de cette décision fatidique de 1962, mélange d’arrogance impériale et de croyance en la toute-puissance de la technologie, et qui devait plonger le Sud-Est de l’Asie dans l’horreur. Peut-on aussi dire, face aux guerres non défensives, « plus jamais cela » ?

Jean Bricmont

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 28 mai, 2012 |Pas de commentaires »

ROCKEFELLER: UN SYMBOLE DE L’EMPRISE DES LOBBIES SUR LES POLITIQUES DE SANTE PUBLIQUE

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un symbole de l’emprise des lobbies sur les

 politiques de santé publique

ROCKEFELLER: UN SYMBOLE DE L'EMPRISE DES LOBBIES SUR LES POLITIQUES DE SANTE PUBLIQUE dans REFLEXIONS PERSONNELLES rockefeller-bio

 

 

 

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Thierry BRUGVIN

L’histoire de ce que l’on peut nommer le cartel pharmaceutique est fort instructive pour comprendre comment se décident certaines des politiques publiques des gouvernements. Nous suivrons pour illustrer cela, la famille Rockefeller en particulier, la plus emblématique des représentantes du capitalisme pétrochimique et pharmaceutique,

Les élites économiques sont souvent au-dessus des lois. Le 15 mai 1911, la Cour suprême des Etats-Unis déclare John Rockefeller et son trust coupables de corruption, de pratiques illégales et de racket et condamne donc cette entreprise à disparaître [1]. Mais Rockefeller, confiant dans ses appuis politiques, n’en tient pas compte, ne dissout pas son entreprise et n’est jamais inquiété. Nous pouvons voir à travers cet exemple que les élites politiques sont souvent au-dessus des lois que le peuple doit, lui, appliquer à la lettre.

Créer une fondation philanthropique permet d’influencer indirectement les politiques de santé. Afin de restaurer son crédit auprès de l’opinion publique, Rockefeller créé alors une fondation à son nom en 1913. Grâce aux fondations, sous couvert d’un généreux mécénat et de politique altruiste, les entreprises peuvent financer des recherches privées et publiques, ainsi que des programmes nouveaux, en matière de santé notamment. Ceci contribue à orienter les développements de la médecine, dans la direction qui est bénéfique à leurs propres productions de médicaments et au développement de leur propre technologie médicale. La fondation Rockefeller subventionne des écoles médicales et des hôpitaux et parvient ainsi à développer et à écouler ses médicaments issus de l’industrie pétrochimique et qu’elle a brevetés. Quelques exemples parmi d’autres illustrent ces stratégies. La Fondation Rockefeller a contribué au financement de l’Initiative Internationale pour le Vaccin contre le SIDA (IAVI en1996) [2], de la Force d’Intervention pour la Survie de l’Enfant [3], du Population Council en 1952 [4]. Ce dernier programme influencera jusqu’à aujourd’hui les programmes démographiques de l’ONU. « L’université de Harvard, avec sa toile de fond aristocratique et son école de médecine tant vantée, a reçu plus de 8 millions de USD des fonds du trust de la pharmacie. Il en va de même pour les universités de Yale, de Jones Hopkins, pour l’université de Stanford, celle de Washington de Saint Louis,celle de Columbia de New-York…. » [5].

À travers le financement de lobbyistes et leur fondation Carnegie, les Rockefeller vont aussi réussir à influer sur diverses instances de normalisation de la santé, telle que l’AMA (Association Médicale Américaine), le codex alimentarius, afin de créer des règlements visant à limiter le développement de la médecine alternative comme l’homéopathie, la phytothérapie, l’acupuncture qui sont susceptibles de limiter les profits de l’industrie chimico-pharmaceutique…. De plus, à travers ces réglementations sanitaires tel celui du Codex alimentarius, ils sont en mesure d’abaisser les maximums autorisés, concernant par exemple les agents cancérigènes, tel l’aflatoxine dans les aliments ou dans les médicaments. Ainsi, un règlement sanitaire, tel le Codex, permet de renforcer le commerce au détriment de la santé des consommateurs, comme on a pu le voir dans les différents commerciaux, à l’OMC, autour du bœuf aux hormones.

S’organiser en cartel permet de limiter la concurrence, or c’est souvent illégal. Au sein du complexe pétrochimique, la lutte entre les industriels est forte, même s’ils s’allient lorsque leurs intérêts de classe sont en jeu. Ainsi, en 1925, les transnationales allemandes Bayer, Basf, Hoechst et IG Farben créent un cartel pour limiter la croissance du trust Rockefeller. Mais plutôt que de se concurrencer, ils décident finalement de créer un cartel entre eux, en 1929. L’organisation en cartel permet aux industriels de limiter la concurrence entre eux, d’accroître leur position de monopole et donc d’améliorer leurs profits. Certains pouvoirs publics, telle l’Union Européenne, pénalisent les cartels en leur infligeant de lourdes amendes, afin de préserver une concurrence utile pour faire baisser les prix pour les consommateurs.

Maurice Bealle explique que : « Le grand trust allemand, l’IG Farbenindustrie, bénéficiait d’un monopole absolu sur tous les produits chimiques fabriqués en Allemagne. L’I.G allemande fit alliance avec la Standard Oil américaine (dont Rockefeller avait des actions) pour contrôler les brevets importants (…). L’I.G américaine était née. La Standard Oil prit une participation de 15% dans le nouveau Trust germano-américain d’IG Farben. Parmi les directeurs de cette compagnie servant de couverture figuraient Walter Teagle (Président de la Standard Oil), Paul Warburg (homme de paille de Roosevelt et Rockefeller) et Edsel Ford … ». Après Pearl Harbor et le début de l’entrée en guerre des Etats-Unis, « l’I.G Farben américaine décida de camoufler, avec l’aide de la Standard Oil, son origine allemande et ses sympathies pour ce pays. Elle changea sa raison sociale pour devenir la General Aniline and Film Corporation » [6].

Les transnationales rechignent rarement à s’allier aux régimes fascistes. Le Zyklon B, est un gaz mortel crée par la société Degesch, une filiale à 42,5% de IG Farben. IG Farben naquit en 1925, et restera le numéro un mondial de la chimie, jusqu’en 1945. Cette transnationale a  soutenu le régime nazi dans sa politique d’extermination des juifs, en gérant directement le camp d’Auschwitz. Après la guerre, les Alliés décidèrent de démembrer le groupe ». « Auschwitz III, ouvert en 1942, était constitué des usines IG-Farben de caoutchouc synthétique (usines Buna) (…). La collaboration entre les SS et IG-Farben fut totale. Les détenus travaillaient sous l’autorité de contremaîtres civils, appelés Meister. 10 000 détenus vivaient et travaillaient à la Buna. 25 000 au moins des 35 000 détenus qui passèrent par Buna moururent. L’espérance de vie d’un détenu y était de trois à quatre mois » [7].

Les élites économiques appuient les élites politiques dans le cadre d’alliance de classe. Dès 1932, IG Farben va rapidement s’associer à la politique fasciste d’Hitler. Lorsque ce dernier partira en guerre en 1939, il pillera les ressources et les recherches des industriels des pays nouvellement conquis, au profit d’IG Farben. « En 1999, les Laboratoires Roche (Hoffman-LaRoche) ont été reconnus coupables de malversations en ce qui concerne la fourniture de vitamines sur le marché mondial. Roche appartient à un cartel pétrochimique et pharmaceutique issu de l’I.G. Farben, l’un des piliers industriels de l’Allemagne Nazie. L’un des partenaires industriels de Sanofi-Aventis est la Société Merck. Cette entreprise avait reçu la part du lion, lors de la distribution des dépouilles de l’économie nazie, à la fin de la deuxième guerre mondiale » [8]. Par ailleurs BASF, ainsi que Bayer et Hoesch, sont-elles aussi des anciennes “filiales” d’IG Farben et figurent toujours parmi les géants de l’industrie chimique. Comme le disait Homer T. Bone, le sénateur US au cours d’une rencontre de la commission sénatoriale chargée des affaires militaires le 4 juin 1943. : « IG Farben était Hitler et Hitler était IG Farben ». En effet, l’appui d’Hitler par l’IG Farben lui a assuré un appui financier considérable. Comme l’a analysé Marx, on observe donc que cette alliance entre les entreprises capitalistes et les dirigeants politiques est une des constantes du capitalisme. Ceci a atteint un point culminant, dans ce régime fasciste, en portant au pouvoir des capitalistes au sein de l’Etat (national socialiste). En soutenant le nazisme, Rockefeller espérait aussi participer à la conquête de l’URSS, récupérer une partie de ses ressources minérales et énergétiques et lutter contre le communisme.

David Rockefeller (un des descendants de John Rockefeller) et le prince Bernard des Pays Bas ont créé le groupe Bilderberg, en 1954. Ce dernier est un ancien officier SS et un espion allemand pour le compte du département d’espionnage NW7 opérant au sein de l’entreprise IG Farben qui participait au fonctionnement d’Auschwitz (Sutton, 1980 : 182) [9]. Le prince Bernard créera ensuite le WWF en 1961 [10]. « John D. Rockefeller avait créé, en 1882, la Standard Oil Company, le prédécesseur juridique de l’actuel Exxon Mobil » [11]. Elle se nomme, en France, Esso et figure parmi les plus puissantes entreprises mondiales et elle est, avec leurs banques, un des pivots de l’empire industriel des Rockefeller, qui couvre bien d’autres secteurs que le pétrole. On voit, à travers cet exemple, ce que signifie le terme de capitalisme pétrochimique et pharmaceutique. Un producteur de pétrole va utiliser une grande partie cette matière première, pour réaliser les produits issus de l’industrie chimique, tels que les produits pharmaceutiques, mais aussi les engrais, les pesticides…

Les élites qui cumulent le pouvoir économique et politique mettent en péril la démocratie. Pour obtenir le pouvoir politique, en plus du pouvoir financier, Nelson Rockefeller va s’introduire au sein du gouvernement des Etats Unis à partir de 1940. La loi ne l’interdit pas, mais cette accumulation des pouvoirs nuit à la démocratie. Il existe des lois contre les cartels qui nuisent à la concurrence. Il en est de même du va et vient entre le secteur économique et les pouvoirs publics qui pose des conflits d’intérêts. Ainsi, Nelson Rockefeller (1908-1979) qui « prit diverses responsabilités sous les présidences de Franklin D. Roosevelt, Harry Truman et Dwight D. Eisenhower. De 1940 à 1977, Nelson Rockefeller prit diverses responsabilités au sein des pouvoirs publics des Etats-Unis. En 1954, il se retrouvera notamment à la tête de l’Operation Coordinating Board (OCB), comité du National Security Council (NSC chargé, entre autres, de superviser les opérations secrètes de la CIA). En 1959, il est élu gouverneur républicain de New York et sera réélu constamment à ce poste jusqu’en 1974, puis il deviendra le 41e Vice-Président des États-Unis de 1974 à 1977. Mais le pouvoir politique de la dynastie Rockefeller ne s’arrête pas. Son grand-père maternel Nelson W. Aldrich a été sénateur, son frère Winthrop Rockefeller fut gouverneur républicain de l’Arkansas et son neveu John Davison Rockefeller IV devint gouverneur et sénateur démocrate de Virginie-Occidentale.

Dans les autres pays du monde fondé sur un système capitaliste, il est inévitable qu’il en soit autrement, puisque cela fait partie des principes même du capitalisme. C’est-à-dire qu’on accepte que le pouvoir issu de la propriété privée ne soit que très partiellement limité par quelques taxes, ce qui permet aux plus riches d’acquérir une situation de pouvoir économique et ensuite leur donne des facilités pour obtenir aussi le pouvoir politique. Par exemple, en Italie, Silvio Berlusconi dirige le pays en tant qu’élu et possède plusieurs entreprises privées, il y a donc aussi un conflit d’intérêt. C’est la même situation, lorsque des PDG, tel Nelson Rockefeller, deviennent ministre, qu’ils ont pour mandat de défendre l’intérêt général, puis retrouvent leur poste de dirigeant d’entreprises privées, où leurs actionnaires exigent qu’ils défendent cette fois leurs intérêts et donc ceux du capitalisme. « Thierry Breton a été ministre de l’économie entre 2005 et 2007, mais auparavant, il était « PDG de France Télécom et était en même temps administrateur de trois autres grandes sociétés : la banque franco-belge Dexia, de Thomson ainsi que de Schneider Electric. Il était, de plus, membre du conseil de surveillance d’Axa ». Depuis le 17 nov. 2008, il est retourné défendre les intérêts d’un groupe privé Atos Origin, comme PDG.

Le 2 juin 2005, Christine Lagarde qui l’a remplacé est nommée ministre délégué au commerce extérieur, puis devient ministre de l’économie de la France en 2007. « Au début des années 1980 elle rejoint le cabinet d’affaires américain Baker et Mackenzie. En 1999, elle est devenue la présidente du comité de direction de ce cabinet américain – le second cabinet d’affaires mondial (…) présent dans 66 pays. Elle est également, depuis avril 2005, présidente du comité stratégique mondial de ce cabinet jusqu’à 2009 (…). Christine Lagarde a été désignée en 2004 par le magazine Forbes comme l’une des femmes les plus influentes du monde (…). En avril 2005, Madame Lagarde est également entrée au conseil de surveillance de la banque néerlandaise ING group (…). Elle est aussi membre active du Center for Startegic & International Studies (CSIS) (…) en tant que vice-présidente de US-UE-Poland Action Commission (président Zbigniew Brzezinski) où elle représentait les intérêts américains (…) . Elle a prêté également assistance à des programmes d’entraînement, en coopération avec Lockeed Martin (un des premiers industriels de l’armement des USA). Elle a « défendu les intérêts de la firme Boeing ». Les intérêts français et européens peuvent donc être mis en péril par sa nomination comme ministre du commerce puis de l’économie. Pour l’OCDE, « la description générale des situations de conflits d’intérêts doit s’appuyer, sur l’idée fondamentale, qu’il existe des situations où les intérêts et liens privés d’un agent public créent ou peuvent créer un conflit, avec la bonne exécution de tâches officielles ». L’article 23 de la Constitution française pose des incompatibilités claires. Il stipule que « les fonctions de membre du gouvernement sont incompatibles avec l’exercice de tout mandat parlementaire, de toute fonction de représentation professionnelle à caractère national et de tout emploi public ou de toute activité professionnelle ». Le 11 juillet 2005, le député JC Lefort a donc proposé une loi organique « visant à rendre incompatible la nomination au poste de ministre de tout citoyen, n’ayant pas cessé depuis trois ans auparavant, une activité professionnelle, marquée par des objectifs et des missions portant atteinte aux intérêts fondamentaux du pays ». En effet, l’article L. 231 du code électoral stipule que les préfets ne peuvent pas obtenir de mandat électif pendant une période de trois ans, afin de préserver l’indépendance du législatif, vis-à-vis de l’exécutif [12].

Le financement et l’aide en nature des futurs élus permettent de servir les intérêts des transnationales. Aux Etats-Unis, les industriels financent légalement, depuis des années, les campagnes des hommes politiques. Pour arriver au pouvoir, la famille Rockefeller finança les campagnes présidentielles de Théodore Roosevelt, puis de Franklin Roosevelt. Le premier fit 3 mandats présidentiels, entre septembre 1901 et mars 1909, et le second a obtenu 4 mandats présidentiels, de 1933 à 1945. En retour, ceux-ci furent sans doute plus conciliants avec les demandes des Rockefeller et de l’industrie pharmaceutique.

Les partis majoritaires (RPR, PS), qui ont obtenu le pouvoir, ont été eux aussi financés par les élites économiques, mais souvent de manière illégale ou à la limite de la légalité. Ce fut par exemple le cas de l’affaire des marchés publics d’Île-de-France où Michel Roussin était au centre du dispositif de financement du RPR.

Pour obtenir l’écoute bienveillante des dirigeants politiques, les dons en nature sont aussi bien utiles. « Le yacht Nourmahl, appartenant à Vincent Astor de la Chase Manhattan Bank et associé de Rockefeller, se trouva immédiatement mis à la disposition de Roosevelt, pour des petites fêtes de week-end. Alors que les invités se divertissaient, les chefs discutaient en privé de la politique commerciale. Il n’est donc pas surprenant que la protection à grande échelle, accordée par l’Administration Roosevelt fut pour les trusts germano-américain (I.G Farben – Rockefeller) » [13]. Cette forme de lobbying n’est pas sans rappeler le prêt du Yacht de l’industriel Bolloré à Nicolas Sarkosy, juste après son élection comme président de la république, en mai 2007.

