DE L’ABANDON AU MEPRIS OU COMMENT LE PS A TOURNE LE DOS A LA CLASSE OUVRIERE (Jacques-Marie BOURGET / http://www.legrandsoir.info)

De l’abandon au mépris ou comment le PS a

tourné le dos à la classe ouvrière

DE L'ABANDON AU MEPRIS OU COMMENT LE PS A TOURNE LE DOS A LA CLASSE OUVRIERE (Jacques-Marie BOURGET / http://www.legrandsoir.info) dans REFLEXIONS PERSONNELLES ouvrier
(Jacques-Marie BOURGET)

Est-ce vraiment malin, en 2013, alors que la révolution est accomplie et Hollande à l’Élysée, de mettre le mot ouvrier sur un livre ?

Bertrand Rothé est un type insupportable, non seulement il fait du vélo mais enseigne aussi l’allemand à sa fille et l’économie à la jeunesse des banlieues. Ajouter que cet asocial a choisi de quitter un boulot en béton chez Bouygues, pour jouer l’anachorète au sein de l’impécunieuse Éducation Nationale, achève le personnage, comme on le fait d’un cheval chez Spanghero. Au lieu de titrer son livre De l’abandon au mépris. Comment le PS a tourné le dos à la classe ouvrière, il aurait été bien plus simple de coller Journal d’un fou sur la couverture.

Diagnostiquons en chœur. Est-ce vraiment malin, en 2013, alors que la révolution est accomplie et que Hollande est à l’Élysée, de mettre le mot ouvrier sur un livre ? Alors que, comme Alain Colas de la surface de l’Océan, les ouvriers ont disparu des circonvolutions intracrâniennes de tout journaliste, écrivain, chanteur, danseur, joueur de triangle, fil-de-fériste et homme dit politique. S’il en restait quelques uns, les mots ont tué la chose et le balayeur, perdant sa cote d’ouvrier est devenu technicien de surface. Rideau.

Enlevez cette image d’ouvrier de devant les yeux, alors que l’on n’en trouve même plus dans les tribunes wahhabites du Paris-Saint-Germain. Si vous n’êtes pas convaincus, regardez la télé et vous y verrez les vrais citoyens. Que font-ils tous les Français ? Et bien du ski. Pour y donner votre point de vue quotidiennement, vous savez que la télé est l’exact reflet de la Nation, son miroir. Et, là-dedans, pas un seul ouvrier, ce qui est la preuve qu’il n’y a plus de prolos. Ou alors qu’ils sont à Davos et à Saint Moritz. Sûrement ça. Donc ce Rothé est assez bête pour faire un bouquin – qui ne soit pas une fiction – sur des gens qui n’existent pas. Ce n’est pas l’économie qu’il devrait enseigner, Rothé, mais l’archéologie, le Tigre et l’Euphrate, le Sumer. Et dire qu’un éditeur a été assez généreux, ou aveugle, pour imprimer cette histoire des absents…

On voit bien qu’Olivier Bétourné, le patron du Seuil, est un type mal élevé. Par exemple en acceptant de crédibiliser cette rumeur : Mitterrand aurait trahi la classe ouvrière qui l’avait élu. Que Mitterrand ait pu tromper quelqu’un, sa femme elle-même n’osait y croire. Si l’on poursuit ainsi dans la diffamation, on va finir par dire que Mitterrand était guillotineur en Algérie ! Mais Rothé est formel avec le formol (celui où l’on a étouffé les prolos) ses sources, ses dates et ses chiffres. Finalement ce type ne pense pas au doigt mouillé, alors je vais envoyer son bouquin à Fourest. L’entêté argumente et vous laisse mécontent : non les ouvriers ne sont pas morts, même si le PS les a enterrés vivants. Va falloir se faire une raison et supporter qu’avec leur mauvais goût prolétarien ils continuent de nous imposer Gombrowicz au Festival d’Avignon plutôt que Jan Fabre. Merde alors.

Révélation : et bien oui, au tournant de la « rigueur », avec Fabius au volant de la 2 CV, Tonton a largué les ouvriers qui, pourtant, en Mai 81 avaient préféré sa beauté de collaborateur de Vichy à celle de Marchais, simple travailleur volontaire dans l’Allemagne de Hitler. Bien fait pour les ouvriers. Ces moelles épinières avaient choisi de voter pour l’employé d’un maître de la Cagoule plutôt que pour un camarade. Et bien oui, la « désindustrialisation » de la France n’a pas pour seuls fossoyeurs Chirac, le roi fainéant, et Sarko, le petit frère des riches. Dieu, dit aussi Tonton, a, bien plus tôt, allumé l’essuie-glace à effacer les usines. Il a été le Victor Schœlcher du travail à la chaîne.

Vous avez bien compris, bien que détestant ce Rothé, au motif qu’il ressuscite des fantômes invendables dans notre monde médiatique, il faut admettre qu’après Newton cet attardé a raison.

Une autre chose navrante, chez notre professeur qui sème des mines, et pas seulement celles de ses crayons. Il nous démontre que ces ouvriers que les journaux disaient perdus, et qui auraient pris pension chez la Le Pen, est une vérité fausse. Disons un mensonge. Car le cadre, le paysan, les patrons de PME et les employés votent plus pour la Marine marchande que les ouvriers. Ces demeurés préférent le vote à gauche, quand le geste ne leur froisse pas trop l’épaule, ou la pèche à la ligne si la douleur est insupportable. Non seulement les ouvriers sentent mauvais mais, en plus, ils ont le culot de contredire Buisson et Pujadas. Ce qui est une vraie offense.

Si vous croisez Rothé, vous le reconnaitrez au litre de rouge qu’il porte dans sa musette, lancez lui des pierres. L’économiste a dit la vérité, il doit être exécuté.

Jacques-Marie BOURGET

De l’abandon au mépris. Comment le PS a tourné le dos à la classe ouvrière. Bertrand Rothé. Le Seuil. 19, 50 euros

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Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 6 mars, 2013 |Pas de commentaires »

APRES LES RETRAITES, HARO SUR LES RETRAITES ! (Bernard GENSANE / http://bernard-gensane.over-blog.com/)

Après les retraites, haro sur les retraités !

APRES LES RETRAITES, HARO SUR LES RETRAITES ! (Bernard GENSANE / http://bernard-gensane.over-blog.com/) dans REFLEXIONS PERSONNELLES soupe

(Bernard GENSANE)

La droite s’est occupée des retraites, inspirée par des travaux de « spécialistes » (le COR dont la plupart des prévisions n’ont pas été avérées) impulsés par Jospin. La gauche va s’occuper, s’occupe déjà, des retraités.

Dans le discours et la pratique du capitalisme financier, un retraité, comme un travailleur, a un coût. Oh, pas bien élevé, ce coût ! La retraite moyenne en France est actuellement de 1 100 euros. Avec une disparité considérable – et qui ne cesse de s’aggraver – entre les hommes (1 500 euros) et les femmes (850 euros). C’est encore trop pour les financiers, pour l’Europe, pour les socio-libéraux et les libéro-sociaux qui nous gouvernent.

Une antienne court les rues selon laquelle les retraités seraient moins frappés par « la crise » que les actifs. Or le taux de pauvreté est le même pour les premiers que pour les seconds. Les « experts » prévoient une baisse des retraites de 30% d’ici à 2060. Avec 1,35 cotisant par retraité. Actifs d’aujourd’hui, gare à vous ! Gare, surtout, aux « experts » qui prennent leurs désirs pour des réalités, en particulier lorsqu’ils se lancent dans des prophéties autoréalisatrices.

Le « coût » des retraites représente actuellement moins de 1% du PIB. Cela n’empêche pas nos socio-libéraux de prévoir des cotisations plus fortes, d’augmenter la CSG des retraités (par souci d’« équité » avec celle des actifs, bien sûr) et de désindexer les retraites par rapport à l’inflation. Le discours dominant est que les retraités sont des privilégiés, selon le Conseil d’Orientation des Retraites, selon la Cour des Comptes du sarkozyste Migaud, des institutions chargées de lancer des ballons d’essai dans une opinion publique qu’il convient d’anesthésier. Point trop tout de même pour que les salariés du privé et ceux du public pensent que l’ennemi, c’est l’Autre, et qu’ils n’aient surtout pas l’idée de s’unir autour de causes communes.

Le contexte aujourd’hui est celui de pertes de pouvoir d’achat déjà programmées. Le blocage des tranches du barème de l’impôt sur le revenu, décidé par Sarkozy pour 2012 (sur les revenus 2011) a été maintenu par Hollande. Les pensions ayant été revalorisées de 1,8% à compter du 1er avril 2012, cette augmentation entraînera une augmentation de l’impôt de 2% et plus s’il y a changement de tranche. Concernant la CACA (Contribution Additionnelle de Solidarité pour l’Autonomie), les retraités imposables seront soumis à un prélèvement supplémentaire de 0,3% sur le montant de leur pension, cette contribution permettant de réduire le déficit de la protection sociale. Elle sera ensuite affectée au financement de la prise en charge de la perte d’autonomie. Concernant cette dernière, Marisol Touraine a été claire : il faudra « aider les aidants », c’est-à-dire (presque) tout déléguer aux familles alors que, dans l’esprit des fondateurs de la Sécurité Sociale, les prestations d’aide à l’autonomie doivent être financées par l’Assurance Maladie dans le cadre de la SS.

Dans l’esprit de nos gouvernants, les pensions ne seront plus revalorisées. Depuis 1993, la loi stipule que le montant des retraites du régime général est indexé sur l’évolution des prix à la consommation. Les négociations en cours pour les retraites complémentaires AGIRC et ARRCO laissent entrevoir des perspectives de non revalorisation ou de sous-revalorisation : 1% de moins que l’inflation, par exemple, ou même la désindexation. Le ministre Cahuzac a déclaré qu’un accord de ce type des partenaires sociaux sur les retraites complémentaires « serait un élément très important et qu’on ne pourrait pas ne pas en tenir compte. » Le patron Charles Begbeider estime que « revenir sur cette indexation est loin d’être une proposition iconoclaste puisque certains de nos voisins l’ont déjà appliquée. »

Outre l’augmentation de la CSG, les « niches fiscales » dont jouissent les retraités devraient disparaître, comme l’abattement de 10% (ce qui rapporterait 2,7 milliards d’euros) et la majoration de pension pour les parents de 3 enfants (gain : 800 millions d’euros).

Le dernier rapport de la Cour des Comptes désigne les retraités comme cible privilégiée. Pour Marisol Touraine, les retraités ne sont pas « intouchables ».

Pas même les 4 millions qui touchent le minimum contributif et dont le nombre augmente chaque année ?

Pas même les 5 millions de retraités qui touchent entre 800 et 1 100 euros par mois ? Pas même ces retraités qui doivent travailler tout en percevant une pension et dont le nombre a triplé ces six dernières années au grand bonheur du patronat car ils ont de l’expérience et induisent des « charges » sociales légères ?

Pas même tous ces retraités qui demandent de l’aide aux Centres Communaux d’Action Sociale ? Pas même les 10% de retraités qui ont recours aux organisations caritatives pour se nourrir (Secours Populaire, Restos du Cœur etc.) ?

Bernard GENSANE

http://bernard-gensane.over-blog.com/

Rédigé avec l’aide de camarades de la FSU et de la CGT.

PS : L’illustration de cet article provient du site de la section socialiste de l’Île de Ré, en 2010, à l’époque bénie où les socialistes étaient dans l’opposition.

