LA LOI DU QATAR (Brahim TAKHEROUBT /http://www.lexpressiondz.com)

Le riche émirat veut régenter le monde arabe

La loi du Qatar

LA LOI DU QATAR (Brahim TAKHEROUBT /http://www.lexpressiondz.com) dans REFLEXIONS PERSONNELLES qatar
(Brahim TAKHEROUBT)

Après avoir armé et financé les révoltes arabes, le petit émirat du Qatar cherche maintenant à en tirer les dividendes.

Le Qatar, qui fait figure de nain dans le Moyen-Orient, veut régenter le Monde arabe. Mais c’est de Tunisie que le sifflet annonçant la fin de la recréation de ce non-Etat retentit. Une féroce campagne contre le Qatar est menée depuis avant-hier par les internautes tunisiens qui, en réalité, n’ont jamais apprécié l’incursion de ce « client » dans leurs affaires internes. Cette campagne est menée par plus de 25.000 Tunisiens contre le cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, l’émir du Qatar.

Les cyberactivistes Anonymous Tunisie, s’y mettent eux aussi. Anonymous Tunisie décide de s’attaquer au régime qatarien, qu’il accuse d’être au « service d’agendas américano-sionistes et à l’origine de toute tentative de déstabilisation sécuritaire dans différents pays arabes ». Ce groupe a annoncé, dans un communiqué mis en ligne, une nouvelle opération visant les sites Web gouvernementaux de l’État qatarien. Une mission baptisée « OpQatar », qui débutera bientôt. Ainsi, après Israël, le Qatar serait la prochaine cible des hackers. Anonymous Tunisie reproche à l’émirat du Golfe ses agressions commises contre la Tunisie et considère « le gouvernement qatarien complice des États-Unis et d’Israël », selon les dires des membres du collectif des pirates.

Les Tunisiens reprochent à ce riche émirat du Golfe, non seulement de vouloir régenter la Tunisie, mais aussi le fait qu’il s’adonne à de graves pratiques comme le financement des réseaux de jihadistes de Tunisie vers la Syrie. Selon un article paru dans Jeune Afrique, et se basant sur un rapport de l’ONU, « les combattants tunisiens en Syrie seraient au nombre de 3 500 et constitueraient 40% des effectifs jihadistes ». En d’autres termes, les Qatariens s’adonnent au business de la mort en endoctrinant des Tunisiens y compris des jeunes filles pour mener le « jihad du nikah », qui consiste à satisfaire les désirs sexuels des combattants islamistes.

Pour ce faire, le Qatar ne lésine pas sur les moyens. Il finance des associations « humanitaires », qui vont ensuite recruter les prétendants au jihad. Ces derniers seront acheminés en Syrie avec de faux passeports. Le but étant de monter en épingle la mouvance islamiste. Car le minuscule émirat dépense annuellement des milliards de dollars dans le financement des mouvements islamistes qui sont actuellement au coeur des problèmes en Tunisie, en Égypte, en Libye et en Syrie. Deux raisons guident le Qatar dans cette démarche. La première est due au fait que cet émirat est lui-même de tendance salafiste. La seconde raison est d’ordre stratégique.

C’est que le Qatar est le fidèle sous-traitant des États-Unis dans la région. Il joue le rôle de véritable croupion pour déstabiliser les régimes qui leur sont hostiles. Depuis l’accession de Barack Obama à la Maison-Blanche, une nouvelle vision s’est imposée dans la manière de faire la guerre et de défendre les intérêts étatsuniens. Ces derniers ne veulent plus que leurs boys meurent dans d’autres pays pour combattre le fléau islamiste.

Convaincus que la majorité silencieuse dans les pays arabes est justement de tendance islamiste, « pourquoi alors ne pas laisser cette tendance s’exprimer ».

Dans un rapport détaillé établi en 2010 par la Brookings Institution, un influent think tank étatsunien, il a été explicitement suggéré à l’administration Obama de « soutenir les islamistes et de leur donner un coup de pouce dans les pays », car c’est la tendance lourde au sein des sociétés arabes. Le rapport soulignait avec insistance que « l’islamisme politique dans les années à venir aurait des répercussions lointaines sur la politique et la sécurité des États arabes ».

Le même rapport a relevé que « durant ces 20 dernières années, ils ont passé leur temps à se structurer et à gagner la sympathie des populations ». « Ils ont renoncé au rêve d’instaurer un État islamique et ont de plus en plus recours à l’opération électorale en utilisant de façon rationnelle le Parlement pour affaiblir l’emprise des gouvernements sur la vie publique ». C’est cette direction que semble privilégier l’administration Obama.

Pour ce faire, il se base sur les pétrodollars du Qatar comme moyen de déstabilisation et les drones pour faire la guerre. Mais l’argent n’est pas tout, puisque la fin de la recréation vient d’être sifflée.

Brahim TAKHEROUBT

http://www.lexpressiondz.com/internationale/172322-la-loi-du…

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 28 avril, 2013 |Pas de commentaires »

« L’OTAN N’AMENE QUE LA DESTRUCTION, L’INSECURITE ET LA MISERE. ELLE DOIT ÊTRE ABOLIE » (Mahdi Darius NAZEMROAYA, Silvia CATTORI / http://www.silviacattori.net /http://www.legrandsoir.info)

ENTRETIEN AVEC
MAHDI DARIUSNAZEMROAYA

« L’OTAN n’amène que la destruction,

l’insécurité et la misère. Elle doit être abolie »

(Mahdi Darius Nazemroaya / Silvia CATTORI)

Apprécié pour la rigueur et la justesse de ses analyses le sociologue canadien Mahdi Darius Nazemroaya (*), 30 ans, s’est imposé comme un des meilleurs connaisseurs de l’OTAN. Ses investigations, traduites en de nombreuses langues, ont acquis une audience internationale et son ouvrage « The globalisation of NATO » [« La mondialisation de l’OTAN »] fait aujourd’hui référence.

En 400 pages denses, fascinantes, préoccupantes, il nous fait prendre la mesure de la menace que l’OTAN fait peser sur la paix du monde et l’avenir de nombreux peuples. Il nous fait également prendre conscience de l’urgence qu’il y aurait à obtenir la dissolution de cette dangereuse organisation.

Silvia Cattori :

Dans votre remarquable ouvrage vous mettez en lumière les stratégies mises en place par l’OTAN pour étendre son emprise militaire dans le monde. J’aimerais vous demander ce qui vous a motivé à consacrer tant d’énergie à un sujet aussi ardu et exigeant. Comment en êtes-vous venu à considérer que l’analyse du rôle de l’OTAN et des stratégies qu’elle a mises en place était une tâche absolument essentielle ?

Mahdi Darius Nazemroaya :

Les graines de ce livre ont été semées en 2007. J’avais alors rédigé un petit manuscrit mettant en relation les guerres en Afghanistan et en Irak (qui avaient fait suite aux tragiques évènements du 11 septembre 2001) avec l’expansion de l’OTAN, le projet de bouclier antimissiles états-unien – que je décrivais comme s’étant finalement couvert du manteau d’un projet de l’OTAN, – et le concept de ce que les néoconservateurs et leurs alliés sionistes appellent « destruction créative » pour redessiner la restructuration des pays du Moyen-Orient, et l’encerclement aussi bien de la Chine que de la Russie.

J’ai toujours considéré que tous les événements négatifs auxquels le monde est confronté étaient les éléments d’un ensemble ; ou de ce que le savant et révolutionnaire hongrois György Lukács a appelé « totalité fragmentée ». Les guerres en « série », l’accroissement des lois de sécurité, la guerre contre le terrorisme, les réformes économiques néolibérales, les « révolutions colorées » dans l’espace post-soviétique, la diabolisation de différentes sociétés par les médias, l’élargissement de l’OTAN et de l’Union Européenne, et les fausses accusations au sujet d’un programme d’armement nucléaire iranien font partie d’un tout. Un de mes articles publié en 2007 [1], posait également les principales bases de cette feuille de route et reliait tous les éléments de la guerre perpétuelle à laquelle nous assistons.

J’ai écrit ce livre parce que je pensais que c’était un sujet très important. J’ai lu la plupart des textes de l’abondante littérature concernant l’OTAN et aucun n’examine l’OTAN dans la perspective critique où je me place. De même qu’aucun ne relie l’OTAN de manière pertinente à une « vue d’ensemble » des relations internationales. Un chercheur de l’Université Carleton m’a dit que mon livre était comme une Bible des relations internationales et de tous ses sujets importants. Je vois moi aussi mon livre sur l’OTAN de cette manière.

Ma principale motivation pour écrire ce livre était d’amener les lecteurs à prendre conscience de la nature impérialiste des conflits internationaux modernes et de les aider à en voir la « totalité » au lieu de ses éléments « fragmentés ». Quand vous voyez l’ensemble, vous êtes en mesure de prendre de meilleures décisions. Je pense avoir donné de l’OTAN une évaluation correcte. Dans sa bibliothèque à Bruxelles il y a un exemplaire de mon livre. C’est l’OTAN elle-même qui a annoncé son acquisition comme l’une des ressources de sa bibliothèque, en novembre 2012. Ce livre est ma contribution, en tant que chercheur, pour essayer de permettre aux lecteurs de prendre des décisions en connaissance de cause en voyant au-delà des effets de miroirs et des éléments fragmentés du tableau.

Aujourd’hui dans le monde, les gens sont de façon générale plus instruits. Mais malheureusement l’ignorance se répand en ce qui concerne les relations de pouvoir et ce qui se passe dans ce domaine au niveau mondial. Nous entrons dans une ère trompeuse de l’histoire où beaucoup de gens à travers le monde sentent de plus en plus qu’ils ne peuvent rien faire d’autre que d’être des spectateurs impuissants, réduits à n’être que des particules, des rouages, ou des extensions d’une immense machine invisible sur laquelle ils n’ont aucun contrôle.

Les scénarios du livre de George Orwell « 1984 » se sont pour l’essentiel réalisés. Les gens sont devenus étrangers à leur monde et gouvernés de plus en plus par cette machine capitaliste invisible qui travaille à détruire toutes sortes de façons alternatives de vivre ou de penser ; l’ordre qui s’impose aujourd’hui à nous est comme un resserrement de la « cage d’acier » de Max Weber [2] qui réduit de plus en plus notre indépendance et nos mouvements.

La plupart des gens regardent maintenant les nouvelles et la télévision passivement. Ils essaient de se distraire de la réalité ; ils tentent d’engourdir leur conscience et de vivre dans un faux état de bonheur qui leur permet d’ignorer la réalité et les misères du monde. Collectivement, nos esprits ont été colonisés, on leur a fait croire à un faux ordre des choses. L’humanité est en train d’être de plus en plus déshumanisée. Peut-être que j’ai l’air hégélien, mais les gens deviennent étrangers à eux-mêmes. Ils deviennent aussi étrangers aux capacités de leur propre esprit et aux talents dont ils ont été dotés. Mais la vérité est que nous ne sommes pas séparés des événements et des processus qui façonnent ce monde. Nous ne devrions pas devenir les esclaves des objets ou des structures de notre propre fabrication, que ce soit le capitalisme ou les structures politiques. Nous ne devons pas devenir de simples spectateurs de notre parcours de vie.

L’hégémonie est un processus continu de leadership, de contrôle, et d’influence qui implique à la fois la contrainte et le consentement. Mais son emprise n’est jamais totale et elle peut toujours être combattue. Nous voyons des défis à l’hégémonie dans la construction de blocs historiques qui affrontent les centres de pouvoir impérialistes et capitalistes. Le Mouvement bolivarien d’Hugo Chávez et l’ALBA sont des exemples réussis d’une contestation de l’hégémonie traditionnelle des élites compradores qui gouvernent la région au bénéfice de forces extérieures.

Silvia Cattori :

Un grand chapitre passionnant et troublant de votre livre est consacré à l’Afrique. L’entrée en guerre de la France au Mali n’a pas dû être une surprise pour vous. La déstabilisation de ce pays affaibli, engendrée par l’intervention de la France en Libye, n’ouvre-t-elle pas une grave crise dans tous les pays du Sahel, de l’Atlantique à la Mer rouge ?

Mahdi Darius Nazemroaya :

Dès le début j’ai soutenu que la division du Soudan, l’intervention française en Côte d’Ivoire soutenue par les États-Unis, et la guerre de l’OTAN en Libye, faisaient partie d’une deuxième « ruée vers l’Afrique ». J’ai expliqué que la guerre en Libye visait à déstabiliser d’autres parties de l’Afrique et aurait un effet d’entraînement sur une large partie de ce continent incluant des pays comme le Niger et le Mali.

Dans mon livre, j’ai examiné le Sahel qui est constitué par les terres intérieures de l’Algérie, du Niger, de la Libye, et du Mali. La guerre de l’OTAN contre la Libye a déclenché une réaction en chaîne, comme une démolition contrôlée, que les États-Unis et leurs alliés utilisent pour contrôler une vaste portion de l’Afrique et de ses ressources. Comme la première « ruée vers l’Afrique » qui a été déclenchée par une crise économique dans les pays industrialisés de l’Europe occidentale, ces événements concernent en fait le contrôle des ressources. Alors que les États-Unis s’impliquaient davantage en Afrique, son gouvernement et le Pentagone se sont mis à parler de plus en plus de l’expansion des facilités dont disposait Al-Qaïda en Afrique et de la manière dont l’armée américaine et ses alliés devaient combattre cette organisation en augmentant leur présence sur le continent africain. En fait, les États-Unis ont constitué en 2011 un budget pour l’actuelle guerre au Mali sous le couvert de la lutte contre Al-Qaïda en Afrique de l’Ouest. Des intérêts stratégiques comme l’obsession grandissante des États-Unis pour le Golfe de Guinée et l’approvisionnement en pétrole en Afrique de l’Ouest sont occultés dans un récit qui nous parle de la lutte contre les groupes terroristes rangés sous le label d’Al-Qaïda. Nous savons d’expérience que l’Empire américain a en fait travaillé avec ces groupes, aussi bien en Libye qu’en Syrie. Et que l’on cherche à pousser hors d’Afrique la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil, et d’autres rivaux économiques du bloc occidental, mais on n’en parle pratiquement pas. En lieu et place, on déguise les intérêts des États-Unis et des ses alliés de l’OTAN comme la France, en objectifs altruistes visant à aider des États faibles.

Pour en revenir au Mali. Je n’ai pas été surpris quand le Président François Hollande et son gouvernement ont ordonné aux soldats français d’envahir ce pays. Aussi bien la France que les États-Unis sont très au fait des réserves de gaz et de pétrole au Mali, au Niger, et dans l’ensemble du Sahel. Mon livre traite de ces points et de la création par le gouvernement français, en 1945, d’un Bureau de Recherches Pétrolières dans le but d’extraire le pétrole et le gaz de cette région. Quelques années plus tard, en 1953, Paris a délivré des licences d’exploitation à quatre compagnies françaises en Afrique. En raison de ses craintes, à la fois des empiétements américains et des demandes africaines d’indépendance, Paris a créé l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS) pour maintenir son contrôle sur les parties riches en ressources de ses territoires africains qui possèdent du pétrole, du gaz, et de l’uranium. L’uranium a été important pour garantir l’indépendance de la France vis-à-vis de Washington par la création d’une force de dissuasion nucléaire stratégique, en riposte au monopole anglo-américain.

Ce n’est donc pas un hasard si les zones du Sahel que les États-Unis et ses alliés ont désignées comme faisant partie de la zone où Al-Qaïda et les terroristes sont situés correspondent à peu près aux frontières de l’OCRS, riche en énergie et en uranium. En 2002, le Pentagone a commencé d’importantes opérations visant à contrôler l’Afrique de l’Ouest. Cela a eu lieu sous la forme de l’Initiative Pan-Sahel, qui a été lancée par l’US European Command (EUCOM) et l’US Central Command (CENTCOM).

Sous la bannière de ce projet de l’armée américaine, le Pentagone a formé des troupes du Mali, du Tchad, de la Mauritanie, et du Niger. Les plans visant à établir l’Initiative Pan-Sahel remontent toutefois à 2001, lorsque l’Initiative pour l’Afrique a été lancée à la suite des attentats du 11 septembre. Sur la base de l’Initiative Pan-Sahel, la Trans-Saharan Counter-terrorism Initiative (TSCTI) a été lancée en 2005 par le Pentagone sous le commandement du CENTCOM. Le Mali, le Tchad, la Mauritanie, et le Niger ont été rejoints par l’Algérie, le Maroc, le Sénégal, le Nigeria, et la Tunisie. La TSCTI a été transférée en 2008 au commandement de l’AFRICOM récemment activé. Il faut relever que le capitaine Amadou Sanogo, le leader du coup d’État militaire qui a eu lieu au Mali le 21 mars 2012, est l’un des officiers maliens qui ont été formés dans le cadre de ces programmes américains en Afrique de l’Ouest.

L’analyse du coup d’État de 2012 au Mali montre qu’il s’agit d’un acte criminel. Le coup d’État militaire a renversé le Président Amadou Toumani Touré sous prétexte qu’il ne pouvait pas restaurer l’autorité malienne sur le nord du pays. Le Président Amadou était sur le point de quitter son poste et n’avait pas l’intention de rester dans la vie politique, et les élections allaient avoir lieu dans moins de deux mois. Ce coup d’État a essentiellement empêché une élection démocratique d’avoir lieu et l’action du capitaine Sanogo a mis fin au processus démocratique au Mali et a déstabilisé le pays. Sa nouvelle dictature militaire a été reconnue par l’OTAN et par le gouvernement installé en Côte d’Ivoire par les Français. Les États-Unis ont continué à financer le gouvernement militaire du Mali et des délégations militaires et civiles des États-Unis et d’Europe occidentale ont rencontré le régime militaire de Sanogo. Peu après, la France a déclaré qu’elle avait le droit d’intervenir en Afrique partout où ses citoyens et ses intérêts étaient menacés. C’était autant de préliminaires.

