L’ARNAQUE DU PACTE POUR LA CROISSANCE (Frédéric LEMAIRE / dessousdebruxelles)

L’arnaque du Pacte pour la Croissance

L'ARNAQUE DU PACTE POUR LA CROISSANCE (Frédéric LEMAIRE / dessousdebruxelles) dans REFLEXIONS PERSONNELLES hollande

(Frédéric LEMAIRE)

dessousdebruxelles


Lors de la campagne présidentielle, le candidat François

HOLLANDE n’avait pas de mots assez dur pour évoquer le Traité

sur la Stabilité et la Gouvernance de la Zone Euro (TSCG) ou

Pacte Budgétaire, qu’il qualifiait lui-même de traité « ajoutant

l’austérité à l’austérité ».

Quelques mois plus tard, il ratifie le TSCG inchangé en

expliquant que « l’Europe a été réorientée » grâce à un ensemble

de mesures pour la croissance qui forment un Pacte pour la

Croissance. Qu’en est-il vraiment ?

Le 6 mai 2012, le soir de sa victoire, HOLLANDE annonçait que son élection représentait pour l’Europe l’espoir « qu’enfin l’austérité pouvait ne plus être une fatalité ». Il appelait à la renégociation du Pacte Budgétaire.

A peine deux mois plus tard, à l’issue du Sommet Européen des 28 et 29 juin 2012, il annonce la ratification expresse du Pacte Budgétaire négocié par Nicolas Sarkozy en contrepartie d’un Pacte pour la Croissance et pour l’Emploi qu’il aurait obtenu de haute lutte – jugeant ainsi que l’Europe avait été réorientée.

Qu’en est-il vraiment ? Pour en savoir plus, nous avons parcouru le document préparatoire du  Sommet Européen des 18 et 19 octobre 2012 (disponible ici). Celui-ci détaille les mesures qui constituent le fameux Pacte pour la Croissance. Alors, quelles recettes pour réorienter l’Europe ? Jugeons sur pièce…

Recette n°1 : libéraliser l’économie

Les premières mesures visent l’approfondissement du marché unique et la libéralisation de nouveaux marchés. Des mesures tout particulièrement appelées des vœux des gouvernements italiens et britanniques, qui insistent depuis depuis décembre 2011 pour qu’elles soient mises sur la table au même titre que les mesures de rigueur budgétaire. Le candidat HOLLANDE n’avait alors pas manqué de l’interpréter comme un soutien à ses velléités de « réorientation » de l’Europe…

Voici le détail de ces mesures :

– L’approfondissement du marché unique, avec entre autres la mise en œuvre des directives sur la passation de marchés publics, sur les services, sur les normes comptables (dans le cadre de l’acte unique) ;

– La libéralisation du marché du transport ferroviaire et de la fourniture d’énergie (dans le cadre du second acte unique) ;

– La mise en place du marché unique des services et contenus en ligne. (en France, la mission Olivennes, qui a débouché sur la loi Hadopi, s’inscrit notamment dans ce contexte) ;

– La finalisation du marché unique du savoir, de la recherche et de l’innovation. (en France, la loi LRU, qui prévoit d’aligner le fonctionnement des universités sur le modèle entrepreneurial, s’inscrit notamment dans ce contexte).

Le principe ? L’extension du domaine du marché devrait ouvrir de nouvelles opportunités d’investissement et de business, créer de l’activité et de la croissance. Cela vaut bien de rogner un peu sur les services publics, la neutralité du net ou encore remettre en cause les missions spécifiques de l’université et de la recherche, non ?

Recette n°2 : une « régulation intelligente » contre le « fardeau

réglementaire »

Le pacte prévoit l’approfondissement de la dérégulation, pardon, la mise en place d’une « régulation intelligente » pour mieux réduire le « fardeau réglementaire ». Fardeau qui, comme chacun sait, pèse de tout son poids bureaucratique sur les entreprises exsangues.

Dans cette perspective, la commission a déjà fait cette année une proposition (controversée) qui consiste à exempter les petites et moyennes entreprises d’un certain nombre d’obligations, concernant notamment la sécurité au travail, la consultation des employés, les congés parentaux ou l’efficacité énergétique.

Pour la table ronde des industriels européens, lobby influent rassemblant les dirigeants des plus grandes entreprises européennes, la commission doit aller plus loin : disqualifier toute législation actuelle pesant sur la compétitivité des entreprises européennes et introduire un moratoire sur toute nouvelle législation qui irait dans ce sens [1].

Recette n°3 : le bon vieux libre-échange

Que serait un Pacte pour la Croissance sans son volet de libre-échange ? Le document de la présidence du Conseil Européen en appelle à finaliser au plus vite les accords de libre-échange en cours de négociation avec le Japon, le Canada, Singapour et l’Inde, et à donner suite à la stratégie libre-échangiste de l’Union européenne.

Peu importe si chacun de ces accords fait l’objet d’une critique acerbe de la société civile, en Europe comme dans les pays concernés… En Inde notamment, la mobilisation est forte contre un accord qui pourrait menacer la production de médicaments génériques [2] ainsi que les droits à l’alimentation [3].

En Canada comme en France, les syndicats et associations se mobilisent contre un accord qui menace les services publics, sanctuarise les investissements privés, revient sur un certain nombre de réglementations environnementales et introduit des dispositions répressives concernant le droit d’auteur [4].

Dans un autre registre, en France, les critiques (plus ou moins opportunistes) se multiplient contre des accords (Corée du sud, Japon) qui mettent en péril l’industrie, et notamment l’industrie automobile [5].

Recette n°4 : inciter les investissements… privés

Quid des 120 milliards annoncées par le président HOLLANDE pour relancer l’activité en Europe ? Leur emploi ne figure apparemment pas à l’ordre du jour des discussions du prochain sommet. Est-ce à dire leur caractère marginal ?

Rappelons que ce fonds qui repose à plus de 90% sur des fonds européens déjà existants, ainsi que sur d’attendus « effets multiplicateurs » (60 milliards redéployés à partir de fonds déjà votés et programmés pour 2012-2013, et 60 milliards d’hypothétiques nouveaux prêts au secteur privé par la Banque européenne d’investissement) [6].

Loin de permettre une véritable relance publique de l’économie (alors que les coupes budgétaires dans la zone euro s’élèvent en 2012 à plusieurs centaines de milliards d’euros), ces fonds auront plutôt vocation à stimuler l’investissement privé en finançant des partenariats public-privés.

Leur emploi s’inscrit donc dans la logique générale du Pacte pour la croissance qui pourrait se résumer par cette double égalité : cadeaux pour le privé = compétitivité = croissance.

Recette n°5 : taxer les transactions financières

Dernière recette, de loin la plus sympa : la taxe sur les transactions financières européenne. Celle-ci devrait voir le jour sous la forme d’une coopération renforcée entre 11 Etats membres de la zone euro. Malgré le caractère positif d’une telle avancée, un certain nombre de questions se posent quant à l’assiette de cette taxe, qui pourrait ne pas inclure les produits dérivés et les transactions de change (qui recouvrent la majorité des transactions financières).

Pour la France, les fonds dégagés devraient abonder le budget européen, et permettre de financer des mesures à l’échelle européenne pour stimuler la croissance. Mais, face à l’opposition notamment de l’Allemagne, certaines sources indiquent qu’ils pourraient financer un fonds de sauvetage pour les banques en difficulté… [7]

Réorienter pour que rien ne change ?

Approfondissement du marché intérieur, libéralisation, dérégulation, libre-échange… même en prenant en compte la mise en place d’une taxe sur les transactions financières (dans des conditions encore incertaines), un constat s’impose : le Pacte pour la croissance ne va pas réorienter l’Europe.

Au contraire, il s’appuie en grande partie sur de bonnes vieilles recettes néolibérales, qui, associées aux politiques de rigueur budgétaire, vont accentuer la pression sur les services publics, les droits sociaux, la protection sociale au prétexte d’une compétitivité qui serait le préalable de la croissance.

Oubliées les velléités de relance publique de l’économie ! Le gouvernement socialiste annonce déjà qu’un « choc de compétitivité » sera nécessaire pour le « retour de la croissance »…

Entre l’adoption du traité budgétaire (celui qui « ajoute l’austérité à l’austérité » dixit le candidat HOLLANDE) et la mise en œuvre d’un pacte de croissance d’inspiration clairement néolibérale, les électeurs français qui auront cru aux promesses de « changement » en auront pour leurs frais. Et ils ne sont peut-être pas au bout de leur déconvenue…

Frédéric LEMAIRE 

dessousdebruxelles

[1] Lire (en anglais) Corporate Europe Observatory ; “The Roundtable goes for full conquest”, Juillet 2012, http://www.corporateeurope.org/news…

[2http://www.presseurop.eu/fr/content…

[3http://www.alimenterre.org/ressourc…

[4http://aitec.reseau-ipam.org/spip.p… et https://www.laquadrature.net/fr/con…

[5http://www.lefigaro.fr/conjoncture/… et http://www.liberation.fr/politiques…

[6] Attac France, « Les 10 raisons de dire NON au Pacte budgétaire », septembre 2012,http://www.france.attac.org/article…

[7] Attac France, TTF, une équation avec encore de nombreuses inconnues, octobre 2012, http://www.france.attac.org/article…

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 6 novembre, 2012 |Pas de commentaires »

LA COMPETITIVITE, OU LA LOI DES MULTINATIONALES (Frédéric LEMAIRE / dessousdebruxelles)

La compétitivité, ou la loi des multinationales

LA COMPETITIVITE, OU LA LOI DES MULTINATIONALES (Frédéric LEMAIRE / dessousdebruxelles) dans REFLEXIONS PERSONNELLES economieFrédéric LEMAIRE
http://dessousdebruxelles

Après avoir annoncé un nécessaire « choc de compétitivité »

appelé des vœux de la droite et du MEDEF, le gouvernement

souhaite désormais construire un « pacte de compétitivité » sur

l’ensemble du quinquennat de François HOLLANDE.

Une préoccupation bien ancrée dans l’air du temps :

La « compétitivité » est désormais sur toutes les lèvres,

omniprésente dans le débat public.

Sans qu’on se donne la peine de se demander : d’où vient, au

juste, cet impératif de compétitivité ?

Depuis les années 90, la compétitivité est devenue le maître mot du discours politique, un véritable mantra. Aujourd’hui encore, depuis le Parti Socialiste jusqu’à la droite, la compétitivité serait l’unique voie de sortie de la crise. Pourquoi au juste ? Parce qu’il n’y a pas le choix. Dans un contexte de libéralisation et de concurrence généralisées, la compétitivité, c’est l’équation gagnante : compétitivité des entreprises = croissance = créations d’emploi.

Cette simple équation permet de comprendre comment la compétitivité s’est imposée comme un objectif ultime, un modèle « gagnant-gagnant » : les entreprises, les salariés et les gouvernements, tout le monde y gagne ; c’est la fin de la lutte des classes, sous la bénédiction bienveillante du capitalisme financier.

Cette potion magique ne s’applique pas seulement à l’économie, mais à la société toute entière. Bien entendu, sur le plan économique, il faut plus de libre-échange, moins de régulation, moins d’impôts pour les (grandes) entreprises, moins de droit du travail, moins de cotisations sociales… Mais il faut aussi mettre l’école, la recherche, les services publics, l’écologie, la culture, nos villes, nos régions… et nous-mêmes au service de la compétitivité.

Sauf que, sauf que… appliquées depuis plus de 20 ans, les bonnes recettes de la compétitivité n’ont jamais tenues leurs promesses. Loin d’apporter des perspectives pour les économies européennes, ces mesures ont en grande partie préparé la crise financière de 2008, puis elles ont contribué à l’empirer [1].

Pourtant, la quête de la sacro-sainte compétitivité n’a pas été en pertes pour tous. Les privatisations, dérégulations, et autres flexibilisations du marché du travail, menées au nom de la compétitivité semblent finalement aboutir aux mêmes conséquences : les bénéfices de quelques-uns ne cessent d’enfler, au détriment des conditions de vie de la majorité. Alors, quid de la compétitivité ? Un petit retour historique s’impose.

Le rêve des industriels

En 1967, le premier ministre Georges POMPIDOU donnait déjà les premiers éléments de ce que va devenir le discours de la compétitivité : la menace de la concurrence sera l’occasion de sortir la France et ses industriels de la léthargie, de la paresse dans laquelle l’ont plongée les protections douanières.

Si POMPIDOU laisse entendre que l’effort d’ajustement coûtera aux industriels, l’économiste de la CGT Jean DURET percevait déjà en 1956 la feinte derrière les velléités de libéralisation du marché commun européen : « On invoquera les dures lois de la compétition internationale pour démontrer qu’un niveau d’emploi élevé ne pourra être assuré que si les travailleurs se montrent « raisonnables » [2] ».

C’est pourtant à partir des années 80 que prend forme une véritable doctrine européenne de la compétitivité, sous l’impulsion décisive de la Table Ronde des Industriels Européens (European Round Table ou ERT), puissant lobby industriel rassemblant quelques 45 dirigeants de grands groupes européens [3].

La Table Ronde se donne pour objectif d’influencer la structure même de la construction européenne, pour la rendre favorable au développement de l’industrie. Elle est bien implantée dans les réseaux de pouvoir bruxellois puisque fondée à l’initiative de deux commissaires européens dont Etienne DAVIGNON, futur dirigeant… de la Société Générale de Belgique [4].

Ses premiers succès ne se font pas attendre. Le lobby industriel participera activement à l’élaboration de l’Acte Unique Européen, qui détaillait les barrières commerciales et réglementaires à supprimer pour permettre l’émergence du marché unique. Le traité se basait sur le Livre Blanc publié par la Commission DELORS en 1985. Ce document était, comme le reconnurent ses auteurs, lui-même directement inspiré du rapport « Europe 1990 » rédigé par le lobby industriel [5].

Le marché unique sera un premier pas dans l’imposition de la compétitivité comme impératif catégorique [6]. Ce n’était qu’un début : lorsque DELORS rend en 1993 son Livre blanc sur la croissance, la compétitivité et l’emploi, il remercie les industriels pour leur soutien lors de sa préparation [7]. Une semaine plus tôt, il avait pris part à la conférence de presse de la Table Ronde des industriels qui présentait son dernier rapport, selon lequel la compétitivité était LA solution pour « vaincre la crise ».

Ce n’est donc pas une surprise : le Livre Blanc approuvé par les gouvernements européens reprend les analyses et préconisations des industriels. Cette séquence témoigne de l’« alliance objective » qui voit le jour pendant les années Delors entre la Commission et les milieux d’affaires. Elle permettra notamment la construction du marché unique face à des gouvernements parfois peu enthousiastes, et se poursuivra après le départ de Delors.

Les termes de cette relation « gagnant-gagnant » semblent se résumer ainsi : la Table Ronde appelle à plus d’intégration européenne et de nouveaux pouvoirs pour la Commission, et celle-ci, de son côté, contribue à promouvoir la doctrine des industriels au sommet de l’agenda des politiques européennes [8].

Pas d’alternative à la compétitivité

La stratégie de Lisbonne proposée par la Commission et adoptée en mars 2000 apparaît comme l’aboutissement de cette symbiose entre la commission et le lobby industriel. Elle sacrait pour 10 ans la compétitivité comme objectif n°1 de l’Union européenne, appelée à devenir « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici à 2010 ».

Pour les lobbies industriels comme l’ERT, le rêve se réalisait : l’Union Européenne, dévouée toute entière au bien-être des grands groupes privés. Cette orientation sera confirmée en mars 2010 avec la stratégie « Europe 2020 » qui reprenait avec quelques ajouts les recettes pro-compétitivité promues dans le cadre de la stratégie de Lisbonne [9].

Dans le cadre de cette croisade pour la compétitivité, la commission préconise d’accroître la concurrence dans le marché intérieur. Au programme, la déréglementation des marchés, et notamment du marché des services, une politique de libre-échange exacerbée, et la libéralisation et privatisation des services publics, notamment l’énergie et le transport. Autant de mesures que l’on retrouve à nouveau dans le « Pacte de croissance » promu en juin par le Président HOLLANDE [10].

En fait, ces politiques de concurrence sont la seule voie possible pour les gouvernements souhaitant stimuler l’économie, puisque, côté macro-économique, les politiques « alternatives » sont exclues : on impose un carcan sur les salaires (« modération salariale ») pour assurer d’une part la compétitivité du coût du travail, et de l’autre la stabilité de la monnaie unique.

Dans le même temps, la mise en place de la monnaie unique empêche tout ajustement par dévaluation de la monnaie. Une perspective qui n’est pas sans déplaire à l’économiste BULCHADANI, de la banque Morgan Stanley, qui expliquait en 1998 : « Si l’on supprime la devise nationale comme soupape de sécurité, les gouvernements devront se concentrer sur les changements concrets à effectuer pour devenir plus compétitifs : impôts plus bas, flexibilité du marché du travail et cadres réglementaires plus favorables à l’industrie. »

Les gouvernements doivent par ailleurs renoncer à toute politique budgétaire ambitieuse : obligés d’emprunter sur les marchés financiers, ils doivent désormais faire preuve de « rigueur » budgétaire. Et plus question d’augmenter les impôts… là encore, compétitivité oblige.

Dès lors, comme disait Margaret THATCHER, « il n’y a pas d’alternative ». Les élus n’ont plus le choix : comme de bons entrepreneurs, ils doivent s’assurer de garantir partout, à tous les niveaux de décision, un contexte « favorable aux entreprises » (business friendly). Le principe avait été décrit par Jean DURET un demi-siècle auparavant : « Les capitaux auront tendance à déserter les régions et les pays où les salaires seront relativement élevés, où certaines lois sociales seront susceptibles de gêner une exploitation trop éhontée. [11] »

A l’échelle des Etats, des régions, des villes, les élus deviennent des « managers », et leurs performances sont comparées à l’échelle européenne (le « benchmark ») pour déterminer les « bonnes pratiques ». A l’aune… de la compétitivité, bien sûr. C’est le triomphe du nouveau management public, qui se traduit en France par la RGPP (Revue Générale des Politiques Publiques).

La compétitivité s’impose partout

Depuis 2000, la commission emboîte le pas aux lobbies industriels, pour qui presque tout finit par se rapporter à la compétitivité, y compris les politiques écologiques et sociales. C’est la raison pour laquelle l’ERT encourage l’« évaluation comparative », c’est-à-dire l’utilisation de la comparaison quantitative des effets des politiques de compétitivité pour déterminer les nouvelles mesures à adopter. L’évaluation comparative, cela signifie « scruter le monde afin d’y découvrir ce que les autres ont de meilleur, où que ce soit, pour ensuite, essayer de l’égaler ou de le surpasser [12] »

A commencer par l’aménagement du territoire. Les élus locaux deviennent des « managers » de territoire qui doivent désormais tout faire pour attirer entreprises et investissements privés. Fiscalité aux petits oignons, partenariats publics-privés, infrastructures adaptées… Les grands projets d’infrastructures, autoroutes, lignes à grande vitesse, aéroports (comme celui de Notre-Dame des Landes) deviennent des éléments essentiels de l’« attractivité » des régions [13].

L’université et la recherche n’y échappent pas : elles doivent, elles aussi, se soumettre au dogme de la compétitivité. La stratégie de Lisbonne, puis la stratégie « Europe 2020 », stipulent que l’université doit permettre de former une main d’œuvre adaptée aux demandes du marché du travail, c’est-à-dire des entreprises. La commission en appelle même à enseigner « l’esprit d’entreprise » dès le plus jeune âge [14]. La recherche doit, elle, se focaliser sur l’« innovation », et donner aux entreprises européennes des avantages compétitifs.

Les politiques écologiques sont elles aussi soumises à l’impératif de « compétitivité ». Face aux enjeux climatiques, la commission en appelle à une « croissance verte » fondée sur le développement des « technologies vertes » (dont certaines controversées, comme les biocarburants, par exemple). Les mécanismes de compensation comme la « finance carbone » sont censés inciter les industriels à modifier leurs comportements… alors que toute régulation contraignante sur le changement climatique ou les produits chimiques des industries polluantes est exclue… là encore, compétitivité oblige.

Enfin, la protection sociale doit, elle aussi, se mettre au service de la compétitivité : il faut, d’une part, flexibiliser le droit du travail, en finir avec le CDI et les conventions collectives pour faciliter les licenciements – et ainsi permettre aux entreprises de mieux s’adapter aux fluctuations des marchés et mettre en œuvre la « modération salariale ». De l’autre part, il faut « activer » les politiques de l’emploi, c’est-à-dire inciter les chômeurs à accepter des emplois qu’ils n’accepteraient pas spontanément en durcissant les règles ou en diminuant les allocations. Enfin, la sécurité sociale, dont le financement pèserait trop sur les entreprises, doit être confiée aux assurances privées.

Une équation truquée

En stipulant que toute mesure en faveur des entreprises allait automatiquement réduire le chômage et donc bénéficier à tous, l’« équation magique » de la compétitivité a contribué à propager l’idée que les mesures politiques qui vont dans l’intérêt immédiat des plus grandes firmes internationales sont également, par transitivité, dans l’intérêt de tous.

En voyant, encore aujourd’hui, la quasi-totalité de la classe politique sauter comme un cabri en criant « compétitivité ! compétitivité ! », on ne peut s’empêcher de se dire que les lobbies industriels ont bien joué leur coup. Et on ne peut qu’être perplexe en se demandant comment tout ce beau monde peut-il tomber dans un tel panneau si facilement.

Car il est pourtant évident que cette équation est truquée

Tout d’abord parce que la centralisation de la production et de la distribution catalysées par le Marché Unique ont permis aux multinationales de diminuer les coûts en réduisant considérablement leur main-d’œuvre. Les mesures de concurrence, le libre-échange et la dérégulation du marché du travail censément prises pour stimuler la « compétitivité » ne font qu’accentuer cette tendance.

Sur une durée de cinq ans à partir de 1989, la Compagnie d’Electronique Hollandaise Philips a réduit son personnel de 22 % – environ 68 000 emplois [15] ; British Telecom a pu se glorifier d’avoir réduit son effectif de 235 000 à 125 000 entre 1985 et 1996 [16]. À la fin des années 1990, une nouvelle vague de fusions, d’acquisitions et de restructurations industrielles a encore eu pour résultat d’engendrer à la fois des bénéfices record et d’importantes suppressions d’emplois [17].

Le discours orwélien des industriels atteint des sommets, lorsqu’un rapport de la Table Ronde des industriels explique que lutter contre les plans de licenciements, c’est lutter contre l’emploi : « lutter contre la restructuration revient simplement à faire obstacle au changement et à la création d’emplois [18] »

Le dogme de la compétitivité exclut toute mesure structurelle qui pourrait être prise pour endiguer le chômage : la modération salariale, la rigueur budgétaire pèse sur l’activité et maintient un taux de chômage élevé. Dès lors, la « lutte contre le chômage » mise en œuvre par les gouvernements européens relève au mieux du trompe l’œil. Au pire, elle contribue à flexibiliser davantage les conditions de travail, à développer les contrats précaires et à accroître les contraintes sur les chômeurs à travers « le durcissement des critères d’éligibilité, la réduction des montants et des durées d’indemnisation, [et] le renforcement des contrôles [19] ».

La conclusion est donc claire. La compétitivité, ce n’est pas l’emploi : c’est le chômage, la précarité, et l’explosion des inégalités. Tout ce que l’on nous a imposé depuis plus de vingt ans.

Un modèle de société

C’est Georges POMPIDOU qui vend la mèche, dans l’interview citée plus haut. La doctrine de la compétitivité, qui s’impose à toutes les strates de la décision publique, contribue à forger, par le biais d’une menace permanente, une société sous tension. Dans la même veine, Laurence PARISOT se demandait en 2005 dans le Figaro : « La vie est précaire, l’amour est précaire, pourquoi le travail ne serait pas précaire ? ».

Cette tension est inhérente à nos sociétés « compétitives ». Elle n’a de cesse de s’accroître, et avec elle les profits des grands groupes. A mesure que les prétendus « remèdes » prouvent leur inanité, on les prescrit avec d’autant plus de force.

Georges PEREC avait donné une image qui pourrait illustrer ce modèle : une île, W, où les habitants sont des athlètes contraints à la compétition et qui deviennent obsédés par la victoire – condition de leur survie. Une société toute entière tournée vers la « compétitivité »… où l’on découvre finalement que les performances des athlètes sont dérisoires :

« Il faut voir fonctionner cette machine énorme dont chaque rouage participe, avec une efficacité implacable, à l’anéantissement systématique des hommes, pour ne plus trouver surprenante la médiocrité des performances enregistrées : le 100 mètres se court en 23″4, le 200 mètres en 51″ ; le meilleur sauteur n’a jamais dépassé 1,30m [20]. »

La farce a assez duré. Il est grand temps d’en finir avec la « compétitivité », et d’inventer un autre imaginaire… plus vivable.

Frédéric LEMAIRE

- PS : Le dernier chapitre de W ou le souvenir d’enfance

[1] D’une part, la modération salariale a été un des facteurs déclencheurs de l’endettement des ménages, la consommation étant « dopée » à la dette. De l’autre, le dogmatisme néolibéral qui préside aux politiques de compétitivité n’a pas permis de mettre en place les mesures pour relancer l’activité après la crise.

[2] Jean DURET, « Que signifie le Marché commun dans une Europe capitaliste ? », Cahiers internationaux, n°78, juillet 1956, p.19-30, cité dans le Plan B n°13

[3] Lire la présentation de la Table Ronde des Industriels européens :http://dessousdebruxelles.ellynn.fr…

[4] Lire Quand le Vicomte DAVIGNON privatisait la Commission http://ellynn.fr/dessousdebruxelles…

[5] Bastiaan van Apeldoorn et Otto Holman, « Transnational Class Strategy and the relaunching of European Integration : The Role of the European Roundtable of Industrialists », 35e convention de l’International Studies Association, Washington, 28 mars-1er avril 1994, p. 21.

[6] DELORS déclarera en 1986, devant ses collègues socialistes : « J’ai toujours pensé, en France, qu’il n’y avait pas assez de marché et que l’Etat était, pour des raisons historiques, omniprésent et trop souvent étouffant ou dominant. La plupart des Français n’ont pas encore acquis cette mentalité d’ouverture au monde sans laquelle nous ne pouvons pas édifier une économie compétitive » (Jacques DELORS s’adressant à ses camarades socialistes, 1986, cité dans « DELORS… » de Charles Grant)

[7] Agence Europe, 12 décembre 1993 ; cité in Bastiaan Van Apeldoorn, op. cit., p. 246.

[8] « Nous sommes en train de réduire les prérogatives de l’Etat et du secteur public en général de par les privatisations et la dérégulation… [...] L’unification européenne progresse, et elle favorise les entreprises internationales telles que les nôtres », expliquait le président de l’ERT Daniel JANSSEN – « The Pace of Economic Change in Europe », 2000 Tokyo Meeting, Trilateral Commission.

[9] L’Europe des industriels n’est pas en panne http://dessousdebruxelles.ellynn.fr…

[10] 5 recettes socialistes pour réorienter l’Europe http://dessousdebruxelles.ellynn.fr…

[11] Jean DURET, op.cit.

[12] ERT, Benchmarking for Policy-Makers : The Way to Competitiveness, Growth and Job Creation, Bruxelles, 1996.

[13] Sur le marketing territorial, lire : http://dessousdebruxelles.ellynn.fr…

[14] Lire Esprit d’entreprise : consultation sur les actions futures au niveau de l’UE :http://europa.eu/rapid/press-releas…

[15] Nicholas HILDYARD, Colin HINES et Tim LANG, « Who Competes ? Changing Landscapes of Corporate Control », The Ecologist, vol. 26, n° 4, juillet / août 1996, p. 131.

[16] Competitiveness Advisory Group, « Capital Market for Competitiveness : Report to the President of the European Commission, the Prime Ministers and Heads of State », juillet 1998.

[17] La compagnie ERICSSON, membre suédois de l’ERT, a par exemple annoncé début 1999 son projet de supprimer 11 000 emplois – soit 10 % de sa main-d’œuvre mondiale. Pilkington, géant de la verrerie et membre de l’ERT, basé au Royaume-Uni, a supprimé 9 000 emplois en 1998 et prévoit finalement de diminuer de moitié sa main-d’œuvre par rapport à 1990. Annonçant ces suppressions, Paolo SCARONI, directeur exécutif de la compagnie, a expliqué que cette mesure faisait partie du processus de « restructuration » en cours pour diminuer les coûts et augmenter les profits. À la même époque, il déclarait fièrement à la presse que Pilkington empochait un minimum de 20 % de bénéfices sur ses investissements de capitaux et 12 % sur les ventes (lire Magnus Grimond, « Pilkington lops 1500 job in costs drive », Associated Newspapers Ltd, 29 octobre 1998)

[18] ERT, « La création d’emplois et la compétitivité par l’innovation », Bruxelles, nov.1998.

[19] Florence LEFRESNE, « Regard comparatif sur l’indemnisation du chômage : la difficile sécurisation des parcours professionnels », Chronique internationale de l’IRES¸ n° 115 : Indemnisation du chômage : débat sur les réformes, novembre 2008, p. 3-28,http://www.ires-fr.org/IMG/File/C11….

[20] Georges PEREC, W ou le souvenir d’enfance, Gallimard coll. « l’imaginaire », 1993, 219p. lire : http://www.ouvroir.info/zinc/spip.p…

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FRANCE: LE GOUVERNEMENT PS CEDE AUX EXIGENCES DE COUPES SOCIALES DU PATRONAT (Antoine LEROUGETEL / World Socialist Web Site)

France:

Le gouvernement PS cède aux exigences de

coupes sociales du patronat

FRANCE: LE GOUVERNEMENT PS CEDE AUX EXIGENCES DE COUPES SOCIALES DU PATRONAT (Antoine LEROUGETEL / World Socialist Web Site) dans REFLEXIONS PERSONNELLES patronat

 (Antoine LEROUGETEL)

 2 novembre 2012

Lundi 29 octobre 2012, dans un échange avec des lecteurs du Parisien, le premier ministre (PS) Jean-Marc Ayrault a affirmé que, pour lui, la semaine de 35 heures n’était pas « tabou ». Lorsqu’on lui a demandé s’il retournerait à la semaine de 39 heures, il a répondu: «Pourquoi pas? Je ne suis pas dogmatique. »

Des conseillers du gouvernement craignaient que ce «couac » lorsque le script a été publié mardi, aurait un effet négatif sur la cote de popularité du gouvernement, qui a, à présent, chuté à tout juste 40 pour cent. Néanmoins leurs commentaires cyniques ne font que souligner l’engagement du gouvernement à détruire les droits du travail de la classe ouvrière.

Le Ministre du Travail, Michel Sapin, et le Ministre des Affaires Etrangères, Laurent Fabius, se sont exprimés à la radio et à la télévision pour nier tout projet d’abandon des 35 heures. Parlant de rumeurs d’abrogation de la loi des 35 heures, Sapin a déclaré, «Il faut couper la tête au canard qui est en train de vouloir s’envoler. »

Mais Sapin s’est empressé de dire que les entreprises devraient pouvoir réduire les heures de travail et les salaires en collaboration avec les syndicats pour répondre aux fluctuations du marché: «Mais il faut aussi dialoguer dans les entreprises, les 35 heures c’est la référence mais lorsque ça va très très bien on peut travailler plus en étant payé plus et là où ça va moins bien [...] on peut par exemple baisser le temps de travail. »

Même François Chérèque du syndicat CFDT (Confédération Française Démocratique du Travail) proche du PS est ostensiblement intervenu pour défendre la loi sur la semaine de travail de 35 heures. Il a dit, «Si c’est pour remettre en cause la durée légale du travail à 35 heures, il n’en est pas question. Il est temps que le Premier Ministre, très rapidement, arrête la polémique.»

Mais on a déjà vu Chérèque demander que les entreprises travaillent de concert avec le gouvernement PS pour réduire drastiquement le coût du travail, c’est-à-dire les salaires et les prestations sociales, afin de rendre les entreprises françaises plus compétitives au niveau mondial. (Voir: Les syndicats français exigent une réduction des dépenses et une déréglementation du marché du travail.)

Le jour suivant, raillé par les députés de droite à l’Assemblée Nationale, Ayrault a déclaré que les 35 heures seraient maintenues «tant que la gauche [c'est à dire le PS] sera au pouvoir. »

Les déclarations du PS et des représentants des syndicats montrent clairement l’objectif de la proposition de Ayrault d’allonger la semaine de travail en France: c’est sa réponse à la pression exercée par le patronat pour améliorer sa compétitivité et accélérer les mesures d’austérité contre les travailleurs.

Une lettre ouverte adressée la veille au président François Hollande de la part de l’AFEP, association représentant les 98 plus importantes entreprises françaises, dit: «L’État doit réaliser 60 milliards d’euros d’économies (3 points de PIB) au cours des cinq prochaines années …Pour les entreprises, il faut baisser le coût du travail d’au moins 30 milliards d’euros sur deux ans. » L’AFEP propose de financer la réduction des contributions patronales aux dépenses sociales «pour moitié par un relèvement de la TVA de 19,6% à 21% (la moyenne européenne) et l’autre moitié par une baisse des dépenses publiques.»

Ces mesures qui appauvriraient davantage encore la classe ouvrière sont conformes aux fuites d’un rapport commandé par le gouvernement pour améliorer la compétitivité et la profitabilité du patronat et rédigé par Louis Gallois, ancien patron de la Société de Chemins de Fer SNCF et d’Airbus. Son rapport sera remis à Ayrault le 5 novembre 2012.

Si Ayrault a pu soudain faire volte-face et promettre de conserver la loi sur les 35 heures, ce n’est que parce que cette loi elle-même est si complexe et remplie de lacunes qu’elle a été à maintes reprises amendée pour accroître l’exploitation des travailleurs.

Adoptée par le gouvernement PS de Lionel Jospin en 2000, elle avait pour objectif de dissimuler la régression des conditions de travail, permettant aux patrons d’annualiser les heures de travail et par là même d’intensifier l’exploitation du personnel. Cela avait aussi commencé le processus de démantèlement des protections légales des conditions des travailleurs, qui a été accéléré par les gouvernements UMP suivants.

Une de ces « réformes » de la loi sur les 35 heures en 2008, sous le président droitier Nicolas Sarkozy, avait été ouvertement saluée comme marquant son abolition. (Voir: Fin de la semaine de 35 heures en France.)

La crise du capitalisme mondial qui s’exprime dans la crise du capitalisme français est utilisée comme justification pour détruire les acquis sociaux de la classe ouvrière. Hollande a fait la liste des attaques récentes lorsqu’il a pris la parole devant des chefs d’entreprise le 25 octobre: 750 000 emplois supprimés dans l’industrie depuis 2008, des fermetures d’usines annoncées chaque jour, un déficit commercial annuel énorme de 70 milliards d’euros et qui ne cesse de s’accroître.

Le Nouvel Observateur cite Henri Sterdyniak, économiste et directeur du Département Economie de la Mondialisation de l’OFCE, qui propose une solution proche des projets du gouvernement Hollande: «En Allemagne, ces dernières ont trouvé un accord avec les syndicats pour freiner la progression des salaires. Puis, l’Etat leur a donné un coup de pouce supplémentaire en basculant certaines charges sur la TVA.»

En France les syndicats négocient des accords de réduction des coûts avec les patrons, des baisses de salaires et des licenciements afin de « sauver » les emplois en montant les travailleurs de France contre leurs collègues de classe à l’étranger. Ils oeuvrent à ces fins avec Hollande, comme ils l’avaient fait avant lui avec Sarkozy.

Les entreprises industrielles tel le constructeur automobile Renault réclament des mesures pour diminuer le coût du travail.

L’entreprise a investi un milliard d’euros pour construire une usine à Tanger au Maroc qui produira 340 000 véhicules d’ici 2013. Les salaires y seront pour un « travailleur de base » de 250 euros par mois contre 450 euros en Roumanie. Pendant 5 ans, l’usine profitera d’une suppression totale d’impôt et d’impôts réduits pendant 20 ans. Actuellement Renault ne produit que 25 pour cent de ses véhicules en France, soit une production qui est passée de un million de véhicules en 2007 à 634 000 en 2011.

Le directeur général de Renault, Carlos Tavares, a récemment fait remarquer qu’une Clio 4 coûte 1 300 euros de plus produite à Flins en France qu’à Bursa en Turquie, la moitié de la différence étant due à des coûts de salaire plus élevés et l’autre moitié aux coûts plus élevés des pièces fournies localement. Tavares a dit que Renault entamaient des discussions avec les syndicats pour réduire la différence de coûts entre les usines de Flins et de Bursa.

WORLD SOCIALIST WEB SITE

(Article original publié le 1 novembre 2012)

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LETTRE OUVERTE DE PIERRE TARTAKOWSKY, PRESIDENT DE LA LIGUE DES DROITS DE L’HOMME, ADRESSEE A F.HOLLANDE, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, AU SUJET DE LA VISITE OFFICIELLE DE M.NETANYAHU

Lettre ouverte de Pierre Tartakowsky,

président de la LDH,

adressée à François Hollande,

Président de la République,

au sujet de la visite officielle de

M. Netanyahu

LETTRE OUVERTE DE PIERRE TARTAKOWSKY, PRESIDENT DE LA LIGUE DES DROITS DE L'HOMME, ADRESSEE A F.HOLLANDE, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, AU SUJET DE LA VISITE OFFICIELLE DE M.NETANYAHU dans REFLEXIONS PERSONNELLES hollandoff24 
de : La Ligue des Droits de l’Homme 
jeudi 1er novembre 2012 – 10h50

Monsieur le Président,

Vous vous apprêtez à recevoir, pour une visite officielle, le Premier Ministre Israélien.

La Ligue des Droits de l’Homme admet, bien évidemment, que pour arriver à une paix entre Israéliens et Palestiniens il faille discuter avec toutes les parties. Dans ce cadre, elle souhaite vivement que vous puissiez rappeler à monsieur Netanyahu toutes les violations des Droits de l’Homme et du Droit International, dont son gouvernement se rend coupable.

Concernant la colonisation, qui est un des principaux obstacles à la paix, nous vous invitons à lui rappeler, pour le moins, les termes vifs du communiqué du 19 octobre 2012 de votre Ministère des Affaires Etrangères : « La France condamne l’approbation donnée par le Ministère de l’Intérieur Israélien à la construction de huit cents nouveaux logements dans la colonie de Gilo à Jérusalem-Est. … La France rappelle que la colonisation israélienne, sous toutes ses formes, est illégale au regard du droit international, qu’elle nuit au rétablissement de la confiance entre les parties et qu’elle constitue un obstacle à une paix juste fondée sur la solution des deux Etats… »

Concernant le blocus de la bande de Gaza, que le gouvernement de M. Netanyahu maintient depuis déjà cinq ans, nous vous invitons à lui rappeler que dans la mesure où il s’applique à l’ensemble des habitants pour des crimes qu’ils n’ont pas personnellement commis, il constitue une « punition collective », violation flagrante du droit international humanitaire, dont le respect s’impose pourtant à Israël. En tant que candidat, vous vous étiez engagé à obtenir d’Israël « des mesures d’allégement » afin d’aboutir « à la levée du blocus », nous ne doutons pas que cette visite vous permettra d’agir dans ce sens.

Concernant les prisonniers palestiniens, nous vous invitons à lui rappeler que les termes de l’accord conclu pour mettre fin à la grève de la faim de milliers d’entre eux, n’ont pas été tenus au risque d’entrainer une nouvelle grève, que des allégations de tortures sont dénoncées par plusieurs ONG israéliennes.

La détention administrative est depuis toujours utilisée comme moyen de répression profondément injuste et contraire au droit international.

De même, plus de deux cents enfants sont actuellement détenus et jugés dans des conditions contraires à la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, pourtant ratifiée par Israël.

Concernant les Bédouins du Néguev, qui sont citoyens israéliens, nous vous invitons à lui rappeler qu’un plan de récupération de leurs terres est en cours de réalisation, tentant de les chasser de leurs terres et détruisant des villages « non reconnus ». Le plan Prawer prévoit le déplacement de 70 000 Bédouins.

Concernant les ONG israéliennes, nous vous invitons à lui faire observer que des lois récentes (loi relative au financement étranger et loi anti-boycott) menacent sérieusement leur liberté d’expression et d’association, ce qui est tout à fait contraire au fonctionnement démocratique d’un Etat.

Enfin, nous souhaitons que, concernant la probable et prochaine demande de l’OLP de reconnaissance de la Palestine comme Etat non-membre de l’ONU, vous rappeliez à M. Netanyahu les termes de votre (59e) engagement de campagne : « … Je prendrai des initiatives pour favoriser, par de nouvelles négociations, la paix et la sécurité entre Israël et la Palestine. Je soutiendrai la reconnaissance internationale de l’État palestinien. »

La Ligue des Droits de l’Homme sera très attentive aux résultats de vos entretiens. Vous comprendrez, Monsieur le Président de la République, que je rende publique cette lettre.

Recevez, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma haute considération.

