- (Christophe BOISBOUVIER)
La mine d’extraction d’uranium d’AREVA à Arlit, au Niger. © AREVA/Taillat Jean-Marie
AREVA refusait de payer des taxes plus élevées sur l’extraction de
l’uranium d’Arlit.
Au terme d’un interminable bras de fer, les Nigériens ont fini par
l’emporter.
Intox, infiltration de l’adversaire, manifestations de rue…
Ces derniers mois, tous les coups ont été permis pour gagner le bras de fer sur l’uranium du Niger. Voilà quarante ans que les Français creusent dans la roche désertique d’Arlit, au nord du pays, pour en extraire du yellow cake – de la poudre d’uranium de couleur jaune – afin de faire tourner les centrales nucléaires qui produisent 80 % de leur électricité.
Pour les Nigériens, ce minerai est tout aussi stratégique : il représente 40 % de leurs exportations. A-t-on frôlé la rupture ? Sans doute. C’est pourquoi, le 26 mai 2014 à Niamey, Omar Hamidou Tchiana, le ministre nigérien des Mines, et Luc Oursel, le président du directoire d’AREVA, ont affiché un sourire qui ressemblait à un gros ouf de soulagement.
Fiscalité
Au coeur de la discorde, il y avait les exonérations fiscales dont bénéficiait AREVA au Niger.
Depuis le vote d’une loi minière en 1993, l’exploitant français – via ses deux filiales nigériennes, Somaïr et Cominak – payait une taxe ne dépassant pas 5,5 % de la valeur des ressources extraites. En 2006, sous la présidence de Mamadou Tandja, une nouvelle loi a porté la redevance à 12 %. AREVA a fait la sourde oreille en invoquant la convention minière décennale de 2004, qui en restait à 5,5 %.
Problème : ladite convention arrivait à échéance le 31 décembre 2013. Le président Mahamadou Issoufou, qui a lui-même été un cadre de la Somaïr dans les années 1980, s’est alors juré de faire plier son ancien employeur sur la taxe à 12 %.
Le 5 février 2014, Pascal Canfin, ministre français de l’époque délégué au Développement, déclare au Palais Bourbon : « Les demandes du Niger sont légitimes. » Le vent a tourné en la faveur de Niamey.
Pour ne pas passer à la caisse, AREVA a dramatisé l’enjeu.
« Vous savez, le site de la Cominak [près d'Arlit] n’est plus rentable, ont lancé l’an dernier les experts français à leurs interlocuteurs nigériens. Le site de la Somaïr [également près d'Arlit] est encore en bon état, mais l’autre est en fin de cycle.
Bluff ou réalité ?
À l’aide de quelques fuites opportunes dans la presse, le groupe français a voulu faire croire à son partenaire nigérien qu’il envisageait de fermer le site de la Cominak dans deux ou trois ans et qu’il comptait se redéployer au Kazakhstan, premier pays fournisseur d’AREVA, voire en Mongolie ou en Namibie, là où Anne Lauvergeon, le prédécesseur de Luc Oursel, a acheté une mine à un prix exorbitant.
>> Lire aussi : Guéguerre nucléaire au Niger
Des drones et des avions de chasse pour traquer les jihadistes
Le 1er janvier 2014, nouveau coup de bluff.
Au lendemain de la date d’expiration du contrat de 2004, AREVA arrête l’extraction sur ses deux sites « pour des raisons de maintenance » et met au chômage technique une bonne partie de ses quelque 3 200 salariés. Luc Oursel voulait en finir…
C’était compter sans la politique.
Tout bascule en février 2014, sans doute lors d’un échange discret entre Mahamadou Issoufou et François Hollande.
Les deux chefs d’État se tutoient depuis longtemps – ils se sont rencontrés en 1997, lors d’un congrès du Parti socialiste français à Brest. Au moment où le Niger accueille, sur l’aéroport de Niamey, deux drones et des avions de chasse français pour traquer les jihadistes du Sahel, Hollande peut difficilement dire non à une demande pressante d’Issoufou. Et AREVA étant détenu à 87 % par l’État français, Oursel ne peut pas refuser grand-chose à Hollande.
Dès le 5 février 2014, en réponse à une question « téléphonée » du député écologiste Noël Mamère, Pascal Canfin, ministre français de l’époque délégué au Développement, déclare au Palais Bourbon :
« Les demandes du Niger sont légitimes. » Aussitôt, les Nigériens comprennent que le vent tourne en leur faveur.
Les ONG et les écologistes français ont-ils été leurs « agents infiltrés » à Paris ? « Aujourd’hui, l’échiquier s’est enrichi d’un nouvel acteur de poids, la société civile. Et après quarante ans d’injustice à l’égard d’un pays dont 60 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, AREVA, qui a bénéficié de quelque 600 millions d’euros d’exonérations fiscales, a l’occasion de devenir socialement responsable », souligne le Camerounais Guy Gweth, consultant en intelligence économique et fondateur de Knowdys Consulting Group.
Luc Oursel, patron d’AREVA et le président Mahamadou Issoufou, lors de la signature de l’accord de Niamey, le 26 mai 2014. © Areva
La rénovation de la route de l’uranium
Selon l’accord du 26 mai 2014, le groupe français accepte donc de s’acquitter de cette fameuse taxe à 12 %. Et pour le Niger, le profit n’est pas mince. « Les impôts d’AREVA vont augmenter d’environ 30 %, glisse un ministre nigérien. Sur une année fiscale, nous attendons entre 20 et 30 millions d’euros de recettes supplémentaires. » Par ailleurs, le groupe minier s’engage à financer la rénovation de la « route de l’uranium » Arlit-Tahoua à hauteur de 90 millions d’euros. Le ministre nigérien des Mines promet : « L’accord sera rendu public après ma communication en Conseil des ministres. Et si les députés souhaitent en savoir plus, c’est avec plaisir que j’irai à l’Assemblée Nationale. »
Reste le sujet qui fâche : Imouraren
Au grand dam de Niamey, depuis 2012, AREVA ne cesse de reporter la date d’ouverture de ce site géant. L’accord du 26 mai 2014 soumet sa mise en exploitation à une remontée des cours de l’uranium. De bonne source, le document signé par les deux parties évoque les premières sorties de yellow cake en 2019 ou en 2020. Pourquoi le Niger ne remet-il pas Imouraren sur le marché international, comme le réclame le Réseau (nigérien) des Organisations pour la Transparence et l’Analyse Budgétaire (ROTAB) ?
« Soyons honnêtes, si nous récupérons Imouraren, rien ne dit que nous trouverons quelqu’un qui en lancera tout de suite l’exploitation, souffle un ministre nigérien. De plus, si nous mettions aujourd’hui les 5 000 tonnes d’Imouraren sur le marché, les cours de l’uranium tomberaient encore plus bas. Depuis la catastrophe de Fukushima [au Japon, en 2011], le marché est très déprimé.
Attendons la reprise. Le nucléaire a de beaux jours devant lui. »
http://economie.jeuneafrique.com/index.php?option=com_content&view=article&id=22248
« Le nucléaire a de beaux jours devant lui »…
Pas sûr l’ami ministre !
Mine d’uranium au Niger.
Mines d’uranium au Niger:
Un scandale nommé
COGEMA
Le nucléaire, l’uranium
et l’ « indépendance énergétique » française
Sur le site internet de COGEMA [1] on trouve les précisions suivantes: « Le groupe COGEMA est l’un des leaders mondiaux pour la production d’uranium naturel, il en produit de l’ordre de 7 000 tonnes par an soit environ 20% de la production mondiale. (…) En France plus de 70 000 tonnes d’uranium ont été exploitées depuis 1946. Les principaux gisements se situaient dans le Limousin, le Forez, la Vendée et l’Hérault (…). Dès le début des années soixante, les équipes de prospection du groupe COGEMA ont engagé des recherches hors de France (…). Les succès les plus remarquables ont été rencontrés au Gabon (près de 27 000 tonnes d’uranium découvertes et exploitées de 1960 à 1999) et surtout au Niger (près de 80 000 tonnes d’uranium produites depuis l’origine) (…) ».