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 6 mars, 2013 |2 Commentaires »

ALLIANCE DE CRASSES: LES CDI, C’EST FINI ! (François RUFFIN / http://www.fakirpresse.info/)

Ne le répétez pas, dit-il, mais les CDI, c’est fini.
Hollande devra faire ce travail.

ALLIANCE DE CRASSES: LES CDI, C'EST FINI ! (François RUFFIN / http://www.fakirpresse.info/) dans REFLEXIONS PERSONNELLES manif

Alliance de crasses

(François RUFFIN)

« La fin du CDI » ? Il y a un an, les financiers en rêvaient. Aujourd’hui, Hollande le fait. Avec la bénédiction de la CFDT.

Le vendredi 11 janvier 2013 au soir, le MEDEF et la CFDT signent un « accord sur l’emploi ». « Un tournant majeur du quinquennat de François Hollande », salue Libération« une première victoire sur la scène nationale », une « négociation [qui] apporte une bouffée d’air au dialogue social dans un pays au bord de l’asphyxie », etc.

Laurence Parisot, aux anges, déclare que « ce soir, les partenaires sociaux ont placé la France en haut des standards européens en matière de marché du travail et de relations sociales », que c’est un « accord historique parce que son contenu est profondément innovant, parce qu’il couvre un champ très large de la vie du travail, de la vie sociale, parce qu’il va transformer la gestion des ressources humaines ».

Pourquoi la patronne des patrons jubile-t-elle ainsi ? Parce que ce texte va « déjudiciariser la procédure de licenciement ». Et donc les faciliter. Ce qui est une priorité, c’est logique, dans un pays qui compte – officiellement – plus de trois millions de chômeurs, plus 10% en un an.

Je repense, alors, à Nicolas Doisy

C’est le « chief economist » de Cheuvreux, une société de courtage qui conseille 1 200 « investisseurs institutionnels », des fonds de pension anglo-saxons. Nous l’avions rencontré l’an dernier, juste avant la présidentielle. Dans notre journal (n°55), à la radio avec Là-bas si j’y suis et en vidéo avec Les Mutins de Pangée, nous avions fait connaître « le plan de bataille des financiers ».

Dans une note, il prédisait :

« La nécessité d’une libéralisation du marché du travail est le résultat direct d’une appartenance de la France à la zone euro, aussi ne peut-on avoir l’une sans avoir l’autre. Avec l’Allemagne qui a libéralisé son marché du travail récemment (et l’Espagne et l’Italie qui suivent maintenant), François Hollande n’aura guère de choix. »

A l’oral, il se montrait plus précis :

« Aujourd’hui, le modèle français, le modèle du fameux CDI, est en train d’arriver en bout de course. Le CDI tel que nous l’avons connu, nous ne le connaîtrons plus, normalement. Le prochain président de la République, quel qu’il soit, va devoir faire ce travail », « permettre une plus grande flexibilité », « réduire substantiellement un grand nombre de garanties dont bénéficient les titulaires de CDI », etc.

Ce samedi 12 janvier 2013 au matin, me vient cette curiosité : était-il aussi satisfait que le MEDEF ? Je l’appelle et laisse un message à sa secrétaire.

Je lui envoie un courriel, aussi :

« Est-ce que l’accord sur la “flexisécurité” correspond bien à vos attentes sur “la fin du CDI, tel qu’on le connaît” ? La présidence de François Hollande, dans l’ensemble, répond-elle à vos attentes ? »

Il m’adresse une assez longue réponse. Mais mentionne – en majuscules :

« JE NE SOUHAITE PAS QUE CES LIGNES SOIENT REPRISES D’UNE QUELCONQUE FACON DANS UN QUELCONQUE MEDIA OU SITE INTERNET ».

On résumera donc : il est content. C’est un pas dans la bonne direction. Même si, d’après lui, il faut encore aller plus loin.

Je repense, aussi, à Corinne Gobin

C’est une politologue belge, qui étudie, notamment, le discours de la Confédération Européenne des Syndicats (CES) – dont la CFDT est un membre historique.

En visite à Bruxelles, elle m’avait expliqué d’où venait tout ce baratin de « dialogue social » et de « partenaires sociaux ». Ça date des années 80, de Jacques Delors, un chrétien « de gauche », proche de la CFDT. Et là, je recopie un extrait de ses publications scientifiques :

« De nombreuses stratégies furent déployées par la Communauté Européenne en vue de créer un large soutien au projet de “Marché unique”. » Et notamment « un nouveau lexique qui accompagnait, décrivait, justifiait et donnait sens au projet de “grand marché”. » Ainsi de « dialogue social, partenaires sociaux, cohésion sociale, dimension sociale du marché intérieur, Europe sociale, modèle social européen »…

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Ces mots, et les idées qu’ils portent, d’abord lancés par la Commission, ont essaimé dans le discours syndical. à son congrès de 1985, la CES résistait encore : son rapport d’activité stipulait que la Confédération n’était pas prête « à se laisser imposer une politique de régression systématique, que ce soit sous les vocables de flexibilité, de compétitivité ou tout autre terme qui peut encore être inventé ». Et, de fait, toutes ces expressions étaient totalement absentes des résolutions. Dix ans de delorisme plus tard, en 1995, ces« vocables » sont adoptés, les délégués de la CES en ont plein la bouche :« compétitivité » (11 fois), « flexibilité » (7 fois), « partenaires sociaux » (24 fois), «  dialogue social » (10 fois), « cohésion » (9 fois)… Et la « politique de régression systématique » semble se répandre :

« Le rôle de l’Union, explique la résolution générale de la CES, doit être de stimuler l’essor et la modernisation de l’industrie et des services européens en renforçant leur compétitivité et en recherchant la qualité globale. » Une décennie : de l’hostilité à l’acceptation, le chemin ne fut pas si long. « Et le pire, sans doute, conclut la chercheuse, c’est que ces raisonnements, ce lexique, ces reculades se propagent depuis la CES jusque dans ses syndicats membres.

Vous allez retrouver, dans les discours de la CFDT, de FO, le vocabulaire de la Commission : formation tout au long de la vie, partenaires sociaux, etc. »

Je repense, enfin, à Jean-Claude Feite

C’est un ancien militant de la CFDT à Longwy, du temps où coulait l’acier. Quand je passe chez lui, il cite souvent cette phrase, avec une fureur lassée : « Il faut retirer les hauts fourneaux de la tête des sidérurgistes lorrains. »

C’est une maxime de Jacques Chérèque, un « ouvrier devenu ministre », comme le titre le bulletin de la CFDT, et sa carrière fulgurante renseigne sur l’éternelle prime aux renégats. Ce cadre cédétiste a vécu Mai 68, en Lorraine, comme « une partie de plaisir, la fiesta partout, la grande euphorie démocratique » – nous informe son autobiographie. Permanent de la CFDT, il participe, en 1973, à « l’affaire Lip », pendant laquelle les ouvriers occupent leur usine et prennent en charge la production. « L’autogestion est le thème à la mode », commente-t-il. Mais à la fin des seventies, la « mode » bouge et Jacques Chérèque avec : dans sa région, contre une CGT combative, il se fait le chantre du « réalisme », de la « restructuration », « des solutions de remplacement ».

Et là, en 1984, « coup de théâtre » écrit le périodique (mais en est-ce vraiment un ?) : le voilà préfet délégué pour le redéploiement industriel en Lorraine, nommé par Laurent Fabius. Les grands esprits se rencontrent. Quatre ans plus tard, sous Rocard, il est promu Secrétaire d’Etat à l’Aménagement du Territoire et à la Reconversion Industrielle. Avec les résultats qu’on sait pour la « reconversion industrielle ». En revanche, côté « reconversion personnelle », tout se passe bien : il sera élu conseiller général et conseiller régional, socialiste ça va de soi. Son fils François a pris la relève.

Aussitôt signé « l’accord sur l’emploi », Chérèque junior entre au service du gouvernement, intègre l’Inspection Générale des Affaires Sociales, hérite d’une mission sur la pauvreté. Juste rétribution, pour services rendus à ses alliés socialistes.

Une belle leçon pour les travailleurs : 

« Mon Dieu, gardez-moi de mes amis, quant à mes ennemis je m’en charge »…

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François RUFFIN
Fakir, bimestriel. 32 pages, 3 euros
http://www.fakirpresse.info/

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 6 mars, 2013 |Pas de commentaires »

URANIUM « APPAUVRI »: REPONSE DU MINISTERE DE LA DEFENSE LE…18 JANVIER 2011…POUR UNE IDEE DU TYPE DE REPONSE…UN VRAI SCANDALE QUI EN CONFIRME SON UTILISATION PAR LA FRANCE ! (Thierry LAMIREAU / lesoufflecestmavie.unblog.fr)

Uranium Appauvri :

URANIUM  

La position française

Question écrite de M. Jean-Luc Warsmann (Union pour un Mouvement Populaire – Ardennes)
au Ministère de la Défense sur les armes à uranium appauvri

question publiée au JO le 09/11/2010 / réponse publiée au JO le 18/01/2011

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Texte de la question

M. Jean-Luc Warsmann attire l’attention de M. le Ministre de la Défense sur la résolution du Parlement Européen du 22 mai 2008 sur les armes contenant de l’uranium appauvri et leurs effets sur la santé humaine et l’environnement.

Dans cette résolution, le Parlement demande aux États membres d’imposer un moratoire sur l’emploi d’armes contenant de l’uranium appauvri, de redoubler d’efforts en vue de leur interdiction mondiale et d’arrêter systématiquement la fabrication et les achats de ce type d’armes et de munitions. Cette demande a été réitérée dans une résolution du Parlement Européen du 10 mars 2010 sur la mise en oeuvre de la stratégie européenne de sécurité et la politique de sécurité et de défense commune. C’est pourquoi il le prie de bien vouloir lui indiquer la position de la France quant à ces résolutions.

Texte de la réponse

Les armes à uranium appauvri, ou obus durcis à forte capacité de pénétration, relèvent de la catégorie des armes conventionnelles et ne sont interdites par aucune convention internationale, à la différence des armes chimiques et nucléaires. Le droit international applicable en l’occurrence est l’article 35 du premier protocole additionnel aux conventions de Genève, qui stipule que les États doivent s’assurer que les armes qu’ils utilisent ne sont pas de nature à provoquer des maux superflus et que les dommages causés n’ont pas un impact étendu, durable et grave sur l’environnement naturel. Plusieurs enquêtes portant sur l’impact de ce type de munitions ont été menées par le programme environnemental des Nations unies (PNUE) après les conflits dans le Golfe et les Balkans. L’utilisation de ces munitions avait alors été provisoirement suspendue, dans l’attente des résultats de ces études épidémiologiques.

Les conclusions de ces enquêtes ont toutefois révélé qu’il était hautement improbable que des risques accrus de cancer dans la région des Balkans puissent être associés aux résidus des munitions utilisées dans les années 1990. La probabilité d’une exposition significative de la population locale a été considérée comme très basse. Aucun risque sanitaire n’a donc été établi.

Par ailleurs, l’uranium appauvri ne présente pas de danger à l’état solide, sa radioactivité s’avérant inférieure d’environ 40 % à la radioactivité de l’uranium naturel. Il faudrait tenir le projectile nu à la main pendant plus de 10 000 heures pour dépasser les limites réglementaires d’exposition annuelle des extrémités. Cette position a été récemment soutenue lors de la première Commission de la 65e Assemblée Générale des Nations Unies, qui s’est tenue à New York du 4 au 29 octobre 2010.