Pierre TARTAKOWSKY 
Président de la Ligue des Droits de l’Homme

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NOTRE DAME DES LANDES: LETTRE OUVERTE A F.HOLLANDE (Patrick WARIN / ENA PROMOTION VOLTAIRE)

Lettre ouverte à François Hollande

 
 (Patrick WARIN) ENA Promotion Voltaire 

vendredi 2 novembre 2012 – 11h28

NOTRE DAME DES LANDES: LETTRE OUVERTE A F.HOLLANDE (Patrick WARIN / ENA PROMOTION VOLTAIRE) dans REFLEXIONS PERSONNELLES hollandoff22
rien AEROPORT NANTES dans REFLEXIONS PERSONNELLESNOTRE-DAME-DES-LANDES

Lettre ouverte à Monsieur François Hollande, Président de la République, de la part de Patrick WARIN, ancien élève de l’ENA, Promotion Voltaire, ancien Directeur à la Caisse des Dépôts et Consignations, Professeur associé aux Universités, membre de Démocratie 2012.

Monsieur le Président, mon cher camarade, cher François, J’ai décidé de vous adresser cette lettre, écrite ce matin du 30 octobre 2012, alors qu’une nouvelle opération de police de grande envergure se déroule à quelques dizaines de kilomètres d’Angers mon lieu de résidence, ville et région qui vous sont également familières. Sur le territoire prévu pour accueillir le futur aéroport de Nantes/Grand Ouest, des hommes et des femmes qui, pour l’écrasante majorité d’entre eux ont voté pour vous, doivent se confronter une nouvelle fois à un déploiement de forces de police dépêchées par un gouvernement de gauche, dirigé par l’ancien maire de Nantes.

Alors que depuis des années ces femmes et ces hommes, tous non violents, tous soutenus par une solidarité locale, régionale et nationale demandent simplement à être entendus au-delà des procédures légales et formelles dont ils estiment à juste titre qu’elles ont été menées de manière tronquées, et trompeuses, la seule réponse que votre gouvernement leur apporte est celle de l’emploi de la force.

Cette attitude, Monsieur le Président, cher camarade est inacceptable. Parmi bien d’autres je me suis engagé pour assurer votre élection, puis vous garantir une majorité solide. Dans notre circonscription du Maine et Loire tenue par la droite depuis plusieurs dizaines d’années nous avons failli à 86 voix près envoyer l’ancien ministre Marc Laffineur à une retraite bienvenue.

Nous sommes fiers d’avoir mené ce combat et de nous retrouver dans cet Ouest déjà largement conquis par la gauche en terre de futures conquêtes en compagnie de nos alliés écologistes.

Cher François, la manière dont le pouvoir que vous incarnez gère le projet Notre Dame des Landes va totalement bouleverser ces positions politiques chèrement acquises car vous n’imaginez pas l’immense potentiel de sympathie, de soutien militant, de soutiens politiques à la base dont bénéficient ces personnes en lutte, alors que la technostructure du Parti socialiste et des grands élus régionaux est en train de s’isoler.

Monsieur le Président je vous l’affirme avec la conviction d’un sympathisant socialiste de longue date, de tradition enracinée auprès de mes proches, mon père Jacques Warin, qui collabora avec Pierre Mauroy au moment de l’alternance en 1981, vous êtes face à un nouveau Larzac !

Déjà au moment de votre élection je vous avais alerté discrètement, par l’intermédiaire de nos amis communs de Démocratie 2012, dont Pierre René Lemas pour éviter qu’en pleine campagne la situation ne provoque des conséquences électorales néfastes.

Il me semblait avoir, avec bien d’autres qui avaient intercédé, été entendu. Aujourd’hui il est temps que vous ne vous contentiez plus de répondre aux lettres qui vous sont adressées à ce sujet par des formules standards qui renvoient à votre ministre Monsieur Cuvillier le soin de traiter le dossier. Outre que cette attitude peu respectueuse de l’écoute citoyenne ne vous ressemble pas, vous êtes face à une situation qui exige une attitude d’homme d’Etat.

La révision du Schéma national des infrastructures de transport, l’emploi parcimonieux de la dépense publique, le souci de la transition écologique, l’application loyale de la Loi sur l’Eau, dans sa dimension universelle et a fortiori européenne, sont autant de motifs pour rouvrir le dialogue et éviter que votre quinquennat ne soit entaché par un abcès de fixation politiquement désastreux.

Cela vous fait courir, compte tenu de la manière utilisée aujourd’hui, des risques sérieux de dérapages, de provocations dont vous porterez seul la responsabilité face à des personnes dont la conviction s’exprime de manière pacifique, non violente, respectueuse de la loi républicaine dès lors que celle-ci s’exerce elle aussi dans le respect du dialogue citoyen.

Monsieur le Président, cher camarade, j’ai eu le privilège de vivre un parcours professionnel dont tous ceux qui furent mes supérieurs, collaborateurs, collègues, partenaires s’accordent à dire qu’il fut toujours ouvert à l’innovation, à l’adaptation au monde changeant, à la recherche de nouveaux paradigmes et à la réalité de la concurrence globalisée. Je continue en tant qu’enseignant universitaire à stimuler la créativité de mes étudiants, dans le monde entier, tout en leur transmettant mon expérience de dirigeant du service public puis d’homme d’entreprise.

Je ne suis pas un nostalgique, ni un tenant de la décroissance, ni un « illuminé anti progrès ». Ces traits de caractère sont partagés par les personnes que je côtoie lors des réunions d’information sur le projet Notre Dame des Landes. En vérité, c’est nous qui incarnons la modernité et l’ouverture au 21ème siècle.

En effet, qui peut croire que les opérateurs aériens vont implanter dans le Grand Ouest des infrastructures aéroportuaires renforcées et surdimensionnées, au moment où nous atteignons le pic de l’énergie fossile, et alors que leur modèle économique est de ramener les passagers vers quelques hubs majeurs soit par des avions qui rallient Nantes à Orly, ou Charles De Gaulle, ou Francfort ou Londres, ou Amsterdam ou Madrid…. ?A partir de ces plateformes le modèle est alors de procéder au remplissage maximum de très gros porteurs économes en carburant. Sauf à souffrir d’une mégalomanie ridicule, qui peut croire qu’un Grand Ouest aujourd’hui déjà bien relié par TGV aux plates formes parisiennes en cours de modernisation a besoin d’un équipement nouveau, coûteux, détruisant plusieurs milliers d’hectares de terres agricoles, déracinant aux propre et au figuré paysages et hommes attachés à leur territoire ?

Nantes a déjà 2 aéroports qui figurent dans les codes internationaux de l’IATA, Nantes Atlantique qui croît sans que cela permette de justifier le transfert coûteux et…. la gare SNCF de Nantes qui est utilisée dans la tarification aérienne pour acheminer les passagers vers les plateformes parisiennes et retour.

Nantes Atlantique va devoir de toute façon être conservé pour les besoins logistiques de la fabrication d’Airbus sur l’usine nantaise, et la gare de Nantes me parait être une bonne solution pour les voyageurs de notre région pour leur transfert vers les hubs parisiens. Posons donc la question à Air France sur sa vision du transport aérien au 21 ème siècle et remettons nous autour d’une table pour réexaminer les prévisions de trafic utilisées pour justifier le transfert ! Monsieur le Président, cher camarade, vous qui êtes aujourd’hui soucieux que vos hautes fonctions et votre agenda ne vous coupent pas de la réalité que vivent nos concitoyens, vous, qui vous entourez des avis et opinions issus de la société civile, comme en témoigne la mission confiée à votre proche Bernard Poignant (qu’en dit on à Quimper ?), je vous conjure d’écouter ce qui se vit dans notre région auprès de personnes qui vous soutiennent , qui partagent vos valeurs, qui se mobiliseront autant qu’il le faudra et aussi longtemps qu’il le faudra pour que leurs argument soient écoutés une fois que les gaz lacrymogènes de ce matin se seront dissipés.

Cher François, le Larzac a rencontré son homme d’Etat, le magnifique film qui a retracé cette lutte rend hommage à des Français ordinaires, femmes et hommes de conviction mais aussi à l’homme d’Etat qui les a entendus. Ceux de Notre Dame des Landes et ceux du Larzac sont de la même trempe de Français, nous serons des millions à les soutenir pour qu’on les écoute. Monsieur le Président, cher François Hollande, nous attendons de vous que vous soyez à notre rendez vous citoyen comme l’a été François Mitterrand. Je vous prie d’agréer l’expression de mes sentiments respectueux et de mon cordial souvenir,

Patrick WARIN ENA Promotion Voltaire

Copie : Monsieur Jean-Marc Ayrault, Monsieur Pierre-René Lemas, Monsieur Michel Sapin, Monsieur Jean Pierre Jouyet, Monsieur Bernard Poignant, Monsieur le Préfet de la Région Pays de la Loire. Copies adressées par courrier électronique : élus de la région Pays de la Loire, divers collectifs au sein d’ACIPA. Cette lettre, étant une lettre ouverte, a vocation à être diffusée par toute personne qui la recevra et à être le plus largement communiquée. Je serai présent à Soulvache (Loire Atlantique) au Manoir de la Grée lors de la journée de soutien aux opposants au projet de transfert le samedi 3 novembre 2012.

Ce communiqué est dans le domaine public.

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LE CHANGEMENT, CELA RAME ! (Le Grand Soir)

Le changement, ça rame !

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COMMENT ARNAUD MONTEBOURG AUTORISE DES POLLUTIONS CHIMIQUES ET RADIOACTIVES…C’EST « NORMAL » !…C’EST POUR LES MILITAIRES !…(Thierry LAMIREAU)

Comment Arnaud MONTEBOURG
autorise
des pollutions chimiques
et
radioactives…
COMMENT ARNAUD MONTEBOURG AUTORISE DES POLLUTIONS CHIMIQUES ET RADIOACTIVES...C'EST
Un exemple,
si vous avez le courage de lire le document ci-dessous,
parmi tant d’autres qui montre que nos politiques,
de droite comme de gauche,
autorisent sciemment et froidement,
la contamination et l’irradiation de la population…
et puis c’est pour la « bonne cause »…
puisque c’est militaire !…
           JORF n°0254 du 31 octobre 2012 page 17075
texte n° 27 ARRETE 
Arrêté du 15 octobre 2012 autorisant le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives à poursuivre les rejets d’effluents liquides et gazeux et les prélèvements d’eau pour l’exploitation de l’installation nucléaire de base secrète dénommée « Propulsion nucléaire » de son site de Cadarache NOR: PROZ1235766A

Le ministre du redressement productif,
Vu le code de la défense ;
Vu le code de l’environnement ;
Vu le code de la santé publique ;
Vu la loi n° 61-842 du 2 août 1961 modifiée relative à la lutte contre la pollution atmosphérique et les odeurs ;
Vu le décret n° 93-743 du 29 mars 1993 modifié relatif à la nomenclature des opérations soumises à autorisation ou à déclaration en application de l’article 10 de la loi n° 92-3 du 3 janvier 1992 sur l’eau ;
Vu le décret n° 95-540 du 4 mai 1995 relatif aux rejets d’effluents liquides et gazeux et aux prélèvements d’eau des installations nucléaires de base, notamment son article 13 ;
Vu le décret n° 2001-592 du 5 juillet 2001 relatif à la sûreté et à la radioprotection des installations et activités intéressant la défense ;
Vu le décret n° 2002-255 du 22 février 2002 modifiant le décret n° 93-1272 du 1er décembre 1993 et créant une direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection ;
Vu le décret n° 2002-460 du 4 avril 2002 relatif à la protection générale des personnes contre les dangers des rayonnements ionisants ;
Vu l’arrêté du 26 novembre 1999 fixant les prescriptions techniques générales relatives aux limites et aux modalités des prélèvements et des rejets soumis à autorisation, effectués par les installations nucléaires de base ;
Vu l’arrêté du 31 décembre 1999 fixant la réglementation technique générale destinée à prévenir et limiter les nuisances et les risques externes résultant de l’exploitation des installations nucléaires de base ;
Vu le courrier transmis par le Commissariat à l’énergie atomique en date du 1er août 2011 ;
Vu l’avis du conseil départemental d’hygiène du département des Bouches-du-Rhône, séance du 22 mars 2012 ;
Vu l’avis de l’Autorité de sûreté nucléaire du 23 juillet 2012 ;
Vu l’avis du ministre chargé de la sécurité civile du 12 septembre 2012,
Arrête :

Le présent arrêté a pour effet d’autoriser le Commissariat à l’énergie atomique, établissement public de recherche, dont le siège social est situé bâtiment Le Ponant D, 25, rue Leblanc, 75015 Paris, ci-après désigné par le CEA, à poursuivre, sous réserve du respect des dispositions du présent arrêté, les rejets d’effluents liquides et gazeux radioactifs ou non dans l’environnement et les prélèvements d’eau, pour l’exploitation de l’installation nucléaire de base classée secrète dénommée « Propulsion nucléaire » de son site de Cadarache (13), ci-après désigné par INBS-PN.

  • TITRE Ier : DISPOSITIONS GÉNÉRALES

    I. ― Cet arrêté s’applique à l’ensemble des rejets, des transferts et des prélèvements d’eau réalisés par les installations et équipements, nucléaires ou non, compris dans le périmètre de l’INBS-PN. Il fixe :
    ― les limites et les conditions techniques des rejets d’effluents gazeux des installations individuelles de l’INBS-PN auxquels l’exploitant est autorisé à procéder ;
    ― les limites et les conditions techniques des transferts d’effluents liquides depuis les installations de l’INBS-PN vers la station de traitement des effluents du site de Cadarache, ou à l’extérieur du site de Cadarache vers une autre installation dûment autorisée à recevoir ces types d’effluents, auxquels l’exploitant est autorisé à procéder ;
    ― les limites et les conditions techniques des transferts d’effluents liquides depuis les installations de l’INBS-PN vers la station d’épuration du site de Cadarache auxquels l’exploitant est autorisé à procéder ;
    ― les limites et les conditions techniques des rejets d’effluents liquides issus des aéroréfrigérants de l’installation individuelle RES de l’INBS-PN auxquels l’exploitant est autorisé à procéder ;
    ― les limites et les conditions techniques de distribution d’eau vers l’INBS-PN à laquelle l’exploitant est autorisé à procéder ;
    ― les moyens d’analyse, de mesure et de contrôle des ouvrages, installations, travaux ou activités ainsi que de la surveillance de leurs effets sur l’environnement ;
    ― les conditions dans lesquelles l’exploitant rend compte des quantités d’eau prélevées et distribuées à l’INBS-PN, des transferts et rejets d’effluents liquides et des rejets d’effluents gazeux effectués pour l’exploitation de l’INBS-PN ainsi que des résultats de la surveillance de leurs effets sur l’environnement aux ministres chargés de l’industrie, de la santé et de l’environnement, au délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection des installations et activités intéressant la défense (DSND), à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), au préfet des Bouches-du-Rhône, à la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (DREAL) et au service chargé de la police des eaux ;
    ― les contrôles exercés par le DSND, l’ASN, la DREAL, le service chargé de la police des eaux ;
    ― les modalités d’information du public.
    II. ― La présente autorisation ne vaut pas autorisation d’occupation du domaine public fluvial.
    III. ― L’arrêté est pris sous réserve du droit des tiers.
    IV. ― Toutes dispositions doivent être prises dans la conception, la construction, l’entretien et l’exploitation des installations de l’INBS-PN, en particulier par l’utilisation des meilleures technologies disponibles à un coût économiquement acceptable, pour limiter les consommations d’eau et l’impact des rejets d’effluents radioactifs et chimiques sur l’environnement et les populations.
    Ce principe s’applique également aux dispositifs destinés à mesurer le niveau des rejets en vue d’évaluer leur impact sur l’environnement.
    L’ensemble des installations de prélèvements d’eau et de rejets des effluents est conçu et exploité conformément aux dispositions techniques contenues dans le dossier présenté par l’exploitant et tant qu’elles ne sont pas contraires aux dispositions du présent arrêté.
    V. ― Les installations de traitement (ou de prétraitement) des effluents nécessaires au respect des valeurs limites de rejets spécifiées sont conçues de façon à faire face aux variations des caractéristiques des effluents bruts (débit, température…), y compris en période de démarrage ou d’arrêt des installations.
    VI. ― Aucun rejet ne peut être pratiqué si les circuits utilisés pour le stockage, le transfert et le rejet des effluents ainsi que les dispositifs et moyens de radioprotection associés ne sont pas conformes à la réglementation en vigueur et aux prescriptions du présent arrêté.
    VII. ― L’exploitant doit réaliser les vérifications et mesures nécessaires au bon fonctionnement des installations. En particulier, les consignes d’exploitation de l’ensemble des installations comportent explicitement les contrôles à effectuer, en marche normale et à la suite d’un arrêt pour travaux de modification ou d’entretien, de façon à permettre en toutes circonstances le respect du présent arrêté.
    Les dispositifs de traitement et de stockage sont conçus, exploités, entretenus et périodiquement contrôlés de manière à réduire les durées d’indisponibilité pendant lesquelles ils ne peuvent assurer pleinement leur fonction et de manière à pouvoir vérifier à tout moment leur efficacité.
    En cas de panne des dispositifs de mesure prescrits par le présent arrêté, l’exploitant prend toutes dispositions nécessaires pour limiter la durée d’indisponibilité du matériel.
    VIII. ― Sur chaque canalisation de rejet d’effluents est prévu un point de prélèvement permettant de prélever des échantillons. Ces points sont implantés de telle sorte qu’ils permettent de réaliser des mesures représentatives de l’effluent rejeté. Ils sont aménagés de manière à être aisément accessibles et permettre des interventions et des prélèvements en toute sécurité.
    IX. ― Toute modification apportée par l’exploitant à l’ouvrage, à l’installation, à son mode d’utilisation, à la réalisation des travaux ou à l’aménagement en résultant ou à l’exercice de l’activité ou à leur voisinage, et de nature à entraîner des conséquences sur les rejets d’effluents liquides ou gazeux ou sur les prélèvements d’eau, doit être portée avant sa réalisation à la connaissance du DSND qui statue sur la procédure réglementaire à adopter. S’il estime que la modification est de nature à entraîner des dangers ou des inconvénients pour l’environnement, il peut exiger le dépôt d’une nouvelle demande d’autorisation.

  • TITRE II : PRÉLÈVEMENTS ET TRANSFERTS D’EAU
    • Chapitre Ier : Principes généraux

      Le CEA prélève de l’eau brute dans l’environnement pour assurer le fonctionnement des différentes installations de son site de Cadarache.
      Après traitement, une partie de cette eau est distribuée, via une installation relevant de la nomenclature des installations classées pour la protection de l’environnement régulièrement autorisée par ailleurs, à l’INBS-PN pour ses besoins domestiques et industriels.

    • Chapitre II : Limites et conditions des transferts d’eau

      I. ― La quantité d’eau annuelle maximale transférée vers l’INBS-PN est de 2 400 000 m³/an.
      II. ― La quantité d’eau journalière maximale transférée vers l’INBS-PN est de 15 000 m³/jour.
      Dans le cadre de sa politique d’économie d’eau, l’exploitant s’efforcera de maintenir à un niveau aussi bas que possible les quantités d’eau consommées par l’INBS-PN.

      Des moyens de mesure permettent de déterminer et de comptabiliser les volumes effectivement utilisés.

    • Chapitre III : Entretien, maintenance

      L’exploitant doit, sous le contrôle de l’administration, constamment entretenir, à ses frais, en bon état de fonctionnement les moyens de mesure afin de garantir que les quantités d’eau transférées restent conformes aux conditions de l’autorisation.
      Les moyens de mesure font l’objet d’une vérification annuelle.
      En cas de panne d’un moyen de mesure, l’exploitant en avise le DSND.

  • TITRE III : REJETS D’EFFLUENTS GAZEUX
    • Chapitre Ier : Principes généraux

      I. ― Les rejets d’effluents gazeux, qu’ils soient radioactifs ou non, ne sont autorisés que dans les limites et les conditions techniques ci-après. Les rejets radioactifs non contrôlés sont interdits, à l’exception des rejets diffus cités à l’article 12-II.
      Les installations sont conçues, exploitées et entretenues de manière à limiter les émissions d’effluents dans l’atmosphère. Ces émissions (poussières, gaz, polluants…) doivent, dans la mesure du possible, être captées à la source, canalisées et si besoin traitées afin que les rejets correspondants soient maintenus en permanence aussi bas que raisonnablement possible.
      II. ― Les conditions de collecte, de traitement et de rejets des effluents gazeux sont telles qu’elles n’entraînent pas de risque d’inflammation ou d’explosion, ni la production, du fait du mélange des effluents, de substances polluantes nouvelles.
      III. ― Les rejets à l’atmosphère sont évacués, après traitement éventuel, par l’intermédiaire de cheminées ou dispositifs d’échappement pour permettre une bonne diffusion des rejets. La forme des conduits, notamment dans leur partie la plus proche du débouché à l’atmosphère, est conçue de façon à favoriser au maximum l’ascension et la diffusion des effluents dans l’atmosphère. Ces conduits sont implantés de manière à éviter le refoulement des effluents rejetés dans les conduits ou prises d’air avoisinants.

    • Chapitre II : Dispositions techniques particulières

      I. ― Les effluents gazeux radioactifs sont rejetés exclusivement par les cheminées ou exutoires des bâtiments de l’INBS-PN. A cet effet, l’exploitant doit notamment s’assurer du lignage correct des circuits de ventilation. Les exutoires mentionnés à l’article 12-1 sont équipés de dispositifs de filtration de très haute efficacité ou de tout autre dispositif équivalent de traitement avant rejet. Ces effluents gazeux ont pour origine :
      ― les effluents procédés ;
      ― les effluents des réseaux de ventilation des bâtiments.
      II. ― Les cheminées ou exutoires principaux pris en compte dans la surveillance des rejets radioactifs ont les caractéristiques techniques suivantes :

      INSTALLATIONS OU BÂTIMENTS EXUTOIRES DÉBIT
      en m³/h
      (indicatif)
      HAUTEUR
      en mètres
      Bâtiment 444 1 cheminée (E52) 60 000 17
      FSMC 1 cheminée (E92) 18 000 17
      Bâtiment 432 1 cheminée (E59) 1 000 12
      AZUR (bâtiment 402) 1 cheminée (E39) 8 500 15
      Bâtiment 401 1 cheminée (E68) (atelier des mécanismes) 900 12
      ME 1 cheminée (E69) (atelier des prolongateurs nucléaires) 1 700 5
      Bâtiment 406 1 cheminée (E71) (atelier des pompes primaires) 3 800
      1 cheminée (E70) (atelier de ressuage) 1 700 13
      RNG (bâtiment 400) 1 cheminée (E40) 80 000 45
      RES (bâtiment 480) 1 cheminée (E76) 120 000 (*) 45
      (*) 80 000 m³/h lors du fonctionnement de la piscine RES seule.

      III. ― Les cheminées ou exutoires principaux susceptibles de rejeter des effluents gazeux, poussières ou aérosols chimiques sont les suivantes :

      INSTALLATIONS
      ou bâtiments
      EXUTOIRES EFFLUENTS
      rejetés
      FSMC (bâtiment 444) 1 cheminée (VEA8)
      (H : 6 m, débit indicatif : 5 500 m³/h)
      HF
      NOx
      ME (bâtiment 401) 1 cheminée (chaudière boucle EDITH)
      (H : 17 m, débit indicatif : 20 000 m³/h)
      NOx
      SO2
      RNG (bâtiment 400) 1 cheminée (chaudière MARINE)
      (H : 45 m, débit indicatif : 20 000 m³/h)
      NOx
      SO2

      IV. ― Les dispositions retenues pour les rejets des effluents gazeux des groupes électrogènes de secours et de sauvegarde doivent permettre une bonne dilution dans le milieu ambiant.

      Les effluents radioactifs gazeux rejetés par les installations le sont exclusivement par les dispositifs décrits à l’article 8.

    • Chapitre III : Valeurs limites

      I. ― L’activité des effluents radioactifs gazeux rejetés à l’atmosphère par les installations de l’INBS-PN ne doit pas excéder les limites annuelles suivantes :

      RADIOÉLÉMENTS ACTIVITÉ ANNUELLE REJETÉE
      (en GBq/an)
      Iodes radioactifs 1,5.10―²
      Gaz rares 13.10³
      Autres émetteurs bêta/gamma 0,4.10-³
      Emetteurs alpha 3.10―5
      Tritium 45
      Carbone 14 17

      En cas de dépassement de ces seuils, l’exploitant réalise une information au titre de l’article 31.
      II. ― L’activité mensuelle des rejets sous forme gazeuse ne doit pas dépasser le sixième des limites annuelles correspondantes. En cas de dépassement de ces seuils, l’exploitant réalise une information au titre de l’article 31.
      III. ― Les concentrations des rejets en HF, NOx et SO2 des cheminées susceptibles de rejeter des effluents chimiques ne doivent pas dépasser les valeurs figurant dans le tableau ci-dessous lorsque les flux horaires sont supérieurs aux valeurs indiquées :

      PARAMÈTRES
      concernés
      FLUX HORAIRE
      supérieur à
      CONCENTRATION
      maximale
      HF 25 g/heure 0,3 mg/m³
      NOx 10 kg/heure 110 mg/m³
      SO2 10 kg/heure 125 mg/m³

       

    • Chapitre IV : Contrôles, vérifications, surveillance

      L’exploitant réalise des contrôles et des analyses afin de vérifier le respect des principes généraux de rejets mentionnés à l’article 7 et le respect des valeurs limites de rejets spécifiées à l’article 10.
      L’exploitant doit être en mesure de fournir la répartition des émissions atmosphériques par cheminée.
      Le bon état de tous les conduits de transfert des effluents radioactifs gazeux est vérifié annuellement.
      L’efficacité des filtres de dernière barrière des effluents radioactifs gazeux est testée au moins une fois par an.
      Les cheminées prises en compte pour le bilan des rejets radioactifs sont équipées de dispositifs de prélèvement et de mesure permettant de mettre en œuvre le programme de surveillance et de contrôle prévu dans le présent arrêté. Ces dispositifs doivent être implantés dans une section de la cheminée où la représentativité des mesures et prélèvements est assurée. De plus, ils doivent être aisément accessibles en toute sécurité. Les dispositifs de mesures en continu doivent être doublés pour l’émissaire E76 (installation RES).

      I. ― Les rejets des effluents radioactifs font l’objet des contrôles et analyses, mentionnés dans le tableau ci-dessous et dont la fréquence et la nature dépendent de l’installation :

      INSTALLATION CHEMINÉE MESURE
      de débit
      MESURES EN CONTINU PRÉLÈVEMENTS EN CONTINU ― MESURES EN DIFFÉRÉ
      Aérosol
      alpha
      Aérosol
      bêta
      Gaz
      bêta
      Alpha
      global
      Bêta
      global
      Iode Tritium Carbone 14
      FSMC Bâtiment 444
      ― E52 Oui Oui H H
      ― E92 Oui Oui H H
      Bâtiment 432 Non M (**) M (**)
      AZUR Bâtiment 402 Oui Oui Oui (**) M (**) M (**)
      ME Bâtiment 401 :
      ― atelier d’intervention sur les mécanismes Oui M (**) M (**)
      ― atelier prolongateur nucléaire Oui M (**) M (**)
      Bâtiment 406 :
      ― atelier des pompes primaires Oui M (**) M (**)
      ― atelier de ressuage Oui M (**) M (**)
      RNG Bâtiment 400 Oui Oui Oui H H H
      RES Bâtiment 480 Oui Oui Oui H H H M (*) M (*)
      (*) A partir de la mise en service du réacteur RES.
      (**) Mesure visant à s’assurer de l’absence de rejet.
      M : mesure mensuelle.
      H : mesure hebdomadaire.

      Les procédures analytiques mises en œuvre doivent permettre d’assurer les seuils de décision suivants :
      ― mesure en continu : 5.10³ Bq/m³ pour les gaz rares ;
      ― mesure en différé :
      2.5.10―4 Bq/m³ en bêta global, pour émetteurs bêta-gamma ;
      10―4 Bq/m³ en alpha global, pour les émetteurs alpha ;
      10 Bq/m³ pour le tritium ;
      5 Bq/m³ pour le carbone 14 ;
      2.5.10―³ Bq/m³ en iode 131, pour les iodes.
      Ces seuils sont notamment utilisés pour vérifier l’absence de rejet.
      II. ― Les émissions à l’atmosphère associées aux rejets diffus font l’objet d’une estimation mensuelle, visant notamment à s’assurer de leur caractère négligeable. Les exutoires concernés sont précisés dans un document transmis au DSND.
      III. ― Concernant les rejets chimiques gazeux, les concentrations des éléments chimiques sont déterminées mensuellement pour les installations fonctionnant en continu. Pour les installations fonctionnant par campagnes d’une durée inférieure au trimestre, des mesures représentatives sont effectuées au moins deux fois, en début et en cours de campagne. Pour les campagnes supérieures à un trimestre, les mesures seront effectuées au début de la campagne puis tous les mois. Pour les chaudières de l’installation ME, la périodicité sera au moins annuelle et à l’occasion de chaque réapprovisionnement en fioul.

      ÉLÉMENTS MESURÉS INSTALLATIONS
      HF FSMC
      NOx FSMC ― ME ― RNG
      SO2 ME ― RNG

       

      I. ― La surveillance de la radioactivité de l’environnement par l’exploitant, qui peut être commune à l’ensemble des autres installations du site de Cadarache, comporte au minimum :
      ― la mesure permanente du rayonnement gamma ambiant, avec relevé à fréquence mensuelle, en au moins dix points de la clôture du site de Cadarache, dont au moins deux sont situés à proximité de la clôture de l’INBS-PN ;
      ― l’enregistrement continu du rayonnement gamma ambiant pratiqué en quatre points de mesure, dont l’un d’entre eux est nécessairement placé sous le vent dominant ;
      ― au niveau de chacun de ces quatre points de surveillance, une station de prélèvement par aspiration en continu des poussières atmosphériques sur filtre fixe et des halogènes sur adsorbant spécifique. Pour chacune des stations, les filtres sont relevés au moins une fois par jour, puis font l’objet, au minimum, d’une mesure des activités alpha et bêta globales d’origine artificielle. En cas de dépassement de la valeur de 0,002 Bq/m³, l’exploitant procédera à une analyse isotopique complémentaire par spectrométrie gamma et réalisera une information au titre de l’article 31. Le dispositif de prélèvement des halogènes est relevé à la fin de chacune des quatre périodes suivantes : du 1er au 7, du 8 au 14, du 15 au 21 et du 22 à la fin du mois, puis analysé par spectrométrie gamma de manière à déterminer l’activité de l’iode 131 ;
      ― au niveau de quatre points, un prélèvement en continu avec mesure du tritium atmosphérique, à la fin de chacune des périodes précédemment définies ;
      ― au niveau de trois points, un prélèvement en continu avec mesure mensuelle du carbone 14 atmosphérique ;
      ― un prélèvement en continu des précipitations atmosphériques sous les vents dominants avec mesure mensuelle de l’activité bêta globale et du tritium ;
      ― un prélèvement mensuel de lait, sous les vents dominants, faisant l’objet d’une mesure de l’activité bêta et d’une spectrométrie gamma permettant notamment la détermination de l’activité de l’iode 131 et du potassium 40. Ces analyses sont complétées annuellement par la mesure du tritium et du carbone 14 ;
      ― en quatre points, dont un situé sous les vents dominants, un prélèvement mensuel de végétaux faisant l’objet d’une mesure d’activité bêta globale et d’une spectrométrie gamma permettant notamment la mesure de l’activité du potassium 40. Ces déterminations sont complétées annuellement par la mesure du tritium et du carbone 14 ;
      ― un prélèvement annuel de la couche superficielle des terres. Sur ce prélèvement, il est réalisé au minimum une spectrométrie gamma ;
      ― une campagne annuelle de prélèvements sur les principales productions agricoles, notamment dans les zones sous les vents dominants. Ces prélèvements font l’objet d’une mesure d’activité bêta globale et d’une spectrométrie gamma permettant en particulier la mesure de l’activité du potassium 40. Ces déterminations sont complétées annuellement par la mesure du tritium et du carbone 14.
      II. ― Les stations de prélèvement et de mesure en continu sont munies d’alarmes signalant au tableau de contrôle de l’environnement toute interruption de leur fonctionnement.
      III. ― Le plan de surveillance ainsi que la localisation des différents points de mesure et de prélèvement sont précisés en annexe du présent arrêté. Une carte récapitulative précisant la localisation des points de mesures et les radioéléments analysés est déposée à la préfecture des Bouches-du-Rhône. Toute modification doit préalablement recueillir l’accord du DSND.

  • TITRE IV : TRANSFERTS ET REJETS D’EFFLUENTS LIQUIDES
    • Chapitre Ier : Principes généraux

      I. ― Le site de Cadarache dispose d’une station de traitement des effluents, d’une station d’épuration et de rejets et d’un émissaire de rejets en Durance.
      Les effluents liquides générés par l’INBS-PN sont transférés selon leur type vers une de ces installations. Concernant les effluents liquides radioactifs, ils peuvent également être transférés à l’extérieur du site de Cadarache, vers une autre installation dûment autorisée à recevoir ces types d’effluents.
      II. ― Les transferts et rejets d’effluents liquides radioactifs ou non ne sont autorisés que dans les limites et les conditions techniques fixées ci-après. Les transferts et rejets d’effluents liquides non maîtrisés sont interdits. Les transferts et rejets d’effluents liquides radioactifs non contrôlés sont interdits.
      Les installations à l’origine des effluents liquides doivent être conçues, exploitées et entretenues de façon à maintenir l’activité des substances radioactives et la quantité de substances chimiques rejetées aussi bas que raisonnablement possible.
      III. ― Les différentes catégories d’effluents doivent être collectées le plus en amont possible et faire en tant que de besoin l’objet d’un traitement spécifique avant mélange entre elles.
      Les canalisations de transport de fluides dangereux et de collecte d’effluents pollués ou susceptibles de l’être sont étanches et résistent à l’action physique et chimique des produits qu’elles sont susceptibles de contenir.
      Les transports d’effluents par citernes, bâches ou récipients de toutes natures se font dans les conditions fixées par la réglementation des transports applicable à l’intérieur ou à l’extérieur du site de Cadarache, selon qu’ils sont réalisés ou non à l’intérieur de son périmètre.
      IV. ― Aucun transfert ou rejet liquide radioactif n’est autorisé par d’autres voies que celles prévues à cet effet. En particulier, aucun transfert ou rejet liquide radioactif ne sera réalisé en dehors des ouvrages cités à l’article 15-V du présent arrêté.

    • Chapitre II : Dispositions particulières

      I. ― Les eaux pluviales de l’INBS-PN sont collectées et transférées vers le réseau d’eaux pluviales du site de Cadarache. Les eaux pluviales susceptibles d’être polluées (parking, voiries…) doivent faire l’objet, si nécessaire, d’un prétraitement par un dispositif de type « débourbeur déshuileur ».
      II. ― Les eaux sanitaires (lavabos, douches, WC, eaux grasses, etc.) provenant des locaux situés hors zones contrôlées sont collectées et transférées vers le réseau d’eaux sanitaires du site de Cadarache.
      III. ― Les effluents industriels générés par l’INBS-PN sont collectés et transférés vers la station d’épuration du site de Cadarache via son réseau d’eaux industrielles. Ces effluents, à l’exception des effluents mentionnés à l’article 22, doivent respecter les limites spécifiées à l’article 17-I du présent arrêté.
      IV. ― Les effluents liquides générés par les aéroréfrigérants du réacteur RES sont transférés vers des bassins spécifiques avant rejet en Durance par l’émissaire de rejets du site de Cadarache. Ces effluents doivent respecter les limites spécifiées à l’article 18 du présent arrêté.
      V. ― Les effluents liquides radioactifs générés par l’INBS-PN sont collectés et transférés par voie routière vers la station de traitement des effluents du site de Cadarache. Les quantités annuelles transférées doivent respecter les limites spécifiées à l’article 17-II du présent arrêté.
      Ces effluents peuvent également être transférés à l’extérieur du site de Cadarache, vers une autre installation dûment autorisée à recevoir ces types d’effluents. Dans ce dernier cas, une convention précisant la nature, la quantité ainsi que les conditions de transfert des effluents est passée entre le CEA et l’établissement d’accueil de ces effluents. Elle est soumise à l’approbation du DSND.

      Un plan de tous les réseaux de rejets d’effluents liquides est établi par l’exploitant, mis à jour après chaque modification et daté. Il est tenu à la disposition du DSND.

    • Chapitre III : Valeurs limites et conditions de rejets

      I. ― A l’exception des effluents mentionnés à l’article 22, les effluents industriels générés par l’INBS-PN doivent faire l’objet d’un contrôle avant d’être rejetés directement dans le réseau des eaux industrielles. Les activités mesurées sur un échantillon représentatif et les cumuls annuels doivent être inférieurs aux valeurs suivantes :

      PARAMÈTRES LIMITE EN ACTIVITÉ
      volumique (Bq/l)
      ACTIVITÉ
      annuelle
      (en GBq/an)
      Tritium 74 000 5,3
      Autres émetteurs bêta et gamma 74 5,3.10―²
      Emetteurs alpha 10 1,9.10―²

      Les caractéristiques chimiques de ces effluents respecteront les spécifications de prise en charge de la station d’épuration du site de Cadarache.
      II. ― Les effluents liquides radioactifs générés par l’INBS-PN sont collectés et transférés par voie routière vers la station de traitement des effluents du site de Cadarache. Ces effluents doivent respecter les valeurs limites suivantes :

      RADIOÉLÉMENTS ACTIVITÉ ANNUELLE
      (en GBq/an)
      Iodes radioactifs 220
      Autres émetteurs bêta et gamma 16.10³
      Emetteurs alpha 0,04
      Tritium 770
      Carbone 14 2,1

      En cas de dépassement de ces seuils, l’exploitant réalise une information au titre de l’article 31.
      Les caractéristiques chimiques de ces effluents respecteront les spécifications de prise en charge de la station de traitement des effluents.

      Les effluents liquides générés par l’aéroréfrigérant du réacteur RES doivent respecter les paramètres précisés aux alinéas I à IV ci-dessous.
      Les paramètres visés à l’alinéa I sont vérifiés avant chaque rejet de bassin.
      En cas de dépassement de ces seuils, l’exploitant réalise une information au titre de l’article 31.
      I. ― Paramètres chimiques :

      ÉLÉMENTS FLUX TOTAL
      (kg/an)
      CONCENTRATION
      maximale (mg/l)
      Phosphore 1 600 3
      Chlorures 71 000 150
      Sulfates 560 000 700
      Zinc 1 600 2

      10 % des résultats des mesures peuvent dépasser les valeurs limites prescrites, sans toutefois dépasser le double de ces valeurs. Ces 10 % sont comptés sur une base mensuelle.
      II. ― Paramètres applicables lors des traitements biocides :
      A l’occasion du traitement biocide de l’eau des aéroréfrigérants du réacteur RES, une mesure complémentaire sera réalisée afin de vérifier les paramètres ci-dessous :

      ÉLÉMENTS FLUX TOTAL
      (kg/an)
      CONCENTRATION
      maximale (mg/l)
      AOX 300 1

      Si le traitement biocide usuel s’avère insuffisant, un traitement biocide massif pourra être engagé après information préalable du DSND, du préfet, de la DDASS et de la DREAL. Ces opérations sont limitées à quatre par an et ne doivent pas conduire à dépasser une concentration en AOX de 4 mg/l et un flux journalier de 12 kg.
      III. – Autres paramètres :
      ― paramètres physico-chimiques :

      CARACTÉRISTIQUES LIMITE
      Elévation maximale de température de la Durance après mélange 1 °C (*)
      Volume maximal journalier de rejet 7 200 m³
      pH Entre 5,5 et 8,5
      (*) Cet écart de température est déterminé par le calcul à partir de la formule suivante : ((Trejet x Qrejet + Tamont Durance x QDurance)/(Qrejet + QDurance)) ― Tamont Durance

      la température, la conductivité et le pH des effluents rejetés sont mesurés en continu ;
      ― couleur : les effluents rejetés ne doivent pas provoquer une coloration visible du milieu récepteur ;
      ― substances capables d’entraîner la destruction du poisson ou de la flore : l’effluent ne doit pas contenir de substances susceptibles d’entraîner la destruction du poisson et de la faune aquatique ou de gêner sa reproduction ou de présenter un caractère létal après mélange avec les eaux réceptrices à 50 mètres du point de rejet et à 2 mètres de la berge. Il ne contient pas non plus de substances inhibitrices décelables par voie biologique ;
      odeur : l’effluent ne doit dégager aucune odeur putride ou ammoniacale ni au moment de sa production, ni après cinq jours d’incubation à 20 °C ;
      ― hydrocarbures : les effluents rejetés ne doivent pas contenir d’hydrocarbures en quantité susceptible de provoquer l’apparition d’un film visible à la surface de l’eau à l’aval immédiat du rejet ou sur les ouvrages situés à proximité.
      IV. ― Un contrôle de l’absence de radioactivité est réalisé sur un échantillon aliquote représentatif au moins une fois par mois, avec un seuil de décision aussi faible que possible et en aucun cas supérieur à 0,05 Bq/l en alpha global, 0,075 Bq/l en bêta global et 5 Bq/l en tritium. L’exploitant s’assure que l’activité en tritium dans les réseaux des eaux usées et d’eau pluviale du site reste du même ordre de grandeur que celle évaluée à partir des précipitations atmosphériques.

      Les modalités de rejets des effluents des aéroréfrigérants du réacteur RES sont définies par l’exploitant et approuvées par le DSND. L’exploitant prend dans tous les cas les dispositions nécessaires afin d’étaler les rejets liquides en vue de leur diffusion la plus grande possible.