Les élites économiques se considèrent souvent comme les dirigeants les plus légitimes du monde et des médias. La clef de voûte du gigantesque empire industriel des Rockefeller « est la Chase National Bank, avec ses 27 filiales de New-York City et ses 21 autres installées à l’étranger » [14]. A présent, elle a changé de dénomination et s’appelle la Chase Manhattan Bank. La part principale de la Chase Manhattan Bank appartenant aux Rockefeller avec 32,35% des actions. Ces deux banques privées contrôlent donc à elles seules la FED qui est aux Etats-Unis, l’équivalent de notre banque centrale et qui est censée être un bien public [15]. Les Rockefeller sont aussi propriétaires de certains médias, tel CNN, la Warner et financent les médias via la publicité, comme de nombreux autres puissants industriels. Aussi est-il assez difficile de critiquer leur main mise sur la société, l’économie et la politique et sur l’appareil d’Etat qui s’avère finalement anti-démocratique. le groupe Bilderberg fut créé en 1954, grâce à un cofinancement de Unilever et de la CIA. Selon un ancien délégué du groupe, le consensus, élaboré au sein de ce forum, sert de base à l’évolution des politiques internationales. Le banquier David Rockefeller fut le fondateur du groupe de Bilderberg, puis de la Commission Trilatérale. ’Ces deux lobbies sont les véritables architectes de la mondialisation néo-libérale” selon M. R. Jennar (2005) [16]. Lowry Mark, de l’American Chronicle, Gordon Laxer, le Directeur de l’institut Parkland de l’université d’Alberta et Marc Jennar [17], rapportent qu’en 1991, devant la Trilatérale, David Rockefeller a déclaré : « Nous sommes reconnaissants envers le Washington Post, le New York Times, Time Magazine et d’autres grands journaux, leurs directeurs ayant participé à nos rencontres et ayant respecté la promesse de discrétion pendant près de 40 ans. Il nous aurait été impossible de développer notre plan pour le monde, toutes ces années durant, si les projecteurs avaient été braqués sur nos activités. Le monde est maintenant plus sophistiqué et plus préparé à accepter un gouvernement mondial. La souveraineté supra-nationale d’une élite intellectuelle et de banquiers est sûrement préférable au principe d’autodétermination nationale des peuples, pratiquée tout au long de ces derniers siècles » [18].

L’histoire du capitalisme et des Rockefeller, sous l’angle du secteur pétrochimique et pharmaceutique, nous révèle certains des mécanismes majeurs qui leur permettent d’asseoir leur pouvoir. La propriété privée des moyens de productions, qui est un des principes fondateurs du capitalisme, nous montre que cela confère le pouvoir économique. Le capitalisme libéral, qui contribue à privatiser les services publics, renforce encore leur pouvoir, en permettant d’introduire les intérêts privés notamment au sein des politiques de santé publique. Le lobbying et les actions illégales sont une des conséquences logiques de ce système qui met la priorité sur le pouvoir individuel et qui se développe souvent au détriment de l’intérêt général et de la population. Mais cette histoire du capitalisme des Rockefeller n’est pas finie, puisque ceux-ci continuent de régner sur les Etats-Unis et sur le monde, notamment avec leurs banques (Chase Manhattan Bank) et leur pétrole (Exxon), comme le font les autres grandes transnationales.

Thierry Brugvin

Sociologue

[1] PICARD Jean-François, La fondation Rockefeller et la recherche médicale, Presses universitaires de France, Paris, 1999.

[2] K. BUSER ET G. WALTZ, « Partenariats mondiaux public-prive´ : partie II –Enjeux d’une gestion mondiale » ; Bulletin of the World Health Organization, 2000, 78 (5) : 699-709.

[3] LANCTOT Guylaine, 2002, La Mafia Médicale, Editions Voici la clef, Coaticook Québec.

[4] POPULATION CONCIL, La mission du Population Council, http://www.popcouncil.org/francais/apropos.html, 2008.

[5] BEALLE Morris A, The Drug Story, Columbia Pub. Co ; 1949.

[6] BEALLE Morris A, The Drug Story, Columbia Pub. Co ; 1949.

[7] SCEREN CNDP, Document 3A : l’usine IG-Farben, Collection pour mémoire, SCEREN CNDP.

[8] HOROWITZ LG. Death in the Air : Globalism, Terrorism and Toxic Warfare.Sandpoint, ID : Tetrahedron Publishing Group, printemps 2001.

[9] SUTTON Antony C. 1980, Trilateralism, the Trilateral Commission and the Elite Planning for World Management, sous la dir. Holly Skar, South End Press, Boston, 1982.

[10] LA GAZETTE DU SNCC n°21, 2ème trimestre 2006.

[11] EXXON MOBIL, Histoire, http://www.exxonmobil.com/Benelux-French/About/Bnl_History.asp.

[12] LEFORT Jean-Claude (Député), Proposition de loi organique N° 2463, Assemblée nationale, 11 juillet 2005.

[13] BEALLE Morris A, The Drug Story, Columbia Pub. Co ; 1949.

[14] BEALLE Morris A, The Drug Story, Columbia Pub. Co ; 1949.

[15] CARMACK Patrick S. J. , The Money Masters : How International Bankers Gained Control of America, 2007.

[16] JENNAR Marc Raoul, ’Le gouvernement des lobbies : la gouvernance contre la démocratie’, in BALANYA Belen, DOHERTY Ann, HOEDEMAN Olivier, MA’ANIT Adam, WESSELIUS Erik, Europe Inc., Comment les multinationales construisent l’Europe et l’économie mondiale, Agone, Elements, Marseille, 2003, p. 17.

[17] JENNAR (2003 : 17).

[18] LAXER Gordon (Directeur de the University of Alberta Parkland Institute), In praise of FTAA-Quebec City protestors, ExpressNews, 2002. LOWRY Mark, American Sovereignty can only be preserved if illegal aliens are removed, American Chronicle, January 29, 2007.

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 23 mai, 2012 |Pas de commentaires »

COMBIEN NOUS COUTE L’OTAN DE LA « DEFENSE INTELLIGENTE ?  » (IL MANIFESTO)

Combien nous coûte l’OTAN

de la

« défense intelligente ? »

 (Il Manifesto)

COMBIEN NOUS COUTE L'OTAN DE LA

Tommaso DI FRANCESCO, Manlio DINUCCI
Les 21-22 mai se tient à Chicago le Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Otan. Parmi les diverses questions à l’ordre du jour, de l’Afghanistan au « bouclier anti-missiles », il y en a une centrale : la capacité de l’Alliance à maintenir, dans une phase de crise économique profonde, une « dépense pour la défense » qui continue à lui assurer une nette supériorité militaire.

Avec un optimisme inconscient, le socialiste du Pasok Yannis Ragoussis, qui fait fonction de ministre grec de la défense, a écrit sur la Nato Review, à la veille du Sommet, que la participation à l’Alliance a donné à la Grèce « la nécessaire stabilité et sécurité pour le développement dans le secteur politique, financier et civil ». On en voit les résultats. Le secrétaire général de l’Alliance, Anders Rasmussen, par contre, ne cache pas sa préoccupation quant à l’impact de la crise. En préparation du Sommet, il a prévenu que si les membres européens de l’Otan font trop de coupes dans les dépenses militaires, « nous ne serons pas en mesure de défendre la sécurité dont dépendent nos sociétés démocratiques et nos économies prospères ».

Combien dépense l’Otan ? Selon les données officielles mises à jour pour 2011, les « dépenses pour la défense » des 28 états membres se montent à 1.038 milliards de dollars annuels. Un chiffre équivalant à environ 60% de la dépense militaire mondiale. En ajoutant d’autres postes de caractère militaire, il grimpe à environ deux tiers de la dépense militaire mondiale. Le tout payé en deniers publics, soustraits aux dépenses sociales.

Il y a cependant un déséquilibre croissant à l’intérieur de l’Otan, entre la dépense étasunienne, qui a augmenté en dix ans de 50 à plus de 70% de la dépense totale, et celle de l’Europe qui a proportionnellement chuté. Rasmussen fait donc pression pour que les alliés européens s’engagent davantage : si l’écart de capacités militaires entre les deux rives de l’Atlantique continue à se creuser, « nous risquons d’avoir, à plus de vingt ans de la chute du Mur de Berlin, une Europe faible et divisée.

Il passe sous silence par contre le fait que sur les pays européens pèsent d’autres dépenses, dérivant de leur participation à l’Otan. Comme le « Budget civil de l’Otan » pour l’entretien du quartier général à Bruxelles et du staff civil : environ un demi milliard de dollars annuels, dont 80% sont payés par les alliés européens. Comme le « Budget militaire de l’Otan » pour l’entretien des quartiers généraux subordonnés et du personnel militaire international : presque 2 milliards annuels, payés à 75% par les Européens. Comme le « Programme d’investissement pour la sécurité de l’Otan », destiné à l’entretien de bases militaires et autres infrastructures pour la « mobilité et flexibilité des forces de déploiement rapide de l’Otan » : environ un milliard et demi de dollars annuels, dont 78% payés par les Européens. Ainsi que le spécifie un rapport sur les fonds communs de l’Otan, présenté au Congrès étasunien en février dernier, depuis 1993 ont été éliminées les contributions pour les bases militaires des alliés européens, tandis qu’ont été gardées celles pour les bases militaires étasuniennes en Europe. Ceci signifie, par exemple, que l’Otan n’a pas déboursé un centime pour l’utilisation des sept bases italiennes mises à sa disposition pour la guerre contre la Libye, tandis que l’Italie contribue aux dépenses pour le maintien des bases Usa en Italie.

Des dépenses ultérieures, qui s’ajoutent aux budgets de la défense des alliés européens, sont celles relatives à l’élargissement de l’Otan à l’est, estimées entre 10 et plus de 100 milliards de dollars. On y trouve celles pour l’extension à l’Europe du « bouclier anti-missiles » étasunien, que Rasmussen quantifie à 260 millions de dollars, sachant bien que la dépense réelle sera beaucoup plus élevée, et qu’il faut y ajouter celle de la potentialisation du système Altbmd, dont le coût est prévu à environ un milliard de dollars. On y trouve les dépenses pour le système Ags qui, intégré par les drones Global Hawk made in Usa, permettra à l’Otan de « surveiller » depuis Sigonella (Sicile) les territoires à attaquer : l’Italie a endossé 12% du coût du programme, estimé à au moins 3,5 milliards de dollars, en payant en outre 300 millions pour les infrastructures. On y trouve les dépenses pour les « missions internationales », parmi lesquelles au moins 4 milliards de dollars annuels pour entraîner et armer les « forces de sécurité » afghanes.

Comment les gouvernements européens, sous pression de la crise, peuvent-ils faire face à ces dépenses et à d’autres ? Le secrétaire général de l’Otan a la formule magique : comme les alliés européens « ne peuvent pas se permettre de sortir du business de la sécurité », ils doivent « revitaliser leur rôle » en adoptant, suivant l’exemple des Etats-Unis, la « défense intelligente ». Celle-ci « fournira plus de sécurité, pour moins d’argent, en travaillant ensemble ». La formule, inventée à Washington, prévoit une série de programmes communs pour les manœuvres, la logistique, l’achat d’armements (en commençant par le chasseur étasunien F-35). Programmes structurés de façon à renforcer le leadership étasunien sur les alliés européens. Une sorte de « groupements d’achat solidaire » pour faire semblant d’épargner sur la dépense de guerre.

Manlio Dinucci, Tommaso Di Francesco

Edition de dimanche 20 mai 2012 de il manifesto

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 22 mai, 2012 |Pas de commentaires »

ALERTES SANITAIRES: CES ASSOCIATIONS QUI DERANGENT UN PEU TROP !

Alertes sanitaires :

 ces associations qui dérangent

un peu trop

ALERTES SANITAIRES: CES ASSOCIATIONS QUI DERANGENT UN PEU TROP ! dans REFLEXIONS PERSONNELLES SANITAIRE

Par Sophie Chapelle (16 janvier 2012)

Un suivi des malformations des nouveau-nés menacé de suspension, un décret qui marginalise en douce les associations environnementales, des programmes de recherche sur la santé annulés… Les associations et les expertises indépendantes dérangeraient-ils certains intérêts ? Après une année marquée par plusieurs victoires, comme l’interdiction du bisphénol A, des phtalates et du parabène, elles voient en 2012 les obstacles se multiplier pour poursuivre leur travail d’alerte.

« Les associations indépendantes dérangent, c’est très clair sur les questions de santé-environnement. » André Cicolella, président du Réseau Environnement Santé (RES), n’y va pas par quatre chemins. « Beaucoup ont intérêt à ce que rien ne change », confie ce spécialiste de l’évaluation des risques sanitaires. Dernier exemple en date : l’attaque dont fait l’objet une petite équipe de chercheurs en épidémiologie à Lyon. Ils tiennent le Registre des malformations en Rhône-Alpes (Remera). Dans leurs archives, figurent plus de 60 000 dossiers d’enfants porteurs de malformations congénitales. Leur travail : tenter de déceler d’éventuels facteurs provoquant ou favorisant ces malformations, comme les pesticides ou les dioxines recrachées par les incinérateurs de déchets [1].

Or, l’existence de ce registre est menacé. Il vient, le 15 décembre, d’être « déqualifié » par le Comité National des Registres, chargé de veiller à leur bonne tenue [2]. Une décision perçue comme « brutale » et « incompréhensible » à l’encontre du registre le plus important sur le sujet en France [3]. Et qui interroge : pourquoi s’en prendre au registre des malformations des nouveau-nés ? Le travail des chercheurs lyonnais gênerait-il ?

Des études qui dérangent ?

« Les malformations congénitales concernent plus de 3 % des enfants nés vivants et représentent la plus importante cause de mortalité infantile », explique Emmanuelle Amar, épidémiologiste et directrice du registre. Comme ces malformations ne font pas partie des pathologies à déclaration obligatoire, elles ne sont donc pas recensées sur l’ensemble du territoire. « De fait, seul un registre dédié à ce type de pathologies permet d’alerter les autorités sanitaires en cas d’augmentation du nombre de cas de malformations sur un territoire donné », indique l’épidémiologiste. « En neuf mois d’exposition de la mère, on a tout de suite un signal d’alerte. » Détecter une recrudescence de cancers liés à un même facteur, comme les cancers professionnels, peut prendre plusieurs années, le temps que la maladie se déclare.

Emmanuelle Amar et son équipe travaillent notamment sur les pesticides et les expositions professionnelles. « Nous essayons de comprendre les facteurs favorisant la venue de certaines malformations .»

« Nous avons par exemple étudié, avec le Centre Anticancéreux Léon-Bérard, le lien entre les pesticides et le cancer du testicule chez le jeune adulte. » Une étude conjointe du Remera et de l’Inserm montre aussi le rôle des dioxines et des métaux lourds, émis par les incinérateurs d’ordures ménagères, dans l’augmentation des malformations urinaires constatée en Rhône-Alpes [4]. « La déqualification soudaine du registre est ahurissante, confie Emmanuelle Amar, surtout que les motifs invoqués ne tiennent pas. Je pensais jusque-là que c’était une simple question de réduction budgétaire. » Elle s’interroge désormais sur les vraies raisons qui ont poussé à cette sanction.

Conflits d’intérêts ou démocratie sanitaire

Dans une note d’analyse, le Remera démonte chacune des affirmations qui ont conduit le Comité National des Registres (CNR) à déqualifier le registre. Fait troublant, la décision du CNR – composé de 22 experts en épidémiologie et santé publique – se fonde partiellement sur un audit de septembre 2011 diligenté par l’InVS (rattaché au ministère de la Santé). L’institut, membre du CNR, est aussi l’un des principaux financeurs du registre (85 000 euros par an sur les 220 000 euros de budget annuel de l’association). « Tout cela pose la question de la démocratie sanitaire et des conflits d’intérêts », s’agace Emmanuelle Amar.

L’auditrice mandatée par l’InVS aurait confié être « très mal à l’aise », devant « apprécier la qualité du travail fourni » tout en sachant que « l’InVS souhaite se désengager de ses financements », ajoute le professeur Jean-François Lacronique, président de l’association Remera [5]. « Ce n’est pas l’auditrice qui décide de la requalification du registre, mais les 22 membres du CNR, experts en épidémiologie et santé publique, qui votent à bulletin secret lors d’une réunion plénière, répond l’InVS à l’Agence de presse médicale. Le but est d’avoir des données de bonne qualité, pas de supprimer les registres. » L’InVS et l’Inserm viennent par ailleurs d’annoncer qu’ils continueront à financer le registre en 2012. Une façon de balayer les rumeurs selon lesquelles l’InVS voudrait se désengager. Appuyés par des médecins, des élus et des associations (voir la liste des soutiens), Emmanuelle Amar et son équipe ont déposé un recours gracieux contre la décision de déqualification. Il reviendra au CNR de décider s’il entérine sa première décision.

Casser le thermomètre

Cette polémique fait écho à la défiance accrue des citoyens à l’égard d’autorités sanitaires qui ne jouent plus leur rôle. « Que peut-on penser d’une institution publique comme l’InVS dont la mission consiste à organiser la veille sanitaire, et qui préfère détruire les outils de veille existants en santé-environnement ? », s’insurge André Cicolella. « Veut-on vraiment éviter un drame tel que celui du thalidomide ? » Ce médicament, commercialisé en 1955, est responsable de la naissance de milliers d’enfants porteurs de malformations sévères entre 1956 et 1961. S’il a fallu six années pour le retirer du marché, c’est parce qu’il n’existait à l’époque aucun système de surveillance des malformations congénitales permettant de recouper les données. C’est pour tirer les leçons de ce scandale que des registres ont été créés.

Ni l’InVS ni l’Inserm n’ont souhaité reprendre fin 2006 la gestion de ce précieux outil de veille sanitaire, alors que la société d’assurances Groupama se retirait de son financement. Une structure associative, le Remera, a donc vu le jour en 2007 pour gérer le registre, subventionnée par le biais de conventions annuelles, sans aucun fond de trésorerie. L’actuelle décision de suspendre ce registre sur les malformations congénitales va à l’encontre des dispositions du Grenelle et du Plan national Santé Environnement, qui insistent sur l’urgence de mieux connaître les facteurs toxiques qui affectent les nouveau-nés. « C’est la stratégie du thermomètre : on le casse pour ne pas voir la température », résume André Cicolella.