Les armes qui sont utilisées au Mali et au Niger aussi bien par les groupes terroristes que par les tribus touaregs sont liées aux actions de l’OTAN en Libye. Plus précisément ces armes viennent des arsenaux libyens pillés, et des armes envoyées en Libye par les Français, les Anglais et les Qataris. L’OTAN a eu un rôle direct dans ce domaine et l’on sait que les Français ont soudoyé les groupes touaregs et ont contribué à les armer et à les financer durant la guerre contre la Libye. Du reste, en Afrique, les Français ont toujours manipulé les Touaregs et les Berbères contre d’autres groupes ethniques à des fins coloniales.

Par ailleurs, les tensions entre le Soudan et le Sud-Soudan sont attisées. La région soudanaise du Darfour et la Somalie sont toujours des points chauds. Tout cela fait partie d’un arc africain de crise qui est utilisé pour restructurer l’Afrique et l’englober dans les frontières du bloc occidental.

Silvia Cattori :

Quand sous l’impulsion du président Sarkozy, après 33 ans de retrait, la France est revenue dans le commandement militaire de l’OTAN, il n’y a eu aucune protestation. N’est-ce pas le signe que les citoyens ignorent, que cette organisation menace l’humanité et que l’appartenance de leur pays à l’OTAN implique sa subordination à la politique étrangère belliciste de Washington et la perte de sa souveraineté ?

Mahdi Darius Nazemroaya :

Je pense que ce que le Président Sarkozy a fait en réintégrant la France dans le commandement militaire de l’OTAN est largement le reflet d’un consensus au sein de la classe politique française. Je sais qu’à Paris de nombreuses voix politiques l’ont critiqué, mais si au sein de la classe politique française l’opposition avait été intransigeante, elle aurait pu faire beaucoup plus que parler. Aujourd’hui, les membres de l’establishment politique français, aussi bien à « gauche » qu’à « droite », se battent entre eux pour savoir qui va le mieux servir les centres impérialistes et capitalistes à Washington et à New York. L’establishment politique français ne fait pas cela parce qu’il est particulièrement pro-américain, mais parce qu’il est au service du système mondial corrompu qui sert lui-même le capitalisme global dont le centre en voie d’affaiblissement est aux États-Unis. Ainsi, nous avons aussi besoin de réévaluer ce qu’est l’anti-américanisme, ou d’où proviennent et ce que représentent en fait les sentiments anti-américains.

De larges segments de l’élite de l’Europe occidentale sont au service de ce système mondial parce que leurs propres intérêts y sont investis et y sont liés. Comme les États-Unis sont en voie d’affaiblissement et en lutte pour maintenir leur primauté mondiale en tant que centre du capitalisme, de la régulation et de l’accumulation capitaliste, ils vont de plus en plus déléguer leurs missions impériales à des pays comme la France. On verra également davantage de compromis entre les États-Unis et des pays alliés comme la France et l’Allemagne. Il s’agit là d’une décentralisation dialectique du pouvoir des États-Unis visant à renforcer l’hégémonie du système mondial et à maintenir l’Empire américain par délégation. Il faut noter que ce système capitaliste mondial est fragmenté en blocs, raison pour laquelle nous voyons des rivalités entre les États-Unis, la Chine et la Russie.

De façon générale, la majorité des citoyens dans de nombreuses sociétés sont de plus en plus passifs vis-à-vis des décisions de leurs gouvernements et de leurs dirigeants. C’est le reflet d’un sentiment croissant d’aliénation, de détachement et d’impuissance qui a transformé les êtres humains en marchandises et en objets. Cela fait partie du resserrement de la « cage d’acier » dont je parlais plus haut, en termes weberiens.

Silvia Cattori :

La France a été au commencement, avec le Qatar, le principal « parrain » de la déstabilisation de la Syrie [3]. La Chine et la Russie ont empêché par leurs vétos l’adoption d’une résolution du Conseil de Sécurité qui aurait autorisé une intervention militaire de l’OTAN comme cela a été le cas en Libye. Mais on peut se demander si les pays de l’OTAN et leurs alliés arabes ne sont pas en train de réaliser leur plan de déstabilisation de la Syrie par d’autres voies ? Et pensez-vous que la Chine et la Russie pourront durablement contenir l’OTAN tant que les pays émergents n’auront pas leur mot à dire et les moyens d’imposer un véritable multilatéralisme au Conseil de Sécurité ?

Mahdi Darius Nazemroaya :

En premier lieu, il faut voir que les événements en Syrie font partie d’une guerre par procuration menée par les États-Unis, l’OTAN, Israël et les dictatures arabes (comme l’Arabie Saoudite), contre la Chine, la Russie, l’Iran et leurs alliés. Deuxièmement, quand on considère les événements en Syrie d’un point de vue international, on devrait penser à la Guerre civile espagnole qui a éclaté avant la Deuxième guerre mondiale. De même, on peut considérer les événements en Libye et en Afrique, et peut-être les invasions antérieures de l’Afghanistan et de l’Irak, en pensant à l’invasion de la Chine par le Japon ou l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne avant la Deuxième Guerre Mondiale. Cela ne signifie pas que la Syrie ou ces événements soient nécessairement le prélude à une Troisième Guerre Mondiale, mais ils ont le potentiel d’allumer un vaste incendie au niveau mondial — à moins que l’on ne pense que tous ces événements font déjà partie de la Troisième Guerre Mondiale.

Les thèses de Giovanni Arrighi sur les cycles systématiques d’accumulation dans le « système-monde » peuvent nous aider à trouver une base de réflexion. Son travail est important parce que nous pouvons l’utiliser pour lier entre eux, de la Syrie à l’Afrique, les éléments dont nous parlions en termes de « totalité fragmentée » constituant le système mondial. Les cycles d’accumulation étudiés par Arrighi se rapportent à des périodes de temps qui s’étendent sur une centaine d’année ou plus, durant lesquelles le centre du capitalisme dans le système mondial se situe dans un lieu géographique ou un pays donné. Ses thèses sont fortement influencées par les travaux du savant français Fernand Braudel sur l’expansion du capitalisme. Pour Arrighi ces centres d’accumulation ont été les pouvoirs hégémoniques du système mondial en expansion. À la dernière étape de chaque cycle, les capitalistes déplacent leurs capitaux de ces centres dans d’autres endroits et finalement dans le nouveau centre capitaliste qui a émergé. Ainsi, chronologiquement, le pouvoir hégémonique du système mondial a été transféré de la ville-État italienne de Gênes aux Pays-Bas, puis en Grande Bretagne et, finalement, aux États-Unis. Le déplacement géographique du centre du système mondial se produit au cours d’une période de crise, au moins pour les anciens centre capitalistes, et dans un court laps de temps. Nous en arrivons aujourd’hui à la Chine. Ce qui se passe est que le centre du capital est sur le point de sortir des États-Unis. Si l’on suit la tendance soulignée par Arrighi, alors le prochain centre d’accumulation capitaliste du système mondial sera la Chine. Toutefois d’autres scénarios ne sont pas à écarter, comme une direction globale de toutes les principales puissances capitalistes. En me référant aux travaux d’Arrighi, je veux dire ici que nous avons affaire à un système capitaliste mondial qui inclut la Chine et la Russie. Ni les États-Unis ni la Chine ni la Russie ne veulent perturber ce système. Ils sont en compétition pour en devenir le centre d’accumulation capitaliste. C’est pourquoi aucune des parties ne veut une guerre directe. C’est pourquoi les Chinois n’ont pas utilisé la dette étrangère américaine pour dévaster l’économie des États-Unis ; la Chine souhaite voir un transfert ordonné du centre d’accumulation depuis les États-Unis.

La Chine et la Russie ne changeront pas leurs politiques et leurs positions sur la Syrie ou l’Iran, mais elles veulent éviter une guerre qui perturbe le système capitaliste mondial. Bien sûr, les États-Unis essaient de maintenir leur position en tant que centre du système mondial, par la force brute, ou en impliquant leurs alliés et vassaux dans leurs opérations impérialistes, comme au Mali et en Libye.

Silvia Cattori :

Vous consacrez un long chapitre (p 67 à 113) à l’intervention de l’OTAN en Yougoslavie. Pouvez-vous résumer pour nos lecteurs ce à quoi cette guerre, qui a démembré un pays et généré tant de souffrances, devait aboutir ?

Mahdi Darius Nazemroaya :

Le démantèlement de la République Fédérative Socialiste de Yougoslavie a été une étape importante pour ouvrir les portes d’une expansion vers l’Est de l’OTAN et de l’Union Européenne. Il a ouvert la route pour la marche vers les frontières de la Russie et de l’ex-Union soviétique. L’ex-Yougoslavie était aussi un obstacle majeur vis-à-vis du projet euro-atlantique de l’OTAN et de l’UE en Europe. En outre, la guerre de l’OTAN en Yougoslavie a permis de préparer la logistique des guerres en Afghanistan et en Irak.

Silvia Cattori :

Denis J.Halliday [4] écrit dans la préface de votre ouvrage : « L’OTAN n’amène que la destruction, la pauvreté, l’insécurité et la misère. Elle doit être abolie ». Quand on sait qu’il n’y a aucun mouvement qui s’oppose à la guerre, que des ONG comme Amnesty, HRW, MSF, MDM, prennent le parti de l’ingérence militaire des grandes puissances, comme on l’a vu en ex-Yougoslavie, au Soudan, en Libye, en Syrie, que peut-on suggérer à toute une jeunesse en quête de justice et désireuse d’agir pour un monde meilleur ? Que peuvent faire concrètement les peuples européens contre la machine destructrice de l’OTAN ?

Mahdi Darius Nazemroaya :

Comme je l’ai dit, nous en sommes arrivés à la situation décrite par George Orwell dans son roman “1984”. Amnesty International, Human Rights Watch, et une grande partie des ONG de l’industrie humanitaire sont des outils de l’impérialisme pratiquant les deux poids deux mesures. Les organisations d’aide étrangère sont profondément politiques et politisées. Cela ne signifie pas que tous leurs employés soient de mauvaises gens qui ne veulent pas aider le monde. Bon nombre de leurs employés et des bénévoles sont des gens estimables ; ils ne comprennent pas tous les faits et ils ont de bonnes intentions. Ces gens ont été trompés ou aveuglés par la pensée de groupe institutionnelle. Leurs esprits devraient être débarrassés de tous les préjugés et de la désinformation dont ils ont été nourris ; une véritable tâche de dévouement.

Les citoyens des pays de l’OTAN doivent travailler à se positionner eux-mêmes pour informer leurs sociétés respectives sur l’OTAN et finalement les influencer pour qu’elles se retirent de cette organisation. Cela peut être fait de diverses manières. Mais cela commence par une compréhension de ce qu’est l’OTAN et une connaissance non censurée de son histoire.

Je ne suis pas une autorité morale ou un stratège. Se maintenir soi-même sur la bonne voie est déjà un défi assez difficile, je pense. Je n’ai aucun droit à pontifier sur la façon dont les gens devraient vivre. Je vais toutefois vous dire ce que je pense personnellement. À mon avis, le plus gros problème pour beaucoup de gens est qu’ils veulent changer le monde à une beaucoup trop grande échelle sans s’attaquer aux problèmes immédiats dans leurs propres vies. Je trouve que la meilleure manière de changer le monde est de commencer par de petits pas dans notre vie de tous les jours. Je parle ici d’ « échelle » et pas de « changement graduel » ou de « rythme ». Faire un monde meilleur commence par votre environnement immédiat. Le changement commence avec vous-même et ceux qui vous entourent, tout comme le devrait la charité. Imaginez si la plupart des gens faisaient cela ; le monde serait changé par petites étapes qui aboutiraient collectivement à un changement monumental. Rien de tout cela ne peut non plus se faire sans patience et détermination, et je souligne encore une fois qu’action et connaissance ne devraient pas être séparées. Je ne sais que dire de plus.

Silvia Cattori :

En mettant ensemble les pièces du puzzle vous démontrez magistralement dans votre livre comment ces guerres en série, menées sous des prétextes humanitaires, s’inscrivent dans une stratégie de « destruction créative » conçue par « les néoconservateurs et leurs alliés sionistes », et comment – de la Yougoslavie, à l’Afghanistan, à l’Irak et à la Libye – elles sont toutes liées. Des personnalités de premier plan, comme l’ancien Secrétaire Général Adjoint de l’ONU Denis J. Halliday qui a préfacé votre ouvrage, vous donnent entièrement raison : l’OTAN est bel et bien le principal danger pour la paix du monde. Mais vous savez qu’en Europe, notamment dans les pays où, comme en France, les organisations juives ont une forte emprise sur les politiques et les médias, dénoncer la stratégie des néoconservateurs et de leur allié Israël [5], ou dénoncer les révolutions colorées suffit à vous faire cataloguer comme « théoricien du complot » et à vous écarter du débat. Que peut-on faire à votre avis pour modifier cette désespérante situation ?

Mahdi Darius Nazemroaya :

Mon expérience (au Canada) est différente. On ne m’a jamais qualifié de théoricien du complot. Je pense que la censure des médias et le mépris systématique sont des tactiques clés utilisées contre ceux qui remettent en question le récit dominant ou les opinions énoncées par les forces hégémoniques qui dominent la société. L’objectif visé en diabolisant des personnes ou des groupes sous le qualificatif de « théoriciens du complot » est de les discréditer et de les neutraliser. Cela se produit généralement quand ils ont beaucoup attiré l’attention et quand ils ont aussi quelques idées fausses qui peuvent être ridiculisées et liées à leurs positions. Néanmoins, ceux qui se voient qualifiés de théoriciens du complot ne devraient pas laisser cette accusation les dissuader de maintenir leurs positions et de continuer à s’adresser aux gens. Car la démoralisation fait partie de la tactique utilisée pour réprimer les points de vue et réflexions « dérangeantes ».

Les groupes et les lobbies sionistes ont une présence forte et disproportionnée dans le domaine politique et dans les médias de plusieurs pays, mais il faut reconnaître qu’ils ne sont pas homogènes et qu’ils ne sont pas les seuls facteurs influents ; ils font partie d’un bloc d’intérêts pour qui il est important d’empêcher qu’un discours critique n’ébranle les forces hégémoniques qui dominent aujourd’hui la société. Et les lobbies sionistes ne sont pas tous liés à Israël. Il arrive qu’un groupe sioniste travaille à introduire et à imposer à Israël des projets externes. Les motivations de ces groupes ne sont pas toutes les mêmes, mais elles font partie du programme dominant qui s’est développé en ce que les renommés sociologues Giovanni Arrighi et Immanuel Wallerstein ont appelé « système-monde » [ou « économie-monde »].

À mon humble avis, être entendu est la chose la plus importante. Internet et les réseaux sociaux ont contribué à ce processus. Je pense que, pour être entendu, il est également important de proposer des analyses rigoureuses et bien articulées. C’est une tâche difficile qui doit être accomplie, et qui fait partie d’un processus culturel plus large incluant l’éducation et la rééducation. Modifier les forces hégémoniques dominant la société ne peut se faire qu’en établissant de nouveaux courants de pensée pouvant contester leur hégémonie. La critique ne suffit pas non plus, une alternative et un meilleur programme doit être articulé et proposé. La critique en elle-même est inutile si l’on n’offre pas parallèlement un programme alternatif. Pensée et action doivent également être liées dans un processus pratique.

Silvia Cattori :

Votre livre va-t-il être traduit en français ? A-t-il eu la couverture médiatique lui permettant de toucher un large public ?

Mahdi Darius Nazemroaya :

Mon livre devait être traduit en français en trois volumes par un éditeur en France, mais malheureusement l’accord a fait long feu. En notre temps où la durée d’attention s’amenuise, peu de gens sont intéressés à lire un livre de plus de 400 pages. Très peu d’attention lui a été accordée de la part des grands médias. Il y a plusieurs mois, Le Monde Diplomatique à Paris a contacté mon éditeur aux États-Unis, ainsi que la maison qui le diffuse en Grande Bretagne, pour leur demander l’envoi d’un exemplaire. Je ne sais pas si Le Monde Diplomatique a réellement l’intention de faire une recension d’un livre aussi critique et, très honnêtement, je ne m’en soucie pas vraiment.

Mon ouvrage a eu de bonnes critiques disant que c’est un livre à lire absolument. Il est diffusé dans les universités et les collèges. On en trouve des exemplaires dans les bibliothèques de diverses institutions comme l’Université de Harvard et l’Université de Chicago. Il est référencé à la Haye et dans la prestigieuse collection de la Bibliothèque du Palais de la Paix aux Pays-Bas qui tient à jour les livres relatifs aux lois internationales. Sur Amazon au Royaume Uni, il est classé comme l’un des meilleurs livres sur l’OTAN et je crois qu’il est en train de prendre un bon départ.

Silvia CATTORI

http://www.silviacattori.net/article4308.html

(*) Mahdi Darius Nazemroaya est un sociologue interdisciplinaire, auteur primé, et analyste politique connu. Il est chercheur au Centre de Recherche sur la Mondialisation à Montréal, collaborateur expert de la Strategic Culture Foundation à Moscou, et membre du Comité Scientifique de la revue de géopolitique Geopolitica, en Italie.

[1] Publié d’abord sous le titre « La mondialisation de l’OTAN » puis sous le titre modifié « La mondialisation de la puissance militaire : l’expansion de l’OTAN » . Cet article a été traduit en de nombreuses langues, y compris en arabe par la chaîne qatari d’information Al-Jazeera.

[2] La « cage d’acier » (ou « cage de fer ») est un concept sociologique introduit par Max Weber qui se réfère à la rationalisation accrue de la vie sociale, en particulier dans les sociétés capitalistes occidentales. Ainsi la « cage d’acier » enferme les individus dans des systèmes fondés uniquement sur l’efficacité, le calcul rationnel et le contrôle.