    • Chapitre IV : Contrôles, vérifications, surveillance

      I. ― Les contrôles relatifs aux effluents liquides radioactifs sont effectués par l’exploitant selon les modalités prévues à l’article 27-IX.
      Sans préjudice de sa propre surveillance des effluents qu’il effectue en application du présent arrêté, l’exploitant transmet, en vue d’analyse, à un laboratoire choisi par le DSND des échantillons dont la liste et les conditions de prélèvement lui auront au préalable été précisées par ce dernier.
      Des équipements et des moyens appropriés de prélèvement et de contrôle doivent permettre de prélever des échantillons dans les cuves en vue des analyses de contrôle des rejets.
      II. ― Aucun transfert d’effluents liquides radioactifs provenant de l’INBS-PN ne peut être effectué sans que les analyses préalables des éléments prévus à l’article 17-II représentatives de la totalité du volume à transférer n’aient été conduites. Ces analyses sont réalisées au niveau des cuves, après brassage de façon à obtenir l’homogénéité du prélèvement.
      III. ― La comptabilité radiologique des transferts d’effluents liquides radioactifs provenant de l’INBS-PN est effectuée à partir des analyses menées sur les échantillons constitués avant chaque transfert. Elles permettent de s’assurer du respect des limites fixées à l’article 17-II.

      I. ― Lors des opérations de curage des bassins de rejets des effluents des aéroréfrigérants du réacteur RES, les boues issues de ces opérations seront éliminées dans des installations autorisées.
      II. ― L’étanchéité de toutes les canalisations de transfert des effluents industriels et de la conduite de rejet des effluents des aéroréfrigérants vers l’ouvrage de rejet fait l’objet de vérifications aussi fréquentes que nécessaire.
      III. ― Le bon fonctionnement des vannes et clapets équipant les bassins de rejet des effluents des aéroréfrigérants est contrôlé au moins une fois par an selon un programme d’essai porté à la connaissance du DSND.
      IV. ― Le bon fonctionnement des appareils de mesure et des alarmes associées équipant les bassins de rejet des effluents des aéroréfrigérants fait l’objet d’une vérification annuelle. Ces appareils de mesure sont en outre contrôlés et réglés aussi souvent que nécessaire.

      Pour les effluents issus des aéroréfrigérants des installations autres que ceux du réacteur RES qui sont transférés directement dans le réseau d’eaux industrielles du site de Cadarache, et dont les campagnes de fonctionnement sont :
      ― supérieures au trimestre : les analyses sont réalisées au début de la campagne puis mensuellement ;
      ― inférieures au trimestre : les analyses sont réalisées au moins deux fois, en début et en cours de campagne.
      Ces analyses ne concernent que les caractéristiques chimiques. Les limites en concentration applicables sont les mêmes que celles définies aux alinéas I et II de l’article 18.

      I. ― La surveillance de la radioactivité de l’environnement par l’exploitant qui peut être commune à l’ensemble des autres installations du site de Cadarache comporte au minimum :
      ― un prélèvement en continu de l’eau de la Durance en amont et en aval de l’exutoire de rejet. Il donne lieu à une détermination hebdomadaire des activités alpha et bêta globales, du tritium, de la teneur en potassium sur l’eau filtrée et de l’activité bêta globale sur les matières en suspension. Ces mesures sont complétées, en ce qui concerne le prélèvement en aval du site, par une spectrométrie gamma réalisée sur un échantillon aliquote mensuel de l’eau de la Durance ;
      ― des prélèvements de sédiments, de végétaux aquatiques et de poissons dans la Durance, à raison d’une campagne annuelle. Sur ces échantillons, il est réalisé au minimum la mesure de l’activité bêta globale, une spectrométrie gamma. Les prélèvements de faune et flore aquatiques font en outre l’objet d’une mesure des activités du tritium et du carbone 14 ;
      ― un contrôle des eaux souterraines est réalisé mensuellement par prélèvements effectués à partir de 5 piézomètres. Sur ces prélèvements, il est réalisé la détermination des activités alpha et bêta globales, du tritium et de la teneur en potassium.
      II. ― Les stations de prélèvement et de mesure en continu sont munies d’alarmes signalant au tableau de contrôle de l’environnement toute interruption de leur fonctionnement.
      III. ― Le plan de surveillance ainsi que la localisation des différents points de mesure et de prélèvement sont précisés en annexe du présent arrêté. Une carte récapitulative précisant la localisation des points de mesures et les radioéléments analysés est déposée à la préfecture des Bouches-du-Rhône. Toute modification doit préalablement recueillir l’accord du DSND.

      La surveillance physico-chimique et biologique de l’environnement réalisée par l’exploitant, qui peut être commune à l’ensemble des autres installations du site de Cadarache, doit permettre de suivre l’évolution naturelle du milieu récepteur et déceler une évolution anormale qui proviendrait du fonctionnement de l’INBS-PN. Elle consiste a minima en la détermination annuelle de l’indice biologique global normalisé (IBGN).

      Sur demande du DSND de l’ASN ou du service chargé de la police des eaux, des prélèvements et mesures complémentaires peuvent être réalisés en des points précisés par les autorités requérantes.
      Sans préjudice de sa propre surveillance de l’environnement qu’il effectue en application du présent arrêté, l’exploitant transmet, en vue d’analyse, à un organisme désigné par le DSND des échantillons dont la liste et les conditions de prélèvement lui auront au préalable été précisées par ce dernier.

      Les normes citées ci-après pourront être remplacées ou complétées par les nouvelles normes européennes ou internationales :

      PARAMÈTRES SUIVIS NORMES DE RÉFÉRENCE
      pH NFT 90-008
      Phosphore total NFT 90-023
      Sulfate NF EN ISO 10304-1
      Chlorure NF EN ISO 10304-1
      Zinc FDT 90-112 ; ISO 11885
      AOX ISO 9562 ; NF EN 1485

       

  • TITRE V : DISPOSITIONS COMMUNES À LA SURVEILLANCE DES REJETS ET DES PRÉLÈVEMENTS
    • Chapitre Ier : Moyens généraux de l’exploitant

      I. ― L’exploitant prend les dispositions nécessaires pour que les prélèvements et mesures réglementaires puissent être effectués en toutes circonstances et, en particulier, prévoit sauf dispositions compensatoires une alimentation électrique secourue pour tous les appareils utilisés pour la mise en œuvre des dispositions du présent arrêté.
      II. ― L’exploitant dispose, sur le site de Cadarache, d’un laboratoire de mesure de radioactivité dans l’environnement et d’un laboratoire de contrôle des effluents radioactifs. Ces deux laboratoires sont physiquement distincts et exclusivement affectés aux mesures de radioprotection et physico-chimiques. Certaines analyses peuvent être sous-traitées à des laboratoires extérieurs après accord du DSND.
      III. ― Les différents appareils de mesure des laboratoires visés au paragraphe II du présent article font l’objet d’une maintenance, d’une vérification de leur bon fonctionnement mensuelle et d’un étalonnage selon une fréquence appropriée. Les comptes rendus des vérifications et étalonnages figurent dans les registres de contrôle prévus à l’article 28.
      IV. ― L’exploitant dispose de deux véhicules laboratoires dont l’équipement est fixé en accord avec le DSND. Ils sont maintenus en état en vue d’une intervention à l’intérieur et à l’extérieur du site de Cadarache quelles que soient les circonstances.
      V. ― L’exploitant dispose en permanence d’un personnel compétent qualifié en radio-analyse et en analyses chimiques.
      VI. ― Les dépenses afférentes à la prise d’échantillons et aux analyses nécessaires à la vérification du respect de l’arrêté d’autorisation sont à la charge de l’exploitant.
      VII. ― Les enregistrements originaux et les résultats d’analyse ou de contrôle sont archivés pendant une durée minimale de trois ans et tenus à tout moment à la disposition des agents chargés du contrôle.
      VIII. ― L’exploitant dispose d’une station météorologique permettant de mesurer en permanence et d’enregistrer au minimum :
      ― les vitesses et directions du vent à 10 mètres et 100 mètres du sol, retransmises au tableau de contrôle de l’environnement ;
      ― la pression atmosphérique ;
      ― l’hygrométrie de l’air ;
      ― la température ;
      ― la pluviométrie.
      IX. ― Les prélèvements, la conservation et l’analyse des échantillons sont effectués selon les normes en vigueur ; le choix de toute méthode alternative doit pouvoir être justifié par l’exploitant au regard de considération technique ou économique. Ces méthodes alternatives doivent présenter des niveaux d’efficacité et de confiance équivalents. A défaut d’existence de normes, les modalités techniques de réalisation des prélèvements et des analyses, les caractéristiques de l’appareillage nécessaire, ses conditions d’implantation et de fonctionnement sont déterminés en accord avec le DSND.

    • Chapitre II : Registres, rapports

      I. ― L’exploitant tient à jour un registre des quantités d’eau transférées mensuellement vers l’INBS-PN.
      II. ― Pour les rejets et transferts radioactifs, l’exploitant doit en permanence tenir à jour un registre pour chaque type d’effluent, gazeux ou liquide :
      ― un registre de maintenance et d’étalonnage des dispositifs de mesure en continu ou non des rejets et transferts ainsi que des appareils de mesure des laboratoires d’analyse mentionnés à l’article 27 ;
      ― un registre des états mensuels précisant, en tant que de besoin, pour chaque catégorie de transferts et de rejets (continus ou discontinus) et pour chacun d’entre eux :
      ― le numéro, la date, la durée et l’activité du rejet ou du transfert, son volume,
      ― le débit de l’effluent, dans la cheminée de rejet pour les effluents gazeux ou dans la canalisation pour les effluents liquides mentionnés au paragraphe IV de l’article 15,
      ― la composition et les activités ou les quantités volumiques mesurées, pour chaque catégorie d’effluents radioactifs,
      ― pour les effluents gazeux radioactifs, les conditions météorologiques détaillées (pression, température, direction et vitesse du vent, pluviosité…) pendant le rejet,
      ― tous les incidents de fonctionnement tels que rupture de canalisation, élévation anormale de la radioactivité, fuites d’effluents liquides ou gazeux, rejet non contrôlé, indisponibilité de réservoir réglementaire, ruptures de filtre, variation des débits, arrêts de ventilateurs, panne d’appareils de mesure de débit et d’activités.
      III. ― Pour les substances chimiques présentes dans les effluents, l’exploitant tient à jour un registre récapitulant les analyses et les mesures effectuées en application du présent arrêté ainsi qu’un registre des quantités mensuelles des principaux produits minéraux ou organiques utilisés, par le procédé industriel et susceptibles de se trouver avec ou sans transformation chimique dans les différents rejets et transferts.
      IV. ― Un registre des résultats des mesures dans l’environnement prévues par le présent arrêté faisant notamment apparaître les activités volumiques mesurées après dispersion dans le milieu récepteur.
      V. ― L’ensemble de ces registres est conservé pendant la durée de vie de l’INBS-PN. Ils sont tenus à disposition du DSND et, pour ce qui les concerne, de l’ASN ainsi que des agents de la DREAL et des agents chargés de la police des eaux. Ils peuvent faire l’objet d’un traitement informatisé, à condition qu’ils puissent être facilement consultés par les services compétents et que ce traitement assure la traçabilité des modifications apportées.

      I. ― Au plus tard deux mois après la publication du présent arrêté, l’exploitant adresse au DSND :
      ― un descriptif détaillé des circuits et dispositifs d’entreposage de transfert et de rejet des effluents radioactifs et chimiques ainsi que des dispositifs et moyens de mesures mis en place ;
      ― la méthodologie des mesures mises en œuvre pour répondre aux dispositions du présent arrêté ;
      ― les fonctions et les coordonnées des responsables compétents en radioprotection chargés, sous la responsabilité de l’exploitant, d’assurer les permanences sur le site de Cadarache.
      Les mises à jour de ces informations sont systématiquement transmises au DSND.
      II. ― Un document récapitulatif mensuel des informations des registres mentionnés à l’article 28 signé par l’exploitant, est transmis au DSND, avec copie à l’ASN, au plus tard le 15 du mois suivant. La transmission des résultats est effectuée sous une forme définie en accord avec le DSND.

      I. ― La vérification du respect par l’exploitant des prescriptions fixées par le présent arrêté, notamment par des inspections et par des contrôles et des prélèvements pour analyse pouvant être réalisés à tout moment sur les effluents ou dans l’environnement des installations, est assurée, chacun pour ce qui le concerne, par :
      ― les inspecteurs du DSND ;
      ― les agents assermentés du service chargé de la police des eaux ;
      ― les inspecteurs des installations nucléaires de base de l’ASN et de la DREAL.
      Ces prélèvements et mesures peuvent être exécutés par un organisme spécialisé dont le choix est soumis à l’approbation du service ayant formulé la demande. Tous les frais occasionnés sont à la charge de l’exploitant.
      II. ― Les agents chargés du contrôle, notamment ceux du service chargé de la police des eaux, ont constamment accès aux bassins de rejets spécifiques des aéroréfrigérants du réacteur RES. L’exploitant leur apporte toute aide nécessaire à la réalisation des prélèvements et des analyses.
      Des mesures et contrôles peuvent être effectués par un organisme extérieur choisi en accord avec le service chargé de la police des eaux.

  • TITRE VI : INFORMATION DES AUTORITÉS ET DU PUBLIC

    Tout incident ou anomalie de fonctionnement des installations de l’INBS-PN susceptible de concerner directement ou indirectement les dispositions du présent arrêté, tel que fuite de cuve ou de canalisation d’effluents gazeux et liquides, rejet non contrôlé, élévation anormale de la radioactivité ou de tout autre paramètre des effluents rejetés, détérioration de filtres, dépassement d’un seuil d’alarme, perte de mesure de débits, d’activités ou de paramètres physico-chimiques, etc., fait l’objet d’une information immédiate au DSND et, selon leur domaine de compétences respectif, le préfet, l’ASN, la DREAL et le service chargé de la police des eaux.
    L’événement doit être signalé sur le rapport mentionné à l’article 33.
    La même procédure d’information s’applique pour tout accroissement significatif de la radioactivité dans l’environnement de l’installation.
    Ces prescriptions ne font pas obstacle aux dispositions portant sur la déclaration des accidents et incidents significatifs relatifs à la sûreté des installations nucléaires, ni aux mesures d’alerte prévues dans les plans d’urgence interne ou dans les plans particuliers d’intervention.

    Outre l’information transmise conformément à l’article 33, l’exploitant tient informé mensuellement la DREAL, la DDASS et le service chargé de la police des eaux des résultats de la surveillance des rejets et de leur impact sur l’environnement prévue par le présent arrêté.
    La transmission des résultats est effectuée sous une forme définie en accord avec le DSND.

    Chaque année, l’exploitant établit un rapport destiné à être rendu public permettant de caractériser le fonctionnement de l’INBS-PN et prenant en compte l’ensemble des contrôles et de la surveillance prévu au présent arrêté.
    Ce rapport, qui peut être commun à l’ensemble des installations du site CEA de Cadarache, présente notamment les éléments d’information suivants :
    ― le rappel des dispositions de l’arrêté d’autorisation (limites de transferts et de rejets d’effluents, contrôle des effluents, programme de surveillance) ;
    ― la quantité d’eau transférée annuellement ;
    ― l’état des rejets et transferts annuels et de leur répartition mensuelle (en activité et en flux pour les substances chimiques) ainsi que le bilan des mesures de surveillance réalisées dans l’environnement. Les opérations exceptionnelles conduisant à utiliser des substances chimiques se retrouvant ensuite dans les rejets sont décrites avec leurs principales caractéristiques.
    Ces informations sont accompagnées des commentaires nécessaires à leur bonne compréhension : carte à une échelle convenable du programme de surveillance (localisation des stations d’étude), situation des rejets et transferts par rapport aux limites réglementaires, comparaison des résultats de mesure dans l’environnement aux mesures initiales, explications quant à d’éventuels résultats anormaux, etc. ;
    ― l’estimation, de façon aussi réaliste que possible, des doses reçues par la population du fait de l’activité exercée au cours de l’année écoulée ; cette estimation s’applique aux groupes de référence de la population concernés par le site, dont les caractéristiques sont rappelées dans le rapport, et s’appuie notamment sur :
    ― l’évaluation des doses dues à l’irradiation externe, avec indication, le cas échéant, de la qualité des rayonnements en cause,
    ― l’évaluation de l’incorporation de radionucléides avec indication de leur nature et, au besoin, de leurs états physique et chimique, et détermination de l’activité et des concentrations de ces radionucléides,
    ― la description des opérations de maintenance des équipements et ouvrages intervenant dans les rejets et transferts d’effluents ainsi que dans l’évaluation de la quantité d’eau transférée,
    ― la description des incidents ou anomalies de fonctionnement ayant fait l’objet d’une information en application de l’article 31 du présent arrêté ainsi que des mesures correctives prises par l’exploitant,
    ― la mise en perspective pluriannuelle des résultats (comparaison avec les résultats antérieurs), y compris ceux relatifs à l’état de référence connu le plus ancien dans des conditions comparables,
    ― la présentation des efforts réalisés par l’exploitant en faveur de la protection de l’environnement,
    ― l’estimation de l’impact des rejets chimiques.
    Le rapport annuel est adressé au DSND, à la l’ASN, au préfet des Bouches-du-Rhône, à la DDASS, au service chargé de la police des eaux, à la DREAL Provence-Alpes-Côte d’Azur ainsi qu’à la commission d’information prévue par l’article 4 du décret du 5 juillet 2001 susvisé, au plus tard le 30 avril de l’année qui suit l’année décrite dans ce rapport.
    L’exploitant fournit un nombre suffisant d’exemplaires de ce rapport, spécifié par chaque entité destinataire.

  • TITRE VII : DISPOSITIONS FINALES

    La présente autorisation est accordée à titre personnel, précaire et révocable sans indemnité.

    Les dispositions du présent arrêté s’appliquent dès sa notification, à l’exception des dispositions suivantes qui seront applicables au plus tard dans les délais indiqués. Les durées fixées sont comptées à partir de la date de publication du présent arrêté.
    Article 12-III. ― Réalisation des mesures chimiques : six mois.
    Articles 17-I et 22. ― Réalisation des analyses chimiques préalables aux transferts des effluents industriels : trois ans.
    Article 18-II. ― Caractérisation des produits de dégradation liés aux traitements biocides et de leur toxicité : trois ans.
    Article 27-V. ― Mise en place d’une organisation permettant de disposer en permanence d’un personnel compétent et qualifié en radio-analyse et en analyses chimiques : trois ans.
    Article 28-III. ― Mise en œuvre d’un registre des consommations mensuelles de produits minéraux et organiques : deux ans.

    L’arrêté du 5 avril 2006 autorisant le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) à poursuivre les rejets d’effluents liquides et gazeux et les prélèvements d’eau pour l’exploitation de l’installation nucléaire de base secrète dénommée « Propulsion nucléaire » de son site de Cadarache est abrogé.

    Le délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection pour les activités et installations intéressant la défense est chargé de l’exécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la République française.

  • Annexe

    A N N E X E
    SITUATION DES POINTS DE MESURE ET DE PRÉLÈVEMENT

    PARAMÈTRES
    contrôlés
    POINT DE CONTRÔLE
    Codification Localisation
    Mesure permanente du rayonnement gamma ambiant à la clôture du site de Cadarache 151 EPURATION
    152 LIGNE HT
    153 PORTE VERRERIE
    154 PORTE DES CRETES
    155 PORTE DE L’AIGLE
    157 PORTE GDES FUMEES
    158 PORTE BARGETTE
    159 PORTE MALHIVER
    160 PT HAUT ZONE C
    162 Porte GPN
    Enregistrement continu du rayonnement gamma ambiant D1 Ginasservis
    D2 Verrerie
    D3 Grande Bastide
    D4 Saint-Paul-lez-Durance
    Prélèvements atmosphériques (poussières, halogènes) AS1 Ginasservis
    AS2 Verrerie
    AS3 Grande Bastide
    AS4 Saint-Paul-lez-Durance
    Prélèvements atmosphériques (tritium) T2 Verrerie
    T3 Grande Bastide
    T4 Saint-Paul-lez-Durance
    T5 Cabri
    Prélèvements atmosphériques (carbone 14) C1 Ginasservis
    C2 Verrerie
    C4 Saint-Paul-lez-Durance
    Précipitations atmosphériques PH2 Verrerie
    Lait L1 Gréoux-les-Bains
    Végétaux V1 Ginasservis
    V2 Verrerie
    V3 Grande Bastide
    V4 Saint-Paul-lez-Durance
    Terre Ter4 Saint Paul-lez-Durance
    Productions agricoles PA Ginasservis, Vinon,
    Saint-Paul-lez-Durance
    Durance (prélèvement en continu) PS1 Amont du site ― station de pompage
    PM3 Pont Mirabeau
    Sédiments SdD Aval immédiat du point de rejet en Durance
    Végétaux aquatiques VagD Aval immédiat du point de rejet en Durance
    Poissons PoissD Aval immédiat du point de rejet en Durance
    Piézomètres CAP 9 Au nord-ouest du bâtiment 400 de la zone INBS
    CAP 10 Au nord-ouest du bâtiment 400 de la zone INBS
    CAP 11 Au nord-ouest du bâtiment 443 de la zone INBS
    CAP 12 Au nord-ouest du bâtiment 443 de la zone INBS
    PZ6 Au sud-est du bâtiment 480 de la zone INBS
    (*) Les deux points à la clôture de l’INBS sont indiqués en caractères gras.

    Fait le 15 octobre 2012.

Arnaud Montebourg 

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 2 novembre, 2012 |Pas de commentaires »

URANIUM: LE NIGER JUGE TRES DESEQUILIBRE SON PARTENARIAT AVEC AREVA…NORMAL !…AREVA ET HOLLANDE SE CROIENT ENCORE DANS LES COLONIES ! (Thierry LAMIREAU)

Uranium:

URANIUM: LE NIGER JUGE TRES DESEQUILIBRE SON PARTENARIAT AVEC AREVA...NORMAL !...AREVA ET HOLLANDE SE CROIENT ENCORE DANS LES COLONIES ! (Thierry LAMIREAU) dans REFLEXIONS PERSONNELLES areva3Le Niger juge très déséquilibré son partenariat

avec AREVA

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NIAMEY – Le Niger a durci le ton jeudi 25 octobre 2012 envers le groupe français AREVA, jugeant très déséquilibré leur partenariat historique dans l’uranium, dont le pays est l’un des plus grands producteurs mondiaux, et a dit vouloir accroître les retombées du secteur minier pour la population.

Le partenariat dans l’exploitation de l’uranium est très déséquilibré en défaveur du Niger, et ce depuis 41 ans d’exploitation de ce minerai, indique un communiqué du Conseil des Ministres.

Ce déséquilibre est corroboré par le fait que les recettes tirées de l’uranium représentent 5% des recettes du budget national alors que le Niger devrait en tirer des ressources importantes, explique le gouvernement du président Mahamadou Issoufou, élu en mars 2011.

Le gouvernement exprime sa volonté d’accroître les retombées du secteur minier pour le peuple nigérien, à travers notamment le renforcement de sa participation à la gouvernance du secteur, sans plus de précision.

Selon les médias officiels nigériens, le président Issoufou s’est entretenu cette semaine à Niamey avec Luc Oursel, le président d’AREVA, de l’épineuse question de l’exploitation de l’uranium, dont les revenus alimentent la controverse depuis des décennies.

Interrogée par l’AFP, une porte-parole d’AREVA à Paris n’a pas fait pas de commentaires dans l’immédiat.

Présent depuis une quarantaine d’années au Niger, le groupe nucléaire français y exploite deux gisements d’uranium à Arlit et à Akokan, dans le nord désertique du pays.

Plus grand employeur privé de ce pays parmi les plus pauvres du monde, AREVA doit en outre commencer en 2013-2014 l’exploitation de la mine géante d’Imouraren (nord), présentée comme la deuxième du monde. Elle doit produire 5.000 tonnes d’uranium par an à plein régime et représente un investissement de plus de 1,2 milliard d’euros.

Le pétrole aussi

Le gouvernement a aussi déploré le retard dans le chantier d’Imouraren, imputable à AREVA et qui entraînera un manque à gagner pour l’Etat.

Depuis quelques années, deux compagnies chinoises, dont la China National Nuclear Corporation (CNNC), extraient aussi de l’uranium à Azelik, dans la même région.

En février, Niamey avait annoncé que le prix du kilogramme d’uranium nigérien avait été fixé à 73.000 FCFA (environ 111 euros), à l’issue de négociations avec AREVA, évoquant une avancée notable dans l’histoire des négociations des prix des matières premières au Niger.

Il s’agit d’un prix plancher généralement fixé lors de discussions annuelles avec AREVA et censé mettre le Niger à l’abri des fluctuations sur le marché international.

Premier produit d’exportation du pays, le minerai représente 5% de son produit intérieur brut (PIB).

Le gouvernement a indiqué, sans plus de détail, avoir la même volonté de changement dans le secteur pétrolier, où la même démarche est en cours.

Le Niger est devenu en novembre 2011 producteur de pétrole et a ouvert à Zinder (centre-est) sa première raffinerie, pour une modeste production de 20.000 barils par jour.

Les prix à la pompe de l’essence produite et raffinée sur place sont jugés trop élevés dans la population et suscitent depuis un an de vives protestations.

Le contrat de production et de raffinage attribue 40% de la production au Niger et 60% à la China National Petroleum Corp. (CNPC), une compagnie publique chinoise.

Les ONG nigériennes ont souvent dénoncé le flou autour des contrats miniers.

Nous saluons et encourageons cette décision du gouvernement, a réagi Salissou Oubandoma, ex-coordonnateur du Groupe de Réflexion sur les Industries Extractives au Niger (GREN), une ONG locale. Nous produisons d’énormes quantités de ce minerai stratégique, on ne peut comprendre que les Nigériens végètent encore dans la misère, a-t-il affirmé à l’AFP.

(©AFP / 25 octobre 2012 19h53)

NIGER : LA BATAILLE DE L’URANIUM

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Les sites d’extraction d’uranium sont situés dans les plaines désertiques du nord du Niger, en territoire touareg.
© Areva
Au nord du Niger, dans une région de plaines désertiques où est implantée AREVA, le fleuron français de l’industrie nucléaire, les Touareg ont pris les armes. Leurs revendications : un partage équitable des revenus issus de l’extraction d’uranium et des conditions d’exploitation du minerai qui respectent leur mode de vie, leur santé et leur environnement.

Enlèvements, attaques de garnisons, blocages d’axes routiers névralgiques : ce sont les seuls moyens de pression dont disposent les rebelles touareg du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ) pour exiger du gouvernement de Niamey une répartition équitable des revenus uranifères. Exploitées depuis quarante ans par la firme française AREVA, numéro un mondial du nucléaire, les mines d’uranium du nord du Niger constituent une manne économique pour le sud du pays. Quant aux Touareg et aux 80 000 âmes de la ville d’Arlit, à proximité des sites d’extraction, ils ont « gagné la poussière, la radioactivité, plus de pollution et plus d’atteintes à l’environnement », selon Moussa Tchangari, un militant associatif.

Eau, air, sols : un lourd tribut

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Les combattants du MNJ revendiquent 50 % des revenus issus de l’exploitation de l’uranium.
© Galaxie Presse
De fait, l’eau des puits est polluée par l’acide sulfurique utilisé dans le traitement de la pierre. L’air est chargé de poussières de minerais hautement radiotoxiques. Enfin, des matériaux irradiés récupérés par les mineurs se retrouvent dans les charpentes des maisons, les voitures ou les ustensiles de cuisine. En dépit de preuves tangibles, l’absence de dépistage ne permet pas d’établir l’ampleur de la contamination à l’uranium de la population. Surplombant les activités minières, les vergers de la région agricole de l’Aïr, classée au patrimoine mondial de l’humanité, sont également menacés. Tandis que le gouvernement étend les zones de prospection sans consulter les Touareg qui y vivent, le président du MNJ, Aghali Alambo, appréhende la sédentarisation à laquelle est contrainte sa communauté. « Le nomadisme, c’est notre culture, explique-t-il. Ces gens n’ont pas l’habitude de payer l’eau, le bois, l’électricité. Dans les villes, tout est payant. Et s’ils n’ont pas de travail, il faut qu’ils demandent la charité devant tout le monde. Et ça touche la crédibilité de notre culture. »

Gaëlle Gonthier

DOCUMENTAIRE
DURÉE 47′
RÉALISATION NAHAN SIBY, FRÉDÉRIQUE DENIS ET STÉPHANE MANIER
PRODUCTION FRANCE 5 / GALAXIE PRESSE
ANNÉE 2008
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Mine d’uranium au Niger. 

 Mines d’uranium au Niger:

Un scandale nommé COGEMA

Le nucléaire, l’uranium

et « l’indépendance énergétique »

française

Sur le site internet de COGEMA [1] on trouve les précisions suivantes: « Le groupe COGEMA est l’un des leaders mondiaux pour la production d’uranium naturel, il en produit de l’ordre de 7 000 tonnes par an soit environ 20% de la production mondiale. (…) En France plus de 70 000 tonnes d’uranium ont été exploitées depuis 1946. Les principaux gisements se situaient dans le Limousin, le Forez, la Vendée et l’Hérault (…). Dès le début des années soixante, les équipes de prospection du groupe COGEMA ont engagé des recherches hors de France (…). Les succès les plus remarquables ont été rencontrés au Gabon (près de 27 000 tonnes d’uranium découvertes et exploitées de 1960 à 1999) et surtout au Niger (près de 80 000 tonnes d’uranium produites depuis l’origine) (…) ».

L’année 1988 correspond à la production maximale des mines d’uranium en France mais à partir de cette date les fermetures de sièges miniers vont se succéder (a). Pourtant, huit ans plus tard, dans la publication CEA « Memento sur l’énergie 1996″ il est indiqué au chapitre« Réserves énergétiques françaises » que le taux d’indépendance de la France vis-à-vis de l’uranium est de 100% alors que les mines françaises sont en fin de vie. Dans les publications ultérieures ce chapitre a disparu.

Notons que cette façon de voir l’indépendance de la France est parfaitement logique dans le système économique actuel. La production d’une entreprise n’appartient pas au pays où l’entreprise est implantée mais à son propriétaire. Si les mines d’uranium en Afrique ou ailleurs sont la propriété de COGEMA alors l’uranium produit est français. L’économie moderne nous a permis de récupérer des territoires coloniaux que nous avions perdus. Une façon moderne de gérer la colonisation ! Ainsi, notre soit disant « indépendance énergétique » qui serait due à l’uranium vient, en réalité, d’Afrique depuis bien des années déjà, mais aussi du Canada, d’Australie, et COGEMA développe désormais des activités minières en Asie centrale dans des républiques de l’ex-URSS (Kazakhstan et Mongolie).

La réalité COGEMA et ses mythes

Une plainte avec constitution de partie civile pour « pollution, mise en danger de la vie d’autrui, abandon et dépôt de déchets concernant tous les sites miniers du Limousin » a été déposée contre COGEMA en mars 1999 par l’association Sources et Rivières du Limousin, trois ans après que plusieurs associations aient dénoncé la radioactivité des eaux du Lac de St Pardoux [2]. La COGEMA, en tant que personne morale, a été effectivement mise en examen le 30 août 2002 pour « pollution, abandon et dépôt de déchets ».

Comment est-ce possible ?

Les habitants du Limousin et de tous les sites miniers ne doivent-ils pas être rassurés et heureux des activités menées par COGEMA – la prospection, l’activité minière et la réhabilitation après la fermeture des installations – si l’on en croit le panégyrique publicitaire de COGEMA qu’on peut trouver sur internet ? Citons quelques passages. Les activités minières COGEMA ce n’est pas seulement « Découvrir et produire » mais aussi: « Favoriser le développement durable (…) En fin d’exploitation, COGEMA réaménage les sites miniers pour les rendre au milieu naturel et maintient une surveillance sur les sites une fois réaménagés. Sans attendre la phase de réaménagement, COGEMA entreprend à chaque stade des opérations, des actions de précaution et de prévention, afin de minimiser les impacts et les risques environnementaux ». « La sécurité et la santé des travailleurs, COGEMA a été pionnière dans la profession pour la protection des mineurs contre les radiations ionisantes (…) ». « Les relations avec les populations locales, COGEMA est à leur écoute et contribue à la vie économique et sociale de façon adaptée à chaque situation : – Assistance médicale dans les pays ne disposant pas de système de santé publique (exemple de l’hôpital d’Arlit au Niger) (…) «  Cette auto-complaisance a de quoi faire grincer les dents. Nous allons la confronter à deux réalités, celle du Limousin et celle d’Arlit au Niger.

COGEMA et les mines d’uranium en Limousin

Ne manquez pas de voir le film de Thierry LAMIREAU « Uranium en Limousin«  en Realvideo 21Kb [3] qui raconte une autre histoire, moins triomphaliste et plus triste, de sites saccagés, d’opposants, de travailleurs malades. L’histoire racontée par un médecin, de son patient qui a ses mouchoirs toujours jaunes comme est jaune la couleur du « yellowcake » issu des traitements chimiques du minerai d’uranium (b), qui va mourir et être autopsié et dont les résultats ne seront jamais communiqués.

Les oppositions à COGEMA ont été nombreuses en Limousin comme en témoigne la dizaine d’associations [4] créées au cours des ans dans toute la région. Michèle Granier (CLADE) nous fait un bref résumé: « En Limousin, la Division Minière de la Crouzille exploite l’uranium depuis 1949. Au début des années 1970 la contestation naît dans la population et une plainte en justice est déposée lorsque les déchets et matériaux provenant du démantèlement de l’usine du Bouchet [5] en région parisienne sont déversés dans une mine à ciel ouvert, Le Brugeaud, où sont stockées les boues de concentration du minerai. (Il a été question de 40 – 50 curies de radium 226 provenant du Bouchet). Il y a eu une grande variété de luttes ponctuelles, par exemple contre les permis d’exploitation dans les secteurs miniers.

Dans les années 90 les opposants ont obtenu une pré-étude sur l’état radiologique des sites d’exploitation du Limousin, payée par les Conseils Général et Régional, effectuée par la CRIIRAD, association indépendante (Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité), et la société ALGADE choisie par la COGEMA. Les deux séries de mesures ont été concordantes mais pas l’interprétation des résultats ! Les conclusions de la DRIRE (Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement) ont été celles d’ALGADE qui dédouanent la COGEMA.

En bref:

L’exploitation minière n’a eu aucun impact sanitaire en

Limousin !

L’inertie des élus et de la population aidant, les recommandations formulées par la CRIIRAD ont été enterrées. Mais cela n’empêche pas les problèmes de refaire surface très périodiquement: réservoirs d’eau potable de la ville de Limoges contaminés par les eaux d’exhaure des anciennes mines d’uranium « abandonnées ou délaissées ». Lac touristique de Saint-Pardoux faisant de la « rétention » de radioactivité dans les sédiments ; maison à taux de radon record, vendue à des particuliers par COGEMA, que Kouchner – le ministre de la santé de l’époque – fait évacuer, le tout avec procès à la clé (annulation de la vente au motif que COGEMA étant « expert en la matière » a réalisé une vente en connaissance du vice caché) ; plainte déposée par Sources et Rivières du Limousin pour « empoisonnement des eaux du Limousin » aboutissant en 2002 à la mise en examen de COGEMA (à suivre). Plainte le 2 octobre 2002 contre l’Etat Français,  le Ministère de l’Environnement chargé des installations classées, déposée par l’ADEPAL [5] auprès de la Commission des Communautés Européennes au sujet de l’autorisation préfectorale accordée à COGEMA de stockage de 199 900 tonnes d’oxyde d’uranium appauvri à Bessines, dans des hangars de surface (c). (Avec la réponse récente de la CCE l’Etat a gagné). D’autres actions ont eu lieu au cours des ans, on ne peut les citer toutes (d).

Hors Limousin

Concernant la Division Minière du Forez, l’étude mandatée par le Collectif des Bois Noirs, la Mairie de Saint Priest la Prugne et les élus locaux sera rendue début 2003. (A noter que la fermeture du site date de 20 ans et que c’est l’état du site et les préoccupations de santé des populations qui obligent les élus à se pencher sur le problème (mesures de la contamination du site par la CRIIRAD et SUBATECH choisi par COGEMA).

Par ailleurs la Division Minière de Vendée a, elle aussi, demandé à la CRIIRAD de faire une étude qui a obligé l’industriel à reprendre certains sites. Quant à la Division de Lodève (Hérault) elle sert de vitrine de « réaménagement modèle » mais il faut noter que jusqu’à présent la contestation ne s’est pas fait entendre. Il se pourrait que s’engage le même processus que sur tous les sites visités par COGEMA ».

Le scandale d’Arlit

COGEMA soit-disant: « pionnière pour la protection des mineurs d’uranium » !
Pour illustrer les « bonnes oeuvres » de la COGEMA en Afrique, le site minier d’Arlit au Niger est exemplaire et nous donnons ci-après la traduction par Anne-Marie Chenet (Stop Nogent) d’un article de Roger Moody publié par Wise-Amsterdam le 22 avril 1982 [6] :

 « Scandale de l’uranium au Niger » 

« Des gamins de quinze et seize ans se font irradier dans les mines sous contrôle français au Niger. Il n’y a quasiment aucune protection contre l’inhalation de gaz radon. La main d’oeuvre, presque exclusivement des nomades Touaregs, reste totalement ignorante des effets de l’exploitation minière. La détection des radiations et les contrôles sanitaires sont inexistants. »

Ce ne sont là que quelques uns des faits rapportés par un réalisateur de télévision britannique qui, avec une équipe de caméramen de l’émission Panorama (UK) ont été les premiers étrangers à visiter Arlit dans la partie nord du Niger. [Le réalisateur] Christopher Olgiati est un jeune homme grand et mince, parlant avec aisance. Il n’exprime pas de griefs particuliers contre le gouvernement militaire du Président Kountché: de fait il le défend contre l’accusation qui s’est répandue selon laquelle le gouvernement aurait permis aux Lybiens de détourner le minerai d’uranium. (Olgiati pense que c’est peut-être une désinformation qu’a fait courir la CIA).

Pour ce que j’en sais Chris Olgiati peut très bien être un défenseur de l’énergie nucléaire. Mais ce qui l’a choqué lors de sa visite durant dix jours de cette région uranifère, une des plus importantes de la planète, ce sont les conditions de vie de la main d’oeuvre locale. Et le contraste avec celles des Français qui occupent les postes de direction.

« Arlit est absolument au milieu de nulle part » m’a-t-il dit dans une interview en exclusivité.  » C’est une oasis artificielle construite selon le modèle colonial. Elle a sa propre ville-dortoir avec supermarchés, courses de chevaux, produits de luxe importés de la métropole. Un incroyable choc culturel si l’on compare avec les travailleurs nomades ». Selon Olgiati c’est la main d’oeuvre nomade qui vient vers la compagnie plutôt que l’inverse. Souvent les nomades ne restent pas plus d’une semaine, prennent leur paie et s’en vont. Certains ne restent qu’une journée. « C’était la grande récrimination française » dit Olgiati, « les ouvriers ne font juste que passer ».

« Il va de soi que les Français n’informent pas les indigènes qu’ils travaillent dans les mines les plus dangereuses du monde, ils n’entendent jamais parler de mesures dosimétriques des rayonnements et un suivi sanitaire quel qu’il soit est impensable ».

« Un sympathique directeur d’Arlit nous a concédé que les nomades travaillaient dans l’ignorance absolue de ce qui pouvait leur arriver dans vingt ou trente ans ». Il y a de grandes mines souterraines à Arlit que l’équipe de la télévision a visitées: « une journée sous terre était plus qu’assez » a commenté Olgiati. « Le renouvellement d’air semblait correct mais le bruit du forage était insupportable. Je n’ai vu personne porter de masque. Les mineurs remontent des galeries en fin de journée recouverts de poussière radioactive de la tête aux pieds ». Arlit n’est pas la seule mine d’uranium du Niger mais elle a été la première et elle reste la deuxième en importance. La production commerciale a démarré en 1971 – la production a été de 1900 tonnes en 1980. La teneur moyenne en uranium est actuellement de 0,25% mais en 1978 elle atteignait les 3%. Si l’on se réfère au terrible taux de mortalité parmi les mineurs des mines de Kerr McGee dans les années 50-60 (et leurs conditions de travail étaient probablement meilleures qu’ici) cela signifie que les Français ont signé l’arrêt de mort de milliers de Nigériens dans les années à venir.

Seulement le tiers du consortium SOMAIR d’Arlit appartient au gouvernement nigérien. La COGEMA (filiale du CEA, Commissariat à l’Energie Atomique) en détient 27% tandis que la société IMETAL en détient aujourd’hui 19% à travers la compagnie française MOKTA. L’autre géant français de l’uranium MINATOME détient 8% des actions. Des parts moindres sont détenues par Urangesellschaft (6,5%) ouest-allemande et la société italienne AGIP (6,5%) (e). Mais la direction est solidement tenue par les Français. « J’ai eu l’impression d’être en première ligne » dit Olgiati. « Arlit est très important pour les Français. Ils ont une station émettrice très puissante qui communique directement avec la France et ils ont littéralement haï qu’il y ait une équipe de télévision ici ». L’uranium du Niger est non seulement indispensable au programme électronucléaire massif de la France mais aussi à sa production d’armement (…). L’uranium est transporté vers le monde extérieur par camions vers le Bénin et aussi vers la Libye par Agadez à 250 km au sud-est d’Arlit où l’avion prend la relève. Chaque convoi est gardé sévèrement mais des accidents et des déversements de « yellowcake » sont chose courante. « Il y a toutes sortes d’histoires qui circulent au sujet de déversements d’uranium hors des camions et qui contaminent les réserves d’eau » dit Olgiati.