La France, à l’instar du Royaume-Uni et des États-Unis, n’a pas approuvé le projet de résolution L. 19 visant à interdire l’usage des armements et munitions contenant de l’uranium appauvri, argumentant que les effets sur l’environnement, ainsi que les effets durables sur la santé ont été largement examinés par l’Organisation Mondiale de la Santé, le PNUE, l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, le Centre de Prévention et de Contrôle des Maladies ou encore la Commission Européenne et qu’aucune de ces enquêtes n’a révélé de cas d’effets de long terme sur la santé ou l’environnement.

Il n’est donc pas envisagé de suspendre l’usage des munitions à uranium appauvri, étant précisé qu’elles constituent actuellement le seul type d’arme ayant la capacité de percer tous les blindages connus à ce jour, en particulier ceux des chars les plus performants. Pour autant, la France poursuit ses travaux d’études afin de disposer au plus tôt d’une arme aussi performante sans uranium appauvri.                                          

COMMENTAIRE:

(Le Souffle c’est ma Vie / Thierry LAMIREAU)

La réponse du Ministre de la Défense de l’époque est un véritable SCANDALE car truffée de MENSONGES, soit directs soit par omission.

J’attends avec impatience la réponse du nouveau Ministre de la Défense !…

Mais, comme tout est noyauté par le lobby du milieu pro-nucléaire, la réponse sera similaire !

C’est une nouvelle pièce à rajouter au puzzle de l’utilisation des armes à l’uranium « appauvri » au MALI !                                                                                                                        

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 6 mars, 2013 |Pas de commentaires »

L’URANIUM « APPAUVRI » SUR LE CHAMP DE BATAILLE (WILLIAM S.ANDREWS, Ph.D)

L’URANIUM APPAUVRI SUR LE CHAMP DE

BATAILLE

L'URANIUM

PARTIE I : POINT DE VUE BALISTIQUE

(William S. Andrews, Ph.D)

Afin de briser l’impasse dans laquelle s’embourbait le front occidental durant la Première Guerre mondiale, des travaux ont été entrepris pour mettre au point des véhicules qui pourraient traverser le réseau de tranchées défensives qui s’étendaient de la Suisse à la mer du Nord. Ces tranchées, protégées par du fil barbelé et les feux croisés des mitrailleuses, étaient devenues pratiquement inattaquables pour des soldats sans protection, à pied ou à cheval. Le premier déploiement de tels véhicules, qui utilisaient un genre de chenilles continues et des plaques d’acier en guise de protection, a eu lieu lors de la bataille de la Somme, en France, le 15 septembre 1916. C’est là que 32 « chars » Mark 1 ont pris part à l’attaque, et certains ont contribué à la prise du village de Flers1. Cet épisode a marqué le début de l’inévitable jeu de va-et-vient, qui se poursuit encore aujourd’hui, entre la protection par blindage et les munitions perforantes conçues pour mettre en échec ces véhicules.

Figure 1 : Une représentation du blindage frontal d'un char de combat principal russe de l'ère moderne.
Figure 1 : Une représentation du blindage frontal d’un char de combat principal russe de l’ère moderne.

Cet article examine la place qu’occupe, en raison de ses propriétés balistiques, l’uranium appauvri (UA) dans l’arsenal de plusieurs armées modernes. Un article ultérieur (Partie 2) traitera de la menace que représente l’usage de l’UA pour les combattants de même que pour les Casques bleus et pour les civils. Il fera aussi état des études en cours sur les troupes, y compris des Canadiens, qui auraient été exposées à l’UA.

APERÇU HISTORIQUE

L’usage de véhicules de combat blindés dans les conflits armés s’est poursuivi sans répit depuis la Première Guerre mondiale, et on a utilisé de vastes déploiements de forces blindées pendant et après la Deuxième Guerre mondiale. Après la fin des hostilités en 1945, le marasme politique causé par la guerre froide a amené les nations membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et celles du Pacte de Varsovie à déployer de part et d’autre d’immenses forces mécanisées et blindées en Europe centrale. De part et d’autre, le véhicule le plus redoutable est devenu le char de combat principal (CCP), dont les versions actuelles pèsent environ 60 tonnes2. Une bonne partie de cette masse est due au blindage protecteur, lequel, jusqu’à la fin des années 1970, était généralement constitué de plaques d’acier appelées blindage homogène laminé (BHL) ou acier moulé. L’efficacité des munitions antichars allant en augmentant, surtout avec les jets en fusion d’ogives à charge creuse, il a fallu ajouter à la carapace d’acier des matériaux plus exotiques tels que la céramique, le verre, les composites et même le blindage réactif (BR). La figure 1 montre un exemple du blindage frontal d’un char de combat principal moderne, le T80U russe.

Andrews-3-fra ARMES A L'URANIUM APPAUVRI dans REFLEXIONS PERSONNELLES
Figure 2 : Exemples de plombs perforants de calibre réel; de gauche à droite : de simples grenailles d’acier, une coiffe ajoutée pour que la balle ne se brise pas en éclats à l’impact (perforant à coiffe ou PC) et une coiffe balistique supplémentaire pour réduire la traînée aérodynamique en cours de vol (perforant à coiffe et coiffe balistique ou PCCB).

Andrews-4-fra ENVIRONNEMENT Figure 3 : Un exemple d’un ancien obusflèche à sabot détachable (OFSD) comportant un pénétrateur à noyau de tungstène au centre.

Durant la Deuxième Guerre mondiale, l’acier était également le matériau principal de pénétration de blindage, utilisé dans les charges militaires de calibre réel (Figure 2), dans l’espoir que l’énergie de frappe du projectile (environ 10 MJ pour le canon de 88 mm des chars allemands Tiger) surclasse le blindage de la cible. On rapporte que le canon de 88 mm Kw.K.43 (L/71) du Tiger II pouvait percer environ 234 mm de blindage à 100 mètres34. Cependant, cela résulte en l’application d’une charge impulsive de 1644 MJ/m2 sur la cible.

À mesure que le blindage protecteur a augmenté en épaisseur, on a utilisé comme pénétrateurs des noyaux denses sous-calibrés (d’abord, du carbure de tungstène puis, un alliage de tungstène), lesquels étaient équipés de pétales légers ou de sabots pendant que l’obus était dans le canon. Cela créait une plus grande aire de surface à la base de l’obus permettant aux gaz de propulsion d’augmenter la vitesse de départ (et par conséquent l’énergie initiale) de l’obus lors du lancement tout en permettant de frapper une plus petite partie de la cible.

Andrews-5-fra FRANCE
US Army

Figure 4 : Un obus-flèche empenné éjectant en vol son sabot détachable.

Le diamètre réduit diminuait également la traînée aérodynamique et permettait ainsi aux pénétrateurs de garder une plus grande partie de leur énergie initiale contre la cible. Ainsi l’obus-flèche à sabot détachable (OFSD) de 105 mm de l’OTAN, semblable à celui de la figure 3, avait-il une vitesse de départ de 1475 mètres/seconde, et aussi une énergie initiale d’environ 10 MJ. Cependant, l’énergie appliquée contre la cible était de l’ordre de 7800 MJ/m2. La rotation des obus en vol leur procurait la stabilité aérodynamique, et ils étaient donc limités à un rapport longueur/diamètre (L/D) d’environ 5 à 1. Afin d’améliorer la performance balistique à l’impact, on a utilisé des canons à âme lisse pour remplacer ceux à âme rayée qui étaient nécessaires pour produire une rotation du projectile avant le lancement. Les projectiles pouvaient maintenant atteindre la stabilité aérodynamique grâce aux ailerons d’empennage (Figure 4), c’est pourquoi on les appelle obus-flèche empenné à sabot détachable (OFESD) ou, plus simplement, barreaux de pénétration.

Figure 5 : La courbe balistique en forme de « S » qui illustre l'augmentation de pénétration en fonction de la vitesse croissante en deçà de la portée de l'arme et la non-dépendance du taux de pénétration en fonction de la vitesse dans la portée d'hypervitesse.
Figure 5 : La courbe balistique en forme de « S » qui illustre l’augmentation de pénétration en fonction de la vitesse croissante en deçà de la portée de l’arme et la non-dépendance du taux de pénétration en fonction de la vitesse dans la portée d’hypervitesse.

Cette modification technique a donc eu pour conséquence principale une augmentation spectaculaire du rapport L/D des OFESD, lequel était au départ d’environ 13:1 pour les projectiles russes/soviétiques 3BM3 et 3BM6 tirés du canon à âme lisse 2A20 de 115 mm du T62, mais qui est passé à 40:1 pour les obus expérimentaux5. L’énergie résultante appliquée contre la cible est de 35 800 MJ/m2 pour le pénétrateur américain actuel à UA de 120 mm dans l’obus M829A2.

LES PROPRIÉTÉS BALISTIQUES DE L’URANIUM APPAUVRI

Afin de comprendre l’utilisation de l’UA comme matériau de pénétration, il importe de jeter un bref regard sur le fonctionnement de la pénétration. Dans un régime d’hypervélocité, quand les impacts pénétrateur/cible sont de plus de 3 km/s, la pénétration se fait par l’érosion mutuelle de la cible et du pénétrateur. Si on suppose que le pénétrateur et la cible se comportent tous deux comme des fluides incompressibles, que la pénétration se produit à vitesse constante et que l’on se prévaut de la conservation du moment, on peut démontrer que :

Equation 1

P est la profondeur de pénétration dans la cible
L est la longueur de pénétration
rest la densité de la cible
rest la densité du pénétrateur

On peut voir que le degré de pénétration dépend seulement de la longueur du pénétrateur et de la densité de la cible et du pénétrateur, et qu’il ne dépend pas de la vitesse de frappe. Étant donné que les pressions à l’interface pénétrateur/cible sont bien au-delà de la limite conventionnelle d’élasticité de l’un ou l’autre matériau, les caractéristiques du matériau (mis à part les densités) ne sont pas importantes. Ce genre d’analyse est valable pour les jets d’ogives à charge creuse et les pénétrateurs formés par explosion6, tel que l’on peut voir à la figure 5, mais n’est pas valable pour les barreaux de pénétration dont on a parlé plus haut. Puisqu’ils frappent avec une vitesse dans le domaine de portée d’armes de 1500 à 1800 m/s, ces derniers sont plutôt décrits par la relation semi-empirique de Lanz-Odermatt7 :

Equation 2

a est fonction du rapport longueur/diamètre (L/D) du pénétrateur
S est une mesure de la résistance de la cible, et
v est la vitesse terminale

Les deux paramètres d’ajustement a et S sont reliés aux propriétés mécaniques du pénétrateur et de la cible. On peut voir que, à mesure que la vitesse terminale v augmente, la pénétration devient indépendante de la vitesse, tel que décrit dans l’équation (1).

On peut donc augmenter la pénétration des barreaux de pénétration en augmentant leur longueur, leur densité ou leur vélocité. Bien que les canons et les agents propulsifs actuels semblent avoir atteint les tolérances de fabrication pour les vitesses de départ, on continue d’améliorer le rapport L/D. Quant à la densité, le changement des pénétrateurs de l’acier au tungstène a fait passer la densité d’environ 7800 kg/m3 à 17 500 kg/m3. L’uranium appauvri augmente encore la densité à 18 500 kg/m3, ce qui est plutôt faible compte tenu du fait que la pénétration varie en fonction de la racine carrée de la densité.