Briser l’élan

L’année 2011 a pourtant été marquée par des victoires considérables pour les réseaux associatifs. Après s’être prononcés en mai dernier pour l’interdiction des phtalates, des alkylphénols et des parabènes, les députés ont voté l’interdiction du bisphénol A (BPA) dans les contenants alimentaires en octobre 2011. Autant de substances qui sont classées cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (« CMR »)… « Dans le cas du BPA, nous avons montré que l’Agence française de Sécurité Sanitaire des Aliments (Afssa) ignorait 95 % des études scientifiques, et qu’elle ne remplissait donc pas son rôle », rappelle André Cicolella. La veille scientifique menée dès mai 2009 par les membres du RES a révélé l’impact sanitaire du BPA, à des doses très inférieures à la dose journalière admissible préconisée par l’Afssa, devenue ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire). Il a cependant fallu attendre le 27 septembre 2011 pour que l’ANSES aboutisse aux conclusions des études indépendantes et admette le risque.

Face aux récents conflits d’intérêts qui ont secoué les autorités sanitaires, entachant leur prétendue indépendance, ces nouveaux réseaux associatifs gagnent en puissance et en crédibilité auprès des citoyens. Mais une autre décision risque de briser cet élan. L’Agence Nationale de la Recherche (ANR) a annulé le programme consacré à la santé environnementale lancé il y a un an. « Cette décision est d’autant plus surprenante qu’elle a été prise en catimini à la demande du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et du directeur du programme CESA (« Contaminants et environnement ») sans que le conseil scientifique de l’Agence Nationale de la Recherche n’ait été associé », indique le Réseau Environnement Santé. Pourtant, ce programme avait notamment permis de financer la recherche sur le chlordécone, un pesticide massivement aspergé sur les plantations de bananes aux Antilles. Un lien avait ainsi pu être démontré entre l’exposition au chlordécone et l’excès de cancers de la prostate chez les ouvriers agricoles des bananeraies de Martinique et de Guadeloupe (lire notre enquête). Une pétition pour le maintien du programme Cesa a été initiée par plusieurs associations.

« Les associations, ça commence à bien faire… »

Aux coupes budgétaires et aux menaces pesant sur les outils de veille, est venue s’ajouter la parution d’un décret, en juillet 2011, menaçant de condamner au silence les associations de défense de l’environnement [6]. Pour être reconnues d’utilité publique, ces associations devront désormais compter au moins 2 000 adhérents, exercer leur action sur la moitié des régions, et disposer d’un minimum de 5 000 donateurs. « On ferme la porte à toutes les petites structures locales qui font un travail extraordinaire en s’appuyant sur des associations nationales », note Roland Desbordes, de la Commission de Recherche et d’Information indépendantes sur la Radioactivité (Criirad). « Si ces associations n’existaient pas, nous n’aurions pas la même action car ce sont elles qui font remonter l’information », précise-t-il. L’État chercherait-il à choisir, parmi les associations pouvant siéger dans les instances consultatives, celles qui ne sont pas trop dérangeantes ?

« Il n’y a pas que le nombre qui fonde la reconnaissance, mais aussi l’expertise et la pratique », analyse, pour sa part, François Veillerette, de Générations Futures, une association travaillant sur les dangers des pesticides. « Notre travail n’est pas d’aller chercher des adhérents. Nous préférons mettre cet argent dans l’expertise et l’information de nos concitoyens, explique-t-il. Par ce décret, on nous demande d’arrêter de faire une partie de notre travail pour arriver à être reconnu de façon administrative. » Du côté du Centre National d’Information Indépendante sur les Déchets (Cniid), très porté sur la thématique de l’incinération et du stockage des déchets, on ressent « une volonté de contrôler et de museler au niveau national et local ». Mettant en exergue l’indépendance financière comme gage de crédibilité, son directeur, Sébastien Lapeyre, considère que le nombre d’adhérents n’est pas un critère de représentativité. « On gagne des adhérents en étant reconnus par le développement de nos expertises et non en développant une stratégie marketing », insiste-t-il.

Ces contre-pouvoirs mal aimés des politiques

Ce décret est révélateur d’une atmosphère pas vraiment favorable aux expertises indépendantes. « Les députés UMP et les sénateurs ont très mal vécu le Grenelle de l’Environnement et la place accordée aux associations dans la représentation des citoyens », avance François Veillerette, dans l’émission « Terre à Terre » (France Culture) du 3 septembre dernier. Faudra-il bientôt être élu pour être considéré comme un contre-pouvoir légitime ? Pour André Cicolella, tout l’enjeu consiste à ce que les associations aient les moyens de mener leur action. « Elles ont besoin de financements qui ne soient pas attribués par favoritisme mais pour le travail mené », explique-t-il. Un changement culturel d’envergure est à conduire. Afin que ce qui a fonctionné pour le bisphénol A puisse se reproduire pour d’autres dossiers, du mercure dentaire au risque nucléaire.

Sophie Chapelle

Notes:

[1] Il existe une quarantaine de registres de ce type en France, financés, en dehors des registres sur les cancers, par l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) et l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (Inserm), dont cinq registres sur les malformations congénitales.

[2] Le Comité National des Registres, coprésidé par l’InVS et l’Inserm, dilligente tous les quatre ans une procédure de requalification des registres (trois ans lorsqu’il s’agit d’une première qualification). Source : APM.

[3] Lire le courrier de déqualification.

[4] Lire le résumé de cette étude (en anglais).

[5] Lire la lettre adressée par le professeur Jean-François Lacronique à l’InVS et à l’Inserm.

[6] Lire L’État se débarrasse des associations qui dérangent.

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 20 mai, 2012 |Pas de commentaires »

NUCLEAIRE FRANCAIS: LA CULTURE DE LA SECURITE EN VOIE DE DISPARITION

Nucléaire français :

 La culture de la sécurité

en voie de disparition

NUCLEAIRE FRANCAIS: LA CULTURE DE LA SECURITE EN VOIE DE DISPARITION dans REFLEXIONS PERSONNELLES centrale-nucleaire-t7183

Par Ivan du Roy (5 juillet 2011)

Alors que plane l’ombre de Fukushima, un député PS et un sénateur UMP remettent en cause le principe de la mise en concurrence du secteur de l’énergie qui prévaut aujourd’hui en Europe. Sécurité des centrales mise à mal par le recours à la sous-traitance, un chantier EPR où opacité et dissimulation règnent, manque de formation des personnels ou encore absence de suivi médical d’une partie des ouvriers exposés aux radiations… Telles sont les conclusions d’un rapport parlementaire sur la sécurité nucléaire en France.

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EDF et Areva suivent-ils le même chemin que Tepco (Tokyo Electric Power), l’opérateur japonais en charge de la centrale de Fukushima ? Le député PS Christian Bataille (Nord) et le sénateur UMP Bruno Sido (Haute-Marne) viennent de remettre leur rapport d’étape sur la sécurité nucléaire. Les élus ne sont pas tendres avec les deux principaux acteurs de la filière. Ils remettent clairement en cause le recours « à la sous-traitance en cascade » qui « aboutit à une opacité, potentiellement dommageable pour la sûreté des installations », écrivent-ils. « À l’occasion de nos visites de sites, dans certains cas extrêmes, jusqu’à huit niveaux de sous-traitants peuvent ainsi se superposer. Une telle situation s’avère particulièrement préoccupante, en terme de sûreté, puisqu’elle conduit à une dilution extrême des responsabilités et s’avère difficile à identifier. » Si l’on en croit la documentation d’EDF sur les métiers du nucléaire (voir ci-dessous), ce sont « 20.000 fournisseurs tous métiers confondus » qui composent la sous-traitance.

Mieux vaut tard que jamais, les deux élus s’inquiètent des conditions de travail de ces prestataires extérieurs, en particulier de l’absence de suivi médical pour ces ouvriers et techniciens régulièrement confrontés aux radiations. « En effet, alors que les personnels EDF ou Areva sont soumis au contrôle du médecin du travail de leur établissement, ceux des sous-traitants dépendent, sauf exception, pour leur suivi médical, d’un médecin du travail basé dans leur lieu d’origine, ce qui peut constituer un obstacle majeur à un contrôle radiologique efficace. » Les batailles menées depuis quelques mois par des syndicalistes et des chercheurs n’auront pas été totalement vaines. Les rapporteurs suggèrent ainsi la création sur chaque site d’un médecin du travail référent « chargé de la vérification du dossier de santé des intervenants ». Une première avancée mais qui ne résout pas la question, loin de là. Car l’évaluation de la limite maximale d’exposition, fixée en Europe à 20 millisieverts par an (mSv, mesure l’impact biologique aux rayonnement ionisants), commence à être fortement remise en cause.

Exposition à la radioactivité : des normes à réévaluer

« En matière de cancer, la norme n’est qu’une garantie de risque acceptable, sachant que les rayonnements sont nocifs, même à faible dose. Ainsi, une exposition de 20 mSv par an pendant cinquante ans provoque un risque de décès par cancer accru de 15%, selon une enquête du Centre international de recherche sur le cancer (Circ). Rappelons, pour comparaison, que la norme d’exposition à l’amiante actuellement en vigueur entraîne une augmentation de risque de décès par cancer de 0,5% sur la même période », explique le journaliste Jean-Philippe Desbordes dans le magazine Santé et Travail (juillet 2011).

Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche à l’Inserm, propose en conséquence l’instauration d’une norme quotidienne, ce qui est normalement la règle pour les autres types de cancérogènes, comme les pesticides. De son côté, la CGT réclame un abaissement du seuil annuel à 10 mSv. La mission parlementaire sur la sécurité nucléaire n’a, pour l’instant, pas jugé bon de s’intéresser à ces normes et à la manière de les calculer. Leur proposition de médecin du travail référent ne règle pas non plus le chantage à l’emploi dont font l’objet les nomades du nucléaire, tentés de masquer les doses de radioactivité qu’ils subissent par crainte de se voir retirer leur contrat, leur emploi et donc leurs revenus.

Une culture de la sûreté en voie de disparition

Le recours massif à la sous-traitance pose une autre question : celle de la perte de « la culture de la radio protection ». Comme toutes les anciennes grandes entreprises publiques, EDF est une entreprise vieillissante : entre 2010 et 2015, 22.000 employés de l’électricien prendront leur retraite, sur un effectif total de 65.000. Soit un salarié sur trois ! C’est tout un savoir qui s’en va, et qui fera cruellement défaut en cas d’incident au sein d’une centrale. Ce que ne manquent pas de relever les élus : « Le remplacement de ces personnels pose une double difficulté. D’une part, l’offre de formation aux métiers du nucléaire reste très insuffisante en regard des besoins (…). D’autre part, le caractère très spécialisé de certains de ces métiers nécessite de prolonger la formation initiale par un compagnonnage sur plusieurs années, permettant d’acquérir une parfaite maîtrise des gestes techniques et une complète connaissance des matériels. »

L’intervention de ces multiples prestataires sur les 58 réacteurs français – avec un turn-over de 20% selon le secrétaire du CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) de la centrale de Cruas (Ardèche) – ne contribue pas à transmettre l’histoire d’une centrale, de ses incidents et de ses points faibles. Alors même qu’elles vieillissent, que les « anomalies » vont se multiplier du fait de l’usure des matériaux, et que le gouvernement envisage de prolonger l’activité des réacteurs les plus anciens, comme le réacteur n°1 de Fessenheim, qui rempile pour dix ans malgré une accumulation d’incidents. Ce qui n’est pas sans rappeler l’autorisation donnée par l’agence de régulation nucléaire japonaise, l’équivalent de l’ASN, de prolonger pendant dix ans supplémentaire l’exploitation du plus ancien réacteur de Fukushima. Et ce, le 7 février, un mois avant la catastrophe, et après avoir signalé des craquelures sur le groupe électrogène de sûreté du réacteur n° 1 de Fukushima Dai-Ichi. Comme si, malgré les alertes de salariés, d’associations ou des élus, un terrible puzzle se mettait en place pour que, après les États-Unis, l’URSS et le Japon, la France connaisse sa propre catastrophe nucléaire.

Vers la fin de la sous-traitance ?

La limitation du recours à la sous-traitance est donc urgente, comme le recommandent le député et le sénateur. Mais ni EDF ni Areva n’en prennent pour l’instant le chemin. EDF a financé la mise en place d’une filière pour les métiers de la « maintenance nucléaire » (du CAP au BTS en chaudronnerie industrielle ou en électrotechnique). Derrière la devise « être plus performant pour mieux servir », l’opérateur y vante les débouchés qu’ouvrent ses diplômes pour trouver un emploi chez… ses prestataires. Rappelant que ceux-ci sont en charge de 80% des activités liées à la sûreté, à la sécurité ou à la radioprotection.

 

Areva souhaite également augmenter le recours à la sous-traitance. Le producteur d’uranium envisage par exemple de confier l’approvisionnement en énergie de son usine de retraitement des déchets nucléaires de La Hague à une filiale de Veolia.

Un EPR bricolé ?

Le problème se pose encore plus crûment pour le nouveau réacteur EPR en construction à Flamanville (Manche). Christian Bataille et Bruno Sido, qui sont très loin de souhaiter la sortie du nucléaire, pointent du doigt le chantier et sa totale opacité. « Un certain nombre d’intervenants, dont l’ASN (Autorité de Sûreté du Nucléaire), ont fait part de la perte de savoir-faire dans la construction de réacteurs, notamment chez les fournisseurs, sur des points très techniques tels que des soudures au niveau du liner et des adaptateurs du couvercle de la cuve. » Cette même cuve censée être encore plus résistante à une éventuelle fusion du cœur. L’ASN avait constaté en 2010 qu’une soudure sur quatre n’était pas conforme aux critères de qualité.

« Il nous a été impossible d’obtenir une évaluation crédible du coût de la sécurité dans l’EPR. Vos rapporteurs en ont notamment fait la demande directe lors de sa visite du chantier de Flamanville, sans qu’une réponse satisfaisante leur soit apportée », témoignent-ils. « Le nucléaire, une énergie compétitive pour préparer l’avenir », vantent pourtant les brochures EDF. Tellement compétitive que l’opérateur est incapable d’en chiffrer le coût… Les élus s’y sont essayés, et constatent une augmentation de 50% en cinq ans du prix du réacteur de 3e génération érigé à Flamanville passant de 3 milliards d’euros en 2003 à 5 milliards , « si ce n’est plus », en 2008. Côté pile : l’ASN a recensé 112 accidents du travail en 2010, dont un tiers n’avaient pas été déclarés par Bouygues, en charge des travaux. Quatre enquêtes préliminaires pour travail dissimulé, sous-déclaration des accidents de travail et décès de deux employés sur le chantier sont menées par le parquet de Cherbourg (lire aussi l’article de Novethic sur le sujet).

 

Face à ce gigantesque risque de la perte de sûreté dans la filière nucléaire, les deux élus recommandent que « l’État prenne toutes les dispositions qui apparaîtront nécessaires pour, d’une part, conserver sur le long terme une complète maîtrise des entreprises de la filière nucléaire française et, d’autre part, faire reconnaître au niveau européen, le caractère spécifique de la filière nucléaire qui ne peut répondre à l’exigence de concurrence imposée dans le secteur de l’énergie par les traités. » En clair : un virage à 180 degrés après deux décennies de dérégulation en Europe. Et une remise en cause de la loi transformant EDF en société anonyme, votée en août 2004 alors qu’un certain Nicolas Sarkozy était ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie. Les six représentants de l’État et les six représentants syndicaux qui siègent au Conseil d’administration d’EDF obligeront-ils Henri Proglio à ne plus sous-traiter la sécurité ?

Ivan du Roy

Consulter le rapport d’étape de la de la mission parlementaire sur la sécurité nucléaire, la place de la filière et son avenir :

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 16 mai, 2012 |Pas de commentaires »

L’ECOLE DE JULES FERRY: UN MYTHE QUI A LA VIE DURE !

LE MYTHE DE JULES FERRY

L'ECOLE DE JULES FERRY: UN MYTHE QUI A LA VIE DURE ! dans REFLEXIONS PERSONNELLES jules-ferry

Candidat, François Hollande avait axé sa campagne sur les questions d’éducation. Président, il place sa cérémonie d’investiture sous la figure et l’héritage de Jules Ferry avec un hommage à la statue du ministre aux Tuileries. Ce choix est un signal inquiétant. D’abord parce que Jules Ferry est l’homme de la colonisation (« Si nous avons le droit d’aller chez ces barbares, c’est parce que nous avons le devoir de les civiliser […] Il faut non pas les traiter en égaux, mais se placer au point de vue d’une race supérieure qui conquiert »). (Discours à la jeunesse, mars 1884). Quant à « son » école, construite sur les décombres de la Commune de Paris, si elle fut bien une école « pour » le peuple, elle ne fut jamais l’école « du » peuple : « Il est nécessaire que le riche paye l’enseignement du pauvre, et c’est par là que la propriété se légitime » affirme celui qui entendait surtout, grâce à ses lois scolaires, « clore l’ère des révolutions ». Je profite donc de l’occasion pour faire circuler le chapitre « Un mythe qui a la vie dure : l’école de Jules Ferry selon Foucambert », extrait de l’ouvrage Pédagogie et Révolution (Grégory Chambat, éditions Libertalia, 2011, 203 p., 14 € – vente en librairie et en ligne : http://www.cnt-f.org/nautreecole/?Pedagogie-et-revolution-Gregory)

Un mythe qui a la vie dure : l’école de Ferry selon Foucambert

Du haut de la tribune de l’Assemblée, défendant son projet d’école « publique, laïque, gratuite et obligatoire », Jules Ferry ne cache nullement son ambition de « mettre fin à l’ère des révolutions ». Ne plus revivre le cauchemar de la Commune, doter le pays d’une école adaptée aux besoins croissants de l’industrie, assurer la paix civile : « Dans les écoles confessionnelles, les jeunes reçoivent un enseignement dirigé tout entier contre les institutions modernes. […] Si cet état de chose se perpétue, il est à craindre que d’autres écoles se constituent, ouvertes aux fils d’ouvriers et de paysans, où l’on enseignera des principes diamétralement opposés, inspirés peut-être d’un idéal socialiste ou communiste emprunté à des temps plus récents, par exemple à cette époque violente et sinistre comprise entre le 18 mars et le 28 mai 1871. » Cent ans plus tard, au printemps 2003, des enseignants « en lutte » se revendiquaient de ce même Ferry contre son homonyme et lointain successeur… et nul ne s’en étonnait, ne s’en révoltait… si ce n’est Jean Foucambert, l’inlassable animateur de l’Association française pour la lecture*. Cet aveuglement de ceux qui auraient dû constater – et contester – les limites de l’école de Jules Ferry a sans aucun doute pesé sur le projet de réédition d’une œuvre initialement publiée au milieu des années 1980.