Cependant, le plus grand danger est la mine elle-même. Ici, des gens parmi les plus pauvres de la planète travaillent dans un environnement parmi les plus mortels qui soient pour fournir l’énergie aux norias de trains mus à l’électricité des nations les plus riches et alimenter leurs bombes en combustible. Ils sont maintenus dans l’ignorance totale des conséquences de leur travail et lorsqu’ils mourront leur corps ne sera même pas soumis à la formalité d’un examen post-mortem [autopsie]. Il serait difficile de trouver un exemple plus frappant de néo-colonialisme rampant.

Remarque : Ce scandale des conditions de travail des mineurs d’uranium africains n’a jamais fait partie des préoccupations syndicales en France. Ni d’ailleurs des ONG comme Médecins du Monde que nous avons essayé de sensibiliser à ce problème, mais sans succès [7].

Ceci n’est pas étonnant puisque même en France les syndicats des mineurs d’uranium ne se sont guère intéressés à l’excès de mortalité par cancers chez les mineurs d’uranium en particulier par cancers du poumon. Bien plus, ils ont contribué à masquer le problème comme en témoigne le fait que la réunion sur le thème des déchets miniers et de la surmortalité par cancer chez les mineurs d’uranium [8] n’a pu se tenir à Bessines le 16 décembre 1993 que sous la protection des gendarmes pour empêcher l’intervention violente des dirigeants syndicaux (CGT) qui voulaient casser le matériel de projection de Thierry LAMIREAU.

Bella BELBEOCH,
Lettre d’information du Comité Stop Nogent-sur-Seine n°95.

Références:

[1] COGEMA: Compagnie Générale des Matières Nucléaires, dont la présidente est Anne Lauvergeon (ancienne sherpa de François Mitterrand). Dans le cadre de la réorganisation de la filière nucléaire, création le 3 septembre 2001 par CEA-Industrie, Framatome et COGEMA, du groupe AREVA dont le directoire est présidé par Anne Lauvergeon. Dans AREVA: un pôle nucléaire avec COGEMA et Framatome ANP – Framatome Advanced Nuclear Power Inc.- (66% Framatome et 34% Siemens) et un pôle « technologie de l’information et de la communication » avec FCI (Framatome connections international) et ST Microelectronics. [Framatome ANP est très présent aux USA, entre autres pour assurer la maintenance des réacteurs]

[2] La Montagne, 7 sept. 2002 « La Cogéma mise en examen »

[3] Thierry Lamireau, 6, bis route de la FULY, 74150 RUMILLY. Uranium en Limousin, film/vidéo de 36 mn, 1ère version 1993, Copyright Thierry Lamireau 1995. Plusieurs fois primé: mai 1994 2ème prix au Festival Audiovisuel des Cultures Minorisées d’Europe. Septembre 1994 « Meilleure oeuvre vidéo » 5èmes rencontres de l’Image-Nature et Environnement, Martigues. Novembre 1994 1er prix catégorie « amateur », Rencontres Documentaires Traces de Vie Vic Le Comte/Clermont-Ferrand. Mars 1995, Prix du Ministère de l’Environnement au Festival Eurorégional du Film d’Environnement de Roubaix. Projeté dans plusieurs festivals dont le Festival du Film Scientifique de Palaiseau (Novembre 1995) et le Festival « Territoires en Images » (Institut de Géographie, Paris, Mars 2002), etc.

[4] Amis de la Terre Limousin et Marche, APMA Association de la Protection des Monts d’Ambazac, ALV les Amis du Limousin Vert, APPSP Association pour la Protection du Pays de Saint-Pardoux, AICIN Association Intercommunale d’Information sur le Nucléaire, ADEMAU Association de Défense des Monts d’Auriat, CRIIRAD Marche-Limousin, CLAN Collectif Limousin pour une Alternative au Nucléaire, CLADE Coordination Limousine Anti-Déchets Radioactifs, ADEPAL Association de Défense du Pays Arédien en Limousin. Il en manque peut-être !

[5] En région parisienne, à l’usine du Bouchet (CEA) les murs de certains laboratoires étaient devenus jaunes-orangés, comme les poudres d’uranates traités… N’étant pas d’une santé florissante les travailleurs du Bouchet ont eu du mal à se recaser pour raisons médicales dans les centres CEA après la fermeture de l’usine en 1971 et certains devaient être licenciés ce qui est apparu comme le début d’une campagne plus générale de licenciements prévus par l’administration du CEA qui a entraîné une riposte du personnel (« Non à la politique du citron pressé, non aux licenciements »), les syndicats ont appelé à la grève le 5 mai 1971, largement suivie à Saclay.

Il n’y a pas eu d’étude épidémiologique sérieuse des travailleurs du Bouchet. Obtenir la reconnaissance en maladie professionnelle de ceux morts par cancer est un véritable parcours du combattant. En 1990 la décontamination du site n’était toujours pas terminée et suscita de multiples protestations d’habitants du voisinage (Ballancourt, Itteville, Vert-le-Petit) en particulier des Amis de la Terre. Le Parisien des 28-29 avril 1990 titrait « Essonne : 20 000 tonnes de déchets nucléaires dorment près de Paris ».

[6] WISE-Amsterdam, Number 134.967, 22.4.82 (WISE, World Information Service on Energy). Nous remercions Wise-Amsterdam pour nous avoir retrouvé ce document de 1982. (En 1982 Roger Moody habitait Londres. Militant très actif il a, entre autres, fondé un groupe de recherche et d’action en faveur des minorités indigènes coloniales, il collaborait à Wise-Amsterdam, et devait se rendre en Australie visiter une mine appartenant à COGEMA).Wise publie désormais un bulletin Nuclear Monitor conjointement avec Nuclear Information and Resource Service (NIRS, Washington- USA). Contact: WISE Amsterdam, PO Box 59636, 1040 LC Amsterdam,http://www.antenna.nl/wise

[7] Lors de cette rencontre le 12 mai 1987 avec plusieurs membres de Médecins du Monde (le président était à l’époque Bernard Kouchner) nous avons expliqué les problèmes liés aux mines d’uranium, l’importance des mesures de radioprotection (évidemment ces mesures ont un coût qui se répercute sur le prix de l’uranium), signalé ce témoignage paru dans le bulletin de WISE sur l’emploi d’adolescents Touareg. Nous leur avons suggéré de faire une enquête sur les conditions de travail à Arlit. Cela ne devait pas poser de problèmes car des médecins de MdM sont présents en Afrique. Aucun écho, si ce n’est qu’au cours de la discussion il est apparu qu’une des femmes présentes était descendue dans une mine souterraine d’Arlit (il y a aussi à Arlit des mines à ciel ouvert). Elle ne s’était pas inquiétée des conditions de travail mais a pali quand on a expliqué l’importance du radon et des poussières d’uranium sur l’incidence des cancers du poumon.

[8] Roger Belbéoch, « Les risques de cancer chez les mineurs d’uranium français«  La Gazette Nucléaire 129/130, décembre 1993, p.10-15. Colloque Uranium et Santé, Limoges novembre 1993.

Notes:

a) Dossier:  »l’uranium », par Pierre-Christian GUIOLLARD http://www.minerapole.com/f_/fi_01_1.html. Jouac, la toute dernière mine d’uranium française non loin de Limoges, a fermé le 31 mai 2001. D’après la publication CEA Informations utiles, Edition 2001, la répartition de la production d’uranium en 1999 par les compagnies du groupe COGEMA (5528 tonnes) était la suivante: Afrique 58% ; Canada 32% ; Jouac 8% ; divers (USA) 2%.

b) Le « yellowcake » est un concentré issu du traitement chimique du minerai. C’est un diuranate de couleur jaune. A Bessines ces traitements étaient effectués à l’usine SIMO (Société Industrielle des Minerais de l’Ouest). C’est sous forme de « yellowcake » que l’uranium est ensuite envoyé aux différentes usines de conversion.

c) La présence d’un tel tonnage d’oxyde d’uranium appauvri sous forme de poudre n’a guère mobilisé les antinucléaires hors Limousin. Et pourtant si un avion s’écrasait sur les hangars ou si un incendie se déclarait (acte malveillant, amorçage de réaction chimique transformant UO2 résiduel en U3O8 etc.) ce serait pire que la dispersion des oxydes formés par l’impact des obus utilisés dans la guerre du Golfe et au Kosovo car, dans les hangars, c’est déjà de l’oxyde d’uranium sous forme de poudre qui se disperserait.

d) Action collective symbolique réussie à Auriat: deux forages destinés à l’étude de l’enfouissement en couche géologique profonde de déchets radioactifs sont définitivement bouchés. Il ne s’agissait pas de la COGEMA mais de forages de l’Institut de Protection et de la Sûreté Nucléaire (IPSN).

e) D’après Wise-Amsterdam (mise à jour 2 août 2002) deux groupes SOMAIR et COMINAK se partagent l’exploitation de l’uranium au Niger dans les sites respectifs d’Arlit et Akouta et COGEMA est majoritaire: SOMAIR: 56,86% COGEMA, 6,54% Urangeselschaft Allemagne, 36,6% ONAREM Niger. COMINAK: 34% COGEMA, 31% ONAREM Niger, 25% OURD Japon, 10% ENUSA Espagne http://www.antenna.nl/wise/uranium/uoafr.html

A lire :

- Communiqué de la CRIIRAD, 16/02/2005: Areva – Niger – Uranium

- (format word): Malgré l’opposition des filiales de la COGEMA, la CRIIRAD et SHERPA ont mis le pied au Niger et commencé les investigations autour des sites miniers (déc. 2003).

Le Limousin radioactif

Radon, un gaz mortel qui vient du sol

La mine de IMOURAREN au NIGER…

Les manœuvres qui battent leur plein à Paris pour placer des fidèles aux postes clés de la filière électrique, renvoient au rôle stratégique que représente le groupe nucléaire français AREVA. Après avoir débarqué Anne Lauvergeon en 2011, l’Elysée compte garder la main sur le groupe nucléaire qui exploite au Niger l’un des plus grands gisements d’uranium en Afrique. AREVA mène avec EDF des discussions difficiles pour des opérations de fourniture de combustible et de prise de participation dans des actifs miniers. Le groupe AREVA assure que les négociations portent essentiellement sur la future mine d’Imouraren au Niger.

Il s’agit de la plus grande mine d’uranium à ciel ouvert d’Afrique, et la deuxième au monde. Le complexe de la future mine démarrera, vraisemblablement, en 2015 pour un investissement d’au moins 1,2 milliard d’euros. A terme, le groupe français compte sur une production annuelle de 5000 tonnes. Pourtant, l’Etat français actionnaire à plus de 80% d’AREVA, a des soucis à se faire, surtout avec l’entrée envahissante de la Chine en Afrique. Pour répondre à ses énormes besoins en énergie, Pékin a établi un ambitieux programme nucléaire qui prévoit la construction de plus d’une vingtaine de réacteurs nucléaires. Un programme qui s’étalera sur plusieurs années et qui risque de rendre la compétition plus ardue entre la France, présente de longue date en Afrique, et le nouvel arrivant. Ce qui amène les observateurs à considérer que la situation de déstabilisation qui prévaut actuellement dans le Sahel ne va pas totalement contre les intérêts français. Il est vrai que sept salariés d’AREVA travaillant sur le site d’exploitation d’Arlit, au Niger, ont été enlevés en septembre 2010 par un groupe terroriste se réclamant d’Aqmi. Trois d’entre eux ont été relâchés depuis, alors que les jihadistes exigent des dizaines de millions d’euros pour la libération des quatre autres captifs. Pour sa part, Paris assure régulièrement qu’il poursuit ses efforts pour la libération des otages. Des efforts qui n’excluent certainement pas un renforcement de la présence militaire française dans la région, avec la caution des gouvernements locaux.

- Communiqué de presse CRIIRAD et ONG

AGHIRIN’MAN du 28/08/12 (IMOURAREM)

pdf_icon LUC OURSEL Lire le communiqué en Pdf

La CRIIRAD et l’ONG AGHIR IN MAN demandent la révision de l’étude d’impact concernant le projet d’exploitation de la mine d’IMOURAREN par AREVA au Niger

La plus grande mine d’uranium d’Afrique

Le gouvernement du Niger et AREVA ont signé le 5 janvier 2009 à Niamey la convention minière attribuant à AREVA le permis d’exploitation du gisement d’uranium d’Imouraren, situé au nord d’Agadez .
Selon AREVA, il s’agit du « plus grand projet industriel jamais envisagé au Niger. Imouraren est la mine d’uranium la plus importante de toute l’Afrique et la deuxième du monde » « Le démarrage de sa production …/… permettra au Niger de doubler sa production actuelle et de se placer au deuxième rang mondial des pays producteurs d’uranium ».
Selon l’étude d’impact initiale, le gisement s’étend sur 8 km de long et 2,5 km de large et le site industriel couvrira une surface de 200 km2.
Compte tenu des réserves estimées à 179 000 tonnes d’uranium, la production à terme est estimée à 5 000 tonnes d’uranium par an pendant plus de 35 ans. Le gisement principal étant situé à une profondeur moyenne de 130 mètres, son exploitation par mine à ciel ouvert nécessitera la manipulation de près de 3,8 milliards de tonnes de roches dont 85 millions de tonnes de stériles radioactifs et 245 millions de tonnes de minerai exploitable.

Les conditions d’extraction de l’uranium qui seront mises en place ne sont pas celles décrites dans l’étude d’impact initiale

Dans son étude d’impact sur l’environnement, AREVA avait indiqué que l’uranium serait extrait des minerais selon deux techniques : 58 % par lixiviation dynamique et 42 % par lixiviation en tas produisant ainsi au total 245 millions de tonnes de résidus radioactifs.
Lors de la réunion du Comité Local d’Information qui s’est tenue à Arlit en décembre 2011, AREVA a annoncé que finalement l’ensemble des minerais seraient traités par lixiviation en tas. Ceci constitue une modification fondamentale du projet qui nécessite une révision de l’étude d’impact.
Quel que soit le procédé utilisé, l’extraction de l’uranium conduira à la production de centaines de millions de tonnes de résidus radioactifs dont AREVA n’est pas actuellement en mesure de définir comment en sera garanti le confinement pendant des centaines de milliers d’années.
Dans le cas des mines exploitées par les filiales d’AREVA depuis plus de 40 ans dans la région d’ARLIT, environ 45 millions de tonnes de ces résidus sont toujours actuellement à l’air libre. Les poussières radioactives et le radon peuvent se disperser au gré des vents.

Des puits sont asséchés dans l’environnement du site

d’Imouraren

Selon l’étude d’impact initiale d’AREVA, l’extraction de l’uranium à Imouraren entraînera une forte consommation d’eau de la nappe fossile (12 à 13 millions de mètres cubes par an) et conduira à « un assèchement local des nappes du Tchirezine 2 et du Teloua dans l’environnement proche en fin d’exploitation ». Pour « atténuer et compenser » cet impact, AREVA indiquait dans l’étude d’impact que de nouvelles études hydrogéologiques allaient être réalisées. Cela signifie que le projet a été lancé sans qu’AREVA ait une connaissance satisfaisante des réserves en eau et de l’impact effectif de ses activités au plan hydrogéologique.
Fin 2011, AREVA a annoncé le lancement prochain des opérations de « dénoyage » du site. C’est-à-dire que les eaux souterraines sont pompées et déversées dans un gigantesque bassin à ciel ouvert. La mise en place de la mine ne peut en effet se faire que si le gisement est à sec.
Dans le cadre d’une visite de terrain réalisée il y a quelques mois, l’ONG AGHIRIN’ MAN a constaté que de nombreux puits traditionnels utilisés par la population locale de la région étaient asséchés. C’est en particulier le cas du puits de Tizirfitik situé à une trentaine de kilomètres au sud du gisement et utilisé par les populations des villages de Fichet et Tizirfitik. L’usage de ce puits est vital car il est habituellement utilisé durant la saison sèche lorsque les autres captages sont asséchés. L’existence de ce puits est mentionnée dans l’étude d’impact d’AREVA mais aucun résultat de suivi de la qualité des eaux de ce puits et du niveau d’eau n’est indiqué dans le dossier.
Selon les témoignages recueillis sur place par l’ONG AGHIRIN’ MAN auprès des populations concernées, l’assèchement de ce puits est un phénomène nouveau. Interpellé il y a quelques semaines par AGHIRIN’ MAN dans le cadre d’une réunion présidée par le préfet à Arlit, le directeur général d’AREVA uranium Niger a indiqué qu’il n’était pas au courant. En attendant, la population est contrainte d’utiliser les eaux de surface déposées par les pluies mais dès la saison sèche, à partir du mois d’octobre, la situation sera réellement critique pour ces populations qui vivent en zone désertique.

La création d’une zone d’exclusion de 450 km2 n’était pas indiquée dans l’étude d’impact.

AREVA a annoncé son intention de créer un périmètre « sanitaire » de 450 km2 autour du complexe industriel d’Imouraren. Cette zone sera interdite d’accès tant aux populations qu’aux animaux. Les populations seront ainsi privées de 450 km2 d’espaces pastoraux. Cette contrainte n’était pas explicitée dans l’étude d’impact initiale.

Les demandes de la CRIIRAD et de l’ONG AGHIRIN’MAN

Pour toutes ces raisons, et à l’issue de réunions de travail à Valence (France) du 21 au 28 août 2012, la CRIIRAD et l’ONG AGHIRIN’MAN demandent qu’AREVA réalise une nouvelle étude d’impact environnemental et apporte des réponses précises aux questions concernant l’impact hydrogéologique et l’entreposage à long terme des déchets radioactifs, ainsi que les moyens de compensation pour les populations touchées. Cette nouvelle étude d’impact devrait pouvoir être expertisée par des scientifiques indépendants et être discutée lors de nouvelles audiences publiques à réaliser avant la mise en production de la mine d’IMOURAREN.

Rédacteurs : Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire, responsable du laboratoire de la CRIIRAD et Ghamar Illatoufegh, secrétaire général d’AGHIRIN’ MAN

Pour plus de renseignements :

CRIIRAD : par mail : bruno.chareyron@criirad.org ou par téléphone : 04 75 41.82.50
AGHIRIN’MAN : par mail aghirin_man@yahoo.fr ou par téléphone 00 227 96 87 24 98
Site CRIIRAD : www.criirad.org
Site AGHIRIN’MAN : http://aghirinman.blogspot.fr

CRIIRAD Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité 

Copyright © 2012

Areva assure qu'aucun salarié au Niger n'est exposé à un niveau dangereux de radiations.
AREVA assure qu’aucun salarié au Niger n’est exposé à aucun niveau dangereux de radiations. – © ALBERTO OG via FlickR / Licence Creative Commons

Nouveau terrain miné !

AREVA, leader mondial de l’énergie nucléaire, va exploiter à partir de 2014 une troisième mine d’uranium au Niger, sur le site d’Imouraren. Un gisement géant dont seront extraites chaque année 5000 tonnes de cet élément radioactif naturel.

Le gisement d’Imouraren est stratégique. D’abord pour AREVA, présent depuis 40 ans au Niger. Le groupe exploite déjà deux sites dans ce pays, qui lui assurent 3000 tonnes d’uranium par an. De quoi alimenter un tiers des centrales hexagonales. Mais aussi pour le Niger, puisque la nouvelle mine placerait le pays au deuxième rang mondial des pays producteurs d’uranium.

Mais les ONG craignent des conséquences néfastes pour les populations locales et l’environnement. La Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD) et l’Association Nigérienne Aghir In Man redoutent « l’assèchement et la contamination des ressources en eau et la disparition des espaces pastoraux sur des centaines de kilomètres carrés ». L’agropastoralisme représente 10% du PIB, contre la moitié pour l’exploitation de l’uranium.

Des résidus radioactifs à l’air libre

AREVA, contactée par BazikPress, réfute ces allégations et vante plutôt les bénéfices pour la population: construction de puits et investissements en faveur de l’éducation.

L’entreprise certifie également que ses activités respectent les normes internationales et que ses salariés sont soumis à de faibles niveaux d’exposition à la radioactivité. Depuis décembre 2011, des observatoires de santé ont été mis en place pour assurer le suivi sanitaire des employés et des riverains. Sur les 135 personnes examinées, « aucune maladie professionnelle due aux rayonnements ionisants n’a été détectée ».

Pour autant, la justice française a condamné AREVA en mai 2012 à la suite du décès d’un ancien employé de la mine d’Akokan au Niger, mort en 2009 d’un cancer du poumon lié aux poussières d’uranium. L’entreprise a fait appel.

Depuis des années, des associations comme Sherpa, Greenpeace et Médecins du monde pointent également les risques liés au stockage à l’air libre des résidus extraits des mines. La dispersion par le vent de poussières radioactives serait à l’origine d’une contamination des sols et eaux.

« Le niveau de radiation devant l’hôpital de la Cominak atteignait des valeurs jusqu’à 100 fois supérieures à la normale [en 2007]« , mentionne un rapport de la CRIIRAD. Et selon Raphaël Granvaud, de l’association Survie, interviewé par Terra Eco, le nombre de personnes atteintes d’affections pulmonaires dans la zone des mines est « deux fois supérieur au reste du pays ».

Damien DUBUC (Bazikpress)

Niger :

AREVA exploitera une nouvelle mine

d’uranium en 2014

AREVA va bientôt débuter l’exploitation d’une nouvelle mine d’uranium au Niger. Une activité sans risque pour les hommes ni pour l’environnement, assure l’entreprise. Ce que contestent vivement les ONG, qui s’inquiètent.

Niger : Areva exploitera une nouvelle mine d'uranium en 2014

®Novethic

Le nucléaire français a encore de l’avenir. AREVA, leader mondial de l’énergie nucléaire, doit en effet débuter fin 2014 l’exploitation d’une troisième mine d’uranium au Niger, sur le site d’Imouraren, dans le nord du pays.
Le gisement, de 8 km de long sur 2,5 km de large, contient une grande quantité de cet élément radioactif naturel. AREVA va en extraire 5 000 tonnes par an sur au moins 35 ans, pour alimenter les centrales françaises notamment. Mais le gisement étant situé entre 110 et 170 mètres de profondeur, il va falloir extraire 3,8 milliards de tonnes de roches (!) pour atteindre le précieux élément. Le paysage désertique va vite voir pousser sur 200 km 2 – l’étendue du site industriel – des collines de roches…

Une mine qui donne soif aux bêtes

Une fois le précieux élément extrait, il va encore falloir utiliser beaucoup d’eau et de produits chimiques afin de le séparer de la roche. On ne devrait en effet trouver en moyenne que 800 grammes d’uranium par tonne de roche extraite.
Dans ces conditions, la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD), et l’Association Nigérienne, Aghir In Man, s’inquiètent. Lors d’un point presse tenu à Valence mercredi, elles ont dénoncé « l’assèchement et la contamination des ressources en eau » et « la disparition des espaces pastoraux sur des centaines de kilomètres carrés » qui vont découler de l’exploitation de la mine.
Le secrétaire général de l’ONG nigérienne, Ghamar Ilatoufegh, s’est rendu il y a deux mois sur le site de la mine, où les travaux ont commencé depuis 2009. « La mine a commencé à être creusée », a-t-il expliqué lors du point presse, repris par l’AFP. Il craint une disparition des espaces pastoraux « sur des centaines de kilomètres carrés ». Et ce d’autant plus qu’un « périmètre sanitaire couvrira quelque 450 km », inaccessible aux populations nomades et leurs animaux, et « sans compensation ». « Ces populations sont en train d’être expropriées de leur surface de vie par AREVA », s’est-il plaint.
« La surface de la mine occupe moins de 0,03% de la surface de la région du Nord du Niger. Les nomades ne sont pas privés de leurs lieux de passage », réplique Marie-Laure Lefébure, directrice adjointe de la communication d’AREVA Mines. Elle ajoute que l’entreprise va construire des puits à pompe solaire pour permettre de poursuivre les activités agropastorales.
Mais l’eau, dans la région, est une ressource rare. Le fait qu’AREVA pompe le liquide « dans une nappe fossile, qui se renouvelle à un rythme millénaire, va provoquer son assèchement rapide et être catastrophique pour l’agropastoralisme, qui pèse dans le PIB nigérien deux fois plus que l’exploitation de l’uranium », avance de son côté Raphaël Granvaud, membre de l’ONG Survie qui a publié en février 2012 « AREVA en Afrique. Une face cachée du nucléaire français » (éditions Agone).

Des collines de résidus radioactifs à l’air libre…

Autre inquiétude : les collines de roches qui vont progressivement s’élever en raison de l’extraction des milliards de tonnes de roches, qu’elles soient dites « stériles », car de faible teneur en uranium, ou traitées pour en extraire l’élément radioactif, vont être source de pollution de l’air et des sols. C’est du moins ce qu’estime la CRIIRAD, en se basant sur des études réalisées en 2010 avec Greenpeace International sur les sites des mines de Somaïr et Cominak, également exploitées par AREVA dans la région d’Arlit, à 80 km d’Imouraren.
En réponse à ce rapport jugé « à charge et caricatural sur les activités d’AREVA au Niger », l’entreprise a publié en février 2011 le document « AREVA et le Niger, un partenariat durable » « réfutant point par point les accusations », explique Marie-Laure Lefébure.
Elle nous confirme par ailleurs que, comme pour ces deux autres sites, les roches stériles d’Imouraren seront stockées à l’air libre. Idem pour les millions de tonnes de « résidus issus du traitement du minerai ». Encore radioactifs, ils seront entassés de manière compacte sous forme de verses (sortes de petites montagnes étendues, ndlr), comme c’est le cas à Cominak et Somaïr.

… mais 100% sûrs, selon l’entreprise

Mais la responsable d’AREVA se veut rassurante : « La verse de Cominak repose sur des argiles et celle de Somair sur un revêtement étanche. Elles sont ceinturées de digues. Une couche épaisse et très indurée se forme en surface de ces résidus lors de leur séchage, évitant l’envol de poussières. »

Donc circulez, il n’y a rien à voir!

Les alertes à la pollution des sols et de l’eau et à la contamination des travailleurs des mines comme de la population lancées depuis des années par différentes ONG (Sherpa, Médecins du Monde et bien sûr la CRIIRAD) ne seraient donc, d’après AREVA, pas justifiées. « AREVA est une entreprise responsable, dont les sites d’extraction d’uranium répondent à la norme ISO 14001 et sont soumis à de fréquents contrôles. Nous avons mis en place en 2000 un réseau de surveillance de l’air, de l’eau, des sols et de la chaîne alimentaire. Tous nos résultats montrent que notre politique environnementale est conforme aux normes internationales. » Et Marie-Laure Lefébure de préciser, encore, que l’Observatoire de la Santé mis en place au premier semestre 2012, en partenariat avec l’association Sherpa, a procédé à l’examen médical de 710 anciens travailleurs miniers.
« Aucune maladie professionnelle due aux rayonnements ionisants n’a été détectée. »

Des roches dites « stériles » qui polluent quand même les

villes

Pourtant, la CRIIRAD a relevé la présence de matériaux radioactifs dans les rues et certains lieux publics, jusque devant un hôpital. En 2007, elle a informé le Centre National de Radioprotection de Niamey ainsi qu’Anne Lauvergeon, alors présidente d’AREVA, de la découverte de niveaux de radiation anormalement élevés dans les rues d’Akokan, à quelques kilomètres de la mine d’uranium Cominak. « Le niveau de radiation au contact du sol devant l’hôpital de la Cominak atteignait des valeurs jusqu’à 100 fois supérieures à la normale. Il s’agissait probablement de stériles miniers issus de la mine Cominak et réutilisés pour la constitution de la piste. Compte tenu du niveau de radiation mesuré ces matériaux devraient être qualifiés de « déchets radioactifs ». Ils engendrent un niveau de risque cancérigène par exposition externe », peut-on lire dans un rapport. Et Raphaël Granvaud, de Survie, d’ajouter que le nombre de personnes atteintes d’affections pulmonaires est, dans la zone des mines d’uranium,   »deux fois supérieur au reste du pays ».

Face à cette guerre des chiffres et des arguments, l’Etat nigérien, lui, se range du côté d’AREVA. L’entreprise française est en effet le premier employeur privé du pays, et son principal partenaire industriel depuis 40 ans. De plus, grâce à Imouraren, qui sera la plus importante mine d’uranium à ciel ouvert d’Afrique de l’Ouest et la deuxième au monde, le Niger se placera au deuxième rang mondial des pays producteurs d’uranium, en doublant sa production actuelle.

De quoi fermer les yeux…

> Aller plus loin avec Novethic.fr

L’héritage radioactif des mines d’uranium

COMMUNIQUÉ CRIIRAD
15 octobre 2012
Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité
471 av. V. Hugo – 26000 Valence
L’HERITAGE RADIOACTIF DES MINES
D’URANIUM
CREATION DU COLLECTIF « MINES
D’URANIUM »
Venant de différentes régions de France et du Niger, des associations ont décidé d’unir leur force pour combattre les conséquences sanitaires et environnementales de l’exploitation de l’uranium.
Lire la déclaration commune avec la liste des signataires Les 23 et 24 août 2012, les représentants de 12 associations se sont réunis à Lavoine près de Saint-Priest-La-Prugne (Loire), à proximité du site des Bois Noirs Limouzat où le CEA, puis la COGEMA, ont extrait et traité du minerai d’uranium. Ce travail a abouti à la rédaction d’une déclaration commune qui a été examinée courant septembre par chaque association et que toutes ont décidé de signer. A ce jour, 13 départements français sont concernés (Allier, Cantal, Corrèze, Creuse, Deux-Sèvres, Finistère, Haute-Vienne, Loire, Loire Atlantique, Maine et Loire, Morbihan, Puy-de-Dôme, et Vendée) mais ce premier réseau est appelé à s’étendre.
L’objectif du COLLECTIF MINES D’URANIUM est de travailler en synergie sur les problèmes qui sont communs à l’ensemble des sites miniers, réutilisation de stériles uranifères comme remblais, pollution du milieu aquatique, contrôles inadaptés et bilans environnementaux biaisés, défaut de réglementation et de sanction des dysfonctionnements, décisions basées sur les rapports de force, etc. Il s’agit de faire front face aux moyens puissants dont dispose AREVA.
Cette action est urgente car ce qui s’organise dans l’ombre, c’est l’abandon des sites par l’exploitant et le transfert des responsabilités et des problèmes à la collectivité. Afin que les habitants n’aient pas à payer l’addition ou à subir la contamination, il est essentiel de faire appliquer le principe du « pollueur payeur », d’obtenir la décontamination des zones et habitations affectées et le maintien de la responsabilité des producteurs de déchets aussi longtemps qu’aucune solution de confinement pérenne n’a été apportée.
Tirer les leçons des erreurs commises en France pour en faire profiter les populations confrontées au développement des mines d’uranium. En France, les mines d’uranium constituent un héritage radioactif mais, dans un certain nombre de pays, l’exploitation est en cours, voire en plein développement.
C’est en particulier le cas au NIGER d’où vient une part importante de l’uranium qui alimente les centrales nucléaires françaises.
Les journées d’action et de formation d’août dernier ont accueilli des représentants de l’ONG AGHIR IN MAN, et notamment son président, monsieur Almoustapha ALHACEN. Cette ONG œuvre dans ce pays pour la protection de l’environnement et de la santé de la population. Elle travaille en particulier sur l’impact des mines d’uranium exploitées par les filiales d’AREVA dans la région d’Arlit, à 250 km au nord-ouest d’Agadez, et se trouve désormais confrontée au colossal projet d’Imouraren.
Depuis le lancement, en 2002, de son partenariat avec AGHIR IN MAN, la CRIIRAD a engagé des actions de formation et de contrôles environnementaux dans un certain nombre d’autres pays, notamment en Namibie, au Mali, au Malawi, au Brésil, en Finlande et en Bulgarie. On peut espérer qu’à terme, le réseau de solidarité s’étende et gagne en efficacité.
L’objectif est de transmettre aux citoyens et associations de ces pays, les enseignements tirés de ce qui s’est passé en France afin d’éviter les mêmes erreurs, voire des opérations encore pires, si l’on se base sur ce qui se passe au Niger.
Il s’agit également de les aider à décrypter, preuves à l’appui, les discours mensongers sur l’innocuité de l’uranium et la propreté de l’exploitation.
Premières actions communes
Au vu des différents agendas, deux actions ont été jugées prioritaires par les membres du collectif mines d’uranium :
1/ obtenir la publication des résultats des campagnes de mesures héliportées destinées à repérer les zones de réutilisation des stériles miniers radioactifs (des zones qui sont anormalement irradiantes) ;
2/ obtenir la définition de critères de décontamination suffisamment protecteurs et applicables partout car ce qui prévaut aujourd’hui, c’est le rapport de force et il est rarement favorable aux habitants.
QUELQUES RAPPELS
Entre 1948 et 2001, près de 200 mines d’uranium ont été exploitées sur le territoire français, générant de l’ordre de 200 millions de tonnes de déchets appelés « stériles », un terme trompeur car ces roches présentent des niveaux de radioactivité qui n’ont rien de négligeable (composées de roches excavées pour accéder au minerai et de minerais dont le teneur en uranium est inférieure aux teneurs exploitables).
Aux installations d’extraction du minerai, se sont ajoutées les installations de traitement mécanique et chimique pour extraction de l’élément uranium qui ont produit plus de 50 millions de tonnes de résidus radioactifs.
Les stériles sont des déchets radioactifs dont l’activité massique est typiquement de l’ordre de plusieurs dizaines de milliers de Bq/kg ; les résidus issus du traitement mécanique et chimique des minerais ont des activités de plusieurs centaines de milliers de Bq/kg. Dans les deux cas, il s’agit de déchets radioactifs de très longues durées de vie : périodes radioactives de 75 000 ans pour le thorium 230, de plusieurs milliards d’années pour l’uranium 238.
Du fait de leur radiotoxicité, de leur activité et de leur durée de vie, ces déchets relèvent des catégories TFA-VL et FA-VL qui imposent toute une série de prescriptions pour prévenir les transferts vers la biosphère et les populations.
Or, aucune des règles applicables n’est respectée.
Les actions conduites au niveau local se heurtent à la puissance d’AREVA et à ses relations privilégiées avec l’État.
De plus, les actions en justice sont d’autant plus difficiles que la réglementation a été mise en place afin de favoriser l’exploitation à moindre coût des gisements uranifères. C’est une chose de constater des pollutions et des opérations inacceptables, s’en est une autre de pouvoir saisir la justice. Ce qui est illégitime et choquant n’est pas forcément illégal.
Pour plus de renseignements :
CRIIRAD / par mail : bruno.chareyron@criirad.org ou par téléphone : 04 75 41 82 50
Impact des mines d’uranium sur le territoire français
http://www.criirad.org/actualites/uraniumfrance/somuraniumfrance1.html
Impact des mines d’uranium au Niger
http://www.criirad.org/actualites/dossiers2005/niger/somniger.html
Participants et intervenants au stage « Mines d’Uranium » du 23-24 août 2012
 Niger : L’uranium du Niger, ou est le problème ?

Le Niger est le troisième producteur mondial d’uranium (8 % loin derrière le Canada et l’Australie) et pourtant c’est un des pays les plus pauvres du monde ou 70 % de la population a moins de 20 ans. L’uranium représente aujourd’hui environ 35 % des exportations du Niger(80 % en 1970). 5% du PNB sans compter toutes les activités induites : sous traitants, commerce, artisanat, tacherons… C’est à la fin des années soixante que la Somaïr (Société des Mines de l’Aïr) commence l’exploitation d’un gisement de minerai d’uranium, puis la Cominak en 1974 à Akokan. Les cours de l’uranium sont au plus haut (60 000 F/CFA le kg en 84/85) pour une production d’environs 2000t. 250 expatriés vivaient dans la cité construite par la société, on l’appelait, le « petit Paris » magasins directement approvisionnés de France, hôpital le plus perfectionné du pays, restaurants piscine, Arlit a des allures de ville de western. Une ville « induite » se crée en marge de la cité : les bâtiments administratifs, la poste, des banques, station service, gare routière, un marché puis à la périphérie, le village carton celui des tâcherons, des parents d’ouvriers qui espèrent gagner quelques sous. En quelques années là où il n’y avait qu’un désert habité par des chameaux transhumants se constitue une agglomération de 60 000 habitants venant de tous le pays chercher fortune. À L’euphorie des années 70 a succédé un ralentissement de moitié de la production (1000 t) correspondant à un effondrement des cours (20 000 FCFA le kg) et a de sérieuses compressions de personnel (de 2000 à 600 employés) Aujourd’hui, la situation est stabilisée il n’y a plus que quelques expatriés, les cadres étant Nigérien et les cours de l’uranium remontent légèrement. L’exploitation par la Somaïr se fait à ciel ouvert tandis que la Cominak exploite la plus grande mine souterraine au monde de ce type à 250 mètres de profondeur. Les risques de contamination sont : les rayons Gamma, le gaz Radon, les poussières. La radioprotection et les contrôles sont effectués par la même société ALGADE.

Les problèmes liés à l’exploitation des mines d’uranium sont de trois ordres :

1) Sur le site même au nord de la ville

Pendant longtemps la radioprotection était sommaire et les soucis d’environnement liés aux résidus stériles d’exploitation marginaux. La teneur en minerai est de 3/1000. Au début les mesures de protection et les instruments de mesure rares. Ce sont les postes les plus exposés qui posent le plus de problèmes : concassage, usine. Les travailleurs ne doivent pas être exposés à plus de 20msv.(millisivert) en moyenne ce qui semble être le cas aujourd’hui  d’importants résidus d’exploitation radioactifs à l’air libre et de bassins de décantation de boues à l’acide sulfurique. Aujourd’hui après trente ans il n’existe pas vraiment d’état de santé des travailleurs. Qu’en est-il de ceux exposés depuis vingt ou trente ans ? Difficile à dire car beaucoup sont rentrés chez eux très loin d’Arlit, beaucoup sont morts dans l’anonymat. On remarque cependant un fort taux de mortalité après la retraite et de nombreux cas d’hypertension mais il est difficile d’attribuer de façon formel ces pathologies à une contamination.

2) En ville

 Nous sommes en plein désert, les vents dominants vont d’est en Ouest, la ville est au sud, si le vent tourne… Un trafic de métaux ayant servi à la mine porteur de radioactivité sert à la construction des maisons et à différentes utilisations. Il semble que beaucoup de ces métaux récupérés sur des engins soient recyclés par la douane jusqu’au Nigéria. Aujourd’hui les mesures en ville doivent être inférieur à 1 MSV ce qui semble être le cas d’après nos mesures certains métaux ont cependant été mesurés à 40 msv.(millisivert)

3) La principale pollution à notre avis vient de l’existence même de cette ville avec une consommation excessive de fourrage (afaso), de bois entraînant la désertification, de l’eau avec une diminution notoire de la nappe phréatique, pollution des jardins construits artificiellement sur un plateau argileux (banco) et arrosés avec de l’eau de récupération. Risques de Typhoïde. Même l’imam de la grande mosquée achète l’eau à Agadez. Bassin de rétention véritable nid à moustiques vecteurs du paludisme inconnu dans cette région jusqu’alors. Cette maladie transmise par les anophèles a été importée du sud et l’on note une recrudescence au moment des retours de congé, nombreux cas de tuberculose.

Accidents de la route.

Prostitution, trafic de marchandises importants avec l’Algérie, passeurs clandestins de voyageurs en provenance d’Afrique noire à destination de l’Europe. Corruption des douaniers. (Pour un transport de trente passagers, il faut l’équivalent du prix de 7 passagers pour payer les autorisations et la corruption).

Problèmes sociaux et culturels

Les touaregs premiers occupants de ces territoires arides (200 mm de pluie /an) ont été déstabilisés dans leur mode de vie : transhumance, pression démographique… sans avoir de contreparties. Ce fut une des causes de la rébellion des années 90. Les accords de paix prévoyaient l’embauche de 350 touaregs chiffre impossible à réaliser en pleine récession. Profitant du flux de camions approvisionnant la mine, la mine importe 40 000 t (matériel, intrans, souffre) et exporte 2 000 t (uranate de soude). Les jardins de l’Aïr se sont particulièrement développés et exportent vers le sud : oignons, pommes de terre, tomates… également exportation de bétails (viande et peaux). Aujourd’hui le village carton s’est transformé en plusieurs « boukoki » dont beaucoup de maisons sont en dur (banco).

Demande d’information

L’ONG Agherin’man (bouclier de l’âme) demande une enquête indépendante des risques encourus par les travailleurs et les populations. Sollicitée, la CRIRAD s’est vue confisquer ses appareils de mesure à l’entrée du territoire du Niger. L’association Sherpa est également venu enquêter. Il est clair que le manque d’informations indépendantes de la part des sociétés laisse la place à toutes les suppositions. Si l’on cache quelque chose, c’est qu’il y a un problème. Ce qui est clair c’est que le mot uranium déclenche des passions dans tous les sens et qu’il fait très peur.. Les réserves de la mine actuelle sont de l’ordre de 10 à 13 ans. Le petit lapin est sorti… qui le rattrapera… à suivre…

3 Août 2007: AREVA a annoncé jeudi avoir renouvelé ses contrats avec le gouvernement du président Tandja. « L’accord prévoit un relèvement immédiat du prix de l’uranium » (61 euros par kilo contre 41,6 auparavant, accord rétrocatif au 1er janvier2007), précise la direction du groupe

Bernard DESJEUX 

PS: voir :http://www.criirad.com/criirad/actualites/Communiques/NIGER/NoteCRIIRADfinal.pdf

 16 août 2007


Redistribution des cartes de l’uranium au Niger

La crise qui couvait depuis quelques mois entre l’Etat du Niger (quatrième producteur mondial d’uranium) et la multinationale française AREVA (troisième société productrice d’uranium) a conduit à la fin – amiable – du monopole d’AREVA sur l’uranium nigérien.