Les obus perforants tirés des canons de 105, 120 et 125 mm des CCP se composent de barreaux de pénétration à empennage, mais ce ne sont pas tous les canons tirant ces projectiles qui ont une âme lisse. Les canons de 105 mm L7 (US M68) britanniques et CN105F français ainsi que les canons de 120 mm L30 britanniques ont une âme rayée, mais ils utilisent des ceintures de projectiles dérapantes pour limiter la quantité de rotation imprimée au projectile par les rayures. On pense que la perte de complexité des munitions OFESD est en quelque sorte compensée par la plus longue portée des projectiles explosifs stabilisés par rotation. Dans le cas des canons automatiques où il existe plusieurs types de projectiles, les tubes sont également rayés. Le canon de 25 mm Bushmaster M242 est principalement utilisé contre les véhicules blindés légers; aussi, les munitions antichars s’en prennent-ils au blindage angulé et plus lourd de la tourelle ou au devant de la caisse des véhicules ciblés. Par conséquent, les États-Unis utilisent l’OFESD M919 muni d’un pénétrateur à UA. Puisque les canons antiaériens de 25 mm et de 30 mm seraient normalement utilisés pour attaquer le blindage plus mince du dessus à des angles plus près de la normale, on emploie dans ce cas comme munitions antichars des obus perforants incendiaires (PI) stabilisés par rotation, mais quand même munis de pénétrateurs à UA.

Figure 6 : Esquisse d'un char de combat principal américain Abrams M1A2HA montrant l'emplacement du blindage de protection en UA.
US ArmyFigure 6 : Esquisse d’un char de combat principal américain Abrams M1A2HA montrant l’emplacement du blindage de protection en UA.

Par ailleurs, quand il s’agit de fournir une protection au blindage, on constate que la pénétration diminue quand on augmente la densité rt de la cible. Donc, dans la version « blindé lourd » des chars d’assaut américains Abrams M1A1 et M1A2, des panneaux blindés en UA ont été ajoutés au blindage frontal de la tourelle, comme l’illustre la figure 6.

Figure 7 : Schéma montrant deux mécanismes différents de pénétration : une rupture en cisaillement adiabatique dans l'UA causant un auto-affûtage et un rhéodurcissement causant le champignonnage dans l'alliage lourd de tungstène (WHA).
US Army

Figure 7 : Schéma montrant deux mécanismes différents de pénétration : une rupture en cisaillement adiabatique dans l’UA causant un auto-affûtage et un rhéodurcissement causant le champignonnage dans l’alliage lourd de tungstène (WHA).

Pour en revenir aux pénétrateurs, mentionnons que les premiers noyaux en usage après la guerre étaient en carbure de tungstène, mais on les a remplacés par des noyaux de tungstène allié à du nickel, du fer et du cobalt, parfois appelé alliage lourd de tungstène ou WHA. Ces derniers comportent des particules de tungstène dures mais cassantes enchâssées dans une matrice molle et ductile, laquelle sert à freiner les fissures et à répartir les contraintes. Les pénétrateurs en WHA sont normalement fabriqués par frittage, et on leur porte une attention spéciale afin de s’assurer de la densification complète et d’empêcher la porosité qui résulterait soit de l’occlusion de gaz, soit du retrait durant la solidification.

Au moment de l’impact sur une cible renforcée de blindage lourd, les pressions à l’interface pénétrateur/cible atteignent près de 6 GPa. Tel qu’illustré à la figure 7b, le pénétrateur forme un champignon à l’intérieur de la cible, accompagné d’une déformation plastique au niveau macroscopique suivi d’une érosion. La déformation initiale est surtout localisée à l’intérieur de la matrice, laquelle subit rapidement un rhéodurcissement prenant la forme d’un champignon. Une des conséquences de ce champignonnage causé par le rhéodurcissement fait que l’énergie s’étale radialement pour agrandir la cavité de pénétration8.

Par rapport au tungstène, l’UA présente aussi quelques défis de traitement. Il est sensible à la corrosion, aux impuretés d’éléments traces ainsi qu’aux variations causées par le traitement thermique, la fragilisation et la re-fragilisation à l’hydrogène. Par ailleurs, les particules finement divisées d’UA sont pyrophoriques, aussi préfère-t-on normalement le moulage par coulée et le corroyage à la métallurgie des poudres bien qu’il faille alors utiliser un outillage spécialisé. De plus, tout comme pour le tungstène, on doit allier l’UA, généralement avec du titane à 0,75 p. 100 en poids.

À l’instar du WHA, les pénétrateurs en alliage d’UA vont former un champignon à l’impact alors que le matériau en fusion est contraint de s’éloigner radialement du pénétrateur. Cette déformation plastique cause une hausse de la contrainte de fluage du matériau due au rhéodurcissement et, simultanément, une baisse de cette même contrainte due à l’amollissement thermique. De 90 à 95 p. 100 de l’énergie de déformation se transforme en chaleur alors que, à certains endroits, la température atteint quelque 1800 ºC. À l’inverse du WHA, l’amollissement de l’UA l’emporte sur l’augmentation de la contrainte de fluage permettant ainsi l’apparition de cisaillement adiabatique. Il en résulte l’auto-affûtage du pénétrateur, alors que la tête du champignon, pendant tout ce temps, se cisaille du corps du pénétrateur, comme l’illustre la figure 7a. L’effet net est une diminution de l’énergie utilisée pour agrandir radialement la cavité de pénétration, accompagnée simultanément d’une hausse de l’énergie disponible pour la pénétration axiale.

En général, les pénétrateurs à UA peuvent atteindre, contre des cibles semi-infinies, des pénétrations de 10 à 15 p. 100 supérieures aux pénétrateurs en WHA. Cependant, ce qui importe davantage, c’est que les obus d’UA peuvent atteindre la même pénétration que les obus de WHA, mais à des vitesses bien plus faibles; cela signifie que l’obus d’UA garde son efficacité contre un objectif à des portées bien plus grandes (de 50 à 70 p. 100 plus grandes).

Un autre avantage particulier de l’UA par rapport au WHA est sa performance contre des cibles soit de blindage angulé ou espacé, soit de blindage réactif. La ductilité et la résistance plus grandes des pénétrateurs à UA semblent leur permettre de plier sans casser, par opposition aux pénétrateurs de WHA, plus durs mais plus cassants, qui souvent se cisaillent après impact.

L’impact contre des cibles renforcées crée des températures locales aussi élevées que 1800 ºC, ce qui entraîne un changement de phase de l’uranium de solide à liquide. À ces températures élevées, l’uranium réagit rapidement avec l’oxygène atmosphérique. Les oxydes qui en résultent se condensent en particules d’aérosol solide. Cette oxydation explique la nature pyrophorique des impacts à l’UA, laquelle n’existe pas pour ceux faits par le WHA. Cet effet de combustion augmente l’efficacité des pénétrateurs à UA, surtout à l’intérieur de la cible.

Plusieurs travaux ont été menés aux États-Unis pour déterminer le degré de transformation en aérosol des pénétrateurs et pour caractériser la composition granulométrique de cet aérosol. On estime qu’environ 18 p. 100 du pénétrateur à UA des munitions de chars de 120 mm s’aérosolise en frappant des cibles renforcées épaisses et que pratiquement toutes ces particules d’aérosol (de 91 à 96 p. 100) sont de dimensions < 10 um.

L’UTILISATION MILITAIRE DE L’URANIUM APPAUVRI

L’uranium appauvri a été utilisé par plusieurs pays dans des obus conçus pour s’attaquer à des cibles blindées. Par exemple, l’arsenal de la US Army inclut les munitions à UA suivantes : les obus de chars de 105 mm des séries M833 et M900 pour le canon M68, les obus de 120 mm de la série M829 pour le canon M256 et les obus de 25 x 137 mm de la série M919 pour le canon Bushmaster M242. Toutes ces munitions sont des OFESD. La US Air Force utilise de l’UA dans les obus PI PGU-14 de 30 x 173 mm pour le canon GAU 8/A de l’avion A-10 alors que les US Marines utilisent les obus PI PGU-20/U de 25 mm pour le canon GAU-12/U de l’avion Harrier AV-8B.

Il est intéressant de noter que la US Navy a approuvé l’usage de noyau en UA pour ses OFSD de 20 x 102 mm dans le système de défense rapprochée Phalanx (CIWS), lequel est une adaptation du système antiaérien Vulcan de la US Army. On a décidé en 1988 de remplacer les noyaux en UA par d’autres en tungstène puisqu’il n’y avait pas de différence significative de performance entre les noyaux de tungstène et ceux en UA lorsqu’on les utilise contre des missiles anti-navires et des objectifs aériens relativement peu résistants9. Les navires canadiens déployés lors de la guerre du Golfe en 1991 utilisaient des munitions à UA dans leurs systèmes Phalanx.

Endroits où on a utilisé des munitions à UA lors de la guerre du Golfe
Endroits où on a utilisé des munitions à UA lors de la guerre du Golfe10.
Endroits où on a utilisé des munitions à UA au Kosovo
Endroits où on a utilisé des munitions à UA au Kosovo11.

Plusieurs pays, dont la Grande-Bretagne, la France, la Russie, l’Ukraine, Israël et la Chine ont encore des munitions à UA dans leur arsenal tandis que d’autres, comme l’Allemagne, la Suisse et le Canada, ont comme politique de ne plus en avoir. On trouvera une liste de fabricants de munitions à UA au tableau 1.

Les munitions à UA ont été utilisées en abondance au cours d’opérations tant lors de la guerre du Golfe (au Koweït et en Irak) qu’au Kosovo, comme le montrent les cartes. Par exemple, lors de la guerre du Golfe, la US Army a utilisé 504 obus de 105 mm et 9048 munitions de charsde 120 mm. L’Armée britanique a tiré 88 munitions de chars de 120 mm. Les avions A-10 de la US Air Force ont lancé 783 514 obus d’UA de 30 mm, et les avions AV-8B du US Marine Corps ont largué 67 436 obus d’UA de 25 mm. Au Kosovo, les avions A-10 de la US Air Force ont lancé plus de 31 000 obus d’UA de 30 mm. Les tireurs d’élite américains et les équipes des forces spéciales américaines avaient des munitions à UA de 7,62 mm et de 12,7 mm (calibre .50); on ne dispose toutefois pas de données précises quant aux quantités utilisées. Dans l’ensemble, quelque 300 tonnes de munitions à UA ont été utilisées lors de la guerre du Golfe et plus de 9 tonnes au Kosovo12. En outre, on a tiré 10 800 obus d’UA dans les environs de Sarajevo durant la campagne aérienne de l’OTAN en Bosnie en 1994-199513.

Comme c’est le cas de toutes les autres sortes de munitions, on ne se sert pas des obus d’UA que sur les champs de bataille. En fait, on les utilise bien plus lors d’essais et d’entraînements que durant les combats. Un analyste cite des sources de la US Army qui rapportent que, des 14 000 pièces de munitions à UA de gros calibre utilisées lors de la guerre du Golfe, environ 4000 ont été employées dans les combats, quelque 7000 autres ont servi lors de tirs de pratique et environ 3000 ont été détruites par un incendie à Doha au Qatar14. Aux États-Unis, les installations de la défense qui manipulent ou qui font des essais de tir de munitions à UA doivent avoir un permis de la Nuclear Regulatory Commission. La US Air Force et la US Navy ont toutes deux un permis d’ensemble alors que la US Army a 14 permis spécifiques (on trouvera la liste partielle des sites d’essai au tableau 2). De telles installations sont nécessaires pour tout type de système d’armement. Cependant, la présence d’UA comporte le risque supplémentaire de radioactivité, d’où la présence d’un contrôle réglementaire. Ce fardeau additionnel ainsi que la publicité qui entoure ce genre de munitions et les inquiétudes qu’elles suscitent dans la population expliquent probablement pourquoi certains pays évitent l’utilisation des munitions à UA. Pourtant, les installations pour les essais et le tir de munitions classiques sont également fortement contaminées. La plupart des munitions d’armes légères (du moins jusqu’à récemment) contenaient du plomb, un élément toxique reconnu. De plus, comme on l’a déjà mentionné, les cônes de charge en WHA contiennent du tungstène et du cobalt dont le danger toxicologique est plus grand que ne l’est le danger de radioactivité de l’uranium (surtout de l’UA).