[3] Voir :
- « Gérard Chaliand dit quelques vérités sur la Syrie » :
http://www.silviacattori.net/article3350.html
- « Syrie : Les victimes de l’opposition armée ignorées » :
http://www.silviacattori.net/article3416.html

[4] L’Irlandais Denis J. Halliday a passé une bonne partie de sa carrière auprès des Nations Unies, impliqué dans des actions d’aide humanitaire. En 1997, il fut nommé Sécrétaire Général Adjoint et Directeur du Programme Humanitaire en Irak. Un an plus tard, après 34 ans de service au sein des Nations Unies, Halliday a annoncé sa démission en raison des sanctions économiques imposées à l’Irak, qu`il a qualifiées de « génocide ». En 2003, il a reçu Le Gandhi International Peace Award. Depuis son départ des Nations Unies, Denis Halliday a participé de manière active dans plusieurs actions contre la guerre et les crimes contre l’humanité. Il est présentement membre de l’Initiative de Kuala Lumpur en vue de « criminaliser la guerre ».

[5] Par exemple, en France l’écrivain Israël Shamir a été accusé en 2003 d’antisémitisme par Olivia Zemor, Nicolas Shahshahani et Dominique Vidal parce qu’il disait qu’Israël et le « lobby juif » aux Etats-Unis avaient joué un rôle prépondérant dans l’entrée en guerre contre l’Irak ; ce qui devait aboutir au renversement du régime de Saddam Hussein (l’un des derniers leaders arabe qui refusait de reconnaitre l’Etat juif d’Israël), à démembrer l’Irak pour assurer la « sécurité d’Israël ».

URL de cet article 19935
http://www.legrandsoir.info/entretien-avec-mahdi-darius-nazemroaya-l-otan-n-amene-que-la-destruction-l-insecurite-et-la-misere-elle-doit-etre-abolie.html
Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 13 avril, 2013 |Pas de commentaires »

UN REMAKE DE SUEZ ? (AVIC / http://avicennesy.wordpress.com/)

Un remake de Suez ?

UN REMAKE DE SUEZ ? (AVIC / http://avicennesy.wordpress.com/) dans REFLEXIONS PERSONNELLES suezcanal-eo
(AVIC)

Octobre 1956. Vous en avez certainement entendu parler ou, peut-être les anciens s’en souviennent-ils. C’était le début de ce que l’on a appelé et qu’on appelle encore pudiquement l’expédition de Suez.

Un voile de pudeur semble vouloir recouvrir cet événement, et l’on en comprend les raisons. Mais cacher une partie de l’Histoire, c’est volontairement décider de ne pas en tirer les leçons. Elles sont pourtant très intéressantes. Si on revoit froidement les faits, on peut considérer qu’ils constituent un tournant majeur dans l’Histoire occidentale et du Monde. D’une part ils marquent la fin définitive d’une époque dominée par deux des belligérants, la France et la Grande Bretagne, pour laisser la place à un nouveau monde qui se révéla publiquement durant la crise. D’autre part, ce conflit a quand même failli, ne l’oublions pas, nous valoir une bombe atomique sur la tête.

À ma connaissance, c’est la seule fois dans l’Histoire où la France a reçu une menace directe, formulée clairement, d’une attaque par une arme nucléaire. Dans les années 60, on a fait tout un cinéma autour de la crise des missiles de Cuba, relayé par nos propres médias à longueur de colonnes, alors que la France n’était en rien concernée directement, mais il n’y a pas eu beaucoup d’échos sur cette attaque imminente sur notre sol. Heureusement que ces grands gamins d’Américains immatures ont pris la menace au sérieux et ont désamorcé la crise pour empêcher la destruction de ce vieux pays plein de sagesse mais incapable de relever la tête du guidon quand il est engagé dans une opération belliqueuse.

Pourquoi ce conflit ? Comme d’habitude, des tas de raisons ont été avancées pour le justifier et pour l’expliquer : réactions contre la nationalisation du Canal de Suez, situation algérienne pour la France, le nationalisme égyptien, le rapprochement avec l’URSS, ou encore Israël, etc… Mais au-delà de tous ces arguments, le véritable objectif était un changement de régime au Caire. Gamal Abdel Nasser devait partir.

Quelques mois avant le début de l’action armée, on assiste à diverses manœuvres de la part de la Grande-Bretagne et de la France : des manœuvres de déstabilisation, des tentatives d’assassinat sur la personne de Nasser, la manipulation des frères musulmans, etc… Parallèlement à ces actions clandestines, ils feront aussi recours au Conseil de Sécurité de l’ONU mais se heurteront au veto soviétique.

En désespoir de cause, un scénario machiavélique est mis au point : le protocole de Sèvres. Si la France et la Grande-Bretagne ont été en première ligne jusqu’ici, la mise au point des accords de Sèvres s’est déroulée à trois. Le troisième larron n’était autre qu’Israël. Pour participer aux entretiens, Israël avait envoyé une délégation de trois personnes dont… Shimon Peres. Dès le 21 Octobre 1956 commence à Sèvres une comédie ubuesque, un jeu de dupes plutôt. Les Britanniques, les premiers intéressés et qui avaient remué ciel et terre pour éliminer Nasser, se montrent réticents pour une action militaire. Pour ne pas compromettre leurs relations privilégiées avec le monde arabe, disent-ils. Les Israéliens, quant à eux, se présentent comme voulant rendre service, rien de plus. Ils veulent bien rendre service mais, en reconnaissance de leur action désintéressée et risquée, ils exigent des français, qui apparemment sont les seuls à vouloir la guerre, une couverture navale et aérienne de leur territoire et la livraison d’avions (Mystère II, Mystère IV, Vautour) à l’aviation israélienne, de chars légers AMX-13 et une coopération nucléaire (don d’un détonateur). Du coup la France se retrouve en position de quémandeuse d’un conflit pour le plus grand bénéfice de ceux à qui il va « demander de l’aide ». Elle va ainsi accéder à toutes les demandes d’Israël pour balayer « leur réticence » et, pour « convaincre « la Grande-Bretagne, va lui concéder le commandement de l’opération. Une fois ces points cruciaux réglés, il s’avère que tout le dispositif était déjà prêt, y compris chez les réticents, puisque cinq jours après les accords, l’opération commençait. En quoi consiste-t-elle ?

Le plan prévoit trois phases : La première phase : Israël attaque l’Egypte par surprise et avance jusqu’au canal de Suez. Bien entendu, l’armée égyptienne riposte en allant au-devant de l’armée israélienne. La France et le Royaume-Uni enjoignent Israël et l’Égypte de cesser les combats et de se retirer à une quinzaine de kilomètres du canal de Suez. L’Égypte, ne pouvant l’accepter, rejette l’ultimatum, alors qu’Israël, en démocrate exemplaire, bat sa coulpe et se retire. La deuxième phase peut alors commencer. Devant le refus de Nasser, La Grande-Bretagne et la France attaquent l’Egypte et occupent des points stratégiques. Une fois les objectifs atteints, ils s’attèlent à la dernière étape en faisant débarquer leurs troupes.

C’était simple. Mais voilà. Dès les premières heures de l’intervention, l’URSS réagit. Elle est déterminée à ne pas s’en laisser compter. Devant la montée de la tension, les États-Unis ont dû élever le ton contre leurs alliés, allant jusqu’à immiscer leurs navire dans le dispositif naval, et même faire la guerre à la Livre Sterling. Ils n’avaient pas le choix, car ça commençait à devenir brûlant. Les soviétiques n’avaient pas l’air de bluffer. En cas de guerre nucléaire, ils y auraient été automatiquement entraînés, ce que ne pouvait se permettre Eisenhower qui était en pleine campagne électorale pour un deuxième mandat.

Pourquoi ce rappel de la guerre de Suez ? Parce que l’agression contre la Syrie nous y ramène, presque point par point. Les attitudes de Hague et de Fabius sont en tous points similaires à celles de leurs prédécesseurs. Les similitudes sont telles que l’on croit voir un remake d’un vieux film en noir et blanc. Comment ne pas penser au Shimon Peres de 1956 en voyant celui d’aujourd’hui faire un petit tour en Europe et, dès le lendemain, entendre les loups hurler pour rameuter toute la meute pour la curée ? Comment aussi ne pas être troublé de constater que le pays le plus hargneux d’hier est le même que celui d’aujourd’hui ? Les deux preux chevaliers en première ligne, le troisième larron avançant masqué, Moscou toujours aussi déterminé, et enfin une Amérique n’ayant aucune envie d’en découdre à un niveau apocalyptique. C’était en 1956 à Suez. C’est en 2013 en Syrie. En Egypte la France avait utilisé les Frères Musulmans, en Syrie elle utilise les wahabo-salafistes. Si le couple Hollande-Fabius n’est pas plus tenu en laisse, il risque de nous refaire le coup du Canal, poussé avec « réticence » par la Grande-Bretagne et Israël. On peut même s’attendre à voir ces deux pays demander, comme en 1956, des compensations pour leur engagement aux côtés de la France pour son « noble combat ». Si Shimon Peres a gagné une bombe nucléaire avec Guy Mollet, que gagnera-t-il avec François Hollande ? Et les anglais, que demanderont-ils pour prix de leur positionnement à Malte et à Chypre, ou des énormes sacrifices que représente la brouille avec quelques amis ? C’est triste à pleurer, et c’est à pleurer de rage de voir tant de gens mourir par bêtise. Bêtise sur le terrain, bêtise à mi- sommet, mais pas bêtise du tout au sommet où se trouvent justement les « réticents » qui savent ce qu’ils veulent, et savent à quoi faire appel pour actionner leurs marionnettes. Allah pour les uns, honneurs ou grandeur, pour d’autres et beaucoup d’argent pour tous.

Oseront-ils aller jusqu’au bout du scénario ? On se dit que non, mais on sait que certains osent tout. Rappelons-leur seulement qu’en 1956, l’Armée avait atteint tous ses objectifs. Et pourtant elle a été obligée de se retirer comme une armée vaincue. Si on lui refait ce coup une seconde fois, il n’est pas certain que ça passe aussi facilement.

http://avicennesy.wordpress.com/

URL de cet article 19917
http://www.legrandsoir.info/un-remake-de-suez.html
Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 12 avril, 2013 |Pas de commentaires »

LES ETATS-UNIS TRES INQUIETS DES DEVELOPPEMENTS SUR LE NUCLEAIRE IRANIEN (AFP)

Les Etats-Unis très inquiets des développements

sur le nucléaire iranien

LES ETATS-UNIS TRES INQUIETS DES DEVELOPPEMENTS SUR LE NUCLEAIRE IRANIEN (AFP) dans REFLEXIONS PERSONNELLES irant

De l’uranium (« yellow cake ») sur le site d’Ispahan, au sud de Téhéran, le 8 août 2005 (Photo Behrouz Mehri. AFP)
Londres – Les Etats-Unis se sont dit très inquiets mercredi 10 avril 2013 de l’inauguration par l’Iran de deux mines et d’un complexe de production d’uranium, affirmant toutefois ne pas avoir été pris de court par cette annonce de Téhéran.

Les Iraniens continuent à enregistrer des avancées dans leur programme nucléaire, et nous sommes très inquiets de ce qu’ils font, a déclaré un représentant du Département d’Etat américain, qui s’exprimait sous couvert d’anonymat à Londres, où se tient une réunion des Ministres des Affaires Etrangères du G8.

Il a affirmé que l’Iran n’avait pas laissé filtré d’indice sur ses dernières avancées, lors de réelles discussions sur le nucléaire que Téhéran a eues avec les grandes puissances la semaine dernière à Almaty.

Nous n’avons pas été pris de court, a cependant affirmé le représentant du Département d’Etat. Nous sommes rarement pris de court par ce qu’ils envisagent. Mais ils n’ont pas mentionné qu’ils allaient inaugurer deux mines, a-t-il reconnu.

Les Iraniens avaient dit qu’ils allaient progresser et faire tout leur possible pour réaliser ce qui relève selon eux de leur droit inaliénable, a-t-il ajouté à des journalistes qui voyagent avec le Secrétaire d’Etat américain John Kerry.

L’Iran a inauguré mardi 9 avril 2013 deux mines d’extraction d’uranium pour fournir un nouveau complexe de production de yellow cake (un concentré d’uranium), un pas de plus dans son programme nucléaire controversé alors que les négociations avec les grandes puissances traînent en longueur.

Nous contrôlons désormais l’ensemble de la chaîne de production de l’énergie nucléaire, a déclaré mardi le président iranien Mahmoud Ahmadinejad dans un discours télévisé à Téhéran.

M. Kerry avait qualifié l’annonce iranienne de provocatrice.

Le programme nucléaire iranien doit être discuté lors d’une réunion des Ministres des Affaires Etrangères des pays du G8 qui se tient mercredi et jeudi à Londres.

Les puissances occidentales et Israël soupçonnent l’Iran de chercher à fabriquer avec l’uranium enrichi l’arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil, ce que dément la République Islamique.

(©AFP / 10 avril 2013 13h57)

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 10 avril, 2013 |Pas de commentaires »

MALI: QUAND LA FRANCE SERT DE « PORTE » A ISRAËL ! (Abdel Bari ATWAN)

MALI:

MALI: QUAND LA FRANCE SERT DE

Quand la France sert de « porte » à Israël !

(Abdel Bari ATWAN)

Mali : quand la France sert de "porte" à Israël !, par Abdel Bari Atwan
IRIB- Les commentateurs politiques israéliens confirment…

…. ce que nous soupçonnions, depuis longtemps, c’est-à-dire que l’intervention militaire de la France, au Mali, est conçue, non seulement, pour protéger ses propres intérêts, dans la région, mais aussi, pour favoriser les intérêts d’Israël. L’aventure malienne a ouvert de nouvelles portes, pour Israël, sur le plan diplomatique, mais aussi, au profit de ses projets d’expansion, sur le continent africain, dans son intégralité. L’objectif d’Israël est de gagner de l’influence, en Afrique, en incitant les peuples et les gouvernements à la violence contre les populations arabes. En plus de cette campagne, sur le plan diplomatique, Israël vend des armes aux pays amis, fournit une expertise technique et étend, également, son influence, par la mise en œuvre de mégaprojets, sur le continent, en collaboration avec d’énormes institutions financières internationales.

Un éditorial récent, dans la presse israélienne se réfère à la «déception» du Président malien intérimaire, Dioncounda Traoré, sur le fait que les pays arabes n’auraient pas condamné les groupes islamistes, qui avaient pris le dessus sur la partie Nord du pays. Au sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba, le 27 janvier 2013, Traoré a parlé de son sentiment d’avoir été trahi, car les pays arabes ne s’étaient pas joints à la lutte du Mali contre les islamistes, mais avaient, au contraire, condamné la France, pour son intervention. Ces idées ont, ensuite, été reprises, par la presse malienne, et plusieurs éditoriaux très critiques vis-à-vis des pays arabes ont suivi. En réalité, les récriminations de Traoré sont malhonnêtes et ne sont que l’écho de la puissante machine à propagande d’Israël. Au Sommet de l’Organisation de Coopération Islamique (OCI), qui s’est tenu, au Caire, au début du mois, une résolution a été adoptée, soutenue, par les 57 nations présentes, «condamnant le terrorisme», dans l’État de l’Afrique de l’Ouest, et soutenant, pleinement, les efforts du gouvernement malien, pour rétablir «l’unité et l’intégrité territoriale du Mali».

L’éditorial israélien mentionné ci-dessus liait la «déception» de Traoré au fait que son pays avait, déjà, coupé les liens avec Israël «sous la forte pression arabe». Un article paru dans Le Matin du Mali a affirmé que les islamistes sont soutenus par des pays arabes et musulmans et a lancé de nouvelles critiques envers les Palestiniens, en affirmant que l’ambassadeur de l’OLP, pour le pays, n’avait pas condamné les militants islamistes.

Couper les relations avec Israël est, avant tout, une position éthique. Israël est l’agresseur, et il occupe des territoires arabes, changeant leur identité démographique et déplaçant des millions de personnes. Et Israël a lancé de nombreuses guerres contre ses voisins. Pour le peuple malien et un grand nombre d’États africains, qui ont une majorité musulmane, l’occupation de (Qods) Jérusalem est une insulte au milliard et demi de Musulmans, dans le monde. Israël a pénétré, dans les pays du bassin du Nil, en finançant des projets massifs de construction de barrages et en les incitant à modifier les accords de répartition de l’eau, afin de réduire les quotas, pour les pays situés en aval, dont l’Égypte et le Soudan. Malheureusement, l’ancien régime égyptien avait collaboré avec cette injustice et la situation actuelle d’instabilité, dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, peut permettre une pénétration israélienne plus aisée, en Afrique, en raison d’un manque de vigilance.

L’Égypte est, actuellement, occupée par ses propres questionnements post-révolutionnaires, et la Tunisie fait face à une crise politique, sans précédent. La Libye est en échec total, le gouvernement central étant sous la coupe de l’OTAN, qui a renversé l’ancien régime. L’Algérie se méfie de la crise, au Mali, car elle craint des répercussions sur sa sécurité et sa stabilité. Non pas que la responsabilité de davantage résister à la pénétration israélienne devrait incomber, uniquement, aux pays afro-arabes. Mais comment la Syrie pourrait-elle y contribuer, alors qu’elle est déchirée par la guerre civile ? Et comment l’Irak pourrait-il intervenir, alors qu’il est brisé par le sectarisme ? Quel rôle peut jouer le Yémen divisé, sur l’avenir du continent africain ?

L’Arabie Saoudite et d’autres États du Golfe sont trop occupés à intervenir, dans la crise syrienne, ou à tenter de renverser la révolution égyptienne, en soutenant l’opposition. Et dans tous les cas, ces pays-là ne croient absolument pas en la démocratie ou les droits de l’Homme…

Malheureusement, Israël a tout à gagner, alors que les Arabes sont, totalement, inactifs.                                                                                                                                                

Abdel Bari ATWAN 

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 28 mars, 2013 |1 Commentaire »

SYRIE: L’EXASPERATION RUSSE (Bluerider)

SYRIE:

SYRIE: L'EXASPERATION RUSSE (Bluerider) dans REFLEXIONS PERSONNELLES syrie2

L’exaspération russe

(BLUERIDER)
À l’heure de la réunion du sommet de Bruxelles où François Hollande n’a de cesse de vouloir embarquer l’Europe dans une équipée néo-coloniale gazière de plus, voici un point de vue détaillé sur la colère russe face aux manoeuvres hors Droit International de l’Angleterre et de la France sur la question syrienne.

