HOLLANDE A PRESENTE SA FEUILLE DE ROUTE POUR L’ECOLE+ BONUS: L’INTERVENTION IN EXTENSO DE F.HOLLANDE

Hollande a présenté sa feuille de route pour l’école

HOLLANDE A PRESENTE SA FEUILLE DE ROUTE POUR L'ECOLE+ BONUS: L'INTERVENTION IN EXTENSO DE F.HOLLANDE dans REFLEXIONS PERSONNELLES ofrtp-france-hollande-education-20121009_paysage360

PARIS (Sipa) — François Hollande, présentant mardi 9 octobre 2012 les grandes orientations de son projet pour l’école, a tranché pour un retour à la semaine à 4,5 jours, une réforme « engagée dès la rentrée 2013″, et s’est prononcé en faveur de la disparition progressive des redoublements et des devoirs à la maison.

Dans un discours prononcé à la Sorbonne après la présentation officielle du rapport sur la refondation de l’école, le chef de l’Etat a réaffirmé son voeu de « donner la priorité au primaire » et de « sanctuariser » durant le quinquennat le budget de l’éducation.

Parmi les arbitrages les plus attendus, M. Hollande a tranché la question des rythmes scolaires en annonçant le retour de la semaine de 4,5 jours à l’école, une réforme qu’il souhaite « engagée dès la rentrée 2013″.

« Je suis favorable au retour à une semaine de neuf demi-journées. Nous ne pouvons pas nous plaindre de la baisse de nos résultats et ne pas voir que 144 jours de classe par an, alors que nos partenaires européens sont à plus de 180, c’est un handicap », a souligné le chef de l’Etat, réitérant ainsi un souhait déjà formulé durant la campagne présidentielle.

Toutefois, le raccourcissement des journées de classes, la fixation de la matinée supplémentaire au mercredi ou l’allongement éventuel de l’année scolaire, tels que l’a préconisé le rapport issus de la concertation, n’ont pas été tranchés par François Hollande.

« L’Etat ne peut pas se défausser sur les collectivités », a ensuite précisé l’Elysée, affirmant que des discussions allaient démarrer rapidement avec les associations de maires pour établir les besoins et les modalités de la prise en charge des enfants durant le temps périscolaire et la pause de midi.

Reprenant l’une des propositions issues de la concertation, M. Hollande a également annoncé la fin des « labels » – ZEP (zone d’éducation prioritaire), réseau ambition réussite, Eclair – qui stigmatisent certains établissements et en privent d’autres de moyens.

Plutôt que des « labels », François Hollande préconise une « aide personnalisée aux établissements » qui différenciera les moyens de chaque établissement en fonction de ses « spécificités territoriales, sociales, scolaires ». Le chef de l’Etat estime qu’il faudra aussi retravailler la carte scolaire.

Un nouveau système de dotation financière pour les établissements doit donc voir le jour, mais à l’Elysée, on estime que ses effets seront visibles à partir de l’année scolaire 2014-2015.

Toujours pour les « territoires en difficulté » François Hollande a proposé d’y affecter « des enseignants expérimentés, sur la base du volontariat et de garantir une grande stabilité des équipes ». Une mission qu’il veut valoriser: « En contrepartie, je suis prêt (…) à accorder de meilleures conditions de travail pour ceux, celles qui sont confrontés à des situations éprouvantes », a-t-il affirmé.

Enfin, pour lutter contre le décrochage, le président demande la mise en place d’ »un référent dans les collèges et les lycées professionnels à fort taux d’absentéisme ».

Pour faire face aux inégalités, François Hollande veut voir relancée la scolarisation des enfants de moins de trois ans « dès la rentrée 2013 dans les zones en difficulté ». Selon l’Elysée, ce principe sera ensuite élargi mais pas inscrit dans les objectifs de la loi.

François Hollande a aussi affirmé qu’il avait retenu « le principe du plus de maître que de classe », afin de développer des pédagogies alternatives et le travail en petits groupes, en priorités dans les territoires défavorisés.

Enfin le président a repris à son compte les « propositions sur les redoublements, qui ne sont pas toujours utiles et doivent être limités, sur la notation, dont l’objet précieux, nécessaire est d’indiquer un niveau plus que de sanctionner et sur les devoirs qui doivent pouvoir être faits dans l’établissement plutôt qu’à la maison si on veut accompagner les enfants et rétablir l’égalité. »

Enfin « l’école du futur » voulue par le chef l’Etat accorde une place importante au numérique. « Cela suppose de former les enseignants et de mettre à disposition non seulement les matériels mais aussi les ressources et les réseaux », a-t-il développé. L’Elysée a précisé que, dans le budget 2013, 10 millions d’euros étaient fléchés pour ces priorités qui permettront de développer des équipements et de créer des contenus.

Le Ministre de l’Education Vincent Peillon avait lancé le 5 juillet 2012 la concertation sur la refondation de l’école, promise par François Hollande durant la campagne. Selon l’agenda donné par le Président de la République, des discussions vont être engagées « dans les jours qui suivront » et un texte de loi doit être présenté en conseil des ministres « avant la fin de l’année ».

Le ministre présidera, jeudi 11 octobre 2012, une réunion extraordinaire du Conseil Supérieur de l’Education.

(Sipa / 09.10.2012 18h59)

Concertation sur l’école : le compte n’y est pas ! 

Sociologue, Choukri Ben Ayed critique le rapport de la concertation. Pour lui, la refondation prolonge les politiques libérales des gouvernements précédents. Le rapport reste dans des formules vagues par exemple quand il évoque « les pratiques pédagogiques dites efficaces ». La co-éducation avec les collectivités territoriales est aussi présentée comme un élément de creusement des inégalités.

cla23 ECOLE dans REFLEXIONS PERSONNELLESAprès une phase dense de concertation sur l’école, le Comité de Pilotage a remis sa copie. Il nous est ainsi permis de réagir, même si l’exercice n’est pas aisé en raison de la nature un peu particulière du texte à mi-chemin entre la concertation elle-même et la future proposition de loi. Nous sommes tentés de souligner le caractère participatif de la démarche (bien que dans un cadre bien prédéfini par les thèmes retenus), de nous réjouir également de voir abandonné le langage agressif qui caractérisait la période précédente. Pour autant les doutes et les réserves ne sont pas dissipés.

Les doutes d’abord: n’y a-t-il pas contradiction à louer les vertus d’une concertation inédite par son ampleur et d’annoncer un calendrier aussi étriqué pour la rédaction de la loi d’orientation qui en sera issue ? Quant aux réserves, nous abordons à présent le fond du texte.

L’avenir de l’école appelle un projet éducatif ambitieux et non une simple action publique réformée

Dès l’entrée en matière du texte on ressent une certaine gêne. Si le thème des inégalités est mis en exergue, pourquoi n’avoir retenu que des données de cadrage de PISA ? Ignorées donc les enquêtes nationales plus fines mettant l’accent sur la source des inégalités en France et sur leur caractère cumulatif tout au long de la scolarité ? En second lieu, et c’est sûrement le point d’achoppement, on ne trouve pas de critique en règle sur le fond des réformes menées sous l’ancien gouvernement. Les déboires de l’école seraient uniquement liés à un mauvais pilotage de ces réformes, une mauvaise organisation, un mauvais ordonnancement, une « mauvaise conduite du changement ». Le lecteur avisé y trouve là des références implicites à certaines théories de la science politique qui autorisent le glissement de sens du registre de la « politique éducative » à « l’action publique éducative ».

La notion d’action publique fait référence à une conception techniciste et managériale des réformes, alors que la notion de politique éducative mobilise une acception beaucoup plus ambitieuse et potentiellement portée par une vision humaniste. L’école aujourd’hui a besoin d’un projet de très grande ampleur et d’une rupture radicale avec la période précédente. Naguère nous tombions tous à bras raccourcis contre les réformes menées tambour battant, il n’est pas trop tard pour assumer ces critiques et abroger les dispositions prises. Une telle entrée en matière du texte aurait eu le mérite de clarifier les choses.

Mais la critique nécessaire fait place à une rhétorique du changement à l’aune de formules générales et convenues : « l’école doit changer car le monde change », « l’école doit rentrer dans la modernité », ou bien des critiques un peu éloignées des réformes elles-mêmes déplorant qui les mutations des cultures juvéniles, qui la communication, qui l’individualisme etc. Dont acte. Mais que dire des évolutions problématiques de l’école elle-même : doxa de l’utilitarisme, du néo-libéralisme, de la concurrence ? Certes ce dernier point est évoqué mais quelle action volontariste lui est opposée ? Suppression des palmarès et des classements ? Non. Suppression des logiques d’autonomie des établissements ? Non. De la situation spécifique de l’enseignement privé ? Non. Tout juste l’idée d’une nouvelle forme d’évaluation détachée des logiques concurrentielles qui reste d’ailleurs à clarifier.

Comment réduire les inégalités ?

Vrais problèmes et solutions limitées

Nous touchons là probablement au cœur du texte. La continuité avec les orientations politico-idéologiques précédentes se confirme. Le socle commun de connaissances, directement issu de la loi Fillon de 2005, n’est pas remis en cause. Il est au contraire fortement revendiqué. Seule sa simplification est annoncée : quelle simplification ?  C’est même lui qui conduirait la réforme des programmes et les épreuves du DNB (Diplôme National du Brevet des Collèges).

Si la perspective de réduction des inégalités est tout à fait louable, et nous devons bien sûr l’encourager, les causes de ces inégalités sont peu analysées. Certes il est nécessaire d’œuvrer pour la pré-scolarisation, et de renforcer l’école primaire. D’accord aussi pour une action volontariste en ce sens au collège. Mais la nature de celle-ci laisse perplexe. Le thème de l’individualisation de l’action pédagogique comme remède à l’échec scolaire, cher à Xavier Darcos et Luc Chatel et qui cristallisait les critiques il y a encore quelques mois, n’est pas ici remis en cause. Il est même récurrent et demeure étroitement lié aux approches psychologisantes et naturalisantes de la difficulté scolaire. On retrouve la rhétorique du précédent gouvernement qui triait les élèves en fonction de leurs goûts, intérêts et autres talents supposés. Le « bien être psychologique », composante de la réussite ne saurait suffire pour éradiquer l’échec scolaire.

Une référence récurrente au « changement de pédagogie » ? Ce changement est indispensable mais le propos demeure bien général. Opposer l’innovation, sans la définir aux « pédagogiques traditionnelles frontales », sans en faire l’analyse, revient à une critique formelle aussi convenue que dépassée des anciens contre les modernes. Qui s’est vraiment donné la peine de comprendre la genèse des pratiques pédagogiques et d’outiller efficacement les enseignants ? Les ESPE (Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education) revendiquées, seront-elles à la hauteur? Le rapport n’apporte au fond que peu de précision sur les pratiques pédagogiques dites « efficaces » sur la façon de les penser et de les transmettre.

Les élèves qui rencontrent des difficultés ont besoin d’un service public fort plutôt que de compassion ou de bienveillance, d’un service public qui en appui sur la recherche universitaire et pédagogique interroge la nature des difficultés rencontrées par les élèves pour y apporter des réponses audacieuses, garantes d’un profond changement.

La co-éducation : pour quoi faire ?

Le thème du partenariat est également très présent. Mais rien de nouveau depuis à présent trois décennies. Ce qui l’est en revanche, c’est la notion de co-éducation qui impliquerait certes les parents d’élèves mais également les entreprises, et ce dès la 6ème, comme le préconisait récemment le Ministre lui-même. N’est-ce pas là la consécration d’une logique utilitariste ? En matière de « gouvernance » la décentralisation (de la formation professionnelle et de l’orientation) est fortement souhaitée ainsi que la contractualisation avec les collectivités locales, tout en revendiquant une action forte de l’Etat : n’est-ce pas contradictoire ? Quel bilan peut-on faire de l’émiettement de l’action éducative depuis trois décennies ? N’y a-t-il pas un lien avec le développement très marqué des inégalités territoriales d’éducation ? Aujourd’hui l’école a besoin de plus ou de moins d’Etat ? D’une simplification de son action ou d’une complexification ? Cette nouvelle phase de décentralisation revendiquée, corrélée à un rapprochement avec le monde de l’entreprise, ne risque-t-elle pas de plonger l’école dans une nouvelle crise dont elle n’a absolument pas besoin aujourd’hui pour se reconstruire ? Il y a à mon sens davantage à perdre qu’à gagner sur ce de terrain.

L’éducation prioritaire et la carte scolaire : les grands oubliés

Ces deux sujets condensent la plus grande surprise du rapport. Si ce dernier souhaite mettre l’accent sur la réduction des inégalités, pourquoi alors reléguer le sujet de l’éducation prioritaire en dernière position ? C’est le cas aussi pour la carte scolaire qui pourtant constituait l’un des symboles de la dérégulation éducative par l’ancien gouvernement.

Ce qui pose problème c’est de cantonner la question du traitement des inégalités les plus vives, ainsi que celle de la sectorisation, aux seuls territoires prioritaires. Il s’agit même d’un contre sens. Ce qui se joue dans ces territoires n’est qu’un révélateur puissant des défaillances d’ensemble de l’école. La concentration des difficultés et les logiques ségrégatives sont le produit de la compétition scolaire généralisée et de l’insuffisance de l’école à assumer la massification scolaire.

Le traitement de ces deux questions appelle des actions d’ensemble et non des approches segmentées et particularistes en allant même jusqu’à proposer d’agir à la seule échelle des établissements. Renoncer à l’idée de zonage territorial fait courir du reste un risque considérable de démobilisation et de déstabilisation des établissements depuis longtemps engagés dans des actions en réseau et d’ouverture sur leur environnement. La priorité est d’éviter que ces établissements ne décrochent davantage et qu’ils ne fassent l’objet d’une stigmatisation renforcée.

Agir contre les inégalités ce n’est pas « triturer » à loisir les zonages prioritaires, c’est aussi poser clairement la question de la politique redistributive en matière d’éducation. A ce titre le rapport aurait été bien inspiré de reprendre à son compte les termes du référé de la Cour des Comptes adressé le 11 juillet 2012 au Ministre de l’Education Nationale et portant sur le traitement des inégalités scolaires. Ce dernier argumentait, en substance, que l’une des causes du renforcement des inégalités de scolarisation est leur absence de prise en compte lors de l’attribution des moyens. C’est donc à un changement radical de paradigme redistributif que le référé appelle de ses vœux.

Il ne s’agit de saupoudrage de moyens supplémentaires au profit de quelques établissements triés sur le volet, mais de s’adresser à tous ceux qui accueillent des élèves en situation objective de désavantage économique, scolaire et culturel. En soulignant le fait que certains territoires scolaires situés dans le haut des hiérarchies concentrent les moyens les plus importants, on peut résumer la préconisation de la Cour par le principe de « donner moins à ceux qui ont plus » et réellement « plus à ceux qui ont moins ». Preuve s’il en est qu’une action volontariste en matière de réduction des inégalités nécessite une vision d’ensemble tant en matière de redistribution des moyens, des postes, que des actions spécifiques à mener, conception bien éloignée donc d’une vision partielle du problème.