L’année 1988 correspond à la production maximale des mines d’uranium en France mais à partir de cette date les fermetures de sièges miniers vont se succéder (a). Pourtant, huit ans plus tard, dans la publication CEA « Memento sur l’énergie 1996″ il est indiqué au chapitre « Réserves énergétiques françaises » que le taux d’indépendance de la France vis-à-vis de l’uranium est de 100% alors que les mines françaises sont en fin de vie. Dans les publications ultérieures ce chapitre a disparu.
Notons que cette façon de voir l’indépendance de la France est parfaitement logique dans le système économique actuel. La production d’une entreprise n’appartient pas au pays où l’entreprise est implantée mais à son propriétaire. Si les mines d’uranium en Afrique ou ailleurs sont la propriété de COGEMA alors l’uranium produit est français. L’économie moderne nous a permis de récupérer des territoires coloniaux que nous avions perdus. Une façon moderne de gérer la colonisation ! Ainsi, notre soit disant « indépendance énergétique » qui serait due à l’uranium vient, en réalité, d’Afrique depuis bien des années déjà, mais aussi du Canada, d’Australie, et COGEMA développe désormais des activités minières en Asie centrale dans des républiques de l’ex-URSS (Kazakhstan et Mongolie).
La réalité COGEMA
et ses mythes
(photo: Image tirée du film « URANIUM EN LIMOUSIN »
de Thierry LAMIREAU)
Une plainte avec constitution de partie civile pour pollution, mise en danger de la vie d’autrui, abandon et dépôt de déchets concernant tous les sites miniers du Limousin a été déposée contre COGEMA en mars 1999 par l’association Sources et Rivières du Limousin, trois ans après que plusieurs associations aient dénoncé la radioactivité des eaux du Lac de St Pardoux [2]. La COGEMA, en tant que personne morale, a été effectivement mise en examen le 30 août 2002 pour « pollution, abandon et dépôt de déchets ».
Comment est-ce possible ? Les habitants du Limousin et de tous les sites miniers ne doivent-ils pas être rassurés et heureux des activités menées par COGEMA – la prospection, l’activité minière et la réhabilitation après la fermeture des installations – si l’on en croit le panégyrique publicitaire de COGEMA qu’on peut trouver sur internet ? Citons quelques passages. Les activités minières COGEMA ce n’est pas seulement « Découvrir et produire » mais aussi: « Favoriser le développement durable (…) En fin d’exploitation, COGEMA réaménage les sites miniers pour les rendre au milieu naturel et maintient une surveillance sur les sites une fois réaménagés. Sans attendre la phase de réaménagement, COGEMA entreprend à chaque stade des opérations, des actions de précaution et de prévention, afin de minimiser les impacts et les risques environnementaux ». « La sécurité et la santé des travailleurs, COGEMA a été pionnière dans la profession pour la protection des mineurs contre les radiations ionisantes (…) ». « Les relations avec les populations locales, COGEMA est à leur écoute et contribue à la vie économique et sociale de façon adaptée à chaque situation : – Assistance médicale dans les pays ne disposant pas de système de santé publique (exemple de l’hôpital d’Arlit au Niger) (…) « Cette auto-complaisance a de quoi faire grincer les dents. Nous allons la confronter à deux réalités, celle du Limousin et celle d’Arlit au Niger.
COGEMA
et les mines d’uranium
en Limousin
(Photo: Mine d’uranium de BELLEZANE près de BESSINES en Haute-Vienne /
Film « URANIUM EN LIMOUSIN »)
Ne manquez pas de voir le film de Thierry LAMIREAU « Uranium en Limousin« [3] qui raconte une autre histoire, moins triomphaliste et plus triste, de sites saccagés, d’opposants, de travailleurs malades. L’histoire racontée par un médecin, de son patient qui a ses mouchoirs toujours jaunes comme est jaune la couleur du « yellowcake » issu des traitements chimiques du minerai d’uranium (b), qui va mourir et être autopsié et dont les résultats ne seront jamais communiqués.
Les oppositions à COGEMA ont été nombreuses en Limousin comme en témoigne la dizaine d’associations [4] créées au cours des ans dans toute la région. Michèle Granier (CLADE) nous fait un bref résumé: « En Limousin, la Division Minière de la Crouzille exploite l’uranium depuis 1949. Au début des années 1970 la contestation naît dans la population et une plainte en justice est déposée lorsque les déchets et matériaux provenant du démantèlement de l’usine du Bouchet [5] en région parisienne sont déversés dans une mine à ciel ouvert, Le Brugeaud, où sont stockées les boues de concentration du minerai. (Il a été question de 40 – 50 curies de radium 226 provenant du Bouchet). Il y a eu une grande variété de luttes ponctuelles, par exemple contre les permis d’exploitation dans les secteurs miniers.
(Photo: Dépôts de boues radioactives et chimiques sur le site de JOUAC en Haute-Vienne / Film « URANIUM EN LIMOUSIN »)
Dans les années 90 les opposants ont obtenu une pré-étude sur l’état radiologique des sites d’exploitation du Limousin, payée par les Conseils Général et Régional, effectuée par la CRIIRAD, association indépendante (Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité), et la société ALGADE choisie par la COGEMA. Les deux séries de mesures ont été concordantes mais pas l’interprétation des résultats ! Les conclusions de la DRIRE (Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement) ont été celles d’ALGADE qui dédouanent la COGEMA, en bref: l’exploitation minière n’a eu aucun impact sanitaire en Limousin.
L’inertie des élus et de la population aidant, les recommandations formulées par la CRIIRAD ont été enterrées.
(Photo: Fûts radioactifs abandonnés dans la nature par COGEMA/AREVA sur le site de MARGNAC en Haute-Vienne / Film « URANIUM EN LIMOUSIN »)
Mais cela n’empêche pas les problèmes de refaire surface très périodiquement: Réservoirs d’eau potable de la ville de Limoges contaminés par les eaux d’exhaure des anciennes mines d’uranium « abandonnées ou délaissées ». Lac touristique de Saint-Pardoux faisant de la « rétention » de radioactivité dans les sédiments ; maison à taux de radon record, vendue à des particuliers par COGEMA, que Kouchner – le Ministre de la Santé – fait évacuer, le tout avec procès à la clé (annulation de la vente au motif que COGEMA étant « expert en la matière » a réalisé une vente en connaissance du vice caché) ; plainte déposée par Sources et Rivières du Limousin pour empoisonnement des eaux du Limousin aboutissant en 2002 à la mise en examen de COGEMA (à suivre). Plainte le 2 octobre 2002 contre l’Etat français, Ministère de l’Environnement chargé des installations classées, déposée par l’ADEPAL [5] auprès de la Commission des communautés européennes au sujet de l’autorisation préfectorale accordée à COGEMA de stockage de 199 900 tonnes d’oxyde d’uranium appauvri à Bessines, dans des hangars de surface (c). (Avec la réponse récente de la CCE l’Etat a gagnéA suivre). D’autres actions ont eu lieu au cours des ans, on ne peut les citer toutes (d).
Hors Limousin
(Photo: Ancien site contaminé de MARGNAC en Haute-Vienne / Film « URANIUM EN LIMOUSIN »)
Concernant la Division minière du Forez, l’étude mandatée par le Collectif des Bois Noirs, la Mairie de Saint Priest la Prugne et les élus locaux sera rendue début 2003. (A noter que la fermeture du site date de 20 ans et que c’est l’état du site et les préoccupations de santé des populations qui obligent les élus à se pencher sur le problème (mesures de la contamination du site par la CRIIRAD et SUBATECH choisi par COGEMA).
Par ailleurs la Division Minière de Vendée a, elle aussi, demandé à la CRIIRAD de faire une étude qui a obligé l’industriel à reprendre certains sites. Quant à la Division de Lodève (Hérault) elle sert de vitrine de « réaménagement modèle » mais il faut noter que jusqu’à présent la contestation ne s’est pas fait entendre. Il se pourrait que s’engage le même processus que sur tous les sites visités par COGEMA ».
Le scandale d’Arlit.
COGEMA soit-disant: « pionnière pour la protection des mineurs d’uranium » !