En effet, selon la ministre nigérienne des Affaires Etrangères et de la Coopération, l’Etat du Niger, au vu de la hausse des prix des cours de l’uranium, veut désormais élaborer une politique de diversification de ses partenaires industriels et commerciaux, ce qui mécaniquement devait passer par la fin du monopole d’AREVA sur l’uranium nigérien

(cf.article du Républicain Niger Républicain_Niger_article_2.pdf).

Ce monopole prenait racine dans les accords de défense entre le Niger et la France qui stipulaient – entre autres – la livraison d’uranium à des prix défiant toute concurrence.

Si certains voient dans la fin de ce monopole la fin d’un « pacte colonial », il semble nécessaire de remettre en perspective les accords AREVA – Niger dans le cadre plus global des tendances du marché mondial de l’uranium.

Mais d’abord passons rapidement en revue les termes de l’accord conclu :

-  AREVA s’engage à payer le kilo d’uranium (minerai brut ou yellow cake ? pas de précisions pour l’instant) au prix de 40 000 francs CFA (soit 60.98 euros), l’ancien prix étant de 27 300 francs CFA. Remarquons que cette hausse de prix sensible est encore en-dessous des prix internationaux couramment pratiqués (de l’ordre de 122 000 francs CFA) ;

-  ce prix de 40 000 francs CFA sera renégocié à compter du 1er janvier 2008 ;

-  l’Etat du Niger pourra vendre directement sur le marché international 300 tonnes de yellow cake pour son propre compte : 100 tonnes en 2007 et 200 tonnes en 2008 ;

-  enfin, la société AREVA sera désormais traitée comme les autres sociétés minières qui opèrent ou vont prochainement opérer sur le sol nigérien. 

Aïr Info N°104 (15 oct-15 nov 2009)

Le mea culpa d’AREVA Sanction de

Almoustapha

Alhacen, Président de Aghirman et de la

coordination civile d’Arlit

dimanche 29 novembre 2009

Le 9 octobre 2009, le Président de la Coordination de la Société Civile d’Arlit a écopé d’une sanction de mise à pied par les représentants de Anne Lauvergeon au Niger.

Motif ? Un extrait de la lettre de mise à pieds justifiait : « Dans la période du 15 au 16 juin 2009, vous (Ndlr Almoustapha) avez eu connaissance qu’une équipe de votre service accompagnant le service des mines du Niger avait mené une mission de contrôle dans le ville d’Arlit. Cette mission avait pris les dispositions pour que les objets contaminés (radioactifs), identifiés soient rapidement récupérés en accord avec les dispositions réglementaires. La radio et télévision (Dounia-Niamey) venue à Arlit du 18 au 25 juin 2009 dans le cadre de la couverture d’un match de football a été conduite par vous même (Almoustapha) sur les lieux en question alors que vous aviez eu connaissance du marquage des objets radioactifs dans le cadre de votre activité professionnelle. Ce comportement viole votre devoir de réserve et l’exigence de loyauté qu’exige votre contrat de travail envers votre employeur (AREVA). Au vu de ces manquements, je vous inflige une mise à pied de 3 jours » (signé le représentant à Arlit de Anne Lauvergeon, Présidente d’AREVA)“.

Outre cette sanction, le Président de la Coordination a été muté dans un autre service manu militari.

Cette sanction n’est ni plus ni moins qu’un mea-culpa de cette société qui jure sur tous les toits que son activité au Niger est exempte de tout reproche. Comme l’a écrit et crié Almoustapha Alhacen : “Nous prenons l’opinion nationale et internationale à témoin sur cet aveu d’AREVA qui disperse des ferrailles et objets radioactifs sur le marché public d’Arlit et refuse que quiconque en parle. La ville d’Arlit, le service des mines du Niger d’Arlit, domaines publics sont devenus par la volonté de la puissance d’AREVA et ses valets locaux, un domaine privé.”

Et de poursuivre :” qu’à travers cette sanction, Anne Lauvergeon, Présidente d’AREVA a démontré qu’elle a des choses à cacher dans le cadre de l’exploitation de l’uranium au Niger, notamment dans le domaine de la protection de l’environnement.”

Ce mea-culpa doit interpeller nos décideurs politiques, nos défenseurs des droits de l’homme sur la présence des ces sociétés d’exploitation des matières premières au Niger. A l’instar de la coordination de la Société Civile d’Arlit, il nous faut condamner et rejeter cette lâche sanction prise cinq mois après les faits. “AREVA ne fera pas sa loi au Niger”, plus qu’un slogan c’est une question de survie.

Dogo MAYAKI

Jean-Michel Bezat Le Monde 03-01-2008

Uranium appauvri

dimanche 4 janvier 2009

Il y a un an et demi, quand 1 livre d’uranium s’échangeait 130 dollars sur le marché spot (10 % de la consommation mondiale, le reste étant fixé par contrats), qui aurait cru à une telle baisse ? La livre d’uranium est tombée à 53 dollars (37 euros), selon l’indicateur Ux U3O8 Price. La chute a été suffisamment forte pour décider le groupe nucléaire français AREVA à reporter l’ouverture d’une mine (Midwest) prévue en 2010 au Canada, le prix (extraction, vente) étant un des facteurs rendant la rentabilité du projet « incertaine ».

S’il n’y a pas de cotation officielle, comme pour l’or ou le pétrole, l’uranium connaît d’importantes variations de prix. Il n’a cessé de grimper depuis le début de la décennie, passant de moins de 10 dollars en 2000 à 130 dollars la livre courant 2007. Depuis un an, le marché n’a pratiquement pas cessé de refluer comme ceux de toutes les matières premières.

Sans doute y a-t-il eu un excès de spéculation sur l’uranium. Notamment entre 2005 et 2007, où le prix a été multiplié par trois, emporté par l’euphorie d’une renaissance annoncée du nucléaire dans le monde et les craintes sur un tarissement de l’offre dans les prochaines décennies. La crise économique a assombri les perspectives à court terme, sans compromettre le développement à long terme de l’énergie atomique.

« Les problèmes du côté de l’offre resteront sans doute un facteur important tirant les prix » vers le haut, estimaient les spécialistes de Lehman Brothers trois mois avant la faillite de leur banque.

Jusqu’à présent, le désarmement nucléaire aux Etats-Unis et en Russie a permis de convertir d’importants stocks militaires et de fournir les groupes d’électricité : une partie des centrales américaines fonctionne grâce aux fournitures russes ! Or ces stocks s’épuisent. Et la production des mines ne couvre que 55 % des besoins, qui pourraient augmenter de 18 % d’ici à 2013 et de bien davantage à l’horizon 2030.

Après vingt ans de sous-investissements, la prospection et l’exploitation minières ont repris. La lutte s’annonce sans merci entre les grands groupes de l’industrie nucléaire pour ce minerai relativement abondant qui doit être enrichi en isotope U 235 pour donner le combustible des centrales. Avec de puissants concurrents chinois ou indiens pour les groupes occidentaux, comme l’illustrent les difficiles tractations menées par AREVA avec le Niger.

Jean-Michel BEZAT

Le Sahel-06-01-09 Imouraren : extrait du

conseil des ministres du 5 janvier 2009

mardi 6 janvier 2009

Le Conseil des Ministres s’est réuni, hier, lundi 05 janvier 2009, dans la salle habituelle de délibérations, sous la présidence de Son Excellence Monsieur Mamadou Tandja, Président de la République, Chef de l’Etat, Président du Conseil des Ministres. Après examen des points inscrits à l’ordre du jour, le Conseil a pris les décisions suivantes :

I. AU TITRE DU MINISTERE DES MINES ET DE L’ENERGIE.

Le conseil des ministres a examiné et adopté les projets de textes suivants :
-  Projet de décret fixant les modalités d’application de la loi n°2008-30 du 03 juillet 2008 accordant des avantages dérogatoires pour les investissements des grands projets miniers. Des avantages dérogatoires au Code minier en vigueur ont été accordés par la loi n° 2008-30 du 03 juillet 2008 aux grands projets miniers afin de créer les conditions incitatives concourant à la faisabilité de l’exploitation des gisements concernés. Il s’agit des projets miniers nouveaux et des exploitations minières existantes objet d’extension, de diversification ou de modernisation ayant un impact économique et social positif pour le pays et prévoyant des investissements d’au moins trois cent milliards (300.000.000.000) de francs CFA hors taxe et la création d’au moins huit cents (800) emplois permanents nouveaux pour des nigériens.

Le présent projet de décret vise à fixer les modalités d’application de la loi précitée ; il s’articule autour des points suivants : la procédure de demande d’agrément ; les conditions de l’octroi de l’agrément ; les dispositions fiscales et douanières régissant les bénéficiaires ; les sanctions applicables en cas du non respect des obligations édictées.

-  Projet de décret portant approbation et publication au Journal Officiel de la Convention Minière entre la République du Niger et AREVA NC pour le permis pour Grande Exploitation des gisements d’uranium d’Imouraren, situé dans le département d’Arlit, Région d’Agadez.

AREVA NC NIGER est une filiale d’AREVA NC, leader mondial du cycle du combustible nucléaire et société de droit français au capital de 100.259.000 Euros, dont le siège est situé à rue de La Fayette, 75009- Paris.

Après deux ans de travaux intenses de recherche, les réserves d’uranium antérieurement connues sur le site d’Imouraren ont été confirmées ; mieux, elles ont été augmentées de 30 %. C’est fort de ces résultats que AREVA NC a déposé le 14 mai 2008 une demande de permis pour Grande Exploitation minière.

Le présent projet de Convention a pour objectifs de définir les conditions générales, juridiques, financières, fiscales, économiques, administratives, douanières, sociales et environnementales dans lesquelles la Société d’Exploitation des gisements d’uranium d’Imouraren, actuellement en phase de création, mènera ses activités d’exploitation minière.

En vertu de l’article 3 de la présente Convention, l’Etat s’engage à octroyer le permis d’exploitation à la Société d’Exploitation. Préalablement à cette demande, AREVA NC a réalisé une étude de faisabilité technico-économique sur la rentabilité de l’exploitation des gisements d’uranium d’Imouraren et une Etude d’Impact sur l’Environnement (EIE) de cette exploitation.

La validation de l’EIE, précédée d’une audience publique, a eu lieu à Agadez sous la conduite d’un comité créé à cet effet par le Ministre chargé de l’Environnement. A l’issue du processus, le Certificat n° 3/ME/LCD/BEEEI/08 du 29 juillet 2008 a été délivré à AREVA NC Niger pour la mise en oeuvre du projet d’exploitation des gisements d’uranium d’Imouraren.

Les négociations menées par l’Etat du Niger avec AREVA NC sur la Convention minière ont abouti aux conclusions suivantes :
-  a) AREVA NC apportera ou donnera accès à la totalité du financement nécessaire aux investissements ;
-  b) l’Etat du Niger détiendra dans le capital social de la Société d’Exploitation une participation de 33,35 % dont 10 % de participation gratuite et 23,35 % à souscrire en numéraire ou en nature à travers la Société du Patrimoine des Mines du Niger (SOPAMIN) ;
-  c) la SOPAMIN enlèvera et commercialisera 33,35 % de la production d’uranium issue de l’exploitation des gisements d’Imouraren ;
-  d) une répartition équilibrée des postes de responsabilité dans la gouvernance de la future Société d’Exploitation entre le Niger et AREVA NC conformément au Pacte d’Actionnaire signé par les deux parties (Etat du Niger et AREVA NC) ;
-  e) un engagement de AREVA NC, à travers ses filiales minières nigériennes à participer avec les autres acteurs industriels du Niger au financement des études des grands projets stratégiques que le Niger entend entreprendre pour son développement économique. Il s’agit de la mise à niveau de SONICHAR, de la remise en état de la RTA et la connexion de la Transsaharienne, du projet Africarail, de la formation professionnelle des nigériens et du développement d’une filière électronucléaire au Niger.

Cet engagement est consigné dans la Lettre d’Intention signée par AREVA NC. L’approbation de la présente Convention permettra aux deux parties d’avancer dans le processus de mise en place des organes et des outils permettant de démarrer les travaux de mise en exploitation des gisements d’uranium d’Imouraren dont les avantages pour le Niger sont :
-  a) les recettes financières issues de la fiscalité applicable pour un montant de 641 milliards de Francs CFA en Valeur Actualisée Nette à 12 % à travers notamment : la redevance superficiaire annuelle, la redevance minière, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les prestations de service liées au fonctionnement administratif, l’impôt sur les bénéficies, l’impôt sur les revenus dû par les employés nationaux, les impôts et droit de douane sur les importations après les rabattements autorisés par la réglementation, la redevance statistique, la taxe d’apprentissage.
-  b) 33,35 % des dividendes distribués à titre d’actionnaire ;
-  c) la création de 1350 postes d’emplois directs et 3375 postes d’emplois induits pour une masse salariale d’environ 20 milliards de francs CFA ;
-  d) la marge de commercialisation par SOPAMIN des 33,35 % de la production d’uranium ;
-  e) la contribution au développement local des communes dans lesquelles elle conduira ses activités, en participant au financement des infrastructures collectives.

26 septembre 2010
Niger : à Arlit, l’insécurité grandissait depuis plusieurs mois http://www.reporterre.net/spip.php ?article1303 EXCLUSIF : Une lettre d’Almoustapha Alhacen, président d’Aghir In Man, décrit l’atmosphère tendue qui régnait à Arlit depuis quelques temps. En mai, un agent d’AREVA avait été tué par balles.

Le Point.fr – Publié le 11/05/2012 à 11:10 - Modifié le 11/05/2012 à 16:01

L’entreprise devra verser 200 000 euros de dommages et intérêts et une double rente à la veuve d’un homme décédé d’un cancer du poumon.

Une mine d'uranium au Niger (photo d'illustration).
Une mine d’uranium au Niger (photo d’illustration). © Patrick Guyot / Maxppp

Le groupe AREVA a été condamné vendredi après la mort d’un ex-salarié d’une mine d’uranium du groupe français du nucléaire au Niger, décédé en 2009 d’un cancer du poumon, un jugement qui pourrait ouvrir la voie à d’autres poursuites et condamnations.

Serge Venel est mort en juillet 2009 à l’âge de 59 ans. Il avait travaillé de 1978 à 1985 pour une filiale d’AREVA, la Cominak, société de droit nigérien qui exploite des mines d’uranium du groupe à Akokan, au nord-ouest du Niger. Quelques mois avant le décès, en mars, le pneumologue avait dit que la cause du cancer était « l’inhalation de poussières d’uranium », a expliqué sa fille, Peggy Venel, à l’audience en février.

À la barre, l’avocat de la famille Jean-Paul Teissonnière a souligné que la Sécurité Sociale avait « reconnu la maladie professionnelle durant la période de travail au Niger et la Caisse Primaire d’Assurance Maladie a adressé ses conclusions à AREVA, considérant donc qu’AREVA est l’employeur ». Le Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale (TASS) de Melun a jugé vendredi qu’AREVA avait commis « une faute inexcusable », en tant que « co-employeur ». La veuve de Serge Venel voit sa rente doubler et touchera la totalité du salaire de la victime, a indiqué Me Teisonnière. L’entreprise de nucléaire a également été condamnée à verser des dommages et intérêts d’un montant dépassant les 200 000 euros.

Contacté, AREVA n’a pas souhaité faire de commentaire. Tout en estimant que « ce n’est pas fini, car AREVA va certainement faire appel, « la fille de la victime a fait part vendredi de son « immense joie ». « On ne s’est pas battus pour rien », s’est-elle félicitée.

« Comme les procès de l’amiante »

« Chez les Nigériens, il y a eu de très nombreuses victimes ; au niveau des expatriés, il y a eu beaucoup de décès », a-t-elle affirmé. « Beaucoup avaient peur d’attaquer AREVA, mais j’espère que les mentalités vont changer. » « Une brèche s’ouvre pour les autres, qui étaient en attente (de ce jugement, ndlr) », a-t-elle dit. Peggy Venel a cité « au moins deux » cas de personnes qui allaient attaquer. « Ca va faire comme les procès de l’amiante », a-t-elle estimé.

« C’était un dossier difficile », a dit Me Teissonnière, avocat qui a déjà mené un long combat aux côtés des victimes de l’amiante. « Juridiquement, AREVA n’était pas l’employeur direct, (…) mais les questions de sécurité et les conditions d’exploitation de la mine sont définies par AREVA », a mis en avant l’avocat. « Le tribunal a dépassé l’apparence pour reconnaître la réalité des relations sociales de l’entreprise », a-t-il estimé. Son client avait un contrat de travail de droit nigérien et ne dépendait pas de la Sécurité Sociale française, a détaillé l’avocat. « Toute la question est la responsabilité de la société mère par rapport à la filiale, et cette question est au coeur de l’actualité avec toutes les délocalisations », a-t-il souligné.

Lors de l’audience, l’avocat d’AREVA, Me Philippe Plichon, avait plaidé « l’irrecevablilité » du dossier. « La faute inexcusable s’exerce contre l’employeur, qui est Cominak« , avait-il affirmé. Les condamnations d’entreprises pour « faute inexcusable » sont fréquentes, notamment dans des affaires liées à l’amiante. Le 3 mai, le TASS de Créteil a par exemple reconnu la « faute inexcusable » commise par Sanofi-Chimie en exposant à l’amiante un ex-salarié de son site de Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne.

Le retour de l’extraction d’uranium en Bretagne:

Si le Niger devenait trop dangereux ?

Interview du 20/09/10 21:27 de notre correspondant F. Chauffin QUIMPER/KEMPER

—On connaît Chantal Cuisnier pour son investissement dans les dossiers concernant le démantèlement de la centrale de Brennilis et les anciens sites miniers d’uranium en Bretagne. Elle a récemment, en Autriche, accompagné un Nigérien qui expliquait la situation dramatique que vivent les voisins des mines d’uranium. L’ABP a rencontré cette militante qui va bientôt aller au Ministère à Paris pour parler de la sécurité autour des mines bretonnes.

 Que pensez-vous ce ce qui se passe actuellement au Niger, la prise des otages et l’extraction d’uranium ont-ils un lien ?

- La prise d’otages est en lien avec l’extraction d’uranium car ce sont des salariés d’AREVA et de Vinci travaillant pour la mine d’uranium d’Arlit qui ont été enlevés. C’est ce qu’explique clairement le communiqué de l’Observatoire du Nucléaire du 16 septembre 2010 – Le conflit n’est pas nouveau et dure depuis plusieurs années dans cette zone. Les conflits, attentats liés au nucléaire sont nombreux. Rappelons nous la prise des otages au Liban en lien avec l’usine d’enrichissement Eurodif  de Pierrelatte financée par le Shah d’Iran, les infirmières bulgares libérées grâce à un «troc nucléaire» avec le colonel lybien Khadhafi.  

 Le risque n’est-il pas que l’on rouvre les mines d’uranium bretonnes ?

- Pas dans l’immédiat mais ce n’est pas à exclure car les filons ne sont pas épuisés. Et les zones d’extraction à l’étranger risquent de devenir des zones de conflit surtout dans un contexte où le lobby nucléaire fait le forcing pour le renouvellement du parc nucléaire. De plus, les peuples autochtones (Australie, Canada, Afrique) prennent conscience de l’héritage empoisonné laissé par l’extraction de l’uranium. Le 30 août 2010 à Bâle, lors de la conférence intitulée «Territoires sacrés, peuples empoisonnés», ils ont dit «Stop, laissez l’uranium dans le sol !».  40 ans d’extraction de l’uranium n’ont pas enrichi le Niger qui reste le pays le plus pauvre de la planète, mais a pollué la richesse la plus précieuse pour la population pastorale : les nappes phréatiques et fossiles.  De plus les milliers de tonnes de déchets radioactifs laissés par l’extraction sont balayés par des vents puissants et les particules radioactives respirées par la population.  

Vous avez mené avec la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD) et l’association Roz Glas une enquête sur d’anciens sites miniers entre Guilligomarc’h et Pontivy. Quelles sont actuellement les conclusions scientifiques de vos investigations ?

- Dans tous les sites miniers explorés de Bretagne, de grandes anomalies radiamétriques (10 à même 100 fois le niveau naturel) ont été trouvées  notamment sur des sentiers de randonnée, des prés, terrains, parking, etc… contrairement aux discours rassurants  tenus en 2005 par la Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement (DRIRE) ou AREVA qui parlait d’ «opération exemplaire» et «de radioactivité comparable à celle que l’on mesure dans la région». Les analyses des prélèvement au laboratoire de la CRIIRAD ont confirmé les mesures et le classement en déchets radioactifs.  Les associations Roz Glas et CRIIRAD ont envoyé une lettre en juin dernier au ministre de l’écologie dénonçant la situation . Depuis, le préfet a pris un arrêté obligeant AREVA à revoir sa copie. Les associations seront reçues au ministère le 6 octobre, et insisteront notamment pour obtenir des garanties en matière de mise en sécurité et décontamination exemplaire de ces anciens sites miniers ainsi qu’un bilan complet de la situation radiologique des cours d’eau qui  les traversent et alimentent les captages notamment de la ville de Lorient.  Pour ceux qui voudraient en savoir plus, contacter l’association Roz Glas au 02 98 53 81 79 ■

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L’industrie nucléaire française procède à un

véritable pillage au Niger

Sophie CHAPELLE

10 / 2009

Depuis 40 ans, la multinationale AREVA puise abondamment dans les ressources d’un des pays les plus pauvres de la planète. Le Niger pourrait demain devenir le deuxième producteur mondial d’uranium. Pourtant, le pays figure à la dernière place de l’indicateur de développement humain. C’est dans cette absence de partage des richesses et sur fond de crise institutionnelle, que se profile une catastrophe sociale, environnementale et économique. Produire ici de l’électricité d’origine nucléaire a pour corollaire, là-bas, contaminations radioactives et désertification.

AREVA, champion français de l’industrie nucléaire, le clame fièrement : sa nouvelle mine d’uranium d’Imouraren, au Niger, sera la plus importante d’Afrique et la deuxième au monde. AREVA répète avoir « fait du développement durable la clé de voûte de sa stratégie industrielle avec la triple ambition d’une croissance rentable, socialement responsable et respectueuse de l’environnement ».

Dans le cadre de cette stratégie, AREVA a organisé le 16 mai dernier à Agadez, dans le nord du Niger, « une audience publique et un atelier de validation de l’étude d’impact environnemental d’Imouraren ».

La multinationale de l’atome se serait-elle reconvertie à un soudain souci de transparence ?

« Un écran de fumée », selon le collectif AREVA ne fera pas la loi au Niger, au moment où – coïncidence ? – l’état d’exception est décrété sur la région d’Agadez. Dénonçant l’impossibilité de consulter le rapport provisoire, la mise à l’écart du comité Ad-hoc, la réduction du temps imparti à la consultation, le collectif associatif demande de disposer de cette étude d’impact et d’une contre-expertise scientifique indépendante. Il attend toujours.

AREVA, éco-responsable ?

Derrière les grands discours socialement responsables et respectueux de l’environnement se cache une toute autre réalité. Des études indépendantes ont d’ores et déjà été menées. La Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD) révèle que les eaux distribuées dans la ville minière d’Arlit, où opère AREVA, ne sont pas aux normes de potabilité : d’après les prélèvements de 2004 et 2005, le taux de contamination de ces eaux dépasse de 7 à 110 fois les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé ! Toujours selon la CRIIRAD, des boues radioactives et d’énormes masses de déchets radioactifs, les « stériles », sont stockées à l’air libre. La Société Civile Nigérienne, via l’association Aghir In Man ou le réseau Rotab, ont tenté d’alarmer AREVA et les responsables politiques nigériens sur la question. En vain. A ce jour, rien n’a été fait pour revoir la gestion de ces sites uranifères. Selon le collectif AREVA ne fera pas la loi au Niger.

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Il n’y a pas que la contamination radioactive qui pose problème. AREVA, et d’autres industries minières, contribuent à la désertification du pays.« L’économie pastorale est en train de disparaître dans le Nord du Niger, région où s’installent les miniers du monde entier. On va vers une catastrophe environnementale et économique », prévient l’hydrogéologue Alain Joseph. L’élevage extensif – principale source de revenus d’un des Etats les plus pauvres de la planète – mené par les Touaregs, les Peulhs et les tribus arabes Kounta dans l’immense plaine de l’Irhazer est fortement remis en cause par l’assèchement des nappes phréatiques d’Agadez (nord du Niger), seule ressource en eau de la région. La cause de leur épuisement ? L’octroi de concessions minières : 139 permis de recherche et d’exploitation ont été vendus en moins d’un an. L’eau des nappes est acheminée vers des mines de charbon qui alimente en électricité les installations d’AREVA à Arlit.

Un comportement prédateur

A Akokan et Arlit, les sociétés Cominak et Somaïr, dont AREVA est l’opérateur, ont déjà épuisé à 70% l’aquifère carbonifère au nord du Tarat, à raison de 22 000 m3/j depuis 38 ans. Ces deux sociétés envisagent d’utiliser un pipeline de 30 km et de déplacer leurs pompages vers l’ouest, dans la nappe des grès d’Agadez. « C’est significatif du comportement prédateur minier : on s’installe, on prend le maximum et après moi, le désert, s’insurge Alain Joseph. Non content d’avoir vidé l’aquifère du Tarat, AREVA s’installe maintenant à Imouraren. Bien d’autres pays, la Chine, le Canada, l’Inde, l’Australie, se ruent sur les ressources du sous-sol nigérien. Nous allons assister à un assèchement rapide de cette nappe. Comment vont vivre les pasteurs si les sources sont épuisées ? Comment vont-ils se déplacer dans un univers qui va être maintenant essentiellement minier ? »

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Côté face : L’uranium nigérien sert à alimenter les centrales nucléaires françaises

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Côté pile : Désertification et absence de partage des richesses au Niger

(Crédit photos : AREVA ne fera pas la loi au Niger)

« Ce que nous voulons c’est l’arrêt de l’exploitation des mines d’uranium. Seul le régime en profite, le peuple nigérien lui ne profite que de la misère et des radiations ». Pour Aghali Mahiya, Touareg du Niger et ancien salarié de la Somaïr, filiale nigérienne d’AREVA, la population ne bénéficie d’aucune retombée économique. Bien que l’exploitation d’Imouraren fasse du Niger le deuxième producteur mondial d’uranium, le pays est encore classé parmi les trois plus pauvres de la planète et figure à la dernière place de l’Indicateur de Développement Humain. De son côté, AREVA a tiré du Niger près de 40 % de sa production d’uranium depuis 40 ans. Sans ce précieux combustible, jamais la multinationale n’aurait pu se développer ni le nucléaire français fonctionner. Pas question, pour autant, de favoriser le développement du pays.

« Le peuple nigérien ne profite que

de la misère et des radiations »

Pour Myrtho, président d’une association au Nord-Niger, le partage des richesses n’existe pas. « J’ai rencontré Issouf ag Maha, le maire de Tchirozerine au Niger. Areva lui a demandé une liste de gens intéressés pour travailler pour AREVA. M. le Maire a fait une liste de 800 personnes avec leur nom, leur adresse… mais à ce jour aucune de ces personnes n’a été embauchée par AREVA. » La multinationale pèse plus de 13 milliards d’euros de chiffre d’affaire en 2008. L’Etat nigérien, lui, voit son produit intérieur brut plafonner à 2,7 milliards d’euros en 2007. Soit cinq fois moins que le groupe dirigé par Anne Lauvergeon (en photo). Comment rivaliser ? Surtout quand, derrière AREVA, on trouve l’Etat français.

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La poursuite de l’exploitation d’uranium au Niger s’établit sur le fond d’« une très grave crise institutionnelle », rappelle Olivier Thimonnier de l’association Survie. En mai dernier, le président Tandja annonce l’organisation d’un référendum en vue d’un changement constitutionnel afin de prolonger son mandat. S’ensuit la dissolution de la Cour Constitutionnelle et de l’Assemblée Nationale qui jugent le projet de référendum inconstitutionnel. En juin, alors que Tandja s’arroge les pleins pouvoirs, le Quai d’Orsay se contente de rappeler « l’importance que la France attache au cadre constitutionnel du Niger, à la préservation de l’acquis démocratique de ce pays et à sa stabilité. » Le référendum est organisé le 4 août, et malgré la forte opposition des syndicats, des partis et d’une partie de la société civile, le Niger finit par adopter une 6e Constitution. Dans l’indifférence presque totale des médias français (1).

AREVA, outil de la Françafrique ?

Le 20 octobre, Tandja organise des élections législatives. Il est isolé sur la scène politique intérieure : l’ensemble de la société civile, des centrales syndicales et son propre parti, divisé, s’y sont opposés. Il est la cible de critiques internationales : gel partiel de la coopération de l’UE avec le Niger, suspension du Niger par la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest, mesures à venir de l’Union Africaine. Seule la France reste silencieuse. « Le 10 août, le Ministère des Affaires Etrangères déclare que la France est attentive à l’élection, qu’elle doit être transparente et démocratique. Ceci valide la réforme de la Constitution par le président Tandja, analyse Olivier Thimonnier. Cette position française est le résultat de la défense d’intérêts économiques clairement liés aux intérêts d’Areva au Niger. Elle s’inscrit dans le prolongement de la politique d’indépendance énergétique de la France lancée par le Général de Gaulle dans les années 60. »

Une indépendance énergétique qualifiée de « parfaitement virtuelle » par Johnny Da Silva du Réseau Sortir du Nucléaire« La France importe 100 % de son uranium pour 80 % de son électricité. C’est sans compter les transports de matières radioactives sur des milliers de kilomètres. » « Quand on nous explique que le nucléaire est une énergie propre, c’est un mensonge à plusieurs niveaux, poursuit le Député Vert Noël Mamère. Ce n’est ni une énergie renouvelable, ni une énergie propre mais bien une énergie sale dans sa contribution à soutenir les réseaux de la Françafrique et les régimes dictatoriaux. » Le Collectif AREVA ne fera pas la loi au Niger mais demande à toutes les parties impliquées un moratoire sur l’extraction minière. En attendant l’hypothétique appui de ce moratoire par le gouvernement français, les choix énergétiques de ce dernier continuent d’avoir de désastreuses conséquences… loin de nos vertes campagnes.

URANIUM DU NIGER : HOLLANDE SOUTIENT

LA FRANÇAFRIQUE ET LE LOBBY NUCLÉAIRE

Observatoire du nucléaire – Communiqué du 12 juin 2012

 Les ministres écologistes vont-ils

quitter le gouvernement ?

L’Etat de grâce n’aura pas duré longtemps : lundi 11 juin 2012, moins d’un mois après son investiture, François Hollande a bafoué toutes les valeurs de la gauche et de l’écologie.

En effet, recevant le Président du Niger M. Issoufou, le nouveau Président de la République s’est prononcé pour l’exploitation par AREVA, qui plus est avant même la date prévue de 2014, de la mine géante d’uranium Imouraren au Niger (*)

Il s’agit là d’une claire perpétuation des mécanismes de la Françafrique, pour le plus grand profit du lobby nucléaire (AREVA) et au détriment de la démocratie en Afrique. Il est d’ailleurs édifiant de rappeler que le Président Issoufou est un ancien directeur d’une société d’exploitation de l’uranium, la Somaïr, filiale d’AREVA !

Il est nécessaire de rappeler que :

- l’exploitation des mines d’uranium contamine l’environnement et assèche les nappes phréatiques.

- AREVA exploite les travailleurs du Niger et bafoue leurs droits et leur santé.

- la mise en exploitation du gisement d’Imouraren va entraîner le déplacement de populations nomades (Touaregs).

- l’exploitation de l’uranium du Niger depuis 40 ans par la France n’a rien apporté à la population locale qui reste une des plus pauvres du monde.

Le positionnement clair de François Hollande en faveur de la Françafrique et du lobby nucléaire annonce aussi le maintien des forces armées françaises en Afrique, présence néocoloniale dont le but est de « sécuriser » l’approvisionnement des centrales nucléaires françaises en uranium.

Que va faire l’écologiste Pascal Canfin, directement concerné en tant que Ministre Délégué au Développement ?Que va faire la ministre Cécile Duflot, dirigeante d’EELV et donc théoriquement opposée au lobby nucléaire et au néocolonialisme ?

En restant au gouvernement après ce triste 11 juin, les ministres d’EELV cautionneraient la liquidation par M. Hollande des valeurs de la gauche et de l’écologie.

La France envoie des troupes secrètement au

Sahel

Malgré les mises en garde des experts, les militaires français interviennent au Sahel sous le couvert d’une mission de spécialistes de l’Union européenne.

Saisissant l’incapacité de Bamako à contrôler le nord du Mali, devenu une plaque tournante de tous les trafics, la France a envoyé des groupes de militaires d’«élite» dont la mission officielle est d’assister en premier les pays de la région (Niger, Mali et Mauritanie) dans leur lutte contre les groupes terroristes qui infestent la bande sahélo-sahélienne. Ces «experts» ont commencé discrètement à se déployer au Niger début août.

Au total, la mission baptisée Eucap Sahel comptera une cinquantaine d’experts. Sa mission officielle est de former les forces de sécurité locales. Basée à Niamey, la mission aura des officiers de liaison à Bamako et Nouakchott. Ancienne puissance coloniale dans la région, la France semble sous-estimer les dangers encourus dans cette partie de l’Afrique sub-saharienne totalement désertique et aux reliefs très dangereux et accidentés. Mais la France est prête à courir ces risques pour garantir la sécurité de ses mines d’uranium au Niger, lesquelles alimentent ses nombreuses centrales nucléaires, une cinquantaine. Ni l’Union Européenne qui a donné son feu vert pour cette mission ni la France ne parlent de sécurité énergétique. Mais tout le monde l’aura compris.

Actuellement, la société française AREVA exploite deux gisements d’uranium à Arlit et Akokan au Niger et entamera en 2013-20147 – si la situation sécuritaire le permet – l’exploitation de la mine géante d’Imouraren, toujours dans le Grand Nord, qui sera alors la deuxième mine du monde. L’enjeu énergétique est tel que la France n’a pas peur de s’embourber dans les sables mouvants du Sahel. Cette offensive déguisée des Français dans la région, après avoir échoué à faire intervenir l’armée algérienne qui connaît bien ce territoire à haut risque, en dit long sur les visées de cette ancienne puissance coloniale.

Source: Irib et Algériepatriotique

 

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humanitarian news and analysis

a service of the UN Office for the Coordination of Humanitarian Affairs

NIGER:

Les habitants du désert payent au prix fort

l’exploitation des mines d’uranium

200903307 NIGER
Prospection des mines d’uranium par AREVA, au Canada : même
minéral, autre
contexte

DAKAR, 1 Avril 2009 (IRIN) – Après la visite du président français Nicolas Sarkozy au Niger, à la fin du mois de mars, les habitants de ce pays désertique, exportateur d’uranium, continuent de se demander si AREVA, une société principalement détenue par le gouvernement français, honorera son engagement de protéger les communautés des risques de l’exploitation minière.

Selon plusieurs études, ainsi que les témoignages des habitants, les opérations minières menées et gérées à la fois par les filiales d’AREVA et le gouvernement nigérien comportent des risques sanitaires et environnementaux.

Salifou Adifou, 67 ans, a travaillé pendant 40 ans comme foreur à la SOMAÏR (Société des Mines de l’Aïr), une entreprise publique/privée nigérienne, détenue à 63 pour cent par AREVA.

Aujourd’hui à la retraite, il a expliqué à IRIN qu’il souffrait de problèmes de santé non-diagnostiqués. « J’ai des maux de ventre et des douleurs à la poitrine, mais depuis que j’ai pris ma retraite [en 1999], je n’ai plus les moyens de me soigner ».

Salifou Adifou a également rapporté qu’un de ses amis, qui travaillait comme mineur, était désormais alité. Aucun des deux hommes ne connaît la cause de ses problèmes de santé, a-t-il ajouté M. Adifou.

L’air

La COMINAK (Compagnie Minière d’Akouta), majoritairement détenue par AREVA, a commandé en 2006 une étude environnementale sur les opérations qu’elle mène à Arlit, qui compte 110 000 habitants ; l’étude a révélé que le nombre de décès causés par des infections respiratoires était deux fois plus élevé dans cette ville minière (16 pour cent) que dans le reste du pays.

« Le vent transporte la poussière contaminée au radium, un minéral durable [il lui faut plus de 1 600 ans pour perdre sa toxicité], et au plomb … Les échantillons [ont été] prélevés dans un rayon de cinq kilomètres du site … Les tempêtes de sable [et] les rejets atmosphériques des mines peuvent aggraver les [maladies] pulmonaires dans la région », ont écrit les chercheurs, auteurs de l’Etude Environnementale de la COMINAK.

200808298 NUCLEAIRE
Photo: Phuong Tran/IRIN magnify POLITIQUE
Comment des tempêtes de poussière peuvent être mortelles (photo d’archives)

Dans le rapport publié en janvier 2009 par AREVA sur les activités minières menées au Niger, la société rejette toutefois l’existence d’un lien entre l’exploitation minière et l’augmentation des problèmes de santé. « Ces problèmes sont habituels dans les régions désertiques… ils ne sont pas liés aux activités minières ».

Les dirigeants d’AREVA ont néanmoins consenti à ouvrir des centres de diagnostic médical dans tous les pays où l’entreprise extrait de l’uranium, en commençant par le Gabon, selon l’association SHERPA, un organisme juridique parisien de défense des droits humains. « Il aura fallu deux longues et dures années pour que cette société donne enfin la possibilité à ses travailleurs de se faire entendre », a déclaré à IRIN Yann Queinnec, directeur de l’association.

Les projets sont encore en cours de finalisation, selon M. Queinnec, mais la société s’est mise d’accord sur la formation, dans chaque centre, d’un comité consultatif, au sein duquel seront représentés les travailleurs, les autorités locales, les organismes à but non-lucratif, et AREVA.

M. Queinnec a expliqué qu’il avait fallu plusieurs années « pour élaborer un accord différent des autres accords signés pour la protection des travailleurs », dont les principales clauses n’ont pas été respectées, selon l’avocat.

Le sol 

La Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD), sise à Paris, a fait état de « graves défaillances de sécurité », au Niger, dans les sites d’exploitation minière d’AREVA et aux alentours.

En 2007, les chercheurs de la CRIIRAD ont déclaré avoir découvert que les populations locales vendaient de la ferraille contaminée, trouvée sur les sites d’exploitation minière ; ces matériaux servaient ensuite à la construction de logements, ou à la fabrication d’ustensiles de cuisine et d’outils. En 2003, la CRIIRAD a recommandé à AREVA d’identifier les métaux contaminés et de les détruire.

Des déchets radioactifs, qui servent peut-être à la construction de routes, pourraient également être responsables du niveau anormalement élevé de radiation, selon la CRIIRAD. En 2007, les chercheurs de la CRIIRAD ont en effet écrit que le niveau de radiation était pas moins de 100 fois supérieur à la moyenne devant l’hôpital financé par AREVA, et situé à proximité de la mine de la COMINAK.

L’eau 

Les codes d’exploitation minière au Niger
Initiative pour la transparence dans les industries extractives

International Commission on Radiological Protection (en anglais)

Association française pour l’assurance de la qualité

International Atomic Energy Agency (en anglais)

Pour plus d’informations

Aghir In’Man

AREVA au Niger

CRIIRAD

SHERPA

Organisation Mondiale de la Santé (en anglais)

Pour répondre aux critiques selon lesquelles l’exploitation minière contamine les réserves d’eau potable de plus en plus maigres du nord du Niger, AREVA a publié un communiqué, en janvier 2009, affirmant que « les analyses bactériologiques mensuelles, les analyses radiologiques semestrielles, et les analyses chimiques annuelles montrent l’absence de contamination [de l’eau] ».

Mais les études environnementales menées par la CRIIRAD et l’association SHERPA en 2005 dans les communautés minières ont révélé un niveau de radiation de l’eau jusque 110 fois supérieur aux normes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur la potabilité de l’eau, dans les zones industrielles, et 10 fois plus élevé dans les zones urbaines.

L’extraction de l’uranium nécessite de l’eau pour nettoyer le site d’exploitation minière, pour traiter le minéral et subvenir aux besoins hydriques des travailleurs et de leurs familles, d’après AREVA.

Les éleveurs ont également accusé AREVA d’épuiser les réserves d’eau de la région.

Selon les calculs d’AREVA, la société a pompé 270 millions de mètres cubes d’eau souterraine au cours des 40 dernières années dans ses deux mines, à Arlit ; sur ce volume, 35 pour cent ont été utilisés dans le cadre des activités minières, et le reste a permis de subvenir aux besoins de la ville.

Yves Dufour, porte-parole d’AREVA, a déclaré récemment aux médias français que les besoins hydriques futurs d’AREVA à Imouraren, à 80 kilomètres au sud d’Arlit, ne représenteraient qu’une petite partie des huit milliards de mètres cubes d’eau souterraine que renferme cette région désertique. AREVA investit à l’heure actuelle 1,5 milliard de dollars à Imouraren, dans ce qui devrait être la plus grande mine d’uranium du pays.