Vous avez dit arbitrage ?

Au terme de cette lecture, si nous avons souligné des manques et des points de désaccord nombreux, il est aussi des points d’accord : sur la scolarisation obligatoire à 2 ans, sur la nécessité de réformer la formation des enseignants, sur le rétablissement de la sectorisation (partout ou dans les territoires prioritaires ?), sur la nécessité d’homogénéiser l’offre de formation, sur l’obligation de ne laisser aucun élève sans solution, de redonner un second soufflet à la vie scolaire etc. Cependant faute d’une argumentation beaucoup plus précise, ces propositions, qui étaient « dans l’air du temps » avant la concertation risquent bien d’en rester à l’état d’incantation. Du reste ces dernières cohabitent avec des propositions inquiétantes d’une toute autre obédience politique puisqu’elles s’inscrivent dans la continuité des politiques néo-libérales qui ont plongé l’école dans l’impasse. Refonder l’école ce n’est pas chercher à contenter tout le monde, c’est faire des choix. L’école du peuple supposera des changements de paradigmes radicaux : c’est bien cela que l’on appelle à présent l’arbitrage ?

Choukri Ben Ayed

Sociologue, Professeur à l’Université de Limoges

Chercheur au GRESCO

PRÉSIDENCE

 

DE LA

 

RÉPUBLIQUE

 

______

 

DISCOURS DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

 

 

 

Clôture de la concertation sur l’Ecole

 

 

 

Paris (la Sorbonne) – Mardi 9 octobre 2012

 

 

Monsieur le Premier ministre,

 

 

 

En entrant dans cette salle, je me suis demandé si le Conseil des ministres n’avait pas été délocalisé. Car je retrouve l’ensemble du Gouvernement. Non pas que j’interdise à tous ceux qui ne sont pas encore au gouvernement de le rejoindre à un moment ou à un autre, mais la présence d’autant de ministres témoigne bien de ce que vous avez voulu, Monsieur le Premier ministre. C’est-à-dire engager l’ensemble des administrations, des responsables publics dans la concertation.

 

Je salue ici, les rectrices, les recteurs, les personnels de l’éducation qui ont été représentés et tous ceux qui se sont associés à cette idée lancée en début de mandat qui pouvait donner une nouvelle fois, l’impression que l’on allait parler et non pas décider.

 

La concertation est faite pour qu’il y ait des choix qui soient préparés, et qui ensuite, puissent être considérés comme utiles au pays.

 

Je vous retrouve ce matin dans ce grand amphithéâtre de la Sorbonne, un lieu où il y a eu tant de discours prononcés, tant de cours magistraux délivrés, pour que nous soyons conscients de l’instant que nous vivons. Vous avez voulu tous, participer à cette délibération, nous impliquer dans la décision qui sera prise. Vous l’avez fait  en conscience, parce que vous aviez le sentiment qu’ici se jouait l’essentiel. C’est-à-dire l’avenir.

 

Notre pays s’interroge depuis longtemps, avec plus d’intensité ces derniers mois ou ses derniers jours, sur sa place, son destin. Notre pays veut savoir s‘il a les capacités de surmonter la crise, d’affronter la mondialisation, de tenir son rang dans la compétition. Il s’interroge aussi, sur ses atouts. Est-il capable de vaincre le chômage ? Et de préserver son modèle social ? C’est pour répondre à cette interrogation première que le Gouvernement de Jean-Marc AYRAULT a engagé le redressement. Dans ce redressement, il y a la formation, la qualification, l’instruction, l’éducation. En d’autres termes, une école de haute qualité.

 

Notre pays s’inquiète aussi pour sa cohésion nationale, les conditions de la vie en commun, pour le lien civique. Chacun mesure les dangers du défaut d’intégration, du déclassement et des ruptures de toutes sortes qui peuvent déboucher sur des violences. Et là encore, beaucoup de Français attendent de l’éducation nationale, de ce qu’elle peut offrir comme garantie, comme sécurité, comme bien-être. Chaque fois que cette Education Nationale connaît un échec, subit une agression, peine à atteindre ses objectifs, c’est tout le pacte républicain qui est mis à mal.

 

Depuis l’invention même de la République, la France a toujours eu un rapport fusionnel avec son école. Dès la Révolution Française, c’est à Condorcet qu’il est demandé de travailler sur l’école. Lorsque le République est rétablie, après le Second Empire, c’est à Jules FERRY qu’il échoit cette belle mission d’engager l’avenir de l’école dans la République. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, quand il s’agit de reconstruire, c’est à Paul LANGEVIN et Henri WALLON qu’il est demandé, une nouvelle fois, de penser l’école et aujourd’hui encore, nous avons à le faire.

 

La France a toujours eu un rapport passionné avec son école, puisqu’elle fait de l’enfant un citoyen en devenir, lui apprend à vivre en société, à en connaître les règles notamment celles de la laïcité, à en accepter les contraintes. La première vocation de l’école c’est de transmettre un savoir, une connaissance, mais c’est aussi de donner le goût d’apprendre, d’éveiller à la culture et de cultiver aussi l’esprit civique. Bref, son rôle est de parvenir, génération après génération, à conforter la Nation. C’est pourquoi j’ai donné mon plein accord au projet d’enseigner la morale laïque. Ce n’est pas vouloir enrégimenter, imposer des dogmes, une orthodoxie, une raison d’Etat : c’est l’inverse. C’est permettre à chacun de construire sa vie en liberté dans le respect de celle de tous les autres. Nous mesurons bien, face aux dérives que nous connaissons, à quel point il nous faut être intransigeants et déterminés sur nos valeurs. Tout commence par l’école.

 

Elle est le lieu-même où se prépare la France de demain. Faire progresser l’école, c’est faire avancer la France. Un projet éducatif est, par définition, un projet de société.

 

C’est dans cet esprit que j’ai annoncé, non pas une réforme, mais une refondation de l’école.

 

J’ai pris un engagement devant les Français et rien ne m’en détournera : c’est la priorité éducative.

 

Pourquoi cette priorité ? Pourquoi cet engagement ?

 

Parce que j’ai une conviction et vous la partagez : l’investissement dans l’éducation est la meilleure façon de répondre aux grands enjeux de notre pays : le redressement économique, la cohésion nationale, la promesse républicaine.

 

Aujourd’hui, l’école n’est pas encore suffisamment préparée à de tels défis. Elle a subi tant de réformes qui l’ont davantage accablée que confortée. Elle a vécu douloureusement tant de mises en cause, d’accusations, de mauvais procès : trop lourde, trop chère, trop immobile. Elle a été tellement amoindrie dans ses budgets, asséchée dans ses recrutements, affaiblie dans ses prérogatives, qu’elle a forcément affronté avec de plus en plus de difficultés les missions qui lui ont été confiées.

 

Et dans le même temps, elle accueille aussi en son sein les problèmes de la société française : les ruptures familiales, la violence, la pauvreté, les difficultés de l’intégration, les discriminations. Elle a fait face

 

Et pourtant, malgré ce contexte, cela a été rappelé, l’école a été capable de très belles réussites. L’accès de tous à l’éducation s’est élargi, le nombre de bacheliers a progressé chaque année, des établissements – même dans des zones réputées fragiles ou en tension – connaissent des performances remarquables, qui sont saluées comme des exemples, ici en France et à l’étranger. Nous avons été capables de conjuguer l’excellence avec la massification.

 

Mais l’école connaît aussi des échecs. Regardons la réalité en face. La France est l’un des pays où l’écart de résultats entre les élèves de statuts sociaux favorisés et défavorisés est le plus important des pays de l’OCDE.

 

La réalité, c’est que trop d’élèves, à la fin de l’école primaire ne maîtrisent pas les connaissances de base.

 

La réalité c’est que les inégalités territoriales se sont creusées le taux de réussite de l’Académie de Créteil est inférieur à celui de Nantes.

 

La réalité, c’est également que l’école peine à prendre en compte les mutations profondes de notre société, y compris les nouvelles technologies. La réalité, c’est que trop de jeunes sortent du système éducatif sans diplôme ni qualification, vous les avez chiffrés à 140 000, 140 000 dans une génération sans le passeport d’un diplôme, sans la fierté d’avoir obtenu un résultat au terme d’un parcours scolaire et qui connaissent l’échec, forcement l’échec, au lendemain de la sortie du système éducatif.

 

La réalité, c’est le décrochage, formule nouvelle qui s’est introduite dans le débat mais qui renvoie à une vérité, c’est-à-dire une sortie, avant même la fin de la scolarité obligatoire. Echec humain insupportable, mais aussi un gâchis économique, risque social.

 

Alors si nous partageons ce constat – celui que vous avez dressé, d’une école qui a été capable de réussir, alors même que lui étaient discutés les moyens, d’une école qui a été confrontée à des problèmes lourds de notre société, qui connait aussi des échecs que nous ne pouvons pas accepter -, tirons en la conclusion : l’école doit changer. Ses personnels y sont prêts, et ils le montrent encore en cette rentrée. Les parents l’espèrent, et demandent à s’y impliquer davantage, les élus locaux sont disposés à accompagner les mutations s’ils sont convaincus que c’est dans l’intérêt de l’enfant.

 

Il y faudra du temps et des moyens.

 

Du temps, car je n’ignore rien du scepticisme français, j’entends déjà les voix de ceux qui murmurent : encore une réforme, une de plus. L’éducation nationale a en effet été échaudée. La France aussi. Que d’annonces ont été faites, aussi vite oubliées que solennellement formulées. C’est pourquoi je propose une feuille de route qui donne de la lisibilité aux acteurs et qui assume de donner du temps à la mise en œuvre de la refondation.

 

Du temps mais aussi des moyens, non pas pour céder à la facilité du quantitatif, non pas pour complaire à des catégories, non pas pour réparer les dégâts des choix budgétaires précédents. Des moyens, parce que nos enfants ont besoin, c’est une vérité, de professeurs. C’est dans cet esprit que s’inscrit mon engagement de créer 60 000 postes sur le quinquennat. Dès cette année et malgré les difficultés budgétaires, et pour chacune des cinq années à venir, ce sont près de 10.000 postes qui seront créés.

 

Un tel objectif exige que les étudiants qui ont la volonté de servir leur pays en se consacrant à  l’éducation des enfants puissent le faire. Qu’est-ce qu’une nation qui n’est pas capable de mettre des enseignants devant les élèves et qui décourage les vocations? ça ne peut pas être la France. La France a confiance dans son école. Ce mot de confiance, vous avez souhaité qu’il soit non seulement prononcé, mais traduit. C’est pourquoi j’ai demandé au Gouvernement et au ministre de l’Education Nationale que les conditions d’entrée dans le métier soient améliorées et que des pré-recrutements puissent avoir lieu. C’est ce qui aura lieu, dès janvier prochain, avec 6000 emplois Avenir Professeur et la mise en place, au printemps, d’un deuxième concours et, dès la rentrée 2013, une rentrée progressive dans le métier.Nos enfants ont besoin de professeurs. Ils ont aussi besoin de professeurs bien formés.

 

Enseigner, c’est un métier exigeant, qui expose, parfois durement, à des risques réels, comme l’ont cruellement rappelé les incidents de ces dernières semaines.

 

C’est aussi un métier qui s’apprend. La formation des professeurs sera rétablie. Il ne s’agira pas de revenir aux écoles normales, pas davantage aux IUFM. Nous allons faire du neuf : avec les écoles supérieures du professorat et de l’éducation, autour de l’idée de la professionnalisation.

 

La professionnalisation, à la fois dans les contenus et dans les modalités, avec une vraie place pour les stages pratiques, avec une prise en compte des spécificités comme pour les maîtres de maternelle. La professionnalisation, c’est également celle des concours. Je veux éviter tous les malentendus. Connaître ce métier, c’est d’abord maîtriser sa propre discipline. Mais le savoir, évidemment indispensable, ne peut suffire à préparer les futurs enseignants à la réalité de leur exercice professionnel devant les élèves, qui exige un certain savoir-faire.

 

Voilà la condition indispensable pour refonder l’école : un encadrement plus élevé, des professeurs mieux formés et un budget sanctuarisé. Mais faut-il encore fixer clairement des objectifs.

 

J’en dégage deux principaux :

 

1/ Le premier, c’est la réussite pour tous.

 

Je veux remettre tout simplement, le système à l’endroit et donner la priorité au primaire. Là où sont acquises les bases solides qui détermineront la suite du parcours. Il ne s’agit pas d’imposer les cycles les uns aux autres, il s’agit de prendre les systèmes scolaires dans sa logique même. On l’a dit, on l’écrit depuis des années. Cela n’a pas empêché le sous-investissement chronique et inconséquent dans le premier degré.

 

Aussi, j’assume pleinement, ici devant vous, le choix de cibler les moyens, de les concentrer là où ils seront le plus utiles.

 

D’abord, la scolarisation des enfants de moins de trois ans, qui doit être centrée sur les apprentissages premiers et notamment le langage oral. C’est dans le très jeune âge que se nouent souvent des inégalités qui deviennent rapidement irréversibles. L’école maternelle peut les atténuer et les corriger. Encore doit-elle offrir une scolarisation adaptée à l’âge des enfants et à leurs besoins psychologiques et physiologiques spécifiques. Cette politique s’engagera dès la rentrée 2013 dans les territoires en difficulté.

 

Ensuite, l’école élémentaire, sa mission est de transmettre les premiers éléments des savoirs fondamentaux. Elle doit bénéficier d’une pédagogie nouvelle et de la mise en place du principe du « plus de maîtres que de classes ». Cet apport d’enseignants dans les établissements qui en ont le plus besoin facilitera justement le travail en commun, introduira de nouvelles méthodes de suivi personnalisé des élèves et permettra de prévenir les premiers retards.

 

Je fais miennes vos propositions. Sur les redoublements qui ne sont pas toujours utiles et dont le nombre devra être réduit.

 

Sur la notation, dont l’objet – précieux, nécessaire – est d’indiquer un niveau plutôt que de sanctionner un élève.

 

Egalement sur les devoirs qui doivent être faits dans l’établissement plutôt qu’à la maison si l’on veut accompagner les enfants et rétablir l’égalité.

 

Je veux aussi que soient facilitées les articulations entre les différents niveaux de scolarité, pour assurer une plus grande fluidité des parcours scolaires. C’est un point essentiel. Des expériences existent: elles sont probantes. Je pense à la liaison entre le CM2 et le collège, mais mon propos va au-delà : le passage au lycée général comme professionnel ou technologique, l’accès à l’enseignement supérieur peuvent donner lieu à des transitions parfois trop brutales. La réponse passe par la coopération entre les établissements, l’échange des pratiques, l’ouverture vers d’autres acteurs, l’implication des enseignants. Nous dessinerons ainsi un nouveau visage à l’école avec plus de continuité et moins de ruptures.

 

Le collège est une étape décisive. Son caractère unique est devenu une apparence, pour ne pas dire un faux semblant. Et c’est là que s’accentuent les différences, se marquent les échecs, se concentrent les inégalités, aggravées encore par la mise en cause de la carte scolaire. Je considère que son rôle est d’assurer le socle commun des connaissances. Mais à condition de lui permettre d’organiser plus librement sa pédagogie et ne plus avoir un modèle trop rigide d’organisation pour ses activités.