Les victoires de Jules Ferry

Sans nul doute, L’École de Jules Ferry, un mythe qui a la vie dure, n’a perdu ni de sa pertinence ni de son actualité : « Comprendre comment fonctionnait l’école de Jules Ferry, c’est se donner le moyen, tout à la fois, de lutter contre la nostalgie ambiante et d’éviter les fausses solutions qui ne font que la renforcer. » Car, pour Foucambert, bien qu’enterrée par le collège « pour tous », l’école de Ferry a finalement tenu son pari : « Instruire en détournant contre lui l’instruction que le peuple revendiquait pour son émancipation. » Depuis la première édition, le combat pour l’égalité n’a cessé de reculer au profit de « l’égalité des chances ». Une défaite pour tous ceux qui s’étonnaient, à la suite de Robespierre, que les opprimés remettent aux oppresseurs le soin de les éduquer, « comme si un homme d’affaires était chargé d’apprendre l’arithmétique à ceux qui doivent vérifier ses comptes… »

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Pédagogie et révolution : le mythe de Jules Ferry

En résumé, l’élève devait apprendre à lire afin de pouvoir déchiffrer le mode d’emploi de la machine sur laquelle il devra travailler. Il apprendra de l’Histoire la version de E. Lavisse qui glorifiera la « mission civilisatrice » de la France coloniale et forgera l’idéal d’une patrie tout entière dévouée au service des rentiers, du grand patronat, de la finance et des marchands de canon.

Et voici ce qui déclarait Jules Ferry à propos d’une invasion militaire, celle d’un Etat indépendant, la Tunisie.

« L’action énergique  conduite en Tunisie a signé  le triomphe de la civilisation sur la barbarie ; elle était indispensable pour frapper  l’esprit et l’imagination de ces peuplades indomptées ».

Le 16 Avril 1881, à la chambre des députés cette fois, et en tant que président du conseil, Jules Ferry défend lui aussi la « répression militaire » qui vient de débuter en Tunisie.(…)Il soutient que cette opération est destinée à garantir « l’avenir de cette France africaine » où se trouve « cette magnifique possession algérienne » que « le pays a glorifié de son sang fécondé de ses trésors ». Alors que la politique coloniale suscite toujours de violentes controverses, ces propos lui permettent d’affirmer, à l’adresse des membres de sa famille politique notamment, que « le Gouvernement de la République » est à la fois fidèle à ses principes, puisqu’il est réputé ne pas agir pour des motifs « de conquêtes », et soucieux de protéger une colonie chèrement acquise(…) C’est ainsi qu’une offensive armée conduite contre un Etat souverain[la Tunisie] se mue en une opération défensive soutenue par la plus impérieuse des nécessités : assurer la sécurité de l’Algérie française. A la veille de sa démission, le 10 novembre 1881, revenant sur l’expédition tunisienne vite conclue à l’avantage de la France, Jules Ferry la justifie une fois encore.(…) Il affirme que « l’action énergique » conduite en Tunisie a signé « le triomphe de la civilisation sur la barbarie ; elle était indispensable pour frapper « l’esprit et l’imagination de ces peuplades indomptées ».

(Source : La République Impériale, politique et racisme d’Etat pages 42 et 43 d’Olivier Le Cour Grandmaison : édition Fayard)

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 16 mai, 2012 |Pas de commentaires »

LA DIABOLISATION DU CHARBON ET LA SORTIE DU NUCLEAIRE (Bella BELBEOCH)

Cet article a été proposé à Libération le 8 mars 1999 comme contribution à la page «  Débat  ». Il a été refusé:  » Nous avons bien reçu votre proposition de contribution à la page «  Débat  ». Limité par l’actualité et par l’espace dont nous disposons, nous ne pouvons cependant pas envisager la publication. Croyez que nous le regrettons. Sincèrement. Jacques Amalric  » (Rédacteur en Chef, le 11 mars 1999).
Ainsi, pour la Direction de Libération, les problèmes concernant l’énergie nucléaire et l’urgence de sa sortie ne sont pas des problèmes d’actualité

A propos de la mine de charbon de Gardanne

La diabolisation du charbon et la sortie du nucléaireLA DIABOLISATION DU CHARBON ET LA SORTIE DU NUCLEAIRE (Bella BELBEOCH) dans REFLEXIONS PERSONNELLES centrale_nucleaire1

Gardanne est en lutte. A propos de la fermeture de la mine Libération titre « Gardanne monte au créneau pour descendre à la mine » (10/2/1999). Des grévistes d’un sous-traitant des Houillères font grève sur le tas au fond de la mine pour garder leur emploi (Libération 3/3/1999). Par contre, il y a peu, on apprenait qu’au Royaume-Uni les mesures draconiennes prises par Thatcher à l’encontre des mines de charbon allaient être assouplies. Au même moment le bilan de production électrique d’EDF 1998 nous apprend que 500 MWe du parc thermique classique ont été démantelés dont la centrale à charbon de Pont-sur-Sambre de 250 Mwe. On sait qu’EDF veut en démanteler d’autres afin de réduire la puissance de production électrique des centrales à fioul et charbon de plus de 40% pour éponger sa surcapacité nucléaire actuelle et rendre inéluctable le recours au nucléaire vers 2010 lors du renouvellement du parc.Dans ce contexte il est étonnant que les articles sur Gardanne ne signalent pas ce qui fait l’originalité de ce site : c’est à Gardanne qu’a été mise au point, avec le charbon extrait de la mine, la chaudière LFC (à lit fluidisé circulant) de 250 MWe qui est un des meilleurs procédés «  charbon propre  » exploités dans le monde aujourd’hui pour produire de l’électricité. Ce procédé de combustion du charbon rend négligeable la pollution par les poussières, soufre et oxydes d’azote.

gardanne CHARBON dans REFLEXIONS PERSONNELLES Centrale LFC 250 MWe de Gardanne.

Il est important de savoir que toute installation existante à charbon peut être modernisée rapidement car il suffit de remplacer la chaudière par une chaudière LFC en gardant le reste de l’installation. Il est important de savoir que ces chaudières peuvent brûler, en restant «   propres  » toutes les qualités de charbon (et même les produits visqueux provenant des résidus du raffinage du pétrole à haute teneur en soufre). Il est important de savoir qu’il est envisagé d’augmenter la puissance de ces chaudières. Signalons qu’à puissance thermique égale les centrales à charbon sont plus performantes que les centrales nucléaires. Il est important de savoir qu’EDF fait la promotion de ces chaudières LFC au plan international. Un exemple récent : cela figure explicitement dans l’accord franco-ukrainien sur la coopération énergétique du 15/2/1999  » (…) Favoriser les actions de coopération dans les domaines suivants : Production d’électricité par l’utilisation des technologies de combustion propre du charbon, notamment par la technique du lit fluidisé circulant (…)  ». Mais ce qui est bon pour l’exportation n’est pas bon pour nous. Aucune installation nouvelle n’est prévue en France ni la modernisation des centrales existantes.

Le charbon ce n’est pas une solution idéale. On ne peut pas ignorer les risques professionnels des mineurs de charbon. Mais les mineurs d’uranium meurent aussi beaucoup, notamment de cancer du poumon. Il est vrai que, depuis la fermeture des mines d’uranium du Limousin, notre soi-disant indépendance énergétique est acquise notamment grâce aux mineurs d’uranium africains et aux Indiens du Saskatchewan canadien. En somme, personne n’est au courant ( ! ) mais peut-être avons-nous récupéré des colonies ?

Centrale_charbon_Cominak EDF Niger (photo Criirad), les sites des mines d’uranium sont approvisionnés en électricité par une centrale à charbon manifestement très polluante, pollution atmosphérique et dépôts noirâtres au sol. La production d’une tonne d’uranium par la COMINAK nécessiterait près de 10 tonnes d’équivalent pétrole.

Le charbon en brûlant émet du gaz carbonique, c’est vrai. Le gaz naturel aussi, mais moins. (Mais il n’y a pas pratiquement pas d’installations de production électrique au gaz en France et le réseau de distribution et les possibilités de stockage du gaz sont inexistants pour une production importante d’électricité). Il faut cependant souligner que l’effet de serre est un problème planétaire et que les gaz à effet de serre ne proviennent pas seulement de l’énergie consommée dans le monde car la contribution de l’agriculture et de l’élevage est tout aussi primordiale. Quant à l’électricité nucléaire mondiale qui représente environ 5% seulement de l’énergie consommée dans le monde il est délirant de penser qu’elle pourrait être une solution à l’effet de serre.

Les énergies renouvelables (vent, soleil) n’ont pas une efficacité suffisante pour produire l’électricité qui est consommée actuellement en France et pour remplacer le nucléaire. Une réduction drastique de la consommation est peu vraisemblable à court terme (et peut-être même à moyen terme). Le problème c’est, ici et maintenant, à notre échelle. Or on peut immédiatement arrêter environ 70% du nucléaire en France, c’est techniquement possible avec l’hydraulique et les installations du thermique classique qui existent encore aujourd’hui mais il n’y a pas la volonté politique de le faire. Pourquoi laisser démanteler les centrales à fioul et charbon (et aussi d’ailleurs les petites installations hydrauliques) ? L’important est que le charbon ne fait pas courir un risque d’accident majeur comme le nucléaire. Pas de Tchernobyl français en vue avec le charbon. Tel n’est pas le cas avec nos réacteurs nucléaires car la sûreté absolue n’existe pas. Quand l’accident arrive c’est dramatique. Sauf bien sûr si l’on croit ce que racontent les officiels du lobby nucléaire dont font partie d’éminents professeurs : pour eux il ne s’est rien passé à Tchernobyl. Bien sûr il y a ces malheureux enfants en Biélorussie, Ukraine et Russie qu’il a fallu opérer d’un cancer de la thyroïde, mais distribuons des pastilles d’iode stable chez nous et on sera paré. Vous les croyez vraiment ? Selon eux les autorités soviétiques ont mal géré l’accident car elles ont été trop prévenantes, elles n’auraient pas dû évacuer tant de monde en urgence en 1986. Et plus tard dans la phase de gestion à long terme des années après la catastrophe, elles n’auraient pas dû procéder au relogement, hors des zones contaminées, de bon nombre de gens. Il aurait fallu laisser les habitants sur place (c’est d’ailleurs ce qui s’est passé pour beaucoup).

Depuis Tchernobyl les instances internationales et les experts officiels de la radioprotection nous ont concocté des plans magnifiques d’intervention, ou plutôt de non-intervention pour le long terme, en cas d’accident nucléaire majeur. On n’en est plus à chipoter entre une dose annuelle de 1 mSv ou de 5 mSv c’est à dire entre une dose-vie sur 70 ans de 70 mSv ou 350 mSv (Litige sur le seuil de radioactivité acceptable, Libération, 10 avril 1990). Le résultat des optimisations coût-bénéfice c’est qu’on ne déplacera pas les habitants de leur lieu de résidence si les calculs des experts montrent que la dose qui peut être accumulée sur la vie suite à la contamination radioactive ne dépasse pas 1 sievert (1000 mSv ou 100 rem). C’est ce que, sous la casquette d’expert de l’OMS, le Pr. Pellerin recommandait en 1989 en Biélorussie et en Ukraine pour s’opposer aux mesures préconisées par les scientifiques biélorusses et ukrainiens soucieux de mieux protéger la population. Il a gagné. Nos enfants et petits-enfants ont perdu, car l’accident futur, c’est pour qui ? Vous le savez, vous ?

Bella Belbéoch,
lettre d’information du Comité Stop Nogent-sur-Seine n°83 février-avril 1999.

 

Lire: « Le charbon, une énergie d’avenir ?« , Science & Vie hors série « ENERGIE les défis à venir » n°214, mars 2001.

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 14 mai, 2012 |Pas de commentaires »

LE « MEILLEUR » de NICOLAS SARKOZY…

LE « MEILLEUR »

DE NICOLAS SARKOZY

LE

 

Quatre ans et demi de déclarations, de décisions, de situations amusantes, graves ou pitoyables ; compilées au fur et à mesure dans un but humoristique.

Les faits et dates indiqués ci-dessous proviennent d’articles publiés sur internet par des organismes de presse. Le travail de résumé effectué entraine forcément des imprécisions. Chacun devra faire des recherches sur internet afin d’obtenir des informations plus justes et plus complètes.

6 mai 2007 : Nicolas SARKOZY fête son élection au Fouquet’s.

7 mai 2007 : Nicolas SARKOZY part en vacances à Malte en avion prêté par Vincent Bolloré, à bord d’un yacht prêté par Vincent Bolloré. Le 18 mai 2007, Valérie PECRESSE, fille du président de Bolloré télécom, est nommée ministre.

16 mai 2007 : Nicolas SARKOZY impose la lecture à l’école de la lettre de Guy MOQUET, un jeune résistant communiste exécuté en 1941.

28 juin 2007 : Patrick DEVEDJIAN traite Anne-Marie COMPARINI (modem) de salope.

4 août 2007 : Nicolas SARKOZY part en vacances à Wolfeboro dans une villa qui se loue habituellement 30.000 dollars par semaine.

21 août 2007 : La loi TEPA (Travail, Emploi et Pouvoir d’Achat) dite « paquet fiscal » est adoptée. D’un coût estimé à 15 milliards d’euros par an, elle comprend entre autre l’abaissement du « bouclier fiscal » à 50%. Grâce à cette mesure, un millier de contribuables parmi les plus fortunés vont toucher en moyenne un chèque de 260.000 euros.

22 septembre 2007 : François FILLON estime être « à la tête d’un état en situation de faillite financière ».

SARKOZY

13 octobre 2007 : Nicolas SARKOZY déclare : « La croissance de 2007, je n’y suis pour rien, il faut la doper en 2008, et en 2009 ce sera la mienne ». Croissance 2007 : +1,9%, 2008 : +0,9%, 2009 : -0,4%.

16 octobre 2007 : A la gauche qui l’accuse, Christine LAGARDE répond qu’elle ne mène pas une politique de rigueur mais une « gestion rigoureuse des finances ».

29 octobre 2007 : Prétextant un alignement sur le « salaire » du premier ministre ou une volonté de transparence vis à vis d’anciennes pratiques obscures, Nicolas SARKOZY voit son « salaire » augmenter de 172%.

6 novembre 2007 : En déplacement au port du Guilvinec, Nicolas SARKOZY se fait traiter d’enculé par un marin-pêcheur. Entourés de garde du corps, Nicolas SARKOZY réplique : « descends un peu le dire ».

10 décembre 2007 : Nicolas SARKOZY reçoit Mouammar KADHAFI, impliqué dans plusieurs attentats mortels, et signe des accords en matière d’armement et de coopération nucléaire. Rama YADE accuse : « notre pays n’est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits ».

16 décembre 2007 : Élections municipales : Jean SARKOZY dit à David MARTINON, candidat UMP à Neuilly : « On te soutiendra à mort », jusqu’à ce que ce dernier chute dans les sondages et soit remplacé par Jean-Christophe FROMANTIN, Marie-Cécile MENARD et … Jean SARKOZY. Le 20 février 2008, Jean SARKOZY déclare : « Je n’ai jamais trahi personne ».

20 décembre 2007 : Nicolas SARKOZY emmène Jean-Marie BIGARD en voyage officiel au Vatican. L’auteur du « lâché de salopes » baise la main du pape.

20 décembre 2007 : Nicolas SARKOZY déclare : « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur »

Les casseroles de SARKOZY

8 janvier 2008 : A une journaliste qui l’interroge sur la hausse du pouvoir d’achat des français, promesse de campagne, Nicolas SARKOZY répond « Qu’est ce que vous attendez de moi ? Que je vide des caisses qui sont déjà vides ? ».

14 janvier 2008 : Michelle ALLIOT-MARIE annonce la création des « unités territoriales de quartiers » et refuse de les comparer à la « police de proximité », mise en place par la gauche en 1997, critiquée par Nicolas SARKOZY et supprimée par la droite en 2003

23 janvier 2008 : Christian ESTROSI devait se rendre en Amérique par un vol régulier mais les horaires de celui-ci lui aurait fait rater un pot à l’Élysée. Il loue donc un jet privé. Coût : 136 000 euros.

2 février 2008 : Marié puis divorcé deux fois avec des enfants de chaque union, Nicolas SARKOZY, qui veut « solder l’héritage de mai 68 » se remarie une troisième fois ; avec Carla BRUNI, ex-mannequin, que l’on peut voir nue sur internet, chanteuse, de 12 ans sa cadette, et ex-amante entre autres de Mick Jagger.

4 février 2008 : Nicolas SARKOZY promet de sauver l’usine ArcelorMittal de Gandrange. L’usine fermera un an plus tard

4 février 2008 : Nicolas SARKOZY « vole » un stylo en Roumanie

13 février 2008 : Nicolas SARKOZY veut que tous les enfants de CM2 se voient confier la mémoire d’un des enfants français victimes de la Shoah. Simone VEIL, ancienne déportée, déclare que son « sang s’est glacé » en entendant cette proposition.