Selon les estimations des hydrologues, il faudra peut-être compter environ 200 ans pour que les sources d’eaux souterraines pluviales (comme l’aquifère exploité par AREVA à 150 mètres de profondeur dans le désert) se reconstituent.

La responsabilité de l’entreprise 

Bien que le gouvernement nigérien détienne un tiers des mines d’uranium, Almoustapha Alhacen, directeur d’Aghir In’Man, une organisation non-gouvernementale (ONG) sise à Arlit, a déclaré à IRIN qu’il jugeait AREVA entièrement responsable des problèmes sanitaires et environnementaux observés dans le nord. « AREVA est [aussi] implantée au Canada, mais est-ce qu’elle y exploite l’uranium aussi sauvagement qu’elle le fait ici ? Est-ce que le bétail canadien a été décimé, lui aussi ? »

Les éleveurs imputent la mort d’un certain nombre de bêtes à la contamination des puits où s’abreuve le bétail.

AREVA a extrait environ 3 200 tonnes d’uranium dans le nord du Canada en 2007, soit un peu plus qu’au Niger pendant la même période. Au cours d’une enquête publiée en mai 2007 et menée auprès de 1 000 personnes habitant à proximité des sites où AREVA mène ses opérations d’exploitation de l’uranium, au Canada, 80 pour cent des sondés avaient pourtant déclaré soutenir la prospection des mines d’uranium.

Alun Richards, porte-parole d’AREVA Resources Canada, a déclaré à IRIN que sa société louait chaque jour des charters pour transporter 350 employés de leur domicile dans la région nord, reculée, du pays, au site d’exploitation minière, situé dans la province de Saskatchewan, expliquant que ces travailleurs, des nomades pour la plupart, avaient « besoin d’être près de leurs réseaux familiaux élargis ».

La mine canadienne verse également 80 000 dollars par an aux communautés locales pour leur permettre de mener leurs propres études d’impact environnemental. « Les gens ne lisent pas les études. Ils font plus confiance aux résultats si ce sont eux qui analysent leur propre nourriture et l’eau des rivières où ils vont pêcher », a indiqué M. Richards.

2008090210 SANTE PUBLIQUE
Photo: Phuong Tran/IRIN magnify uranium
Les rebelles du désert exigent davantage de royalties sur l’exploitation de l’uranium (photo d’archives)
En outre, les mines canadiennes sont « strictement réglementées » par une trentaine d’organismes publics, des pêcheries à la sécurité nucléaire, a-t-il ajouté.

La moitié des employés sont issus de la communauté locale, selon M. Richards. « Il est tout aussi important pour nous d’honorer nos obligations sociales et de préserver notre réputation au sein de la communauté que de nous conformer à la réglementation environnementale et sanitaire », a-t-il indiqué.

Bien qu’AREVA France investisse un million de dollars par an dans le développement communautaire dans le nord du Niger, selon les registres de la société, M. Alhacen, directeur d’ONG, a expliqué que la plupart des membres des communautés minières avaient une opinion « généralement négative » sur l’industrie.

A la question « pourquoi une entreprise privée associée au gouvernement nigérien devrait être la principale responsable du développement des communautés ? », M. Alhacen a répondu que les multinationales qui opèrent en Afrique devaient reconnaître leur part de responsabilité.

Les conditions de vie des populations du Niger, mesurées selon des critères de santé, d’éducation et de revenus, comptent parmi les plus difficiles du monde, d’après les Nations Unies.

AREVA France a indiqué que son approche ne consistait pas à faire « œuvre de charité », mais à faire participer les populations locales à la gestion des projets et à collaborer davantage avec les bailleurs.

D’après M. Alhacen, les dommages causés par l’exploitation minière sont bien plus importants que les avantages qu’en tire le Niger. « AREVA [France] fait savoir qu’elle prend en charge financièrement, chaque année, 200 000 visites médicales. Nous ne voyons pas cela ici. Et quand bien même, cela revient à admettre que des dizaines de milliers de personnes tombent malades chaque année », a fait remarquer M. Alhacen.

La responsabilité de l’Etat 

Depuis juin 2007, le gouvernement nigérien a déclaré l’état d’alerte dans plus de la moitié du pays, après la reprise, en février 2007, d’une rébellion qui dure depuis plusieurs décennies. Des centaines de personnes ont trouvé la mort et plusieurs milliers d’habitants ont été déplacés par les affrontements, ces deux dernières années.

Les rebelles qui ont pris d’assaut les postes militaires et les usines d’eau et d’électricité qui permettent à AREVA de mener ses opérations exigent qu’une plus grande partie des profits tirés de l’exploitation minière soit réinvestie dans le développement des communautés ; ils réclament également une meilleure protection contre les dangers de l’exploitation minière. Ils ont en outre accusé le gouvernement de fermer les yeux, en échange de redevances minières, sur le non-respect de la réglementation environnementale dont se rendrait coupable AREVA, disent-ils.

Pour sa part, le gouvernement n’accorde aucun crédit à la rébellion, qui sert de couverture, estime-t-il, à la contrebande.

« Le gouvernement a fait tout ce qu’il pouvait pour protéger les populations locales des pratiques minières préjudiciables. Nous ne fermons pas les yeux juste pour le profit », a déclaré à IRIN Mohamed Ben Omar, ministre de l’Information. « Nous avons ratifié toutes les conventions internationales pertinentes [dans le domaine de l’exploitation minière] et pris toutes les mesures de contrôle nécessaires ».

Aghaly Ag Alambo, le chef du front rebelle qui a lancé l’attaque de février 2007, a toutefois déclaré à IRIN que les communautés minières n’étaient toujours pas en sécurité. « AREVA n’est pas le principal problème. Ce n’est pas à AREVA de subvenir aux besoins des Nigériens. C’est le gouvernement qui a failli à son devoir envers son peuple ».

Une tribune à l’Assemblée pour AREVA

Mediapart du 26 mars 2008, par Mathilde MATHIEU

A l’Assemblée Nationale, alors que les Verts organisaient mardi 25 mars une conférence de presse pour dénoncer les conditions d’exploitation des mines d’uranium au Niger par l’entreprise AREVA ( « spoliation des terres », « contamination de l’air et des ressources en eau », etc.), le président du groupe d‘Amitié Parlementaire France-Niger, le député centriste Marc Vampa, a offert une tribune au spécialiste hexagonal du nucléaire. Pour contrer l’opération concoctée par l’écologiste Noël Mamère, Marc Vampa avait réservé un bureau mitoyen. Ordre du jour, d’après l’agenda officiel: « l’audition des dirigeants du groupe AREVA ». En fait, il a d’emblée offert la parole au porte-parole de la société, qualifiée de « partenaire durable du Niger ». A ses côtés, deux députés seulement, sur une trentaine de membres inscrits au groupe : Michel Terrot (UMP), « avocat soucieux du principe du contradictoire », ayant toujours « préféré qu’AREVA fasse des affaires là-bas plutôt que ses concurrents indiens ou chinois » ; et Françoise Banget (UMP), attrapée quelques secondes plus tôt dans les couloirs, muette…
« L’audition » a duré une heure, sans une question de la part des élus. L’entreprise a pu dérouler son argumentaire, déployer les chiffres de ses investissements humanitaires (écoles pour enfants nomades, hôpitaux, etc.). De l’autre côté du mur, des représentants d’ONG internationales et des rebelles touaregs (le Mouvement des Nigériens pour la Justice) demandaient un moratoire et lançaient une pétition intitulée: « AREVA ne fera pas la loi au Niger »…
Quelques minutes avant la fin, Noël Mamère a fait irruption, côté parlementaires: « AREVA se comporte en vautour; le nouveau contrat d’exploitation, tout juste signé avec le gouvernement nigérien, ne prévoit pas de véritables contreparties sociales ni garanties environnementales. Je m’étonne par ailleurs de n’avoir pas reçu d’invitation à cette audition, alors que je suis membre du groupe! ».
A la sortie, Michel Terrot s’indignait: « Ce qui est choquant, c’est qu’un député puisse inviter, dans l’enceinte même de la représentation nationale, des porte-voix d’un groupe rebelle armé ». Et d’accuser son collègue Mamère de « complicité »…

Des élus Touaregs interpellent AREVA

27 mar 2008 :: Revue de presse

Extrait de l’Humanité, édition du 26 mars 2008

Niger :

Des organisations ont dénoncé hier les conditions dans lesquelles la compagnie française exploite plusieurs mines d’uranium.

« Nous sommes venus porter le message d’une population en détresse », a résumé Issouf Ag Maha, maire de Tchirozérine, dans le nord du Niger. À l’occasion d’une conférence de presse organisée hier à l’Assemblée Nationale par un collectif d’associations, plusieurs intervenants ont rappelé les difficultés causées dans cette région par quarante ans d’expoitation de l’uranium par la compagnie AREVA.

Selon l’hydrogéologue Alain Joseph, qui évoque, « une très grande négligence dans le traitement des eaux usées », les ressources en eau ont été affectées par la présence de nitrates et de phosphates. Au niveau quantitatif, les deux tiers d’une des deux réserves d’eau ont déjà été vidés et l’autre est menacé d’être utilisé par les industriels. « Dans cette zone, les populations ne sont que des victimes, exclues des bénéfices des richesses exploitées », a estimé Rhissa Feltou, conseiller municipal d’Agadez.

Le contexte international, marqué par le recherche d’énergies alternatives au pétrole, risque d’agraver cette situation. Désormais, AREVA n’est plus seul. Indiens, Sud-Africains, Canadiens et surtout Chinois sont entrés dans la compétition pour le précieux minerai. Cette perte de monopole, dans un contexte de hausse mondiale des cours de l’uranium, est une des raisons qui a contraint la compagnie française, après des mois de tensions, à augmenter en janvier ses tarifs de 50 %.

En échange, AREVA avait gagné le droit d’exploiter le site prometteur d’Imouraren. Elle ajoutait ainsi son nom à une liste de plus de 130 permis de recherche et d’exploitation vendus depuis un an par le gouvernement nigérien, selon le chiffre d’Issouf Ag Maha , qui constate qu’en superposant leur superficie « il n’y a plus de place pour les populations ».

Ce contexte est encore aggravé par la guerre que mène le gouvernement nigérien contre le Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ), rébellion qui revendique notamment pour le nord du Niger une part plus importante des revenus tirés de l’uranium. Depuis l’apparition, début 2007, de ce mouvement, le pouvoir a refusé de négocier, optant pour un conflit dont les civils sont les principales victimes. Un choix stratégique dont certains pensent qu’il n’est pas sans liens avec la volonté de garder le contrôle des concessions d’uranium à distribuer.

Le Niger en terrain miné :

Paris, le 11 mars 2008 

Une véritable catastrophe sociale et environnementale s’annonce pour les autochtones de la région d’Agadez, où les territoires sont sacrifiés sur l’autel du profit et au mépris des droits humains les plus fondamentaux.

L’exploitation de l’uranium au Niger est synonyme de pollutions multiples, d’expulsion des populations de leurs territoires ancestraux, d’épuisement extraordinairement rapide et irréversible des nappes d’eau…

Mi-janvier, Anne Lauvergeon est rentrée du Niger se targuant de la « signature d’un accord de partenariat gagnant-gagnant et solidaire » : mais qu’en sera-t-il réellement alors qu’aucune étude d’impact sérieuse n’a été réalisée, ni même envisagée ? Alors que les permis de recherches et d’exploitations minières ont été octroyés dans l’opacité et sans concertation avec les populations locales ?

A l’heure où la voie du dialogue semble s’ouvrir aux rebelles du MNJ, où une journée de soutien au journaliste Moussa Kaka est organisée et largement médiatisée en France, les problèmes de fond qui sous-tendent les fortes tensions que subit le Nord Niger doivent être mis en lumière et dénoncés, en France notamment, car la France est non seulement responsable mais aussi coupable au travers de sa multinationale AREVA.

Un peuple pillé, une région menacée

Depuis plusieurs mois, une rébellion, composée essentiellement de Touaregs du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), a démarré dans le nord du Niger, en réaction à un gigantesque projet minier conduit, notamment, par le groupe français AREVA.

La vaste région du nord du Niger détient d’importantes mines d’uranium, dont deux sont exploitées, depuis 40 ans, par AREVA. 
La rébellion d’aujourd’hui a démarré suite à l’octroi de 122 permis de recherche et d’exploitation de l’uranium dans une zone de transit crucial pour les Touaregs (voir la carte ci-jointe). Cette zone, immense comme deux fois l’Auvergne, est maintenant défendue par l’armée nigérienne qui protège les intérêts d’AREVA, principal bénéficiaire des permis d’exploitation. Elle recouvre une immense nappe aquifère souterraine fossile, donc non renouvelable, et des zones humides écologiquement très fragiles, indispensables à la survie des populations agro-pastorales autochtones.

État d’exception

Avec l’assentiment tacite de la France, le président du Niger, Mamadou Tandja, refuse de négocier avec le MJN et a donné les pleins pouvoirs à l’armée nigérienne sur la région d’Agadez. L’état d’exception y a été décrété, avec son cortège d’exécutions sommaires ciblées, d’arrestations arbitraires, de destruction des moyens de subsistance des nomades (cheptel abattu, activités agricoles rendues impossibles, approvisionnements restreints…), de déplacements de populations, d’interdiction d’ONG, de contrôle des radios et de la presse.

L’ampleur de la répression laisse, en réalité, peu de choix aux populations, essentiellement touaregs dans cette partie du Niger. Même les plus modérés sont amenés à prendre les armes pour assurer la survie de leur communauté de plus de 400 000 membres. Ainsi, le ralliement d’Issouf Ag Maha, maire d’une commune dans laquelle il a initié des projets d’agriculture biologique, intellectuel reconnu et réputé jusqu’ici comme pacifiste, est un coup dur pour le pouvoir, car il montre que les rebelles sont bien autre chose que des « bandits armés » ou une « bande de trafiquants » comme le prétend le pouvoir.

La situation des droits humains est extrêmement préoccupante au nord du Niger, et il faut qu’une mobilisation la plus large possible se mette en place pour faire cesser la répression féroce, en particulier les exécutions sommaires et les nombreuses arrestations arbitraires attestées par Amnesty International et Human Rights Watch. L’épisode de l’arrestation de deux journalistes français, qui ont cherché à entrer en contact avec le MNJ, en dit long sur la volonté d’opacité du gouvernement qui cherche à camoufler ses exactions. Moins médiatisé, l’emprisonnement du journaliste correspondant de Radio France internationale, Moussa Kaka, en prison au Niger depuis six mois pour avoir eu, dans le cadre de son travail, des contacts avec la rébellion touareg, a fait l’objet d’un nouvel appel de Reporters sans frontières.

Le gouvernement français, s’il souhaitait réellement rompre avec le système de la « Françafrique », aurait  déjà dû interrompre son aide logistique au gouvernement nigérien. Une convention avec le Niger lui permet, en effet, l’envoi de matériel et de « conseillers ».

Force est de constater, une nouvelle fois, que le lobby international du nucléaire s’accommode mal de la démocratie. Tous les projets nucléaires récents se développent dans des pays qui bafouent autant les droits de l’homme que l’environnement : la Chine, la Libye (avec les ventes d’EPR), et maintenant ce projet minier pharaonique au nord du Niger qui risque de transformer une fragile et précieuse région en une vaste poubelle nucléaire.

Naissance d’un collectif

Un collectif « AREVA ne fera pas la loi au Niger » a été créé.

Il est déjà soutenu par Attac, le Cedetim, le Collectif Tchinaghen1, la LCR, les Verts, le réseau Sortir du nucléaire, Sud-énergie, Survie, Via campesina. Ses revendications s’articulent autour de deux axes. D’abord, l’arrêt de la répression, le respect des droits humains et une action en faveur d’un retour rapide à la paix. Ensuite, un moratoire sur tous les nouveaux projets miniers, tant que tous les problèmes liés à ce type d’exploitation n’auront pas été résolus (expertises et contrôles sanitaires, études d’impact sur l’eau, dépollution  des  sites  déjà  ex­ploités, gestion de l’après-mine, etc.).

Dette financière et écologique

Ce collectif espère s’élargir à de nombreux autres soutiens, dans une perspective de solidarité internationale pour le respect des droits des peuples autochtones et des travailleurs. Un appel spécifique en direction des confédérations syndicales est prévu, à l’initiative des militants du syndicat Sud-énergie. Les différentes actions prévues (expositions photo, tournées dans les sites français d’extraction, brochures et affiches, projections…) s’inscrivent dans une logique de mise en cause d’AREVA par un procès citoyen.

La question de l’extraction de l’uranium est une épine dans le pied du lobby nucléaire, épine que nous comptons bien enfoncer le plus profondément possible. La question du partage des richesses se pose de façon criante au Niger : « Dans cette zone, les populations ne sont que des victimes, exclues des bénéfices des richesses exploitées », a estimé Rhissa Feltou, conseiller municipal d’Agadez, lors de la conférence du 25 mars à l’Assemblée Nationale française (lire encadré). Après quarante ans d’exploitation de l’uranium par AREVA, payé à un prix très inférieur à celui du cours mondial, les Nigériens sont toujours aussi pauvres. Le pays est parmi les plus pauvres du monde, alors qu’Areva distribue ses milliards d’euros de profit à ses actionnaires. Payer quarante ans l’uranium à un prix nettement inférieur au prix du marché est un vol manifeste, même selon les critères capitalistes. AREVA – et donc l’État français qui en est l’actionnaire majoritaire – a véritablement spolié le peuple nigérien. Et ce n’est pas la légère revalorisation, intervenue en 2007, qui améliorera les choses, car un véritable système de récupération de la manne de l’uranium semble s’être mis en place, dans l’entourage du président nigérien. À la dette écologique, liée aux dégâts de l’extraction, s’ajoute donc une dette financière d’AREVA envers le peuple nigérien. Au-delà du nécessaire partage immédiat des richesses, il est aussi important de souligner, pour répondre à Areva qui prétend apporter le « progrès » au Niger, qu’un autre développement serait possible. Les trois milliards d’euros qu’AREVA compte investir pour éventrer le Niger et souiller ses nappes phréatiques pourraient, par exemple, servir à lancer une véritable industrie de production de panneaux solaires, laquelle permettrait de concilier développement économique, environnement et accès à l’énergie. À titre d’exemple, le projet alternatif à l’EPR en France, présenté par le réseau Sortir du nucléaire, montrait qu’avec un somme à peu près équivalente (un peu plus de trois milliards d’euros), il était possible de créer plus de dix mille emplois pérennes, soit six fois plus que ce qui est prévu par AREVA.

Il s’agit donc de la sauvegarde d’un peuple dont les fragiles conditions de survie sont mises en péril par AREVA, symbole du pillage impérialiste à la française. Imposons l’arrêt de ce pillage, en commençant par exiger le paiement de l’uranium à un prix correspondant au prix du cours mondial et en demandant la création d’un fonds de dédommagement des préjudices causés. Il faut, de plus et surtout, s’opposer à ce qu’AREVA commence un nouveau projet avant d’avoir réparé les immenses dégâts qu’elle a créés, notamment dans la région d’Arlit (lire encadré). La LCR engage toute son énergie, dans le collectif « AREVA ne fera pas la loi au Niger », pour que le peuple nigérien, en particulier les Touaregs du nord du Niger, ait un autre avenir que l’horizon radioactif qu’Areva lui prépare.

La région d’Arlit

Depuis près de quarante ans, AREVA, via deux filiales, exploite, près d’Arlit, à 150 kilomètres d’Agadez, une gigantesque mine à ciel ouvert. Au fur et à mesure que les mines d’uranium en France ont été fermées, le chantier d’Arlit a grossi. Les poussières radioactives, issues des montagnes de résidus, plongent la ville dans une atmosphère suffocante, provoquant la contamination des eaux et la destruction de la faune et de la flore à des dizaines de kilomètres autour des mines. Des ferrailles contaminées sont abandonnées. En 2003, la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD), lors d’une mission au Niger, et malgré la confiscation de son matériel, a pu observer une contamination radioactive généralisée dans l’air et l’eau, ainsi que sur les ferrailles récupérées par les habitants1. L’épuisement d’une des deux grandes nappes phréatique de la région, à hauteur de 70 %, est également préoccupant. À moyen terme, son irréversibilité est prévisible, ce qui rendra la vie purement et simplement impossible dans cette région. Il y a, de plus, de nombreuses pollutions annexes, essentiellement dues aux activités périphériques comme celles des carrières de charbon et des centrales thermiques. L’hôpital qui effectue les diagnostics étant géré par AREVA, il n’y a aucun moyen de connaître réellement l’impact sur la santé des populations et des travailleurs. Mais le pire est à craindre.

1. Voir www.criirad.org/actualites/dossiers2005/niger/somniger.html

Une conférence qui dérange

Le 25 mars, s’est tenue une conférence de presse à l’Assemblée Nationale française, afin d’attirer l’attention de l’opinion sur la dramatique situation humanitaire du Niger et pour marquer le lancement de la campagne du Collectif « AREVA ne fera pas la loi au Niger ». Deux élus touaregs de la région d’Agadez, Issouf Maha et Rhissa Feltou, ont témoigné de la gravité de la situation. Les populations civiles du nord du Niger subissent les affres d’une guerre menée par le gouvernement et destinée à protéger les intérêts des entreprises minières. L’objectif de la conférence était de porter la situation au nord du Niger au cœur du débat sur les exploitations minières des grandes puissances dans les pays du Sud, et d’interpeller la France qui, à travers AREVA, exploite l’uranium nigérien depuis 40 ans, fermant les yeux sur les conséquences désastreuses de cette industrie. Pour faire diversion, une réunion ouverte à la presse était organisée, au même moment, dans un bureau voisin, par le groupe parlementaire d’« Amitié France-Niger ». Au moins une journaliste, pensant venir à notre initiative, s’est retrouvée face à la propagande d’AREVA qui avait posté un de ses cerbères à l’entrée pour contrôler l’accès de la salle. Autre « coïncidence », le porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, Stéphane Lhomme, était convoqué, le même jour, dans les locaux de la DST concernant l’affaire, qu’on croyait oubliée, de la vulnérabilité de l’EPR.

Laurent GROUET

Notes:

1. www.tchinaghen.org

2. Voir la brochure (PDF) « Un courant alternatif pour le Grand Ouest »

2247-niger

Colonialisme nucléaire et spoliation des terres

agropastorales touarègues au Niger (d’après

DAO collectif de Tchinaghen)

Bakchich Info publie des documents

compromettants…

7 mai 2007 : Documents

Voir cet article d’Ignacio Manga : AREVA fait rêver le Niger, accompagné de documents compromettants pour le géant du nucléaire :

Courriers Officiels : Où l’on découvre qu’AREVA et ses filiales ne respectent pas toujours les délais pour dépolluer une route pleine de ses petits déchets radioactifs.

Courriers internes : À neuf mois d’écart, le laboratoire d’analyse missionné par la COGEMA alerte son client du non-respect des critères de potabilité de l’eau qu’elle distribue à Arlit.

Résultats d’analyses : Où l’on découvre que les limites admissibles de l’Organisation Mondiale de la Santé quant à l’eau sont tout bonnement explosées à Arlit. Et les seuils d’arrêt de la distribution d’eau, soit 0,1Bq/l en indice alpha total, près de quarante fois dépassés. La station de surpression ZI affiche même un indice de 4,25…

La Télé Libre : LE CONFLIT DU NIGER S’INVITE

A L’ASSEMBLÉE

5 avr 2008 : Video – Audio

Le 25 mars 2008, Noël Mamère invitait des représentants Touaregs du Niger à l’Assemblée Nationale, pour dénoncer les conditions d’exploitation de l’uranium par AREVA dans leur région. Dans le bureau d’à côté, un député UMP tenait une autre conférence de presse, cette fois avec des responsables d’AREVA, dont le propos était sensiblement différent…

Mardi 25 mars, jour de rentrée parlementaire, des hommes du désert traversent les couloirs de l’Assemblée. Ils se rendent au bureau numéro 5, où se tient une conférence de presse intitulée « AREVA ne fera pas la loi au Niger ! ».

A l’initiative de la rencontre, le député Vert Noël Mamère, solidaire du combat de la rébellion Touareg contre le pouvoir nigérien, qui sous prétexte de sécurité a interdit l’accès de la région à la presse et aux observateurs étrangers, mais pas aux compagnies minières.

Au micro, élus Touaregs, chercheurs et militants associatifs se succèdent pour dénoncer le scandale de l’extraction de l’uranium dans la région, qui menace l’environnement, épuise les réserves en eau, et soutient le pouvoir en place, au détriment des populations locales.

Une porte plus loin, des représentants d’AREVA et des parlementaires UMP vantent les mérites de ce « fleuron de l’industrie française », et affirment leur soutien au régime nigérien. Michel Terrot, l’organisateur de cette contre-conférence de presse, est député UMP du Rhône, et membre du groupe d’Amitié France Niger.

Françafrique disiez vous ?

Joseph Hirsch
Caméraman : Yann Kaim
Montage : Sylvain Huillier

Impact de l’exploitation de l’uranium par les filiales de COGEMA-AREVA au NIGER - Note CRIIRAD (pdf, avril 2005)

Rapport d’enquête SHERPA (pdf)

Mission préliminaire CRIIRAD / SHERPA au Niger - décembre 2003 :

Compte rendu de mission CRIIRAD (pdf avec photos)

Complément photographique de la mission CRIIRAD (html)

Compte rendu de mission SHERPA (word, décembre 2003)

Une région pillée, un peuple sacrifié !

16 mai 2008 : Communiqués du Collectif

Communiqué unitaire du 23 mars 2008

Depuis 40 ans, la Société Française AREVA, leader mondial du nucléaire civil, tire près de 40% de sa production d’uranium du Nord Niger, pays encore classé à ce jour parmi les 3 plus pauvres de la planète. En 2007, AREVA perd son monopole et l’Etat nigérien reçoit des demandes de permis de sociétés nord-américaines, australiennes, asiatiques et sud-africaines. Bien qu’Azelik, future grande exploitation, ait été accordé aux Chinois via la société Sino-U (CNUC), AREVA a tout de même récemment obtenu l’autorisation d’exploiter l’énorme site d’Imouraren avec lequel le Niger devrait devenir le 2ème producteur mondial.

Les 40 années d’exploitation minière de COGEMA/AREVA, à Arlit et Akokan, ont eu pour premières conséquences :

  • La spoliation des terres agro-pastorales autour des deux sites, situés dans la région d’Agadez.
  • Des bénéfices énormes réalisés par AREVA sans retombées pour les populations : un véritable partenariat « gagnant-perdant » !
  • La destruction de la faune et de la flore aux alentours des mines.
  • La contamination de l’air par des poussières et des gaz radioactifs.
  • La contamination radiologique des ressources en eau.
  • L’épuisement d’une des deux grandes nappes fossiles (Tarat), à hauteur de 2/3 de ses réserves et, à moyen terme, le tarissement irréversible de la seconde nappe, avec le dénoyage de la partie ouest de l’aquifère (grès d’Agadez) en 40 ans.
  • Des pollutions annexes innombrables, essentiellement dues aux activités périphériques.

La très forte demande en énergie des pays émergents a considérablement favorisé l’intérêt nouveau pour le nucléaire, énergie dite « propre », ce qui a eu pour conséquence une fulgurante ascension du prix de ce minerai. Une manne inespérée… les autorités nigériennes annoncent dès 2007 le triplement de la production pour les années à venir.

niger-irrad.gif139 permis de recherche et d’exploitation ont été vendus en moins d’un an et de nombreux permis en demande seront bientôt accordés. Ces permis, qui englobent la majeure partie des territoires des populations de la région d’Agadez (plus de 85.000 km²) sont octroyés dans l’opacité et sans aucune concertation préalable.%%

A ce jour, les autorités nigériennes se refusent toujours à tout dialogue avec les populations autochtones, et ce malgré l’émergence récente d’un nouveau mouvement de rébellion condamnant sans détours cet état de fait.

Interdisant tout acte de résistance, le Niger – tacitement soutenu par l’Etat français, au travers de sa « filiale » AREVA organise, une vaste campagne de discrimination avec l’objectif à peine voilé de vider la région de ses habitants, facilitant ainsi l’aboutissement de ses relations commerciales.

Les pleins pouvoirs sont ainsi donnés à l’armée nigérienne, l’état d’exception est décrété pour la région d’Agadez :

  • Exécutions sommaires ciblées et arrestations arbitraires.
  • Destruction des moyens de subsistance des nomades (cheptel abattu, activités agricoles rendues impossibles, approvisionnements restreints, etc.).
  • Populations déplacées.
  • ONG interdites, radios et presse muselés.

areva.jpgÀ l’heure même où la notion de développement durable, admise par tant d’Occidentaux, est plus que jamais d’actualité, il serait souhaitable que les grands groupes industriels du Nord qui sans cesse communiquent sur le bien-fondé des énergies « propres » aient la décence de reconnaître que l’énergie nucléaire n’est pas si propre que cela.

Que le développement durable est à considérer dans sa globalité et non dans sa finalité.
Qu’il est absolument hypocrite de nous vendre, à nous Occidentaux, une énergie prétendue sans taches, sans effets, sans conséquences, alors que loin de nous des populations, aux conditions de vie déjà très précaires, souffrent et meurent d’un environnement vicié, d’une spoliation de leurs territoires d’attache ?

Le collectif « AREVA ne fera pas la loi au Niger »

Conscient de la catastrophe annoncée, le collectif « AREVA ne fera pas la loi au Niger » mène une campagne visant à mettre la société AREVA, la France, l’Union Européenne et la Communauté Internationale face à leurs responsabilités.

Il s’agit de dénoncer les conséquences désastreuses de nos choix énergétiques ici et de soutenir ceux qui en paient le prix là-bas.

Réseau de solidarité et d’action, le collectif soutient, au travers de leurs représentants réfugiés en France, les populations concernées dans leur lutte pour la reconnaissance de leurs droits, de leur dignité et de leurs libertés fondamentales.

Le collectif dénonce la complicité de la communauté internationale et particulièrement de la France qui, de connivence avec le Président Tandja :

  • Passent sous silence la réalité et la gravité du conflit.
  • Cautionnent le comportement irresponsable et irrespectueux des sociétés minières.
  • Affament et tuent en vertu de la concurrence et du profit.

C’est tout un peuple, chassé de ses terres, privé de ses activités traditionnelles, de ses ressources en eau, qui est menacé de disparaître face aux enjeux géostratégiques et politiques mondiaux.

=> Revendications du collectif

AREVA profite de l’état d’urgence au Nord du

Niger pour valider son énorme projet minier

d’Imouraren

27 mai 2008 : Communiqués du Collectif

Le vendredi 16 mai, AREVA a organisé à Agadez, au Nord du Niger une « audience publique et un atelier de validation de l’étude d’impact environnemental » de son nouveau projet minier : Imouraren (4 000 tonnes par an en 2012).

Suite au déclenchement d’une rébellion armée en 2007, l’état d’exception est décrété sur la région d’Agadez. Tous les pouvoirs sont donnés à l’armée : exécutions sommaires ciblées, arrestations arbitraires, destruction des moyens de subsistance des nomades, populations déplacées, ONG interdites, radios et presse muselées, sont le lot quotidien des habitants de la région… Cette « audience » est un écran de fumée. AREVA profite de cette situation : qui osera, dans un tel contexte, venir exprimer son désaccord avec le projet du géant nucléaire qui agit en toute impunité avec la bénédiction du pouvoir central nigérien !?

Des manœuvres sournoises ont été opérées pour limiter la participation de certaines structures dans la tenue et la conduite des audiences. En effet, le Comité Ad-hoc, pourtant missionné en 2006 par le ministère de l’Hydraulique, de l’Environnement, a été mis à l’écart par un arrêté du ministère des Mines et de l’Energie du Niger pris en avril 2008, ce qui est certainement le résultat d’arrangements avec le géant nucléaire français. De plus, le volumineux rapport provisoire de l’étude d’impact environnemental du projet d’Areva est volontairement rendu inaccessible. La majorité des participants à cet atelier n’ont pas eu accès à ce dernier, puis le temps imparti pour sa consultation a été sciemment réduit. Enfin, il n’y a eu aucune contre-expertise scientifique indépendante permettant aux participants d’opérer un choix ou d’émettre des avis conséquents sur un projet aussi énorme.

Des milliers d’éleveurs, maraichers, artisans, acteurs économiques sont directement menacés par la future mine d’AREVA : spoliation des terres agro-pastorales, destruction de la faune et de la flore, contamination de l’air, contamination radiologique, épuisement et pollution de la nappe phréatique, pollutions annexes innombrables et destruction irrémédiable du tissu socio économique… Les populations autochtones et les ouvriers subissent déjà depuis 40 ans les conséquences désastreuses des activités minières de la société à Arlit et Akokan.

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Action menée devant le siège d’Areva à Paris le 27 mai 2008

« Pour un monde sans nucléaire » : grand

rassemblement le 12 juillet à Paris

7 juil 2008 : Agenda

Au programme de la soirée projection, musique, conférence (20h) :

  • la question de l’uranium avec un Touareg du Niger, Marcus Atkinson de Footprints for Peace (Australie), Laurent Grouet et le Collectif « Areva ne fera pas la loi au Niger » (France), Mika Flojt (Finlande – Laponie)

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Communiqué :

Le 1er juillet 2008, le gouvernement français présidera pour 6 mois l’Union Européenne. L’énergie et le nucléaire sont deux enjeux majeurs de cette présidence.

Le lendemain du rassemblement, soit les 13 et 14 juillet, N. Sarkozy recevra à Paris des dizaines de chefs d’Etat de l’Union Européenne et du pourtour méditerranéen (dont le dictateur libyen M. Kadhafi).

Le président français entend continuer à promouvoir le nucléaire, en le présentant comme une solution au changement climatique, ce qui est un mensonge pur et simple.

Le nucléaire n’est ni propre, ni renouvelable !

Le nucléaire constitue un risque grave et avéré pour les générations présentes et futures. Ne laissons pas construire de nouveaux réacteurs ou sites nucléaires en France ou ailleurs dans le monde (EPR, Bure, ITER…). Comme 90% des Européens, exigeons des investissements massifs dans les économies d’énergie et le développement des énergies renouvelables, seules solutions pour préserver efficacement le climat.

Face au changement climatique, le nucléaire n’est qu’une dangereuse illusion.

Plus d’informations ICI

 

Photos de la manifestation :

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Rassemblement devant le siège d’AREVA : la

vidéo

et la dépêche AFP

2 juin 2008 : Video – Audio

26097712_p.gifAFP : Rassemblement devant le siège

d’AREVA sur l’exploitation au Niger

PARIS – Une vingtaine de membres du collectif « AREVA ne fera pas la loi au Niger » se sont rassemblés mardi devant le siège du groupe français pour protester contre les conditions d’exploitation de l’uranium nigérien, a constaté l’AFP.

Certains manifestants étaient vêtus de combinaisons anti-irradiation, d’autres figuraient des journalistes baillonnés. Un touareg représentait les populations du nord du Niger, victimes des violences entre l’armée et la rébellion et de l’exploitation minière, selon les manifestants.

Le collectif dénonçait notamment la tenue vendredi à Agadez, au nord du Niger, d’une « audience publique » d’AREVA sur l’étude d’impact concernant son nouveau projet minier à Imouraren. Or, suite au déclenchement d’une rébellion armée en 2007, l’état d’exception est décrété sur la région, les ONG sont interdites et la presse muselée, fait valoir le collectif, qui n’a pu accéder ni à la réunion, ni à l’étude d’impact.

« AREVA profite de cette situation: qui osera dans un tel contexte venir exprimer son désaccord avec le projet du géant nucléaire qui agit en toute impunité avec la bénédiction du pouvoir central nigérien? », relève le communiqué du collectif (Attac, LCR, les Verts, Sortir du nucléaire, etc).

Les associations réclament notamment la dépollution des sites déjà exploités et une expertise indépendante.

Le Niger est le troisième producteur mondial d’uranium mais aussi l’un des pays les plus pauvres du monde.

©AFP / 27 mai 2008 14h26

AFP : Plusieurs milliers de manifestants

antinucléaires à Paris

13 juil 2008 : Revue de presse

Plusieurs milliers de manifestants antinucléaires se sont rassemblés samedi après-midi place de la République à Paris pour protester contre les projets nucléaires du gouvernement à la veille du sommet de lancement de l’Union pour la Méditerranée. Les manifestants étaient au nombre de 7.000, selon le réseau Sortir du Nucléaire. La préfecture n’avait pas encore rendu public son estimation en milieu d’après-midi.

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« Sarkozy a invité les chef d’Etat européens et méditerranéens avec l’objectif de vendre du nucléaire à toute la planète », a estimé Alain Rivat, porte-parole de Sortir du Nucléaire, dans une allocution au début de la manifestation. Une délégation européenne d’opposants à l’énergie nucléaire était présente, venus de Finlande, d’Autriche, d’Allemagne, d’Irlande, des Etats-Unis et du Niger. « Nous contestons formellement les allégations de M. Sarkozy et ses dirigeants du nucléaire en général qui prétendent que le nucléaire permettrait de lutter contre le réchauffement climatique », avait déclaré peu avant déclaré Stéphane Lhomme, autre porte-parole de Sortir du Nucléaire, lors d’une conférence de presse avant la manifestation. « Nous contestons aussi que cela permette de protéger la France de la montée du prix de l’énergie. Il suffit de voir les pêcheurs, les routiers, les automobilistes: tout le monde est finalement frappé de plein fouet par la montée du prix de l’énergie », a-t-il ajouté.

Dans le nord du Niger, l’extraction de l’uranium aura pour conséquence « la destruction totale du cadre de vie des populations », a déclaré pour sa part Issouf Maha, maire de Tchirozérine, située en territoire touareg dans le nord du pays. Selon l’édile nigérien, 60% des 40.000 km2 que couvre sa commune ont été vendus à des compagnies d’extraction de minerai. Avec l’EPR, « les Finlandais servent de cobayes pour une technologie radicalement nouvelle », s’est inquiétée de son côté la Finlandaise Angela Oker-Blom, du Réseau International des Artistes pour un Avenir Propre, qui a aussi dénoncé les effets sur l’environnement de la recherche d’uranium dans son pays par AREVA.

AFP 12 juillet 2008

Les ONG nigériennes du Réseau ROTAB

réclament l’application de l’Initiative sur la

Transparence dans les Industries Extractives

2 aoû 2008 : Documents

Déclaration de Presse 

Réunies le samedi 26 juillet 2008, en Assemblée Ordinaire, à l’effet d’examiner plusieurs points inscrits à son ordre du jour, les Organisations Membres du Réseau des Organisations pour la Transparence et l’Analyse Budgétaire font la déclaration suivante :

Vu la Constitution du Niger du 09 août 1999, notamment en son article 31 qui dispose que les biens publics sont sacrés et inviolables, Considérant l’adhésion du Niger à l’Initiative sur la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE),
Considérant que la transparence dans les industries extractives doit être effective sur toute la chaîne (de la signature à la répartition des revenus générés par les ressources naturelles non renouvelables et les impactes environnementaux),
Considérant la signature du contrat d’exploitation pétrolière du bloc d’Agadem, entre le gouvernement du Niger et la « China National Oil and Gaz Development and Exploration Corporation »,

Le ROTAB dénonce et condamne :

1. L’opacité qui a entouré la signature du contrat entre le gouvernement du Niger et la filiale de CNCP.

2. La mise à l’écart des techniciens nationaux compétents dans le domaine des industries pétrolières.

3. L’utilisation exclusive des personnes ressources extérieures et de qualité douteuse.

4. Le manque d’information sur l’utilisation faite du bonus des 127 milliards accordé par les chinois à la suite de la signature du contrat du bloc d’Agadem.

5. Le refus du gouvernement de mettre à la disposition de la société civile le contrat avec les chinois sur l’exploitation pétrolière ainsi que celui signé avec AREVA.

6. Le retard manifeste dans la mise en œuvre de l’ ITIE au Niger,

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Obtention du Certificat de Conformité

Environnementale pour le Projet Imouraren

2 aoû 2008 : Documents

Communiqué d’AREVA – 31 juillet 2008

Confirmant les conclusions de l’atelier de validation qui s’était tenu du 19 au 21 mai derniers à Agadez, dans le nord du Niger, les autorités nigériennes, en la personne du directeur du Bureau d’Evaluation Environnementale et des Etudes d’Impact (BEEEI), ont officiellement remis à AREVA, mardi 29 juillet, un Certificat de Conformité Environnementale pour le Projet Imouraren. Signé par le Ministre de l’Environnement et de la Lutte Contre la Désertification, ce document fait partie intégrante du dossier pour le permis d’exploiter (PEX) dont la demande a officiellement été déposée le 15 mai dernier. Une décision des autorités en faveur de l’attribution du PEX ouvrirait la voie aux investissements massifs prévus pour le site (près de 1,2 milliards d’euros sur les trois premières années) et au lancement des premiers travaux d’envergure. Prévu pour débuter à partir de 2012, l’exploitation du gisement d’Imouraren devrait produire à terme près de 5000 tonnes d’uranium par an et devenir la deuxième plus grande mine d’uranium à ciel ouvert au monde.