Pour illustrer les « bonnes oeuvres » de la COGEMA en Afrique, le site minier d’Arlit au Niger est exemplaire et nous donnons ci-après la traduction par Anne-Marie Chenet (Stop Nogent) d’un article de Roger Moody publié par Wise-Amsterdam le 22 avril 1982 [6] :
« Scandale de l’uranium
au Niger »
« Des gamins de quinze et seize ans se font irradier dans les mines sous contrôle français au Niger. Il n’y a quasiment aucune protection contre l’inhalation de gaz radon. La main d’oeuvre, presque exclusivement des nomades Touaregs, reste totalement ignorante des effets de l’exploitation minière. La détection des radiations et les contrôles sanitaires sont inexistants. »
Ce ne sont là que quelques uns des faits rapportés par un réalisateur de télévision britannique qui, avec une équipe de caméramen de l’émission Panorama (UK) ont été les premiers étrangers à visiter Arlit dans la partie nord du Niger. [Le réalisateur] Christopher Olgiati est un jeune homme grand et mince, parlant avec aisance. Il n’exprime pas de griefs particuliers contre le gouvernement militaire du Président Kountché: de fait il le défend contre l’accusation qui s’est répandue selon laquelle le gouvernement aurait permis aux Libyens de détourner le minerai d’uranium. (Olgiati pense que c’est peut-être une désinformation qu’a fait courir la CIA).
Pour ce que j’en sais Chris Olgiati peut très bien être un défenseur de l’énergie nucléaire. Mais ce qui l’a choqué lors de sa visite durant dix jours de cette région uranifère, une des plus importantes de la planète, ce sont les conditions de vie de la main d’oeuvre locale. Et le contraste avec celles des Français qui occupent les postes de direction.
« Arlit est absolument au milieu de nulle part » m’a-t-il dit dans une interview en exclusivité. » C’est une oasis artificielle construite selon le modèle colonial. Elle a sa propre ville-dortoir avec supermarchés, courses de chevaux, produits de luxe importés de la métropole. Un incroyable choc culturel si l’on compare avec les travailleurs nomades ». Selon Olgiati c’est la main d’oeuvre nomade qui vient vers la compagnie plutôt que l’inverse. Souvent les nomades ne restent pas plus d’une semaine, prennent leur paie et s’en vont. Certains ne restent qu’une journée. « C’était la grande récrimination française » dit Olgiati, « les ouvriers ne font juste que passer ».
« Il va de soi que les Français n’informent pas les indigènes qu’ils travaillent dans les mines les plus dangereuses du monde, ils n’entendent jamais parler de mesures dosimétriques des rayonnements et un suivi sanitaire quel qu’il soit est impensable ».
« Un sympathique directeur d’Arlit nous a concédé que les nomades travaillaient dans l’ignorance absolue de ce qui pouvait leur arriver dans vingt ou trente ans ». Il y a de grandes mines souterraines à Arlit que l’équipe de la télévision a visitées:
« Une journée sous terre était plus qu’assez » a commenté Olgiati. « Le renouvellement d’air semblait correct mais le bruit du forage était insupportable. Je n’ai vu personne porter de masque. Les mineurs remontent des galeries en fin de journée recouverts de poussière radioactive de la tête aux pieds ». Arlit n’est pas la seule mine d’uranium du Niger mais elle a été la première et elle reste la deuxième en importance. La production commerciale a démarré en 1971 – la production a été de 1900 tonnes en 1980. La teneur moyenne en uranium est actuellement de 0,25% mais en 1978 elle atteignait les 3%. Si l’on se réfère au terrible taux de mortalité parmi les mineurs des mines de Kerr McGee dans les années 50-60 (et leurs conditions de travail étaient probablement meilleures qu’ici) cela signifie que les Français ont signé l’arrêt de mort de milliers de Nigériens dans les années à venir.
Seulement le tiers du consortium SOMAIR d’Arlit appartient au gouvernement nigérien. La COGEMA (filiale du CEA, Commissariat à l’Energie Atomique) en détient 27% tandis que la société IMETAL en détient aujourd’hui 19% à travers la compagnie française MOKTA. L’autre géant français de l’uranium MINATOME détient 8% des actions. Des parts moindres sont détenues par Urangesellschaft (6,5%) ouest-allemande et la société italienne AGIP (6,5%) (e). Mais la direction est solidement tenue par les Français. « J’ai eu l’impression d’être en première ligne » dit Olgiati.
« Arlit est très important pour les Français. Ils ont une station émettrice très puissante qui communique directement avec la France et ils ont littéralement haï qu’il y ait une équipe de télévision ici ». L’uranium du Niger est non seulement indispensable au programme électronucléaire massif de la France mais aussi à sa production d’armement (…). L’uranium est transporté vers le monde extérieur par camions vers le Bénin et aussi vers la Lybie par Agadez à 250 km au sud-est d’Arlit où l’avion prend la relève. Chaque convoi est gardé sévèrement mais des accidents et des déversements de « yellowcake » sont chose courante. « Il y a toutes sortes d’histoires qui circulent au sujet de déversements d’uranium hors des camions et qui contaminent les réserves d’eau » dit Olgiati.
Cependant, le plus grand danger est la mine elle-même. Ici, des gens parmi les plus pauvres de la planète travaillent dans un environnement parmi les plus mortels qui soient pour fournir l’énergie aux norias de trains mus à l’électricité des nations les plus riches et alimenter leurs bombes en combustible. Ils sont maintenus dans l’ignorance totale des conséquences de leur travail et lorsqu’ils mourront leur corps ne sera même pas soumis à la formalité d’un examen post-mortem [autopsie]. Il serait difficile de trouver un exemple plus frappant de néo-colonialisme rampant.
Remarque : Ce scandale des conditions de travail des mineurs d’uranium africains n’a jamais fait partie des préoccupations syndicales en France. Ni d’ailleurs des ONG comme Médecins du Monde que nous avons essayé de sensibiliser à ce problème, mais sans succès [7].
Ceci n’est pas étonnant puisque même en France les syndicats des mineurs d’uranium ne se sont guère intéressés à l’excès de mortalité par cancers chez les mineurs d’uranium en particulier par cancers du poumon. Bien plus, ils ont contribué à masquer le problème comme en témoigne le fait que la réunion sur le thème des déchets miniers et de la surmortalité par cancer chez les mineurs d’uranium [8] n’a pu se tenir à Bessines le 16 décembre 1993 que sous la protection des gendarmes pour empêcher l’intervention violente des dirigeants syndicaux (CGT) qui voulaient casser le matériel de projection de Thierry LAMIREAU.
Bella BELBEOCH
Lettre d’information du Comité Stop Nogent-sur-Seine n°95.
Références:
[1] COGEMA: Compagnie Générale des Matières Nucléaires, dont la présidente était Anne Lauvergeon (ancienne sherpa de François Mitterrand). Dans le cadre de la réorganisation de la filière nucléaire, création le 3 septembre 2001 par CEA-Industrie, Framatome et COGEMA, du groupe AREVA dont le directoire est présidé par Anne Lauvergeon. Dans AREVA: un pôle nucléaire avec COGEMA et Framatome ANP – Framatome Advanced Nuclear Power Inc.- (66% Framatome et 34% Siemens) et un pôle « technologie de l’information et de la communication » avec FCI (Framatome connections international) et ST Microelectronics. [Framatome ANP est très présent aux USA, entre autres pour assurer la maintenance des réacteurs]
[2] La Montagne, 7 sept. 2002 « La Cogéma mise en examen »
[3] Thierry LAMIREAU, 6 bis, route de la FULY 74150 RUMILLY. Uranium en Limousin, film/vidéo de 37 mn, 1ère version 1993, Copyright Thierry LAMIREAU 1995.
Plusieurs fois primé (entre autres): Mai 1994 2ème prix au Festival Audiovisuel des Cultures Minorisées d’Europe.Septembre 1994 « Meilleure oeuvre vidéo » 5èmes rencontres de l’Image-Nature et Environnement, Martigues. Novembre 1994 1er prix catégorie « amateur », Rencontres Documentaires Traces de Vie à Vic le Comte/Clermont-Ferrand. Mars 1995, Prix du Ministère de l’Environnement au Festival Eurorégional du Film d’Environnement de Roubaix. Projeté dans plusieurs festivals dont le Festival du Film Scientifique de Palaiseau (Novembre 1995) et le festival « Territoires en Images » (Institut de Géographie, Paris, Mars 2002).