Dans mes précédentes traductions et contributions, j’ai certes focalisé l’attention sur le gisement de gaz Leviathan découvert en face de Gaza, dont la poche nord-est récemment découverte, est accessible sous le sol syrien, mais il y a aussi la concurrence entre pays producteurs au niveau de l’acheminement du gaz actuellement exploité en IRAN qui concurrence le Qatar. Là aussi, la Syrie est au cœur du débat, et l’Exécutif du Président Assad apparait bien isolé financièrement et économiquement au milieu de la diaspora occidentaliste et de sa cupidité énergétique sans bornes. Les nuées de mercenaires jihadistes apatrides et incontrôlables qui se réclament de la gentille ASL toujours sans chef adoubé ni même déclaré depuis 2 ans – on se demande bien pourquoi n’est-ce-pas – n’ont pas intérêt à cesser le combat, puisqu’ils sont au cœur de l’enjeu occidentaliste, et prêts à toutes les enchères qui ne manquent pas de gonfler les poches des plus malins avec des promesses et des billets verts, quitte à déserter pour quelque chose.

Si comme moi vous accumulez les lectures attentives de toutes les conditions géopolitiques de ce conflit, vous ne pouvez qu’être navré de voir avec quelle précision les faits se répètent depuis l’AFGHANISTAN (projet TAP Unocal – Delta Oil le long des bases US dans lequel le Président de la Commission du 11-9 a des parts, oléoduc TBC Tbilissi-Bakou-Ceyhan), l’IRAQ (captation pure et simple de la production nationalisée), la LIBYE (captation pure et simple de la production et du nouveau gisement gazier du bloc NC7 dont la Qatar possède désormais des parts), et maintenant la Syrie.

Pour le journalisme d’allégeance atlantiste, il faudra repasser une fois les écorcheurs qui noyautent le pays installés dans leurs résidences de carton-pâte. Le peuple français est à ce point drogué par les épouvantails humanitaires de cette crise aux fondamentaux énergétiques pourtant évidents, que j’espère juste que des journalistes comme Christof Lehman feront réfléchir nos éditocrates francophones sur leur propre moralité de distillateurs de cette immonde propagande néo-religieuse aux relents néo-conservateurs.

Le sujet même de la SYRIE est devenu à ce point inabordable en public (pour ne pas parler de l’Iran, 70 millions d‘humains sous le joug d’une atroce dictature menaçante depuis l’arrivée d’Ahmadinejad, mais pas sous le joug de sanctions qui avant l’Iran ont ravagé l’Iraq), que c’est tout le mal que nous pouvons souhaiter à ces échotiers du « bloc identitaire atlantiste ». Il va de soi que l’opinion publique française est largement opposée aux dérives de nos « Don Quichotte du Quai d’Orsay ». Mais dois-je rappeler ici que les affaires internationales ne sont même pas évoquées lors des débats présidentiels ? Le vote citoyen vaudrait-il désormais blanc seing pour aller « casser de l’arabe » ( ça réveille, non ?) pour notre confort énergétique et financier comme en LIBYE ? Quand je vous dis qu’il y a de quoi être honteux de son pays…. Je suis sans illusions.

Que les vents de la sagesse toute théorique dans laquelle notre civilisation gréco-romaine prétend toujours se draper aident le peuple syrien et ses dirigeants, héritiers de tant de civilisations et d’un pays berceau du christianisme. Et du temps qu’on y est… que François 1er se penche sur ce berceau et fasse pression sur nos chancelleries actuellement en roue libre, avec plus de sens pratique et l’appui du peuple sud-américain à ses côtés plutôt que des prières vaines. Nous verrons ce qu’il fera lui aussi avec ce peuple sud-américain qui porte l’espoir de la vraie gauche mondiale.

Gel des relations ; le Ministre russe des Affaires étrangères Lavrov condamne avec force les USA et leurs alliés pour vouloir armer l’opposition syrienne.

Le Ministre Russe des Affaires Etrangères Lavrov traite le rapport de la commission d’enquête de rapport biaisé, l’armement de l’opposition d’action illégale, et déclare que l’opposition doit mettre sur pied une équipe en vue de négociations.

Christof Lehmann (nsnbc, publié le 14 mars 2013) – Les relations entre la RUSSIE et les USA et l’OTAN se sont encore détériorées lorsque le Ministre russe des Affaires Etrangères, Serguei Lavrov, a réaffirmé mercredi 13 mars 2013 que pour un état étranger, armer l’opposition viole le Droit International. Il en a été de même lorsqu’une porte-parole du Ministère des Affaires Etrangères a décrit le rapport de la Commission Indépendante des Nations Unies comme biaisé et penchant d’un seul côté comme d’habitude.

Le Ministre russe des Affaires Etrangères a insisté sur le fait que l’opposition syrienne doit prendre des mesures en faveur de négociations pour mettre fin à la crise, alors que le gouvernement syrien et la RUSSIE se sont préparés à les faciliter. Lavrov a aussi réitéré que le peuple syrien doit décider lui-même de sa propre destinée, et que les interférences étrangères en SYRIE sont inacceptables.

Les relations entre la RUSSIE et les membres de l’UE au sein de l’OTAN se sont détériorées de manière significative, après que les parties en présence n’aient pu trouver d’accord sur le différend RUSSIE-Union Européenne à propos du 3ème pack énergétique lors d’un sommet Russo-Européen à Bruxelles en décembre 2012. (1)

Le sommet constitue l’opportunité la plus récente de traiter des questions centrales qui sont les racines de la crise syrienne, directement liées aux questions de sécurité énergétique compte tenu de la ferme opposition américano-israélo-qatarie contre la construction du gazoduc [iranien] PARS à travers l’Iraq et la Syrie vers la Méditerranée. (2)

Les tensions sont devenues palpables lorsque l’ambassadeur russe auprès de l’OTAN, Alexander Grushko, évoquant la sécurité énergétique, a implicitement sous entendu que l’OTAN percevait tout problème « comme un simple ongle », juste parce qu’elle se considère elle-même « comme un marteau ». Les hauts diplomates russes ont depuis donné des signes insinuateurs les uns après les autres, déclarant que les USA ne sont pas exempts de responsabilités pour des actes terroristes en SYRIE, simplement parce qu’ils ont déclaré qu’ils allaient cesser de fournir toute aide létale , tout en omettant de citer leur influence sur leurs alliés qui arment les insurgés. (3)

Les relations USA-RUSSIE se sont tendues encore un peu plus lorsque le secrétaire d’Etat John Kerry, malgré les déclarations de diplomates, a accordé une aide supplémentaire de 60 millions de dollars à la fois à « l’opposition » politique et « l’opposition » armée, tout en négligeant le dialogue national en cours en SYRIE. (4)

Les contacts entre la RUSSIE et les USA, ainsi que beaucoup de gouvernements de pays européens, ont été depuis largement retrogradés au niveau de simples représentants des Ministres des Affaires Etrangères, et de chefs de cabinets ministériels. Les révélations, par un membre du secrétariat général du Parti National du Koweit, Faisal Al-Hamad, qu’un accord secret en vue de diviser la SYRIE en états plus petits avait été signé par un ambassadeur US lors du rassemblement des amis de la SYRIE à Doha, Qatar, ont gelé de façon permanente les relations entre la RUSSIE et le groupe USA-UE. (5)

Mardi 12mars 2013, le Ministre des Affaires Etrangères, se référant aux conséquences de l’intervention de l’OTAN en LIBYE, a déclaré lors d’une conférence de presse à Londres, « Dans mon esprit, armer l’opposition est interdit par le Droit International, et armer l’opposition syrienne contredit les principes du Droit International. »

Lavrov a exprimé son espoir de voir l’opposition syrienne former une équipe chargée de négocier avec le gouvernement syrien, et il a ajouté, « le gouvernement et l’opposition doivent nommer 2 équipes en vue de négocier. Le gouvernement l’a fait, et nous attendons que l’opposition fasse la même chose. »

Lavrov a souligné qu’il était de la responsabilité des pays occidentaux de s’assurer que l’opposition forme une équipe de négociateurs et a déclaré « si leur but était vraiment de stopper le bain de sang dans le pays, ils n’auraient pas émis de conditions préalables à la négociation. »

La RUSSIE a aussi critiqué la Commission d’Enquête sur la SYRIE dans des termes cinglants, la traitant de partiale, inéquitable, et biaisée comme d’habitude. La directrice adjointe du Département de l’Information du Ministère des Affaires Etrangères russes, Maria Zarkhova, fut sur le point de rompre les règles de la courtoisie diplomatique lorsqu’elle déclara que « Le Rapport n’est pas objectif et n’est pas équitable, et le dernier document en date n’est pas une exception à la règle. »

La déclaration de Mme Zarkhova s’appuie sur des déclarations antérieures d’organisations pacifistes internationales. Le Réseau Pacifiste Italien de Rome, critiquant la Commission et son travail en septembre 2012, a utilisé presque les mêmes mots lorsqu’il a fourni un rapport détaillé sur les manquements et les mauvaises pratiques des Commissions. (6)

La porte parole du Ministère des Affaires Etrangères, Maria Zakhova, a souligné que la recommandation de la Commission, de déposer un référé sur la crise syrienne devant la Cour Pénale Internationale, ICC, est tout aussi vaine qu’à contretemps, « la RUSSIE n’a pas été la plus enthousiaste à soutenir la mise sur pied de la Commission », ajoutant que « néanmoins, nous avons coopéré avec ses experts pour clarifier notre position sur les événements en cours dans ce pays. »

Mme Zarkhova s’est aussi plainte de certains membres du Conseil de Sécurité de l’UE qui ont ignoré des déclarations écrites qui condamnaient les attentats terroristes (a) en SYRIE, qui ont coûté la vie à des civils innocents. Mme Zarkhova a qualifié leur position de « biaisée » et marquée du sceau du 2 poids, 2 mesures. La porte parole du Ministère des Affaires Etrangères se référait, de façon plus précise, aux attentats à la bombe à proximité du siège du Parti Baas et de l’ Ambassade de RUSSIE à Damas en début d’année. (7)

Le veto US au Conseil de Sécurité de l’ONU, contre la condamnation de l’attaque et du terrorisme sous toutes ses formes, a conduit le Ministre Russe des Affaires Etrangères Serguei Lavrov à rendre compte de la frustration du Gouvernement russe devant l’abandon du respect des règles suivies par le Conseil de Sécurité, selon lesquelles toutes les nations, sans exclusion, s’engagent à condamner le terrorisme, quels qu’en soient l’auteur, le lieu ou les motifs. Lavrov a déclaré « La RUSSIE voit dans la position américaine le règne du 2 poids 2 mesures, et une approche dangereuse lorsque nous constatons que les américains s’éloignent des principes généraux consistant à condamner le terrorisme sous toutes ses formes. » (8)

Mme Zarkhova a aussi fait allusion à la règle du 2 poids 2 mesures des USA et de l’UE, en particulier concernant la Commission d’enquête, lorsqu’elle a déclaré « Ce qui surprend Moscou c’est que le rapport ne contient aucun appel à suspendre les sanctions économiques unilatérales imposées par certains pays et des organisations régionales contre la SYRIE, malgré le fait que la Commission insiste sur leur impact négatif sur les « vies » des citoyens.

Tandis que les USA et l’UE ignorent dans les faits les protestations grandissantes de la RUSSIE et continuent dans leur idée de financer et armer l’insurrection directement, au travers de leurs alliés membres du CCG, de la TURQUIE, ou par l’entremise de réseaux obscurs ou d’intermédiaires fantoches comme Saad Hariri ou Walid Joumblatt, la RUSSIE continue d’appeler à un règlement pacifique de la crise et pour la cessation immédiate du financement et de l’armement des insurgés.

La RUSSIE continue de faire pression pour que les USA et l’UE usent de leur influence sur l’ « opposition », pour la conduire à la table des négociations et pour faire cesser les violences. Une déclaration sur le site du Ministre des Affaires Etrangères mercredi 13 mars 2013, mentionne « qu’il n’y a pas d’alternative au règlement diplomatique de la crise syrienne ».

Dans le contexte diplomatique actuel, cette déclaration signifie que la RUSSIE n’est ni prête ni désireuse de concéder un pouce de terrain supplémentaire au vu de la dérive amorcée par les USA-UE vers l’anarchie au niveau international et la barbarie. Avec en face les USA-UE-ISRAEL et leurs alliés qui s’acharnent à continuer leur projet de « remodelage du Grand Moyen Orient » (b) à tout prix, la diplomatie a atteint un niveau de gel permanent digne de la période de la guerre froide.

BLUERIDER

Commentaires du traducteur :

(a) NdT. Le Département d’Etat Américain ne condamne pas ces attentats car il les considére comme des faits de guerre. Chacun appréciera.

(b) Caroline Fourest, notre « obsédée des obsédés du complot » patentée, appréciera.

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/syrie-l-exasperation-russe-132435

(1) Russia – E.U. Meeting in Brussels : Risk of Middle East and European War increased.

(2) Syria, Turkey, Israel and a Greater Middle East Energy War

(3) Russia´s Top Diplomats signal increased assertiveness regarding Syria, Africa and NATO

(4) Kerry after Friends of Syria Meeting clarifies, US determined to initiate World War III in Syria

(5) US – Russian Relations deteriorating as Kuwaiti Whistle Blower Discloses Secret Syria War-Plan

(6) Italian Peace Movement Criticizes Report of International Commission on Syria

(7) Massive Blast Near Baath Party Headquarters kills Scores, FSA threatens Hezbollah

(8) Lavrov : US Veto of UNSC Resolution to Condemn Damascus Blasts Indicates Double Standards

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 23 mars, 2013 |Pas de commentaires »

GUERRE CONTRE L’IRAN: UN SCENARIO VERS LE CHAOS OU LE RENOUVEAU DE L’OCCIDENT ET DU MONDE ARABO-MUSULMAN ? (Medjdoub HAMED / http://www.legrandsoir.info)

Guerre contre l’Iran :

GUERRE CONTRE L'IRAN: UN SCENARIO VERS LE CHAOS OU LE RENOUVEAU DE L'OCCIDENT ET DU MONDE ARABO-MUSULMAN ? (Medjdoub HAMED / http://www.legrandsoir.info) dans REFLEXIONS PERSONNELLES iran

Un scénario vers le chaos

ou le renouveau de l’Occident

et du Monde arabo- musulman ?

arton19629-2a22a AFGHANISTAN dans REFLEXIONS PERSONNELLES
Medjdoub HAMED

Aujourd’hui, avec la crise économique mondiale, l’émergence de grands pôles économiques, le  » Printemps arabe  » et surtout les formidables avancées technologiques, le monde est en train de subir de profonds changements. Et une guerre que l’on annonce régulièrement contre l’Iran sans que l’on ne prenne en compte les risques qu’elle déborde et provoque un embrasement généralisé de la situation au Proche et Moyen-Orient, dont les conséquences seraient incalculables.

Depuis 67 ans, l’arme nucléaire, par sa démesure, a empêché l’affrontement majeur entre les grandes puissances. Au point qu’elles sont devenues ce que Raymond Aron appelait des  » adversaires-partenaires « . En cas d’emploi, la précision ayant relayé la puissance, aucune puissance nucléaire quel que soit son dispositif antimissile ne pourrait échapper à la saturation de sa défense par le feu nucléaire de la puissance adverse. Mais, aujourd’hui, la situation a changé. L’Inde et le Pakistan sont devenus depuis 1998 des puissances nucléaires. La Corée du Nord aussi depuis 2006. Ces puissances moyennes sont-elles pour autant des  » adversaires-partenaires « . Si on peut le considérer pour l’Inde et le Pakistan, pour la Corée du Nord, la situation reste posée. Il est évident que, dotée d’un armement nucléaire quantitativement limité, mais d’une stratégie telle que la Corée du Nord peut appliquer une stratégie du faible au fort menaçant ainsi un agresseur éventuel d’une sanction exorbitante par rapport à l’enjeu. Mais qu’en est-il pour l’Iran qui n’a pas dépassé le seuil du feu nucléaire. Si celui-ci s’avérait acquis, il placerait l’Iran dans le rang de la Corée du Nord. Pour comprendre, il faut remonter à la révolution islamiste d’Iran.

1. Le sens de l’avènement de la République islamiste d’Iran dans l’Histoire

Les Américains et les Anglais ont déjà été en 1953 l’artisan d’un coup d’Etat contre le Dr Mossadegh. Premier Ministre iranien à l’époque, il a cherché à mettre à exécution une loi votée sur la nationalisation des puits de pétrole. Vingt cinq plus tard, c’est le tour du chah d’Iran qui est déchu, il prend le chemin de l’exil en janvier 1979. Le motif, il a cherché à briser un tabou : doter l’Iran de centrales nucléaires et de centres de recherche nucléaire pour une utilisation pacifique de l’atome. Dans les années 1970, l’Iran était considéré le gendarme du Moyen-Orient, et Israël, le gendarme du Proche-Orient, tous deux alliés des États-Unis.

De nouveau, cette ambition du chah de doter l’Iran d’un programme nucléaire rebondit avec la République Islamique. Ce que l’on croyait résolu n’a été différé dans le temps. Force de constater que l’ambition de l’Iran pour le nucléaire est restée intacte.

