MALI: 40 ARTISTES MALIENS SE MOBILISENT POUR LA PAIX (jolpress.com)
La chanteuse et comédienne malienne Fatoumata Diawara a réuni quarante artistes autour d’une chanson intitulée « Maliko » afin d’apporter leur soutien à la population du Nord-Mali.
Fatoumata Diawara, Amadou et Maryam chantent pour la paix
Des grands noms de la scène africaine se sont mobilisés pour la paix au Mali, en collaborant à une chanson de soutien baptisée « Maliko » (La Paix).
C’est la chanteuse et comédienne malienne Fatoumata Diawara qui a composé la chanson sur sa guitare. Les artistes, dont le duo Amadou et Mariam, les chanteurs Vieux Farka Touré, Habib Koite et Oumou Sangaré, se sont ensuite joints au projet.
« Il y a eu une envie de tous les artistes du Mali de faire une chanson, parce que c’est notre arme, c’est avec elle qu’on voyage aux quatre coins du monde pour défendre ce pays dans sa dignité par rapport à sa culture, par rapport à son histoire », a expliqué la chanteuse sur France Inter, jeudi 17 janvier 2013
Amkoullel :
« Cette guerre est peut-être nouvelle pour le reste du monde, pas pour nous »
Amkoullel, rappeur et présentateur de télévision malien, était invité sur le plateau du Petit Journal sur Canal +. L’artiste s’est adressé à ses compatriotes en déclarant:
« Restez toujours aussi forts et dignes, conservez ce qui fait la grandeur du Mali, la tolérance, l’unité et la paix », avant d’ajouter : « Cette guerre est peut-être nouvelle pour le reste du monde, pas pour nous, ça fait plus d’un an. Ma mission en tant que rappeur est de porter la voix des sans-voix, dénoncer une situation d’insécurité totale au Mali (…) », rapporte le journal L’Express. En juin 2012, le rappeur avait déjà sorti un titre intitulé « SOS » dans lequel il dénonçait la situation alarmante au Mali.
S.O.S.
Merci pour votre solidaritéCette vidéo est actuellement censurée par la télé nationale au Mali, et je ne demande vraiment pourquoi ? Peut être que vous saurez m’en dire la raison après l’avoir visionnée..
La crise qui sévit au Mali réveille l’intérêt des Occidentaux sur un problème complexe, ignoré, voire étouffé. Une crise qui s’est déroulée en plusieurs étapes. Jeudi 22 mars 2012, le général Amadou Toumani Touré, à la tête du Mali, est évincé à la suite d’un coup d’État mené par un petit groupe de militaires. Quelques jours plus tard, profitant du chaos, un groupe d’islamistes portant le nom d’Ansar Dine et les Touaregs du nord du pays, regroupés derrière la bannière du Mouvement de libération de l’Azawad (MNLA) prenaient Kidal, Gao et Tombouctou, trois villes situées au nord du fleuve Niger.
Une alliance contre-nature
Le Mali est dans la tourmente et la communauté internationale ne doit pas se méprendre sur les revendications de ces deux mouvements. Bernard Lugan, historien et spécialiste de l’Afrique, se positionne en faveur d’une nouvelle partition du Mali, seule solution raisonnable à la complexe crise que subit le pays qui pourrait, si rien n’est fait, s’étendre et rendre l’ensemble du Sahara et du Sahel hors de contrôle.
Historien, spécialiste de l’Afrique, Bernard Lugan a enseigné de nombreuses années au Rwanda et en France. Il est également expert auprès du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR).
JOL Press : Le Mali est devenu le théâtre d’une guerre menée par un mouvement islamistes et par les Touaregs du nord du pays. Peut-on croire que ces deux groupes se sont alliés dans un même combat ?
Bernard Lugan : Il n’y a pas une, mais deux guerres, actuellement en cours au Mali. La première concerne les seuls Touaregs et est menée par le MNLA. Son but est l’indépendance de l’Azawad, la terre touareg, ce qui passe par la partition du Mali. La seconde est menée par un petit mouvement islamiste du nom d’Ansar Dine dont l’objectif est totalement différent puisqu’il veut contrôler tout le Mali pour y instaurer la charia.
Ansar Dine est dirigé par un Touareg Ifora, tribu dont est également issu le chef du MNLA et qui fournit l’essentiel de ses troupes. S’ils n’ont pas la même guerre, ces deux chefs se connaissent depuis toujours. C’est d’ailleurs pour cela, je pense, que Tombouctou, qui est considérée comme hors du territoire touareg, a été laissé par le MNLA aux mains d’Ansar Dine.
Il y a manifestement une alliance de circonstance entre Touaregs et islamistes. Pourtant les Touaregs ne se retrouvent pas dans l’islamisme et refusent même fondamentalement toute forme d’islam radical. C’est donc une alliance contre-nature qui devrait avoir une fin.
Ne pas laisser les Touaregs aux mains des islamistes
Compte tenu de la configuration actuelle et de l’avancée des islamistes, comment la situation va-t-elle évoluer ?
Les Touaregs n’avanceront pas. Ils n’ont d’autres revendications que l’autonomie de leur territoire. En revanche, Ansar Dine a de grandes ambitions. Ils ne sont pas nombreux, peut-être 150 hommes sur quelques « pick-up », mais n’ont personne en face d’eux. S’ils ne sont pas arrêtés, ils pourraient remonter le Niger jusqu’à Mopti, Ségou et peut-être même jusqu’à Bamako. Nous sommes assez mal renseignés sur Ansar Dine mais dans la configuration actuelle des choses, s’ils n’obtiennent pas de renforts, ils pourraient sans problèmes être arrêtés par une vingtaine de légionnaires.
En revanche, le problème touareg doit être abordé avec plus de précautions. Si leur alliance avec Ansar Dine est purement circonstancielle, il ne faut pas prendre leurs revendications à la légère sous peine de perdre un important allié dans la lutte contre l’islamisme.
S’ils n’obtiennent pas ce qu’ils demandent, les Touaregs pourraient donc se rallier au clan islamiste ?
Ils ne le veulent pas, mais ils pourraient le faire s’ils sont acculés. Actuellement, les Touaregs exigent l’indépendance de leur territoire, sans doute pour faire monter les enchères. Au fond, ils se satisferaient d’une autonomie administrative dans un État confédéré. Mais compte tenu du chaos qui règne actuellement au Mali, les Touaregs n’ont personne avec qui négocier. Cette situation d’instabilité politique peut durer longtemps et si personne ne vient soutenir le MNLA, ils pourraient tout à fait choisir de se ranger aux côtés des islamistes d’Al Qaïda au Maghreb islamiste (AQMI). Si la communauté internationale décidait de reconnaître le fait berbéro-touareg, ceux-ci pourraient se charger de la lutte contre AQMI et devenir un allié de poids dans cette région de l’Afrique.
Les Touaregs nourrissent une haine féroce contre le Mali. Une haine qui dure depuis des dizaines d’années. Il ne faut pas oublier que les Touaregs ont été victimes d’un génocide dans les années 80. Ils n’abandonneront pas leur combat qui dure depuis toujours. Ils ont tout leur temps, et dans le désert, le temps n’a pas la même valeur.