[4] Amis de la Terre Limousin et Marche, APMA Association de la Protection des Monts d’Ambazac, ALV les Amis du Limousin Vert, APPSP Association pour la Protection du Pays de Saint-Pardoux, AICIN Association Intercommunale d’Information sur le Nucléaire, ADEMAU Association de Défense des Monts d’Auriat, CRIIRAD Marche-Limousin, CLAN Collectif Limousin pour une Alternative au Nucléaire, CLADE Coordination Limousine Anti-Déchets Radioactifs, ADEPAL Association de Défense du Pays Arédien en Limousin. Il en manque peut-être !
[5] En région parisienne, à l’usine du Bouchet (CEA) les murs de certains laboratoires étaient devenus jaunes-orangés, comme les poudres d’uranates traités… N’étant pas d’une santé florissante les travailleurs du Bouchet ont eu du mal à se recaser pour raisons médicales dans les centres CEA après la fermeture de l’usine en 1971 et certains devaient être licenciés ce qui est apparu comme le début d’une campagne plus générale de licenciements prévus par l’administration du CEA qui a entraîné une riposte du personnel (« Non à la politique du citron pressé, non aux licenciements »), les syndicats ont appelé à la grève le 5 mai 1971, largement suivie à Saclay.
Il n’y a pas eu d’étude épidémiologique sérieuse des travailleurs du Bouchet. Obtenir la reconnaissance en maladie professionnelle de ceux morts par cancer est un véritable parcours du combattant. En 1990 la décontamination du site n’était toujours pas terminée et suscita de multiples protestations d’habitants du voisinage (Ballancourt, Itteville, Vert-le-Petit) en particulier des Amis de la Terre. Le Parisien des 28-29 avril 1990 titrait « Essonne : 20 000 tonnes de déchets nucléaires dorment près de Paris ».
[6] WISE-Amsterdam, Number 134.967, 22.4.82 (WISE, World Information Service on Energy). Nous remercions Wise-Amsterdam pour nous avoir retrouvé ce document de 1982. (En 1982 Roger Moody habitait Londres. Militant très actif il a, entre autres, fondé un groupe de recherche et d’action en faveur des minorités indigènes coloniales, il collaborait à Wise-Amsterdam, et devait se rendre en Australie visiter une mine appartenant à COGEMA).Wise publie désormais un bulletin Nuclear Monitor conjointement avec Nuclear Information and Resource Service (NIRS, Washington- USA). Contact: WISE Amsterdam, PO Box 59636, 1040 LC Amsterdam, http://www.antenna.nl/wise
[7] Lors de cette rencontre le 12 mai 1987 avec plusieurs membres de Médecins du Monde (le président était à l’époque Bernard Kouchner) nous avons expliqué les problèmes liés aux mines d’uranium, l’importance des mesures de radioprotection (évidemment ces mesures ont un coût qui se répercute sur le prix de l’uranium), signalé ce témoignage paru dans le bulletin de WISE sur l’emploi d’adolescents Touareg. Nous leur avons suggéré de faire une enquête sur les conditions de travail à Arlit. Cela ne devait pas poser de problèmes car des médecins de MdM sont présents en Afrique. Aucun écho, si ce n’est qu’au cours de la discussion il est apparu qu’une des femmes présentes était descendue dans une mine souterraine d’Arlit (il y a aussi à Arlit des mines à ciel ouvert). Elle ne s’était pas inquiétée des conditions de travail mais a pali quand on a expliqué l’importance du radon et des poussières d’uranium sur l’incidence des cancers du poumon.
[8] Roger Belbéoch, « Les risques de cancer chez les mineurs d’uranium français« La Gazette Nucléaire 129/130, décembre 1993, p.10-15. Colloque Uranium et santé, Limoges novembre 1993.
Notes:
a) Dossier: l’uranium, par Pierre-Christian GUIOLLARD http://www.minerapole.com/f_/fi_01_1.html. Jouac, la toute dernière mine d’uranium française non loin de Limoges, a fermé le 31 mai 2001. D’après la publication CEA Informations utiles, Edition 2001, la répartition de la production d’uranium en 1999 par les compagnies du groupe COGEMA (5528 tonnes) était la suivante: Afrique 58% ; Canada 32% ; Jouac 8% ; divers (USA) 2%.
b) Le « yellowcake » est un concentré issu du traitement chimique du minerai. C’est un diuranate de couleur jaune. A Bessines ces traitements étaient effectués à l’usine SIMO (Société Industrielle des Minerais de l’Ouest). C’est sous forme de « yellowcake » que l’uranium est ensuite envoyé aux différentes usines de conversion.
c) La présence d’un tel tonnage d’oxyde d’uranium appauvri sous forme de poudre n’a guère mobilisé les antinucléaires hors Limousin. Et pourtant si un avion s’écrasait sur les hangars ou si un incendie se déclarait (acte malveillant, amorçage de réaction chimique transformant UO2 résiduel en U3O8 etc.) ce serait pire que la dispersion des oxydes formés par l’impact des obus utilisés dans la guerre du Golfe et au Kosovo car, dans les hangars, c’est déjà de l’oxyde d’uranium sous forme de poudre qui se disperserait.
d) Action collective symbolique réussie à Auriat: deux forages destinés à l’étude de l’enfouissement en couche géologique profonde de déchets radioactifs sont définitivement bouchés. Il ne s’agissait pas de la COGEMA mais de forages de l’Institut de Protection et de la Sûreté Nucléaire (IPSN).
Résidus radioactifs de COMINAK à l’air libre (plus de 10 millions de tonnes), source CRIIRAD, décembre 2003.
e) D’après Wise-Amsterdam (mise à jour 2 août 2002) deux groupes SOMAIR et COMINAK se partagent l’exploitation de l’uranium au Niger dans les sites respectifs d’Arlit et Akouta et COGEMA est majoritaire: SOMAIR: 56,86% COGEMA, 6,54% Urangeselschaft Allemagne, 36,6% ONAREM Niger. COMINAK: 34% COGEMA, 31% ONAREM Niger, 25% OURD Japon, 10% ENUSA Espagnehttp://www.antenna.nl/wise/uranium/uoafr.html
A lire :
- Le dossier de la Criirad, « Niger : mines d’uranium«
- Le Limousin radioactif
- Radon, un gaz mortel qui vient du sol
Les atomes du Limousin
(Thierry LAMIREAU)
Le DVD est disponible chez:
Thierry LAMIREAU
6bis, route de la FULY 74150 RUMILLY
Tél fixe: 09 52 12 70 03 Portable: 06 32 18 94 37
Email: t.lamireau@free.fr
PRIX (port compris): 25 euros
Interview de Thierry LAMIREAU (au format MP3, 18 Mo)
Lire sur le Radon: Une supercherie institutionnalisée pour se refaire une virginité (document Word) Lire: Communiqué de Presse, 30 0ctobre 2008
Les vaches pondent des oeufs
Les poules ont des dents
Les déchets RADIOACTIFS
En LIMOUSIN et ailleurs
Sont SANS DANGER
Ou comment redire quelques vérités oubliées… (document Word)
Un demi-siècle
d’exploitation
de l’uranium en Limousin
ou l’histoire
d’une odieuse supercherie
(Photo: Ancien site nucléaire de BESSINES en Haute-Vienne / Film « URANIUM EN LIMOUSIN »)
LE LOBBY NUCLÉAIRE
RÈGNE EN MAÎTRE
Depuis l’après-guerre, le CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique) puis ensuite la COGEMA (Compagnie Générale des Matières Nucléaires) ont toujours eu un comportement de colonialiste dans les régions comme le LIMOUSIN.
On promettait que toutes les Communes allaient s’enrichir grâce à l’exploitation minière de l’uranium ; c’est désormais le contraire qui se produit d’autant plus que l’industriel se désengage de plusieurs régions françaises.
Le CEA, la COGEMA ont toujours utilisé le vieux principe de la filière du nucléaire français : « Faites-nous confiance, on s’occupe de tout. De toute façon vous n’y connaissez rien ! »
Une politique dite « d’indépendance Nationale » incluant la construction d’une force nucléaire, un choix énergétique en faveur du nucléaire a conduit la France à être pendant de nombreuses années le principal producteur d’uranium de l’Europe Occidentale.