 

Pour le lycée, je veux insister sur la voie professionnelle à ce stade. Car en ces temps où notre pays doit engager un sursaut productif et conforter son industrie, ma volonté est de valoriser cet enseignement et les diplômes qu’il prépare : depuis le CAP jusqu’à la formation post baccalauréat.

 

Des réformes seront donc nécessaires. J’en vois deux à mener rapidement :

 

-         La complémentarité entre les formations en apprentissage et celles sous statut scolaire

 

-         La définition d’une carte des formations que les régions prépareront en dialogue avec l’Etat.

 

Elles seront utiles pour les élèves, pour l’Etat et aussi pour les entreprises.

 

Plus largement, c’est toute l’orientation des élèves qu’il convient de revoir. L’objectif, c’est de passer d’une orientation subie souvent liée à l’origine sociale, à une orientation choisie débouchant sur une perspective professionnelle et à terme sur un métier.

 

Ce sera le sens du service public régional de l’orientation qui coordonnera les dispositifs existants et qui proposera lorsque c’est nécessaire une deuxième chance.

 

J’ai évoqué le décrochage et je veux regarder cette réalité, là aussi, bien en face. Elle est souvent sous-estimée, parfois niée ou par d’autres stigmatisée, comme l’échec de l’école. Nous devons y répondre. 

 

Ce phénomène a de multiples causes mais il a une seule conséquence : c’est d’abord le retard, le redoublement, puis la sortie prématurée et donc l’abandon.

 

Je propose d’utiliser face au décrochage toute la gamme des instruments, de l’alerte jusqu’au traitement personnalisé à travers un encadrement dans l’établissement, et parfois hors de l’établissement, permettant ensuite un retour. Mais c’est en amont que l’efficacité peut être la plus grande. Je retiens, là encore, une proposition de la concertation : celle d’un référent présent dans les collèges et les lycées professionnels où nous connaissons un fort taux d’absentéisme.

 

Reste la question des inégalités territoriales et donc de la justice. Nous avons des progrès à réaliser. Comment comprendre que selon l’établissement, parfois selon la filière, il y ait la certitude de réussite ou la prévisibilité de l’échec ? Nous devons donc faire en sorte qu’il ne puisse pas y avoir de fatalité et que les établissements ne soient pas marqués comme étant ceux de l’excellence ou ceux du risque.

Le système éducatif a accumulé les dispositifs, souvent résumés à autant d’acronymes plus ou moins heureux : ZEP, Eclair, ZRR et bien d’autres. Et ce faisant, la « labellisation » n’a pas toujours su éviter le piège de la stigmatisation. Nous n’avons pas toujours su bien traiter, dans leur diversité, les difficultés territoriales, qu’elles soient urbaines ou rurales, du fait d’une rigidité souvent excessive, d’une concurrence souvent mal maîtrisée entre les différents « labels », et finalement de priorités qui n’étaient pas assumées.

 

Je préconise une autre approche. Elle est sortie aussi de vos échanges. Celle de « l’aide personnalisée » aux établissements. Il s’agira de différencier, dans le cadre de leur contrat d’objectifs, les moyens en fonction des spécificités territoriales, sociales, et scolaires de chacun des établissements. Cette méthode aura l’avantage, en plus d’associer les collectivités locales, de redonner de la souplesse et d’en terminer avec un système qui s’est essoufflé.

 

Dans le même temps, je propose d’affecter dans les territoires en difficulté, des enseignants expérimentés, sur la base du volontariat et de garantir une grande stabilité des équipes parce que c’est ce qui est le plus efficace. En contrepartie, je suis prêt avec le Premier ministre et le ministre de l’Education nationale à accorder de meilleures conditions de travail pour ceux, celles qui sont confrontés à des situations éprouvantes.

 

Voilà l’enjeu, voilà la règle, voilà la méthode si nous voulons permettre la réussite de tous. Je préfère ce beau mot de réussite que celui de lutter simplement contre l’échec. C’est pour la réussite des enfants, pas simplement contre l’échec, que nous avons à nous mobiliser. Et pour la réussite de tous. Nul ne doit penser que son enfant, parce qu’il n’est pas bien né, parce qu’il n’habite pas le quartier supposé favorisé, parce qu’il n’est pas accompagné, n’a pas de chance de réussir sa vie à travers un parcours scolaire. C’est l’ambition de la République de permettre la réussite de tous et si nous cédons par rapport à cet objectif, alors c’est le pacte que nous avons depuis des générations conclu qui se trouve abîmé et peut-être déchiré.

 

Le second grand enjeu, au-delà de la réussite de tous, c’est de préparer l’école du futur.

 

L’école du futur ça commence par les nouvelles technologies. Je ne veux pas céder à l’illusion du tout numérique, mais il est clair que cette nouvelle donne modifie le rôle de l’enseignant, transforme les savoirs et affecte les pédagogies. Nous pouvons nier le phénomène, il s’impose à nous, il s’introduit même dans les établissements. Il concurrence, y compris la construction des savoirs, et s’il n’y a pas l’esprit critique, des informations douteuses peuvent arriver jusqu’à la conscience des élèves. Le rôle de l’éducation c’est de saisir ces nouvelles technologies et en même temps d’avoir l’esprit critique pour les dominer. Donc nous devrons, vous devrez adapter vos façons de faire et utiliser ces technologies comme un levier de changement, d’ouverture. Cela suppose, là encore, la formation des enseignants et de mettre à disposition les matériels mais aussi les ressources, les réseaux dans chaque établissement. Je demande au Gouvernement de prendre rapidement les initiatives pour donner à ce que l’on appelle l’e-éducation, la dimension qui doit être la sienne. Le Gouvernement donnera tous les moyens pour déployer ces ressources et réussir à relever ce beau défi du numérique. Nous ne manquerons pas le rendez-vous. Et nous devrons inscrire la devise de la République, présente sur les frontons de toutes nos écoles, dans les territoires numériques éducatifs du XXI siècle. La République n’a pas de frontière, elle ne connait pas de limites : le savoir, la connaissance, la curiosité doivent être mises à la disposition de tous.

 

Toujours l’école du futur, c’est celle qui saura conjuguer tradition et modernité à travers l’autonomie des équipes pédagogiques et les initiatives locales. L’éducation nationale, contrairement à bien des préjugés, a fait preuve, toujours, d’une grande capacité d’adaptation, d’innovation, d’expérimentation dès lors que la confiance lui a été accordée.

 

Il ne s’agit pas, de remettre en cause le caractère national de l’éducation. J’y suis profondément attaché comme vous tous. Mais l’uniformité, c’est le contraire de l’égalité. Je veux que, sur l’ensemble de notre territoire, les enseignants, les personnels de l’Education, les chefs d’établissement puissent inventer de nouvelles méthodes, se fixer de nouveaux objectifs, élaborer des instruments pédagogiques. Je souhaite même que les collectivités locales, qui représentent 25% de la dépense intérieure de l’Education, puissent également s’investir et s’impliquer dans ce bel objectif de l’école du futur.

 

L’école du futur, c’est aussi les lieux qui assurent de bonnes conditions de vie, les plus propices pour apprendre, pour comprendre, pour maitriser.

 

Tout commence par la sécurité : si elle n’est pas garantie alors c’est la mission même de l’école qui s’en trouve empêchée. Des premières mesures ont été prises avec la création des assistants de prévention et de sécurité dans un certain nombre d’établissements et dès cette rentrée, la mise en place d’une délégation ministérielle à la lutte contre les violences. Mais l’Etat devra répondre à cette menace de la violence, à cette réalité de la violence en liaison avec tous les acteurs, tous les ministères et avec à la fois vigilance et intransigeance dans l’intérêt même de l’enfant.

 

La santé scolaire a également son rôle à jouer pour dépister, informer, signaler. Faut-il encore qu’on lui renforce un certain nombre de ses moyens car la santé scolaire a été dégradée ces dernières années alors même qu’il y a des risques sanitaires et aussi des trafics qui se sont introduits dans l’école.

 

Ensuite, l’école du futur c’est une école accueillante.

 

L’éducation culturelle, artistique et scientifique s’inscrit dans cette perspective. C’est un enjeu pédagogique car l’éveil artistique valorise les enseignements traditionnels. C’est un enjeu d’épanouissement, de confiance et de fierté de l’élève pour lui-même. L’objectif, c’est de pouvoir à la fin de la mandature avoir été capable de généraliser les programmes d’éducation culturelle de la maternelle à la terminale.

 

Le système éducatif doit être accueillant aussi pour les élèves en situation de handicap. Là aussi je mesure les avancées, elles sont significatives, mais aussi combien le chemin est encore long pour que l’école soit véritablement inclusive. La formation des enseignants intègrera cette dimension. Je considère également comme essentielle la valorisation du métier des personnels, non enseignants, qui accompagnent les élèves handicapés, souvent sans reconnaissance et avec des contrats de travail précaires.

 

Enfin, l’école du futur, c’est celle qui introduit les rythmes scolaires en fonction du besoin des enfants.

 

Je sais les attentes mais aussi les inquiétudes pour une réforme qui touche à la vie quotidienne, non seulement des élèves mais des Français. Il convient désormais d’avancer.

 

Certains points me paraissent aller d’eux-mêmes.

 

D’abord, l’objectif est de permettre aux enfants de faire autant qu’il sera possible leur travail personnel sur le temps d’accueil de l’école.

D’autres évolutions sont sans doute plus délicates. C’est le cas notamment de l’organisation de la journée, de la semaine, selon l’âge des enfants, et là encore nous avons besoin de nous concerter.

 

Pour ma part, je suis favorable au retour à une semaine de neuf demi-journées. Nous ne pouvons pas nous plaindre de la baisse de nos résultats dans les classements internationaux et  ne pas voir que 144 journées de classe par an, alors que nos partenaires européens sont à plus de 180, c’est un handicap et c’est une explication. Cette organisation a conduit, en plus, à surcharger les journées des élèves. La réforme des rythmes scolaires n’est pas la clef de tout, ce n’est pas elle qui va être le sésame pour régler l’ensemble des difficultés que nous connaissons mais c’est le levier de la réussite.  Ce projet exigera que les élèves ne soient pas livrés à eux-mêmes à partir du milieu de l’après-midi et que les inégalités d’accès aux activités éducatives, culturelles ou sportives ne s’en trouvent pas creusées. Donc il y aura à accompagner les élèves dans des activités périscolaires, à développer la pratique culturelle et sportive et à faire l’accompagnement aux devoirs dans l’établissement. Cette réforme de la semaine de 4 jours et demi doit pouvoir être engagée – je dis bien engagée – dès la rentrée 2013.

 

Sur ce sujet majeur, l’Etat prend ses responsabilités. Mais il ne peut pas agir seul. Les collectivités locales seront donc associées dans le cadre des projets éducatifs territoriaux et les personnels également mobilisés.

 

Je veux terminer sur la méthode et sur le calendrier : c’est-à-dire sur le quand et le comment.

 

Dès jeudi, le ministre de l’Education nationale présidera une session extraordinaire du Conseil supérieur de l’éducation. Il présentera les orientations. Dans les jours qui suivront, des discussions vont être engagées, sous sa responsabilité, en liaison étroite avec le Premier ministre, avec les représentants des personnels, des parents d’élèves et des collectivités locales et le travail interministériel sera à ce moment-là mené pour déboucher sur une loi de programmation et d’orientation qui sera présentée en conseil des ministres avant la fin de l’année. Le temps de la décision est venu et le temps de la concertation n’est pas achevé.

 

Le choix de recourir à une loi d’orientation et de programmation a un sens. La refondation de l’école ce n’est pas une décision d’une année, ce n’est pas une facilité budgétaire de circonstances, ce n’est pas un choix qui traduirait simplement un engagement électoral. La refondation de l’école, cela doit être une garantie qu’elle ne sera plus une variable d’ajustement selon les variables budgétaires, que même s’il y a des imprévus – et il y en aura sur le plan financier forcément – rien ne devra remettre en cause l’objectif que nous aurons fixé, les réformes que nous aurons engagées.

 

Nous devons aussi aller vite et je sais l’ampleur des attentes. C’est pourquoi, plusieurs choix seront faits dès 2013.

 

Le premier, c’est le rétablissement de la formation des maîtres. Ce sera chose faite dans les prochains mois puisque les écoles supérieures du professorat et de l’éducation ouvriront à la rentrée 2013.

 

Nous n’attendrons pas non plus pour mettre en œuvre la priorité donnée au primaire, cette réforme  irriguera l’ensemble du système éducatif dans les années à venir.

 

La rentrée 2013 sera également marquée par l’amélioration des rythmes éducatifs, de l’allongement du temps scolaire, de l’allégement de la journée et de la mise en place du temps éducatif complémentaire.

 

De même, sans perdre de temps sera mis en place le service public territorialisé de l’orientation, sera lancée l’ambition numérique et une nouvelle gouvernance plus collégiale permettra de réfléchir au programme et d’évaluer notre école.

 

D’autres chantiers prendront plus de temps. Je pense à la réflexion sur le métier d’enseignant, à la réforme du lycée ou à la construction du parcours éducatif et en particulier la liaison entre école et collège. Mais la loi de programmation sera une étape décisive pour la refondation de l’école.

 

J’ajoute que les textes, qui seront donc votés prochainement, devront être  mis en œuvre promptement. J’invite le ministre de l’Education à veiller au suivi des mesures. Une grande ambition peut être gâchée, en tous cas tourmentée, par des détails qui viennent lui nuire et parfois la limiter. Il faut avoir dans ces choses à la fois de grandes idées et aussi la passion des détails.

 

Mesdames et Messieurs,

 

Quand je vous parle de l’école, de notre école, je le fais avec respect dû à son histoire, qui est une histoire glorieuse qui se confond, je l’ai dit, avec la République. Je le fais aussi pour ces milliers de dévouements anonymes, de ces hommes et de ces femmes qui ont agi pour nous instruire et qui le font encore, pour tous ceux qui nous ont légué ce bien inestimable qui est notre éducation nationale, et pour tous ceux, enseignants, personnels de l’éducation qui en maintiennent encore l’exigence et la flamme. Je veux au nom de la Nation tout entière, exprimer à tous ces personnels d’hier et d’aujourd’hui, ma reconnaissance et dire à tous ces jeunes qui ont la vocation de servir leur pays en devenant enseignants ou agents de l’école publique, qu’ils seront les bienvenus, qu’ils seront attendus, qu’ils seront utiles au redressement de la France.

 

Je pense aussi à tous ces enseignants, ces maîtres qui, à un moment dans une classe, ont identifié une jeune fille, un jeune garçon doués de plus de talent que les autres, qui l’ont associé au travail de la classe et qui en même temps ont espéré que celui-ci ou celle-là finissent avec un destin exceptionnel. Et quelle plus grande fierté pour un maître, un enseignant que de savoir que l’un de ses élèves a pu devenir prix Nobel de physique. C’est le cas aujourd’hui pour Serge HAROCHE qui vient d’être récompensé.