Cependant, au-delà de la chute du chah et de l’ambition nucléaire de l’Iran, on est en droit de chercher le sens de la révolution islamique dans l’Histoire. L’utilisation de l’Islam à des fins politiques n’est pas nouvelle. Les États-Unis et leurs alliés, les riches pays du Golfe Persique (Arabie Saoudite, Qatar, Bahrein…) l’ont utilisé contre les pays arabes dits progressistes pour endiguer l’influence soviétique sur la région (où se trouvent les plus grands gisements de pétrole du monde). On est en droit de se poser une question. Si la révolution islamiste en Iran ne s’était pas opposée à la superpuissance américaine dès l’arrivée de l’ayatollah Khomeiny au pouvoir, quelle aurait été l’évolution des principaux conflits à l’époque (guerre civile au Liban, conflit israélo-palestinien) ? Il faut rappeler que l’Egypte pour récupérer le Sinaï avait fait défection à la cause palestinienne. En s’engageant à normaliser ses relations avec Israël, il a reçu une aide financière annuelle des États-Unis. Pour s’opposer au nouvel ordre israélo-américain dans le monde arabe, un  » front de fermeté  » (Algérie, Irak, Syrie, Libye, Yémen, et OLP) s’est constitué. Et c’est là où la République Islamiste d’Iran a joué un rôle historique important. En s’opposant à l’Amérique, elle a mis en échec la stratégie américaine dite la  » ceinture verte « . Si l’Iran s’était alignée à la puissance américaine, d’autant plus que la République islamique doit sa naissance à l’action discrète des États-Unis sur l’armée impériale du chah qui est restée pratiquement neutre, la  » ceinture islamique  » du stratège Brezinski autour de l’Union Soviétique aurait doublement fonctionné. A la fois sur l’URSS et les pays arabes socialistes.

Que représenterait le  » front de fermeté  » devenu  » front du refus  » face au États-Unis et ses alliés monarchiques et iranien ? Le premier maillon du front du refus, c’est-à-dire l’Irak, serait emporté. La guerre Irak-Iran aurait tourné certainement à l’avantage de la République islamiste d’Iran. Le régime pro-soviétique d’Irak disparu laissera place à un régime islamiste. Par effet de domino, le régime syrien sera remplacé par un régime islamiste. Du front du refus, il ne restera que la Libye et l’Algérie. A voir ce qui est advenu au régime de Mu’ammar al-Kadhafi en 2011. Il est évident que la Libye comme l’Algérie n’échapperont pas à la vague islamiste. Au final, le monde arabo-musulman sera entièrement islamiste, du Maroc au Pakistan.

Le problème qui va se poser avec l’islamisme, ce sont les peuples qui, bien que fervents croyants, vont prendre progressivement conscience que les régimes islamiques seraient incapables de résoudre leurs problèmes économiques. Dans l’incapacité de répondre aux besoins des peuples, ces régimes procèderont de la même façon que les régimes autoritaires précédents. C’est-à-dire, ils seront prêts à toutes les démesures et compromissions avec la superpuissance américaine pour se maintenir au pouvoir. Plus grave, l’URSS évincé de la région, les Occidentaux, face aux désordres qui vont certainement apparaître au sein de ces pays (liés au chômage et à la mal-vie des populations), seraient tentés de procéder à un remodelage du monde arabo-musulman sur des bases ethniques, religieuses et communautaires.

La création de petites entités nationales musulmanes permettra à la superpuissance la sécurisation de la région convoitée par les autres puissances et en même temps une mainmise totale sur les gisements de pétrole. De plus, le monde musulman muselé, elle permettra aux sionistes, de réaliser leur rêve du  » Grand Israël « , qui se fera au détriment des territoires des pays voisins. Ainsi apparaît que l’avènement de la République islamiste en 1979 n’est pas fortuit en Histoire, mais constitue un  » frein  » à l’hégémonie américaine sur le monde musulman.

2. Une situation de pré-guerre existe au Moyen-Orient

Soixante ans de violence ininterrompue dans un monde arabe divisé ont fini par épuiser l’élan nationaliste des régimes politiques en place.

Précisément l’attaque terroriste du 11 septembre 2001 et les guerres qui ont suivi en Afghanistan et en Irak sont venus remettre en question le statu quo imposé par les États-Unis et Israël. Le court temps d’euphorie dû à la victoire américaine en Irak en 2003 et l’annonce du remodelage du monde arabe (Grand Moyen-Orient) se transformant ensuite en véritable cauchemar pour la superpuissance, ont changé complètement l’équilibre géostratégique de la région. Dans le GMO, tous les pays réfractaires à la puissance américaine était visé, et en premier chef, l’Iran.

Mais l’influence grandissante de l’Iran sur le théâtre irakien et la volonté du peuple irakien de rejeter hors de leur territoire les forces étrangères ont changé les donnes. Précisément, cette guerre menée au Moyen-Orient et en Asie centrale et les débâcles qui ont suivi pour les forces occidentales ont eu un impact considérable dans le réveil des masses arabes. Au point que les États-Unis dont les forces américaines enlisées en Afghanistan et surtout en Irak, virent dans la République islamique d’Iran, l’ennemi N°1. Dès 2005, les États-Unis, prenant prétexte sur le programme d’enrichissement nucléaire, menaçait l’Iran de frappes préventives.

En 2006, les préparatifs de guerre achevés avec d’énormes effectifs militaires se dirigeant dans le Golfe arabo-persique, le déclenchement d’une guerre totale n’attendait qu’un assentiment du Président américain. Si le suspense a longtemps duré et, malgré la rhétorique des responsables néoconservateurs de plus en plus belliqueuse, le passage à l’acte ne s’est pas produit, c’est que déclencher une guerre requiert avant même l’assentiment du Président l’accord des chefs militaires. En termes d’analyse de la situation et des conséquences qui peuvent résulter d’une guerre étendue à l’Iran.

Précisément, embourbés en Irak, les responsables du Pentagone doutaient sérieusement quant à l’efficacité d’une attaque militaire US contre l’Iran. Une attaque contre l’Iran pouvait non seulement d’embraser la région mais risquait d’être improductive voire dévoiler la faiblesse des forces américaines dans une guerre à la fois conventionnelle et asymétrique. Des précédents existent déjà. La guerre du Vietnam et la débâcle soviétique en Afghanistan en témoignent si besoin est.

Dans une analyse en 2007, Zbigniew Brzezinski l’exprimait de manière abrupte :  » Nous faisons face à une crise très sérieuse concernant l’avenir. Les vingt mois qui viennent vont être absolument décisifs. Si nous les surmontons sans que la guerre en Irak empire et s’étende à une guerre avec l’Iran, je pense qu’il y a de fortes chances que nous récupérions [...] Mais si nous entrons dans ce conflit plus grand, alors j’ai peur que l’ère de la suprématie mondiale américaine s’avérera avoir été historiquement très, très courte. « 

Échec sur échec, en Afghanistan et en Irak, les Américains ont encore été fortement affectés par la crise financière de 2008. Pour ce qui concerne le dossier nucléaire iranien, les États-Unis privilégient les négociations internationales, tout en mettant en garde qu’ils n’accepteront jamais le statu quo. Quant aux menaces israéliennes de bombarder les installations nucléaires d’Iran, elles expriment simplement une connivence avec les États-Unis, pour maintenir la pression que  » toutes les options sont sur la table « .

Une situation de pré-guerre existe réellement dans le Golfe persique tant les positions des parties sont éloignées les unes des autres. Qu’en sera-t-il de ce bras de fer sur le programme nucléaire iranien et d’une guerre annoncée contre l’Iran ?

3. La stratégie de contre-insurrection en Irak de l’ex-chef de la CIA

David Petraeus, annonciatrice du « Printemps arabe »

Bien qu’initialement couronnée de succès avec la chute rapide du régime irakien et le changement opéré au profit d’un gouvernement allié chiite, l’intervention américaine trouva rapidement ses limites face à la violence inattendue des situations alors improprement qualifiées de  » post-conflit « . L’incapacité même des autorités américaines à parler d’insurrection avant 2005 montre au demeurant leur impréparation en la matière. Le modèle appliqué dit de haute intensité appliqué initialement, c’est-à-dire l’utilisation massive de la puissance de feu qui n’entre normalement que dans le cadre de guerre dite conventionnelle, s’est épuisé à déloger en vain des insurgés qui se dérobent au combat et dématérialisent les réseaux de commandement américain, les rendant ainsi invulnérables. D’autant plus que l’adversaire était agressif et aguerri par plusieurs guerres (contre l’Iran, la coalition en 1991 et les frappes aériennes durant l’embargo).

En réalité, cela ne devrait pas surprendre, les Américains ne faisaient que l’expérience que les Soviétiques ont déjà faite avant eux en Afghanistan. Dans une guerre asymétrique, les armées étrangères ne peuvent rien contre une insurrection armée intérieure (méconnaissance du terrain, ennemi diffus, pratiquement insaisissable, se fondant dans la population) sinon à procéder à des représailles qui ne feront que les enliser dans un conflit sans fin.

Précisément, dans cet échec de la stratégie américaine que le général David Petraeus qui a été dans les premières lignes dans la chute de Bagdad et ensuite dans l’occupation de Mossoul qu’il va tenter de comprendre les  » erreurs  » de l’armée américaine face à l’insurrection irakienne. Rentré aux États-Unis, il reprend les travaux de R. Trinquier et D. Galula qu’il fait rééditer et se passionne pour M. Bigeard et ses expériences en Indochine et en Algérie. Docteur en sciences politiques à l’université de Princeton et théoricien de nouvelles méthodes anti-insurrectionnelles de l’US Army, il réécrit un manuel de contre-insurrection (2004-2005).

En janvier 2007, alors que les forces américaines sont de plus en plus embourbées dans un conflit qui se double d’une guerre confessionnelle, il est rappelé en Irak. Le Surge (Sursaut) qu’il a mené contre l’insurrection irakienne à partir de cette date a permis de sauver in extremis l’administration Georges W. Bush du fiasco que beaucoup prédisaient à l’époque. Le plan reposait sur trois points. Un renfort de 30 000 soldats américains auquel il faut ajouter les 120 000 hommes des sociétés militaires privées (des sous-traitants avec l’US Army) déjà présents. Le deuxième point a porté sur l’achat des chefs de tribus sunnites dans la province d’el Anbar et leur ralliement à soutenir les forces américaines contre les insurgés. Financement et armement des milices sunnites ont joué, comme le souligne le général Petraeus,  » l’argent est une munition « . Enfin, le troisième point a été le rapprochement des États-Unis avec l’Iran. Une série de rencontres officielles ont eu lieu à Bagdad. Ce qu’on croyait impossible à réaliser en 2006 en Irak s’est concrétisé en 2008. Grâce au tournant qu’a pris la politique des États-Unis en Irak, les attaques contre les troupes américaines ont diminué de 80% en deux ans. Bien que la contribution iranienne dans cette diminution du regain de la violence soit peu reconnue par les États-Unis, ces succès placent désormais l’Iran comme un interlocuteur incontournable sur la scène irakienne

En juin 2010, après un court passage au CENTCOM (Commandement Central en Floride qui supervise les opérations au Moyen-Orient et en Asie centrale), David Petraeus est nommé par le président Barack Obama chef des troupes de l’OTAN et commandant de la Force Internationale d’Assistance et de Sécurité (ISAF) en Afghanistan remplaçant le général Stanley McChrystal relevé de ses fonctions. Mais la stratégie de ce général intellectuel dans ce nouveau théâtre de combat n’a pas donné les résultats escomptés comme en Irak. Plusieurs raisons sont évoquées. On invoque que le général McChrystral n’a pas obtenu les troupes suffisantes pour rééditer le Surge en 2009, d’où ses relations crispées avec Obama. Il a reçu un renfort de 30 000 au lieu des 40 000 hommes qu’il a demandé. Alors que ce  » Surge  » n’était pas négligeable, puisqu’il ajoute 30 000 soldats aux renforts déjà envoyés par le président Obama après son entrée en fonction : en un an le contingent américain a triplé passant de 32 000 à quelque 100 000 hommes. Que pourrait faire son remplaçant, le général quatre étoiles David Petraeus, l’auteur de la stratégie, en 2010 ?

En réalité, la situation en Afghanistan n’est pas la même qu’en Irak. Pour comprendre, il faut recontextualiser ce qui a été dit sur la contre-insurrection en Irak. Les Sunnites n’ont pas été  » retournés  » comme on l’a fait croire. Il était clair pour tous les insurgés sunnites, chiites ou kurdes que l’occupation de l’Irak par les Américains n’était que temporaire. Les difficultés de l’armée US tant la situation devenait intenable, Washington, face à l’insurrection irakienne, prévoyait déjà un retrait de ses forces. L’occupation n’étant prorogée que par des Résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Par conséquent, les insurgés sunnites ont  » sauté  » sur la perche tendue par les Américains qui leur avait permis de  » financer et d’armer à moindre frais  » une force de 100 000 miliciens (les Sahwas). Une milice sunnite qui aura à s’aligner face aux 90 000 hommes chiites de l’imam Moktada al-Sadr et les 90 000 hommes de la force militaire kurde, les Peshmergas, pour, le moment venu,  » peser sur le partage du pouvoir politique et économique  » du pays de l’après-occupation. L’approche tactique des Sunnites, comme celui réciproque des États-Unis qui cherchaient à s’assurer d’une baisse de violence et une  » sortie honorable de l’Irak  » (sans défaite) peut se comprendre dans cette alliance scellée qui relève de la conjoncture politique et militaire de l’Irak.

En revanche, en Afghanistan, il n’y a pas de communauté à  » acheter ou à retourner  » dans le cadre de la  » contre-insurrection « . La majorité de la population pachtoune, ouzbek, tadjik… est sunnite. Quant aux Hazaras chiites afghans, ils ne représentent qu’une petite frange de la communauté afghane qui est d’ailleurs représentée dans le gouvernement de Hamid Karzaï. C’est dans cette situation de stagnation, d’enlisement en Afghanistan et les nombreuses bavures sur les civils qui ne font qu’augmenter les ressentiments de la population envers les forces d’occupation et aussi de crise économique qu’un formidable événement va apparaître et redonner vie à la stratégie occidentale : le  » Printemps arabe « .

4. L’irruption du « Printemps arabe » dans la stratégie de domination des États-Unis

L’immolation de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid, un jeune tunisien, le 17 décembre 2010, va mettre le feu au poudre dans les rues arabes et faire tomber en moins de deux mois deux régimes jusque-là jugés comme les plus solides de la région. Le président Ben Ali fuit le 17 janvier 2011, après vingt-trois ans de dictature. Le président Moubarak démissionne le 11 février 2011, après vingt-neuf ans de pouvoir sans partage.

Le vent de la révolution tunisienne parcourt le monde arabe, déclenchant des contestations populaires de grande ampleur. La peur tombe et les foules défient les régimes. Les mouvements de manifestations débutent le 28 décembre en Algérie, le 14 janvier en Jordanie, le 17 janvier en Mauritanie et à Oman, le 18 janvier au Yémen, le 21 janvier en Arabie Saoudite, le 24 janvier au Liban, le 25 janvier en Egypte, le 26 janvier en Syrie, le 28 janvier dans les territoires palestiniens, le 30 janvier au Soudan et au Maroc, le 1er février à Djibouti, le 13 février en Libye, le 14 février au Bahreïn… Un incroyable mouvement contestataire synchronisé rappelle la Révolution de 1848 en Europe.

Le monde entier prend conscience du tournant historique que vivent les peuples arabes et l’on s’attend alors à une chute en cascade de tous les régimes autocratiques du Maghreb et du Machrek. En réalité, il n’en est rien. Le  » Printemps arabe « , amplifié par la caisse de résonance extraordinaire qu’est l’Internet et magnifié par les chaînes de télévision satellitaires comme Al-Jazeera, permettant aux peuples de vivre la révolution en direct, à partir de la place de la Libération (Tahrir) du Caire et d’ailleurs, ne ciblent surtout que des pays non islamistes. Parmi ceux-ci, il y a les pays qui font allégeance à la superpuissance américaine comme la Tunisie, l’Egypte et dans une moindre mesure le Yémen, la Mauritanie. Et ceux qui ne sont pas alignés à la superpuissance comme la Libye, la Syrie, l’Algérie. Il est évident que les manifestations qui se sont propagées très rapidement et qui sont certainement spontanées compte tenu du ras-le-bol des peuples sur la précarité, le chômage, etc., ont néanmoins été  » aidées  » par l’Occident. Un Occident qui se trouve sans solution ni en Afghanistan ni en Irak ni en Iran. Plus grave, l’Iran non seulement ne se conforme pas aux résolutions internationales qui le somment à ouvrir tous ces centres nucléaires à l’AIEA mais, par son alignement à la Russie et à la Chine et son refus de se soumettre au diktat occidental, rompt totalement l’équilibre géostratégique de la région. Et tous les déboires américains et occidentaux au Moyen-Orient le doivent à l’Iran.

Des questions se posent pour l’Occident.  » Comment combattre l’Iran ?  »  » Mener une guerre préventive ?  » Des mesures qui ne doivent être entreprises que lorsque tous les moyens diplomatiques seraient épuisés. Or il s’avère que l’Iran est chiite, il n’est pas sunnite. Précisément le général D. Petraeus (nommé chef de la CIA en avril 2011) a éprouvé sa stratégie anti-insurrectionnelle en opposant les Sunnites contre les Chiites. Et sa stratégie s’est avérée payante. Si sa stratégie n’a pas fonctionné en Afghanistan pour des raisons qu’on a déjà développées, il reste que le monde arabo-musulman est un ensemble qui, pris globalement, présente des similarités avec l’Irak. Deux grandes tendances confessionnelles le traversent : le sunnisme et le chiisme. D’ailleurs, pour rappel, la révolution islamiste en Iran en 1979 a obligé l’Arabie Saoudite à exporter plus l’idéologie wahhabite pour lutter contre la nouvelle politique iranienne. Ce qui n’est pas nouveau pour les Américains puisqu’ils ont concouru avec le Pakistan dans la propagation de l’idéologie wahhabite sunnite, lors de la guerre d’Afghanistan, pour chasser les forces soviétiques occupantes.

Ainsi se comprend mieux l’essence du  » Printemps arabe  » et la nécessité pour les États-Unis de chasser des oligarques arabes et de les remplacer par des  » régimes islamistes sunnites « . D’autant plus que les Frères musulmans et Salafistes sont les mieux organisés des partis l’opposition. Noyautés par l’Arabie saoudite et l’Occident, réprimés par la police, ayant une base très large grâce aux multiples œuvres caritatives, ils ont tout pour remplir le rôle qui leur est assigné dans l’endiguement de la Russie et la Chine via la neutralisation projetée de l’axe Iran-Irak-Syrie-Hezbollah chiite.