Désormais l’on veut toujours nous « faire avaler la pilule » en prônant l’indépendance de l’approvisionnement de l’uranium alors que la COGEMA est obligée d’acheter les consciences en prenant des parts importantes de marché dans toutes les grandes exploitations minières mondiales.
Cela a généré et générera encore de longs siècles des déchets radioactifs redoutables en amont et en aval de la chaîne du nucléaire.
Il est évident que depuis 1948 le CEA et la COGEMA ont travaillé comme ils l’ont voulu, sans aucune considération de l’environnement, des travailleurs et de la population. La France est le berceau de la Démocratie, pourtant depuis les découvertes des BECQUEREL et autres CURIE le lobby nucléaire règne en Maître.
Le point sur les mines en 1957.
DES SIMILITUDES
ENTRE LE DIKTAT
DU LOBBY NUCLÉAIRE
ET CELUI DU FASCISME
(Photo: boues radioactives servant de mélange au béton utilisé par les entreprises de construction en LIMOUSIN / Film « URANIUM EN LIMOUSIN »)
Rappelons par exemple que M Edouard PARKER (pro-nucléaire à souhait) fut membre du « Comité National pour l’Énergie Nucléaire », lié au « Parti Ouvrier Européen », parti d’extrême droite. Au Conseil Supérieur d’hygiène Publique de France, à l’Académie des Sciences règne toujours l’éminent cancérologue mais piètre pro-nucléaire Monsieur Maurice TUBIANA.
Il est très frappant de voir les similitudes entre le Diktat du lobby nucléaire et celui du Fascisme :
1/ « Parler à la masse et lui asséner une pâture préparée », dit GOEBBELS, pour des milliers de cerveaux simultanément.
2/ Le succès est le seul critère. Il n’y a pas de propagande bonne ou mauvaise. Il y a des propagandes qui réussissent et des propagandes qui échouent.
3/ La propagande ne distingue ni le bien du mal, ni le juste de l’injustice. N’est vrai que ce qu’on fait croire.
4/ On ne s’adressera ni à l’intelligence, ni au bon sens, moins encore à la conscience, mais à l’instinct et aux passions des foules.
5/ Les slogans les plus simples et les plus gros seront les meilleurs. « Plus le mensonge sera patent, plus le mythe sera absurde, mieux il prendra à condition d’être répété sans cesse, inlassablement. » (« Le Chercheur d’Absolu »/ Théodore MONOD page 101/ Éditions « LE CHERCHE MIDI Éditeur »). M Maurice TUBIANA ne se gène pas, lors de ses conférences, pour donner en exemple… M GOEBBELS. On pourrait continuer longtemps ainsi avec d’autres personnalités du même milieu.
L’EXPLOITATION MINIÈRE
DE L’URANIUM
ET SES NOMBREUSES
CONSÉQUENCES
(Photo: Fûts rouillés d’URANIUM « APPAUVRI » de l’ancienne usine militaire du BOUCHET sur le site de BESSINES / Film « URANIUM EN LIMOUSIN »)
L’exploitation minière et les nouveaux projets de stockage de matières radioactives entraînent de nombreuses conséquences:
· Pollution des eaux, de l’air et des sols.
· Accroissement des cancers ; problèmes immunitaires et dermatologiques.
· Baisse du tourisme.
· Forte dévalorisation des produits agricoles (dont les produits dits « biologiques »).
· Chute des valeurs immobilières.
· Accentuation du désert économique.
· Bref, c’est la mort annoncée d’une belle région, celle de l’arbre et de l’eau.
Depuis toujours il y a eu volontairement, de la part de l’Etat, du CEA, de la COGEMA, des différents services de l’administration, des gouvernements et politiques, une sous-évaluation des risques.
Comprenons que 50 millions de tonnes de « résidus de traitement » 200 km de galeries, des millions de tonnes de « stériles » (économiques mais pas sanitaires) ne peuvent laisser l’environnement indemne. Les « résidus de traitement » sont des déchets radioactifs, contenant plus de 80 % de la radioactivité initiale du minerai mais surtout ayant rendu cette radioactivité susceptible de dispersion dans l’environnement contrairement à la gangue minérale d’origine. L’infiltration par les eaux entraîne les radioéléments dont plusieurs sont classés parmi les plus radiotoxiques (le radium 226 par exemple), les vents dispersent le Radon (gaz radioactif), les populations environnantes sont ainsi soumises a ce que l’on appelle des « faibles doses radioactives« .
Ignorer le risque présenté par ces doses constitue non seulement une atteinte à un environnement sain des personnes vivant près des sites, mais c’est aussi remettre aux générations futures la responsabilité de la gestion de ces sites dont la radioactivité restera augmentée pour des millions d’années.
Faut-il rappeler que le CEA et la COGEMA ont toujours indiqué : « qu’ils enlevaient la radioactivité dans le LIMOUSIN grâce à l’exploitation des mines et aux usines de traitement des minerais d’uranium ! » C’est évidemment de la propagande et surtout une contrevérité scientifique.
En LIMOUSIN, les Associations découvrent les projets et mensonges, la presse révèle (parfois) et la COGEMA en profite pour avouer ou « régulariser » avec la complicité de l’administration.
Ainsi va la transparence à la mode.
(Photo: Ancienne mine d’uranium de MARGNAC en Haute-Vienne recouverte par la végétation près d’un chemin de randonnée ! / Film « URANIUM EN LIMOUSIN »)
Sous prétexte de ne pas affoler la population, on préfère ne pas informer et on laisse à une caste la responsabilité de décider à la place des gens et au moment où l’information vient sur la place publique, on rassure, on calme le jeu, on met en doute la bonne foi de ceux qui révèlent ces informations… et surtout on recherche en toute hâte, dans l’arsenal des textes réglementaires, l’alinéa ou la phrase dont la rédaction sera suffisamment ambiguë pour tenter de justifier l’injustifiable.
Avant 1992, la COGEMA, la DRIRE LIMOUSIN (Direction Régionale de l’Industrie de la Recherche et de l’Environnement, dépendant du Préfet), les Préfets, la DDASS (Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales), les élus disaient dans leurs communications officielles: « Il n’y a aucun déchet radioactif enfoui en LIMOUSIN ».
Dans sa lettre du 10 Juin 1998 le Directeur de l’ANDRA (Agence Nationale pour la Gestion des Déchets Radioactifs) m’indiquait : « Nous nous sommes rapprochés de la DRIRE LIMOUSIN, de l’OPRI (Office de Protection contre les Rayonnements Ionisants) et des éventuels propriétaires sur la foi de vos informations. Un premier constat s’impose: les sites que vous définissez comme contenant des déchets clandestins sont d’anciennes mines d’uranium et ne constituent pas des sites de déchets radioactifs aujourd’hui ! » (souligné par moi).
Dans ma lettre en réponse je précisais : « Pour le coup, ce que vous indiquez ici est véritablement un scoop ! «
Et de rappeler d’une manière technique mais non exhaustive ce qui le contredisait totalement : le rapport CASTAING d’octobre 1984, le rapport CRIIRAD (Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité) du 15 juin 1994 commandé par le Conseil Régional du LIMOUSIN et le Conseil Général de la HAUTE-VIENNE, le décret 66- 450 du 6 juin 1996 et ses annexes qui fixent les règles de classification des matériaux radioactifs, le rapport BARTHELEMY, le rapport DESGRAUPES, les rapports de l’OFFICE PARLEMENTAIRE D’ÉVALUATION DES CHOIX SCIENTIFIQUES ET TECHNOLOGIQUES concernant les déchets miniers, etc.
D’ailleurs en avril 1997 la DRIRE et le Préfet indiquaient (en se contredisant par rapport à la période antérieure à 1992) dans la « Synthèse des études et expertises relatives aux anciens sites miniers de la COGEMA » à LA CROUZILLE »Pendant la phase d’exploitation, des produits mai identifiés ont été déposés et mélangés aux résidus de traitement »… triste aveu ! quand on sait qu’un Préfet est « garant de la sécurité et de la salubrité publiques ».