20 février 2008 : Christine OCKRENT est nommée directrice générale de France Monde (France24, TV5 monde, RFI). Son compagnon Bernard KOUCHNER, ministre des affaires étrangères, avait soutenu Nicolas SARKOZY pendant la campagne électorale.

21 février 2008 : Emmanuelle MIGNON déclare : « Les sectes sont un non-problème en France ». Le 30 août 2004, Nicolas SARKOZY recevait le scientologue Tom CRUISE au ministère des finances.

23 février 2008 : Salon de l’agriculture. A un visiteur qui refuse de lui serrer la main en lui disant « touche moi pas tu me salis », Nicolas SARKOZY répond : « Alors casse-toi pauvre con ».

3 avril 2008 : Xavier DARCOS, ministre de l’éducation nationale, n’arrive pas à faire une règle de trois.

16 mai 2008 : Nicolas SARKOZY critique un chômeur qui aurait refusé 67 offres d’emploi en un an (plus d’une proposition par semaine)

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20 mai 2008 : Nicolas SARKOZY prend en exemple les grutiers de Barcelone et d’Anvers qui travaillent 4000 heures par an. 4000/52 = 77 heures par semaine ce qui est illégal.

4 juin 2008 : Carla BRUNI parle dans un livre de son mari Nicolas SARKOZY : « Il a cinq ou six cerveaux remarquablement irrigués ».

23 juin 2008 : Le gouvernement fait une campagne de pub à 4 millions d’euros pour ses mesures sur le pouvoir d’achat. « Vous êtes impatients ? Nous aussi »

24 juin 2008 : Nicolas SARKOZY « vole » un deuxième stylo, cette fois en Israël.

5 juillet 2008 : Nicolas SARKOZY déclare : « Désormais quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit ».

11 juillet 2008 : Bernard TAPIE touche 45 millions d’euros au titre du préjudice moral subi dans l’affaire qui l’opposait au Crédit Lyonnais. Suite à une décision du ministère de l’économie, c’est un tribunal arbitral et non la justice qui a mis fin à la procédure en reconnaissant la culpabilité du Crédit Lyonnais. Bernard TAPIE avait soutenu Nicolas SARKOZY pendant la campagne électorale. Il retourne au parti radical de gauche en mai 2010.

KADHAFI

13juillet 2008 : Nicolas SARKOZY organise le sommet de l’union pour la méditerranée. Coût du dîner de 200 convives : plus de 5000 euros par personne.

24 juillet 2008 : Afin de justifier la suppression de 54000 postes au sein de la défense nationale, François FILLON déclare : « le rôle de l’armée, ce n’est pas l’aménagement du territoire ». Août 2008, l’armée intervient à Hautmont pour nettoyer les dégâts causés par une tornade.

20 août 2008 : Christine LAGARDE déclare : « on a le gros de la crise derrière nous »

20 août 2008 : Nadine MORANO visite un supermarché et discute avec un consommateur content des mesures du gouvernement. On apprendra plus tard que ce consommateur est un élu UMP.

25 août 2008 : Au journal de TF1, Laurence FERRARI remplace Patrick POIVRE D’ARVOR, qui avait comparé Nicolas SARKOZY à un « petit garçon » lors d’une interview en 2007.

30 août 2008 : En Corse, des indépendantistes occupent pacifiquement pendant une heure la villa de Christian CLAVIER. Le 1er septembre, le coordinateur des forces de sécurité intérieure en Corse Dominique ROSSI est démis de ses fonctions. Avril 2009, la villa est toujours gardée par 15 gendarmes. Christian CLAVIER avait soutenu Nicolas SARKOZY pendant la campagne électorale.

10 septembre 2008 : Jean SARKOZY se marie avec la future héritière des magasins Darty. Leur premier acte de couple est un procès, contre des magazines qui ont publié des photos de leur mariage.

22 septembre 2008 : Crise des « subprimes ». Nicolas SARKOZY veut « que ceux qui sont responsables soient sanctionnés ». En 2007, il trouvait que les Français n’étaient pas assez endettés, proposait le crédit hypothécaire et voulait « mettre un terme » à la « pénalisation de notre droit des affaires ».

12 novembre 2008 : Jean-François COPE déclare un peu trop vite : « Moi vivant, il n’y aura pas d’augmentation de la redevance ».

6 décembre 2008 : Malgré l’énervement de la Chine, l’Allemagne avait reçu le Dalaï Lama à Berlin, l’Autriche à Vienne, le Canada à Ottawa, l’Angleterre à Canterbury… Nicolas SARKOZY le rencontre en Pologne. En juillet il déclarait : « Ce n’est pas à la chine de dicter mes rendez-vous ».

SARKOZY Je ne suis pas un sale mec je suis pire encore

15 janvier 2009 : Brice HORTEFEUX présente Fadela AMARA comme « une compatriote » et rajoute : « comme ce n’est pas forcément évident, je le précise ».

6 mars 2009 : Au Mexique, Nicolas SARKOZY et Carla BRUNI logent dans l’hôtel de Roberto Hernandez Ramirez, soupçonné de participer au blanchiment de l’argent de la drogue.

19 mai 2009 : Un homme est jugé pour avoir dit à des policiers qui effectuaient un contrôle d’identité : « SARKOZY je te vois ».

25 mai 2009 : Frédéric LEFEBVRE propose un amendement pour permettre aux salariés de continuer à travailler pendant un arrêt maladie ou un congé maternité.

7 juin 2009 : Reniant une promesse de l’UMP pendant la campagne, Brice HORTEFEUX, élu surprise aux élections européennes, refuse d’aller siéger au parlement.

22 juin 2009 : L’action étant désormais permise par la récente réforme des institutions, Nicolas SARKOZY s’exprime devant les députés et les sénateurs réunis pour l’occasion au château de Versailles. Coût approximatif de l’opération : 400.000 euros.

22 juin 2009 : Nicolas SARKOZY annonce le grand emprunt auprès des français et l’abandonne en décembre au profit d’un emprunt auprès des marchés financiers.

14 juillet 2009 : Le jour de la fête nationale, Johnny HALLYDAY, qui a quitté la France pour payer moins d’impôts, donne un concert gratuit payé par l’état. Coût : 1,9 millions d’euros, dont 30000 pour le chanteur.

26 juillet 2009 : Nicolas SARKOZY fait un malaise lors d’un jogging. Le 26 juin 2008, l’adepte du « travailler plus pour gagner plus » déclarait : « même pas fatigué ».

17 août 2009 : Luc CHATEL visite un supermarché où les clientes ont étés préalablement sélectionnées parmi des sympathisants UMP.

29 août 2009 : Eric WOERTH déclare être en possession d’une liste de 3000 noms de contribuables détenteurs de comptes en Suisse et les menace en cas de non-régularisation. Le 23 mars 2007, Eric WOERTH et Patrick DEVEDJIAN se rendaient en suisse pour récolter des fonds pour la campagne présidentielle de Nicolas SARKOZY.

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3 septembre 2009 : Nicolas SARKOZY, en visite à l’usine Faurecia, fait sa déclaration télévisée entourés de personnes choisies pour leur petite taille.

5 septembre 2009 : Devant un jeune militant UMP présenté par une participante comme « notre petit arabe », Brice HORTEFEUX dit « Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes ».

13 septembre 2009 : Eric BESSON refuse de signer le décret d’application de la loi sur les tests ADN. Les députés UMP se fâchent. Nicolas SARKOZY soutient Eric BESSON en déclarant que les tests ADN ne servent à rien, alors qu’il était pour en 2007.

13 septembre 2009 : Eric BESSON fait un doigt d’honneur à des journalistes qui le filment.

18 septembre 2009 : Nicolas SARKOZY visite l’hôpital Paul Brousse de Villejuif. Coût : 156.632 euros.

23 septembre 2009 : Enfreignant la loi sur la présomption d’innocence, Nicolas SARKOZY (avocat de profession) parle des « coupables » à propos des personnes mises en examen dans l’affaire clearstream.

23 septembre 2009 : A l’occasion de la visite de Nicolas SARKOZY à New York, le consulat organise une réception de la communauté française. Coût environ 400.000 euros.

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23 septembre 2009 : Nicolas SARKOZY annonce : « Les paradis fiscaux, le secret bancaire, c’est fini. »

28 septembre 2009 : Eric BESSON propose la « carte de séjour gold », qui s’obtient en échange d’un investissement de 10 millions d’euros ou la création de 50 emplois.

28 septembre 2009 : Frédéric MITTERRAND défend le cinéaste Roman POLANSKI, recherché par les états-unis pour le viol supposé d’une fille de 13 ans. Frédéric MITTERRAND avait écrit un livre en 2005 dans lequel il avouait être adepte du tourisme sexuel. En mars 2009 il se portait témoin de moralité de deux jeunes violeurs d’une fille de 16 ans, l’un des deux jeunes étant son filleul.

13 octobre 2009 : Nicolas SARKOZY déclare : « Ce qui compte en France pour réussir, ce n’est plus d’être bien né, c’est travailler dur, et avoir fait la preuve, par ses études, par son travail, de sa valeur ». Dans le même temps, son fils Jean SARKOZY, 23 ans et seulement en 2ème année de droit, est pressenti pour devenir président de l’EPAD (Etablissement Public pour l’Aménagement de la Défense) le centre d’administration de l’un des principaux quartiers d’affaires européens.

23 octobre 2009 : Jean-François LAMOUR se trompe de bouton et vote pour la surtaxe envers les banques proposée par les socialistes. Jean-François LAMOUR avait lors des débats semblé être effectivement pour cette proposition. L’amendement, qui suscitait l’opposition de Christine LAGARDE, est adopté, mais le vote sera annulé.

2 novembre 2009 : Marie N’DIAYE reçoit le prix Goncourt. En 2007 elle avait déménagé en Allemagne avec sa famille car elle trouvait la France de SARKOZY « monstrueuse ».

4 novembre 2009 : Un homme est jugé pour avoir brandi une pancarte « casse-toi pov’ con » au passage de Nicolas SARKOZY.

9 novembre 2009 : Sur sa page facebook, Nicolas SARKOZY raconte comment il s’est retrouvé à Berlin le 9 novembre 1989 pour la chute du mur. Mais les indices montrant un mensonge s’accumulent.

25 novembre 2009 : Henri PROGLIO est nommé PDG d’EDF. A cette occasion, le salaire de ce poste est augmenté de 45% pour être porté à 1,6 millions d’euros annuels. De plus, Henri PROGLIO continue de toucher 450.000 euros par an d’indemnités de la part de Véolia. Conflit d’intérêt, sommes importantes, Henri PROGLIO est contraint de renoncer à cette dernière somme pour calmer la polémique.

10 décembre 2009 : Les jeunes de l’UMP sortent un « lipdub » où plusieurs ministres dansent et chantent en playback. La musique ayant été utilisée sans l’autorisation de l’auteur, ils devront payer 29000 euros.

15 décembre 2009 : Oubliant qu’elle porte un micro, Rachida DATI téléphone à une amie et lui dit qu’elle n’en peut plus d’être au parlement de Strasbourg.

Les GARS de l'UMP

22 janvier 2010 : Après avoir comparé Ali SOUMARE (ps) à un joueur du PSG, Francis DELATTRE lui invente des actes de délinquance. Il s’agissait en fait d’un homonyme.

25 janvier 2010 : Nicolas SARKOZY annonce à tort « dans les semaines et les mois qui viennent, vous verrez reculer le chômage dans notre pays ».

5 février 2010 : Nicolas SARKOZY réhabilite les « chasses présidentielles » : Petit-déjeuner, partie de chasse, cérémonie du « tableau de chasse » avec gardes républicains en grande tenue et flambeau à la main, puis repas au château de Chambord.

8 février 2010 : François FILLON met fin au grand débat sur l’identité nationale voulu par Nicolas SARKOZY et lancé par Eric BESSON qui annonçait en janvier que ce débat était « un immense succés populaire » et serait prolongé jusqu’à fin 2010.

23 février 2010 : Grèves chez Total. Alors que certaines stations service sont fermées et que les files d’attente s’allongent aux autres, Jean-Louis BORLOO déclare qu’il n’y a « pas de risque de pénurie »

6 mars 2010 : Après avoir fait le Grenelle de l’environnement, la taxe carbone et proposé la taxe pique-nique, Nicolas SARKOZY déclare devant les agriculteurs : « L’environnement, ça commence à bien faire ». Chantal JOUANNO, secrétaire d’état chargée de l’écologie, est « désespérée ».

21 mars 2010 : Elections régionales ; tous les ministres et secrétaires d’état engagés ont perdu.

22 mars 2010 : Alain JOYANDET se rend en Martinique à bord d’un jet privé au lieu de prendre un vol régulier. Coût : 116.500 euros.

29 mars 2010 : L’Elysée met à jour son site internet. Coût 100.000 euros.

31 mars 2010 : Thierry MARIANI boycotte la réunion des têtes de liste UMP à l’Elysée. « Quand on est pris pour un con, il faut savoir terminer les choses » dit-il.

7 avril 2010 : A propos de la rumeur attribuée à Rachida DATI concernant les infidélités de Nicolas SARKOZY et de sa femme Carla BRUNI, cette dernière déclare qu’il n’y a ni complot ni enquête. Elle contredit ainsi Pierre CHARON, conseiller de Nicolas SARKOZY qui affirme l’existence d’un complot, et le patron de la DCRI (Direction Centrale du Renseignement Intérieur) qui a fait enquêter sur cette rumeur.

16 mai 2010 : Clotilde REISS, universitaire française accusée d’espionnage, est libérée et quitte l’Iran. Le 18 mai 2010, l’iranien Ali Vakili Rad, condamné à perpétuité pour assassinat, est libéré et quitte la France. Le gouvernement français conteste tout marchandage. Le 23 septembre 2009, Nicolas SARKOZY déclarait : « Est-ce que vous croyez que je suis un homme à échanger l’assassin de Chapour Bakhtiar contre une étudiante ? »

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19 mai 2010 : On apprend que Christian ESTROSI loge sa fille dans un logement de fonction tout en bénéficiant d’un autre logement de fonction à Bercy.

25 mai 2010 : Réforme des retraites. Nicolas SARKOZY accuse : « Quand on pense à ce qu’a fait François MITTERRAND en ramenant l’âge légal du départ à la retraite de 65 à 60 ans ! On aurait beaucoup moins de problème s’il s’était abstenu ». Nicolas SARKOZY a pourtant défendu la retraite à 60 ans à plusieurs reprises.

26 mai 2010 : On apprend que Fadela AMARA fait profiter de son appartement et de son personnel des membres de sa famille.

27 mai 2010 : Pierre BACHELOT, fils de Roseline, la ministre de la santé, est nommé à la direction générale de l’ Institut National de Prévention et d’ Education pour la Santé. Pierre BACHELOT est diplômé en arts.

6 juin 2010 : Rama YADE critique l’hôtel de l’équipe de France de football avec ses chambres à 589 euros la nuit. Sa chambre à elle coûte 667 euros. Plus 5 chambres à 340 euros pour ses collaborateurs.

8 juin 2010 : On apprend que Christine BOUTIN a été chargée d’une mission sur « les conséquences sociales de la mondialisation » payée 9500 euros par mois en plus de sa retraite de parlementaire de 6000 euros.

16 juin 2010 : On apprend que l’état à remboursé 12000 euros dépensés par Christian BLANC pour l’achat de cigares.

 

SARKOZY et la justice

21 juin 2010 : Début de l’affaire WOERTH-BETTENCOURT et ses multiples rebondissements :

- Les enregistrements où on apprend l’existence de dons à WOERTH, PECRESSE et SARKOZY.

- L’Ile d’Arros dissimulée au fisc.

- Les deux comptes en Suisse non déclarés.

- Le témoignage de la comptable sur les enveloppes données aux politiques et les retraits de 50000 euros.

- La femme d’Eric WOERTH qui travaille dans le cabinet qui gère la fortune de Liliane BETTENCOURT.

- Les multiples voyages à Genève de Florence WOERTH « certainement pas pour voir le jet d’eau ».

- La légion d’honneur donnée par Eric WOERTH au patron de sa femme.

- La légion d’honneur donnée par Eric WOERTH au comptable qui a validé ses comptes de campagne.

- Le rapport favorable de l’IGF, qui dépend du ministère des finances.

- Le juge COURROYE, cité dans les enregistrements, ami de SARKOZY, qui s’occupe de l’affaire.

- La découverte des micro-partis créés pour cumuler les cotisations.

- Liliane BETTENCOURT jamais contrôlée depuis 15 ans.

- Le chèque de 30 millions d’euros au titre du bouclier fiscal.

- Les mensonges d’Eric WOERTH, trahi par des lettres.

- L’hippodrome de Compiègne bradé par Eric WOERTH au club hippique auquel se rend sa femme.

- La succession arrangée du sculpteur CESAR.

- Le vol de lingots de Robert PEUGEOT minimisé pour éviter un contrôle fiscal.

- La DCRI (direction centrale du renseignement intérieur) qui enquête sur les sources du journal le monde.

- Dominique DORD, le nouveau trésorier de l’UMP, successeur d’Eric WOERTH, qui travaillait chez l’Oréal.

- Le Monde, Le Point et Mediapart victimes de cambriolages d’ordinateurs.

28 juillet 2010 : Surenchère sécuritaire. Nicolas SARKOZY parle des « comportements de certains roms ». il veut déchoir de la nationalité française les assassins de forces de l’ordre. Brice HORTEFEUX veut étendre cette déchéance aux cas de polygamie. Christian ESTROSI propose de punir les maires laxistes. Le pape en personne intervient pour défendre les roms.