 

Mesdames, Messieurs,

 

La France traverse une période économique difficile. On ne lui annonce pas des prévisions exceptionnelles et elle n’a pas hérité non plus d’un bilan exceptionnel. Les Français sont donc inquiets, le chômage est en hausse constante depuis 16 mois, la croissance est au ralenti, l’endettement public atteint un niveau record. Quelle est notre mission ? Redresser les comptes publics sûrement, redresser la production nécessairement, mais j’allais dire ce qu’il faut redresser, c’est l’espoir, c’est la conviction que notre pays peut y compris dans ce moment être au meilleur de lui-même. Ma mission, c’est de faire les choix qui répondent à l’urgence, elle est là, elle s’impose à nous, mais c’est aussi de préparer l’avenir. Un avenir qui depuis tant d’années a été sacrifié parce qu’à la dette financière que nous connaissons, s’est ajoutée une dette éducative qui devient une dette morale. J’ai voulu placer la jeunesse au cœur de mon mandat en faisant de l’école la priorité de mon quinquennat. Je suis devant vous pour réaffirmer le droit à l’espérance, pour montrer l’horizon, pour définir le but et je vous annonce que la voie la plus rapide pour renouer la promesse républicaine, pour que demain soit meilleur qu’aujourd’hui, la voie la plus rapide, c’est l’école, c’est l’éducation. Le redressement, il exige de la clarté, de la vérité, dire les choses telles qu’elles sont, de la justice dans les choix qu’il convient de faire mais le redressement exige aussi le rassemblement. Il n’y a pas plus beau projet pour rassembler notre pays que l’école du futur, tel est mon cap, tel est le contrat que j’ai passé avec mes concitoyens avec vous. Rien ne m’en détournera parce que si je veux à ce point la réussite de tous les enfants de France, c’est parce qu’ils sont nos enfants et que nous avons des devoirs à leur égard, parce que je veux à travers la réussite des enfants, la réussite de la France tout entière. C’est pourquoi, je crois à l’école, à la République et à la France.

 

Merci.

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 9 octobre, 2012 |Pas de commentaires »

DES ENFANTS POURCHASSES, VIOLENTES ET HUMILIES PAR LA POLICE (Philippe ALAIN)

Des enfants pourchassés, violentés et humiliés par la police

DES ENFANTS POURCHASSES, VIOLENTES ET HUMILIES PAR LA POLICE (Philippe ALAIN) dans REFLEXIONS PERSONNELLES despoliciersnancy20090511 (Philippe ALAIN) 

Arrestations violentes, menottage, chantage, absence d’avocat, palpations intimes … Certains policiers s’acharnent contre les enfants des rues au lieu de les protéger.

« Enlève ton soutien-gorge, mets les mains contre le mur et écarte les jambes » :

Maria et Monika (1) ont respectivement 14 ans et 12 ans. Alors qu’elles sont dans la gare de Lyon Part Dieu en cette fin de juillet 2012 ensoleillée, elles sont interpellées par 2 policiers et conduites au poste de police. C’est devenu de la routine. Le Président de la République a changé mais ni les préfets ni les procureurs. Les consignes sont les mêmes depuis le discours de Grenoble de Sarkozy et la course aux chiffres continue, il faut interpeller tout ce qui bouge et particulièrement les enfants qui font la manche pour survivre. Au poste de police, on leur demande de vider leurs poches et de décliner leur identité. La maman de Monika qui passe devant le poste voit sa fille et rentre pour la réclamer. En guise de réponse, on lui demande son passeport où figure l’identité de l’enfant, un policier en fait une photocopie, lui rend et lui ordonne fermement de partir sans lui donner aucune indication sur le sort réservé à sa fille. A ce moment là, la police est donc parfaitement au courant de l’âge de Monika et sait qu’elle a 12 ans. Un policier passe alors un coup de fil et l’attente se prolonge. Au bout d’une trentaine de minutes, un autre policier attrape les enfants par les bras et les emmène vers une voiture pour les conduire à l’hôtel de police. Maria témoigne : « Il me serrait fort par le bras. Quand je lui ai dit qu’il me faisait mal, il a serré encore plus fort. » Arrivés à l’hôtel de police, rue Marius Berliet, les enfants descendent de voiture : « Le policier nous a demandé si on avait de l’argent sur nous. J’ai dit que non. Il m’a dit que si jamais sa collègue en trouvait, il nous mettrait en garde à vue. (NDLR : la garde à vue est interdite sur les mineurs de moins de 13 ans) On a marché quelques mètres et il a recommencé à me demander si j’avais de l’argent sur moi. Il m’a dit que c’était mieux de le donner tout de suite sinon, il y aurait des problèmes. Je ne sais pas pourquoi, il m’a demandé plusieurs fois si j’avais de l’argent sur moi en répétant que si je ne le donnais pas, il me mettrait en garde à vue. » Une fois dans le bâtiment, les deux enfants sont amenés dans une salle : « une grande salle avec des murs sales et des mégots par terre. La porte, en fait, c’était une grille avec des barreaux qui s’ouvrait et se fermait en glissant. »

Ce qui se passe ensuite est assez ahurissant. Le récit s’appuie sur le témoignage écrit de Maria, 14 ans. Il est livré tel quel, la scène s’étant déroulée sans témoin : « Ils sont venus prendre ma copine et je suis restée seule dans la salle. Une femme policier en uniforme est arrivée. Elle était brune, elle avait une queue de cheval, des yeux noirs et des gants blancs. Elle m’a dit bonjour, je lui ai dit bonjour. Elle m’a dit d’enlever mon t-shirt, j’ai enlevé mon t-shirt. Ensuite, elle m’a demandé de retirer mon soutien-gorge. J’ai enlevé mon soutien-gorge. Elle l’a regardé dans tous les sens et puis elle l’a posé sur un banc. Je lui ai demandé si je pouvait me rhabiller. Elle m’a dit que non, que je pouvais juste remettre mon soutien gorge. Ensuite, la femme policier m’a dit de me tourner, de mettre les deux mains contre le mur et d’écarter les jambes. J’avais une jupe courte. Elle a relevé la jupe jusqu’au dessus de ma culotte et elle a commencé à mettre ses deux mains sur mon mollet et à remonter. Elle a continué à me tapoter la peau avec ses deux mains en remontant, la jambe, le genou, la cuisse. Quand elle a mis sa main au niveau de mon sexe, j’ai sursauté tellement j’étais surprise, j’ai dit : aïe, vous me faites mal, madame, j’ai mes règles. Elle m’a dit : je m’en fous, j’ai des gants. Elle a du sentir que j’avais une serviette hygiénique parce que moi, j’ai bien senti sa main. Ensuite elle a recommencé avec l’autre jambe. Depuis le bas, jusqu’en haut. C’était insupportable. A la fin, elle m’a dit, c’est bon, tu peux te rhabiller. Je n’ai toujours pas compris pourquoi elle avait fait ça. Ca se voyait que j’avais rien sur moi. C’est comme si elle cherchait quelque chose sous ma peau… »

L’histoire sordide se terminera quelques heures plus tard par une audition. « Un policier en civil m’a emmené dans un bureau. Il m’a demandé où j’habitais, comment s’appelaient mes parents, où ils étaient. Il m’a demandé si les autres policiers m’avaient mis des menottes. J’ai dit que non. C’était long. Le papier faisait 2 pages. A la fin, il m’a dit de signer. Je ne savais pas ce qui était écrit. J’ai juste vu écrit : procès verbal. J’ai signé, je n’avais pas le choix. Après, on est allé chercher ma copine. Elle ne voulait pas signer la feuille. Ils lui ont dit que si elle ne signait pas, ils ne la laisseraient pas sortir. A la fin, elle a signé. » Plus de 3 heures après avoir été interpellées à la gare de La Part-Dieu, les deux filles sortent donc de l’hôtel de police, relâchées dans la nature. Monika, 12 ans, aurait simplement subi une palpation sur tout le corps, y compris les seins, mais pas de mise à nue. Maria elle, est sortie très choquée. A aucun moment leurs parents n’ont été prévenus, elles n’ont vu ni médecin, ni avocat.

Selon une source policière qui souhaite garder l’anonymat, l’absence de médecin et d’avocat serait normale car les enfants « n’ont pas été contraints ». Ils seraient « venus de leur plein gré » pour une « audition libre ». En ce qui concerne la fouille à nu, c’est impossible, selon la police, car interdit depuis mai 2011.

Menotté à 12 ans, le bras en sang :

Quelques jours auparavant, une autre histoire impossible s’était produite, mettant encore une fois en cause le comportement de certains policiers. Le récit des événements s’appuie sur le témoignage de l’enfant et de différents témoins. Roman (1) a 12 ans. Il fait la manche dans le métro en fin d’après-midi quand il aborde une passante qui le repousse. Probablement surpris par la réaction de la femme et se sentant agressé, il la pousse également et lui donne une tape au moment où elle se retourne pour partir. La main de l’enfant atterrit sur la partie postérieure de la dame. L’histoire aurait pu s’arrêter là. L’enfant n’a pas eu ce qu’il voulait et la femme a courageusement repoussé une tentative d’extorsion de quelques centimes par un enfant des rues qui faisait appel à sa générosité. Mais en réalité, l’histoire ne s’arrête pas là. Elle ne fait que commencer. A l’affût comme des chasseurs de gros gibiers, 3 policiers en civil surgissent et se précipitent sur l’enfant. Roman n’est pas vraiment un colosse. Il est même plutôt petit pour son âge. Il mesure 1m40 et pèse 45 kilos. Un de nos héros policiers sauveur de dame en détresse saute courageusement sur Roman et le projette contre un portillon en verre sécurit qui explose sous le choc. L’enfant a le bras en sang. Toute la scène est filmée par les caméras de surveillance.

L’un des témoins raconte : « J’ai vu les policiers le traîner dans un coin à l’abri des regards. Beaucoup de sang coulait par terre. Un des policiers est parti en courant et les autres ont emmené le gamin derrière la porte qui donne sur les taxis. » Des copains de Roman essayent de pousser la porte pour rester près de lui. Ils sont violemment repoussés par les policiers qui se sentent probablement en grand danger face à deux enfants d’une quinzaine d’années. Les policiers mettent alors les menottes à Roman. Son bras ruisselle de sang, des traces sont encore visibles sur le sol plusieurs jours après les évènements. Ils le conduisent au poste de police de la gare. Ouf, mission accomplie pour nos gardiens de la paix. On est impatient de lire le rapport de police et leur version des faits. Pourquoi pas accuser le gamin d’agression sexuelle et de violences ? Qu’est ce qu’ils ne feraient pas pour gonfler les statistiques… La course aux chiffres devait disparaître, mais comme pour beaucoup de choses, le changement, c’est pas pour maintenant… Au poste de police, les policiers refusent d’abord à la famille de rentrer et puis ils laissent finalement passer la mère. Elle en ressort le passeport déchiré. A cet instant, les policiers connaissent l’âge de Roman et doivent donc en principe connaître également les procédures à respecter. Face à la blessure de l’enfant qui continue de saigner, les pompiers sont appelés et procèdent aux premiers soins. Puis les policiers décident de conduire l’enfant à l’hôtel de police sous les yeux de sa mère en larmes. La maman témoigne : « les policiers ont donné un coup de pied dans ma poussette avec le bébé et ils ont emmené mon fils avec les menottes et en le tenant par la gorge. Ils m’ont dit : dégage, ferme là… »

A l’hôtel de police, Roman est placé dans la salle de garde à vue. Ici encore, les parents ne sont pas prévenus et pour cause, les policiers venaient d’écarter violemment la mère pour qu’elle ne reste pas avec son fils quelques instants auparavant. Ici encore, aucun avocat n’est appelé, ce qui constitue une violation des droits de l’enfant. Cette fois, en revanche, en ce qui concerne le médecin, on ne peut pas reprocher aux policiers d’avoir négligé l’aspect médical puisqu’ils décident de conduire l’enfant aux urgences. Les policiers déclarent alors au médecin que l’enfant s’est blessé en tapant dans un vitre. Ils ressortent de l’hôpital avec une radio rassurante du bras et un certificat médical qui disparaîtra mystérieusement du dossier. Au milieu de la nuit, les policiers emmènent Roman dans un foyer pour mineurs en disant qu’il a été trouvé à la rue, sans ses parents. Ses parents eux, paniqués, ne dormiront pas de la nuit, ne sachant pas où se trouve leur fils. Le lendemain ils retrouveront Roman traumatisé qui parle très peu. Son corps porte les stigmates de l’interpellation violente dont il a fait l’objet la veille : son avant bras est entouré par un large pansement et son poignet est noirci par les traces des menottes.

Plus de 4 jours après les faits, un médecin constate : « l’avant-bras présente au tiers moyen des plaies en cours de cicatrisation et des ecchymoses du derme profond. Le poignet est aussi porteur de plaies en cours de cicatrisation et porteur de traces de striction. L’enfant se plaint d’avoir été très serré dans des menottes. »

La loi, pourtant très claire, est violée :

L’article 4 de l’ordonnance n° 45-174 du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante, récemment modifiée par les lois Perben I et II est le texte de référence concernant la garde à vue ou la mise en retenue des enfants mineurs. (2)

Avant 10 ans, aucune mesure de retenue n’est possible sur un enfant.

Entre 10 ans et 13 ans, l’enfant ne peut être placé en garde à vue, mais il peut être « retenu », on appréciera la nuance, pour les besoins d’une enquête. Pour être retenu, il faut 2 conditions. La première est que le mineur soit soupçonné d’un crime ou d’un délit que la loi punit d’une peine d’au moins 5 ans de prison. Par exemple un vol avec violences ou une agression sexuelle. La seconde condition est qu’un magistrat : juge ou Procureur de la République autorise la mise en rétention de l’enfant. L’enfant peut alors être retenu 12 heures, renouvelables une fois. Dans le cas où les deux conditions contre le mineur sont réunies et que la mesure de retenue est appliquée, elle doit forcément être accompagnée de 3 mesures : 
puce-8130d DISCRIMINATIONS dans REFLEXIONS PERSONNELLES Les parents doivent être immédiatement prévenus 
puce-8130d ENFANTS Un médecin doit examiner l’enfant afin de s’assurer que son état de santé est compatible avec la rétention 
puce-8130d FRANCE Un avocat soit s’entretenir avec l’enfant

Entre 13 ans et 16 ans, la garde à vue est possible, y compris quand le mineur est soupçonné d’une simple infraction. Les conditions sont à peu près les mêmes que pour l’enfant de moins de 13 ans, à ceci près que l’avocat n’est obligatoire qu’à la demande de l’enfant ou de ses parents.

Enfin, la loi est également très claire en ce qui concerne les auditions des enfants. Les interrogatoires des mineurs placés en garde à vue font l’objet d’un enregistrement audiovisuel.