LA SITUATION RADIOLOGIQUE
DU LIMOUSIN
EST AGGRAVÉE
(Photo: Fûts radioactifs concassés à l’abandon près d’un chemin de randonnée sur le site de MARGNAC en Haute-Vienne / Film « URANIUM EN LIMOUSIN »)
Il faut le dire franchement : la gestion morcelée et hypocrite du lourd dossier nucléaire en LIMOUSIN aggrave la situation radiologique de la Région.
Dans ce dossier, la vérité ne résulte pas d’une analyse de documents envoyés par l’administration, les producteurs ou détenteurs de déchets (à l’ANDRA) ni d’un modèle mathématique. La vérité est au bout d’une complète et minutieuse investigation sur tous les sites miniers.
Certains disent que cela aurait un coût important : ce n’est pas le problème des Citoyens à qui l’on n’a rien demandé depuis l’existence du Nucléaire en France sauf désormais de bien vouloir « s’occuper » des déchets dont l’État, l’ANDRA, les industriels, les politiques et les scientifiques ne savent que faire.
Comme je l’indiquais dans ma lettre au Directeur de l’ANDRA « Passez-moi l’expression, je crois que voir la Merde de ses yeux est très formateur surtout avec un compteur GEIGER-MULLER et des analyses des eaux, des sols et de l’air ».
Tous les « responsables » mais pas coupables doivent savoir que par leur ignorance, leur complaisance ou leur mensonge ils engagent injustement la Vie des générations Limousines futures.
Il faut rappeler ce que disait un ancien mineur de la COGEMA lors d’une manifestation de la CLADE (Coordination Limousine Anti-Déchets) devant le site nucléaire de BESSINES (87) le samedi 10 février 1996 »Vous feriez mieux de vous occuper de toutes les saloperies que la COGEMA a enfouies partout sans rien dire, notamment dans la mine des VIEILLES SAGNES« .
Photo: ancienne de la tour d’extraction du puits des Sagnes à Ambazac (Haute Vienne). Mine d’uranium exploitée entre 1952 et 1959, dépendant du siège de Fanay.
Ainsi, j’accuse personnellement tout mineur (syndicaliste ou non) de vouloir encore dissimuler les sites clandestins de stockage par omission : assainir les sites créerait de nombreux emplois pendant de longues années. Se taire c’est accepter les décès par cancers voire les leucémies comme on peut en trouver dans ces villages dits « à cancer » par les mineurs eux-mêmes !
On peut lire dans des documents de l’ANDRA (Inventaire National des Déchets Radioactifs):
« Ce qui compte avant tout, c’est la façon dont les déchets sont gérés sur place et leur environnement surveillé. Ainsi, une source radioactive « oubliée » ou « perdue », même de faible activité, est potentiellement plus dangereuse pour la Santé Publique qu’une usine où sont entreposés ou produits des déchets radioactifs sous surveillance. »
Le laboratoire de la CRIIRAD a indiqué dans son rapport sur les sites miniers « Vu les taux de radioactivité et les pollutions chimiques, radiotoxiques des eaux et des sols, les sites de la COGEMA et d’autres sont très au-dessus des lieux considérés comme INB (Installation Nucléaire de Base) »
Pour le présent, la COGEMA, laissée libre par l’administration de contrôler seule ses installations, n’a rien prévu du tout si ce n’est de « faire beau en surface »
On peut rappeler le Principe de Précaution inscrit dans le Traité de MAASTRICHT et dans la Loi française:
« Face à une incertitude scientifique ou face à des risques de dommages graves ou irréversibles, il ne faut pas remettre à plus tard l’adoption de mesures visant à prévenir la dégradation de l’environnement ».
A ce jour, toutes les plaintes déposées en relation avec ces problèmes ont été « classées sans suite » !
Les Directeurs successifs de la COGEMA en LIMOUSIN ont toujours indiqué lors de leurs visites « Portes Ouvertes » que la GARTEMPE (rivière située en aval des digues de déchets radioactifs) à Bessines (87) est le seul « Juge de Paix » ! On sait désormais que ce « Juge de Paix » indique que la COGEMA ment sur toute la ligne.
L’étude CRIIRAD présente une pollution majeure des sédiments de la GARTEMPE 70 km en aval du site nucléaire de BESSINES. Sur un sujet aussi grave qui condamne l’avenir d’une région, à l’échelle de la Vie Planétaire (thorium : période de 14 milliards d’années !), la Démocratie exige que l’on prenne et que l’on respecte l’avis des populations concernées.
Il est indigne d’avoir négocié, aux dépens des habitants du LIMOUSIN, un projet au bénéfice d’une économie avide de subventions, de taxes, d’artifices, destructrice de l’équilibre du tissu social. Reboucher des mines à ciel ouvert avec de l’eau, combler les anciennes galeries de béton, boues et autres ferrailles radioactives en provenance de sites nucléaires civils et militaires, cacher avec des « stériles » des lieux suspects ne coûte pratiquement rien à la COGEMA.
Photo de 1994.
Voir cette autre photo du Puy-de-l’Age de la Cogéma.
Malheur à ceux qui reprennent gratuitement (ou pour un franc symbolique !) certains de ces terrains : toute Municipalité ou toute Association qui va posséder ces lieux va, selon la Loi, acheter un passif. Si des problèmes de gestion des sites (voire sanitaires) apparaissent par la suite ce sont ces Municipalités et ces Associations qui devront payer le prix fort. La COGEMA, de ce fait, aura fait de sacrées affaires puisque, aux yeux de la Loi, elle ne sera plus responsable.
La COGEMA annonce dans ses plaquettes de propagande en quadrichromie: » Malgré cela, il n’a été constaté aucun impact sanitaire ». Cette entreprise prend les LIMOUSINS pour des imbéciles : la préexpertise CRIIRAD présente une pollution due à l’exploitation de l’uranium. Ce n’est pas une étude épidémiologique !
Que disent les ingénieurs de la DRIRE LIMOUSIN (cf. enregistrement d’une communication téléphonique du mercredi 19 mars 1997) ? :
« Le type de réaménagement est conforme à la réglementation. La COGEMA doit faire un autocontrôle ; elle doit prendre toutes les mesures et prendre les moyens de vérifier qu’il ne se passe rien. A la DRIRE on n’a pas beaucoup de matériels et de moyens humains pour mesurer. Réaménager un site c’est remettre ce qui était dessus. On a cassé l’équilibre d’avant, donc il faut recouvrir. En France il n’est pas interdit de rejeter des produits polluants. Il faut juste être en dessous des normes réglementaires. Si la réglementation change, on reverra les dossiers« . Belle approche des problèmes et des dossiers que celle de la DRIRE LIMOUSIN!…
ÉTUDES ÉPIDÉMIOLOGIQUES,
RAYONNEMENTS IONISANTS
ET PROTECTION DES POPULATIONS
(Photo: Détail de boues radioactives et chimiques sur le site de JOUAC en Haute-Vienne / Film « URANIUM EN LIMOUSIN »)
Cela m’amène à aborder rapidement le problème plus général mais essentiel des effets des rayonnements ionisants et de la protection des populations.
Il faudrait en France une étude épidémiologique autour de chaque site nucléaire civil et militaire pour bien cerner les effets liés à ce grave problème de Santé Publique.
Rendons hommage au courage et à l’honnêteté intellectuelle du professeur Jean-François VIEL pour ses travaux autour du site de LA HAGUE.
N’oublions pas le Radon (gaz radioactif) qui reste une « difficulté majeure de Santé Publique » (cf. rapport « Radon » de l’Organisation Mondiale de la Santé/1996) puisque les 3/4 des régions françaises sont concernées (cf. cartographie de l’institut de Protection et de Sûreté Nucléaire/1997).
Pour le compte de l’OMS et de l’IPSN, Madame Margot TIRMARCHE (épidémiologiste) indique une fourchette de 2000 à 7000 morts par an à cause du radon. D’autres épidémiologistes, considérant que l’on minimise volontairement les calculs, affirment que l’on pourrait aller jusqu’à 15000 décès.
Depuis 1997 le radon est inscrit sur la liste des substances cancérigènes chez les humains par l’ AGENCE INTERNATIONALE DE RECHERCHE SUR LE CANCER (IARC volume 43).
Reconnaître le risque radon
(cf. les rares interventions de l’État français)
c’est avouer l’avoir caché.