Au sujet du projet Imouraren, lisez notre communiqué du 27 mai 2008 : AREVA profite de l’état d’urgence au Nord du Niger pour valider son énorme projet minier d’Imouraren

7 oct 2008 : Documents

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Des gisements d’uranium sont exploités à moins d’une centaine de kilomètres de la frontière algéro-nigérienne par deux compagnies françaises dans la région d’Arlit au Niger. L’émanation des poussières radioactives et du gaz radon-222, poussés par les vents du Sud, traversent les frontières et se dispersent plus particulièrement sur une grande superficie du Sud algérien, détruisant pour toujours le système écologique.

Cette émanation toxique tue les hommes, la flore et la faune, sur une échelle plus grande que les restes des essais nucléaires français au Sahara.

L’uranium du Niger est seulement indispensable au programme électronucléaire massif de la France, mais surtout pour la fabrication d’armes nucléaires, qui sont prohibées pour certains et permises pour d’autres. L’uranium du Niger, une fois traité sur site et délesté de ses déchets radioactifs, représente 96,5% du volume de minerai extrait, le « yellowcake » (concentré de minerai jaunâtre), une part est transportée vers le Libye par Agadez, le reste est acheminé au Bénin jusqu’au port de Cotonou.

Ce qui est inquiétant, c’est l’existence de la mine elle-même, car elle restera pour l’éternité une grande source d’émanation de la radioactivité, tuant à petit feu les populations d’Afrique (voir tableau 1). Libéré en grande quantité par l’activité minière et les déchets radioactifs, le gaz radon-222, élément radioactif, qui peut parcourir des milliers de kilomètres en quelques jours sans jamais s’éloigner de la surface du sol, à cause de sa densité et la pesanteur. Le radon s’émane aussi en grande quantité des montagnes de résidus radioactifs, qui jonchent auprès des mines et aussi par les cheminées d’aération de la mine. A Arlit, une montagne de 15 m de haut sur une superficie de 85 hectares de surface et d’un volume de 12,5 millions de tonnes de résidus radioactifs est soumise au gré des vents qui transportent ses poussières sur des milliers de kilomètres.

Sur le site de la mine d’Arlit, des mesures faites clandestinement par des ONG européennes donnent une teneur moyenne de 49 000 Bg/kg pour le thorium 230, 57 000 Bg/kg pour le radium 226 et 54 000 Bg/kg pour le plomb 210, soit une radioactivité totale supérieure à 500 000 Bg/kg, si l’on ajoute la contribution des 14 descendants de l’uranium (voir tableau 1). Laissés à l’air libre, la poussière de résidus radioactifs et le gaz radon-222 sont emportés par les vents dominants, soufflant du sud vers le nord, jusqu’en profondeur du territoire algérien.

A Tamanrasset comme à Adrar des morts suspectes dues à l’irradiation radioactive ont été enregistrées, la plupart des habitants du Sud algérien portent un cancer des poumons, les enfants dès leur jeune âge souffrent des difficultés respiratoires, les services sanitaires ont relevé sur la population des signes de stress et de perte de mémoire, d’autres sont apparues : les cancers de la peau, les cancers de gorge, les déformations physiques, la chute de cheveux à un âge prématuré, etc. Des mesures hasardeuses qui ont été faites dans différents sites du sud du pays se sont avérées alarmantes et quelques fois elles dépassent largement le seuil de radioactivité admis pour l’homme et la nature.

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Invitation réunion conjointe : collectifs « Malgré

tout » et « Areva ne fera pas la loi au Niger »

10 sep 2008 : Agenda

A l’occasion de la naissance du Collectif « D’un plateau à l’autre, du Larzac à la Quebrada (Argentine) l’uranium contre la vie« , initié par M. Miguel Benasayag, les deux collectifs vous convient à une réunion, le 22 Septembre 2008, sur le thème :

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Le sort des populations autochtones du Nord

Ouest Argentine et du Nord Niger face à l’essor

fulgurant de l’uranium

De véritables catastrophes humaines, sociales et environnementales perdurent ou s’annoncent pour les populations autochtones

Ces deux derniers mois, au moins deux demandes d’exploration d’uranium ont été déposées pour les sites de Juella et de Yacoraite, deux vallées affluentes de la vallée principale parcourue par le Río Grande qui traverse Tilcara, village situé dans la célèbre « Quebrada » de Humahuaca (Province de Jujuy, terre de l’Inca). A l’instar du drame que connaissent depuis 40 ans les populations du Nord Niger où les territoires sont sacrifiés sur l’autel du profit et au mépris des droits humains les plus fondamentaux, les indiens Quechuas et Aimaras de la province de Jujuy se voient menacés dans leur existence par de nouveaux projets de mine d’uranium à ciel ouvert, dont les désastres écologiques, sociaux et culturels irréversibles ne sont plus à démontrer mais reste à dénoncer.

L’exploitation de l’uranium au Niger est synonyme de pollutions multiples, d’expulsions des populations de leurs territoires ancestraux, de désarticulation de leur mode de vie (autosuffisance historique), d’épuisement irréversible des nappes d’eau… Les indiens Quechuas et Aimaras de Juyuy risquent de connaître le même sort.

Des territoires spoliés, pollués et pillés de leurs ressources en eau

La Cordillère des Andes subit une véritable invasion des industries extractives, notamment celle de l’uranium qui connaît une ascension mondiale fulgurante. Ainsi, en Argentine, après les ravages des lobbies du soja OGM qui ont déboisé des centaines de milliers d’hectares de terre, expulsé des dizaines de milliers paysans, les populations autochtones assistent au retour dévastateur des mines d’uranium à ciel ouvert. Ces populations se voient menacées par les incidences directes et immédiates sur les équilibres écologiques et culturels fragiles, tant sur le haut plateau de la Puna, que dans les vallées.

Dans la province de Jujuy (plateau de la Puna) de nombreux projets d’exploration et d’exploitation de mines d’uranium à ciel ouvert resurgissent, notamment ceux des deux exploitants Aguilar et Pirquita. Si les populations du Nord Niger sont asphyxiées tant par un conflit armé que par les effets pervers de l’exploitation uranifère, les communautés paysannes et indigènes de la province Jujuy subissent le même sort et trouvent pour seul refuge les bidonvilles et les quartiers suburbains où elles mènent une existence des plus indécentes.

Cette reprise d’activité accélérée au Nord Ouest d’Argentine et la concentration des projets miniers auront des conséquences à moyen et long terme sur les ressources en eau de la région de Quebrada et Puna, avec les risques de contamination chimique de l’eau et son épuisement irréversible (la seule mine de Pirquita consomme 70 000 m3 par jour). D’ores et déjà l’‘ex’- lagune de Guayatayoc, sur la Puna Argentine est totalement asséchée et de nombreux villages sont privés d’eau faisant les frais du pillage par les sociétés extractives. Il en va de même pour la célèbre vallée “Quebrada” de Humahuaca, un site pourtant déclaré en 2002 Patrimoine Naturel et Culturel de l’UNESCO.

Quel sort pour les populations autochtones ?

Qu’elles soient dans l’Aïr (Nord Niger) ou sur les plateaux de la cordillère des Andes, les populations autochtones payent l’uranium au prix fort, celui de leur devenir, du devenir de leurs enfants et de leur mode de vie. Dans ces deux cas, l’épuisement des ressources uranifères très attractives pour les multinationales, s’accompagnant inéluctablement de l’épuisement des ressources en eau et d’une destruction de l’écosystème, signeront l’arrêt de mort de toute activité agropastorale et par la même de toute vie humaine.

La manne financière de l’industrie uranifère est à ce jour un indicateur de fausse croissance et de destruction de modes de vie ancestraux.

Des actions locales à soutenir

Face à ces menaces, un groupe informel d’habitants dits « autoconvoqués », tentent de se mobiliser sur place. Ce groupe a été initié par M. Roger Moreau, un français établi à Tilcara et adopté par les indiens Quechuas de la région depuis 1985. Après avoir mené pendant dix ans (1971 et 1982) le combat sur le Larzac pour repousser le projet de camp militaire, Roger Moreau mobilise les paysans locaux pour un nouveau combat contre le projet de mine d’uranium à ciel ouvert à trente kilomètres en amont de Tilcara.

A l’heure où le nucléaire est largement présenté et médiatisé comme ressource énergétique alternative et propre, les problèmes de fond qui remettent en cause l’existence même des populations autochtones tant en Argentine qu’au Niger, doivent être sans cesse mis en lumière et dénoncés, en France et partout ailleurs.

Les collectifs « AREVA ne fera pas la loi au Niger » et « Malgré tout« , souhaitent mobiliser toutes les énergies afin de dénoncer ces faits, soutenir ces populations menacées et favoriser la solidarité Sud/Sud

Le Collectif d’un plateau à l’autre, du Larzac à la Quebrada (Argentine) « l’uranium contre la vie », tend à ériger un pont entre les deux continents (Afrique/ Amérique Latine) afin de permettre à ces populations vulnérables de conjurer leurs souffrances et de pallier à leur isolement face aux multinationales.

A tous ceux qui veulent s’informer, soutenir ou participer à ce combat contre la fatalité, rendez-vous :

Lundi 22 septembre 2008, à 20h00,
au Siège d’ %Attac France
66-72 rue Marceau – 93100 Montreuil
www.malgretout.org
Contact : arevaneferapaslaloi@gmail.com

Lettre à la Banque Européenne d’Investissement

11 sep 2008 : General

Le collectif « AREVA ne fera pas la loi au Niger » est co-signataire du courrier envoyé par Les Amis de la Terre au Président de la Banque Européenne d’Investissement et aux Vice-Présidents concernés sur un éventuel soutien de la banque aux mines d’uranium d’AREVA au Niger.


logo.gifA : Philippe Maystadt, Président

Copies à : Philippe de FONTAINE VIVE CURTAZ, Vice Président
Plutarchos SAKELLARIS, Vice Président
Montreuil, le 8 septembre 2008

Objet : éventuel financement de projets miniers d’AREVA

Monsieur le Président,

Nous vous écrivons suite à la publication de plusieurs articles faisant état de l’intensification des activités minières d’AREVA en Afrique (1). Nous supposons qu’AREVA aura besoin de financements pour mettre en oeuvre ces projets. Notant que la BEI a récemment approuvé un prêt de 400 millions d’euros en faveur pour l’usine d’enrichissement d’uranium du Tricastin, nous souhaiterions :

  • savoir si AREVA vous a déjà contacté pour des projets de mine d’uranium en Afrique,
  • vous apporter quelques informations sur le passif de l’entreprise dans ce domaine.

Comportement irresponsable d’AREVA au Niger

En effet, AREVA est réputée pour sa gestion déplorable des mines d’uranium en Afrique, en particulier au Niger, où ses filiales, la Cominak et la Somair, exploitent l’uranium depuis les années 70. Nous nous appuyons ici sur ces deux exemples et sur les études de la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD) et de l’association Sherpa sur le terrain pour illustrer les très sérieux problèmes entourant l’exploitation des mines d’uranium par les filiales d’AREVA (voir rapports ci-joint).

Des études et mesures effectuées par la CRIIRAD entre 2004 et 2005 démontrent que les activités d’exploitation de l’uranium ont provoqué de graves contaminations des eaux distribuées aux travailleurs et à la population, avec des taux de contamination aux particules alpha (parmi les plus dangereuses pour la santé humaine) 7 à 110 fois supérieures aux seuils recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et le dépassement des normes de potabilité internationales. Informée par son laboratoire d’analyse, l’entreprise se contente d’ignorer le problème.

L’enquête de la CRIIRAD observe également la dissémination de ferrailles contaminées dans la population, ainsi que le stockage de montagnes de déchets hautement radioactifs non recouverts et dispersables par les vents. Des gaz radioactifs sont également rejetés à l’air libre, exposant toutes les communautés alentour. Ces contaminations de l’air, des sols et de l’eau se poursuivront sur plusieurs générations.

L’association Sherpa, qui a conduit plusieurs visites sur le terrain dénonce l’absence de protection et d’information des ouvriers. Pendant plus de quinze ans, ceux-ci ne portaient aucun masque de protection et n’avaient reçu aucune formation sur les risques de la radioactivité. Si la santé des mineurs et de leur famille est, dans ces conditions, déplorable (maladies pulmonaires multiples), ils sont totalement désinformés : des médecins avouent ainsi faire sciemment de faux diagnostics en cas de cancer, quand le patient n’a pas les moyens de payer les traitements appropriés.

A la suite de ces études, AREVA s’est vu attribuer en 2008 le Public Global Eye Award, qui «récompense » les entreprises s’étant distinguées par leur mépris des droits environnementaux et sociaux au niveau international.
Malheureusement, le comportement scandaleux d’AREVA dans le cadre de ses mines d’uranium ne se limite pas aux opérations au Niger. Vous trouverez ci-joint un point de presse soulevant les problèmes liés aux anciennes mines de l’entreprise au Gabon.

Nos questions à la BEI

Au regard des impacts sociaux et environnementaux très lourds des projets miniers, des dangers particuliers induits par l’exploitation de l’uranium, et du comportement désastreux d’AREVA, nous souhaiterions vivement :

  • Etre informés de toute collaboration entre AREVA et la BEI avant qu’une demande formelle de prêt ne soit formulée.
  • Etre informés de toute demande de soutien d’AREVA à la BEI, dès le premier stade d’évaluation préliminaire du ou des projets.
  • Rester en contact avec vous sur le sujet, afin de pouvoir vous faire parvenir toutes les informations utiles à votre évaluation des projets dont nous disposons, et ce dès les tout premiers stades de cette évaluation.

En vous remerciant d’avance de votre réponse, nous vous prions de croire, Monsieur le Président, en l’expression de notre haute considération.

Anne-Sophie Simpere Chargée de campagne Responsabilité des acteurs financiers Les Amis de la Terre

Signataires :

AITEC (Association Internationale de Techniciens, Experts et Chercheurs), ATTAC France, Collectif « Areva ne fera pas la loi au Niger », IPAM (Initiatives Pour un Autre Monde), ISF (Ingénieurs sans frontières), MIR France (Mouvement international de la Réconciliation), Réseau « Sortir du nucléaire » (Fédération de 830 associations), Association Survie.

(1) “AREVA, Technip team up in Africa-focused uranium venture“ Mining weekly, 20.3.2008, ou : “Areva Lands Uranium Miner” Forbes, 15.6.2008, ou encore: “Areva signs uranium mining deal in Africa“, International Herald Tribune, 2.8.2008

NIGER : L’uranium – bénédiction ou

malédiction ?

19 nov 2008 : Documents

transparentlogo.gifArticle publié par IRIN le 16 octobre 2007

DAKAR, 16 octobre 2007 (IRIN)

Tandis que la demande mondiale en énergie nucléaire grimpe, les vastes réserves d’uranium du Niger ne sont pas un atout pour la population du pays, à en croire les analystes ; au contraire, elles ne font qu’ajouter aux graves problèmes qui pèsent sur la région.

Pays pauvre situé à la lisière sud du désert du Sahara, le Niger dispose de réserves d’uranium – source principale de combustible nucléaire – parmi les plus importantes du monde, mais n’en tire presque aucun avantage.

Au contraire, selon les organisations locales et internationales, l’exploitation de l’uranium par des sociétés principalement étrangères a des conséquences néfastes sur l’environnement et la santé des populations dans l’extrême nord du pays.

Les opérations minières sont aussi à l’origine de tensions politiques nationales : notamment, une des exigences principales du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ), une milice armée aux prises avec l’armée nigérienne depuis février, repose sur une répartition plus équitable des revenus générés par l’exploitation de l’uranium.

« Le fait qu’il y ait de (l’uranium au Niger) est plus un mal qu’un bien, pour l’instant » selon Jeremy Keenan, professeur à l’université de Bristol au Royaume-Uni, et autorité reconnue sur le Sahara. « C’est une malédiction pour la région et les populations qui y vivent  Cela a tout le potentiel d’une situation tout à fait explosive. »

Peu d’avantages

Les associations de la société civile au Niger, ainsi que plusieurs universitaires aux Etats-Unis et au Royaume-Uni s’accordent sur le fait que les populations du Niger n’ont pas profité des 100 000 tonnes d’uranium extraites ces 36 dernières années. Le Niger, qui produit plus de 3 000 tonnes d’uranium par an, se situe entre la troisième et la cinquième places mondiales en matière de production d’uranium.

Néanmoins, selon l’Indice de développement humain 2006 du Programme des Nations Unies pour le Développement, le Niger est le pays le plus pauvre du monde : l’espérance de vie est de 45 ans, 71 pour cent des adultes ne savent pas lire, et 60 pour cent de la population survit avec moins d’un dollar par jour.

« Le peuple nigérien ne profite pas de ces revenus », selon Ali Idrissa, coordinateur de la branche nigérienne de Publish What You Pay, une coalition internationale d’organisations non-gouvernementales (ONG) qui appellent les compagnies extractives (pétrole, gaz, mines) à communiquer les montants qu’elles versent aux gouvernements pour l’extraction des ressources naturelles.

Le gouvernement nigérien, notamment, ne perçoit qu’une faible part des revenus de l’uranium : ce sont des sociétés étrangères qui détiennent une participation majoritaire dans SOMAÏR et COMINAK, les deux entreprises productrices d’uranium, gérées et principalement détenues par AREVA, multinationale française et géant mondial de l’exploitation minière.

En juillet, les autorités ont renégocié le prix de l’uranium, augmentant ainsi le taux de redevance au kilo, pour le porter à 40 000 francs CFA (soit 86 dollars) pour l’année 2007. Malgré tout, aux termes d’un accord vieux de plusieurs décennies, les deux sociétés de production ne sont pas tenues de verser plus de 5,5 pour cent de leurs revenus à l’Etat. En 2006, cela équivalait seulement à 10 milliards de francs CFA (22 millions de dollars), selon le ministère de l’Exploitation minière et de l’Energie.

D’après Robert Charlick, professeur à l’université publique de Cleveland et auteur d’ouvrages sur le Niger, les revenus de l’uranium permettent néanmoins au gouvernement de moins dépendre des impôts, et donc d’avoir moins besoin du soutien de la population, et particulièrement de la grande majorité de la population rurale isolée du pays.

« Cela a détruit la perspective de voir apparaître un système politique plus attentif aux intérêts des populations rurales », a expliqué M. Charlick à IRIN. Si l’industrie minière a permis un certain développement, a-t-il poursuivi, ce développement s’est opéré de façon à servir la production de l’uranium, et non à profiter au Nigérien moyen. Une route vers Arlit a été construite à travers la ville minière de Tahoua pour permettre le transport de l’uranium, et l’exploitation du charbon a été développée pour permettre le fonctionnement des centres de production d’uranium. « Ces régions ont l’électricité, mais rares sont les autres zones rurales du pays qui l’ont », a-t-il ajouté.

Préoccupations sanitaires et environnementales Le mécontentement est également de plus en plus vif chez les milliers de mineurs et les populations qui vivent près des sites miniers de la région d’Agadez, dans le nord ; ceux-ci se plaignent de conditions de travail dangereuses et de l’exposition de la communauté aux substances radioactives.

En août, un mouvement d’associations de la société civile aurait exigé qu’AREVA verse 300 milliards de francs CFA (647 millions) de dommages et intérêts pour ses années d’exploration dans des « conditions injustes et iniques ».

Selon une enquête réalisée en 2005 par Sherpa, un réseau international d’avocats qui plaident pour la responsabilité sociale des entreprises, les personnes qui travaillent dans les mines d’uranium nigériennes ne sont pas informées des risques sanitaires auxquels elles sont exposées ; ne bénéficient pas des mesures de sécurité les plus essentielles ; et ne sont pas toujours soignées en cas de cancer du poumon. Il a été démontré qu’à long terme, l’exposition au radon – un gaz obtenu par transformation de l’uranium – par inhalation avait un lien avec l’apparition du cancer du poumon. 200411922.JPGSelon CRIIRAD, une autre ONG française, l’eau, la terre et les morceaux de ferraille qui se trouvent dans la zone d’exploitation des deux mines du Niger présentent des taux de radioactivité dangereusement élevés.

Pour Mamane Sani Adamou, d’Alternative Espaces Citoyens, une organisation de la société civile, l’extraction de l’uranium a gravement porté atteinte à l’environnement, réduisant notamment les forêts et les pâturages.

La multinationale a fait obstacle à la poursuite des recherches visant à démontrer scientifiquement la véracité des allégations de pollution et de préjudice sanitaire, selon M. Keenan, de l’université de Bristol.

Areva a systématiquement nié ces allégations, et attribué le nombre élevé de maladies à la rudesse du climat désertique. Dans une déclaration écrite, envoyée en réponse aux questions d’IRIN, Areva a dit faire l’objet d’audits externes réguliers ayant trait à la santé, à l’environnement et à la sécurité ; selon les conclusions d’un de ces audits, réalisé par l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), un organisme français, la société opère conformément aux normes internationales. La société AREVA également indiqué qu’elle ouvrirait un centre de santé près de ses sites d’exploitation.

« Les accusations de négligence et de manque de transparence portées à l’encontre d’AREVA sont en contradiction totale avec les faits réels », selon le document. Une source de conflit potentiel

Tandis que la concurrence générale pour l’obtention des ressources africaines se fait de plus en plus vive – Daniel Volman, chercheur indépendant exerçant à Washington, parle d’une « concurrence mondiale entre les Etats-Unis et la Chine pour l’accès aux réserves énergétiques » – certains analystes craignent que l’uranium nigérien ne devienne également une source de tensions.

Selon l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, la demande mondiale globale en énergie augmentera d’au moins 50 pour cent au cours des 25 prochaines années et devra être satisfaite principalement par des combustibles non-fossiles, et particulièrement par l’énergie nucléaire.

« Les Etats-Unis et tous les autres pays industrialisés ou en voie de développement se tourneront vers l’Afrique comme source d’uranium », a expliqué M. Volman, qui étudie la politique américaine en Afrique, en matière de réserves d’énergie. « Le processus a déjà commencé et va prendre de l’ampleur ».

Le Niger abrite les plus grandes réserves d’uranium d’Afrique, principalement accaparées par AREVA depuis plusieurs années. Le gouvernement tente à présent de trouver d’autres partenaires et a délivré plus de 100 permis d’exploration à des sociétés canadiennes, américaines, chinoises, indiennes et autres, au cours de cette dernière année, seulement.

« De nombreux pays du monde sont en quelque sorte prêts à tout pour mettre la main sur de l’uranium », a résumé M. Keenan de l’université de Bristol, ajoutant : « Il risque d’y avoir progressivement de plus en plus de conflits de ressources dans le monde ». La guerre de l’uranium ?

Jusqu’ici, l’instabilité de la région sahélienne était due à des facteurs autres que l’exploitation des ressources. Mais au Niger, l’uranium participe d’un mélange de facteurs potentiellement explosifs, notamment la guerre menée par les Etats-Unis contre le terrorisme, la rébellion dans le nord et la politique du gouvernement, qui interdit toute négociation avec les rebelles.

D’après M. Volman, chercheur indépendant, la présence de ressources naturelles amène les gouvernements étrangers à apporter un soutien militaire et financier aux pays riches en ressources de façon à s’assurer un accès continu à ces ressources. Les Etats-Unis assurent déjà l’entraînement militaire des officiers nigériens, a-t-il expliqué, et le Niger a participé à d’autres programmes d’équipement offerts par les Etats-Unis par le passé.

Or, pour M. Volman, une militarisation accrue mène à une agressivité accrue des gouvernements envers leurs propres administrés et les pays voisins. « Cela favorise la répression interne. Et cela encourage aussi les pays à envahir leurs voisins », a-t-il affirmé. « Cela les incite à se résoudre à la force, à la fois pour solutionner leurs problèmes et pour saisir les occasions qui se présentent à eux – et notamment l’occasion d’envahir les pays voisins et de les piller ».

« On peut difficilement citer un exemple où la présence de ressources en Afrique n’a pas été une malédiction totale », a poursuivi M. Volman. « Je m’attends à ce que le Niger reproduise le même type de cycle constaté dans d’autres pays, car il est déjà en train de suivre la même trajectoire ».

Depuis le mois de février, les rebelles du MNJ ont pris d’assaut plusieurs avant-postes de l’armée nigérienne et mené des attaques contre certaines sociétés minières étrangères ; ils ont notamment tué au moins 45 soldats et enlevé un ressortissant chinois qui travaillait à l’exploitation de l’uranium, avant de le libérer, sain et sauf. En juillet, le MNJ a conseillé à tous les ressortissants étrangers travaillant dans le secteur de l’exploitation minière des ressources naturelles de quitter les zones de conflit « pour leur sécurité ».

Malgré tout, pour certains, les prévisions d’un violent conflit au sujet de l’uranium sont exagérées. « Je ne pense vraiment pas qu’il faille s’attendre à une guerre de l’uranium », a assuré M. Charlick de l’université publique de Cleveland. « Ce sera un problème économique de plus en plus pesant, mais je ne m’attends pas à ce qu’il débouche sur une bataille ».

M. Idrissa de Publish What You Pay n’est pas du même avis ; à la question « la présence d’uranium pourrait-elle aboutir à une guerre régionale ? », il répond quant à lui :

« Vu les intérêts de certaines puissances en matière d’uranium, il faut s’attendre à tout ».

« On peut difficilement citer un exemple où la

présence de ressources en Afrique n’a pas été

une malédiction totale »

19 nov 2008 : Documents

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Uranium, vers une nouvelle malédiction ?

La récente ruée sur l’uranium subsaharien bouleverse les monopoles de jadis. Des sociétés canadiennes, américaines, chinoises, sud africaines, indiennes remettent en cause la répartition des gisements nigériens. Majoritairement concentrées au Niger (lire Bataille pour l’uranium au Niger, d’Anna Bednik, Le Monde Diplomatique, juin 2008) et en Namibie, respectivement troisième et sixième producteurs mondiaux, les réserves d’uranium d’Afrique subsaharienne se retrouvent aujourd’hui au centre du phénomène de renaissance nucléaire et d’une spirale des prix qui a vu croître le coût de la livre d’oxyde d’uranium de près de 1000% durant ces sept dernières années (elle s’achète actuellement autour de 82 dollars la tonne contre un pic de 136 dollars l’année dernière).

Cette ruée sur l’uranium subsaharien (New Uranium Mining Projects) bouleverse les monopoles de jadis. La française AREVA, dont les filiales Cominak et Somaïr gardaient depuis les années 1970 la mainmise sur les gisements nigériens, a vu débouler depuis 2007 sur ses plate-bande sahéliennes des sociétés canadiennes, américaines, chinoises, sud africaines, indiennes, auxquelles Niamey a octroyé plus de cent permis d’exploration.

Si l’on est encore loin d’une guerre de l’uranium, la demande croissante en combustible non fossile pour les 25 prochaines années pourrait bien voir s’intensifier les tensions entre l’Etat central et les populations autochtones, voire entre entreprises transnationales, autour de ces ressources. En somme, déboucher, à l’instar de la guerre de basse intensité livrée autour du brut du Delta du Niger, sur une potentielle nigérianisation des zones uranifères. On peut difficilement citer un exemple ou la présence de ressources en Afrique n’a pas été une malédiction totale, note Daniel Volman, directeur de l’African Security Research Project à Washington, dans l’article, remarquablement équilibré, publié en 2007 par le bureau pour la coordination des affaires humanitaires de l’Onu (Niger : l’uranium – bénédiction ou malédiction ?). Je m’attends à ce que le Niger reproduise le même type de cycle constaté dans d’autres pays, car il est déjà en train de suivre la même trajectoire, précise ce chercheur américain.

Une première étape a déjà été franchie : en renégociant l’année dernière le prix de l’uranium et en augmentant son taux de redevance au kilo, l’Etat nigérien est devenu moins dépendant des impôts. Il a donc moins besoin du soutien des populations rurales. Et moins besoin d’être attentif aux demandes des populations du Nord Niger. Ce qui n’a fait que gonfler les rangs des sympathisants du Mouvement Nigérien pour la Justice (MNJ) — aux prises avec l’armée sur fond de répartition plus équitable des revenus générés par l’exploitation de l’uranium — et durcir la répression contre tous ceux, journalistes et militants des droits humains en premier lieu, suspectés de sympathies avec le MNJ. Le journaliste Moussa Kaka, correspondant de Radio France Internationale, en paie le prix en prison depuis un an ce vendredi 19 septembre.

Une seconde étape est en train d’être franchie : la militarisation accrue d’un pays parmi les plus pauvres du monde, et la sanctuarisation de ses coffre-forts minéraux, avec le risque que ses problèmes ne soient uniquement résolus par la manière forte. Dotées d’un nouvel armement chinois, les forces militaires de Niamey sont par ailleurs couvées par les Etats-Unis qui assurent l’entrainement militaire de leurs officiers.

Face à cette vision pessimiste, certains pourront rétorquer que la nouvelle course vers l’uranium nigérien a réveillé le ressentiment de la population touarègue à l’égard du pouvoir central et, plus globalement, des opérateurs étrangers impliqués dans la zone de conflit. En somme, que la crise vécue par Niamey dans son pourtour saharien est bien spécifique. A entendre le mécontentement grandissant des ONG namibiennes impliquées dans la protection de l’environnement, face au grand jeu international auxquelles se livrent actuellement une quarantaine d’entreprises extractives (dont Areva) dans le désert de Namibie, on peut commencer à en douter (Lire Increased Nuclear Energy Demand Boosts Namibia).

Lorsque le défunt militant nigérian Ken Saro Wiwa s’attaqua au début des années 1990 à Shell, qui exploitait le territoire ogoni au cœur du Delta du Niger, sa lutte était pacifique. Et pour des raisons majoritairement liées à la détérioration de l’environnement. On connaît la suite…

Jean-Christophe Servant pour CETRI - Centre Tricontinental (Belgique)
Le 03-10-2008

« La Françafrique au secours de l’uranium »

d’Imouraren : AREVA propose d’aider Tandja à

« mater la rébellion touarègue »

3 dec 2008 : Revue de presse

Dans ses communiqués officiels, le groupe AREVA a souvent tendance à mettre la charrue avant les boeufs. Aussi, la mise en place du projet d’uranium géant d’Imouraren est loin d’être acquise pour AREVA. Les négociations toujours en cours, via Thierry d’Arbonneau, sont âpres et compliquées entre le « fleuron français » et le président nigérien. A ce sujet, lisez la Lettre du Continent du 2 octobre 2008.

Le 5 novembre 2008, le Canard Enchaîné publiait un article des plus instructifs, intitulé « La Françafrique au secours de l’uranium » rapportant les propos du super-négociateur d’AREVA au Niger au cours du colloque « Sécurité économique », organisé par le MEDEF (en présence notamment de Michèle Alliot-Marie, Ministre de l’Intérieur français) :

« L’amiral (à la retraite) Thierry d’Arbonneau, délégué par son groupe au Niger (qui regorge d’uranium), s’est catégoriquement élevé contre toute réglementation des sociétés privées de renseignement et de sécurité. Ce qui compliquerait, à l’en croire, la tâche d’entreprises comme la sienne.
L’Etat français ferait mieux, a-t-il ajouté, de donner aux autorités nigériennes les moyens de mater la rébellion des Touareg, « ces hommes en bleu qui font rêver les hommes et chavirer le cœur des femmes mais ne sont qu’une illusion ». Explication de cette sortie : AREVA négocie actuellement le droit d’exploiter le gisement géant d’Imouraren. Les prix du marché et la concurrence chinoise aidant, le président nigérien, Mamadou Tandja, a déjà obtenu qu’AREVA triple son prix d’achat du minerai. Mais il souhaiterait aussi un coup de main français pour combattre les Touareg, qui, dans le nord du pays, réclament un territoire et une part du gâteau minier. Le site est donc peu tranquille, et AREVA a besoin de sécurité (publique ou privée) afin de repousser ces arrogants «hommes bleus» qui voudraient nous empêcher de creuser leur terre… J.-F. J. »

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Suite à cet article, aucune réaction publique de la part du directoire d’AREVA. Pourtant, les propos de son Directeur de la protection du patrimoine et des personnes constituent une provocation publique à la violence et une injure, à raison de l’appartenance raciale ou ethnique ; ils portent indéniablement atteinte à l’honneur et à la dignité des populations touarègues et du Niger en général et attentent à leurs aspirations à la paix et à l’unité nationale. De tels propos sont interdits et incriminés par les lois françaises. Ils contreviennent également à la « Charte des valeurs du groupe AREVA » en vertu de laquelle, tant le groupe que l’ensemble de ses salariés s’engagent à respecter le droit international des droits de l’homme en général, et la dignité humaine en particulier.

A défaut de démenti ou d’excuses, nous avons tout juste pu constater que, dans la semaine qui a suivi la publication de l’article du « Canard Enchaîné », l’identité de M. d’Arbonneau avait disparu du programme du colloque du MEDEF pour être insidieusement remplacée par un certain « Zéphirin Diabré, Directeur Afrique et Moyen-Orient du Groupe AREVA » ; ce changement de programme mesquin et ridiculement tardif vaut un aveu masqué de culpabilité.

Afrik.com : « AREVA, maître de la plus grande

mine d’uranium d’Afrique »

9 jan 2009 : Revue de presse

La société civile nigérienne parle d’une convention d’exploitation désavantageuse pour le paysarton16046.jpg

Le groupe nucléaire français et le gouvernement nigérien ont signé, lundi, une convention octroyant à AREVA le droit d’exploiter le gisement d’uranium d’Imouraren, le plus grand, de toute l’Afrique. Un projet qui devrait démarrer en 2012 et permettre au Niger de se placer au deuxième rang mondial des producteurs. Toutes ces bonnes perspectives laissent, tout de même, certains Nigériens sceptiques.


jeudi 8 janvier 2009, par Stéphane Ballong © afrik.com


Il s’agirait du plus grand projet industriel minier jamais envisagé au Niger, selon AREVA. Le groupe nucléaire français vient de se voir attribuer un permis d’exploitation de la mine d’Imouraren, le plus grand gisement d’uranium de toute l’Afrique. Anne Lauvergeon, la présidente du directoire du groupe nucléaire français a conclu, lundi, avec le gouvernement nigérien une convention dans ce sens.

Selon les termes de cet accord, une société d’exploitation va être créée et sera détenue à 66,65 % par le groupe français et à 33,35% par le Niger. Un peu plus de 1,2 milliard d’euros (800 milliards de francs CFA) seront débloqués pour le lancement de ce projet d’Imouraren. La nouvelle compagnie devrait démarrer ses activités en 2012, avec une production annuelle estimée, à terme, à 5 000 tonnes pendant plus de 35 ans. Et l’Etat nigérien pourra extraire et commercialiser 33,35% de cette production par le biais de la société du Patrimoine des Mines du Niger (SOPAMIN).

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NIGER • AREVA accusé de toutes parts

12 mar 2009 : Revue de presse

Courrier international. hebdo n° 958 – 12 mars 200910.png

Le groupe français exploite depuis quarante ans des mines d’uranium à Arlit. Si sa présence est un atout pour l’économie locale, elle laisse cependant à désirer sur le plan de l’environnement.

AREVA est le groupe nucléaire français qui construit en ce moment des centrales dans toute l’Europe et doit piloter le développement du nucléaire britannique. Depuis quarante ans, il exploite les mines d’uranium du nord du Niger à partir de sa base d’Arlit. Quand on entre dans la ville, on a un peu l’impression d’être dans un film de série B des années 1950 sur la fin du monde. Arlit est entourée d’un désert formé non pas des belles dunes ondoyantes des magazines de voyage, mais d’une vaste plaine aride balayée par les tempêtes de poussière orange venues du Sahara.

Les 2 000 employés de la mine vivent dans des pavillons entretenus par l’entreprise, dans des rues bien ordonnées, et disposent d’eau courante propre et d’électricité. Au menu du club-house figurent des plats français tels que le magret de canard. Il y a des écoles, un hôpital et des terrains de sport où tout le monde est censé pouvoir jouer au football, une installation invraisemblable au milieu du désert. Mais ces équipements ne sont ouverts qu’aux familles des mineurs et aux fonctionnaires en poste dans la ville.

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Charlie Hebdo – Le lobbying d’AREVA pour

l’uranium du Niger

29 avr 2009 :Revue de presse

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L’indépendance énergétique française repose sur le nucléaire, mais aussi sur des amitiés avec des pays pas toujours fréquentables. Par exemple, le Niger, principal fournisseur de l’uranium utilisé dans les centrales françaises. Charlie a obtenu des preuves sur les tueries commises par les autorités de ce pays.

Notre enquête révèle les détails des prochaines actions de lobbying que compte entreprendre l’industriel français du nucléaire, AREVA, pour faire oublier les origines politiques de cet uranium.

Au cours de notre enquête. Nous avons appris que le groupe AREVA prépare pour le 25 mai une conférence de presse commune avec l’ONG Sherpa, une organisation spécialisée dans la défense des droits de l’Homme, fondée par l’avocat William Bourdon. A cette occasion, les dirigeants de Sherpa et d’AREVA rendront publique la signature d’une convention pour la mise en place d’observatoires sanitaires et sociaux, d’abord au Gabon, puis éventuellement au Niger. Une manière pour l’industriel de donner des gages de sa bonne volonté. L’ONG garantira l’indépendance du dispositif.

Selon nos informations, le 4 avril dernier, Sherpa et AREVA sont parvenus à un texte qui les a satisfaits. Interrogé sur ce partenariat, Yann Queinnec, le directeur de Sherpa, a refusé de commenter cette information, tout en confirmant l’existence de ces discussions.

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Imouraren, un désastre annoncé ! Communiqué

du 4 mai 2009

4 mai 2009 : Communiqués du Collectif

Communiqué en PDF pdf-icon

Ce 4 mai 2009, AREVA et les autorités nigériennes inaugurent l’exploitation uranifère d’Imouraren, le plus grand projet industriel jamais envisagé au Niger. Plus importante mine d’uranium d’Afrique et deuxième au monde, Imouraren devrait voir se prolonger le scandale de l’exploitation de l’uranium nigérien.

Anne Lauvergeon, présidente du groupe français, Mamadou Tandja, président nigérien et l’ambassadeur de France au Niger, font le déplacement.

Cette inauguration a lieu un mois après la venue du président Nicolas Sarkozy à Niamey, le 27 mars, pour consacrer l’accord entre le gouvernement nigérien et AREVA signé en janvier 2009 et quelques semaine après l’acceptation de pourparlers par le gouvernement nigérien avec la rébellion sévissant au Nord Niger depuis février 2007. En somme, tous les acteurs politiques semblent avoir œuvré pour démarrer rapidement l’activité de la mine.

Le Collectif AREVA ne fera pas la loi au Niger s’inquiète quant aux conditions de mise en œuvre de ce projet, au niveau écologique, économique et social. En effet, AREVA (ex-COGEMA) exploite l’uranium au Niger depuis 1968, exploitation qui ne contribue ni au développement du pays ni à l’amélioration du niveau de vie des Nigériens et qui a des conséquences sanitaires et sociales désastreuses pour la population locale (à majorité touareg) et pour l’environnement.

La relation bien particulière de la France avec le Niger avait permis par le passé un accès exclusif à l’uranium à un prix ridicule, grâce à un accord signé en 1961. Le contrat d’Imouraren reste dans la même lignée : le gouvernement nigérien n’a que 33% des parts de la société d’exploitation tandis que le prix d’achat de l’uranium reste bien en deçà des cours du marché international.

Quant aux conséquences au niveau local, les mesures de la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD) de 2004 et 2005 montrent que les eaux distribuées dans la ville minière d’Arlit où opère AREVA ne sont pas aux normes de potabilité, avec un taux de contamination dépassant de 7 à 110 fois les recommandations de l’OMS. La surconsommation d’eau nécessaire aux mines contribue à l’épuisement accéléré des ressources fossiles dans une région qui en manque cruellement.

Selon la CRIIRAD encore, d’énormes masses de déchets radioactifs, dits improprement « stériles », et des boues radioactives générant des poussières et des gaz comme le radon sont laissées à l’air libre. Un « stérile » a même été identifié à l’entrée de l’hôpital d’Arlit ! Pire, des ferrailles contaminées sont utilisées par la population, l’exposant ainsi directement à la radioactivité.

Alors que la société civile nigérienne (notamment l’association Aghir In Man, le réseau ROTAB, …) a alerté AREVA et les responsables politiques nigériens sur la question, rien n’a été fait pour revoir la gestion de ces sites uranifères faite au mépris des populations. Il y a fort à craindre qu’AREVA s’apprête à reproduire les mêmes conditions d’exploitation à Imouraren, une mine à ciel ouvert beaucoup plus étendue, située à proximité de zones habités et de zones de pâturages primordiales pour les populations locales. Rien que du fait des simples explorations précédant la future extraction, le site de la mine a d’ores et déjà un taux de radioactivité particulièrement élevé. Les résultats de l’étude d’impact réalisée par AREVA sont quasi confidentiels et aucune contre-expertise scientifique indépendante garantissant la fiabilité des données n’existe, ce qu’ont pourtant exigé la société civile et des responsables locaux.

Les enjeux liés à l’eau, à l’accès à la terre et aux conséquences sociales ne semblent pas non plus faire partie des préoccupations du gouvernement français. De même, les décisions liées au nucléaire sont discrétionnaires et émanent directement de l’Élysée. Ainsi, l’exploitation de l’uranium au Niger se trouve dans une double opacité.

Pour obtenir le contrat d’Imouraren au Niger, Paris a évité d’évoquer les questions qui fâchent relatives aux exactions de l’armée nigérienne au Nord Niger constatées par l’ONU ou de revenir sur l’éventuelle prolongation du mandat du président nigérien, qui serait anticonstitutionnelle, alors que les élections présidentielles sont prévues en décembre 2009.