Le chantage à la garde à vue pour contourner la loi

Lors de la réforme de la procédure de la garde à vue, on se rappelle tous de la levée de boucliers des syndicats de police qui nous expliquaient en substance que la présence d’un avocat dès le début des gardes à vue allait compliquer leur travail. Et bien, ils ont trouvé la parade… Elle s’appelle l’audition libre. L’audition libre est une procédure sans contrainte au cours de laquelle une personne est entendue par les services de police. Plus besoin de notifier la mise en placement, plus besoin de notifier de droits, plus besoin de médecin, plus besoin d’avocat. C’est magique, non ? Lors d’une interpellation, les policiers procèdent donc souvent à un chantage pour contourner la loi et les garanties que le législateur a voulu donner aux citoyens. Le chantage est simple : soit vous nous suivez volontairement pour une audition libre, soit vous refusez et nous vous mettons en garde à vue.

Sauf que… Dans les cas des 3 enfants, il y a bel et bien violation de la loi. Pour un mineur de moins de 13 ans, en dehors d’une procédure de vérification d’identité, ce qui n’était pas le cas puisqu’une copie des papiers d’identité était en possession des policiers, on est forcément dans le cadre d’une procédure de retenue. Et lorsqu’on procède à la retenue d’un mineur de moins de 13 ans… On rentre dans le cadre de l’article 4 de la loi du 2 février 45 modifiée par la loi du 4 avril 2011. Par conséquent, les parents auraient dû être prévenus de la retenue, les enfants auraient dû être vus par un médecin et ils auraient dû s’entretenir avec un avocat. Pour Maria, qui elle a moins de 15 ans, l’absence de contrainte et le fait qu’elle soit venue « de son plein gré » est totalement contradictoire avec ses déclarations. Elle est formelle, elle a été emmenée à la voiture de police tenue par le bras et donc contrainte et forcée. La police pourrait prétexter pour elle qu’il s’agissait d’une mesure de vérification d’identité, mais alors pourquoi avoir procédé à une mise à nu partielle et à une fouille à même la peau ? S’agirait-il d’une nouvelle technique pour vérifier l’identité d’un mineur ? D’autre part, à qui fera-t-on croire que deux filles de 12 ans et 14 ans se sont rendues de leur plein gré à l’hôtel de police de Lyon en plein après-midi ? Vous imaginez le tableau ? Tiens, on ne sait pas quoi faire, on s’embête un peu, il n’y a pas école, et si on allait faire un tour à l’hôtel de police pour se faire palper à nu par une femme policier… Enfin, le cas de Roman est pire encore puisqu’il a été menotté et emmené par un policier qui le tenait par une clé de bras autour du cou. Si ça, ce n’est pas de la contrainte, il faudra nous expliquer. Décidément, la police possède un langage bien à elle qui n’est pas vraiment le même que celui du simple citoyen.

La mise à nu et les palpations des parties intimes

Les cas de mises à nu abusives se sont multipliés ces dernières années. On rappellera simplement quelques exemples comme celui de ce couple de retraités de 70 ans convoqué à un commissariat et dont la femme « a dû se déshabiller complètement, sous-vêtements compris, tandis que son mari a été palpé en slip et en t-shirt. » (3) Ou encore cet homme de 63 ans arrêté pour défaut de permis de conduire et fouillé à nu 3 fois. (4) Même si depuis juin 2011, un arrêté (5) précise que la fouille intégrale avec mise à nu complète est interdite, il existe un lourd passif concernant le recours abusif des fouilles à nu par des policiers. Dans un rapport publié en janvier 2012 concernant les contrôles d’identité à l’encontre des jeunes issus des minorités, Human Rights Watch dénonce certaines pratiques policières notamment à Lyon : « Ils nous touchent de plus en plus les parties intimes », témoigne un jeune homme. L’organisation internationale regrette notamment l’absence de règles spécifiques concernant les palpations corporelles sur les enfants. (6) En ce qui concerne le témoignage de Maria, la police niera peut-être tout en bloc, à moins qu’elle ne joue sur les mots en parlant de mise à nu partielle et donc autorisée. Il restera néanmoins à expliquer les palpations à même la peau car les déclarations de jeune fille sont très choquantes. S’il ne s’agissait pas d’un policier, on pourrait parler à minima d’attouchements à caractère sexuel. D’autre part, quel est l’intérêt pour la police de procéder à des palpations sur les jambes de l’enfant, en partant des mollets et en remontant jusqu’à l’entrejambes à même la peau ? De nombreux autres cas de palpations à même la peau ont également été recensés. Une palpation sert à s’assurer que rien n’est dissimulé, non ? Sur une chemise, un jean, un pantalon, cela à un sens, mais à même la peau ? Quel est donc le but poursuivi par les policiers lors de ces palpations ? Mais au-delà de ces questions, ce qui est profondément choquant et inadmissible, c’est qu’en France, dans un pays démocratique qui vient d’élire un président socialiste, un citoyen et à fortiori un enfant mineur puisse se retrouver seul dans une salle avec un policier qui lui demande de se déshabiller et que ce dernier puisse procéder à des palpations sur son corps, à travers des vêtements ou à même la peau, sans personne pour contrôler ce qui se passe. Ni médecin, ni avocat, ni même aucun autre témoin. Combien de mineurs ont-ils été ainsi palpés, touchés, humiliés ? Combien de plaintes ont été déposées ? De quels moyens les parents disposent-ils pour prouver la véracité des faits avancés par leurs enfants ? C’est parole contre parole… Et on sait ce que cela signifie face à un fonctionnaire de police assermenté.

La méconnaissance du code de déontologie de la police :

En juin 2012, le Défenseur des Droits a remis son rapport à François Hollande. Il fait état de violences policières persistantes : menottage systématique, insultes, brutalités entraînant parfois la mort. Alors que le nombre global de dossiers reçus dans les quatre domaines d’activité du Défenseur a baissé de plus de 3 %, les plaintes concernant la déontologie de la sécurité ont explosé avec une augmentation de 96 %. (7) Garde à vue qui ne dit pas son nom et masquée par une prétendue audition libre à laquelle on emmène les enfants manu militari, usage des menottes sur un enfant de 12 ans, mise à l’écart des parents, fouille à nu partielle, palpations à même la peau, obligation faite aux enfants de signer des procès verbaux qu’ils ne comprennent pas, absence d’avocat, absence d’examen médical, absence d’enregistrement video des auditions… En plus d’une violation de la loi pour certaines d’entre elles, toutes ces dérives constituent très clairement une violation du code de déontologie de la police qui précise notamment dans son article 10 : « Toute personne appréhendée est placée sous la responsabilité et la protection de la police ; elle ne doit subir, de la part des fonctionnaires de police ou de tiers, aucune violence ni aucun traitement inhumain ou dégradant. » (8) Cet article précise en outre : « Le fonctionnaire de police qui serait témoin d’agissements prohibés par le présent article engage sa responsabilité disciplinaire s’il n’entreprend rien pour les faire cesser ou néglige de les porter à la connaissance de l’autorité compétente. » Ironie de l’histoire, le code de déontologie de la police date du 18 mars 1986. Elle est signée par un certain Laurent Fabius, Premier Ministre de l’époque et Pierre Joxe, Ministre de l’Intérieur. 26 années se sont écoulées depuis. Laurent Fabius est à nouveau en responsabilité aux plus hautes fonctions de l’Etat. Quant à Pierre Joxe, il exerce une activité d’avocat spécialisé dans le droit des enfants. On espère qu’ils se pencheront, ainsi que le gouvernement, sur ces exemples qui ne sont ni des exceptions, ni l’apanage de la police. Dans un article mis en ligne en septembre 2012, Louise Fessard dénonce également dans Médiapart les pratiques illégales de certains gendarmes contre des enfants roms. (9)

On imagine l’effet destructeur de ce genre de traitement sur des enfants qui subissent des traumatismes à la fois physiques et psychologiques. Ces pratiques sont d’autant plus scandaleuses qu’elles sont commises par des agents dépositaires de l’ordre public et visent des enfants qui devraient être protégés plutôt que pourchassés, violentés et humiliés.

Après l’affaire Neyret à Lyon, celle des policiers de Vénissieux mis en examen pour corruption, les fonctionnaires de la BAC écroués à Marseille pour vol, racket et trafic de drogue, il y a vraiment des pratiques à revoir de toute urgence au sein de la police française.

Philippe ALAIN http://blogs.mediapart.fr/blog/phil…

(1) Les prénoms ont été modifiés.

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 8 octobre, 2012 |Pas de commentaires »

LA GUERRE EST DECLAREE (Comité Anti Impérialisme)

LA GUERRE EST DECLAREE 
 (Comité Anti-Impérialisme)

LA GUERRE EST DECLAREE (Comité Anti Impérialisme) dans REFLEXIONS PERSONNELLES syrie

Le mercredi 26 septembre 2012, le Président de l’Impérialisme Français et Chef des Armées, François HOLLANDE, tenait son premier discours devant l’Assemblée Générale de l’ONU à New-York. Il a évoqué sa vision des « urgences » auquel fait face notre monde bouleversé par la crise générale du capitalisme. Il a parlé de la Syrie, du Mali et de l’Iran. Et il a proposé trois guerres. Hollande est donc un leader impérialiste NORMAL. Il gère le capitalisme par l’austérité sociale à l’intérieur et par la guerre, de préférence dans des pays exsangues, à l’extérieur. Le 29 août 2012, déjà, un éditorial élogieux du très à droite Wall Street Journal présentait l’insipide HOLLANDE, montant au front dans l’affaire syrienne, comme le « Leader of the Free Monde ». Selon le journal, HOLLANDE a donné à l’opposition syrienne « le coup de pouce le plus important » en annonçant qu’il souhaitait la mise en place d’un nouveau « gouvernement représentatif et inclusif » et que la seule solution était militaire. Sarkozy avait fait de même, il y a un an, quand il avait reconnu le CNT libyen. C’était juste avant de transformer, avec ses complices américains et anglais, la « no fly zone » de la résolution 1973 du Conseil de Sécurité en zone de bombardement meurtrier. Durant trois semaines, la Libye était couverte de bombes sous le prétexte d’un soutien au « Printemps Arabe » contre les dictateurs. Mais les guerres impérialistes peuvent-elles être l’avenir des révoltes populaires ? Qui peut croire que les peuples se battent pour l’installation de régimes vassalisés ?

Aujourd’hui, la doctrine de la guerre préventive chère à Georges Bush a fait long feu. Elle a montré son vrai visage dans le bourbier afghan et par les centaines de milliers de morts, la partition et le chaos provoqué en Irak. Désormais, la stratégie de com’ impérialiste mise en oeuvre depuis la Libye consiste à se réclamer des Droits de l’homme, de la Démocratie et à se parer d’une mission de sauveur suprême d’un peuple démuni face à un dictateur tortionnaire. Faut-il croire que la France impérialiste intervient (pour l’instant en formant la pseudo-rébellion par des moyens « logistiques ») pour la démocratie et le bonheur des Syriens ? S’intéresse-t-elle à la Syrie uniquement depuis que les manifestations y sont réprimées ? Qui dans cette crise a rappelé que la France est l’ancienne puissance coloniale qui avait placé la Syrie sous son mandat en 1920 et qui l’avait découpé et amputé du district d’Alexandrette avant de perdre pied face à un soulèvement anticolonial ? Qui explique qu’elle a toujours cherché à sauvegarder coûte que coûte ses intérêts comme au Liban voisin où ses forces armées sont présentes depuis les années 1980 ? Si l’attachement de l’impérialisme français à la démocratie au Proche-Orient est si grand pourquoi protège-t-on les régimes barbares d’Arabie Saoudite, du Koweït, du Yémen, de la Jordanie, des Emirats et le régime d’ « Israël », si « démocratique », fondé sur la colonisation de la Palestine et l’usage de phosphore blanc à Gaza en 2009 ? Comment expliquer aussi que tous les donneurs de leçons de démocratie refusent l’idée que c’est au peuple syrien de décider de son avenir et non aux centres impérialistes et à leur « humanisme » ?

« Comment peut-on poser les fondements d’un état avec l’aide de ceux-là mêmes qui ont colonisé ce pays ? »(Adonis)

En réalité, l’agression impérialiste en Syrie est supervisée par une coalition de l’OTAN (UE, USA et TURQUIE) et des pétromonarchies du Golfe. Elle vise à une mainmise renforcée sur le monde arabe et non à l’émancipation des peuples. Elle vise aussi à détruire une partie de la Nation Arabe et elle ouvre la route à la guerre contre l’Iran en chassant un régime jugé « pro-terroriste » car il a soutenu le Hezbollah en 2000 et 2006 ainsi que des mouvements qui utilisent la lutte armée pour la libération de la Palestine occupée. Au fil des mois, nous avons appris que les « rebelles » n’étaient pas meilleurs que les troupes du régime syrien et qu’ils ne représentent pas le prolongement armé du mouvement populaire né en 2011 dans les régions déshéritées de Syrie. Il n’y a pas de révolution sociale et démocratique en cours en Syrie contrairement à ce que les médias bourgeois et la bourgeoisie de gauche tente de faire croire. Le mouvement populaire de 2011 a été écrasé par le régime de Bachar El Assad et il a été a été dévoyé par une « rébellion  » armée formée des réactionnaires de tous poils. L’Armée Libre Syrienne est contre-révolutionnaire, elle est aux antipodes d’un mouvement populaire progressiste. Elle est entièrement sous la coupe des conservateurs, des libéraux, d’anciens compères de Bachar El Assad et des forces fascistes de l’Islam politique qui se mettent au service de l’impérialisme européen, américain et des compradores et féodaux du Golfe. Soutenir ce type de rébellion c’est soutenir le camp de la contre-révolution.

Après ses interventions en Côte d’Ivoire et en Libye où il a semé le chaos, l’impérialisme français voudrait profiter de la situation au Mali et en Syrie. S’opposer à ses plans de guerre est une nécessité et une priorité impérieuse pour tous ceux qui n’acceptent pas la domination impérialiste. La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens selon le célèbre mot de Clausewitz. La guerre est la continuation logique d’un système fondé sur le taux de profit et l’accumulation à l’échelle mondiale. Afin de continuer la politique d’exploitation et de pillages des peuples, les opérations de brigandage international sont nécessaires au capitalisme en crise. Voilà l’origine profonde des bruits de bottes qui résonnent aujourd’hui. Il est légitime de condamner le régime syrien réactionnaire mais la priorité absolue est de condamner la tentative de conquête et de destruction de la Syrie et de soutenir l’émergence d’une force révolutionnaire indépendante des réactionnaires et des impérialistes.

S’opposer à l’impérialisme français est un devoir pour tous les anticapitalistes vivant ici car on ne peut pas combattre la bourgeoisie française sans s’opposer à ses guerres. L’ennemi est dans notre pays comme le disait le martyr de la révolution Karl Liebnecht.

LES IMPÉRIALISTES ONT MENTI SUR L’IRAK, ILS MENTENT SUR LA SYRIE ET L’IRAN !

NON AUX GUERRES IMPÉRIALISTES !

A BAS L’IMPÉRIALISME FRANÇAIS !

Comité anti-impérialiste

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 8 octobre, 2012 |Pas de commentaires »

CELA VOUS ETONNE ?…HOLLANDE FAIT DU SARKOZY ! (Antoine….Montpellier)

Cela vous étonne ? Hollande fait du Sarkozy !