(Photo: Diffusion d’acide sur des boues radioactives pour récupérer un peu plus l’uranium. Diffusion énorme de radioactivité sur les lieux / Film « URANIUM EN LIMOUSIN »)
Les travaux du Docteur CHAMEAUD pour le compte de la COGEMA en HAUTE-VIENNE sont clairs:
« On sait que même pour des doses faibles qui peuvent exister, dans certaines conditions, à l’intérieur des habitations, le radon et ses descendants, surtout s’ils sont associés à la fumée de tabac, présentent encore un risque. D’ailleurs, dans quelques pays, cette question déborde actuellement le cadre de la pathologie professionnelle pour entrer dans celui de la Santé Publique ». (Documents internes de la COGEMA liés aux travaux du Laboratoire de Pathologie Pulmonaire Expérimental de RAZES en Haute-Vienne/Mai 1986).
Toute dose engendre des effets : la notion de seuil n’existe pas même si les pro-nucléaires disent le contraire de manière à nous refiler désormais incognito les produits faiblement radioactifs dus aux premiers démantèlements de centrales nucléaires. L’Europe accepte désormais des seuils dits « d’exemption » permettant toute dissémination de produits radioactifs « faiblement » contaminés.
L’OPRI a, par exemple, autorisé un fabricant de laine de verre à intégrer des déchets faiblement radioactifs dans ses matériaux, d’où inévitablement une augmentation de la radioactivité ambiante dans les habitations.
Ainsi dans l’hémisphère Nord en particulier et dans la biosphère en général, toutes les activités liées au nucléaire civil et militaire ont augmenté ce fameux « bruit de fond » sur lequel se base sans cesse le Monde du lobby nucléaire pour obliger les populations à subir un niveau de rayonnements ionisants plus élevé.
Le rapport de conversion (issu de la Commission Internationale de Protection Radiologique/CIPR) de la concentration moyenne d’activité du radon à l’équilibre dans le temps, en équivalent de dose efficace annuelle indique que : 1 mSV par an correspond à 20 Bq par mètre cube (20 désintégrations radioactives par seconde dans un mètre cube).
Même si la CIPR ne parle que « de dose efficace résultant de l’activité industrielle » l’effet reste identique sur le noyau cellulaire, l’ADN, l’ARN de tout individu même si cela est dû à la radioactivité dite « naturelle ».
Les normes de radioprotection pour le public à ne pas dépasser sont atteintes par un homme de 25 ans, de 70 kg, bien portant rien qu’en inhalation sans comptabiliser l’ingestion des descendants radioactifs de la chaîne de l’uranium.
On ne parle pas de la femme enceinte, de l’enfant ou du même homme deux ans plus tard. En France on ne fait que de vagues recommandations pour le radon. Rien n’existe dans la Loi ; de cette manière les responsabilités ne seront jamais posées.
La CIPR, l’AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, L’OMS, les DIRECTIVES EUROPÉENNES, les INSTANCES SANITAIRES Françaises et l’administration sont cependant responsables et coupables puisqu’elles ne tiennent pas compte uniquement des problèmes de Santé Publique.
Dans la mise en place de ces normes recommandées et non incluses dans la Loi est intégré un rapport coût économique/Santé Publique.
Ces « responsables » refusent
de protéger les populations :
Ils protègent avant tout le Nucléaire.
(Photo: Fûts radioactifs dans des boues radioactives et chimiques sur le site de JOUAC en Haute-Vienne / Film « URANIUM EN LIMOUSIN »)
D’ailleurs l’ancien Directeur du Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants représentant la France au sein de l’AIEA (le professeur Pierre Pellerin qui avait arrêté le nuage de TCHERNOBYL aux frontières françaises !) et le Ministère de la Santé indiquent: « Pour raison d’ordre psychologique et médiatique la limite de 1 mSV serait immédiatement dépassée en cas d’incident même mineur. Or la population n’acceptera pas, en situation accidentelle, que l’on applique des normes moins sévères que celles applicables en circonstances normales ».
Puisque nous sommes en Démocratie, il y a donc culpabilité des « responsables » pour une mise en danger d’autrui mais aussi pour une abstention délictueuse (on connaît les dangers et l’on ne dit rien).
En bref : les radiations ionisantes, même à faibles doses, dérèglent le métabolisme cellulaire, affaiblissent les défenses immunitaires et provoquent un stress organique menant au vieillissement prématuré de l’organisme.
D’ailleurs la courbe doses/effets n’est pas tout à fait linéaire les risques les plus dommageables pour le noyau cellulaire sont réalisés à faibles et très fortes doses. Il existe une progression plus lente à moyennes doses.
L’alibi des morts à cause du tabac ne tient pas longtemps mais les « responsables » omettent de le signaler : lorsque l’on fume une cigarette, des descendants du radon sont libérés et irradient le fumeur (polonium et bismuth), mais le dire signifierait que les faibles doses ont une action destructrice et participent aux nombreux décès annoncés (comme le goudron et la nicotine).
LE PROBLÈME MAJEUR:
LE RISQUE
D’UNE CATASTROPHE NUCLÉAIRE
EN FRANCE
Les « Atomes du LIMOUSIN » sont malheureusement très présents dans la vie des gens : effets liés à l’exploitation minière de l’uranium, problème du radon, problème grave de l’irradiation médicale dont j’aurais pu parler et problème primordial qu’il faut aborder: les centrales nucléaires et notamment celle de CIVAUX à 100 km de LIMOGES.
Comme le disent Bella et Roger BELBEOCH, physiciens (cf. « SORTIR DU NUCLÉAIRE C’EST POSSIBLE AVANT LA CATASTROPHE » /Éditions « L’esprit FRAPPEUR » n°20/10F): « le problème majeur est le risque d’une catastrophe nucléaire en France ».
En LIMOUSIN il faut donc rajouter ce danger à tous les autres. Il suffit d’une seule centrale et d’une seule fois.
Je ne parle pas non plus d’une éventuelle mise en place d’un stockage « profond » à 100 km de LIMOGES (toujours dans la Vienne) des déchets hautement radioactifs dont nul ne sait que faire.
UNE URGENCE:
SORTIR TRÈS RAPIDEMENT
DU NUCLÉAIRE
Je rejoins donc l’analyse des BELBEOCH : sortons du nucléaire très vite avant la catastrophe car après il sera trop tard ; plus nous attendons plus nous allons droit à l’impasse, plus nous retournerons dans un nouveau cycle nucléaire.
Des décisions importantes doivent être prises en LIMOUSIN comme ailleurs mais la population n’est pas au Pouvoir et le Pouvoir n’est pas aux États mais à la « Mafia » internationale pronucléaire.
Le nucléaire est un piège. Le MOX (« mixed oxides »), l’enfouissement profond, le stockage en subsurface, la transmutation des déchets (car elle est inimaginable hors des réacteurs), affirmer que les énergies renouvelables peuvent progressivement remplacer le nucléaire sont un leurre.
» Méfions-nous de ceux qui aujourd’hui se présentent en gestionnaires rigoureux pour demain alors que nous devons faire face à leur catastrophique imprévoyance d’hier ».
Les « responsables » et coupables de ce Monde hyper nucléarisé paieront-ils un jour leurs crimes contre l’Humanité ?…
Thierry LAMIREAU
Auteur du film « URANIUM EN LIMOUSIN »
Imouraren (NIGER):
AREVA accusée de violer ses engagements
Publié par: Lamine SOULEYMANE (La Roue de l’Histoire N°628)
Les conditions d’extraction de l’uranium qui seront mises en oeuvre au niveau de la mine d’Imouraren ne sont pas celles décrites dans l’étude d’impact initiale signée entre le gouvernement nigérien et AREVA.
Telle est la substance du communiqué de presse rendu public le samedi 1er septembre 2012 par la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD) et l’Ong nigérienne de protection de l’environnement AGHIR IN MAN. En effet, la mise en commun des informations dont disposent les deux associations a permis de découvrir (…) que « le rapport de l’étude d’impact sur l’environnement (REIE) du projet d’Imouraren qu’AREVA a soumis aux autorités nigériennes et qui a fait l’objet en juillet 2008 d’un certificat de conformité environnementale délivré par l’Etat du Niger viole clairement la réglementation nigérienne en vigueur», relève ce communiqué.