SOURCES D’APPROVISIONNEMENT EN URANIUM APPAUVRI

L’uranium naturel se compose de trois isotopes: 238U , 235U et 234U. Lorsqu’on l’utilise comme combustible nucléaire, surtout dans les réacteurs à eau ordinaire, tels que les réacteurs à eau sous pression (PWR) et les réacteurs à eau bouillante (BWR), l’uranium est enrichi en 235U et en 234U avec pour conséquence que les résidus sont appauvris de ces isotopes. Le tableau 3 indique l’abondance et l’activité relative typiques de ces isotopes dans l’uranium naturel et dans l’uranium appauvri.

Il importe de noter que l’UA, bien qu’un peu plus dense que l’uranium naturel, ne présente qu’environ la moitié de sa radioactivité.

Cependant, le combustible nucléaire ne provient pas seulement de l’enrichissement de l’uranium naturel. Il peut aussi être récupéré du combustible épuisé. En fait, plus de 107 000 t d’uranium ont été recyclées aux États-Unis de 1952 à 1977. Ceci serait la cause de la présence probable d’isotopes de plutonium, de neptunium et d’uranium (tous radioactifs), respectivement239Pu, 237Np et 236U dans les résidus d’enrichissement d’UA et, par conséquent, dans tous les pénétrateurs fabriqués à partir de ces résidus. C’est un phénomène important puisqu’il permet d’avoir un moyen de différencier entre l’uranium naturel et l’UA, surtout lorsqu’on le retrouve à l’état de trace dans les dosages biologiques.

Les résidus de l’uranium enrichi pour la production d’armes nucléaires constituent une autre source d’UA. La pratique courante aux États-Unis est de n’utiliser que l’UA provenant d’obus démilitarisés ou recyclés plutôt que des résidus provenant soit des centrales nucléaires, soit des usines de traitement d’armes, bien que ces dernières aient pu fournir au départ de l’UA. Peu importe sa provenance, l’UA est essentiellement un sous-produit de rejet des processus d’enrichissement et, à cause de cela, il est bon marché surtout si on le compare au WHA. Jumelé au fait qu’un alliage d’UA et de 0,75 p. 100 de Ti peut être coulé et laminé plutôt que fritté, le coût de production des pénétrateurs à UA est comparable à celui des pénétrateurs WHA équivalents qu’on fabrique aux États-Unis et la moitié moins cher que ceux fabriqués en Allemagne.

CONCLUSION

Comme on a pu le constater, les munitions à UA permettent une légère augmentation d’environ 10 p. 100 de la profondeur de pénétration d’une cible renforcée de blindage lourd si on les compare aux pénétrateurs de tungstène. Cependant, en termes de performance, cela signifie que l’on peut obtenir la même pénétration à des portées significativement plus grandes à cause de la perte de vitesse minime des barreaux de pénétration à faible traînée. Un autre avantage appréciable de l’UA est sa résistance relative, sa capacité de ne pas céder à la rupture par cisaillement lors de l’impact sur des cibles revêtues de blindage angulé, espacé, ou même de blindage réactif. Un troisième atout est sa pyrophoricité, c’est-à-dire sa capacité de brûler à l’air. Étant donné tous ces facteurs, y compris le succès des obus d’UA sur le champ de bataille, surtout quand les forces de la Coalition les ont utilisés contre des cibles irakiennes, et tenant compte des coûts de production, les obus d’UA sont appelés à demeurer indéfiniment dans l’arsenal des forces armées un peu partout dans le monde.

Toutefois, les inquiétudes de la population au sujet de l’utilisation des munitions à UA semblent généralisées. Certains ont pointé du doigt l’usage d’UA comme la cause des symptômes débilitants communément appelés « syndrome de la guerre du Golfe ». Pour cette raison en particulier, et pour des préoccupations environnementales en général, on cherche des solutions de rechange à l’usage d’UA comme matériau de pénétrateur.

TRAVAUX EN COURS

On considère aux États-Unis que la technologie des pénétrateurs à UA a atteint sa pleine maturité et qu’elle ne laisse pas beaucoup de place à des développements ultérieurs. Jumelé aux inquiétudes environnementales du grand public et à sa méfiance viscérale envers l’UA, ce constat a amené la US Army à tenter la mise au point d’alliages de tungstène en utilisant des nanocristaux innovateurs et des « filaments » de tungstène afin de reproduire la performance de l’UA; mais, jusqu’à présent, aucune de ces tentatives n’a porté ses fruits15.

REMERCIEMENTS

Ce travail a reçu l’appui du Directeur général – Sûreté nucléaire (DGSN) et du Directeur – Politique médicale (D Pol Méd) des Forces canadiennes. L’auteur remercie chaleureusement E.A. Ough, Ph.D., du CMR, S. Kupca, Ph.D., de DGSN, et K. Scott, Ph.D., de D Pol Méd.

William S. Andrews, Ph.D., enseigne au département de chimie et de génie chimique et au département de science militaire appliquée du Collège militaire royal du Canada.

NOTES:

1. B.H. Liddell Hart, History of the First World War, Pan Books, London, 1970.

2. C.F. Foss, Jane’s Tank and Combat Vehicle Recognition Guide, Harper Collins, New York, 2000.

3. P. Chamberlain, H. Doyle, Encyclopedia of German Tanks of World War Two, Arms and Armour, London, 1999.

4. L.R. Bird et R.D. Livingston, World War II Ballistics: Armor and Gunnery, Overmatch Press, Albany NY, 2001.

5. W. Lanz, W. Odermatt, G. Weihrauch, « Kinetic Energy Projectiles: Development History, State of the Art, Trends », Proc. 19th Int. Symp. of Ballistics, Interlaken, Suisse, 7-11 mai 2001.

6. J. Carleone, (dir.), Tactical Missile Warheads, AIAA, Washington, 1993.

7. R. Subramanian, S.J. Bless, « Reference Correlations for Tungsten Long Rods Striking Semi-Infinite Steel Targets », Proc. 19th Int. Symp. of Ballistics, Interlaken, Suisse, 7-11 mai 2001.

8. S.P. Andrew, R.D.Caligiuri, L.E. Eiselstein, « Relationship Between Dynamic Properties and Penetration Mechanisms of Tungsten and Depleted Uranium Penetrators », Proc. 13th Int. Symp. of Ballistics, Stockholm, Suède, 1-3 juin 1992.

9. A.G. Williams, Rapid Fire, The Development of Automatic Cannon, Heavy Machine Guns and their Ammunition for Armies, Navies and Air Forces, Airlife Publishing, Shrewsbury, Royaume-Uni, 2000.

10. National Gulf War Resource Center, à http://www.ngwrc.org/Dulink/DU_Map.htm

11. Depleted Uranium in Kosovo Post-Conflict Environmental Assessment, Programme environnemental des Nations Unies (PENU), Suisse, 2001, à http://postconflict.unep.ch/index.htm

12. Vladimir S. Zajic, « Review of Radioactivity, Military Use, and Health Effects of Depleted Uranium », à http://vzajic.tripod.com/6thchapter.html#DU> Ammunition Use in Iraq

13. Groupe WISE, à http://www.antenna.nl/wise/uranium/diss.html

14. Leonard A. Dietz, Contamination of Persian Gulf War Veterans and Others by Depleted Uranium, 1999, à http://www.antenna.nl/wise/uranium/dgvd.html#DUTONN

15. L. Magness, L. Kecskes, M. Chung, D. Kapoor, F. Biancianello, S. Ridder, « Behavior and Performance of Amorphous and Nanocrystalline Metals in Ballistic Impacts », Proc. 19th Int. Symp. of Ballistics, Interlaken, Suisse, 7-11 mai 2001.

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 5 mars, 2013 |Pas de commentaires »

« LA SECURITE DE L’EUROPE EST EN JEU AU MALI » DIT LE MINISTRE FRANCAIS DE LA DEFENSE (KPOGLI Komla / lajuda.blogspot.com)

« La sécurité de l’Europe est en jeu au Mali »,

indique le Ministre français de la Défense

(KPOGLI Komla)

_fabius%202 AREVA dans REFLEXIONS PERSONNELLES Comment se fait-il que lorsque des criminels au Mali coupent, au nom d’un certain islam, des mains et des pieds des gens au Mali, les intérêts de l’Europe seraient en jeu?…. Pourquoi des mausolées détruits et des coups de fouet administrés aux nègres qui ne sont « pas assez entrés dans l’histoire » au Mali constituent-ils une menace pour la sécurité de l’Europe ? Eh bien vous allez comprendre.

Ayant refusé de nous organiser pour acquérir la capacité de lire les événements et entre les lignes et ainsi savoir de quoi il est question puis comment nous positionner, voici ce que dit Jean-Yves Le Drian, Ministre français de la Défense dans Libération: 

« Nous avons appelé l’attention de nos partenaires sur le fait que la sécurité de l’Europe est en jeu au Mali. Les Britanniques et les Allemands ont répondu présents. Nous avons alors mandaté Catherine Ashton pour qu’elle établisse un concept d’opération, dont nous discuterons le 19 novembre à vingt-sept. Au Mali, ce n’est pas la France qui va aider les Africains à mener cette opération, mais bien l’Europe…On ne peut pas laisser s’installer un sanctuaire terroriste majeur à nos portes. » 

Voilà qui est clair: LA SECURITE DE L’EUROPE EST EN JEU AU MALI. Ceci pour plusieurs raisons. Mais comme Jean-Yves Le Drian ne mentionne pas ces raisons, nous allons le faire à sa place:

1- La sécurité de l’Europe est en jeu au Mali parce que toute la région sahélo-saharienne est en reconfiguration. L’idée étant de morceler davantage l’espace pour mieux le contrôler et maîtriser ses ressources: En 2011, on a eu la naissance du Sud Soudan sous l’instigation du trio Israël, USA et Europe avec l’acceptation de la Chine qui a réussi à sauver sa part d’approvisionnement en pétrole en s’accrochant au Soudan de Béchir. En 2012, on est allé dans le même sens au Mali avec le squelettique Azawad. En toile de fond, l’or et bien d’autres ressources.

2- La sécurité de l’Europe est en jeu au Mali parce que pas loin de là l’Europe (l’Allemagne en tête) réalise actuellement un énorme projet d’installation de panneaux solaires géants appelé DESERTEC. Ce parc solaire fournira de l’électricité à l’Europe gratuitement. Donc, il faut faire en sorte que cet espace soit sécurisé.

3- La sécurité de l’Europe est en jeu au Mali parce que, des orpailleurs français appelés des chercheurs avaient découvert en début de cette année 2012, de gigantesques réserves d’eau dans le Sahara. La guerre de l’eau qui se déroule actuellement sous nos yeux dans le monde et qui va s’accentuer eu égard à la rareté vers laquelle on se dirige pousse l’Europe à parler de sa sécurité au Mali.

4- La sécurité de l’Europe est en jeu au Mali parce que la France qui n’a pas d’uranium sur son sol est quand même le premier exportateur de l’énergie nucléaire au monde. Pourquoi ? Tout simplement parce que la France dispose sur sa préfecture du NIGER des mines gigantesques d’uranium qu’elle exploite depuis 60 ans bientôt gratuitement. Une mine énorme est découverte à Imouraren au Niger. Ce qui a poussé AREVA à investir actuellement au moins 1,5 milliards d’euros en vue de racler proprement cette mine. Des centaines de français et d’européens affluent actuellement dans le coin où ils sont en train de construire une sorte de ville minière. Les prises d’otage et autres révoltes armées peuvent gêner un peu la chose. La Chine n’est pas loin non plus de là. Donc, l’Europe a ici aussi sa sécurité en jeu.