CELA VOUS ETONNE ?...HOLLANDE FAIT DU SARKOZY ! (Antoine....Montpellier) dans REFLEXIONS PERSONNELLES hollande-sarkozy-d8f5e1 (Antoine…Montpellier)
lundi 8 octobre 2012 -

Face au néosarkozysme fiscal en place, s’opposer à qui et à quoi ou à quoi mais pas à qui ?

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Le NPA fait partie de ceux qui ne jouent pas sur les mots quand il s’agit de juger la politique menée par le tandem Hollande-Ayrault : sur les grandes orientations économiques et sociales (mais sur les Roms aussi) nos sociaux-libéraux sont égaux à eux-mêmes …et à Sarkozy comme on en jugera à partir des observations du Canard Enchaîné (voir ci-dessous) sur leur politique fiscale, plus précisément sur les fameuses niches.

Le palmipède du mercredi n’y va pas de patte morte qui sous-titre son article d’un assassin « Les socialistes recyclent les techniques éprouvées qu’ils dénonçaient dans l’opposition« . Ce qui nous fait dire, à l’adresse de nos camarades du Front de Gauche, que la logique d’opposition au sarkozysme doit se poursuivre face au néosarkozysme de gauche, hors de toute subtile contorsion sur la nécessité de s’opposer à des mesures d’austérité, pas au gouvernement qui les promeut ! Il en va de la crédibilité d’une authentique politique de gauche qui doit fuir comme la peste tout ce qui s’apparente à des tactiques politiciennes où les paroles dénoncent mais les actes approuvent (vote du collectif budgétaire et des « emplois avenir » par les députés du Front de Gauche). Là est la voie de l’unité si souvent invoquée mais si souvent malmenée par, justement, ces entrechats qui jouent au chat et à la souris avec une opposition qui n’en est pas une tout en prétendant l’être… (1)

Les batailles des Sanofi, Pilpa, CIF, PSA, et tant d’autres, pour leurs emplois appellent, pour déjouer la délibérée impuissance gouvernementale à mettre au pas le patronat, une réponse en termes de radicalité politique qui joue clair et dise non à Hollande et à Ayrault…sans attendre 2014 (élections municipales et européennes) [2]  ! Oui, dire non à ce pouvoir qui, impénitent copieur du sarkozysme, pourrait créer, à défaut d’une mobilisation décidée d’une opposition de gauche ancrée dans les luttes sociales, les conditions du retour du modèle pourtant tellement honni !

(1) [Mélenchon : une manifestation [contre le TSCG] « d’opposition aux politiques d’austérité », pas au gouvernement->http://tempsreel.nouvelobs.com/soci…], position toujours en continuité, malgré le ton qui monte, avec ces déclarations juste après la présidentielle  » Mélenchon : Ni soutien, ni participation, ni opposition [au gouvernement]…L’extrême gauche donne des consignes pour la grève ou le reste, mais pas nous !… Face à Hollande, Besancenot dit « on doit être l’opposition », mais laissons le respirer, donnons une chance à notre pays…« 

[2] Mélenchon écrit sur son blog le 12 juillet dernier  »les urnes seront de retour assez vite pour être des points de passages politiques où régler les comptes. Les élections Municipales et les Européennes se présentent dans un délai rapproché. Il est suffisant pour permettre une bonne montée en puissance d’un niveau de conscience politique et d’une volonté d’action plus élevée qu’elle ne l’est à présent et qu’elle risque de l’être avec la déception que les socialistes vont déclencher. Si nous y avons assez de forces ce peut être l’occasion d’un changement de cap global de la situation toute entière. » Révolution par les urnes oblige, les luttes doivent servir à entretenir la pression jusqu’aux prochaines échéances électorales. L’idée que, l’austérité n’attendant pas et la situation des salariés et des plus pauvres s’aggravant chaque jour plus, le changement politique par la mobilisation sociale c’est …maintenant n’effleure pas le dirigeant du PG. Electoralisme quand tu le tiens…

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Le Canard Enchaîné du 3 octobre 2012

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Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 8 octobre, 2012 |Pas de commentaires »

LES DEUX JOURS DE HOLLANDE A NEW YORK FACTURES…900 000 EUROS !…OUI, JE SUIS UN PRESIDENT « NORMAL » !

Les deux jours de Hollande à New York facturés 900.000 euros

LES DEUX JOURS DE HOLLANDE A NEW YORK FACTURES...900 000 EUROS !...OUI, JE SUIS UN PRESIDENT

Loïc STRUYS
media_xll_5196381 HOLLANDE dans REFLEXIONS PERSONNELLES
En chute libre dans les sondages, François Hollande suscite quelques interrogations après son séjour de deux jours à New York dont la facture s’élève à… 900.000 euros !Certes, François Hollande a dépensé 100.000 euros de moins que Nicolas Sarkozy en 2011. Certes, il a obtenu une ristourne substantielle sur le prix de la suite d’un luxueux hôtel de Manhattan qu’il occupait, habituellement facturée à 3.000 dollars la nuit et finalement négociée à moins de 1.000. Certes, la réception des 15.000 Français dans une prestigieuse salle de Broadway n’a coûté « que » 116.000 euros, soit prêt de quatre fois moins que Sarkozy en septembre dernier, où 4.000 convives avaient répondu présent. Et comme l’assure Le Parisien, il y avait du vin, mais pas de champagne. 

Pourtant, la facture totale du séjour des 61 membres de la délégation française a du mal à passer chez les anti-Hollande, notamment, qui n’ont pas tardé à s’exprimer sur les réseaux sociaux, rapporte le Huffington Post. Deux jours à 900.000 euros, ça fait beaucoup pour le président du changement qui a fait de la réduction du train de l’Etat une promesse de campagne….

 Si François Hollande a évité une embarrassante rencontre avec Ségolène Royal en l’esquivant soigneusement, son voyage outre-Atlantique à l’occasion de l’Assemblée Générale de l’ONU risque d’entacher un peu plus sa posture de président « normal »…

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 27 septembre, 2012 |6 Commentaires »

CONFERENCE ENVIRONNEMENTALE EN FRANCE: ENFOUISSEMENT DES DECHETS RADIOACTIFS A BURE ET SOULAINES (MICHEL GUERITTE)

Ville-sur-Terre

11 septembre 2012 - (11 années déjà !)

CONFERENCE ENVIRONNEMENTALE EN FRANCE: ENFOUISSEMENT DES DECHETS RADIOACTIFS A BURE ET SOULAINES (MICHEL GUERITTE) dans REFLEXIONS PERSONNELLES DECHETS-NUCLEAIRESMail ouvert à Madame Delphine BATHO
Ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie

Objet :
Enfouissement des déchets radioactifs à BURE (Meuse)
et à SOULAINES (Aube)

Madame, 

Jadis, c’était un BATEAU qui enfouissait les déchets nucléaires dans la mer. 
Demain c’est vous, Delphine BATHO, qui allez signer papiers et décrets 
pour autoriser l’enfouissement des déchets nucléaires HA et MA-VL à BURE, 
ainsi que les déchets FA-VL à SOULAINES.

Nous sommes nombreux à penser que ces déchets ne doivent être enfouis ni dans la mer, ni dans la terre.

Madame la Ministre, à la veille de la Conférence environnementale,
permettez-moi de vous interpeller, voir vous éclairer, 

sur ce sujet polémique 
qu’est le choix de l’enfouissement des déchets nucléaires. 
Sujet qui mérite un vrai débat.

Je voudrais donc, Madame la Ministre, vous rappeler les grandes lignes et les grandes inquiétudes 
qui caractérisent le projet CIGéo, à BURE. Nous reviendrons plus tard sur le projet FA-VL, à SOULAINES.

Vous trouverez un dossier complet à cette adresse :

http://www.villesurterre.eu/index.php?option=com_content&task=view&id=399

Il aborde notamment :

– Le soi-disant consensus international sur le choix de l’enfouissement.

2 – Un consensus assujetti à la FAISABILITE du projet et à la CONFIANCE que l’on peut lui accorder.

– Les récentes analyses de l’expert indépendant Bertrand THUILLIER.

4 – La longue liste des risques à court terme, qui font de CIGéo un projet aussi FLOU que FOU.

– Les problèmes d’éthique, d’achat des consciences, les promesses faites aux élus et aux riverains.

6 – Les doutes émis sur l’indépendance des évaluateurs des travaux de l’ANDRA. 

Madame la Ministre, le projet CIGéo n’étant absolument pas prêt aujourd’hui, les évaluateurs en coeur se contentent 
« d’une approche progressive avec demandes d’autorisation spécifiques étalées dans le temps ! »

Donc, dans l’impossibilité aujourd’hui de valider le projet, 
votre gouvernement devra quand même donner l’autorisation de construire… 
et les gouvernements successifs valideront les étapes au fur et à mesure !
En clair, vous allez signer un chèque en blanc…
Cette démarche est inacceptable.

Voilà, Madame la Ministre, l’essentiel de notre analyse et de notre questionnement. 
Nous en appelons à votre arbitrage.
Nous craignons le pouvoir des lobbies et de vos directeurs de cabinet…

Merci d’aborder le problème de l’enfouissement des déchets nucléaires
lors de la prochaine Conférence Environnementale.

Nous espérons que les associations suivantes sauront nous représenter : 
Amis de la Terre – Ecologie sans Frontière – Ligue de Protection des Oiseaux 
- France Nature environnement – Fondation Nicolas Hulot – Greenpeace – WWF – Ligue ROC.

Enfin, Madame la Ministre, vous venez de déclarer : “J’attends de cette conférence un moment de vérité.
La confrontation franche des visions, des idées, est féconde. Elle va produire des résultats. …/…
Nous nous engagerons sur une feuille de route, il n’y aura pas de sujets tabous. Laissons la discussion se faire.
 »

Nous comptons sur vous.
Merci de consacrer le temps nécessaire à ce choix de l’enfouissement des déchets nucléaires,
et faîtes en un moment de vérité.

 Cordialement,

Michel GUERITTE
Président de la Q.V.
8 route de Soulaines
10200 VILLE-SUR-TERRE

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 11 septembre, 2012 |Pas de commentaires »

JE M’APPELLE HOLLANDE FRANCOIS: JE SUIS UN PRESIDENT « NORMAL ». JE MENS ET JE DEPENSE LES SOUS DE LA NATION POUR MON AUGUSTE…(Thierry LAMIREAU)

JE SUIS UN PRESIDENT NORMAL:

JE DEPENSE SANS COMPTER

 POUR MON AUGUSTE…

AUX FRAIS DU CONTRIBUABLE !

JE M'APPELLE HOLLANDE FRANCOIS: JE SUIS UN PRESIDENT

 François Hollande :

 le Fort de Brégançon équipé de très chics

 coussins de luxe !

La résidence d’été du couple présidentiel bénéficierait de nouveaux coussins choisis dans les collections d’une prestigieuse marque de design espagnol. « Normal » ?

François Hollande passera ses vacances d'été au Fort de Brégançon dans le Var.

François Hollande passera ses vacances d’été au Fort de Brégançon dans le Var. (AFP)

Lors de ses vacances d’été au Fort de Brégançon dans le Var, François Hollande et sa compagne Valérie Trierweiler s’assiéront-ils sur les confortables et très prisés coussins de chez Kettal, cette prestigieuse marque de design barcelonaise ?

Si l’on en croit les révélations du Canard Enchaîné de ce mercredi 1 er août 2012, c’est plus que probable. L’hebdomadaire satirique raconte en effet les mésaventures d’un chauffeur espagnol perdu sur les routes du Var, ne trouvant pas le Fort de Brégançon pour y déposer son précieux chargement. En l’occurrence quatorze cartons de chez Kettal. Lesquels contiendraient essentiellement des coussins de chaises.

Une estivale commande dont le montant de la facture n’a cependant pas été dévoilé. Une certitude sur ce point : Kettal n’a rien d’une succursale d’Ikea. Il s’agit là d’un des fleurons du design espagnol. Une entreprise qui – et cela fera plaisir à Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement Productif- possède une usine en France, à Grenoble.

A titre indicatif et pour l’exemple, un coussin de chaise est vendu sur internet 200 euros. Pour le modèle Maia. Une chaise de jardin de chez Kettal se négocie, elle, autour de 700 euros. Quant au fauteuil de jardin, modèle Bitta club, comptez presque 2000 euros.

Est-ce à dire que Brégançon est meublé en Kettal de la terrasse au grenier ? Difficile à certifier, mais 14 cartons de coussins n’ont sans doute pas vocation à n’équiper que deux chaises…

Si François Hollande a donc choisi de passer ses vacances de « président normal » à Brégançon et non dans une résidence de luxe aux Etats-Unis comme l’avait fait Nicolas Sarkozy en 2007, ce n’est pas une raison pour être mal assis.

Parfois changer les draps ne suffit pas…

SUD OUEST

 

Hollande prend le train pour Brégançon

 

PARIS (Sipa) — Le président François Hollande et sa compagne Valérie Trierweiler ont pris place jeudi 2 août 2012 après-midi dans un train en gare de Lyon à Paris, pour rejoindre le Fort de Brégançon où ils devaient passer leur vacances, a-t-on constaté sur place.

La France « est un bon lieu pour passer des vacances », a commenté François Hollande devant les journalistes. Le couple devait se rendre au Fort de Brégançon, la résidence officielle de la présidence, pour y passer ses vacances, a confirmé son entourage.

« Je pars en vacances parce que ça fait un an que je ne suis pas parti », a expliqué le président, tout en disant garder en tête ses « préoccupations » liées à la crise de la dette en Europe.

Après avoir serré les mains des passagers sur le quai, le chef de l’Etat et sa compagne se sont installés dans un wagon de première classe, dans un train dont l’arrivée était prévue à 20h34 à Hyères (Var), à une vingtaine de kilomètres du Fort de Brégançon.

Interrogé sur sa volonté de prendre le train, et non l’avion, François Hollande a vanté l’ « un des meilleurs modes de locomotion et de voyage pour beaucoup de Français ». « Pour aller où je vais, il n’y avait pas plus rapide », a-t-il assuré. Mais il a aussi reconnu qu’il s’agit d’un symbole « important » à l’heure où « beaucoup de Français voudraient partir en vacances » et « ne le peuvent pas ».

Depuis son élection en mai dernier, François Hollande s’efforce d’apparaître comme le président « normal » qu’il avait promis d’être pendant sa campagne, en rupture avec son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, qui avait passé ses premières vacances de chef d’Etat aux Etats-Unis, en 2007.

AP-sc/sb

(Sipa / 02.08.2012 17h20)

COMMENTAIRE:

(Le Souffle c’est ma Vie / T.LAMIREAU)

francois-hollande-et-valerie-trierweiler-place-de-la_758268_460x306p FRANCE dans REFLEXIONS PERSONNELLES

Il est intéressant de joindre deux articles liés à la même

situation d’une certaine « vie présidentielle ».

Comme disait le sieur CHIRAC:

« Les promesses ne valent que pour ceux qui y croient. »

On peut donc constater que ce cher Président HOLLANDE

est comme les autres Présidents:

Menteur, voleur et hypocrite.