SARKOZY l'Immaculée Conception

15 septembre 2010 : Bernard ACCOYER, en contradiction avec le règlement de l’assemblée, stoppe les débats sur la réforme des retraites et empêche ainsi les députés socialistes de s’exprimer.

27 septembre 2010 : On apprend que, contrairement aux déclarations de Nicolas SARKOZY, l’Allemagne n’a pas de bouclier fiscal. C’est la droite elle-même qui l’annonce en voulant prendre à nouveau l’Allemagne en exemple afin de supprimer le bouclier fiscal en même temps que l’ISF.

18 octobre 2010 : Après s’être moqué de Rachida DATI et de son lapsus (fellation/inflation), Brice HORTEFEUX parle d’empreintes génitales au lieu de digitales.

3 novembre 2010 : Stéphane GUILLON, licencié de France inter après avoir dit qu’Eric BESSON avait des yeux de fouine et un menton fuyant. Didier PORTES, licencié pour avoir dit « SARKOZY je t’encule ». C’est au tour de Gerald DAHAN après avoir fait une chronique peu valorisante envers Michelle ALLIOT-MARIE.

15 novembre 2010 : Christine LAGARDE déclare que le remaniement est « totalement révolutionnaire » et ajoute qu’une révolution est « un tour complet à 360° »

15 novembre 2011 : En déclarant qu’il y a effectivement eu des retro-commissions pour la vente de sous-marins au Pakistan, Charles MILLON relance l’affaire Karachi, impliquant Edouard BALLADUR et Nicolas SARKOZY.

23 novembre 2010 : Pour démontrer que l’on ne peut pas accuser sans preuves, Nicolas SARKOZY traite de pédophiles les journalistes qui l’interrogent sur l’affaire Karachi. Et il conclue la conférence de presses par « Amis pédophiles, à demain »

8 décembre 2010 : Il neige. D’énormes bouchons se créent, des gens passent la nuit dans leur voiture. Brice HORTEFEUX déclare : « Il n’y a pas de pagaille ». François FILLON reproche à tort à météo france de ne pas avoir annoncé ces événements.

11 décembre 2010 : Brice HORTEFEUX soutient des policiers condamnés par la justice.

17 décembre 2010 : Brice HORTEFEUX est condamné pour atteinte à la présomption d’innocence.

21 décembre 2010 : Christian JACOB et Jean-François COPE déposent un amendement afin de supprimer la loi (votée le 8 décembre) permettant de punir les députés qui mentent sur leur déclaration de revenus ou de patrimoine.

SARKOZY l'homme politique IDEAL

11 janvier 2011 : François FILLON compare Christian JACOB à Rantanplan.

14 janvier 2011 : Le président-dictateur tunisien BEN ALI s’enfuit de son pays. Entre Noël et le jour de l’an, Michelle ALLIOT-MARIE avait profité du jet privé d’un proche de BEN ALI, le but du séjour était la signature d’un contrat par ses parents. Le 11 janvier, elle voulait proposer l’aide de la France pour le maintient de l’ordre. Le 12 janvier, l’envoi de grenades lacrymogènes était autorisé.

18 janvier 2011 : Nicolas SARKOZY confond l’Alsace et l’Allemagne.

25 janvier 2011 : La révolte éclate en Egypte contre le président MOUBARAK. Pour ses vacances du jour de l’an, François FILLON a été hébergé et a pris un avion aux frais du gouvernement Egyptien.

25 janvier 2011 : La justice annule l’interdiction du sous-titre du livre sur le Mediator demandée par les laboratoires SERVIER. (Mediator, combien de morts ?). Le Mediator a été autorisé en France jusqu’en 2009, longtemps après les autres pays. Deux des collaborateurs de Xavier BERTRAND, quand il était ministre de la Santé en 2006, étaient rémunérés pour des travaux par les laboratoires SERVIER. Nicolas SARKOZY a été avocat de Jacques SERVIER et lui a remis la légion d’honneur en 2009.

26 janvier 2011 : La grève leur étant interdite, des CRS se mettent en arrêt maladie pour protester contre la fermeture de leurs compagnies. Brice HORTEFEUX annule très rapidement les fermetures.

31 janvier 2011 : Carla BRUNI « ne se sent plus de gauche » depuis qu’elle a entendu la gauche critiquer Roman POLANSKI et Frédéric MITTERRAND suite à leur affaires de moeurs.

9 février 2011 : Boris BOILLON, proche de Nicolas SARKOZY, est nommé ambassadeur de France en Tunisie. Pour sa première rencontre avec des journalistes tunisiens, il refuse de répondre à leurs questions qu’il qualifie de « débiles ». On peut voir Boris BOILLON en maillot de bain, dans une pose avantageuse, sur sa page internet copains d’avants.

20 février 2011 : Comme pratiquement tous les week-end, François FILLON se rend dans la Sarthe en avion alors que le trajet de 255km dure 1h20 en TGV.

22 février 2011 : Bruno LEMAIRE, ministre de l’agriculture, ne sait pas combien de mètres carrés font un hectare.

27 février 2011 : 3 mois après le remaniement destiné à mettre en place un « gouvernement de professionnels », Nicolas SARKOZY effectue un nouveau remaniement, le 4ème en moins d’un an et le 10ème depuis son élection.

2 mars 2011 : Le débat sur la place de l’islam en France, qui fait polémique avant même d’avoir commencé, est transformé en débat sur la laïcité.

8 mars 2011 : Chantal BRUNEL suggère de « remettre dans les bateaux » les immigrés « qui viendraient de la Méditerranée ».

31 mars 2011 : Patrick DEVEDJIAN, traité de « looser aigri » par Isabelle BALKANY et alors que Jean SARKOZY voulait du « sang neuf », est réélu président de conseil général.

Nicolas SARKOZY Je vous mens je vous manipule et j'en suis fier

4 avril 2011 : Claude GUEANT multiplie les petites phrases. Après « les français ont le sentiment de ne plus être chez eux » ou la « croisade » menée par SARKOZY en Lybie, voilà « La hausse du nombre de musulmans pose problème »

4 avril 2011 : Frédéric LEFEBVRE confond « Zadig » de Voltaire, et « Zadig et Voltaire », une marque de prêt-à-porter.

7 avril 2011 : Jean-Louis BORLOO, suivi le lendemain par Rama YADE, quitte l’UMP.

12 avril 2011 : Nadine MORANO confond RENAUD le chanteur avec l’entreprise Renault.

13 avril 2011 : François BAROIN annonce la prime de 1000 euros. Fin juin, après de multiples annonces et contre-annonces, les critères de la prime sont tels qu’elle ne devrait toucher qu’une minorité de salariés, et son montant ne sera pas obligatoire.

20 avril 2011 : Claude GUEANT annonce la création des « patrouilleurs », mais refuse de les comparer à la police de proximité créée par Lionel JOSPIN et supprimée par la droite.

27 avril 2011 : Une vendeuse est licenciée pour faute grave. Elle aurait déclaré « Il y a Nadine MORANO dans le magasin, si quelqu’un veut aller lui casser la gueule. » La ministre a été, selon le communiqué de son ministère, « Profondément choquée par cette interpellation menaçante, insultante et blessante ».

8 mai 2011 : Laurent WAUQUIEZ s’en prend aux bénéficiaires du RSA et à l’assistanat « cancer de la société française ».

19 mai 2011 : Nicolas SARKOZY annonce qu’il « ne cédera pas » à propos de la sécurité routière et approuve la décision du gouvernement de supprimer les panneaux annonçant les radars. 73 députés UMP écrivent une lettre contre cette décision. François FILLON confirme. Puis Claude GUEANT cède. Puis François BAROIN re-confirme. Finalement, les panneaux devraient être remplacés par des « radars pédagogiques » et l’interdiction des avertisseurs de radars serait abandonnée.

6 juin 2011 : Après Xavier DARCOS, son remplaçant à l’éducation nationale Luc CHATEL sèche lui aussi sur le règle de trois.

8 juin 2011 : On apprend que Luc FERRY, professeur d’université, n’a pas donné de cours depuis la rentrée 2010 tout en continuant à être payé.

11 juin 2011 : Le bouclier fiscal est abrogé. Le 31 mai, Nicolas SARKOZY prévenait ses ministres : « On ne touche pas au bouclier fiscal »

11 juin 2011 : Jacques CHIRAC annonce qu’il va voter pour François HOLLANDE.

17 juin 2011 : Eric BESSON, énervé par les questions du journaliste sur le nucléaire, quitte le plateau de l’émission « Capital » en disant : « Je vous laisse, je me casse »

SARKOZY Si je perds j'arrête la politique

4 juillet 2011 : En désaccord avec la position du parti sur la bi-nationalité, Lionnel LUCA démissionne de son poste à l’UMP.

14 juillet 2011 : Eva JOLY propose de remplacer le défilé militaire de la fête nationale par un défilé citoyen. François FILLON, premier ministre d’un président fils de Hongrois mariée à une italienne, qui a nommé une ministre naturalisée française en 1998 (Rama YADE), déclare : « cette dame n’a pas une culture très ancienne des valeurs françaises ». Eva JOLY vit en France depuis 50 ans. Lionel TARDY demande qu’elle « rentre en Norvège ».

25 juillet 2011 : La cour des comptes révèle que l’avion de Nicolas SARKOZY est équipé de deux fours, montant : 75000 euros.

28 juillet 2011 : Des photos montrent Brice HORTEFEUX et Jean-François COPE en compagnie de Ziad TAKKIEDINE, un homme d’affaires dont le nom a souvent été mêlé à des scandales politico-financiers.

29 juillet 2011 : Eric CIOTTI veut un encadrement militaire pour les délinquants. Nicola SARKOZY est d’accord. C’était une proposition de Ségolène ROYAL pendant la campagne présidentielle.

30 août 2011 : Frédéric LEFEBVRE dit que le chômage en France est dû à la plus forte natalité dans le pays. Carla BRUNI est enceinte.

1er septembre 2011 : Nicolas SARKOZY traite Jean-Pierre RAFFARIN d’ « irresponsable ». Ce dernier s’énerve sur son blog et refuse dans un premier temps de se rendre aux réunions de l’UMP. Lionnel LUCA le traite de « ringard » et de « has been ».

3 septembre 2011 : L’UMP copie un slogan du PS « La gauche qui agit, la gauche qui protège », en remplaçant gauche par république.

6 septembre 2011 : Pierre CHARON, ancien conseiller de Nicolas SARKOZY à l’Elysée, se présente sur une liste dissidente aux élections sénatoriales. Il sera élu.

10 septembre 2011 : Nadine MORANO déclare que les vols de portables n’existaient pas avant que les portables n’existent.

11 septembre 2011 : Interrogé sur les racines de l’insécurité dans Marseille, Claude GUEANT déclare : « Il y a une immigration comorienne importante qui est la cause de beaucoup de violences »

19 septembre 2011 : 4 jours après avoir déclaré que « l’impunité des dictateurs, c’est fini ». Nicolas SARKOZY reçoit le président du Kazakhstan. Elu avec 90% des voix, dont l’opposant s’est suicidé de trois balles…

20 septembre 2011 : L’UMP veut que les jeunes majeurs ou les personnes récemment naturalisées prêtent « allégeance aux armes de la France »

KADHAFI SARKOZY m'a tuer

22 septembre 2011 : Les témoignages d’ex-femmes de personnes suspectes font reparler de l’affaire Karachi. Deux proches de Nicolas SARKOZY sont mis en garde à vue. Brice HORTEFEUX est surpris en train d’en contacter un. L’ Elysée déclare que Nicolas SARKOZY n’est cité nulle part, alors que personne à part la justice n’est censé savoir ce qu’il y a dans le dossier. Le secret défense est toujours en vigueur sur cette affaire.

25 septembre 2011 : La gauche gagne les élections sénatoriales, ce qui n’était jamais arrivé depuis que la 5ème république existe.

26 septembre 2011 : Dans un interview, Carla BRUNI raconte ce qui l’a séduite chez son mari : ses connaissances botaniques.

27 septembre 2011 : Pour la première fois, une grève dans l’éducation rassemble service public et secteur privé.

3 novembre 2011 : Barack OBAMA trouve que c’est une bonne chose que Giulia SARKOZY hérite des traits de sa mère plutôt que de ceux de son père.

8 novembre 2011 : François BAROIN accuse les socialistes d’avoir pris le pouvoir par effraction en 1997.

15 novembre 2011 : Luc CHATEL compare Nicolas SARKOZY à Asterix et François HOLLANDE à Babar.

16 novembre 2011 : Au nom de l’équité public/privé, l’UMP décide de compter un jour de carence pour les fonctionnaires… Puis rajoute également 1 jour pour les salariés du privé.

17 novembre 2011 : Alors que Peugeot annonce 5000 suppressions de postes, Nicolas SARKOZY annonce : « Il n’y aura pas de plan social chez PSA »

23 novembre 2011 : En 2001 puis 2005, Nicolas SARKOZY se déclarait pour le droit de vote des immigrés. Au moment où le sénat (passé à gauche) s’apprête à voter la loi, il trouve que c’est une « proposition hasardeuse ».

5 décembre 2011 : Alors que Rachida DATI et François FILLON se disputent la 2ème circonscription de Paris pour les élections législatives, Nicolas SARKOZY déclare à des parlementaires UMP : « Il va falloir régler ce problème », évoquant « cette folle de DATI ».

6 décembre 2011 : Philippe COURROYE, procureur de l’affaire BETTENCOURT, ami de Nicolas SARKOZY, des mains duquel il a reçu la légion d’honneur, est déclaré avoir violé la loi sur le secret des sources par la cour de cassation.

30 décembre 2011 : Claude GUEANT décide d’affronter le vote des électeurs. Il choisit la circonscription de Boulogne-Billancourt, à droite depuis 40 ans, et fief de Nicolas SARKOZY.

UMP Union pour un Monde a Poil
26 juillet 2007 : A Dakar, Nicolas SARKOZY déclare que « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire ».
4 février 2008 : Nicolas SARKOZY promulgue la loi modifiant la constitution française de manière à la rendre compatible avec le traité le Lisbonne, similaire au traité constitutionnel rejeté par les français par référendum en 2005.
27 mai 2008  : Nicolas SARKOZY annonce qu’il ne touchera pas à la retraite à 60ans : « Je ne le ferai pas pour un certain nombre de raisons et la première, c’est que je n’en ai pas parlé pendant ma campagne présidentielle, ce n’est pas un engagement que j’ai pris pendant ma campagne, je n’ai donc pas de mandat pour faire cela, et ça compte pour moi »

4 juillet 2008 : Suite à la libération d’Ingrid Betancourt, Nicolas SARKOZY propose d’accueillir en France les FARC qui renonceraient à la violence.

24 juillet 2008 : Nicolas SARKOZY ironise à nouveau sur la Princesse de Clèves. En février 2006 il avait comparé à un sadique ou un imbécile celui qui avait mis ce roman au programme d’un concours de l’administration.

SARKOZY et HOLLANDE La vie de château

16 avril 2009 : Nicolas SARKOZY déclare : « Les journalistes, ce sont des nullards, il faut leur cracher à la gueule, il faut leur marcher dessus, les écraser. Ce sont des bandits. Et encore, les bandits eux, ont une morale ».

23 janvier 2010 : Faudel regrette son soutien à Nicolas SARKOZY. « J’étais l’Arabe de service ».

18 juin 2010 : Nicolas SARKOZY dit dans un discours : « ils se batturent ». Le 15 janvier 2007 il parlait d’ « héritation » au lieu d’héritage, et le 18 avril 2007 il a inventé la « fatitude » au lieu de la fatuité.

14 mai 2011 : Pendant une réunion, un militant UMP, soutenu par plusieurs autres, lance : « Y en a marre des bougnoules », provoquant le départ de Janette BOUGRAB.

28 septembre 2011 : Nicolas SARKOZY parle du sémiologue Roland BARTHES en prononçant bartesse au lieu de barte.

30 novembre 2011 : Arnaud MONTEBOURG (ps) est accusé de germanophobie car il compare la politique d’Angela MERKEL à celle de BISMARCK. En 2007, Nicolas SARKOZY déclarait : « La France n’a jamais cédé à la tentation totalitaire. Elle n’a jamais exterminé un peuple. Elle n’a pas inventé la solution finale ».

20 décembre 2011 : Christine BOUTIN menace de révéler « une bombe atomique » à propos de Nicolas SARKOZY si on l’empêchait d’avoir ses 500 signatures. Le 14 février 2012, elle renonce à se présenter et rallie Nicolas SARKOZY.

SARKOZY l'échec Karachi, Kadhafi, Bettencourt, Sondages de L'Élysée, ...

8 janvier 2012 : Après avoir longtemps été contre, Nicolas SARKOZY veut adopter la taxe TOBIN.

9 janvier 2012 : Free dévoile ses forfaits très avantageux. Nicolas SARKOZY, dont un fils est le filleul de BOUYGUES ne voulait pas d’un 4ème opérateur. C’est François FILLON qui a fait passer l’autorisation en douce pendant une absence de SARKOZY.

10 janvier 2012 : Christian ESTROSI déclare que le Fouquet’s est une « brasserie populaire ».

13 janvier 2012 : La France perd un de ses triple A.

25 janvier 2012 : Un motard escortant la voiture de Nadine MORANO en sens interdit percute un piéton.

25 janvier 2012 : Pierre SARKOZY tombe malade en Ukraine. Il est rapatrié en avion utilisé habituellement pour transporter le président et les ministres.