C’est ainsi que les forces armées tunisiennes et égyptienne dépendantes indirectement des États-Unis sont restées très discrètes dans les mouvements populaires  » spontanées  » alors que le régime de Kadhafi sur lequel l’Amérique n’a pas de prise a nécessité le concours de l’OTAN pour le faire  » tomber « . Quant à la Syrie, elle se trouve aujourd’hui projetée dans une guerre civile, et le conflit armé s’internationalise sans visibilité sur le futur.

Au-delà des stratégies occidentales et des enjeux qui opposent les puissances, il reste que le  » Printemps arabe  » a été un formidable succès pour les peuples arabes au point qu’il a suscité en Occident un mouvement pacifique, les  » indignés « . Cependant, les monarchies arabes grâce aux pétrodollars ont échappé au  » Printemps arabe « , comme d’ailleurs l’Iran face à la pression occidentale. Mais le mouvement populaire est enclenché dans les pays arabes, et il n’a pas épuisé toute cette énergie émancipatrice. Qu’en résultera-t-il dans les années à venir ?

5. Préparatifs d’une guerre contre l’Iran ?

Le monde aujourd’hui est à la croisée des chemins. Le  » Printemps arabe  » toussote. Les régimes islamistes sont implantés dans la plupart des pays de la  » ceinture verte sunnite « . Cette  » ceinture  » qui a eu raison de l’URSS en 1988 reste néanmoins fragile. Avec les heurts sociaux et l’instabilité, la situation des nouveaux régimes islamiques inquiète la superpuissance américaine.

Les peuples arabes dans le  » Printemps arabe  » ont montré qu’ils sont comme tous les autres peuples du monde. Ils rejettent la dictature et exigent la démocratie et l’équité dans le partage des richesses, donc de meilleures conditions de vie, de l’emploi et de la dignité. Ils s’opposent au verrouillage de la vie politique par les nouveaux pouvoirs. Parvenus démocratiquement au pouvoir, les partis islamistes face aux problèmes économiques détournent le débat politique sur l’identité collective. En faisant ressortir les racines islamiques, et donc des valeurs islamiques, ils tentent de dissoudre l’identité collective dans une sorte d’identité arabo-musulmane voire saoudo-wahhabite qui prêche la soumission des peuples à la domination du Qatar et de l’Arabie Saoudite. Evidemment, la stratégie aurait été possible si ces pays avaient les mêmes richesses que le Qatar et l’Arabie saoudite et si la majorité de la population avait accès à un emploi utile, ou, à défaut d’emplois, une aide substantielle de l’Etat garantissant les perspectives d’avenir à toutes les franges des sociétés. Or ce n’est pas le cas. Le fonctionnement politique des nouveaux régimes islamistes repose sur l’islamisme couplé à une force policière et militaire qui appuie le gouvernement. Comme cela fut dans les régimes autoritaires précédents. Y compris d’ailleurs en Iran où le système est verrouillé et largement dominé par les conservateurs qui se réclament du Guide suprême Ali Khamenei. La crise politique, lors des élections iraniennes en 2009, a montré que le peuple iranien a les mêmes aspirations que les autres peuples du monde.

La démocratie n’est pas un bien exclusif à l’Occident, mais une donnée universelle à tous les peuples. Les Occidentaux ont lutté pour y parvenir durant des siècles, et le chemin a été parsemé de nombreuses guerres jusqu’aux deux conflits mondiaux du XXe siècle. Par conséquent, le  » Printemps arabe  » ne signifie pas pour les peuples sunnites de  » sortir d’une dictature  » pour s’engouffrer dans une  » autre dictature dusse-t-elle être islamiste « . Si cela aurait été le cas, le  » Printemps arabe  » serait alors un non-sens dans l’Histoire. Ce qui est impossible. Et on n’apprend pas l’Islam à des peuples dont l’identité des peuples est pétrie de quatorze siècles d’Islam.

Précisément, les États-Unis en sont conscients que la démocratie ne peut être pendant longtemps instrumentalisée pour mettre un régime qui n’a rien à voir avec elle. Les fondamentalistes, en réalité, ne sont que des éléments dans l’échiquier politico-militaire des États-Unis pour dominer le monde. Face aux violences populaires, ils doivent agir vite avant que le camp sunnite ne se lézarde, d’autant plus que les événements se précipitent. Une attaque terroriste à Benghazi qui a couté la vie à des diplomates dont l’ambassadeur américain, des troubles en Egypte, en Libye, en Tunisie, en Jordanie, au Bahreïn. Le grain de sable de la France qui, pour défendre ses intérêts dans la région (exploitation de mines nucléaires au Niger près de la frontière malienne), s’est attaqué au point extrême ouest de la  » ceinture verte « , le Mali, alors que les pays de la CEDEAO, depuis une année, de réunion en réunion, promettent une force d’intervention pour chasser les islamistes du Nord du Mali sans que celle-ci ne voit le jour. Les États-Unis ont décidé que la crise malienne se résoudra politiquement et non militairement.

Enfin, le dernier grain de sable, l’Algérie a procédé rapidement à une riposte contre la prise d’otage par des terroristes islamiques sur un site pétrolier gazier de Tiguentourine (In Aménas). La rapidité et l’efficacité de l’intervention a surpris les puissances. Un autre pays qui fait peur. Au début, accablée vu les pertes occidentales en vies humaines, l’Algérie se trouve ensuite presque honorée. Le Premier Ministre britannique David Cameron en personne s’est rendu en Algérie pour apporter un message de soutien de la Grande-Bretagne en matière de lutte contre le terrorisme mais, en même temps, informe qu’il faut combiner une réponse sécuritaire et politique à la crise malienne. Vu les enjeux, Le Premier ministre appelle à l’apaisement.

Quelques jours plus tard, à Londres, le Premier Ministre Cameron parraine une rencontre entre le président Hamid Karzaï et son homologue pakistanais.  » Les parties (…) se sont engagées à prendre toutes les mesures nécessaires pour atteindre le but d’un accord sur la paix dans les six prochains mois « , a indiqué un communiqué transmis par Downing Street à l’issue de discussions impliquant les deux dirigeants et le Premier ministre Cameron.  » Le président Karzaï, le président Zardari et le Premier ministre (Cameron) ont affirmé qu’ils soutenaient l’ouverture d’un bureau à Doha (Qatar) pour des négociations entre les talibans et le Haut Conseil pour la paix en Afghanistan, dans le cadre d’un processus de paix mené par l’Afghanistan « , poursuit le texte (Le Monde.fr). Les présidents des deux pays voisins ont également  » décidé de prendre des dispositions pour renforcer la coordination des libérations de talibans détenus au Pakistan, afin de soutenir le processus de paix et de réconciliation « .

Les forces de l’OTAN et européennes (ISAF) ne procèdent plus d’opérations militaires en Afghanistan. Plus encore, les États-Unis ont annoncé leur retrait en 2014. La situation donc s’assainit en Afghanistan, et les Talibans qui sont sunnites sont invités à rentrer dans les rangs. La  » ceinture verte  » est en train de se fermer à l’Est.

Un autre indice : les États-Unis, en décembre 2012, reconnaissent à leur tour (après la France, les monarchies arabes…) la nouvelle Coalition de l’opposition syrienne comme la  » représentante légitime  » des Syriens. « Nous avons décidé que la Coalition de l’opposition syrienne rassemblait désormais suffisament (de groupes), reflétait et représentait suffisamment la population syrienne, pour que nous la considérions comme la représentante légitime des Syriens « , a déclaré M. Obama dans un entretien à la chaîne de télévision américaine ABC. Cette décision américaine se comprend, elle est renforcée par la libération d’une partie du territoire syrien. Et les rebelles syriens utilisent désormais de l’armement lourd et des missiles anti-aériens.

On peut ouvrir une parenthèse sur la Syrie. Le conflit en Syrie et au Mali nous rappelle étrangement la situation en 1975. Une guerre civile au Liban et un conflit armé au Sud-Ouest de l’Algérie, le Sahara Occidental. Ces mêmes conflits sont survenus après l’affaiblissement du tandem israélo-américain suite à la débâcle américaine au Vietnam et la guerre du Kippour en 1973. Les mêmes causes produisent les mêmes effets.

La visite de l’émir du Qatar à Gaza est autre indice. Il cherche à éloigner le Hamas, un parti sunnite, de l’orbite de l’Iran.

Ceci étant, on peut dire que les préparatifs de guerre sont en train d’avancer discrètement. Cela se voit même dans le raid israélien contre des objectifs militaires en Syrie alors que ce pays est fortement éprouvé par la guerre civile.  » Premier maillon de l’axe chiite  » à briser, la Syrie livre des combats acharnés aux rebelles et aux groupes djihaddistes étrangers, soutenus par l’Occident et les pétromonarchies. De son côté, l’armée syrienne loyaliste est soutenue par ses alliés. On a donc une situation explosive où l’axe chiite Iran-Irak-Syrie-Hezbollah, soutenu par la Chine et la Russie, fait face à l’axe sunnite, pétromonarchies du Golfe-royaumes du Maroc et de Jordanie, Israël et Occident, auquel on tente d’allier l’Egypte,la Tunisie et la Libye. L’Algérie n’est pas dans ce cas de figure, par son histoire et sa guerre de libération, elle est opposée à toute forme de domination étrangère.

Le problème n’est pas seulement que la Russie et la Chine aient jusque là tout au plus bloqué des résolutions du Conseil de sécurité sur une intervention militaire sur la Syrie, le maillon faible de l’axe Iran-(Irak)-Syrie-Hezbollah, et contre l’Iran, ont laissé passer les sanctions économiques qui somme toute n’ont affecté l’Iran que sur le plan économique. Il est évident que si la Chine et la Russie avaient la conviction que leurs intérêts stratégiques en Iran étaient menacés, elles auraient opposés leur droit de veto aux sanctions économiques internationales. Ce qui veut dire que les dirigeants iraniens étaient très conscients du rapport des forces, comme d’ailleurs la Russie, la Chine et l’Occident.

Dès lors que les responsables iraniens n’étaient pas  » fous  » vu la disproportion manifeste des potentiels de guerre qui existe entre leurs forces et l’arsenal américain, force de dire qu’ils ont des  » cartes maîtresses « , ou en d’autres termes, une  » puissance de dissuasion  » qui n’a pas été mise sur la  » table  » mais sous-entendue, ce qui explique pourquoi les puissances occidentales dont les États-Unis ont attendu si longtemps pour déclencher une guerre contre l’Iran. Il est évident que ces  » cartes maîtresses  » reposent sur le problème même qui oppose l’Occident à l’Iran, c’est-à-dire le  » problème nucléaire « .

Et encore aujourd’hui, en ce début de février 2013, le Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, réitère la position de l’Iran sur le nucléaire. Il a opposé une fin de non-recevoir à l’offre américaine de négociations directes dans le dossier nucléaire, dénonçant la stratégie de Washington qui mêle sanctions et offre de dialogue. Il l’a clairement exprimé.  » Cette déclaration du numéro un iranien intervient au lendemain de la confirmation par les États-Unis de nouvelles sanctions économiques contre l’Iran, quelques jours seulement après une  » offre sérieuse  » du vice-président américain Joe Biden à Téhéran sur des négociations directes dans le cadre du groupe 5+1 (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne).  » Vous pointez une arme sur l’Iran en disant +négociez ou nous tirons+. Mais faire pression et négocier n’est pas cohérent et la nation ne se laissera pas intimider « , a lancé à l’adresse des États-Unis le Guide, lors d’un discours à Téhéran dont le texte a été publié sur son site internet (www.leader.ir).  » L’Iran n’acceptera pas de négocier avec celui qui nous menace par des pressions « , a-t-il affirmé, estimant qu’une  » offre de dialogue n’a de sens que quand l’autre partie montre de la bonne volonté.  » Ceci en dit long non seulement sur le bras de fer Iran-Occident mais aussi sur le rapport des forces. En d’autres termes Ali Khamenei  » pense très bien la partie de guerre qui s’annonce avec les États-Unis au cas où elle aura lieu « .

Ceci étant, qu’en est-il réellement des  » cartes maîtresses iraniennes «  ? Il est évident que le problème qui se pose n’est pas que la guerre se déclenche en 2013, ou à une date ultérieure (2014 ou 2015…), mais qu’il réside essentiellement dans l’ » évolution de la guerre «  ? C’est-à-dire qui aura le dernier mot, les États-Unis ou l’Iran ?

Probablement la guerre va se jouer dans les premières semaines, en cas de déclenchement d’un conflit armé, et ce quel que soit le prétexte invoqué. Il faut encore rappeler que l’Iran n’a agressé aucun pays, les seuls griefs que l’Occident lui reproche est d’avoir soutenu un pays allié (Syrie) comme le font d’ailleurs les Américains avec la Corée du Sud, le Japon, Taiwan…, ou de poursuivre un programme nucléaire que l’Iran déclare pacifique alors que l’Occident dément. L’Iran poursuit un programme militaire.

Donc il n’y a pas de grief militaire proprement dit comme fut l’invasion du Koweït par l’Irak.

La guerre déclenchée, il est clair que l’Iran, malgré sa riposte sur des cibles ennemies, ne peut attendre que le rouleau-compresseur de la puissance de feu américaine déferlée sur ses installations militaires et civiles les réduise à néant. L’Iran est contre les armes nucléaires, qu’il a maintes fois dénoncées comme contraire aux valeurs de l’Islam. Ce qui est vrai, la traduction même du mot de l’Islam est  » Paix « , mais  » Paix  » ne signifie pas pour autant  » se laisser détruire « . La seule solution qui se pose à l’Iran est alors d’équilibrer ses  » moyens de puissance  » avec ceux des États-Unis. Ce qui est licite dans l’Islam, et ce quel que soit le moyen utilisé.

Bien qu’il ne vise dans le programme de l’enrichissement nucléaire que des applications civiles, on peut penser que l’Iran, face aux menaces persistantes de l’Occident, a été poussé à se prémunir en se lançant dans un programme nucléaire secret qui vise des applications militaires. D’autant plus que  » Installer des centrales nucléaires en produisant le combustible nécessaire, ce que l’Iran qualifie comme un droit naturel et inaliénable du peuple iranien « , est, dans un sens, légitime.  » Pourquoi de nombreux pays en dehors des cinq grandes puissances du Conseil de sécurité ont le droit d’enrichir l’uranium pour leurs centrales ou de procéder à des applications à caractère pacifique et non l’Iran ou à tout autre pays musulman. Ou parce qu’ils sont musulmans ?  » Le Pakistan est bien une puissance nucléaire. D’autant plus que l’Iran a signé très tôt le TNP (Traité de non-prolifération nucléaire).

Ainsi, par ce programme secret, l’Iran, en tant que  » puissance non-nucléaire « , en cas d’agression par une  » grande puissance nucléaire « , peut se transformer rapidement en  » puissance nucléaire déclarée  » pour équilibrer le rapport des forces. Ce cas est intéressant à formuler puisque Israël lui-même est aujourd’hui qualifié de  » puissance nucléaire non déclarée « . C’est-à-dire qu’il a un arsenal de missiles à tête nucléaire, et, en cas de guerre globale avec le monde arabo-musulman, Israël sera prêt à lancé le feu nucléaire sur des villes et regroupements importants militaires des pays arabo-musulmans. Ainsi Israël s’immunise, en cas de perte du parapluie militaire américain, d’une guerre globale avec le monde musulman. L’arsenal nucléaire israélien joue un rôle de  » dissuasion à la guerre « .

Précisément, l’Iran, de la même façon, raisonne. C’est ainsi que,  » acculé par la guerre déclenchée par l’Occident « , il procèdera dans les premières semaines qui suivent le conflit à des  » essais nucléaires (probablement) souterrains en cascades  » comme un  » avertissement  » à la superpuissance. Il est évident que l’Iran va alors se dévoiler comme une  » puissance nucléaire attestée « . On peut même dire que ses Shahabs 3B et Shahabs 2, de portée respectivement 2000 et 500 km, armés d’ogives nucléaires, sont déjà pointés sur Tel-Aviv, Ryad, Doha, Koweït-city, et sur le Bahreïn où se trouvent le commandement américain, position avancée du CENTCOM en Floride, et bien d’autres ville-cibles. On comprend d’ailleurs pourquoi le président Bush mettait l’accent dans l’implantation d’un dispositif NMD (projet de défense missiles-anti-missiles) en Pologne, en Tchéquie… contre une attaque nucléaire par l’Iran.

Quelle sera alors la réaction des États-Unis face à la nouvelle situation ? Ne penseront-ils pas que les Iraniens  » bluffent « . Et qu’ils ne sont encore qu’au stade des premiers essais nucléaires. C’est possible, et les bombardements américains vont probablement continuer. Mais si Moscou et Pékin en tant qu’alliés à l’Iran informent Washington du changement de l’équilibre des forces au Moyen-Orient et surtout que la région du Proche et du Moyen-Orient court un réel danger de guerre nucléaire ? Ce n’est plus comme les analyses le font penser, un embrasement qui pourrait durer des mois voire des années, mais une apocalypse qui surgira en quelques jours. Ce qui est complètement différent. Les responsables iraniens qui voient leur pays attaqué, agressé par les Américains et leurs alliés qui procèdent à des destructions massives de leurs infrastructures et entraînant des milliers de morts vu la disproportion des forces en faveur des forces adverses, n’auront alors plus d’alternative. Mentionnons la déclaration de l’ex-président d’Iran, Hachemi Rafsandjani, le 14 décembre 2001, lors d’un sermon à l’université de Téhéran :  » L’emploi d’une seule arme nucléaire contre Israël détruirait tout, mais, contre le monde islamique, ne causerait que des dommages limités « . Ce qui suggère que l’emploi de l’arme nucléaire pourrait être concevable contre Israël en tant que puissance ennemie.