MENTEUR:

Il veut nous faire croire qu’il fait attention aux dépenses

de l’Etat !…

VOLEUR:

Il suffit d’un petit problème de transporteur

pour que l’on s’aperçoive qu’il pioche lourdement

dans les caisses de l’Etat…pour son intérêt personnel…

et lorsque je dis « intérêt », c’est pour son CUL !

HYPOCRITE:

En médiatisant son départ en prenant le train,

il manipule ainsi les médias et le PEUPLE !

Ce n’est pas nouveau, les politiques…

VOLENT, MENTENT, MANIPULENT !

BRAVO LES P’TITS GARS !…

APRES, VOUS VOUS ETONNEZ QUE CERTAINS

VOTENT BLANC !

 

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 3 août, 2012 |1 Commentaire »

F.HOLLANDE: « JE RESPECTE LE PEUPLE GREC » !…DEMONSTRATION EDIFIANTE ! (La Parisienne Libérée)


« Je respecte le peuple grec » -- par la Parisienne... par Mediapart">http://www.dailymotion.com/video/
« Je respecte le peuple grec » -- par la Parisienne... par Mediapart

Juste avant les élections législatives en Grèce, François Hollande s’est adressé à la télévision grecque. Pas pour donner des consignes de vote – bien sûr le peuple est souverain – mais…

F.HOLLANDE:

Le texte a été établi d’après la transcription donnée par l’Elysée, reproduit en partie documentation. L’entretien est visible sous sa forme intégrale ici. Il a été largement mentionné dans la presse mais peu d’images ont circulé en France. Elles sont intéressantes au moins pour deux raisons :
- celles évoquées sur Mediapart (en particulier par Lénaig Bredoux et Michel Feher) : les propos du président français sonnent comme un avertissement – et une consigne de vote pour la droite grecque. Rappelons à ce propos la réaction du socialiste David Assouline à l’issue du scrutin grec : « Une coalition de gauche n’est pas une solution quand il y a un tel désastre national…  »
- sur un plan rhétorique, ces extraits illustrent la « tactique » de F. Hollande : certes Tic… oui mais Tac !

JE RESPECTE LE PEUPLE GREC
Montage et musique : la Parisienne Libérée

A. TSIPRAS
« On peut comprendre qu’avant les élections il y ait une attitude de chantage qui soit exercée vis-à-vis de la Grèce pour la décourager de voter pour une formation de gauche comme la nôtre. »

F. HOLLANDE
« Moi, je ne veux pas faire pression. [...] Je respecte le peuple grec. [...]
Je ne suis pas un président de la France qui vient dire aux Grecs ce qu’ils ont à faire. Je ne veux pas menacer, parce que je ne crois pas que ce soit la bonne attitude.
Mais autant il est possible – et j’y veillerai, comme président de la France – d’apporter des fonds à la Grèce pour sa croissance, pour l’amélioration de sa situation, autant l’abandon pur et simple du mémorandum serait regardé par beaucoup de participants de la zone Euro comme une rupture.
[...] Moi, je ne veux pas faire pression. [...] Je respecte le peuple grec. [...]
Je n’ai rien à dire qui puisse l’influencer, parce que ce ne serait pas ma conception du rapport avec la Grèce qui est un grand pays, qui est fier et qui n’attend pas d’être dirigé par d’autres que les Grecs.
Donc, ce que je leur demande, c’est d’avoir confiance dans ce que nous pouvons faire ensemble, d’avoir aussi le souci de la vérité, c’est-à-dire de faire le choix qui leur paraîtra le meilleur et s’ils veulent rester dans la zone Euro, eh bien, de savoir que l’Europe leur viendra en soutien parce que c’est nécessaire et qu’en même temps des efforts sont à faire, mais dans la justice.
[...] Moi, je ne veux pas faire pression. [...] Je respecte le peuple grec. [...]
J’ai conscience que les électeurs doivent avoir la pleine souveraineté.
Mais je dois les prévenir, parce que c’est mon devoir, parce que je suis un ami de la Grèce, que si l’impression est donnée que les Grecs veulent s’éloigner des engagements qui ont été pris et abandonner toute la perspective de redressement, alors il y aura des pays dans la zone Euro qui préféreront en terminer avec la présence de la Grèce dans la zone Euro. Donc je préfère le dire parce que c’est le langage de la vérité. Moi, je ne suis pas sur cette position, je suis pour que la Grèce reste dans la zone Euro.
[...] Moi, je ne veux pas faire pression. [...] Je respecte le peuple grec. [...]
Mais les Grecs doivent savoir que cela suppose qu’il y ait une relation de confiance. [...]

- Monsieur le Président, je vous remercie énormément.

- Merci à vous, merci. »

DOCUMENTATION

CITATIONS

A. Tsipras – Europe 1 – 21.05.12

http://www.dailymotion.com/video/xqz0ap_hollande-peut-devenir-hollandreou_news

F. Hollande – Mega Channel / AP – 13.06.12
http://phantis.co.uk/news/francois-hollande-i-want-greece-stay-eurozone?quicktabs_greece_world_news=2
http://www.youtube.com/watch?v=Q–QOFUZa4E
http://www.mediapart.fr/journal/international/140612/francois-hollande-redoute-la-victoire-de-syriza-en-grece?onglet=prolonger

ARTICLES DE RÉFÉRENCE

article L. Bredoux – Mediapart [abonnés] – 14.06.12

http://www.mediapart.fr/journal/international/140612/francois-hollande-redoute-la-victoire-de-syriza-en-grece

article L. Bredoux – Mediapart [abonnés] – 18.06.12

http://www.mediapart.fr/journal/international/180612/l-europe-et-la-france-soulagees-par-la-victoire-de-la-droite-grecque

billet de M. Feher – Mediapart Club – 17.06.12
http://blogs.mediapart.fr/blog/michel-feher/170612/francois-hollande-athenes-ou-lirrationalite-des-gens-raisonnables

ALEXIS TSIPRAS

Portrait M. Malagardis – Libération – 13.06.12
http://www.liberation.fr/monde/2012/06/13/alexis-tsipras-grec-moderne_826144

Euronews 12.06.12
http://youtu.be/AoY97s7UycY

Euronews 13.06.12

http://youtu.be/2NMdAYpYJE8

ET AUSSI…

Parti pris d’E. Plenel – Mediapart  [abonnés] – 23.05.12

http://www.mediapart.fr/journal/france/230512/nous-sommes-tous-des-grecs

eBook « Grèce, anatomie d’une faillite » – Mediapart – 11.06.12
http://www.mediapart.fr/journal/ebook/grece-0

Mediapart 2012 – ce que nous dit la Grèce – 01.06.12
http://www.dailymotion.com/video/xr9bkh_mediapart-2012-ce-que-nous-dit-la-grece_news

Dossier « Grèce, derrière l’image » – Arrêt sur images [abonnés]
http://www.arretsurimages.net/dossier.php?id=275

Chanson : que deviendra Athena ?
http://www.laparisienneliberee.com/que-deviendra-athena/

Chanson : demain est un autre jour
http://www.laparisienneliberee.com/demaine-est-un-autre-jour

Concert d’Angelique Ionatos – Mediapart – juin 2012
http://www.dailymotion.com/video/xrikeh_revoir-le-concert-en-grece-la-revanche-des-reves-avec-angelique-ionatos_news

Retranscription de l’entretien donné par François Hollande à la chaîne de télévision grecque Mega Channel [source : Mediapart]

INTERVIEW DE M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE A MEGA CHANNEL
Paris – Jeudi 13 Juin 2012

Bonsoir Monsieur le président.

LE PRÉSIDENT – Bonsoir.

QUESTION  – Je voudrais vous remercier de cette interview et vous dire que c’est un grand honneur pour moi de vous accueillir aux actualités de 20 heures du Méga Channel.

Je commence par le programme grec qui est fondé sur quelques idées pour la récession, qui sont loin de la réalité.  20 % de récession totale en Grèce ces cinq dernières années. Quels sont les changements auxquels les Grecs peuvent espérer après une renégociation du mémorandum ? Est-ce qu’ils peuvent espérer un prolongement de la période d’ajustement budgétaire ? Est-ce qu’ils peuvent  espérer que les salaires et les pensions ne baissent plus et que l’Europe mette l’accent sur la croissance ?

LE PRÉSIDENT – Depuis que je suis élu président de la République française, j’ai mis la croissance comme la priorité de ce que doit être l’engagement européen. Nous aurons un conseil de tous les chefs d’Etat et de gouvernement à la fin du mois de juin et nous aurons des mesures pour la croissance qui doivent avoir des retombées  pour la Grèce si la Grèce elle-même choisit de rester dans la zone euro et de respecter ses engagements. Respecter les engagements qui ont été pris, cela ne veut pas dire rester dans la même situation et j’ai même notamment plaidé auprès de mes collègues, chefs d’Etat et de gouvernement pour que les fonds européens, les fonds structurels qui ne sont d’ailleurs pas utilisés, puissent l’être pour que la Grèce retrouve de la croissance.

QUESTION – Est-ce que vous pouvez spécifier cela. Il y a beaucoup de Grecs qui pensent que le pays ne risque pas de sortir de la zone Euro parce que ceci coûterait très cher à la zone Euro. Cela est vrai ou bien il y existe un danger et donc certains se préparent pour cette éventualité ?

LE PRÉSIDENT – Moi, je respecte le peuple grec. Il décidera ce qu’il voudra à l’occasion de l’élection du mois de juin, le 17. Je suis moi-même président de la République d’un pays qui va voter le même jour, la France. Donc, j’ai conscience que les électeurs doivent avoir la pleine souveraineté mais je dois les prévenir parce que c’est mon devoir, parce que je suis un ami de la Grèce, que si l’impression est donnée que les Grecs veulent s’éloigner des engagements qui ont été pris et abandonner toute la perspective de redressement alors il y aura des pays dans la zone Euro qui préféreront en terminer avec la présence de la Grèce dans la zone Euro. Je préfère le dire parce que c’est le langage de la vérité, moi, je ne suis pas sur cette position, je suis pour que la Grèce reste dans la zone Euro mais les Grecs doivent savoir que cela suppose qu’il y ait une relation de confiance.

QUESTION – Après les élections du mois de mai tout le parti politique grec parle d’une renégociation du mémorandum mais il y en a certains qui sont pour son annulation. Dans ce cas, l’aide financière serait interrompue ?

LE PRÉSIDENT – Moi, je ne veux pas faire pression, je ne suis pas un président de la France qui vient dire aux Grecs ce qu’ils ont à faire, je ne veux pas menacer car je ne crois pas que ce soit la bonne attitude mais autant il est possible et j’y veillerai comme président de la France d’apporter des fonds à la Grèce pour sa croissance,  pour l’amélioration de sa situation autant l’abandon pur et simple du mémorandum serait regardé par beaucoup de participants de la zone Euro comme une rupture.

QUESTION – Est-ce vrai ce que certains disent que les Européens se sont dépêchés de régler le problème espagnol afin de préparer l’Europe pour un accident grec ?

LE PRÉSIDENT – Non, ce n’est pas vrai. Il y a eu une urgence à traiter la question des banques espagnoles. Il y avait un risque très sérieux pour l’Espagne de ne plus pouvoir se financer. Vous voyez, ce n’était pas une situation qui ne concerne que la Grèce, cela peut concerner d’autres pays même si la situation est très différente mais il n’est pas vrai de laisser penser qu’il y aurait eu un soutien à l’Espagne pour mieux traiter le cas grec après, non. L’Europe, elle doit prendre les situations comme elles se présentent et intervenir dans un délai rapide ce qui a été fait à un moment pour la Grèce et ce qui a été fait dans un autre contexte pour l’Espagne.

QUESTION – Vous savez ce qu’ils disent en Grèce, ils disent qu’en Europe, il y a plusieurs politiciens qui parlent, expriment leurs idées sur le présent, le futur européen mais à la fin l’Europe fait ce qu’Angela MERKEL désire et ils disent çà en prenant en compte la période précédente en ayant en tête que Nicolas SARKOZY surtout à la fin était toujours d’accord avec Mme MERKEL. Comment cela va changer ?

LE PRÉSIDENT – Il y a d’abord eu un changement. Les Français ont voulu me porter à la présidence de la république. C’est fait. Il y a eu un second changement. J’ai fait en sorte que la croissance soit maintenant le thème sur lequel nous devons mettre les Européens autour de la table et prendre de nouveaux engagements. Il y a un troisième changement : c’est que la situation financière est devenue telle que nous devons aussi avoir des garanties pour les banques puissent être préservées et financées. Donc nous sommes déjà dans une autre étape. C’est ce que doivent comprendre les Grecs aussi. Ce ne sera pas simplement deux personnes qui en Europe s’arrangeront pour décider à la place des autres. Ce n’est pas vrai. Je ne sais pas si c’était vrai dans le passé, en tout cas ce ne sera pas vrai dans le futur.

QUESTION – ça c’est très important pour les pays les plus faibles. Mais l’Europe n’a pas d’accord sur les sujets sur la croissance. Tout le monde ne pense pas que la discipline budgétaire et la croissance doivent être sur le même côté du médaillon.

LE PRÉSIDENT – C’est vrai l’Europe a des gouvernements qui ne pensent pas la même chose sur ces sujets, de la croissance, de la discipline, du contrôle des banques, ou de la taxe sur les transactions financière ou des eurobonds. Il y a des différences. Mais c’est important que nous trouvions des compromis à la fin et je veillerai à ce qu’il y ait un compromis. Un compromis, cela suppose qu’il y ait du sérieux budgétaire. Dans mon propre pays, nous allons faire des choix qui vont nous permettre de retrouver l’équilibre des comptes publics parce que nous avons aussi une dette importante. Mais il y aura aussi des choix de croissance. D’ailleurs je dis cette chose tellement simple : s’il n’y a pas de croissance, et les Grecs en font l’expérience, il ne peut pas y avoir de réduction des déficits publics. Donc nous avons besoin d’être sérieux, disciplinés, mais en même temps, nous avons besoin d’avoir plus d’activité économique pour qu’il y ait plus de recettes fiscales, qui viennent ensuite abonder, améliorer les trésors publics de chacun des pays.

QUESTION – Beaucoup de gens et pas seulement en Grèce croient que l’Allemagne veut créer une Europe à deux vitesses. Voyons l’image actuelle. Déjà trois pays dans un mémorandum, un autre pays Espagne, un mémorandum «light» comme ils disent. Peut-être demain matin, d’autres pays aussi un programme. Qu’est-ce que cela veut dire ? Nous sommes devant la création d’une Europe de ceux qui prêtent et de ceux qui empruntent. Quelle est votre vision pour l’Europe ? Quel était la vision du Général de Gaulle qui parlait d’une Europe qui s’étend de la mer adriatique jusqu’aux montagnes de l’Oural ?