29 janvier 2012 : Nicolas SARKOZY affirme qu’il n’a jamais parlé de « TVA sociale » alors que le terme apparaît sur le site de l’Elysée.

2 février 2012 : Trouvant qu’il n’y avait pas assez d’ouvriers sur le chantier visité par Nicolas SARKOZY, la présidence de la République a eu recours à des figurants pour faire le nombre.

5 février 2012 : Claude GUEANT estime que « toutes les civilisations ne se valent pas »

10 février 2012 : Christian VANNESTE parle de la « légende de la déportation des homosexuels ».

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15 février 2012 : Nicolas SARKOZY se déclare candidat. « Il y a une idée centrale dans mon projet, c’est redonner la parole au peuple français par le référendum ». Quelques citations du même :

Février 2007 : « Je ne comprends pas que l’on puisse être candidat en ayant chevillée au corps l’idée que la politique ne peut plus rien et en ayant comme idéal la démocratie d’opinion, parce que la démocratie d’opinion c’est l’ultime renoncement de la politique »

Mars 2007 : « Croyez-vous que, si je suis élu, je vais aussitôt dire aux Français : ‘Excusez-moi, j’ai besoin de vous demander votre avis sur un autre sujet »

Mars 2007 : « La démocratie participative, c’est la fin de toute volonté politique, c’est la fin de la politique qui prend ses responsabilités (…) c’est la fin de la démocratie représentative dans le soupçon généralisé (…) et la forme ultime de la démagogie »

Juillet 2007 : « Il y a bien sûr le référendum, que le Général De Gaulle concevait comme une question de confiance posée aux Français par le chef de l’Etat, et dont Jacques Chirac a élargi le champ. Mais il me semble que le référendum ne remplit plus ce rôle et que cela ne suffit pas »

20 février 2012 : Nicolas SARKOZY et Henri PROGLIO chercheraient à placer Jean-Louis BORLOO à la tête de Véolia.

24 février 2012 : Nathalie KOSCIUSKO-MORISET, ministre des transports, ne connaît pas le prix du ticket de métro.

25 février 2012 : Henri GUAINO s’énerve après Jérôme GUEDJ (PS) : « Si je vous traite de sale con, ça va vous plaire ? ». Puis, tapant sur la table : « Taisez-vous, vous avez assez parlé ». Le 28 janvier 2012 il s’en prenait à Joseph MACE-SCARON : « Vous voulez me donner des leçons de morale ? Vous êtes qui pour me dire ça ? Vous avez fait quoi dans votre vie pour me dire que je suis indigne ? »

2 mars 2012 : Claude GUEANT pense que le droit de vote aux étrangers pourrait conduire à rendre obligatoire la nourriture halal dans les cantines.

3 mars 2012 : Nicolas SARKOZY veut que les produits halal soient étiquetés. Quelques jours avant, le gouvernement avait refusé une proposition de loi dans ce sens de Françoise HOSTALIER (UMP).

5 mars 2012 : François FILLON conseille aux religions d’abandonner certaines « traditions ancestrales » abattage rituel des animaux, provoquant la colère des représentants juifs et musulmans.

6 mars 2012 : En coulisse lors d’une émission avec son mari, Carla BRUNI réagit quand on questionne Nicolas SARKOZY sur le Fouquet’s : « Nous sommes des gens modestes ».

8 mars 2012 : Louis SARKOZY (15 ans) s’amuse à tirer avec un pistolet à billes sur une policière.

11 mars 2012 : Henri GUAINO confond Photowatt, l’entreprise « sauvée » par Nicolas SARKOZY, et Photoshop, le logiciel graphique.

26 mars 2012 : Nicolas SARKOZY, à propos des militaires tués à Montauban, parle de « musulmans d’apparence ».

6 avril 2012 : Nicolas SARKOZY affirme que, contrairement à François HOLLANDE, il est allé à Fukushima. Il admet le 13 que c’était faux.

23 avril 2012 : Nicolas SARKOZY fait un discours sur le « vrai travail ». Le 25 il assure ne jamais avoir dit « vrai travail »

1er mai 2012 : La CGT appelle à voter François HOLLANDE. Nicolas SARKOZY parle de traîtrise à la cause syndicaliste. François FILLON dit « Nous devrions éviter toutes les remarques désagréables à propos des syndicats. Je n’aime pas qu’on critique les syndicats en tant que tels ».

6 mai 2012 : Nicolas SARKOZY perd les élections présidentielles.

SARKO

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 4 mai, 2012 |Pas de commentaires »

LE LIMOUSIN RADIOACTIF

Le LIMOUSIN radioactif

LE LIMOUSIN RADIOACTIF dans REFLEXIONS PERSONNELLES 20070403-151405.BMP

Lorsque la très faible proportion d’uranium qu’on extrait des mines s’en va vers les centrales, la gangue radioactive reste sur place, la plupart du temps à ciel ouvert. Et puisqu’elle s’y trouve déjà, on a eu moins de scrupules à y ajouter d’autres déchets, quelquefois beaucoup plus dangereux encore, provenant de lieux où ils auraient été trop visibles.

Le sous-sol français est riche en uranium. Les premières mines ont été ouvertes au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour fournir la matière première nécessaire à la fabrication de la bombe atomique. Aujourd’hui, plus des deux tiers de l’uranium consommé par les réacteurs français sont importés, mais la France reste néanmoins le premier producteur d’Europe.

L’exploitation actuelle et celle qui a précédé sont responsables d’une quantité gigantesque de déchets: plus de 300 millions de tonnes, dont certains causent de réels problèmes biologiques. Il y a d’abord les « stériles », ces roches extraites qui, contenant trop peu d’uranium, ne sont pas traitées et finissent souvent par former des petites collines rocheuses, sortes de terrils des régions uranifères.

 intro_limou DECHETS dans REFLEXIONS PERSONNELLES  limou_terrils ENVIRONNEMENT
Lacs de boues et terrils Les anciennes mines d’uranium à ciel ouvert, ici celle de Bellezane, servent de décharges aux boues radioactives, résultant du traitement du minerai, tandis que les résidus grossiers, les « stériles », s’empilent aux alentours, laissant échapper des fines particules radioactives et du radon.

Leur volume est colossal, puisqu’ils représentent 40 % du tonnage total extrait pour une souterraine, et 90 % pour une mine à ciel ouvert. C’est-à-dire, dans ce dernier cas, qu’avant de pouvoir traiter 1 tonne de minerai pour en récupérer l’uranium, il faut en manipuler et en stocker 9 tonnes. La quantité cumulée des stériles de mines d’uranium en France se situerait autour de 270 millions de tonnes !

Or, ils ne sont pas totalement « stériles », car ils contiennent toujours de l’uranium ainsi que d’autres corps radioactifs. Bien sûr, le minerai lui-même était aussi radioactif, et il élevait dans les régions alentour la radioactivité à un niveau parfois double de celui de la région parisienne. Mais ce minerai formait un bloc compact sous terre, alors qu’une fois extrait il est plus facilement lessivé par les eaux de pluie. D’autre part, ces stockages en plein air engendrent nécessairement des poussières radioactives, qui s’envolent sur la région. Sans parler du radon, ce gaz radioactif, lui aussi, qui s’échappe beaucoup plus facilement de ce labyrinthe de pierrailles que de la roche mère où il doit, pour remonter à l’air libre, trouver des failles, des fissures ou des roches poreuses. La radioactivité de ces stériles n’empêche d’ailleurs pas que l’on autorise des sociétés de travaux publics à les utiliser pour construire des ponts, des routes… Les préfets de Vendée et de Haute-Vienne ont ainsi accordé plusieurs autorisations. En bénéficient notamment la société Jean Lefebvre, sur la commune de Compreignac, et la SCREG-Ouest, sur la commune de Saint-Sylvestre, en Haute-Vienne. Mais il y en a bien d’autres!

Seule une faible partie du minerai extrait est donc traitée en usine pour récupérer l’uranium. Ce traitement engendre d’autres déchets, bien plus nocifs que les stériles. Avant d’aboutir au yellow-cake, qui contient de 70 % à 90 % d’uranium, le minerai subit toute une série d’opérations visant à séparer le métal de la gangue qui le contient.

Il est d’abord concassé, puis finement broyé en particules de moins d’un millimètre, Ce sable très fin est mélangé à de l’eau pour constituer une pâte. Il existe deux méthodes principales pour extraire le métal de cette pâte : soit des réactifs acides soit, au contraire, alcalins. Dans le premier cas, de l’acide sulfurique chaud, additionné de chlorate de sodium est mélangé à la pulpe, à raison de 40 kg environ d’acide par tonne de minerai. Dans le second cas, la pulpe est envoyée dans un autoclave à 140 °C à une pression de 6 bars, avec du carbonate de sodium, de la chaux, de la sidérose et de l’oxygène.

Il s’agit ensuite de séparer la partie liquide, qui renferme l’uranium solubilisé, et la partie solide qui constitue les fameux « résidus de traitement », une sorte de boue rosâtre riche en radium. Précisons qu’avant de pouvoir être utilisé comme combustible dans un réacteur, le yellow-cake devra subir bien d’autres transformations (raffinage, enrichissement, fabrication des éléments combustibles), mais, sur les sites miniers, la métamorphose s’arrête là. Ce concentré d’uranium naturel contient essentiellement de l’uranium 238 et seulement 0,71 % d’uranium 235, dont la proportion devra être augmentée jusqu’à 3 % pour permettre à la réaction en chaîne de se produire dans le coeur des réacteurs français. Car seul l’isotope 235 est fissile.

Revenons au minerai. Lorsqu’il n’est pas jugé suffisamment riche pour être traité en usine (teneur de 0,03 % à 0,08 % environ), une autre méthode consiste à le concasser et le disposer en grands tas sur le carreau de la mine, à travers lesquels on fait percoler une solution acide qui dissout l’uranium et que l’on récupère à la base. Cette opération de lixiviation doit être répétée plusieurs fois et s’étale sur plusieurs mois, alors que le traitement en usine s’effectue en quelques heures.

 decharge_bec_limou LAMIREAU THIERRY Une décharge à becquerels A quelques dizaines de mètres des maisons, l’ancienne mine à ciel ouvert du Brugeaud, sur la commune de Bessines, a été comblée par 5 800 000 t de résidus radioactifs. Plus de 250 térabecquerels sont enfouis là, c’est-à-dire que plus de 250 000 milliards de désintégrations s’y produisent chaque seconde. Lorsque le niveau d’eau baisse, comme c’est le cas ici, la radioactivité est plus élevée, l’eau jouant un rôle d’écran.

Une décharge à becquerels 

Depuis environ quarante ans, 47,5 millions de tonnes de minerai ont été traitées en France, d’abord par le CEA, puis par sa filiale Cogema qui gère actuellement 85 % des ressources nationales, l’autre exploitant étant le groupe Total. De ces millions de tonnes ont été tirées environ 60 000 t de yellow-cake, produit de base de l’énergie nucléaire. D’où une montagne de déchets. Ainsi, rien que l’ensemble des sites de la Cogema, anciens ou en exploitation, renferment, en plus des stériles qui n’ont subi aucun traitement, 26 millions de tonnes de résidus très fins (les boues qui sortent de l’usine) et 17 millions de tonnes de résidus grossiers (les restes des tas de lixiviation).

Or, tous ces résidus qui n’ont été débarrassés que d’une partie de leur uranium – il en reste 3 000 t sur l’ensemble des sites, dans les résidus très fins, et 1400 t dans les autres – contiennent toujours la quasi-totalité des « descendants » radioactifs de l’uranium. Le radium 226, d’abord, notoirement radiotoxique, qui représente à lui seul le total faramineux de 700 térabecquerels (700 000 milliards de becquerels, le becquerel remplace désormais le curie, un curie est égal à 37 milliards de becquerels.). Pour donner une idée du risque, signalons que la dose maximale admissible de radium dans l’eau potable en France est de 0,37 becquerel par litre. Rappelons aussi qu’à Itteville, dans la région parisienne, on s’est beaucoup affolé parce qu’on soupçonnait la présence d’une trentaine de grammes de radium sur un terrain qui avait servi de décharge au centre de Saclay. Le radium 226 a une période de 1620 ans, c’est-à-dire qu’au bout de ce laps de temps il aura perdu la moitié de sa radioactivité, puis 1620 ans plus tard, la moitié de la moitié… Mais il y a aussi du thorium 230, du plomb 210 et bien d’autres radionucléides dans ce cocktail radioactif pour des milliards années.

 futs_limou LIMOUSIN Des fûts abandonnés A moitié enfouis sur l’ancien site minier de Margnac, en Haute Vienne, ces fûts font-ils partie du lot de 88 082 barils expédiés par l’usine de conversion d’uranium Comurhex, à Malvesi, près de Narbonne, entre 1975 et 1989 ?

Or, que fait-on de ces boues ? Une partie a servi à remblayer des galeries de mines, mais la majorité est restée en surface. Elles ont été déversées soit dans un « bassin » aménagé dans une vallée et fermé par une digue faite de stériles comme à Saint-Priest-la-Prugne, et à Lavaugrasse, soit tout simplement dans une ancienne mine à ciel ouvert. C’est le cas le plus fréquent.

Ainsi, actuellement, la noria de camions-bennes non bâchés qui quittent chaque jour, à la cadence d’un tous les quarts d’heure, l’usine SIMO, filiale de la Cogema, à Bessines-sur-Gartempe, dans le Limousin, ne font que quelques kilomètres pour rejoindre les anciens sites miniers de Montmassacrot et de Bellezane, où ils se délestent de leur cargaison.

Les habitants de Bessines, excédés de voir dégouliner ces boues rosâtres dans les rues de leur ville, ont demandé à la CRIIRAD, un laboratoire indépendant, de mesurer le taux de radioactivité de ces boues et des mousses qui poussaient sur le mur bordant la route empruntée par les camions. Réponse de la CRIIRAD: plus de 100 000 becquerels par kg de matières sèches pour les boues dont plus de 25 000 becquerels imputables au seul radium 226, et plus de 30 000 pour les mousses.

Avant 1987, ces boues étaient envoyées plus près encore de l’usine SIMO, dans l’ancienne mine du Brugeaud et dans le bassin de Lavaugrasse, transformé aujourd’hui en vaste lac de plusieurs hectares où il ne ferait pas bon se baigner, sous peine de profiter des… 141000 milliards de becquerels de radium 226 qu’il renferme, ce que les canards semblent ignorer !

20070403-151331.BMP1 MINES

A une quarantaine de kilomètres de là, à Jouac, une autre usine de traitement est exploitée par Total compagnie minière, une filiale du groupe Total. Le minerai est actuellement extrait d’une mine souterraine, mais celles à ciel ouvert qui ne sont plus exploitées servent de dépôts pour les boues résiduelles. Impossible pour les riverains de soupçonner ce qui se passe derrière les immenses tas de stériles qui ceinturent le site. Que l’on imagine un lac de boues gigantesque s’étendant sur des dizaines d’hectares, où l’on ne voit guère que des arbres morts et des bidons vides (voir photos). Dans l’ancienne mine de Margnac, au sud de Bessines, c’est la Cogema qui se débarrasse de ses détritus !

Mais il y a eu des déchets plus dangereux qui ont été enfouis au cours des années dans nombre de ces sites. C’est une commission chargée d’examiner les dépôts de matières radioactives pour le compte du Conseil supérieur de la sûreté et de l’information nucléaire qui a soulevé une partie du voile en remettant ses conclusions en juillet 1991. La demande émanait des ministères de l’Environnement, de l’Industrie et de la Santé, ce qui explique que la Cogema ait dû ouvrir ses dossiers (ou du moins une partie). Ainsi, le rapport Desgraupes, du nom du président de cette commission, nous apprend que sept sites au moins (voir cartes 1 et 2), dont six dans le Limousin et un en Saône-et-Loire, ont accueilli, parfois à plusieurs reprises, des déchets radioactifs provenant pour la plupart de l’usine de traitement de minerai du Bouchet, dans l’Essonne, qui a produit de l’uranium et du thorium de 1946 à 1971. Il y a eu d’autres livraisons en provenance de l’usine d’enrichissement d’uranium de Pierrelatte, dans la Drôme; de l’usine de raffinage Comurhex à Malvesi, près de Narbonne ; du centre du CEA de Fontenay-aux-Roses, près de Paris; et de l’usine de fabrication de combustible SICN à Veurey, dans l’Isère. Bref, Il en est venu de toute la France. Quelque 300 000 fûts et des dizaines de milliers de tonnes de terre, gravats et ferrailles contaminés.

Ces chargements se sont faits, pour la plupart, dans le plus grand secret, au mépris de l’information du public, et se sont échelonnés de 1958 à 1989 pour les plus récents d’entre eux, du moins officiellement. Ce sont dans l’ensemble des résidus de minerai riche, plus nocifs encore que ceux du sous-sol limousin, c’est du moins la version qui nous a été donnée. Mais comment vérifier qu’il n’y a pas eu pires déversements, maintenant que ces déchets sont sous les stériles ou sous les boues ? Mais les 18 000 fûts verts, jaunes ou noirs, qui viennent de Pierrelatte et dorment sous les verses du Brugeaud, contiennent de l’uranium enrichi en uranium 235, l’isotope fissile dont il suffit de quelques kilos pour fabriquer une bombe. Là, il y en a 1,5 kg.

Quant aux quelques centaines de fûts (la quantité exacte n’est nulle part précisée) envoyés sur le site du Bauzot par le centre de Fontenay-aux-Roses, ils sont hautement suspects. Ils proviennent, en effet, d’une usine pilote qui a fonctionné de 1954 à 1957, puis qui a été démantelée entre 1959 et 1962 et dont l’activité était l’extraction de… plutonium !