Le Collectif AREVA ne fera pas la loi au Niger demande, pour le site d’Imouraren, qu’AREVA et le gouvernement nigérien assurent
– un moratoire sur la mise en exploitation de la mine tant qu’une étude d’impact indépendante n’aura pas été faite et n’aura pas rendu ses conclusions.
– la reconnaissance et la réparation par AREVA des dommages sociaux et environnementaux que ses exploitations ont commis au Niger.
– la mise en oeuvre de l’ITIE (Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives) dès mars 2010 comme annoncé par le gouvernement nigérien pour que la population bénéficie effectivement de l’exploitation des ressources naturelles – que tous les travailleurs de la mine ET les populations vivant à proximité de l’exploitation bénéficient d’un examen médical complet, d’une évaluation rétrospective des doses subies et de l’inscription dans un programme de suivi sanitaire à long terme réalisé par des organismes médicaux compétents et indépendants.
– que des taxes parafiscales, comme il en existe en France, soient prélevées et confiées à un organisme de gestion spécialisé et indépendant pour la remise en état des sites après extraction et pour une gestion saine, équitable et concertée des ressources en eau.

Le Collectif : %Attac – Cedetim – CNT – Collectif Tchinaghen – Les Verts – NPA – Réseau Sortir du Nucléaire – Sud Energie/Solidaires – Survie – Via Campesina

Contacts presse : Anne Roussel – roussel_annesimone@yahoo.fr – 06 62 56 96 13 (Collectif Tchinaghen) Samira Clady – clady.samira@neuf.fr – 06 85 05 07 74 (Collectif Tchinaghen) Stéphanie Dubois de Prisque - stephanie.duboisdeprisque@survie.org – 01 44 61 03 25 (Survie)

Les observatoires de santé d’AREVA au Niger et

au Gabon : Payer (un peu) pour polluer

librement

24 juin 2009 : Communiqués du Collectif

Communiqué du 29 juin 2009

Communiqué en PDF pdf-icon

090514_areva.jpgLe 19 juin dernier, AREVA a annoncé la mise en œuvre d’Observatoires de la Santé sur ses différents sites miniers, en particulier au Gabon puis au Niger, en accord avec des associations (Médecins Du Monde, Sherpa).

Cet accord intervient peu après l’inauguration de la gigantesque mine d’Imouraren au Niger, dont l’exploitation fait craindre desconséquences désastreuses. Conséquences déjà bien visibles autour d’autres mines que la COGEMA, devenue AREVA, exploitent depuis 40 ans à Arlit.

Des organisations et des autorités locales y dénoncent depuis des années lesravages sanitaires, sociaux et environnementaux causés par AREVA. Car ce sont non seulement les travailleurs des mines, mais aussi les quelque 60.000 habitants de la ville d’Arlit qui sont potentiellement touchés par la pollution de l’eau et vivent au contact de matériaux et résidus miniers radioactifs ou pollués par la radioactivité – ainsi, des stériles sont laissés à l’air libre, même à proximité de l’hôpital.

AREVA a toujours ignoré les revendications des populations réclamant des mesures pour réduire les dégâts causés par l’exploitation uranifère, à l’exception d’actions mineures (normes de sécurité pour les travailleurs des mines, récupération de matériaux contaminés utilisés par les habitants d’Arlit).

L’accord signé le 19 juin viserait à indemniser les seuls travailleurs des mines qui en font la demande et pouvant prouver les liens entre leur maladie et leur activité ; à faire apparaître les évolutions de l’état de santé des populations locales ; à « faire des propositions pour l’amélioration de l’hygiène et de la sécurité sanitaire des sites miniers ». Mais cet accord soulève de nombreuses questions sur sa mise en œuvre :

  • Areva est omniprésente dans ces observatoires. Elle est aussi l’unique pourvoyeur de fonds de ce projet. N’est-elle donc pas juge et partie ? Ces observatoires de la santé peuvent-ils alors travailler en toute indépendance ?
  • Comment ces observatoires peuvent-ils afficher un objectif d’indemnisation et passer outre tout engagement relatif à l’information sur la possibilité d’être indemnisé, à la prévention, ou à la sensibilisation des populations sur les risques sanitaires ?
  • AREVA peut-elle donc décider elle-même de l’indemnisation des dégâts dont elle est responsable ? N’est-ce pas le rôle d’une autorité judiciaire indépendante ?
  • L’accord parle d’ « impact éventuel » des activités minières alors que l’impact sanitaire et environnemental (traitement des déchets, l’emprise sur les ressources en eau …) a déjà été documenté. Faut-il attendre que des personnes soient déclarées malades pour s’en alarmer ? Pourquoi cet accord ne part-il pas du principe de précaution ?

Il apparaît donc que la mise en place de ces observatoires de la santé s’inscrit davantage dans une opération de communication destinée à redorer l’image désastreuse d’AREVA qui communique massivement sur le « développement durable » et l’« énergie propre ».

Areva trompe aussi l’opinion publique en séparant la question sanitaire de la question environnementale, comme si l’une et l’autre n’étaient pas inextricablement liées. Au Niger, AREVA continue donc à exploiter l’uranium sans se soucier de la pollution qu’elle engendre. Elle continue à épuiser les ressources hydriques dans une région qui en manque cruellement.

Cet accord apporte également une caution sociale à AREVA, ce qui devraitfaciliter l’obtention d’un financement du projet d’Imouraren par la Banque Européenne d’Investissement (BEI) à hauteur de 1,2 milliards d’euros. Une décision qui devrait tomber dans les prochaines semaines !

Par cet accord, AREVA tente également de se dégager de sa responsabilité pénale et civile à moindre coût. Cet accord limité à la santé des seuls travailleurs des mines (et non des populations) devrait concerner, annuellement pour le Niger, entre 15 et 30 personnes.

Contacts presse :

Tchinaghen : Samira Clady – clady.samira@neuf.fr – 06 85 05 07 74

Survie : Olivier Thimonier – olivier.thimonier@survie.org – 01 44 61 03 25

Malgré la crise politique, le business continue -

Pollution et pillage de la ressource en eau au

nord du pays

Le collectif « AREVA ne fera pas la loi au Niger » organise, avec le soutien de Mr Noël Mamère une Conférence de Presse le 21 octobre 2009 à l’Assemblée Nationale.

Le Niger vit actuellement une très grave crise institutionnelle : coup d’Etat constitutionnel du président Mamadou Tandja ayant organisé un référendum pour se maintenir au pouvoir. Des élections législatives auront lieu le 20 octobre 2009 avec le but d’asseoir le nouveau régime ; scrutin majoritairement boycotté par les partis d’opposition.
La communauté internationale s’est trop faiblement émue de la situation. La France, quant à elle, a une position particulièrement ambiguë qui s’explique par ses énormes enjeux sur place : l’exploitation de l’uranium par AREVA.

logo.gifAvec ce durcissement du régime, la lutte de la société civile pour une amélioration des conditions d’exploitation de l’uranium risque d’être de plus en plus difficile. Dans ce contexte, notre Collectif AREVA souhaite porter l’attention sur la question sensible des conséquences de cette industrie sur les ressources en eau au Nord Niger.

Parmi les multiples conséquences (spoliation des terres agro-pastorales exploitées par les populations locales, la destruction de la faune et de la flore, la contamination radioactive de l’air), l’exploitation de l’uranium provoque unecontamination radioactive des ressources en eau ainsi que l’épuisement et la pollution des deux nappes phréatiques fossiles de la région d’Agadez. Cette eau assurait jusqu’ici la survie des populations locales. En effet, depuis des millénaires les populations nomades fréquentent l’immense plaine de l’Irhazer où elles trouvent et gèrent traditionnellement les ressources nécessaires à l’économie pastorale.

Loin d’avoir amélioré le niveau de vie des populations – le Niger deuxième producteur mondial d’uranium figure à la dernière place de l’IDH – les sociétés minières, avides d’eau, pillent inconsidérément les nappes phréatiques non renouvelables de la région. Les compagnies uranifères ne s’inquiètent guère de cette catastrophe annoncée : une fois les gisements d’uranium épuisés et l’eau tarie, elles quitteront cette région dévastée pour piller ailleurs. L’avenir de toute une population, les impératifs de protection de l’environnement et de la santé sont donc sacrifiés au profit de la seule logique des profits à court terme par AREVA en particulier, avec l’aval du président nigérien, qui distribue à tout va les concessions minières.

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AREVA ne fera pas la loi au Niger –

Communiqué

de Presse du 21 octobre 2009

A l’occasion des élections législatives nigériennes du 20 octobre 2009, le Collectif AREVA ne fera pas la loi au Niger a tenu une conférence de presse hier, mercredi 21 octobre 2009 à l’Assemblée Nationale.

Dans le contexte actuel de durcissement du pouvoir, l’émergence d’un débat démocratique autour des questions minières et la lutte de la société civile sur les conditions d’exploitation de l’uranium étant de plus en plus difficile, notre Collectif a porté l’attention sur la question sensible des conséquences de cette industrie sur les ressources en eau. 

Le Niger vit une très grave crise : un coup d’Etat constitutionnel du président Mamadou Tandja qui, passant outre les règles de la démocratie parlementaire, a organisé le 4 août dernier, un référendum pour se maintenir au pouvoir. Les élections législatives du 20 octobre 2009 avaient pour seul but d’asseoir le nouveau régime et de parachever son coup d’Etat. Le scrutin a été majoritairement boycotté par les partis d’opposition et la population. En effet, en tenant ces législatives le chef de l’Etat a finalisé son plan de confiscation du pouvoir passant outre l’élection présidentielle prévue fin 2009 et usant de moyens disproportionnés et insidieux lui permettant de réduire à néant toute opposition.

Après s’être trop faiblement émue de cette situation, la communauté internationale a réagi fermement : La Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a « suspendu » le Niger « jusqu’à ce que la légalité constitutionnelle soit rétablie », et a alerté l’Union Africaine ; l’Union Européenne menace de suspendre son aide au développement conformément aux prescriptions de l’article 96 des accords de Cotonou, en laissant toutefois place aux négociations. Quant à la France, elle a maintenu une position particulièrement ambiguë jusqu’à la veille des élections législatives, contribuant à l’attentisme général. Cette attitude revient à cautionner le coup d’Etat constitutionnel et à contribuer à la normalisation d’une situation illégale. A nouveau, la France privilégie ses intérêts économiques sur la promotion de la démocratie et le respect de l’Etat de droit. En effet l’exploitation de l’uranium par AREVA se poursuit et la mise en exploitation de la mine d’Imouraren lui offre d’énormes perspectives.

Cette exploitation uranifère au nord du pays conduit à la contamination des ressources en eau et à l’épuisement et la pollution des deux grandes nappes phréatiques fossiles de la région d’Agadez, qui assuraient jusqu’ici la survie des populations locales. Cela est tout aussi dramatique que la spoliation des terres agro-pastorales exploitées par les populations locales, la destruction de la faune et de la flore ou la contamination radioactive de l’air dues à cette même industrie.

Depuis des millénaires les populations nomades fréquentent l’immense plaine de l’Irhazer et gèrent de façon traditionnelle les ressources nécessaires à l’économie pastorale. L’aquifère des grès d’Agadez, seule ressource en eau de cette plaine, est fossile. Or la région regorge d’uranium, qui est en partie déjà exploité par l’industrie uranifère avide d’eau : ce réservoir est fortement menacé par l’octroi anomique de concessions minières et par l’exploitation en cours et se vide inexorablement. Cela ne perturbe aucunement les sociétés minières dont le comportement se résume à « prendre, polluer et partir ».

Les quantités quotidiennes d’eau consommée par les miniers sont effarantes :

  • 10.000 m3/j sont prélevés à Rharous depuis 1980, pour les mines de charbon (qui alimente en électricité les installations d’Areva à Arlit).
  • 20.000 m3/j sont prévus par AREVA, pour sa nouvelle exploitation uranifère d’Imouraren,
  • 4000 m3/j sont prélevés pour la mine d’uranium d’Azelik, exploitée par une compagnie chinoise.
En comparaison : moins de 2 000 m3 par an et par habitant sont consommés dans les pays où les ressources en eau sont faibles.

Et ce n’est pas tout : les sociétés COMINAK et SOMAÏR (filiales d’AREVA) qui exploitent les mines d’Arlit envisagent d’utiliser un pipe line de 30 km et de déplacer leurs pompages vers l’ouest c’est-à-dire dans la nappe des grès d’Agadez ! En effet, ils ont déjà épuisé à 70% la nappe phréatique carbonifère qui se trouve plus au nord, à raison de 22 000 m3/j depuis 38 ans.

Le prélèvement actuel est de 25 millions de m3 d’eau par an. Ce calcul est non exhaustif car il ne tient pas compte de l’accroissement exponentiel de la délivrance des permis d’exploitation de l’uranium, du futur projet des salines de Tédikelt et de projets pharaoniques d’irrigation. A ce rythme là, on peut s’attendre au dénoyage, c’est à dire à l’épuisement complet de toute la partie ouest de l’aquifère d’ici 40 ans.

Les effets pervers de l’exploitation uranifère : loin d’avoir amélioré le niveau de vie des populations, elle condamne leur avenir à moyen terme

Le Niger deuxième producteur mondial d’uranium figure paradoxalement à la dernière place de l’IDH. Les populations nigériennes victimes d’un pillage organisé des ressources naturelles, y compris de l’eau ressource vitale, récoltent désordres et désolation et non pas les richesses émanant de cette industrie stratégique et très lucrative. Les compagnies minières ne s’inquiètent guère de cette catastrophe annoncée : une fois les gisements d’uranium épuisés, une fois l’eau épuisée, la région ne présentera plus d’intérêt pour elles et leurs actionnaires. Ils quitteront cette région dévastée, désormais impropre au tourisme et à l’économie pastorale et sans développement pour aller piller ailleurs. L’avenir de toute une population, les impératifs de protection de l’environnement et de la santé, sont sacrifiés sur l’autel des profits à court et moyen terme.

À l’heure où la notion de « développement durable », admise par tant d’occidentaux, est mise en avant, le nucléaire, est présenté par les industriels, dont AREVA, comme une énergie « propre ». Or l’extraction de l’uranium est terriblement polluante et dangereuse puisqu’elle s’attaque à l’homme et ses ressources hydriques vitales et épuisables. Il est hypocrite de nous vendre une énergie prétendue sans effets négatifs et sans conséquences, alors que loin de nous des populations, aux conditions de vie déjà très précaires, en souffrent et en meurent.

Nos revendications :

Nous demandons instamment, pour l’exploitation de l’uranium au Niger, le respect des droits de l’homme et des règles de transparence fixées dans le cadre de l’initiative sur la transparence des industries extractives (ITIE) à laquelle le Niger a adhéré en mars 2005 ainsi que la fixation de normes sociales et environnementales, notamment sur l’eau et la mise en œuvre d’organismes indépendants de contrôle qui sanctionnent leurs manquements.

Le détail de nos revendications ICI.

Contacts presse : arevaneferapaslaloi@gmail.com

L’épopée d’AREVA en Afrique – Une face cachée

du nucléaire français

22 fév 2012 : General

Sortie du Dossier Noir n°24

Areva

Communiqué, le 15 février 2012

L’Association Survie et les Editions Agone publient « AREVA en Afrique – une face cachée du nucléaire français », un Dossier Noir écrit par Raphaël Granvaud. Sa sortie, pour demain en librairie, s’accompagnera de mobilisations organisées en partenariat avec le Réseau Sortir du nucléaire. Les enjeux majeurs abordés dans l’ouvrage ont été présentés à la presse le 9 février par l’auteur et des représentants de Survie, de Sortir du nucléaire et de la société civile gabonaise.

« AREVA a pris une part très importante dans la politique du président Sarkozy de promotion des intérêts français en Afrique. Nous avons souhaité nous concentrer sur cette entreprise, qui est au cœur du système de la Françafrique et sur ses imbrications diplomatiques, politiques, militaires, et qui appartient pour l’essentiel à l’État français et donc aux contribuables » introduit Fabrice Tarrit, le président de Survie.

« Le but de ce Dossier Noir, explique Raphaël Granvaud, c’est d’en finir avec le mythe de « l’indépendance énergétique », leitmotiv que l’on retrouve dans 40 ans de discours des autorités politiques françaises. » Ce mythe repose sur diverses manipulations statistiques, dont la principale est « la question des importations d’uranium qui ne sont pas considérées comme importation énergétique dans les statistiques officielles. (…) Cela va de pair avec une occultation de la part de l’Afrique dans toute l’histoire du développement du nucléaire français, depuis les origines », comme si la France se considérait toujours propriétaire du sous-sol de ses anciennes colonies. Pourtant, depuis 2001, elle importe la totalité de son uranium et environ 30% provient du sous-sol nigérien, exploité par les filiales d’AREVA.

Si la France a très largement profité de l’uranium, en cooptant des régimes autoritaires qui le lui fournissaient au meilleur prix, pour l’auteur « le Niger n’a hérité que d’une triple catastrophe : une catastrophe environnementale, une catastrophe sanitaire et une catastrophe sociale. » Selon diverses ONG, seulement 12 % de la valeur de l’uranium produit sur son sol est revenu au Niger. Alors que le Niger éclaire une ampoule française sur trois, il importe son électricité du Nigeria, et la majorité des Nigériens n’y ont même pas accès.

Pour la porte-parole du Réseau « Sortir du nucléaire », Opale Crivello, « AREVA refuse d’assumer ses responsabilités. » Suite à l’exploitation de 210 mines entre 1946 et 2001 dans plus de 25 départements français par la COGEMA (AREVA), il reste 300 millions de tonnes de déchets d’uranium abandonnés. En outre l’IRSN1 est formel : les travailleurs de l’uranium meurent plus tôt et développent des cancers des poumons et des reins. Et ce sort n’est pas réservé aux seuls mineurs. « AREVA rétorque que pour le moment, il n’y a pas encore eu de pathologies en lien avec la radioactivité. C’est faux ! AREVA sait très bien ce qu’endurent et ce qu’encourent les populations au Niger. Face à ce scandale et vu du retour d’expérience français, nous avons le devoir d’agir pour dénoncer ces pratiques au Niger », conclut Opale Crivello.

Ancien directeur diocésain de Caritas Gabon, Bruno Ondo apporte un témoignage éclairant : « pendant 40 ans, 2 millions de tonnes de déchets radioactifs ont été déversées dans les cours d’eau et 4 millions de tonnes dans les carrières abandonnés » aux alentours des mines uranifères exploitées par la filiale gabonaise de la COGEMA. Treize ans après la fermeture du site de Mounana, les riverains et les anciens mineurs subissent toujours les conséquences. « Les zones interdites2 à cause du taux de radioactivité se trouvent à l’intérieur du champ d’activité des populations : là où les gens viennent tremper le manioc, où elles vont faire de la pêche, à proximité des habitations. (…) Le prix véritable de l’uranium, c’est celui payé par les populations ! ». Suite aux pressions de la société civile, des observatoires de la santé ont été lancés par le gouvernement gabonais et par AREVA mais jusqu’à aujourd’hui « cet observatoire n’existe que de nom (…)».

Alors qu’AREVA pourrait bien ouvrir de nouvelles exploitations uranifères au Gabon, Bruno Ondo conclut avec colère : « A-t-on le droit de laisser revenir Areva au Gabon ? ». Cette question fera partie intégrante des nombreuses conférences, interpellations de décideurs qui, partout en France, accompagneront la sortie de l’ouvrage à partir du 16 février, dans un contexte de fort débat politique sur la place et le coût du nucléaire, et sur les agissements de l’entreprise AREVA elle-même.

icone-videoVoir les 4 vidéos de la conférence de presse sur ICI

Contact presse :

Stéphanie Dubois de Prisque
Chargée de communication
stephanie.duboisdeprisque@survie.org
01 44 61 03 25

Opale Crivello
Chargée de communication et des relations presse
opale.crivello@sortirdunucleaire.fr
06 64 66 01 23

1 IRSN = Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire
2 Du fait de la radioactivité

Carte Interactive sur le site de Survie – Cliquez sur la carte :
carteareva-ffb52

UNE RÉGION PILLÉE, UN PEUPLE SACRIFIÉ

Téléchargez le communiqué unitaire du collectif au format PDF : Une région pillée, un peuple sacrifié

Climat explosif à prévoir dans la campagne électorale.
Un militant alter-mondialiste originaire du Niger, Mamane Sani Adamou, a accusé jeudi à Nairobi, au Kenya, le groupe français AREVA de piller les ressources minières de son pays.

Selon lui, le groupe nucléaire français, leader dans son domaine, serait le principal bénéficiaire de la vente de plus de 100000 tonnes d’uranium extraites dans le nord du Niger.

Mais l’affaire va plus loin désormais puisque les ONG nigériennes se sont unies à des organisations françaises en vue de mettre leurs efforts en commun pour obtenir que le dossier de l’uranium nigérien exploité par AREVA soit débattu durant la campagne pour l’élection présidentielle.

Au delà de l’aspect financier, c’est également les conséquences de l’exploitation des mines sur la santé des employés locaux qui sont également pointées du doigt. Ne pas oublier toutefois qu’une telle kabbale pourrait servir les intérêts des concurrents de AREVA qui ne verraient pas d’un très bon oeil d’éventuelles négociations avec l’Iran.

I – Une ONG du Niger attaque AREVA

Selon Mamane Sani Adamou, quelque 2.500 milliards de FCFA auraient été encaissés par AREVA au titre de la vente d’uranium produit par les mines nigériennes, mais sur ce montant, le Niger n’aurait eu “que des miettes”. « Pour un kilogramme d’uranium vendu à 100 euros, mon pays n’a droit qu’à 30 euros », a affirmé M. Adamou, participant à Nairobi au septième Forum Social Mondial consacré « au pillage des ressources minières en Afrique ». Représentant l’ONG nigérienne Alternatives Espaces Citoyens, il a regretté la perte de la souveraineté de son pays sur son uranium.

« L’uranium est produit dans les mines du Niger, mais c’est AREVA qui choisit exclusivement les acheteurs. Le groupe français, qui achète au Niger l’uranium à un prix fixe, peut le revendre au cours du marché mondial sans ajuster la part qui revient à la partie nigérienne », a-t-il déploré. « Nous sommes à l’évidence dans un type de rapport néo-coloniale », a ajouté M. Adamou, dénonçant la « connivence » des dirigeants politiques nigériens avec les intérêts français. « Tous savent que le Niger est lésé dans la répartition des revenus de l’uranium, mais personne ne peut lever petit doigt pour interpeller AREVA », a- t-il affirmé.

« La classe politique nigérienne n’a pas oublié que Diori Hamani (le premier président du pays) a été renversé par un coup d’Etat, en 1975, pour avoir voulu remettre en cause la main mise de la France sur l’uranium nigérien », a poursuivi le militant alter-mondialiste.

Soulignant les dangers environnementaux que représentent les conditions actuelles d’exploitation de l’uranium au Niger, il a assuré que la société civile de son pays « fera tout pour que l’uranium profite d’abord aux Nigériens ». Deux ONG français ont récemment publié des études montrant que l’exploitation des mines d’uranium nigériennes présente des dangers pour la santé des populations et pour l’environnement.

« Nous, organisations de la société civile nigérienne, n’avons aucune intention de laisser les choses se perpétuer. Notre pays a été délesté depuis des années de plusieurs milliards de FCFA des recettes alors qu’il est l’un des plus pauvres au monde. Nous allons développer une résistance citoyenne », a déclaré M. Adamou.

II – Le problème pourrait faire irruption dans la campagne

« Nous allons construire un agenda commun avec nos partenaires français pour obtenir que le problème de l’uranium nigérien soit débattu pendant la présidentielle française. Les citoyens français doivent être informés sur ce dossier », a déclaré Abdourhamane Ousmane de l’ONG nigérienne « Alternatives Espaces citoyens ».

Il a rappelé les relations de travail sur le dossier de l’uranium entre, d’une part, la Société civile nigérienne et, d’autre part, Sherpa et la CRIIRAD, deux ONG françaises qui étaient venues en 2004 procéder à des enquêtes de radioactivité dans le nord du Niger.

« Les militants de la société civile française que nous avons rencontrés au dernier Forum Social Mondial de Nairobi ont été très sensibles à nos arguments. Ils sont d’accord pour que nous saisissions ensemble l’opportunité de la présidentielle en France », a affirmé M. Ousmane.

Présentant l’exploitation de l’uranium nigérien comme « un véritable drame » économique, social et politique, le responsable de « Alternatives Espaces citoyens » a assuré que la société civile nigérienne entend se battre « pour rétablir la souveraineté du pays sur ses ressources minières ».

« En 36 ans d’exploitation de notre uranium, AREVA a réalisé un bénéfice de près de 2.500 milliards de FCFA. Dans le même temps, le Niger est le dernier pays du monde en terme d’Indice du développement humain (IDH) depuis 4 années consécutives. Il y a donc des choses qui ne vont pas dans les relations entre AREVA et le Niger. Le peuple français doit le savoir afin de d’exercer des pressions pour un autre type de relations entre la France et ses anciennes colonies », a-t-il insisté.

III – AREVA veut doubler la production d’uranium du Niger

Anne Lauvergeon, la présidente du directoire du groupe AREVA a déclaré début décembre que le groupe qu’elle dirige espérait, à l’avenir, »doubler la production minière du Niger et faire de lui, l’un des premiers pays exportateurs d’uranium.

Déjà à l’époque, je supputai que la nouvelle risquait de faire réagir maintes ONG, compte-tenu des dégats constatés sur la santé de la population locale du fait de l’exploitation minière.

Lors d’un point de presse à Niamey sur les activités de AREVA dans le secteur minier au Niger depuis 35 ans, Mme Lauvergeon avait affirmé que le groupe Areva a extrait au Niger la 100.000ème tonne. Le groupe compte continuer l’exploration et l’exploitation de nouvelles possibilités d’extraction de l’uranium.

Avec 5 milliards de francs par an, AREVA, avec ses trois licences sur les sites de la Cominak, la Somair et Anou Araren, s’est engagé à accroître ses investissements en vue d’augmenter les volumes extraits.

Le groupe industriel AREVA est présent au Niger depuis près de 50 ans où, en partenariat avec le Niger, il crée les sociétés minières Somair et Cominak. AREVA a depuis octobre 2004 réactivé l’établissement « AREVA NC Niger » pour la recherche minière dans le domaine de l’uranium.

Pour rappel, le Niger est le troisième producteur mondial d’uranium (8 % loin derrière le Canada et l’Australie) et pourtant c’est un des pays les plus pauvres du monde où 70 % de la population avait moins de 20 ans en 2005. L’uranium représente aujourd’hui environs 35 % des exportations du Niger(80 % en 1970), 5% du PNB sans compter toutes les activités induites : sous-traitants, commerce, artisanat, tacherons… C’est à la fin des années soixante que la Somaïr (société des mines de l’Aïr) commence l’exploitation d’un gisement de minerai d’uranium, puis la Cominak en 1974 à Akokan.

A travers sa filiale, la COGEMA, le groupe français AREVA contrôle 65% de la Société Minière de l’Aïr (Somaïr) et 34% de la Compagnie Minière d’Akouta. L’uranium produit dans ces deux mines est transporté sous sa forme brute par camions vers le port de Cotonou (Bénin) puis embarqué par la voie maritime vers les usines de Narbonne, dans le Sud-Ouest de la France. Le choix des acheteurs de l’uranium nigérien et la fixation de son prix sur le marché international sont du ressort exclusif du groupe français, en vertu d’une convention signée en 1967 entre le Niger et la France.

Niger : pourquoi les rebelles touareg se battent

  • Par Jean-Luc Manaud

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    Dans le nord du pays, où sont concentrées les mines d’uranium et où le groupe français AREVA est solidement implanté, les hommes bleus affrontent l’armée régulière. Nos reporters ont passé plusieurs jours à leurs côtés, dans le désert. Reportage publié dans VSD n°1594 (du 12 au 19 mars 2008). Une guérilla réactivée. Un combattant touareg du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ) exhibe son armement. Sur la bordure est du massif de l’Aïr, au nord du Niger, les Touareg sont environ 800 000. À l’ouest, leur territoire recèle l’une des provinces uranifères les plus riches du monde.

    Dans le nord du pays, où sont concentrées les mines et où le groupe français AREVA est solidement implanté, les hommes bleus affrontent l’armée régulière. Nos reporters ont passé plusieurs jours à leurs côtés, dans le désert.

    Camions carbonisés, murs criblés de balles, obus éparpillés : l’oasis de Tazerzait a conservé le décor apocalyptique de la bataille la plus emblématique de la guérilla du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ) face à l’armée nigérienne. C’est en haut de ces dunes que, en juin dernier, les MNJ ont attaqué quatre-vingts militaires postés dans une petite école de brousse. Bilan : quatorze tués, trente blessés et une trentaine de prisonniers. Le MNJ ne déplore qu’un mort dans ses rangs. L’escarmouche a non seulement permis à la guérilla de se fournir en armes lourdes, de faire parler d’elle au niveau international, mais aussi de se venger : quelques jours avant la bataille de Tazerzait, trois vieillards avaient été massacrés par l’armée régulière, leurs cadavres découpés en morceaux et plusieurs dromadaires avaient été abattus.

    Des frontières tracées au mépris des ethnies

    Depuis un an, la guérilla harcèle les soldats nigériens car les Touareg voudraient toucher leur part des millions d’euros provenant de l’exploitation des mines d’uranium situées dans le Nord, où ils vivent. Ce conflit fait resurgir l’éternelle opposition entre les éleveurs nomades berbères touareg du Nord, anciens trafiquants d’esclaves, et les ethnies noires et sédentaires du Sud, détentrices du pouvoir économique et politique de Niamey, dans un Niger aux frontières tracées au mépris des ethnies par les colonisateurs français.

    Le MNJ a ­attaqué une caserne à Iferouane, dans l’extrême nord du pays, faisant quarante-cinq morts et de nombreux blessés. Il s’en est ensuite pris à l’aéroport d’Agadez, ainsi qu’à un escadron de l’armée, tuant treize soldats et faisant quarante et un prisonniers. En avril, il lançait une offensive sur le site de recherches d’uranium d’AREVA, à Imouraren, à 80 kilomètres ­d’Arlit. Autant d’opérations destinées à voler des armes et les indispensables pick-up Toyota.

    Près du puits de Tazerzait financé par feu Mano Dayak, leader de la première guérilla dans les années quatre-vingt-dix, ne vit plus qu’une famille. Les autres ont fui les exactions des militaires. Tout comme les touristes, qui offraient aux Touareg d’importantes sources de revenus. « Sur ces dunes, à Noël, tu pouvais voir une centaine de tentes de voyageurs », déplore un guérillero. Au milieu d’une trentaine de chèvres qui broutent dans le sable et une ­dizaine d’enfants, une femme pile le mil. Son mari, Illa Hamid, 55 ans et bouc blanc, a repris la kalachnikov : « Sous ma tente, je n’ai que de la poussière. Alors que je sais qu’il y a de l’eau, du pétrole, de l’uranium. Mais l’état ne fait rien pour la population », déplore-t-il. Son constat est d’autant plus amer qu’il sait que les cours de l’uranium n’ont jamais été aussi hauts et que les mines de la Somaïr et de la Cominak – des filiales d’AREVA – ont produit depuis 1970 plus de 100 000 tonnes d’uranium. Malgré cela, le Niger, quatrième producteur mondial, demeure l’un des pays les plus pauvres de la planète.

    « Les Français donnent des milliards à des incapables ! » s’enflam-me Mohammed Autchiki, sexa-génaire, ancien étudiant à Montpellier et spécialiste des criquets. Il a laissé sa femme et ses quatre filles pour le maquis. « C’est avec nous qu’il faut traiter, car l’état ne peut pas protéger AREVA. Pour nous défendre, nous nous allierons avec le diable, à al-Qaida, s’il le faut ! » menace-t-il. Aghali Alambo, le chef du MNJ, précise : « On connaît les jours de passage des convois d’uranium de la mine d’Arlit à Agadez. »

    Enturbanné de bleu, l’homme ne dort jamais au même endroit et a fait de son Land Cruiser Toyota son quartier général. « On a des unités mobiles à 40 kilomètres de là. On contrôle tout l’Aïr, d’Agadez au massif du Tanga, soit presque 320 kilomètres. à partir de Tazerzait l’armée n’entre plus. » Tout le campement bruisse d’une prochaine embuscade. « Chaque trimestre, nous attaquons au moment de la relève de l’armée, entre Arlit et ­Iferouane. Ils ont besoin de cent cinquante véhicules et d’avions de reconnaissance pour passer. Mais, c’est notre territoire. Nous savons où et combien ils sont. Et même où est le responsable que l’on tue en premier. Ici, les montagnes ont des yeux et des oreilles. »

    “J’ai repris les armes parce que rien n’a changé”

    Devant le feu, Ahmed confie : « J’ai fait partie de la première rébellion [en 1991, NDLR]. J’ai repris les armes car rien n’a changé. » Et ce, malgré l’accord de paix de Ouagadougou signé en 1995 qui promettait « une large autonomie » de gestion des zones touareg et la reconversion socio-économique des rebelles. « à part une vingtaine de cadres de la guérilla recasés, les autres n’ont rien obtenu », explique Aghali Alambo. « On a des capitaines et des sous-­officiers de très grande valeur qui n’ont jamais pu devenir mieux que guides de l’armée. Trois mille combattants attendaient la réinsertion. Le gouvernement a offert de l’argent. Mais tous espéraient des emplois qui ne sont pas venus. Même les préfets d’Agadez ou d’Arlit ne sont pas touareg alors que c’est notre territoire ! AREVA exige des brevets pour ses chauffeurs, mais les Touareg, même sans diplôme, conduisent mieux que n’importe qui dans le désert », ­sourit-il, assis dans son 4 x 4 qu’il conduit lui-même dans les dunes, un lance-roquettes calé sous la banquette arrière.

    Plus tard, autour d’un plat de riz, Mohammed mâche moins ses mots : « Ces gens-là (à Niamey) ne comprennent que les armes. Ils disent que nous sommes des bandits : avant, oui. Mais tout le monde l’était ! Ils nous traitent de terroristes ? Mais ce sont eux qui tirent sur les civils. Ils nous traitent de lâches, alors que vivre dans le désert tient de l’héroïsme. »

    Aujourd’hui, le MNJ revendique « dix compagnies, soit deux mille quatre cents hommes », selon son chef. Mais les trois ou quatre cents guérilleros croisés dans le désert sont sous-équipés. Chaque pick-up, regroupant douze soldats et un chauffeur n’a souvent pas plus de deux fusils d’assaut. « Rappelez-vous que nous avons déjà cinquante véhicules [dotés de mitrailleuses lourdes]. Il n’en a fallu que trente pour menacer le Tchad », corrige Alambo. Assez, selon lui, pour exiger que 90 % des emplois des sociétés minières soient attribués aux Touareg et que ces sociétés injectent 50 % de leurs revenus dans des programmes de développement de la région d’Agadez, une des plus déshéritées du Niger.

    « Si on menace nos intérêts, les Français savent de quoi les Touareg sont capables, poursuit le chef du MNJ. La France doit faire pression sur le gouvernement pour trouver une solution. Car même si Tandja [le président nigérien, NDLR] envoie des chars et des hélicos, ça ne se réglera pas. On en aura aussi. Et le sang coulera… »

    Antoine DE TOURNEMIRE 

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Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 31 octobre, 2012 |Pas de commentaires »

BRUXELLES…ATHENES…PAS VRAIMENT LES MÊMES LUTTES ! (Dessins de Peter SCHRANK)

BRUXELLES…ATHENES…
(Dessins de Peter SCHRANK)
BRUXELLES...ATHENES...PAS VRAIMENT LES MÊMES LUTTES ! (Dessins de Peter SCHRANK) dans REFLEXIONS PERSONNELLES schrank-brussels-athensSchrank-Brussels-Athens DESSINS HUMORISTIQUES dans REFLEXIONS PERSONNELLES

L’AUTEUR

« Bruxelles… » « Athènes… »

Pendant qu’au Conseil Européen, François Hollande et Angela Merkel se divisaient sur la supervision des banques européennes par la BCE, dans la capitale grecque, les violences des militants du parti néo-nazi Aube Dorée contre les immigrants se multiplient, dans l’indifférence de la classe politique. Récemment, la députée grecque Eleni Zaroulia, épouse du chef d’Aube Dorée Nikos Michaloliakos et membre de la Commission sur l’Egalité et la Non Discrimination du Conseil de l’Europea qualifié les immigrés de« sous-hommes » lors d’un discours au Parlement. 

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 19 octobre, 2012 |Pas de commentaires »

VINCENT PEILLON…DEMISSION ! (Thierry LAMIREAU)

Vincent PEILLON…

Démission !

VINCENT PEILLON...DEMISSION ! (Thierry LAMIREAU) dans REFLEXIONS PERSONNELLES peillon

Dimanche 14 octobre 2012, Le Ministre de l’Education Nationale, Vincent PEILLON, a participé à une émission en direct sur FRANCE INTER.

Ce cher ministre a pensé qu’une dépénalisation du cannabis serait une bonne idée !

« Je souhaite que l’on puisse avancer sereinement sur ce débat, c’est un sujet majeur ».

« Je suis très étonné parfois du côté un peu retardataire de la FRANCE sur un sujet qui, pour moi, est d’ampleur. »

Pour sûr, dès ce lundi 15 octobre 2012, tout le monde politique s’est avancé « sereinement » pour dire ce qu’il pensait de cette « belle idée lumineuse » !…surtout son Premier Ministre.

Et voilà, que dès ce lundi matin, le sieur PEILLON « retourne sa veste » après une petite mise au point de Jean-Marc AYRAULT.

Matignon a fait connaître sa position: « Le Premier ministre et M.PEILLON ont eu une communication téléphonique ce lundi matin. Il n’y aura pas de dépénalisation du cannabis ».

Dans un communiqué, le Ministère de l’Education Nationale indique: « Ce rappel ne contrevient pas à sa solidarité totale et entière à la position du Président de la République et du Gouvernement sur le sujet. Il n’y a donc pas lieu à polémique. M.PEILLON ne s’est prononcé qu’à titre personnel ».

NON ! M.PEILLON, vous êtes intervenu, sur l’antenne de FRANCE INTER, en tant que Ministre de l’Education Nationale et non en tant que personne sans fonction officielle d’Etat !

M.Vincent PEILLON est donc un « minable » qui dit le contraire de M.PEILLON sur FRANCE INTER la veille !

M.PEILLON souhaitait que l’on remette en place des leçons de morale à l’école élémentaire !…il ferait bien de réfléchir avant de sortir ses conneries et de s’aplatir devant l’avis de son Premier Ministre.

M.Vincent PEILLON veut garder sa place et ferme sa gueule ! C’est petit, c’est minable.

M.Vincent PEILLON, si vous étiez honnête et en accord avec vous-même, vous devriez DEMISSIONNER.

M.PEILLON, la République ne sait pas maitriser la gestion mafieuse des drogues et du cannabis en particulier…et l’on devrait dépénaliser son utilisation ?

M.PEILLON, vous semblez ignorer les désastres créés par le cannabis sur un jeune d’autant que ce jeune rajoute, en général, d’autres co-facteurs dans l’utilisation des drogues: tabac, alcool, médicaments.

M.PEILLON, vous semblez ignorer que le cerveau du « consommateur » est CHIMIQUEMENT INDUIT par la consommation régulière du cannabis.

M.PEILLON, ayez au moins le cran de bien vouloir DEMISSIONNER.

Vous êtes mon ministre et je ne vous reconnais pas le droit d’être le représentant de ma belle profession.

Thierry LAMIREAU

Professeur des Ecoles                

Cannabis:

Un très grave problème de santé publique pour la jeunesse

PARIS – Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a réaffirmé mardi 16 octobre 2012 l’opposition du gouvernement à toute dépénalisation du cannabis, estimant que la consommation de cette drogue constituait un très grave problème de santé publique pour la jeunesse.

Il y a un problème de santé publique très grave pour la jeunesse de notre pays, moi je ne banalise pas la consommation du cannabis, a-t-il affirmé sur Europe 1.

Ceux qui la banalisent en disant +il n’y a qu’à mettre librement en vente et vous verrez, ça marchera+, ce n’est pas la position du gouvernement. Par contre, il y a une campagne à mener, et d’abord à l’école, contre la consommation excessive parce que c’est dramatique, a-t-il poursuivi.

Quand vous voyez des jeunes qui ont fumé une, deux, trois, quatre, cinq cigarettes, vous croyez qu’ils sont capables de travailler correctement à l’école ?, a interrogé le chef du gouvernement.

Et qu’est-ce qu’on fera après pour les autres drogues ?, a-t-il encore demandé, ajoutant: je veux me battre contre l’économie souterraine.

En ce moment à Mulhouse, il y a un trafic qui est en train d’être démantelé. Partout en France, cette campagne est lancée, nous ne cèderons pas. Nous mènerons la bataille contre les trafiquants, a-t-il assuré.

Jean-Marc Ayrault avait rappelé à l’ordre lundi le Mnistre de l’Education, Vincent Peillon, qui avait souhaité la veille un débat sur la dépénalisation du cannabis, déclenchant une levée de boucliers à droite mais aussi à gauche.

(©AFP / 16 octobre 2012 09h47)                                                                                                 

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 15 octobre, 2012 |Pas de commentaires »
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