5- La sécurité de l’Europe est en jeu au Mali parce qu’il faut que l’Europe démontre à ses ressortissants qui aiment le tourisme exotique que leur sécurité est et sera garantie un peu partout, notamment dans cette région.

6- La sécurité de l’Europe est en jeu au Mali parce qu’après avoir armé et utilisé ces islamistes pour détruire le Libye, la France surtout espérait qu’avec ce « geste d’amitié », ces gars libéreraient ses ressortissants. Il n’en est rien. Les gars disent que ce ne sont pas eux qui détiennent les français, mieux qu’ils ne savent pas où ils sont exactement. Parfois, ils disent « on va vous aider à les libérer » puis, c’est Jacques où es-tu ? La patience a ses limites. Même si les otages risquent la mort, eh bien, mieux vaut une fin effroyable qu’un jeu de nerfs sans fin, surtout que l’Europe sait ce qu’elle gagne par rapport à la vie de 3 ou 5 otages.

Voilà quelques-unes des raisons pour lesquelles les bruits de bottes résonnent là. Qu’on détruise des mausolées ou qu’on coupe des mains, des pieds aux Nègres, ou qu’on viole les filles africaines sous l’autel d’un islamisme poussiéreux là-bas, ça n’est pas le problème de l’Occident. Au demeurant, comme ces faits criminels émeuvent la masse, eh bien, les stratèges les mettent devant pour mieux atteindre, avec le consentement tacite ou expresse des spectateurs que nous sommes, leurs buts. En parlant uniquement de la sécurité de l’Europe avec la mise en avant du TERRORISME qui serait aux portes de l’Europe, le Ministre Français de la Défense nous montre l’arbrisseau qui cache mal la forêt.

Quant au rôle des petits préfets tels que Blaise Compaoré, Alassane Ouattara, Faure Gnassingbé…et leur CEDEAO, il a suffi qu’on lance la bombe mensongère d’une alliance future avec les coupeurs de mains au Mali avec leurs fameux opposants en vue de leur ravir leur trône pour qu’ils enfilent leurs costumes de petits chefs de guerre. Nul autre que Ouattara, le préfet du territoire de Côte d’Ivoire ne symbole mieux ce petit spadassin au garde-à-vous. On lui a dit que les partisans du président Laurent Gbagbo  »sont en contact avec les islamistes » et qu’après le Mali, cette mythique alliance marcherait sur son territoire. Cela a largement suffi pour le mobiliser. Ces gens là également, ce n’est pas les mains et les pieds coupés des Africains du Mali qui les préoccupent. Si ces gars là étaient des « humanistes » ou des Africains de coeur, on l’aurait su. Eux-mêmes sont de grands massacreurs des peuples qu’ils régentent au profit de qui on sait. Qu’est-ce qui mobiliserait un Blaise Compaoré assassin de son compagnon d’armes, Thomas Sankara et de bien d’autres dont Norbert Zongo ? Des petits mains coupées au Mali ? Faure Gnassingbé, le tueur, héritier du trône qu’il conquit en 2005 après avoir sacrifié au moins 1000 personnes et qui depuis lors assassine et qui, par sa soldatesque, fait régulièrement ouvrir le crâne aux populations qui manifestent contre lui ? Ou bien, est-ce Alassane Ouattara, le boucher transporté dans les chars français encadrés par l’ONU qui serait offusqué par des pieds coupés et des mausolées détruits ? Ou encore est-ce Soro Guillaume, l’éventreur, en bon chrétien qui n’a jamais vu couler une goutte de sang qui serait révolté de voir à la télévision pour la première fois de sa vie de moine isolé des mondanités des gouttes de sang ? Allons ! Allons !

15 novembre 2012

KPOGLI Komla.

http://lajuda.blogspot.com/

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 5 mars, 2013 |Pas de commentaires »

LA FRANCE A PRELEVE EN 2 MOIS PLUS DE 100 000 000 D’EUROS POUR L’INGERENCE AU MALI (Aporrea.org)

La France a prélevé en 2 mois plus de 100 000

000 d’euros pour l’ingérence au Mali

LA FRANCE A PRELEVE EN 2 MOIS PLUS DE 100 000 000 D'EUROS POUR L'INGERENCE AU MALI (Aporrea.org) dans REFLEXIONS PERSONNELLES france-entre-guerre-1181605-616x380

(Aporrea.org)

26 Février 2013.

Depuis quasiment 2 mois qu’a commencé la guerre au Mali, le Ministre Français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a dit que cela suppose jusqu’à présent pour la France une dépense de plus de 100 000 000 d’Euros.

« Aujourd’hui, on peut estimer à un peu plus de 100 000 000 d’Euros ce qui a été dépensé depuis la mi-janvier », date à laquelle la guerre a commencé, c’est à dire le 11 Janvier 2013, a souligné Le Drian, lors de l’interview qu’il accordée à RTL.

Le Ministre Français a ajouté en outre que ces chiffres seront présentés devant la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale dont plusieurs membres critiquent l’ingérence militaire au Mali.

Les députés rejettent cette action parce que le président François Hollande a ordonné le commencement de la guerre sans en aviser d’abord l’Assemblée Nationale.

Cependant, Hollande justifie les faits en alléguant que ceci répond à la nécessité de prendre des mesures de sécurité face aux menaces et aux dangers en relation avec le terrorisme depuis qu’il a été informé que des hommes armés Maliens s’avançaient jusqu’à Bamako, capitale du Mali.

On s’attend à ce qu’après le déploiement d’environ 16 000 hommes au Mali, les Français s’en aillent peut-être, petit à petit, au mois de Juillet 2013.

Pourtant il faut souligner à ce sujet que l’Union Européenne (UE) a donné le feu vert à l’envoi de 500 militaires supplémentaires pour entraîner et conseiller le gouvernement Malien, en dépit de l’avis négatif de l’Eurodéputé de Izquierda Unida, Willy Meyer, qui s’est élevé contre l’ingérence menée dans ce pays d’Afrique, en même temps qu’il observait qu’il n’y avait pas de solution militaire possible à ce conflit.

Lors de ses déclarations au Parlement Européen, Meyer a mis en cause la stratégie de Paris au Mali, à savoir : « d’abord ils laissent apparaître clairement qu’ils n’interviendront pas, puis ils parlent d’une opération limitée, et, maintenant, l’objectif déclaré est la reconquête totale du Mali » , pour affirmer ensuite que ce que prétend en réalité faire la France, c’est avoir sous contrôle la zone qui borde le Niger, dont les importantes réserves en uranium.

Par ailleurs, beaucoup d’experts en questions politiques estiment qu’avec cette ingérence militaire, la France cherche à profiter des ressources minérales et des richesses naturelles du Mali.

Source : www.aporrea.org/internacionales/n223992.html

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 4 mars, 2013 |Pas de commentaires »

LETTRE OUVERTE A M.LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE AU SUJET DE L’INTERVENTION FRANCAISE AU MALI (Collectif d’Associations touareg / Temoust)

Lettre ouverte à M. Le Président de la

République Française

au sujet de l’intervention française au Mali

LETTRE OUVERTE A M.LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE AU SUJET DE L'INTERVENTION FRANCAISE AU MALI (Collectif d'Associations touareg / Temoust) dans REFLEXIONS PERSONNELLES touareg

(© Emilia Tjernström)

Remarquable lettre ouverte d’un collectif d’associations touareg publiée dans « Temoust ».

Monsieur le Président,

La est intervenue militairement au le 11 janvier 2013, officiellement « afin de stopper l’avancée des islamistes armés vers le sud, menaçant Bamako » et de mettre un terme au terrorisme islamiste au .

Nous, organisations et citoyens Français-Amazighs, de culture laïque et profondément attachés aux valeurs de justice, de liberté et de respect des droits humains, avons applaudi l’initiative française dès lors qu’elle visait clairement et seulement à combattre le terrorisme islamiste et le banditisme lié notamment au trafic de drogue.

Cependant, nous observons que la France intervient aujourd’hui pour protéger le « sud-Mali » mais qu’elle est restée indifférente à la présence depuis plus d’une décennie des mêmes islamistes dans le nord-Mali où ils s’adonnaient librement aux rapts, aux crimes et autre narcotrafic, avec la complicité de certaines autorités maliennes. Les Touaregs avaient appelé en vain, dès le début des années 2000, la France et la communauté internationale pour les aider à éliminer ces groupes mafieux. Il y a là manifestement une politique française de deux poids deux mesures.

Afin de mettre un terme à l’incurie de l’Etat malien, à la marginalisation des populations du nord-Mali et à l’insécurité liée à la présence des islamo-narcotrafiquants dans ce territoire, les populations locales ont créé il y a un an, le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA). Dans la mesure où le MNLA a toujours combattu les intégristes islamistes armés (les dernières batailles du MNLA contre les groupes de Al Qaida et du Mujao datent de novembre et décembre 2012 à Gao et Ménaka), dans la mesure où ce mouvement dispose de milliers de combattants volontaires, aguerris et connaissant parfaitement le terrain parce qu’ils y sont nés et y ont grandi et dans la mesure où le MNLA se dit disposé à intégrer ses troupes dans le dispositif militaire dirigé par la France contre les islamistes, pourquoi la France continue t-elle d’ignorer cette offre ? Pourquoi réserve t-elle son dialogue et son soutien au seul gouvernement malien, pourtant illégitime, excluant le MNLA dont l’objectif est conforme au Droit International relatif à l’autodétermination et dont l’action armée fait suite au refus de dialogue de l’ancien gouvernement malien ?

Récemment, et notamment depuis que l’armée française a repris quelques localités à l’ouest du Mali, la France a élargi son objectif en ajoutant à la lutte contre le terrorisme islamiste, « la reconquête de l’intégrité territoriale du Mali ». Ce nouvel objectif, outre qu’il est illégal en référence au Droit International, dévoilerait l’objectif réel de la France qui serait de combattre le MNLA et de prendre le contrôle du territoire de l’Azawad et de ses ressources naturelles sous couvert de lutte contre le terrorisme islamiste.

Il est par conséquent très urgent que la France clarifie sa position et ses objectifs. Nous rappelons que le MNLA est né dans le seul but de défendre les droits et les intérêts des populations de l’Azawad dans le respect du Droit International relatif au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Le conflit qui oppose le MNLA au gouvernement malien est un conflit interne qui doit se régler par un dialogue entre les deux parties concernées, avec l’entremise d’un médiateur neutre et crédible. Dans tous les cas, il est inacceptable que la France continue de soutenir un camp (le Mali) contre un autre (le peuple de l’Azawad) car cela est illégal (notamment en référence au Droit International), illégitime et surtout injuste. Si la France maintient sa politique contre les populations de l’Azawad, elle risquerait de provoquer une guerre civile aux conséquences incalculables.

Par ailleurs, nous souhaitons vous alerter, M. le Président, sur le fait que le Mali a un voisin, le Niger, presque en tous points identique et où les populations du nord du pays se sont révoltées à maintes reprises et pour les mêmes raisons qu’au nord-Mali. Ces populations suivent avec une grande attention la manière avec laquelle la question de l’Azawad est traitée. Tout parti pris, toute injustice contre l’Azawad ne manquera pas de provoquer des réactions d’indignation et de colère des populations voisines et cousines du nord-Niger et même du sud-Libye. Le conflit risque alors de dégénérer et de déstabiliser l’ensemble de la sous-région. Sans parler des Français Amazighs, près de deux millions de personnes, qui ne manqueront pas d’actionner tous les moyens légaux et démocratiques en vue de faire sanctionner les responsables de toutes les dérives.