Les États-Unis continueront-ils leurs bombardements massifs sur l’Iran encore longtemps, en se laissant espérer que les missiles patriots protègeraient Tel-Aviv, Ryad, Doha… de l’apocalypse venant des Shahabs 3B et E, vecteurs porteurs d’ogives nucléaires ? Vont-ils jouer à  » la roulette russe sur l’existence des autres peuples «  ? Les responsables iraniens ont déjà assimilé le  » prix qu’ils auront à payer  » s’ils déclenchent une guerre nucléaire dans la région, ce sera la  » destruction de Téhéran, d’Ispahan, et d’autres villes iraniennes « . Adeptes du martyr et profonds croyants, les Iraniens estimeront que ce sera un sacrifice venant de Dieu.

Qu’en sera-t-il des villes israéliennes, Tel-Aviv, Haïfa, dont 40% de la population d’Israël sont concentrés dans ces villes ? La panique, l’exode. Qu’en sera-t-il des populations arabes à Ryad, la capitale saoudienne, à Doha, la capitale du Qatar, et ailleurs ? Une panique générale sera étendue à l’ensemble de ces pays et du monde ! Le monde entier sera tenu en haleine. Les médias occidentaux qui appelaient dans un certain sens à la guerre se verraient à changer leur  » une  » en appelant à la fin immédiate des hostilités.

Le peuple américain acceptera-il l’ » aventurisme  » de l’establishment américain ? Des millions de morts en Israël, en Arabie Saoudite, au Qatar, en Iran ? Une disparition totale des villes-capitales et des villes de provinces comme si elles n’avaient jamais existé. Cette  » guerre apocalyptique extrêmement tendue  » des premières semaines de guerre car il y va de plusieurs millions de vies humaines vient à point nommé confirmer les rumeurs de grands généraux de l’armée américaine, comme l’amiral William Fallon, alors chef du CENTCOM (2007-2008), qui a démissionné parce qu’il a refusé de cautionner la politique de Bush d’étendre la guerre à l’Iran, de l’amiral Michael Mullen, ex-chef d’état-major interarmées des États-Unis (le plus haut gradé de l’armée US à l’époque) qui est parti en retraite et qui, à maintes reprises, a affirmé qu’une guerre contre l’Iran, c’est l’  » inconnu « , pour ainsi dire le  » noir « . En 2010, il s’est opposé à un raid israélien sur les installations nucléaires iraniennes. Et d’autres prestigieux généraux parmi lesquels le général Stanley A. McChrystal (il a quitté l’armée et travaille comme civil dans la firme Siemens) qui a compris en Afghanistan que ce n’est pas la guerre qui apportera une solution mais en respectant les peuples, en tentant de convaincre les peuples que l’Amérique est là pour les aider. Ce qui n’et pas le cas malheureusement. L’Amérique poursuit une stratégie de domination et non pour aider les peuples. Mais cette domination risque de déboucher sur plusieurs Hiroshima, plusieurs Nakasaki.

Il est évident que ces chefs militaires américains n’auraient pas été réticents pour porter le feu contre l’Iran s’ils n’avaient pas entrevu les risques qu’aurait entraînés un tel conflit. Dans toutes les armées du monde, ce sont toujours les chefs militaires qui apprécient les théâtres de guerre et non les politiques. C’est ainsi que la pression des politiques l’ayant emporté malgré l’éclairage des chefs militaires, une guerre est déclenchée contre l’Iran et le  » monde entier aura tremblé « . C’est ce qu’il faut attendre lorsque les  » politiques se mêlent de la guerre « . Quelle serait la réaction de la Russie et de la Chine si les  » politiques américains  » seraient poussés à provoquer l’ » apocalypse «  ? Une alerte mondiale ou pire, des  » menaces  » viendraient s’ajoutaient à d’autres menaces ?

Il est évident que le monde entier, surtout Israël, l’Arabie Saoudite et le Qatar qui attendront dans la peur l’issue de la guerre. Ils espéreront que l’Amérique arrête la guerre contre l’Iran. Et surtout que gagneraient-ils les États-Unis dans une apocalypse au Proche et au Moyen-Orient ? Une partie de leurs alliés qui disparaîtraient de la terre ! Et le monde ne serait plus comme avant.

Précisément, non seulement le Congrès américain s’interposera, mais le lobby juif qui a un très fort ascendant sur le pouvoir américain, dont l’American Israël Public Affairs Comittee (AIPAC), la puissante Republican Jewish Coalition et son équivalent démocrate, le NJDC), les puissants banquiers de Wall Street et enfin Benyamin Netanyahu qui aura perdu de sa superbe, vont de tout leur poids intercéder pour Israël, amenant les États-Unis à mettre fin à la guerre. Ce sera désormais un nouveau monde qui apparaîtra après la guerre Iran-Occident.

Ce qu’il faut dire sur cette donne que, depuis l’avènement de l’arme nucléaire en 1945, toutes les puissances qui sont devenues des  » puissances nucléaires  » l’ont été par la force des choses, à commencer par l’URSS et la Chine. Ces pays cherchaient à se faire contrepoids mutuellement. Donc l’URSS et la Chine ont été poussées à l’être, il y allait de leur survie, de leur poids dans le monde. De même pour l’Angleterre et la France. Après la défaite cinglante à Suez en 1956 (ultimatum de l’URSS), et leur retrait d’Egypte, ces deux pays, ayant perdu la face devant l’Union Soviétique, sont devenus ensuite des puissances nucléaires. L’Inde face à la Chine aussi est devenue une puissance nucléaire, en 1998. Quelques jours après, c’est le Pakistan face à l’Inde. Là encore, la menace a prévalu. Israël et son complexe de Dimona, même principe, face au monde arabo-musulman. La Corée du Nord, en 2006, face à la Corée du Sud et son grand allié, les États-Unis. Aujourd’hui encore, l’Iran, une puissance nucléaire non déclarée face à Israël et les États-Unis. Il deviendra probablement demain une  » puissance nucléaire déclarée  » par la force des choses. L’Iran a déjà annoncé la maîtrise complète du cycle nucléaire. Tous ces pays ont été poussés pour une raison ou une autre, à s’armer de moyens nucléaires. L’Iran ne fera pas exception tant que l’embargo et les menaces de bombardements et d’invasion pèsent sur lui. Les mêmes causes produiront les mêmes effets.

Si la Corée du nord est aujourd’hui une puissance nucléaire, cela ne veut pas dire que la Corée du Sud ne peut pas l’être. Et le Japon non plus. Simplement, ces pays n’y sont pas poussés, estimant l’  » arme nucléaire non-utile  » pour vivre pacifiquement avec leurs voisins. Malgré les litiges qui se posent pour le Japon et la Corée du Sud dans leurs aires respectives, ces deux pays ne sont pas tentés de passer ce seuil. Donc, chaque pays a une histoire et l’armement nucléaire est lié à cette histoire.

C’est dans cette vision de l’Histoire que cette étude se conclut en espérant qu’elle apporte un éclairage, une base de réflexion sur les conséquences géostratégiques et politiques que peuvent impliquer une guerre contre l’Iran. Une guerre asymétrique, conventionnelle ou nucléaire n’est pas une fatalité, elle n’est que ce qu’en font les hommes, et surtout les puissances. Un renouveau pointera peut-être pour les peuples des trois religions monothéistes qui comprendront que l’arme nucléaire, par la crainte qu’elle suscite, doit au contraire  » rassembler  » au lieu de  » diviser « . Que les richesses pétrolières du monde arabo-musulman et technologiques du monde chrétien et juif sont au contraire  » complémentaires « . Telle sera peut-être la finalité dans les frictions qui opposent aujourd’hui l’Occident au monde musulman.

Medjdoub HAMED

Officier de l’ANP en retraite (Forces Navales) Auteur et chercheur spécialisé en Economie Mondiale, Relations Internationales et Prospective.

http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5180004
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5180087
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5180239

Notes :

*  » Les fondamentaux économiques de l’année 2013 « , par Nouriel Roubini. Project Syndicate

 » PROSPECTIVE : Pourquoi l’Occident et les pays pétroliers n’échapperont pas à une crise économique majeure ? « , par Medjdoub Hamed. www.sens-du-monde.com

URL de cet article 19629
http://www.legrandsoir.info/guerre-contre-l-iran-un-scenario-vers-le-chaos-ou-le-renouveau-de-l-occident-et-du-monde-arabo-musulman-1.html
Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 23 mars, 2013 |Pas de commentaires »

NEGOCIATIONS SUR LE NUCLEAIRE IRANIEN: UN SIMPLE JEU DE RÔLES (AVIC /http://avicennesy.wordpress.com/)

Négociations sur le nucléaire iranien :

NEGOCIATIONS SUR LE NUCLEAIRE IRANIEN: UN SIMPLE JEU DE RÔLES (AVIC /http://avicennesy.wordpress.com/)  dans REFLEXIONS PERSONNELLES iran

Un simple Jeu de rôles

arton19643-56b2b AIEA dans REFLEXIONS PERSONNELLES
AVIC

Un round de plus vient de se terminer à Alma-Ata, au Kazakhstan, après 2 jours de discussion sur le Nucléaire iranien. Comme d’habitude, ils se sont séparés tous contents, se fixant d’autres rendez-vous. Tous gagnants. Qui sont les protagonistes ? Les deux habituels : l’Iran d’un côté, les six (les 5+1 qu’on ne présente plus) de l’autre, et un organisateur qui, comme pour les jeux olympiques, change d’une rencontre à l’autre. Le scénario est toujours le même, avec quelques coups de théâtre usés jusqu’à la corde mais qu’il est impossible de ne pas glisser par-ci par-là parce qu’ils sont attendus par tout le monde.

L’organisation d’abord. Comme pour les grands événements sportifs, des pays posent leur candidature pour avoir l’honneur et le privilège d’organiser la rencontre. Notons, en passant que le pays retenu est le premier gagnant. Le seul fait d’avoir été choisi lui confère une stature diplomatique en tant qu’acteur du maintien de la paix dans le monde. Il ne lui reste plus, pour renforcer cette position, qu’à gérer les éventuels couacs, que les deux challengers n’ont d’ailleurs aucun intérêt à provoquer.

Une fois que l’arène a été définie, les préparatifs commencent avec les ingrédients habituels. On ne comprend pas toujours tout, ni les rôles et les objectifs de chacun, mais, à force, on a fini par en retenir les grandes lignes. En premier lieu, le rôle de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique) reste dans un flou entretenu. Ce vénérable organisme est-il un procureur, un avocat, un expert ou un simple témoin ? C’est un organisme international, donc censé être neutre. Mais, aujourd’hui, dans le domaine international, la neutralité n’est pas de ce monde. En tout cas, sa présence permanente en Iran et sur les sites nucléaires, avec ses inspections poussées et sa surveillance jamais vue nulle part ailleurs, lui permet de fournir une masse de rapports qui seront ensuite étudiés, commentés, analysés et interprétés, chacun y voyant ce qu’il a envie d’y voir. Comme si cela ne suffisait pas, régulièrement un rapport supplémentaire sorti d’on ne sait où, mais attribué à l’AIEA, vient se greffer aux autres, amenant des données sensées orienter les futurs débats. Ça fait partie du jeu.

Outre l’AIEA, il y a aussi Israël. Habituellement, avant chaque rencontre, Israël a pour rôle de faire monter la pression sur les deux protagonistes. Là aussi, les mêmes recettes sont utilisées. Une pincée de « encore plus de sanctions paralysantes ». Une larme de « Si vous ne faites rien, nous serons obligés d’envisager une frappe préventive ».Une lichette de « dans 6 mois au plus tard l’Iran sera doté de l’arme nucléaire ». Le tout enrobé de « menace pour Israël, donc pour le monde » et autres « apocalypses ». Rien de nouveau de ce côté, sauf pour la dernière rencontre où on constate un léger changement dans l’attitude d’Israël.

Les six, eux, justement parce qu’ils ne sont pas homogènes, poursuivent finalement un but commun : conserver le statu quo à la fin des pourparlers. Toute solution qui pourrait satisfaire l’un serait au détriment de l’autre. Alors, à quoi bon rechercher des solutions ? Toute modification du statu quo conduirait à revoir des politiques ayant été mises en place de longue date et sur lesquelles reposent déjà toutes leurs économies respectives. Ensuite, quand les uns ont besoin d’un ennemi perpétuel, les autres exploitent cela pour, d’une part, accuser leurs collègues d’irrationalité, et d’autre part, pousser leurs pions dans des partenariats privilégiés avec l’Iran d’où seront exclus les premiers. Bien sûr, toute cette mascarade n’empêche pas les déclarations tonitruantes assorties de menaces par les uns et de conseils bienveillants par les autres, tout le monde sachant à quoi s’en tenir.

Quant à l’Iran, il sait qu’il n’est qu’un joueur parmi les autres dans ce jeu de poker-menteur. Il sait également que son nucléaire ne figure, en aucune façon, parmi les vrais enjeux. Mais tant qu’il gagne, lui aussi, il joue. Car il a tout à gagner à suivre les règles du jeu. De quoi s’agit-il ? Les adversaires occidentaux s’appuient sur sa technologie nucléaire pour poursuivre un combat datant de Mossadegh, avec une petite fenêtre pendant les premiers temps du règne du Chah Mohamed Reza Pahlavi. Il n’y aurait pas eu le nucléaire, ils auraient trouvé autre chose, l’objectif étant de faire rentrer l’Iran dans les rangs et d’en finir avec sa théocratie. Or les iraniens n’ont aucune intention d’obtempérer aux désidératas des Etats-Unis et de ses alliés. Le bras de fer engagé depuis des années contre eux peut déboucher, à tout moment, sur un conflit armé ouvert. Ce que ne souhaite ni l’un, ni l’autre, pour le moment.

Le problème nucléaire est donc tout à fait le bienvenu car il présente de nombreux avantages. Outre les percées technologiques qui l’accompagnent, il permet à l’Iran de se positionner comme défenseur mondial du droit au nucléaire civil pour tous. Devant le harcèlement des Grands et les divers sabotages de son programme, son obstination lui confère une stature de premier résistant face à l’hégémonie et à l’arrogance de ces grands, dont 5 sont officiellement détenteurs de l’arme nucléaire. Mais les dirigeants iraniens savent aussi que les attaques répétées, tant médiatiques, économiques que subversives risquent de mener, tôt ou tard, à la déstabilisation du régime, véritable but des auteurs de ces attaques. C’est là qu’apparait à leurs yeux toute l’utilité des négociations avec les membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU, plus l’Allemagne. Ces négociations permettent, en effet, à Téhéran de montrer à son peuple toute la fermeté de ses gouvernants face à ses ennemis, et ainsi souder un peu plus le peuple iranien autour de ses dirigeants, chaque rencontre se soldant par un match nul. Un match nul, seul contre tous les grands de ce monde, est une victoire. Une victoire à moindre frais.

A tous les coups l’on gagne. C’est la formule qui peut caractériser ces « sommets » à la fin desquels tout le monde rentre chez lui, content. Après chaque rencontre, les 5+1 auront testé l’effet des sanctions précédentes sur le moral des dirigeants iraniens et pourront déjà en envisager d’autres, tandis que les iraniens auront montré à leurs adversaires que plus il y aura de sanctions, plus les occidentaux s’éloigneront de leurs objectifs premiers. Quant à l’organisateur, s’il s’assure que toutes les règles permettant d’aboutir à ce résultat ont été respectées, il gagne le ticket pour une prochaine rencontre.

AVIC

http://avicennesy.wordpress.com/

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 23 mars, 2013 |Pas de commentaires »

USA: PIRE QUE CHUTZPAH ! (Edward S.HERMAN / http://www.zcommunications.org)

USA :

USA: PIRE QUE CHUTZPAH ! (Edward S.HERMAN / http://www.zcommunications.org) dans REFLEXIONS PERSONNELLES guerre2

Pire que Chutzpah ! 

(Edward S. HERMAN)

CHUTZPAH: Désigne le dernier degré de l’arrogance, de l’impudence, de la plus totale absence de honte ou de scrupules. Synonyme généralement péjoratif d’audace, d’insolence, il cesse d’être péjoratif dans les milieux où l’impudence est de règle… En hébreu, le mot chutzpah marque une indignation envers quelqu’un qui a dépassé outrageusement et sans vergogne les bornes du comportement acceptable.

Quand on voit la Secrétaire d’État Hillary Clinton et le président Barack Obama, l’air grave et offusqué, mettre en garde la Syrie contre un recours aux armes chimiques, « totalement inacceptable » selon Obama, ou « qui passerait la ligne rouge et dont les responsables auraient à en répondre » selon H. Clinton, et qu’on voit le New York Times [comme la plupart des médias occidentaux] et tout l’establishment occidental reprendre et soutenir ces déclarations, on reste baba devant une aussi époustouflante hypocrisie. Alors que les États-Unis, précisément, détiennent le record d’utilisation des armes chimiques dans le monde, se sont toujours opposés à la signature d’accords internationaux visant à en interdire l’utilisation, et utilisent aujourd’hui régulièrement leur armement à uranium « appauvri » (armement à la fois nucléaire et chimique, dont le nombre et le type de victimes va bien au-delà des cibles directes) dans tous les conflits qu’ils déclenchent ! L’utilisation massive d’Agent Orange au Vietnam ou de munitions au phosphore blanc en Irak, tout le monde connait, non ? Serait-il possible que seuls Clinton, Obama et les médias occidentaux ne soient pas au courant ? Ou doit-on y voir une fois de plus la seule arrogance du pouvoir et cette conviction qu’il ne saurait y avoir de moralité ou de Droit International que lorsque l’ennemi fait quelque chose de choquant ?