Les seuls fûts que l’on puisse aujourd’hui examiner à loisir sont stockés discrètement dans un hangar isolé de la Cogema à Bessines. Il y a là 388 fûts provenant de l’usine du Bouchet et contenant des minerais d’uranium, de thorium et de terres rares, représentant environ 4 000 kg d’uranium métal et… 580 milliards de becquerels. Aujourd’hui les langues se délient. Et, dans la région de Bessines ou de Saint-Priest-la-Prugne, on parle de mystérieuses cargaisons qui étaient livrées de nuit ! Ainsi, les habitants de Pény affirment avoir été réveillés en juillet 91 par l’arrivée de camions qui avaient raté l’embranchement conduisant à une ancienne mine. Ils transportaient des fûts sur lesquels les riverains reconnurent le sigle radioactif. A Saint-Priest, on évoque même l’enfouissement de déchets industriels toxiques. On peut, en effet, se demander pourquoi la société Sedemap qui exploitait au début des années 1980 un centre de traitement de déchets industriels, à Buxières-les-Mines, dans l’Allier, avait racheté à la Cogema, un terrain jouxtant l’ancienne mine de Saint-Priest-la-Prugne ?

Même sans tenir compte de ces apports clandestins, tous ces sites miniers représentent des zones contaminées ; 300 000 milliards de becquerels rien qu’en radium 226, dans le bassin de Lavaugrasse, 150 000 Milliards au Brugeaud, 800 000 milliards pour l’ensemble des sites!

Or, ils ne font l’objet en France d’aucune réglementation spécifique. Alors que certains d’entre eux devraient, tout comme les centrales nucléaires, être soumis à la réglementation des installations nucléaires de base (INB), Ils ne relèvent même pas dans la plupart des cas, à l’instar de n’importe quel autre établissement industriel, de la législation des Installations classées pour la protection de l’environnement.

Le rapport Desgraupes estime notamment que les stockages de Saint-Priest-la-Prugne, de l’Ecarpière, de Bessines, du Bosc, du Cellier et de Jouac (voir cartes 1 et 2) sont des INB. Ce n’est pas l’avis des compagnies minières et de l’administration. La section des travaux publics du Conseil d’Etat a d’ailleurs donné raison à ces dernières dans son avis Ou 11 décembre 1991.

Pourquoi cette divergence ? Les uns considèrent les résidus de traitement comme un mélange de substances radioactives, les autres comme de l’uranium naturel. Or, la réglementation n’est pas la même suivant que l’on adopte l’une ou l’autre thèse. Le site doit être classé INB à partir d’une activité totale de 37 térabecquerels dans le premier cas et de 3 700 térabecquerels dans le second.

D’un point de vue strictement chimique, il semble pourtant évident que les résidus n’ont plus rien à voir avec de l’uranium naturel, leur composition ayant été modifiée, ne serait-ce qu’à cause des produits qui ont été ajoutés au moment du traitement. Et la radioactivité, qu’elle soit légale ou non, est bel et bien là!

Encore une fois, comment comparer un minerai en bloc compact sous la terre et ce même minerai réduit en poudre et répandu à la surface du soi ? On n’obtient pas le même breuvage en faisant infuser des grains de café ou du café moulu ! Le vent emporte et dissémine les fines poussières à des kilomètres à la ronde, et les pluies se chargent de particules.

Quels sont les risques ? De plus en plus de chercheurs semblent penser qu’il n’y a pas de seuil au-dessous duquel le taux de radioactivité n’aurait pas d’effets sur l’organisme. La Commission internationale de protection radiologique (CIPR) a d’ailleurs révisé à la baisse les normes qu’elle avait précédemment édictées: elles sont passées de 5 millisieverts par an (le sievert remplace le rem. 1 sievert = 100 rems) pour la population à seulement 2 millisieverts. Ces chiffres n’ayant valeur que de recommandations, la France a d’ailleurs préféré s’en tenir aux bonnes vieilles normes ! Pour donner un ordre d’idée, la radioactivité naturelle en France (aussi nocive que l’artificielle) inflige en moyenne 1 millisievert par an. La CIPR estime que 10 millisieverts reçus par un million de personnes généreront 500 décès par cancer ; pour l’Académie des sciences américaine, cette dose entraînerait 800 morts par cancer ; pour la Fondation américano-japonaise pour la recherche sur les effets des rayonnements: 1740 ; et pour l’équipe de chercheurs américains dirigée par le Dr Mancuso, de l’université de Pittsburgh : 6 000.

Dans des régions comme le Limousin, où la radioactivité naturelle est déjà élevée (1,5 millisievert en moyenne), le niveau est multiplié par 20, voire par 100, au-dessus ou à côté de ces énormes dépôts de résidus.

 chemine_radon_limou MINES D'URANIUM Des cheminées à radon Dans la campagne limousine, les aérateurs comme celui-ci font partie du paysage. Ils servent de bouche d’évacuation pour le radon, ce gaz radioactif qui est extrait des galeries souterraines en raison de sa nocivité.

Si nous avons tant parlé de radium 226, très radiotoxique et soluble, c’est aussi parce qu’il donne naissance, en se désintégrant, à un gaz radioactif, le radon (1) dont les propriétés cancérigènes sont officiellement reconnues. De nombreuses études épidémiologiques effectuées sur des mineurs d’uranium le prouvent. Il n’y a pas que les dépôts de résidus qui augmentent le niveau de radioactivité. Le simple fait d’exploiter un gisement y contribue.

Une série de mesures pour doser le radon, effectuées du 17 au 19 juillet 1989 par la CRII-RAD sur deux sites uranifères du Limousin, l’un à Saint-Sylvestre en exploitation (mine souterraine) et l’autre à Négremont, encore non exploité, est fort significative. Le protocole était identique : 25 mesures sur une surface de 400 m de côté avec un maillage de 100 m. Résultat: de 100 à 1080 Bq/m3 à Saint-Sylvestre et de 22 à 200 Bq/m3 à Négremont, où le gisement est pourtant plus près de la surface et la teneur en uranium plus élevée.

Sur les autres lieux testés à ce jour par la CRII-RAD, le niveau extérieur moyen est d’environ 15 Bq/m3. Et l’EPA, l’agence américaine de l’environnement, conseille aux habitants d’effectuer des travaux (isolation, ventilation … ) si le niveau mesuré chez eux dépasse 148 Bq/m3.

Nous avons demandé à la CRII-RAD de mesurer le taux de radon à proximité d’une bouche d’aération de la mine désaffectée des Vieilles Sagnes, sur la commune de Saint-Sylvestre. Une précédente mesure effectuée dans cet orifice, en février 92, à un mètre de profondeur, avait révélé des taux de radon dans l’air faramineux : plus d’un million de becquerels par m3 d’air ! A un mètre du sol et à une distance de 10 m de la bouche d’aération, on trouve encore 8 308 Bq/ m3 ; à 15 m : 1420 Bq/m3 et à 30 m : 721 Bq/m3. Voilà ce que respirent les enfants qui viennent jouer dans ces lieux, dont la plupart n’étaient pas même clôturés il y a trois mois de cela.

Mieux vaut tard que jamais. Au bout de quarante ans, sous la pression des associations de défense de l’environnement, une commission locale d’information vient d’être mise en place à Bessines. Ces associations réclament, entre autres, la remise en état des sites miniers abandonnés et notamment le recouvrement des dépôts de résidus. Aux Etats-Unis, où l’on n’hésite pas parfois à prendre des mesures extrêmes, on a carrément déplacé tous les résidus de quatre sites à Salt Lake City (Utah), Durango et Grand Junction (Colorado) et Canonsburg (Pennsylvanie) : ces déchets ont réintégré leur dépôt d’origine à Canonsburg, après que l’on eût réalisé un étanchement de bonne qualité.En France, le CEA songe à transformer la décharge radioactive de Saint-Priest-la-Prugne, dans l’Allier en base nautique

 Les dépôts d’uranium du Limousin…
(carte n°1)
depos1_uranium_limou NUCLEAIRE

Figurent sur cette carte de la Haute-Vienne (département contenant le plus grand nombre de décharges d’uranium) et sur celle de la France (voir carte n° 2 tous les dépôts connus) de résidus de traitement de l’uranium, riches en radium, ainsi que les usines, fermées ou en exploitation, à l’origine de ces déchets. Nous avons également indiqué les sites miniers qui ont reçu des déchets radioactifs en provenance d’autres centres nucléaires.

L’activité totale ne représente que l’activité du radium 226 et du thorium 230; chaque fois que cette activité est supérieure à 37 térabecquerels (TBq), le site devrait être classé installation nucléaire de base (INB) et donc soumis à des contrôles sévères. Mais aucun des sites ne respecte cette réglementation (Voir la revue, fort bien documentée, info Uranium, 7 rue de l’Auvergne.).

1. Lavaugrasse : bassin de 25 ha ayant reçu les résidus de l’usine SIMO de Bessines de 1958 à 1978 : 5 700 000 t, contenant 600 t d’uranium et représentant une activité de plus de 282 000 milliards de becquerels (282 TBq) dont 141 TBq en radium 226. Renferme également 3 500 t de résidus provenant de minerai d’uranium riche (teneur de 5 % à 20 %) contenant 1 TBq de radium 226 en provenance de l’usine du Bouchet dans l’Essonne, démantelée de 1972 à 1979. Devrait être classé INB.

2. Le Brugeaud : ancienne mine d’uranium à ciel ouvert, l’une des plus grandes de France, ayant reçu les résidus de l’usine SIMO de Bessines, de 1978 à 1987 : 5 800 000 t contenant environ 550 t d’uranium et représentant une activité de plus de 258,2 TBq dont 129,1 TBq en radium 226. Contient également des déchets provenant de l’usine du Bouchet : 6 000 t de résidus contenant 1,7 TBq de radium 226; 16 800 t de terres et gravats contenant 0,62 TBq de radioéléments alpha; 1900 t de ferrailles contenant 0,07 TBq de radioéléments alpha. Les terres, gravats et ferrailles n’ont pas été mis dans la fosse, mais ont été enfouis dans les verses de « stériles ».

Il y a aussi 18 048 fût arrivés de Pierrelatte (Drôme) entre 1968 et 1971 et contenant des déchets enrichis en uranium 235.

S’y ajoutent, ainsi que sur le site voisin de la Croix-du-Breuil, des résidus plus grossiers provenant de la lixiviation des minerais pauvres sous la forme de verses, sortes de terrils de l’uranium; il y en a 8 400 000t contenant 465 t d’uranium représentant une activité de 14,4 TBq en radium 226. Devrait être classé INB.

3. Montmassacrot : ancienne mine d’uranium à ciel ouvert ayant reçu les résidus de l’usine SIMO de Bessines de 1986 à 1990 : 737 000 t de résidus contenant 69 t d’uranium et représentant une activité de plus de 38 TBq dont 19 TBq en radium 226. Devrait être classé INB,

4. Bellezane : cette ancienne mine d’uranium à ciel ouvert reçoit les résidus de l’usine SIMO de Bessines, depuis 1988. Début 1991, ces boues représentaient 845 000t contenant 90t d’uranium et une activité de plus de 42 TBq, dont 21 TBq en radium 226.

De plus, 1126 000 t de résidus ont été déposées de 1958 à 1986 dans certains puits et certaines galeries de la partie souterraine de la mine aux fins de remblayage. Devrait être classé INB.

5. Margnac: ancien site minier ayant reçu, de 1975 à 1989, 88 082 fûts provenant du centre de conversion de l’uranium Comurhex, à Malvesi, près de Narbonne. Ces fûts d’une masse de 2 110 t, qui avaient contenu de l’uranate, étaient plus ou moins bien décontaminés et écrasés. Leur activité représente 0, 11 TBq. Ils ont été enfouis dans les verses des stériles

6. Pény : cette ancienne mine, proche de Margnac, a reçu un chargement identique à celui de Margnac, enfoui également dans une verse.

7. Fanay: ancien site minier ayant reçu, en 1971, 400 m3 de fûts écrasés provenant de l’usine du Bouchet, soit environ 0,01 TBq.

8. Bessines-sur-Gartempe : sur le site de la Cogema, un hangar contient 388 fûts provenant du Bouchet et représentant une activité de 0,58 TBq.

9. Jouac : les immenses bassins entourés de digues construites avec des stériles d’une ancienne mine à ciel ouvert, contenaient, début 1991, 900 000 t de résidus provenant de l’usine de Jouac, appartenant au groupe Total. L’activité totale était de plus de 104 TBq dont 52 TBq en radium 226. Devrait être classé INB.

 ET LES AUTRES DÉCHARGES FRANCAISE
(carte n°2)

autre_decharge_limou POLITIQUE
Si la Haute-Vienne à elle seule, renferme la moitié des décharges de résidus de l’uranium, d’autres régions abritent néanmoins des dépôts très importants.

1. La Ribière (Creuse) : ancienne mine d’uranium à ciel ouvert abritant 200 000 t de résidus d’une radioactivité d’environ 2 TBq, dont 1 TBq en radium 226.

2. Saint-Pierre-du-Cantal (Cantal): ancienne mine à ciel ouvert ayant reçu les résidus d’une usine qui a fonctionné sur le site de 1977 à 1985; en tout, 570 000 t représentant une activité de 15,8 TBq dont 7,9 TBq en radium 226.

3. Bertholène (Aveyron): site minier en exploitation, où ont été stockées, début 1991, dans la vallée des Balaures, derrière une digue constituée de stériles et de déblais, 310 000 t de résidus représentant une activité de 5,72 TBq rien qu’en radium 226.

4. Le Cellier (Lozère) : ancien site minier souterrain et à ciel ouvert, renfermant 1 112 000 t de résidus de traitement fins, dont 76 t d’uranium, et 4 532 000 t de résidus grossiers (dont 672 t d’uranium). L’activité totale dépasse 86 TBq, dont 43 TBq en radium 226. Ce site devrait être classé INB.

5. L’Ecarpière (Loire-Atlantique) : sur cet ancien site minier, un bassin artificiel entouré de digues constituées de résidus grossiers de lixiviation, contient 7 500 000 t de boues, soit 510 t d’uranium. Avec les digues qui renferment, elles, 300 t d’uranium, le tonnage total est de 11 500 000 t l’un des plus importants de France. L’activité totale est de plus de 365,6 TBq, dont 182,8 TBq en radium 226. On projette d’y mettre des résidus radioactifs provenant du traitement de terres rares effectué par Rhône-Poulenc à La Rochelle, à raison de 7 800 t par an. Ce site devrait être classé INB.

6. Le Bosc (Hérault) : excavations d’une mine à ciel ouvert renfermant, début 1991, 2 969 000 t de résidus, dont 818 t d’uranium, provenant de l’usine SIMO du Bosc, actuellement en exploitation. L’activité totale est de plus de 236,2 TBq, dont 118,1 TBq pour le radium 226, Ce site devrait être classé INB.

7. Saint-Priest-la-Prugne (Loire): ancien site minier renfermant 1 100 000 t de résidus dans la mine souterraine et 1 300 000 t, dont 286 t d’uranium, dans un vaste bassin de 20 ha où ils s’étagent sur 19 m d’épaisseur. L’activité totale est de plus de 168 TBq, dont 84 TBq en radium 226. Après avoir essayé de reconvertir le site en centre de stockage de déchets radioactifs, le CEA donne la préférence, pour sa réhabilitation, à la transformation du bassin en… base nautique ! Ce site devrait être classé INB.

8. Gueugnon (Saône-et-Loire): sur le terrain d’une ancienne usine de traitement, grand bassin de 6 ha renfermant 185 000 t de résidus contenant 42 t d’uranium. L’activité totale dépasse 20,8 TBq, dont 10,4 TBq en radium 226.

9. Le Bauzot (Saône-et-Loire): ancien site minier renfermant des fûts de déchets radioactifs livrés entre 1958 et 1969. Il s’agit de 32 600 fûts provenant du centre du Bouchet et contenant 5 600 t de déchets pour une activité de 2,8 TBq de radium 226. Il y a aussi 48 000 fûts venus de l’usine SICN/CERCA, à Veurey-en-Isère, qui fabrique les éléments combustibles des réacteurs ! Ils contiennent 10 400 t de graphite, de quartz et de boue de sablage; leur activité est de 0,1 TBq. S’y ajoutent quelques centaines de fûts contenant des terres et des gravats provenant de l’usine pilote d’extraction de plutonium qui a fonctionné à Fontenay-aux-Roses de 1954 à 1957. Actuellement, tous ces fûts sont enfouis dans une sorte de tumulus de 6 m de hauteur sur une surface de 8 000 m2.

10. Rophin (Puy-de-Dôme) ancien site minier renfermant 30 000 t de résidus contenant une tonne d’uranium, l’activité du radium 226 représentant plus de 0,3 TBq

11. Saint-Hippolyte (Haut-Rhin) : à deux pas d’un ravissant village de la route du vin, ancien site minier de Schaentzel et du Teufelsloch (le trou du diable) renfermant toujours 2 000 t de résidus de lixiviation. En fait, le minerai lixivié est resté dans les cuves et l’exploitation a cessé après une campagne d’essai en 1969. L’activité en radium 226 serait de 0,1 TBq. Il y a encore sur ce site, qui est le plus petit dépôt de résidus de traitement d’uranium en France, 2 000 t de minerai non traité.

NOTA: PHOTOS de Thierry LAMIREAU

Réalisateur du film « URANIUM EN LIMOUSIN »

Jacqueline Denis-Lempereur,
Science & Vie n° 899, août 1992

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 28 avril, 2012 |Pas de commentaires »
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