Un dernier point M. Le Président, tout vous a alerté sur les actes de représailles susceptibles d’être commis par les soldats maliens qui avancent vers le nord derrière l’armée française. Or, d’après des rapports d’ONG (FIDH, WRH…) et des témoignages des populations, des crimes auraient été commis par l’armée malienne contre des civils, notamment à Niono et Sévaré. Nous vous demandons instamment de condamner fermement les exactions commises par l’armée malienne sur les populations civiles de l’Azawad notamment Touarègues et Maures et de diligenter une commission d’enquête impartiale pour faire toute la lumière sur les faits et le cas échéant, faire juger et sanctionner immédiatement les auteurs des exactions. De toutes les manières, dans le cas où des crimes contre l’Humanité seraient avérés, il est clair que c’est la France qui se retrouverait devant la CPI et non le gouvernent malien.

En tout état de cause, la seule méthode juste, crédible et susceptible de conduire à une solution durable, est de réunir le gouvernement malien et le MNLA autour d’une table de négociations pour trouver ensemble la sortie de et envisager un futur de paix et de développement. Le MNLA s’est dit prêt à cette rencontre, reste l’accord du Mali. Il est du devoir de la France, désormais partie prenante au conflit, de convaincre le gouvernement malien d’accepter dans les plus brefs délais l’ouverture des discussions directes avec le MNLA.

Voilà M. Le Président, l’état de nos doutes, de nos craintes et de nos espoirs. Nous avons entendu vos intentions de tourner le dos à la Françafrique. Nous attendons à présent des faits qui prouvent que vous agissez en démocrate et en faveur de la justice, des droits et des intérêts de l’Afrique et de ses peuples, sans discrimination.

En espérant que vous porterez toute l’attention nécessaire à notre requête, nous vous prions d’agréer, Monsieur Le Président, l’expression de notre haute considération.

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 4 mars, 2013 |Pas de commentaires »

GUERRE AU MALI: « NOUS, LES SOLDATS MALIENS, SOMMES DES MORTS-VIVANTS » (Eros SANA / bastamag.net)

GUERRE AU MALI:

GUERRE AU MALI

« Nous, les soldats maliens, sommes des morts-vivants »

(Eros SANA)

L’armée malienne sera-t-elle en mesure de se reconstruire ? Sera-t-elle capable d’assurer la sécurité du pays et de ses citoyens, une fois l’intervention militaire française terminée ? C’est loin d’être sûr, tant elle est le reflet des inégalités sociales, de la corruption et du clientélisme qui gangrènent le pays. Reportage auprès de soldats et de gendarmes maliens, abandonnés par leurs chefs, et qui ne sont même pas certains de pouvoir manger le lendemain.

arton2947-983c5 ARMEES dans REFLEXIONS PERSONNELLES

« Nous, les soldats maliens, sommes des morts-vivants » C’est ainsi que se décrit Moussa [1], jeune engagé malien de 25 ans. Nous sommes à Diabali, la dernière ville du nord à avoir été conquise par les rebelles le 14 janvier 2013. Moussa a participé à la défense de la ville. Les soldats maliens ont vite été débordés par les rebelles, certes moins nombreux, mais disposant d’une puissance de feu et d’une expérience du combat largement supérieures. En quelques heures, sept militaires maliens sont tués, dont un ami de Moussa, Issa Angwéba, 29 ans. Si Moussa en a réchappé, « ce n’est pas grâce à mes supérieurs, précise-t-il. Ils nous ont bien donné de nouvelles armes et du matériel, mais ils ne nous pas laissé le temps de les tester. » Lorsqu’ils réalisent qu’ils ne peuvent plus tenir leur position, qu’ils ne recevraient pas de renforts et, surtout que leurs supérieurs « avaient eux-mêmes fui », Moussa et ses frères d’armes décident d’abandonner leur position, de retirer leur uniforme et de se replier sur Markala, plus au Sud.

Ce type de témoignages abonde au sein de l’armée malienne. Combats après combats, ce n’est pas tant de courage dont les soldats maliens ont manqué face aux rebelles armés, mais bien de soutien, de préparation, d’organisation et de commandement compétent. Car l’armée malienne, comme l’ensemble des forces de sécurité, est le reflet des inégalités sociales, et des jeux de pouvoir et de corruption qui caractérisent le Mali.

230 euros de bakchich pour intégrer l’armée

Les effectifs de l’armée malienne sont difficiles à estimer avec certitude : entre 7 000 et 14 000 hommes. Le Mali est un pays pauvre, où la moitié de la population vit avec moins d’un euro par jour. Les populations y exercent avant tout des activités rurales et agricoles. Dans un pays où les institutions internationales (FMI, Banque mondiale) mettent tout en œuvre pour réduire les missions et les budgets de l’État, l’armée est l’une des rares institutions qui offre une solde et un emploi stables [2]. Un simple soldat gagne 45 000 francs CFA, soit environ 70 euros par mois. Nombreux sont ceux qui y entrent moins par vocation guerrière ou patriotique que par simple nécessité économique.

Certaines familles sont prêtes à tout pour que leur fils porte l’uniforme de l’armée, de la police ou de la gendarmerie. Notamment à verser des bakchichs aux recruteurs pour qu’il soit intégré. « Il y a des familles qui s’endettent pour payer 150 000 ou 250 000 francs CFA (entre 230 et 380 euros) de dessous-de-table pour que leur fils soit pris. C’est le tarif », annonce Amadou, gendarme à Markala.

« Même un chien ne finirait pas notre assiette »

Intégrer l’armée ne suffit pas pour sortir de la précarité. Depuis juin 2012, date de la prise des deux tiers du territoire par la rébellion touareg et islamiste, la majeure partie des militaires maliens dénonce, plus ou moins fortement, leurs conditions de vie. Les lignes de ravitaillement de l’armée malienne s’étendent sur plusieurs centaines de kilomètres à mesure que l’armée française progresse. Et lorsque je demande à Moussa si la logistique suit, si les soldats arrivent à cantiner convenablement et à être soignés efficacement, celui-ci inspire longuement avant de répondre : « Avec ce que nos chefs nous donnent à manger, même un chien ne finirait pas notre assiette. Mais nous n’avons pas d’autre choix. Pour ce qui est de notre santé, ils sont sensés nous prendre en charge. Mais la plupart du temps cette prise en charge est insatisfaisante. »

Le jeune soldat raconte alors l’histoire de l’un de ses frères d’armes qui, après une attaque de rebelles touaregs en 2008 dans le village de Nampala, près de Diabali, a reçu une balle dans le dos. « L’armée n’a rien mis en place pour lui, si ce n’est des soins basiques. C’est son père qui a dû prendre en charge tous les frais pour que son fils soit convenablement opéré. Nos supérieurs n’ont rien à faire de nous », soupire-t-il.

Exclus de l’armée pour avoir revendiqué leurs droits

« Chaque fois que les militaires réclament le respect de leurs droits, ils se font qualifier de révolutionnaires et sont souvent mis aux arrêts », ajoute Amadou. Le gendarme de Markala sait de quoi il parle : en 1994, lui et 800 autres élèves gendarmes ont protesté dans un journal malien contre le détournement d’une partie de leur solde par l’un de leur chef. En réponse, ils ont été radiés ! Ils durent batailler pendant deux ans pour faire valoir leurs droits et être réintégrés.« Nous, les soldats maliens, sommes des morts-vivants, répète sombrement Moussa. Depuis Aguelhok, on nous envoie au front pour mourir de faim ou pour nous faire égorger. »

Aguelhok, le nom de cette ville située à la limite de la frontière algérienne, m’est très souvent répété. Un massacre y a été perpétré par les rebelles du MNLA et d’Ansar Dine. En janvier 2012, isolés et sans renforts, des soldats et des gendarmes maliens se rendent après avoir tenté de défendre la ville. En dépit de leur reddition, plusieurs dizaines d’entre eux sont égorgés ou abattus d’une balle dans la tête : entre 85 et 200 exécutions selon les sources. Ce massacre traumatise l’armée et la société malienne.

Corruption et clientélisme

« A Aguelhok, c’est chaque malien qui a perdu un fils, un frère. Sans que l’Etat et l’armée ne fassent rien », témoigne le père de l’un des soldats exécutés, rencontré à Bamako. Aguelhok cristallise toute la frustration et la rancœur des soldats maliens et de la population vis-à-vis du laisser-aller et de la corruption des dirigeants de l’armée malienne et de l’ensemble de la classe politique. Car au Mali, la classe politique est largement composée de militaires. Le président de l’époque, Amadou Toumani Touré, dit ATT, était général de l’armée malienne. De nombreux ministres et hommes politiques sont ou ont été des militaires.

Pendant ses deux mandats, de 2002 à 2012, ATT a nommé à lui seul 45 généraux. Un moyen de renforcer la fidélité de la direction de l’armée et, pour les nombreux généraux promus, celui d’accéder à de juteuses opportunités financières et économiques. Alors que l’opération « Serval » bat son plein dans le nord, dans un luxueux restaurant de Bamako, on peut assister à la discussion de deux généraux maliens sur la « conclusion d’un marché de 246 millions de francs CFA » (380 000 euros).

Bérets rouges contre bérets verts

Dans leur lutte contre le terrorisme, obnubilés par la seule vision sécuritaire, les États occidentaux ont préféré « investir » dans l’armée plutôt que dans des programmes de développement [3]. Et sans se préoccuper du clientélisme et de la corruption. Des dizaines de millions d’euros et de dollars ont ainsi été injectés dans l’armée malienne, principalement par la France et les États-Unis (Le New York Times évoque 500 millions de dollars accordés par Washington [4]). Cet apport massif d’argent n’a ni contribué à empêcher la chute du nord du Mali, ni à améliorer l’équipement et la formation des troupes. Ces financements – colossaux pour le Mali – ont contribué à renforcer les pouvoirs des dirigeants militaires et à soutenir leur éventuelle carrière politique. Au clientélisme et à la corruption, s’est ajouté la montée d’un profond sentiment d’injustice au sein de l’armée. On en connaît le résultat.

DSC_0151_-_Version_2-dc74c ENVIRONNEMENT

Cette exacerbation des tensions s’est cristallisée autour des « bérets rouges » : le 33ème régiment para-commando, une unité spéciale aéroportée créée par Moussa Traoré, l’ancien dictateur. Cette formation de près de 1 000 hommes a été largement favorisée par le régime d’ATT – lui-même béret rouge – au détriment du reste de l’armée, dont le gros de la troupe porte le béret vert. Censés assurer la sécurité du régime, depuis la dictature, les bérets rouges ont bénéficié des soldes les plus confortables, des primes les plus régulières, et de meilleures formations.

Un coup d’Etat illégal, mais jugé légitime

« Pendant que nos fils mourraient à Kidal, Tessalit ou Aguelhok, les bérets rouges restaient planqués à Bamako, dans leur caserne ou dans la résidence présidentielle malienne », dénonce le père d’un soldat tué pendant l’avancée des rebelles. « Plutôt qu’une unité d’élite, ils étaient les défenseurs de la bourgeoisie naissante qu’ATT et la classe politique malienne représentent », ajoute avec amertume un leader de la société civile, dont le frère est béret rouge.

