CENTRAFRIQUE: L’OPERATION FRANCAISE « SANGARIS » EST LANCEE…LES AVIONS RAFALE AVEC LEURS ARMES A L’URANIUM « APPAUVRI » AUSSI ! (Thierry LAMIREAU / lesoufflecestmavie.unblog.fr / Cordélia BONAL / Maria MALAGARDIS / AFP / Libération / Alain BARLUET / Le Parisien.fr / Le grandsoir.info / Capitaine MARTIN /)

La France intervient en Centrafrique:

Les Avions RAFALE

commencent leurs attaques…

avec, comme toujours,

des armes

à l’URANIUM

« APPAUVRI » !

Pour arrêter des crimes contre l’Humanité,

la France va commettre…

des crimes contre l’Humanité !…

en utilisant des armes

à l’URANIUM « APPAUVRI » !

Et la presse, comme toujours, respectera l’OMERTA…

et se taira !

Les forces françaises en Afrique

Centrafrique:

Pourquoi la France intervient

Des soldats français à Bangui ce jeudi.
                (Photo: Des militaires français à Bangui / 
Emmanuel BRAUN / Reuters)
DÉCRYPTAGE

Où se trouve ce pays ? Qui est l’ennemi ? Le conflit est-il religieux ? Tout comprendre de l’intervention militaire française qui vient de débuter après l’annonce du président de la République.

carte situ bangui centrafrique

L’opération «Sangaris» – du nom d’un petit papillon rouge éphémère– a commencé. Lors d’une courte intervention télévisée, le Président de la République François Hollande a annoncé, jeudi 5 décembre 2013, une action militaire «immédiate».

Ce jeudi, les tirs ont retenti et fait plusieurs dizaines de morts à Bangui, la capitale de la Centrafrique. Le Conseil de Sécurité de l’ONU a donné dans l’après-midi son feu vert à l’intervention et les militaires devraient maintenant entrer en action. Sept questions pour comprendre l’intervention française sur cette ex-colonie située au centre de l’Afrique.

LA CENTRAFRIQUE, QU’EST-CE QUE C’EST ?

C’est un pays de forêts et de brousse un peu plus grand que la France, en plein milieu du continent africain (comme son nom l’indique). Ex-colonie française, le pays est indépendant depuis 1960 et en crise chronique depuis. Les deux langues officielles y sont le sango et le français. La population est de 4,5 millions d’habitants seulement, en grande majorité des chrétiens, mais aussi des musulmans, surtout au nord.

La majeure partie du pays – à l’exclusion de la capitale Bangui, située à l’extrême sud du pays, à la frontière avec la République démocratique du Congo (RDC) – est abandonnée depuis des années par l’Etat et la proie de bandes armées. Pays très pauvre et corrompu, la République centrafricaine a pourtant des ressources importantes, y compris du pétrole et des diamants. Des gisements mal évalués et encore peu exploités mais qui représentent un enjeu potentiel dans le conflit en cours.

POURQUOI LA FRANCE S’ENGAGE-T-ELLE ?

Paris va tenter d’enrayer le chaos en cours. Plus d’1,5 million de Centrafricains, soit un tiers de la population, ont besoin d’aide de toute urgence. Pour échapper aux machettes et aux kalachnikovs, des dizaines de milliers de familles se cachent dans la brousse. L’actuel président, Michel Djotodia, n’a plus aucun pouvoir. L’objectif est donc humanitaire et sécuritaire. Il est aussi stratégique. Le vide sécuritaire risque de déstabiliser toute la région. L’enjeu tient à la position de la Centrafrique, enclavée entre le Cameroun, le Tchad, le Soudan et la République démocratique du Congo. La France veut éviter le scénario d’une vaste zone de non-droit ouverte à tous les trafics et base arrière potentielle de groupes islamistes.

QUI EST L’ENNEMI ?

Contrairement au Mali où la cible était claire (les jihadistes), la situation est plus complexe en Centrafrique. Dans le rôle des méchants, on trouve la Séléka («alliance», en sango), groupe armé qui a beaucoup recruté ces derniers mois. Créée en décembre au nord du pays, la Séléka a conquis la moitié de la Centrafrique en quelques semaines, semant la terreur et pillant à tout va. C’est elle qui a renversé en mars le président François Bozizé. Mais la Séléka est un groupe hétéroclite de «rebelles» locaux et de mercenaires venus des pays voisins. Sa stratégie et ses objectifs sont difficiles à cerner, et ses bandes ne semblent pas se coordonner. Face à elles, des milices «anti-balakas» («anti-machettes») se sont constituées, au départ pour s’en défendre. Mais elles s’en prennent aussi à des civils et alimentent le cycle de la violence.