LE PRÉSIDENT – Il y a une Europe à 27. Elle n’a pas forcément les mêmes vitesses pour régler un certain nombre de problèmes ou de se mettre au niveau d’un certain nombre d’enjeux et je le comprends parfaitement la preuve, c’est qu’il y a d’abord une zone Euro et puis des pays qui ne sont pas dans la zone Euro. La France, la Grèce, nous sommes dans la zone Euro et donc nous devons nous, être solidaires les uns des autres, faire des efforts par rapport à nos devoirs de responsabilité mais il y a déjà une première union qui s’est constituée avec la zone Euro et moi je veux préserver la zone Euro. Les pays qui sont dans la zone Euro doivent pouvoir rester dans la zone Euro à condition de le vouloir et de le décider, c’est ce que vont faire les Grecs le 17.

QUESTION – Peut-être ça c’est le message pour le peuple grec ou voulez dire un autre mot encore ?

LE PRÉSIDENT – Non, moi je suis Français, ami des Grecs, je leur demande de me faire confiance. Je ne suis pas candidat, je ne suis que président de la République française, je n’ai rien à forcer de la part de ce que doit faire le peuple grec. Je n’ai rien à dire qui puisse l’influencer parce que ce ne serait pas ma conception du rapport avec la Grèce qui est un grand pays, qui est fier et qui n’attend pas d’être dirigé par d’autres que les Grecs. Donc, ce que je leur demande, c’est d’avoir confiance dans ce que nous pouvons faire ensemble, d’avoir aussi le souci de la vérité, c’est-à-dire de faire le choix qui leur paraîtra le meilleur et s’ils veulent rester dans la zone Euro, eh bien, de savoir que l’Europe leur viendra en soutien parce que c’est nécessaire et qu’en même temps des efforts sont à faire et dans la justice, ça a été mon programme en France. Des efforts sont nécessaires mais dans la justice que ce soit les plus favorisés, les plus riches qui paient l’effort qui est demandé.

QUESTION – Monsieur le président, je vous remercie énormément.

LE PRÉSIDENT – Merci à vous.

http://www.dailymotion.com/video/ "Je respecte le peuple grec" - par la Parisienne... par Mediapart Juste avant les élections législatives en Grèce, François Hollande s’est adressé à la télévision grecque. Pas pour donner des consignes de vote – bien sûr le peuple est ...&media=http://lesoufflecestmavie.unblog.fr/files/2012/07/hollande_sur_france_2___les_5_bugs_de_style_de_fran__ois_hollande_6889_north_626x2.jpg" onclick="window.open(this.href);return false;" >
Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 12 juillet, 2012 |Pas de commentaires »

L’EVASION FISCALE, UN FAUX DEBAT TRES POLITIQUE (Erwan MANAC’H)

L’évasion fiscale, un faux débat très politique

(Erwan MANAC’H)

En déclarant vouloir « dérouler un tapis rouge » aux exilés fiscaux français, David Cameron s’est invité avec fracas dans un débat qui « fait beaucoup de mousse » pour peu d’effets réels, selon l’universitaire Thierry Lambert.

L'EVASION FISCALE, UN FAUX DEBAT TRES POLITIQUE (Erwan MANAC'H) dans REFLEXIONS PERSONNELLES arton18716-898e8

Le décor était bien choisi, pour une démonstration d’inimitié européenne en pleine crise des dettes souveraines. Devant un parterre d’influents chefs d’entreprise, réunis en préambule du sommet des chefs d’État du G20 de Los Cabos (Mexique) pour le « Business 20 » (B20), David Cameron s’est dit prêt à « dérouler le tapis rouge » aux exilés fiscaux français. Le Premier ministre britannique veut « accueillir plus d’entreprises françaises (…) quand la France instituera un taux de 75 % pour la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu. (…) Cela paiera nos services publics et nos écoles », a-t-il osé. 

D’après Thierry Lambert, professeur à Aix-Marseille Université et président de l’Institut International des Sciences Fiscales, il est rare d’entendre de tels propos venant d’un leader politique de premier plan. Ils s’inscrivent en revanche dans un débat non dénué d’arrière-pensées, qui tend à grossir le risque d’évasion fiscale des personnes privées.

Une immense manipulation sur la fiscalité 

Doit-on craindre une vague d’évasion fiscale en cas d’adoption de l’impôt de 75 % sur la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu ?

La fiscalité n’a jamais été à elle seule un facteur d’« évasion fiscale ». Pour que les gens aillent se faire domicilier ailleurs, il existe une conjonction de plusieurs causes : le droit social, le droit bancaire, les facilités de paiement, la sécurité, la stabilité juridique ou la qualité des services publics. 

Aucune étude n’a jamais démontré que la fiscalité était le facteur déclenchant d’un transfert de domicile ou d’actifs. À l’inverse, les pays qui veulent être attractifs n’y arrivent pas forcément : le bouclier fiscal n’a jamais fait revenir Johnny Hallyday. 

Il y a aujourd’hui une immense manipulation sur la fiscalité. En 1981, une fois la gauche arrivée au pouvoir, les chars russes devaient entrer dans Paris. Aujourd’hui, on nous dit que les gens vont partir mettre leur argent en Suisse, en Belgique ou à Londres. On se perd en conjectures. En fonction de l’intérêt politique, les uns et les autres défendent des thèses différentes, mais, d’un point de vue scientifique, la démonstration reste à faire. 

La vraie perspective intéressante, selon moi, réside dans la progressivité de l’impôt sur le revenu qu’il faut réécrire complètement. Combien de tranches veut-on ? Quel écart adopter entre les tranches pour éviter les effets de seuil ? Quel est le taux maximum d’imposition ? Doit-on garder un taux zéro ? 

L’impôt de 75 % est une mesure emblématique. Les footballeurs de l’OM seront taxés à 75 %. C’est une première démarche intéressante. Mais le débat produit surtout beaucoup de mousse. 

Tout le monde essaie d’attirer les capitaux de ses voisins.

David Cameron a-t-il franchi une ligne jaune avec ses déclarations ? 

Ce qui est nouveau, c’est que ces propos soient tenus par un responsable politique de haut niveau. Habituellement, ils viennent de cabinets d’avocats, d’experts-comptables, de banques, qui essaient d’attirer des clients. Ça s’est toujours pratiqué : les gouvernements de ces pays ont mis en place une législation avantageuse que les banques et les cabinets se chargent de « vendre » à des clients potentiels. 

Comment lutter contre l’évasion fiscale ?

Il existe plusieurs mécanismes dans les législations fiscales nationales pour lutter contre les transferts de bénéfices à l’étranger ou les délocalisations. Mais il y a un double mouvement : chacun essaie de conserver les capitaux chez soi et tout le monde essaie d’attirer ceux des voisins. 

Au niveau international, depuis 2009, un mécanisme d’échange d’informations entre les États a été mis en place pour améliorer la transparence. Sauf que la Suisse a inventé un système – les accords Rubik – qui lui permet de conserver l’anonymat de ses domiciliés fiscaux en échange d’un montant, versé aux pays d’origine, que la Suisse s’occupe elle-même de prélever. Cela leur permet de contourner la transparence. Valérie Pécresse, pour la France, et la Commission Européenne ont refusé ces accords, mais l’Allemagne et l’Angleterre les ont déjà signés. 

L’exemple des États-Unis est souvent convoqué dans le débat sur l’évasion fiscale. Que dit le droit américain ? 

Les citoyens des États-Unis, qu’ils résident ou non dans le pays, payent le même montant d’impôt. Cela évite la délocalisation pour les personnes physiques notamment. Mais si nous voulons mettre en place un tel mécanisme, Hollande comme Sarkozy l’avait évoqué, il faut réviser toutes les conventions fiscales avec les différents États. C’est un énorme travail. 

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 23 juin, 2012 |Pas de commentaires »

RETRAITES: L’ESPERANCE DE VIE DES PLUS PAUVRES EST-ELLE EN TRAIN DE RECULER ? (Rachel KNAEBEL)

Retraites :

 l’espérance de vie des plus pauvres

 est-elle en train de reculer ?

RETRAITES: L'ESPERANCE DE VIE DES PLUS PAUVRES EST-ELLE EN TRAIN DE RECULER ? (Rachel KNAEBEL) dans REFLEXIONS PERSONNELLES pauvres

Par Rachel Knaebel (7 juin 2012)

La retraite à 60 ans pour celles et ceux qui ont commencé à travailler très jeunes vient d’être rétablie par décret. Mais les inégalités devant la mort – et donc la retraite – demeurent : les ouvriers vivent en moyenne six ans de moins que les cadres. L’espérance de vie sans incapacité a diminué en France. En Allemagne, où les bas salaires se massifient, les plus pauvres ont même perdu deux ans d’espérance de vie alors qu’ils travaillent plus.

arton2408-0059a AYRAULT dans REFLEXIONS PERSONNELLES

Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault doit décider avant l’été d’un décret pour revenir partiellement à la retraite à 60 ans. Un premier pas. Car reculer l’âge de la retraite pénalise avant tout les ouvriers, qui vivent toujours moins longtemps que les cadres, alors que l’espérance de vie continue à augmenter. Pire, en Allemagne, l’espérance de vie des travailleurs aux salaires les plus bas a même eu tendance à baisser ces dix dernières années.

Le décret aménageant l’âge légal de départ en retraite vient d’être publié par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Il permet à des salariés âgés de 60 ans, ayant commencé à travailler à 18 ou 19 ans, de partir en retraite à condition de réunir 166 trimestres cotisés. Cela concerne les personnes nées à partir de 1955. Un nombre limité de trimestres pourra être pris en compte au titre du chômage et de la maternité. Ce retour partiel aux 60 ans était une promesse de campagne de François Hollande. Selon la CGT, « il s’agit d’une décision marquante qui rompt avec les politiques menées partout en Europe » mais qui « doit s’inscrire dans une dynamique de retour aux 60 ans pour tous » [1]. Car en Europe, l’espérance de vie ne progresse pas pour tout le monde, loin de là.

En France, l’espérance de vie en bonne santé diminue

Reculer l’âge de départ à la retraite pénalise avant tout les travailleurs les plus pauvres, qui vivent moins longtemps que les autres, alors même que l’espérance de vie générale continue d’augmenter. Une étude de l’INSEE soulignait fin 2011 la constance des inégalités sociales face à la mort. Un homme cadre supérieur de 35 ans peut aujourd’hui espérer vivre jusqu’à 82 ans. Mais un ouvrier du même âge a une espérance de vie de seulement 76 ans, soit six ans de moins [2].

L’écart entre cadre et ouvrier atteint même dix ans pour l’espérance de vie en bonne santé, qui a baissé de presque un an en France entre 2009 et 2010 : 61,9 ans pour les hommes [3] (lire aussi notre article). L’écart est moins marqué chez les femmes, avec trois années de différence d’espérance de vie entre cadres et ouvrières. Mais les disparités demeurent : une ouvrière de 2012 est au même niveau qu’une cadre dans les années 1980.

Le risque de mourir plus tôt que la moyenne est aussi très différent selon les catégories sociales. Un ouvrier de 35 ans a, par exemple, deux fois plus de risque de mourir avant 60 ans qu’un cadre du même âge (13 % de risque contre 6 %) [4]. Ces écarts restent les mêmes depuis un quart de siècle (lire aussi : Toutes les 3 minutes, un salarié européen meurt à cause de son travail).

En Allemagne, l’espérance de vie des plus pauvres recule

En Allemagne, où près d’un actif sur quatre touche un bas salaire (moins de 9,15 euros brut de l’heure), l’espérance de vie des travailleurs les plus pauvres a même tendance à baisser depuis dix ans. C’est ce que révélait en décembre le député Die Linke (gauche radicale) Matthias Birkwald, spécialiste des retraites. Selon son analyse des chiffres fournis par l’assurance retraite allemande, les hommes qui gagnaient moins de trois quarts du revenu moyen et avaient cotisé trente-cinq ans sont morts en 2010 à 75 ans et demi en moyenne. En 2001, le décès survenait à 77 ans et demi. Ils ont donc perdu deux ans de vie en dix ans. La baisse est encore plus forte pour les habitants d’ex-Allemagne de l’Est : de 77,9 ans en 2001 à 74,1 ans en 2010.

Ces chiffres ont fait du bruit. Conservateurs et Libéraux, au pouvoir en Allemagne, les ont contestés, mais pas sur le fond. « Ils ont dit qu’il ne s’agissait pas d’espérance de vie, explique Matthias Birkwald. En effet, nous avons calculé ces chiffres sur la base de la durée effective de retraite des hommes entre 2001 et 2010. Ce n’est pas une prévision sur le nombre d’années à vivre dans le futur, mais un fait pour ceux qui ont déjà perçu leur retraite. Le temps effectif de perception de la pension, et donc de vie, a baissé pour les hommes aux faibles revenus. »

6 euros de l’heure pour 45h de travail par semaine

RETRAITES CADRE

Ce recul surprend peu au vu des conditions de travail toujours plus précaires des salariés aux bas revenus en Allemagne. Dans un pays sans salaire minium interprofessionnel, où 2,5 millions de personnes travaillent pour moins de 6 euros brut de l’heure, ils sont de plus en plus nombreux à devoir travailler toujours plus pour s’en sortir. Selon une étude de l’institut allemand DIW (le plus grand institut d’analyse économique du pays), publiée le 22 mai, les travailleurs à bas salaires et à temps plein exécutent en moyenne 45 heures par semaine. Un quart travaillent même 50 heures ou plus. Des temps de travail qui n’existaient avant que dans la couche la plus élevée des revenus.

Comment travailler à ce rythme, dans des emplois souvent pénibles, jusqu’à 65, voire 67 ans, le nouvel âge légal de la retraite en Allemagne [5] ? « Ceux qui exercent les travaux les plus durs ne peuvent souvent pas travailler jusqu’à 65 ans et ne profitent pas de la hausse de l’espérance de vie, répond Matthias Birkwald. Ils doivent partir plus tôt et reçoivent des retraites réduites. » Pour l’élu, l’équation est claire : reculer l’âge de la retraite appauvrit ceux qui ne peuvent pas travailler jusqu’à l’âge légal. Or, seuls 10 % des personnes de 64 ans exercent une activité à temps plein aujourd’hui en Allemagne. 14 % des plus de 65 ans y sont menacés de pauvreté [6]. Manifestement, élever l’âge de la retraite n’est pas la solution…

… à moins de vouloir sciemment faire mourir plus tôt les plus pauvres.

Rachel Knaebel

En photo : Gaby a 78 ans. Il vit avec 480 euros de retraite. Il est bénévole au Comité du Secours Populaire d’Avion © Secours Populaire / Eric Prinvault

Notes:

[1] Communiqué du 6 juin.

[2] Un cadre de 35 ans peut espérer vivre encore quarante-sept ans, contre quarante et un ans pour un ouvrier.

[3] De 62,7 à 61,9 ans pour les hommes, selon l’Ined.

[4] De même, un homme de 35 ans a 27 % de risque de mourir avant 70 ans s’il est ouvrier, 13 % s’il est cadre.

[5] Il doit augmenter progressivement de 65 à 67 d’ici à 2029.

[6] Le seuil est fixé à 940 euros de revenus mensuels.

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 9 juin, 2012 |Pas de commentaires »
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