SOUVENIR D’UN WEEK-END A LA BNF POUR LE CONCOURS PHONURGIA NOVA 2016 (Thierry LAMIREAU/lesoufflecestmavie.unblog.fr)
Souvenir d’un weeek-end
à la BNF
pour le concours
PHONURGIA NOVA 2016
(Thierry LAMIREAU)
Dans son mot d’introduction, sur la plaquette du programme PHONURGIA NOVA AWARDS 2016, Marc JACQUIN a fait référence à Pierre SCHAEFFER et aux « auteurs capables des explorations radiophoniques les plus audacieuses ».
En tant qu’auditeur j’ai pu découvrir de MAGNIFIQUES œuvres d’auteurs et notamment dans la catégorie « Prix Découvertes Pierre SCHAEFFER ».
Comme l’a souligné le réalisateur Alexandre PLANK, membre du jury, « les jeunes réalisateurs de cette catégorie auraient pu haut la main participer aux autres catégories tellement le niveau était élevé pour ce groupe ».
Pendant ces deux jours j’ai pris beaucoup de plaisir à l’écoute de cette sélection.
Globalement, à mon avis, rien de nouveau dans les catégories « Field recording » « archives de la parole » et « Radio Art ».
L’art de la « Fiction Francophone » et des « Prix Découvertes Pierre SCHAEFFER » a été plus intéressant pour moi car plus complexe et complet à réaliser.
Le jury a été sensible au sujet d’Aurélia BALBONI « Les mots de ma mère » ou l’on découvre le décalage entre le monde de la fille et celui de la mère atteinte d’une maladie neurodégénérative.
Le jury a apprécié le traitement du sujet difficile et a voulu « transmettre son émotion » face à la situation présentée par Aurélia BALBONI et les studios ACSR et CINETROUPE.
Jean-loup GRATON, membre du jury, a voulu « s’autoriser à une certaine subjectivité ».
C’est le choix et le droit du jury. Cela ne se discute pas.
Cependant, il est surprenant d’entendre parler ainsi de « subjectivité » de la part de professionnels du son et de la parole. C’est comme si un journaliste nous parlait d’objectivité dans son travail !
TOUT CHOIX EST SUBJECTIF…
Attribution des prix:
http://phonurgianova.blog.lemonde.fr/
Et pour mon sujet sélectionné ?
David COLLIN s’est exprimé en disant: « c’est faire des archives avec des archives » !…ou comment ne pas dire que mon traitement est ringard, vieillot, etc. Pascal MOUNEYRES a « regretté que je ne sois pas allé plus loin dans mon essai de fiction » et tous les autres membres du jury n’ont pas souhaité s’exprimer dans le débat public.
Soyons clair. Je n’ai absolument pas voulu entrer dans l’originalité de la présentation.
Je suis resté volontairement dans le « non original » en présentant un reportage (résumé de l’histoire de RADIO LIMOGES jusqu’à RADIO FRANCE), un entretien (avec Georges Emmanuel CLANCIER, poète, romancier et grand acteur de l’histoire de la radio dont à RADIO LIMOGES) et un essai de fiction très modeste.
Certains ont parlé de « redondances »…c’était volontaire de ma part.
Le jury a « pris son pied » avec le document « Soundwalk Collective » sur des archives de Jean Luc GODARD.
Côté redondance, on était servi !…ah non, pardon, c’était des répétitions artistiques…nuance. C’était « comme un film de GODARD sans les images » ont dit certains membres du jury. Certes, le sujet était bien ficelé techniquement. Personnellement je me suis bien ennuyé au bout de cinq minutes…mais bon, le nom était lâché…alors attention, GODARD, pas touche !
Il est clair que la petite partie « fiction » de mon sujet ne pouvait absolument pas rivaliser (vu le sujet très simple de l’auditeur « basique » dans sa voiture) avec les autres fictions merveilleuses au texte souvent « léché » et littéraire.
Il est évident que mes petits moyens techniques à domicile ne pouvaient rivaliser avec ceux de studios privés ou officiels de radios. Cependant, j’ai estimé que ma voix, (pas pro du tout) convenait totalement au petit sujet de fiction proposé.
En définitive, je me suis demandé ce que je faisais dans ce concours…
J’ai pensé simplement (naïvement donc) que ma présentation de l’histoire d’une radio et de ses archives très rares pouvait entrer dans la catégorie « Prix Archives de la Parole ».
Faut-il rappeler que j’ai pu sauver et « gérer » pendant 17 années 8m3 d’archives trouvées dans des poubelles, le garage et le grenier de RADIO LIMOGES !
A l’époque l’INA ne « souhaitait pas récupérer les archives d’une station régionale »…17 ans plus tard l’INA, ayant changé de politique de gestion de certaines archives, s’est réveillé en envoyant un camion avec deux techniciens pour récupérer le lot chez moi et tout rapporter dans les locaux de l’INA ATLANTIQUE.