C’est peut-être bien un mélange des deux, tant le double standard et la mauvaise foi sont souvent remarquables. L’archétype de ce genre d’attitude pourrait bien être l’histoire des « pluies jaunes » – des poisons chimiques que les Soviets auraient déversé dans le ciel du Laos au début des années 1980. Le flagrant manque de preuves n’avait pas empêché à l’époque l’administration Reagan d’en tirer le meilleur parti pour mieux diaboliser « l’Empire du mal ». On eut beau démontrer que l’accusation était fausse, un chercheur américain, Matthew Meselson, ayant apporté la preuve que lesdites pluies jaunes n’étaient en réalité que des déjections d’abeilles, elles n’en furent pas moins toxiques grâce au Wall Street Journal et aux autres médias de masse. Bien après le démontage de cette campagne d’intox, Peter Kann, éditeur du Wall Street Journal, citait encore les « champs empoisonnés du Laos » pour montrer « qui étaient les bons et qui étaient les méchants » dans le monde (“Clinton Ignores History’s Lessons In Vietnam,” [Clinton fait l’impasse sur les leçons d’histoire au Vietnam] WSJ, 9 septembre 1992). Autrement dit, Kann faisait totalement l’impasse sur la guerre chimique monumentale et bien réelle que les États-Unis avaient mené au Vietnam, au Cambodge et au Laos, mais n’en ramenait pas moins cette vieille histoire de pluies jaunes soviétiques, fut-elle démontrée fausse de longue date. En fait d’hypocrisie, de malhonnêteté ou des deux à la fois, difficile de faire mieux ! Ironiquement, c’est justement dans son propre journal qu’un article de 1997 évoquait les 500 000 enfants vietnamiens souffrant d’anomalies congénitales précisément dues aux méthodes de ceux que Kann appelle « les bons » [the “good guys”]. (Peter Waldman, “Body Count : In Vietnam, the Agony Of Birth Defects Calls An Old War to Mind,” WSJ, 12 décembre 1997).

Aujourd’hui, les zélateurs de l’impérialisme américano-centrique s’efforcent eux aussi de noyer le poisson sur les guerres chimiques du Vietnam et d’ailleurs, ou sur l’uranium « appauvri ».

Dans son récent « classique du genre » encensé par l’establishment et la critique, The Better Angels of Our Nature : Why Violence Has Declined ([Les meilleurs penchants de notre nature : Pourquoi la violence a diminué],Viking, 2011), Steven Pinker ment ostensiblement sur la question, expliquant au lecteur que ce qui atteste de ce regain de moralité dans le monde et de la diminution de la violence – progrès que les grandes démocraties occidentales peuvent se prévaloir d’avoir apporté au reste du monde – c’est leur condamnation des armes chimiques et leur refus d’en faire usage. Mais dans les quelques pages que Pinker consacre aux violences qui ont marqué la guerre du Vietnam, pas une seule ligne n’évoque l’utilisation massive de ces armes chimiques dans l’Opération Ranch Aid et divers autres programmes menés dans ce pays.

De même pour la Syrie, les propagandistes officiels n’affirment pas que le gouvernement syrien ait d’ores et déjà recours à de telles armes, mais seulement que les Occidentaux ont la preuve que la Syrie se préparerait à en faire usage en dernier recours.

« Ce qui nous inquiète, c’est que le régime d’Assad, de plus en plus aux abois, ne finisse par recourir à ses armes chimiques ou n’en perde le contrôle, au bénéfice de l’un des nombreux groupes qui opèrent actuellement en Syrie » (Hillary Clinton).

A ce propos, ce n’est que récemment que Washington et les médias de masse ont fini par admettre la présence d’Al-Qaïda parmi les « nombreux groupes » de « combattants de la liberté » que les Occidentaux soutiennent en Syrie – et ce que cette présence a de préoccupant.

Ce genre d’opportunisme pourrait bien se terminer une fois de plus par un magistral revers de manivelle, comme après avoir soutenu Al-Qaïda en Afghanistan ou en Libye, les États-Unis soutenant à nouveau ceux qu’on appellera ensuite « les pires des pires » – passant du statut de « combattants de la liberté » très généreusement armés et soutenus, à celui de candidats à la détention illégale, à la torture et aux assassinats ciblés.

Outre la menace d’armes chimiques en Syrie, les représentants occidentaux se disent très préoccupés par l’utilisation de bombes à fragmentation par l’armée syrienne contre des civils, dans le cadre de ce conflit (C.J. Chivers, “In Syria, Cluster Munitions Takes Its Toll,” New York Times, 21 décembre 2012). Là encore, cas de figure à la fois familier et comique, les médias polarisés collaborent une fois de plus à un effort hypocrite, problématique au regard des faits, mais surtout lamentable, de diabolisation sélective.

On a accusé les Serbes de « nettoyage ethnique », sans tenir aucun compte du contexte de guerre civile encouragée par l’OTAN. Mais pas question d’utiliser ce terme au sujet du nettoyage ethnique pratiqué de longue date et à grande échelle par Israël en Palestine. Kadhafi menaçait soi disant Benghazi d’un bain de sang, c’est donc avec la bénédiction des mêmes médias et de l’ONU que les États-Unis, leurs alliés de l’OTAN, leurs rebelles autochtones et leurs mercenaires importés, purent s’offrir un vrai bain de sang avec pour point d’orgue le lynchage et le meurtre de Kadhafi. Et Hillary Clinton de déclarer toute fière dans un ricanement : « Nous sommes venus, nous avons combattu, il est mort ! » [“We came, we fought, he died !” parodiant pompeusement le “Veni, Vidi, Vici !” de César].

De même les mythiques armes de destruction massive de Saddam Hussein avaient-elles servi de prétexte pour la guerre d’agression des États-Unis contre l’Irak, avec là encore l’anéantissement d’un pays, le massacre de sa population et l’assassinat du “méchant” dirigeant. Au tour de la Syrie à présent ! Autre « méchant », l’Iran aussi menace le monde avec son entêtement à poursuivre son programme nucléaire. C’est sans doute le prochain sur la liste, dans le programme de production d’États ratés [failed states] des Grandes Démocraties – comme Pinker les appelle, ces gouvernements radicalement non-violents.

Mais pour en revenir aux bombes à fragmentation, les États-Unis les ont utilisés massivement au Vietnam et au Laos, en Irak et plus tard dans leur guerre aérienne contre la Serbie, en 1999 (entre autres). Israël s’en est montrée elle aussi particulièrement généreuse dans son agression du Liban, en 2006, et notoirement dans les derniers jours de ce conflit, alors que la paix était à portée de main, parsemant les champs de ces graines de mort et d’horreur éparpillées à travers tout le pays. L’armée israélienne a laissé derrière elle environ un demi-million de bombes après son dernier assaut contre le Liban.

Un commandant d’escadre de bombardiers israéliens déclarait à ce sujet :

« Ce que nous avons fait est démentiel et monstrueux ; nous avons couvert des villes entières de sous-munitions explosives » (Meron Rappaport, “IDF commander : We fired more than a million cluster bombs in Lebanon” [Un commandant de forces israéliennes déclare : nous avons largué plus d’un million de bombes à sous-munitions au Liban] Haaretz, 12 septembre 2006). Mais sur ces opérations là, les responsables américains et les médias n’avaient aucune critique particulière à faire – sans parler de mises en gardes ou de menaces ; douleurs inévitables de l’accouchement d’un Nouveau Proche Orient – ou de son agonie.

Comme tous les grands médias, le New York Times n’a jamais cité ni découvert un seul commandant des forces israéliennes qui dénoncerait l’utilisation de bombes à fragmentation par son pays comme « monstrueuse ». Son unique éditorial sur le sujet ne donnait ni le nombre de bombes larguées ni aucune précision sur le moment ou sur les zones où elles l’avaient été, ni sur leurs effets. Il n’émettait pas non plus la moindre critique sur leur utilisation par Israël et ne risquait surtout pas de la qualifier de criminelle ou de monstrueuse. Dans la grande tradition de l’apologie de nettoyage ethnique, l’info restait dûment aseptisée (“No Place For Cluster Bombs,” 26 août 2006). On remarque aussi en regardant les titres, que les articles du New York Times ne mettaient jamais en avant le fait que les civils ou les zones civiles étaient la cible privilégiée de ces bombardements et de leurs destructions – contrairement aux articles sur la Libye de Kadhafi ou sur la Syrie d’Assad.

S’agissant d’Israël au Liban, ce qu’on peut trouver de plus proche serait quelque chose comme : « Libanais et humanitaires découvrent le danger des décombres » (25 août 2006), bien que le journal ait effectivement publié un article où Human Rights Watch qualifie la politique israélienne de crime de guerre (Kifner, 24 août 2006), et un autre qui donne quelques détails sur la sauvagerie et le caractère anti-civil et foncièrement délétère de l’agression israélienne (Worth et Kifner, 25 août 2006).

A l’instar d’Israël, les États-Unis ont refusé de signer la convention de 2008 sur les bombes à sous-munitions, qui en interdisait l’utilisation (la Russie, la Chine et plusieurs autres pays aussi d’ailleurs). D’après Richard Norton-Taylor, “Amnesty International, Oxfam, et Article 36 – un groupe chargé de la coordination de l’opposition à ce type d’armement – auraient déclaré que dans les pourparlers sponsorisés par les États-Unis, les préoccupations des humanitaires avaient été totalement laissées de côté, et qu’ils en appelleraient aux Britanniques pour tenter d’empêcher les USA d’avaliser ce qu’ils considèrent comme un « permis de tuer » à coup de bombes à fragmentation » (“US pushing UN to lift ban on cluster bombs, say campaigners” Le Guardian, 22 novembre 2011).

Mais de leur côté les Américains assurent que les derniers modèles de CBU [Cluster Bomb Unit] ont une action vraiment ciblée, avec un taux d’échec très bas. On doit donc supposer que les CBU dont dispose l’armée syrienne sont les anciens modèles, ceux qui sont mauvais. Ou peut-être les États-Unis, leurs alliés et leurs clients – c’est-à-dire « les bons » quel que soit le conflit – seraient en réalité les seuls à pouvoir détenir et utiliser des bombes à fragmentation.

L’une des principales caractéristiques des bombes à fragmentation et de leur utilisation, c’est la place privilégiée des enfants parmi leurs victimes – les responsables américains et les médias se montrent d’ailleurs particulièrement sensibles au sort des enfants dans les conflits armés. Le président Obama ne pleurait-il pas récemment sur celui des enfants tués à Newtown, au Connecticut ? Les médias n’étaient-ils eux aussi pas particulièrement émus par cette tragédie ? Bon, d’un autre côté, on a ces 500 000 enfants atteints de malformations au Vietnam, un pays où des centaines de milliers d’autres ont été tués, mutilés, traumatisés sans que cela suscite grand-chose comme intérêt, regrets, voire compensation ou assistance post-conflit aux victimes (si ce n’est 18 années de boycott punitif).

Il y a aussi la fameuse réponse de Madeleine Albright en 1996, au sujet de la mort de 500 000 irakiens de moins de cinq ans victimes des « sanctions de destructions massive » : « Ça vaut bien ce prix là ! ». Cette réponse est passée littéralement comme une lettre à la poste dans nos médias polarisés, sans susciter d’indignation outrée ni de réactions particulières. Et puis il y a aussi ce continuum de « frappes ciblées » de nos drones, contre des « militants » – avec leur cortège de « victimes » [casualties] ou « dommages collatéraux » en bas âge – dirigés par le même Obama éploré, et suscitant toujours aussi peu d’émotion ou de réactions dans nos médias. Dans la région de Fallujah, en Irak, on constate une extraordinaire augmentation du nombre de malformations congénitales, de fausses couches et d’enfants mort-nés, dus à l’utilisation massive d’armes et munitions de toutes sortes comme à l’uranium « appauvri » par l’armée américaine dans ce secteur, et qui devient une véritable « crise de santé publique » (Sarah Morrison, “Huge Rise in Iraq Birth Defects Linked to US Cluster Bombing,” The Independent [UK], 15 octobre 2012).

Nos médias ne se sont jamais spécialement intéressés au sort de ces enfants tués ou mutilés au loin, même lorsque nos dirigeants proclament que chaque vie humaine est précieuse. A franchement parler, la vie ou la santé des minots de chez nous, aux États-Unis même, leur est tout aussi indifférente. Combien sont massacrés dans les rues des ghettos, sans même parler de ceux qui, de plus en plus nombreux, peuvent à peine survivre dans un monde d’inégalités croissantes où le système social s’effondre.

Le niveau d’hypocrisie des représentants de l’establishment lorsqu’ils parlent d’armes chimiques, de bombes à fragmentation ou du sort des enfants dans le monde est littéralement vertigineux. Mais ce qui est pire que chutzpah, c’est lorsque Clinton et Obama, pontifiant et mettant en garde la Syrie sur ses armes chimiques et ses bombes à fragmentation, ne semblent même pas conscients de l’arrogance et de l’indécence de leur flagrant double standard (deux poids deux mesures).

Apparemment, ils ne doutent même pas une seconde que leurs messages moralistes sont aussi purs qu’apolitiques. Et nos médias de masse emboitent le pas, tout empressés de faire valoir à qui mieux mieux cette manière de voir pire que chutzpah !

Edward S.HERMAN

Professeur honoraire de finance à la Warton School de l’Université de Philadelphie, Edward Herman est économiste et critique des médias, auteur de nombreux ouvrages dont Génocide et Propagande (avec David Petersen, Lux Editeur, Montréal, 2012).

Article original paru sur Z Net – The Spirit Of Resistance Lives
http://www.zcommunications.org/beyond-chutzpah-by-edward-s-h…

Traduit de l’anglais par Dominique Arias Mondialisation.ca http://www.mondialisation.ca/usa-pire-que-chutzpah/5323751#

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 15 mars, 2013 |Pas de commentaires »

SELON L’ONU, LES ENFANTS PALESTINIENS ARRÊTES PAR ISRAËL SONT VICTIMES DE MENACES, DE MALTRAITANCE ET DE VIOLENCES

Selon l’ONU, les enfants palestiniens arrêtés par

Israël sont victimes de menaces, de maltraitance

et de violences.

SELON L'ONU, LES ENFANTS PALESTINIENS ARRÊTES PAR ISRAËL SONT VICTIMES DE MENACES, DE MALTRAITANCE ET DE VIOLENCES dans REFLEXIONS PERSONNELLES enfants

arton19659-6e6e4 CISJORDANIE dans REFLEXIONS PERSONNELLES
RT

Le rapport est basé sur l’étude 400 cas relevés depuis 2009, des documents légaux, des statistiques d’organisations gouvernementales comme non-gouvernementales, et des rapports d’organismes onusiens et d’ONG palestiniennes. L’UNICEF a aussi interviewé des hommes de lois israéliens et palestiniens, des officiels israéliens et des enfants palestiniens.

Les enfants palestiniens détenus par l’armée israélienne en Cisjordanie sont « systématiquement » maltraités, en violation du Droit International, a affirmé l’UNICEF dans son dernier rapport.

Chaque année environ 700 enfants palestiniens âgés de 12 à 17 ans – le plus souvent des garçons – sont arrêtés, interrogés et détenus par l’armée israélienne, la police et les forces de sécurité, a établi la Fondation des Enfants des Nations Unies (UNICEF) dans un document de 22 pages publié mercredi 13 mars 2013.

JPEG - 94.3 ko

L’Organisation des Droits de l’Homme a enquêté sur la manière dont les enfants étaient traités aux différentes étapes du processus d’incarcération militaire et a mis en lumière des pratiques « cruelles et inhumaines ».

Selon le rapport, les mauvais traitements commencent souvent au moment même de l’arrestation, quand les enfants sont réveillés chez eux par des soldats lourdement armés et emmenés de force dans un centre d’interrogatoire « les mains ligotées, un bandeau sur les yeux, privés de sommeil et terrifiés ».

En interviewant les enfants, l’UNICEF a découvert que de nombreux mineurs subissaient des « violences verbales et physiques », et que ” l’eau, la nourriture, l’accès aux toilettes et les soins leurs étaient rationnés.” De plus, en prison, les enfants n’ont pas le droit de voir leur famille et leurs avocats. La plupart ne sont pas informés du tout de leur droit à un avocat.

JPEG - 65.3 ko

Le délit le plus courant pour lequel les enfants sont arrêtés est le jet de pierres à des soldats israéliens ou à des colons juifs. Dans la majorité des cas, selon le rapport, la principale preuve contre les enfants est leur confession « obtenue par la force ».

Pour obliger les enfants à avouer, les interrogateurs vont jusqu’à les menacer de violences physiques, de mort « et de les violer eux ou un membre de leur famille ».

Peu d’enfants peuvent résister à ce genre de menaces et à la fin de l’interrogatoire ils signent le document comme on le leur ordonne, même s’ils ne savent pas vraiment ce qu’il contient. “Dans la plupart des cas, les documents sont en Hébreu, une langue que la plus grande partie des enfants ne connaît pas », selon l’UNICEF.

« Israël est le seul pays du monde où un enfant arrêté est automatiquement jugé par un tribunal militaire, » a dit à l’AFP, le Conseiller Régional pour la Protection des Enfants de l’UNICEF, Jean-Nicolas Beuze.

« Cela arrive dans d’autres pays, (mais seulement) exceptionnellement », a-t-il ajouté. « Un enfant est un civil. »

JPEG - 83.9 ko

En réponse au rapport, Iraël a promis d’étudier ses conclusions et de « travailler à les appliquer en coopération régulière avec l’UNICEF, dont nous saluons et respectons le travail ».

Le Ministre des Affaires Etrangères dit qu’Israël a coopéré avec l’Organisation des Droits Humains pendant qu’elle établissait son rapport avec l’objectif “d’améliorer les problèmes qui faisaient l’objet du rapport..”

Les arrestations sur lesquelles le rapport a enquêté ont eu lieu dans la zone désignée par le Droit International comme “les territoires occupés de Palestine qui comprennent la Cisjordanie, Jérusalem Est et la bande de Gaza.”

Pour consulter l’original : http://rt.com/news/israel-children-custody-palestinian-894/

Traduction : Dominique MUSELET

URL de cet article 19659
http://www.legrandsoir.info/selon-l-onu-les-enfants-palestiniens-arretes-par-israel-sont-victimes-de-menaces-de-maltraitance-et-de-violences.html
Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 15 mars, 2013 |Pas de commentaires »
12345...7

consultationjuridique |
mediatorspot |
femmebattueencolere |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | tribulationsdepsys
| Bonjour d'Algérie Sou...
| kabylia2007