Seleka fighters roll marijuana as their commander, General Yaya, meets with Multinational Force of Central Africa (FOMAC) peacekeepers at the FOMAC camp in Bossangoa, Central African Republic, November 25, 2013. With the country slipping deeper into chaos, former colonial power France plans to boost its force there to around 1,000 troops to restore law and order until a much bigger African Union force fully deploys. The land-locked country has been gripped by violence since the mainly Muslim rebels, many of

Des hommes de la Séléka le 25 novembre 2013 à Bossangoa, dans l’ouest du pays.

 (Photo: Joe Penney. Reuters)

LE CONFLIT EST-IL RELIGIEUX ?

Non, mais il le devient. Jusqu’à présent, les différentes communautés ont toujours vécu en bonne entente. Mais l’arrivée de la Séléka, dont les hommes sont en majorité musulmans (pratiquants ou non), a exacerbé le sentiment d’appartenance religieuse. Les milices d’autodéfense, à dominante chrétienne, ont commencé à s’attaquer à des musulmans civils en représailles des exactions commises par la Séléka. Ce mardi, au moins douze éleveurs peuls musulmans ont été tués à la machette près de Bangui par des milices formées essentiellement de chrétiens.

LA FRANCE ENVOIE COMBIEN D’HOMMES ?

1 200 soldats. 400 militaires français étaient déjà en place, l’armée française ayant maintenu ces dernières années une présence à Bangui. 200 autres sont arrivés ces derniers jours. Dans les jours qui viennent, une dizaine de rotations d’avions gros porteurs Antonov 124 achemineront le matériel nécessaire à l’installation du contingent français.

French soldiers stand guard during a patrol to check on the safety of French nationals in Bangui November 29, 2013. REUTERS/Joe Penney (CENTRAL AFRICAN REPUBLIC - Tags: MILITARY POLITICS) - RTX15XP9

Une patrouille française, à Bangui, le 29 novembre 2013.

(Photo Joe Penney. Reuters)

D’AUTRES PAYS VONT-ILS PARTICIPER À L’INTERVENTION ?

La France, qui en a assez de jouer les gendarmes de l’Afrique et rechigne à être seule en première ligne, intervient officiellement en appui de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca). Celle-ci compte à ce jour 2 450 hommes en Centrafrique, pour l’essentiel des soldats tchadiens, camerounais, congolais et gabonais, déployés à Bangui, mais aussi dans le nord-est du pays. L’objectif est de porter ses effectifs à 3 600 – 4 000 hommes au premier semestre 2014.

COMBIEN DE TEMPS VA-T-ELLE DURER ?

L’intervention armée devrait durer de quatre à six mois, le temps de sécuriser Bangui et les principaux axes du pays, selon le ministère de la Défense. La résolution de l’ONU donne néanmoins mandat à la Misca pour se déployer durant «une période de douze mois». Restera ensuite le plus long : pacifier durablement le pays et assurer la transition politique. Chantier dans lequel Paris se garde bien de s’engager pour le moment.

(Cordélia BONAL)

L’armée française

lance son opération « Sangaris »:

Bangui craint de nouvelles tueries

(AFP)
Patrouille de soldats français à Bangui le 29 novembre 2013.
Patrouille de soldats français à Bangui le 29 novembre 2013.
(Photo: Joe Penney. Reuters)

Les militaires se sont déployés dans la capitale centrafricaine alors que des nouveaux tirs ont été entendus dans la nuit de jeudi à vendredi.

L’armée française a lancé son opération en Centrafrique avec un renforcement dans un premier temps des patrouilles dans Bangui, qui présentait vendredi matin un visage de ville morte après les massacres de la veille. «L’opération a commencé» et les forces françaises présentes en Centrafrique «ont développé des patrouilles dans Bangui», a affirmé vendredi le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

Dans les rues de Bangui, sous l’orage et la pluie, où toute circulation de véhicules civils est interrompue depuis jeudi, aucun déploiement massif des troupes françaises n’était visible en début de matinée.

Comme chaque jour, des patrouilles circulent sur les principaux boulevards de la capitale. Des détachements de la force africaine (Misca) étaient eux aussi postés à leurs emplacements habituels. En revanche, contrairement à la veille où ils avaient patrouillé la ville toute la journée, les pick-up bondés de soldats centrafricains se faisaient discrets.