Les deux ONG ont dit relever une supercherie que le géant du nucléaire civil, AREVA veut fomenter à l’insu de l’Etat du Niger. Dans son étude d’impact sur l’environnement, AREVA avait indiqué que l’uranium serait extrait des minerais selon deux techniques : 58% par lixiviation dynamique et 42% par lixiviation par tas produisant au total 245 millions de tonnes de résidus radioactifs en 35 ans d’exploitation. Toutefois, souligne ce communiqué, lors de la réunion du comité local d’information qui s’est tenue à Arlit en décembre 2011, AREVA va annoncer que l’ensemble des minerais seraient finalement traités par lixiviation en tas contrairement à ce qu’elle a pris comme engagement dans l’étude d’impact initial.
Ceci constitue une modification fondamentale du projet tout entier qui nécessite une révision de l’étude d’impact. Face aux réelles menaces que cette décision d’AREVA constitue tant pour l’environnement physique que pour la santé des populations, la Commission de Recherche et d’Information indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD) et l’Ong nigérienne de protection de l’environnement AGHIR IN MAN a alerté le gouvernement nigérien et exigé d’AREVA une nouvelle étude d’impact environnemental pour son projet d’exploitation d’uranium à Imouraren et d’apporter des réponses précises aux questions relatives à l’impact hydrogéologique et à l’entreposage des déchets radioactifs, ainsi que les moyens de compensation pour les populations touchées.
D’ores et déjà, ce communiqué relève que des «puits sont asséchés dans l’environnement du site d’Imouraren». Selon l’étude d’impact initiale d’AREVA, «l’extraction de l’uranium d’Imouraren entraînera une forte consommation d’eau de la nappe fossile, estimée entre 12 et 13 millions de mètres cubes par an et conduira à un assèchement local des nappes du Tchirezine et du Teloua dans l’environnement proche en fin d’exploitation», précise-t-on. Pour atténuer et compenser cet impact, AREVA indiquait dans l’étude d’impact initiale que des nouvelles études hydrogéologiques allaient être réalisées. Le péril est déjà là car l’ONG AGHIRRIN’MAN a récemment constaté dans le cadre d’une visite de terrain, que de nombreux puits traditionnels utilisés par les populations locales de la région étaient asséchés.
Selon les témoignages recueillis sur place auprès des populations concernées, cet assèchement est un phénomène nouveau. En attendant de trouver une solution à ce problème, les populations sont contraintes d’utiliser pour tout besoin les eaux de surface déposées par les pluies. Un autre fait nouveau qui ne figure pas dans l’étude d’impact initiale qu’AREVA veut imposer aux populations est son intention d’amputer 450 KM2 d’espaces pastoraux pour ériger, autour du complexe industriel d’Imouraren, une zone exclusive «sanitaire» inaccessible tant aux populations qu’aux animaux. CRIIRAD et AGHIR IN MAN se sont dites convaincues que, «l’extraction de l’uranium conduira à la production de centaines de millions de tonnes de résidus radioactifs dont AREVA n’est pas actuellement en mesure de définir comment en sera garanti le confinement pendant des centaines de milliers d’années».
A l’appui de leur inquiétude, les deux ONG font cas des mines d’uranium d’Arlit exploitées par les filiales d’AREVA, où environ 45 millions de tonnes des résidus radioactifs sont actuellement à l’air libre depuis plus de 40 ans. Les poussières radioactives et le radon peuvent se disperser au gré des vents, prévient le communiqué de presse de CRIIRAD et AGHIR IN MAN.
http://www.tamtaminfo.com/imouraren-niger-areva-accusee-de-violer-ses-engagements/
Conférence de presse
CRIIRAD AGHIRIN’MAN le 12 juin 2014 au Sénat
Collaboration scientifique
Greenpeace International / CRIIRAD (06/05/2010)
Le 6 mai 2010, Greenpeace International et la CRIIRAD ont rendu publique
une étude sur l’impact de l’exploitation des mines d’uranium au Niger.
RAPPORTS SCIENTIFIQUES CRIIRAD (en français):
CRIIRAD SCIENTIFIC REPORTS (in english):
GREENPEACE INTERNATIONAL PRESS RELEASE (English version):
http://energie-climat.greenpeace.fr/au-niger-areva-empoisonne-l-eau-l-air-et-la-terre
Archives CRIIRAD :
L’impact de l’extraction de l’uranium
au Niger :
Le discours de AREVA et la réalité du
terrain (synthèse de 2008)
Mission CRIIRAD au Niger en 2003 : visionner l’extrait du film « Nucléaire, une pollution durable » sur les conditions d’exploitation des mines d’uranium au Niger.
Réalisation : Dominique Berger ; production et co-scénario : Paul Lannoye. Date du tournage : décembre 2003.
1 / Les activités d’AREVA au Niger. L’exploitation de l’uranium (A1). (pdf – 260ko)
effectuées ou coordonnées par son laboratoire au Niger, de décembre 2003 à mai 2007 (mesures in situ
et analyses radiologiques en laboratoire) et de l’analyse de documents publiés par AREVA. La violation
des règles de radioprotection et la pollution de l’environnement.
Mission CRIIRAD au Niger (déc. 2003) / M. Almoustapha Alhacen, président de l’ONG AGHIR IN MAN
ARCHIVES:
• La CRIIRAD et l’association AGHIR IN MAN renforcent leur partenariat au Niger.
30/07/2009 - Communiqué CRIIRAD
• Des ferrailles et textiles contaminés dans le domaine public à Arlit.
31/07/2009 - Lettre de la CRIIRAD à Madame Lauvergeon
• Le charbon au service du nucléaire au Niger :
La question de l’impact des installations de la SONICHAR.
30/07/2009 - Communiqué CRIIRAD
• Soutenir les ONG du NIGER !
26/06/2006 – Communiqué CRIIRAD (word) - (pdf)
• Rapports d’enquête SHERPA et CRIIRAD sur l’impact de l’exploitation de l’uranium par des filiales du groupe Cogéma-AREVA au Niger – avril 2005.
- Invitation à la conférence de presse CRIIRAD – SHERPA
du 25 avril 2005 (word) – (pdf)
- Impact de l’exploitation de l’uranium par les filiales de COGEMA-AREVA au NIGER – Note CRIIRAD. (word) – (rtf) – (pdf)
- Rapport d’enquête SHERPA. (word) – (pdf)
• Somaïr refuse les congés qui auraient permis à M. Almoustapha ALHACEN, président de l’ONG AGHIRIN’MAN d’assister au Colloque sur la Prévention des Risques organisé par la CRIIRAD les 1 et 2 avril 2005 à Lyon.
- Echanges de courriers CRIIRAD / SOMAÏR. (word) – (pdf)
- Déclaration de M. ALHACEN diffusée lors du colloque. (word) – (pdf)
• Réaction de la CRIIRAD et de SHERPA à la mission de communication du groupe Cogéma-AREVA.
- Communiqué de presse CRIIRAD – 16 fév. 2005 (word) – (pdf)
« Communication du groupe COGEMA-AREVA sur les conditions d’exploitation de l’uranium au Niger ».
- Communiqué de presse SHERPA – 16 fév. 2005. (word) – (pdf)
« Arlit (Niger) : de sérieuses interrogations sur l’origine des problèmes de santé subsistent ».
• Mission préliminaire CRIIRAD / SHERPA au Niger – décembre 2003.
- Compte rendu de mission CRIIRAD – (word) - (pdf avec photos)
- Complément photographique de la mission CRIRAD. (html)
- Communiqué de presse CRIIRAD – 18 déc. 2003. (word) - (pdf)
- Communiqué de presse de SHERPA – 19 déc. 2003. (word)
- Compte rendu de mission SHERPA – décembre 2003. (word)
« Pré rapport de mission à ARLIT / NIGER ».
• Le Réseau Sortir du Nucléaire lance une souscription:
« Afin de pouvoir organiser une mission d’inspection indépendante des mines d’uranium d’AREVA au Niger avec des experts scientifiques de la CRIIRAD, le Réseau Sortir du nucléaire appelle les citoyens à participer à une souscription nationale. » www.sortirdunucleaire.org
Plus d’infos sur la CRIIRAD:
http://www.criirad.org