Si le jury s’est dit « ému » à l’écoute du témoignage « Les mots de ma mère », j’ai bien noté qu’il n’était pas autant ému par l’écoute de voix contenues dans mes exemples d’archives. C’est son choix.
Encore une fois, nous réagissons SUBJECTIVEMENT.
Personnellement, j’ai vécu pendant des années une situation similaire avec ma pauvre mère. Il est clair que mon « émotion » a été différente de celle du jury. Je n’ai pas trouvé autant d’originalité dans le sujet « Les mots de ma mère »pour cette raison.
Par contre, j’ai ressenti beaucoup d’émotion en découvrant ces voix oubliées par TOUS lorsque j’ai posé un 78 tours ou les vieilles bandes magnétiques en galette sur les plateaux de mes magnétophones.
Donc, en résumé, à la question, ai-je présenté un sujet « original » ? La réponse est NON.
Un questionnement chez moi
Je me suis donc demandé ce qui pouvait expliquer un si grand décalage entre l’avis du jury et le choix du Comité de Sélection de PHONURGIA NOVA.
J’ai directement posé la question à Marc JACQUIN qui m’a simplement et très rapidement répondu: « c’est le choix du Comité de Sélection ».
Bon d’accord, mais pourquoi avoir gardé mon sujet parmi les 34 participants alors qu’au départ il y avait 199 envois ? Là, pas de commentaire.
Je n’ai donc pas de réponse par rapport à mon questionnement ce qui me met très mal à l’aise.
Autre interrogation, liée cette fois à la diffusion publique des fichiers sonores dans l’auditorium de la BNF.
Pendant ces deux jours, TOUS les sujets ont été diffusés à un niveau sonore très correct qui vous mettait dans l’ambiance sans trop d’agressivité.
D’ailleurs, PHONURGIA NOVA a communiqué sur internet pour montrer ses essais de matériel ( très bons HP de marque CABASSE) et de niveau sonore.
L’on a pu ainsi apprécier une oeuvre où l’auteur mélangeait un craquement vierge de 33 tours sur des sons numériques actuels. Ce craquement était même diffusé seul à un niveau faible que l’on entendait très bien.
Or, mon sujet a été le SEUL a être diffusé à un niveau sonore très FAIBLE. Ce qui a détruit totalement mon travail où l’on rencontrait la dynamique de 78 tours et le son plus faible d’une pluie d’orage dans la fiction.
J’étais même obligé de faire un effort pour comprendre les paroles alors que je connaissais le montage ! Que dire des auditeurs dans la salle ?
J’ai souligné en direct le problème à Marc JACQUIN. Ils ont simplement remonté très légèrement le niveau sonore (pas suffisant) pendant la diffusion de mon sujet. Quoi de mieux pour dézinguer mon travail !
Pour le respect de ce que je présentais (quoi que l’on pense sur le fond), il aurait été correct de tout arrêter et de recommencer la diffusion à un niveau sonore semblable aux autres concurrents.
C’est d’ailleurs ce qui a été fait pour un autre concurrent lorsque la lecture a été mauvaise au début.
Me concernant, la réponse de Marc JACQUIN aura été de dire que: « Certaines personnes avaient trouvé la diffusion des sujets d’avant trop forte ».
Petit problème, TOUTES LES AUTRES DIFFUSIONS ont été proposées à un niveau correct, normal, plus fort.
Je n’ai rien à dire de plus sur l’avis du jury très compétent.
J’estime simplement assez DOMMAGEABLE que le comité ait agit ainsi avec mon enregistrement.
Le « milieu du son »
Enfin, j’ai eu l’impression que le fonctionnement du « milieu du son » restait dans « l’entre-soi ». Mais rien d’étonnant, cela existe aussi dans d’autres sphères.
J’ai noté aussi une belle incohérence:
Le prix « Field Recording » a été remis par un lobby de…la CHASSE !
Il faudra m’expliquer comment l’esprit des « Chasseurs de Sons » est proche de celle de chasseurs généralement « viandards ». (je ne mets pas en cause les chasseurs qui partent à la chasse surtout pour être dans la nature).
Il faut noter que d’autres auteurs ont émis un texte pour signifier leur désaccord:
http://audioblog.sonatura.com/wp-content/uploads/2016/07/lettre_ouverte.pdf
Donc, en résumé, une écoute personnelle des différents sujets très intéressante et un gros malaise par rapport à mon sujet pour les raisons citées précédemment.
Bref, tout ceci n’est PAS BIEN GRAVE mais je voulais le dire.
En espérant que la mémoire sonore soit vraiment prise en considération un jour dans les espaces culturels de notre pays…
Thierry LAMIREAU
Rappel de mes enregistrements.
Le court pour la diffusion:
Le long pour la compétition:
https://soundcloud.com/lamireau-thierry/interview-ge-clancier-la-radio-a-limoges-et-a-paris
NOTA:
Les dates indiquées pendant l’enregistrement de la fiction sont celles des diffusions précisées sur les 78 tours…et pas celles du décès de Jean GIRAUDOUX par exemple !
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