Aux scandales politico-financiers, comme le détournement d’une partie des aides internationales pour combattre la tuberculose et la malaria, s’est ajoutée la déroute militaire dans le Nord du pays. Et ce qui devait arriver arriva : le 22 mars 2012, un détachement militaire de bérets verts renverse le président ATT et place à la tête du régime le capitaine Amadou Haya Sanogo [5]. Condamné pour son illégalité, le putsch n’est cependant pas considéré comme illégitime par une grande partie de la société civile. Dans les quartiers populaires comme dans les beaux salons de la capitale, nombreux sont ceux qui se souviennent de la fête organisée en grande pompe par la fille d’ATT, Mabo, pour célébrer sa fortune de plusieurs milliards de francs CFA. C’était juste avant le coup d’État.

Les tensions au sein de l’armée malienne ne s’apaisent pas pour autant. Le chef des bérets rouges, le Colonel Abidine Guindo, proche de l’ancien président, échoue à mener un contre-coup d’Etat le 30 avril 2012. A l’issue de cette tentative, le corps des bérets rouges est dissous et les mutins emprisonnés. Quand commence l’opération Serval, et alors que la majeure partie de l’armée malienne y est impliquée, l’unité reste assignée à résidence dans sa caserne de Djocoroni-para. Le « contre-putschiste » Abidine Guindo est finalement libéré et les bérets rouges sont réintégrés, mais dispersés dans les autres unités. Cette rivalité au sein de l’armée donne lieu à un épisode tragique : l’attaque du dernier carré de bérets rouges, le 8 février, à Bamako, qui fera aussi des victimes civiles. La situation de l’armée malienne demeure socialement et politiquement explosive.

Eros SANA (texte et photos)

bastamag.net

Notes:

[1] A sa demande, son prénom a été modifié

[2] En 2007, alors que les autres institutions de l’Etat malien n’embauchaient pas, voire licenciaient, l’armée malienne lançait une campagne de recrutement de près de 3000 personnes.

[3] Le développement du nord Mali passe par exemple obligatoirement par la construction d’autoroutes pour désenclaver cette région. Le coût du tronçon Bamako-Timbuktu (635 kilomètres) serait de 100 milliards de francs CFA (196 millions de dollars), le tronçon Mopti-Gao (568 kilomètres) présenterait un coût de 48 milliards de francs CFA (94 millions de dollars)

[4] « Why We Must Help Save Mali », New York Times, 14 janvier 2013

[5] Après le coup d’Etat, Sanogo n’a pas pris les fonctions de président de la République, mais la tête du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE), au travers duquel il continue d’avoir une importante influence sur l’armée et la politique maliennes.

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 2 mars, 2013 |Pas de commentaires »

EXCLUSIF! UTILISATION D’ARMES A L’URANIUM « APPAUVRI » AU MALI…LES CHOSES AVANCENT UN PEU: QUESTION DU DEPUTE ANDRE CHASSAIGNE ET DE LA SENATRICE JOËLLE GARRIAUD-MAYLAM AU MINISTRE DE LA DEFENSE DE L’ETAT FRANCAIS (Thierry LAMIREAU / lesoufflecestmavie.unblog.fr)

Utilisation d’armes à l’uranium « appauvri » au

Mali:

EXCLUSIF! UTILISATION D'ARMES A L'URANIUM

Rafale de l’Armée de l’Air armé de bombes 250 kg guidée laser GBU-12, GBU 49 et AASM, en partance pour une mission dans le nord du Mali© EMA / Armée de l’Air

Quatre avions de chasse Rafale des forces françaises ont conduit dimanche 13 janvier 2013 des frappes aériennes près de Gao (nord), au Mali, détruisant des camps d’entraînement et des dépôts logistiques des groupes islamiste armés.

« Conformément à la mission confiée à nos forces armées par le président de la République, l’aviation de chasse française a visé et détruit ce dimanche plusieurs cibles  » dans le nord du Mali « à proximité de Gao », indique le Ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, dans un communiqué. Il précise que « des camps d’entraînement, des infrastructures et des dépôts logistiques constituant les bases arrière des groupes terroristes  » ont notamment été détruits.

« Cette mission a été effectuée par quatre Rafale qui ont décollé de France et qui viennent renforcer le dispositif aérien français », précise le communiqué. Au vu des images diffusées par le ministère de la Défense, chaque avion était armé de 6 bombes 250 kg guidée laser GBU-12, GBU 49 et AASM.

Les quatre Rafale ont décollé de la base aérienne 113 de Saint Dizier avec pour objectif des camps d’entraînement, des infrastructures et des dépôts logistiques constituant les bases arrière des groupes terroristes. A l’issue de ces frappes, accompagnés par deux C135F, les quatre Rafale ont rejoint la base aérienne de N’Djamena pour renforcer les moyens engagés dans l’opération SERVAL.

L’engagement de Rafale dans le conflit est un message politique fort. (sic !)

Source: Rédaction de  http://www.aerobuzz.fr/spip.php?article3144

Questions au Ministre de la Défense par un

Député et une Sénatrice

27 février 2013

Monsieur André Chassaigne attire l’attention de Monsieur Jean-Yves Le Drian, Ministre de la Défense, sur l’utilisation d’armes à l’uranium appauvri au Mali.

Selon des informations concordantes, l’armée française utiliserait au Mali des armes à uranium appauvri, définies comme étant des « munitions fléchées à l’uranium appauvri ». Cet usage militaire par aéronefs et certains blindés n’a pas été démenti par l’armée française. De telles armes sont utilisées au nom de « l’efficacité » pour pénétrer dans les blindages ou béton. Mais elles ont des effets néfastes et de très longue durée, connus depuis longtemps, par la contamination des zones impactées. Elles ont notamment un effet toxique sur les plantes et sur le bétail, intégrant ainsi la chaîne alimentaire.

De plus, l’utilisation de ces armes est illicite, car en violation des règles internationales de radioprotection. Elles ont été à maintes reprises déclarées illégales par le Droit international sur le contrôle des armements. De fait, elles constituent un crime contre l’humanité dans la mesure où elles entraînent pour plusieurs milliards d’années la pollution des sols, des eaux et de l’air, contaminant la flore, la faune et les populations, engendrant des malformations congénitales avec transmission aux générations futures.

André Chassaigne demande à Monsieur le Ministre de lui préciser si cette information est vérifiée. Si elle s’avérait juste, il souhaite connaître son engagement à faire procéder à l’arrêt immédiat de leur utilisation et prendre en charge les coûts de décontamination. Il lui demande si la France est prête à œuvrer auprès des instances internationales pour que ces munitions soient effectivement interdites dans tous les conflits sur la planète.

Question du député André CHASSAIGNE

5ème circonscription du PUY-DE-DÔME

Question écrite n° 04198 de Mme Joëlle Garriaud-Maylam (Français établis hors de France – UMP)
publiée dans le JO Sénat du 24/01/2013 - page 243

Mme Joëlle Garriaud-Maylam interroge M. le ministre de la défense quant aux mesures prises par la France suite à la Résolution du Parlement européen du 22 mai 2008 (2009/C 279 E/18) sur les armes contenant de l’uranium (appauvri) et leurs effets sur la santé humaine et l’environnement.
Elle rappelle que les armes à l’uranium appauvri ont été largement utilisées dans de multiples conflits depuis la guerre d’Irak de 1991, tant sous la forme de munitions que sous celle de blindages renforcés contre les missiles et les tirs d’artillerie. Classées « conventionnelles », elles sont fabriquées par un nombre croissant de pays dont la France qui est le seul pays européen dans cette situation.
Malgré l’absence de preuves scientifiques irréfutables, ces armes sont fortement soupçonnées de provoquer des malformations congénitales, ainsi que d’accroître les cancers et leucémies, tant parmi les militaires que les populations civiles, dans les pays où ces armes sont utilisées mais peut-être aussi dans les zones où elles sont fabriquées et testées. Il semble également que les projectiles manquant leur cible puissent provoquer une contamination des sols et des nappes phréatiques aux conséquences graves et durables pour les populations civiles comme pour l’environnement.
La résolution du 22 mai 2008 votée par le Parlement européen affirme que « l’emploi d’uranium appauvri dans les conflits viole les règles et principes fondamentaux consacrés par le droit international humanitaire et environnemental, écrit et coutumier ». Cette résolution formule plusieurs exigences vis-à-vis des États membres, dont la présentation d’un rapport exposant leurs vues sur les effets de l’emploi d’armes et de munitions contenant de l’uranium appauvri ; la réalisation d’études scientifiques sur l’emploi d’uranium appauvri dans toutes les zones où des personnels militaires et civils, européens et internationaux, ont été déployés ; un moratoire sur l’utilisation de ces armes et munitions ; l’arrêt de leur fabrication et de leur achat et le déploiement d’efforts en vue de l’interdiction mondiale de ces armes, notamment via l’élaboration d’un traité international sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage, de la diffusion, des
essais et de l’emploi d’armes contenant de l’uranium, ainsi que sur la destruction ou le recyclage des stocks existants.
La France s’était opposée à la résolution du 22 mai 2008, niant les risques sanitaires et environnementaux de l’uranium appauvri. Toutefois, au vu de la gravité des dangers suspectés de l’uranium appauvri, l’application du principe de précaution devrait légitimer, au minimum, une suspension de l’utilisation, de la fabrication et du commerce de ces armes, le temps que des études scientifiques approfondies aboutissent.
Elle souhaiterait savoir si des mesure ont été prises par la France suite à cette résolution, tant au plan unilatéral que dans le cadre de sa participation aux diverses instances multilatérales (Union européenne, Nations Unies, OTAN,…).
Elle l’appelle aussi à s’engager à ne pas recourir à ce type d’armement dans le cadre de l’intervention militaire française au Mali et à s’impliquer pour les partenaires de la France dans le conflit ne les utilisent pas non plus.
Il importe en effet que notre politique de défense s’inscrive dans le respect du principe de précaution et du droit international humanitaire.

COMMENTAIRES:

(Le Souffle c’est ma Vie / Thierry LAMIREAU)

Ma lettre ouverte adressée au Président HOLLANDE commence à faire quelques remous !

J’en suis très satisfait. Pour l’instant, AUCUN grand média français ne bouge, ce qui est un véritable SCANDALE !

Journalistes « aux ordres » sortez de votre réserve et foncez !…Ma lettre ouverte est un ENORME PAVE DANS LA MARE…c’est un ENORME SCOOP AU NIVEAU INTERNATIONAL !

Je vous attends avec impatience même si je risque d’avoir quelques ennuis…si ce n’est déjà fait…surveillance de mon courrier, de mes mails, de mon téléphone, etc…Mais je m’en moque.

L’essentiel est que cette atteinte à l’intégrité humaine soit MONDIALEMENT dénoncée…internet est là pour cela.

Pour l’instant, pas de réponse à la Sénatrice quant au Député cela date d’hier.

Il y aurait donc deux types de réponses (s’il y en a) de la part du Ministre de la Défense:

1 / Oui, la France utilise des armes à l’ uranium « appauvri » mais en petites quantités ce qui n’induit aucun effet !

2 / Non, la France n’utilise pas ces armes au MALI…or là, ce serait un véritable MENSONGE puisque les blogs de militaires (cf.mes autres articles) confirment l’utilisation de telles armes !

Une réunion à huis clos a eu lieu entre des députés et le Ministre de la Défense avec OBLIGATION DE RESERVE pour parler des actions de l’armée française au MALI.

Je remercie les élus qui ont posé par écrit ce genre de questions et j’attends (sans me faire d’illusion) une éventuelle réponse du Président HOLLANDE à ma lettre ouverte envoyée en recommandé avec accusé de réception (j’ai l’accusé de réception).

Publié dans:REFLEXIONS PERSONNELLES |on 28 février, 2013 |Pas de commentaires »
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