Des tirs sporadiques d’armes automatiques ont été entendus dans la nuit de jeudi à vendredi dans plusieurs quartiers, selon des habitants. «On ne sait pas pourquoi ils tiraient. On n’a pas entendu parler d’incidents», a expliqué un habitant du quartier de Ben Zvi.

Aucun bilan d’éventuelles victimes de ces tirs qui, par endroits, ont cessé à l’aube, n’était disponible dans l’immédiat, après une nuit pendant laquelle la grande majorité de la population craignait qu’elle ne soit l’occasion de nouvelles tueries. Malgré la levée du couvre-feu à 6 heures, les rues étaient totalement vides en début de matinée et la quasi-totalité des commerces restaient fermés.

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La Centrafrique est «au bord du génocide»

OBJECTIF:

UN «MINIMUM DE SÉCURITÉ»

Après le feu vert de l’ONU à une opération conjointe de forces africaines et françaises pour rétablir la sécurité, le président français, François Hollande, avait annoncé dès le soir une action militaire «immédiate» en Centrafrique. «Une compagnie est arrivée de Libreville hier soir, et aujourd’hui un détachement d’hélicoptères sera sur zone», a indiqué Le Drian. Une compagnie de l’armée française comprend généralement quelque 150 hommes.

La mission des militaires français, en appui de la force africaine sur place, est d’assurer «une sécurité minimum, permettant à une intervention humanitaire de se mettre en œuvre, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui». Elle passe «par la sécurisation des rues, des itinéraires principaux pour permettre aux gens d’aller même à l’hôpital», a-t-il souligné.

Jeudi, avant à l’aube, de violents affrontements ont éclaté dans le nord de la capitale. «Des groupes armés ont lancé une offensive sur la ville. Les forces de l’ex-Séléka [ex-rébellion, au pouvoir, ndlr] ont rétorqué», selon Médecins sans frontières (MSF). Dans l’après-midi, au moins 54 cadavres étaient rassemblés dans une mosquée du centre-ville, et 25 cadavres gisant dans les rues voisines, abandonnés sur le bas-côté. Les corps portaient des marques de blessures à l’arme blanche et par balles. A l’hôpital communautaire de Bangui, MSF avait recensé 50 morts en fin de journée.

La Centrafrique est plongée dans le chaos et un engrenage de violences communautaires et interreligieuses entre chrétiens et musulmans depuis le renversement en mars du président François Bozizé par une coalition hétéroclite à dominante musulmane, la Séléka, dirigée par Michel Djotodia, qui l’a ensuite dissoute, tout en intégrant une partie de ses combattants dans les nouvelles forces de sécurité.

AFP

Jeux d’ombre en Centrafrique

Des soldats congolais de la Force multinationale en Centrafrique, à Bossangoa, mardi.
Des soldats congolais de la Force multinationale en Centrafrique, à Bossangoa.
(Photo: Joe Penney / Reuters)
ANALYSE

Dans un pays dont une large partie du territoire échappe au contrôle de Bangui, certains cherchent à sauver leur mise tant qu’il en est encore temps.

Qui parle avec Michel Djotodia ? Alors qu’une intervention africaine et française se prépare en Centrafrique avec la bénédiction de l’ONU, le Président de transition apparaît de plus en plus isolé. Certains de ses proches de passage à Paris ne savent même pas à qui il faut s’adresser à l’Elysée ou au Quai d’Orsay pour évoquer la situation en Centrafrique. Les autorités françaises, visiblement, préférent dialoguer directement avec le Premier Ministre, Nicolas Tiangaye, reçu lundi par Laurent Fabius et seul représentant du nouveau pouvoir centrafricain invité au sommet du 6-7 décembre consacré à la sécurité en Afrique.

Avocat et opposant politique, ex-président de la Ligue centrafricaine des droits de l’Homme, Nicolas Tiangaye était déjà Premier ministre dans le dernier gouvernement d’union nationale mis en place en janvier par François Bozizé, juste avant que ce dernier ne soitrenversé en mars par une coalition hétéroclite de groupes rebelles, la Séléka («l’Alliance»), laquelle offrira à Michel Djotodia d’accéder au pouvoir.

Aujourd’hui ce dernier est donc plus que fragilisé, réellement ostracisé par la communauté internationale. Il n’a jamais été reconnu par l’Union africaine, ni par la France qui se prépare à intervenir en Centrafrique. Certes, Michel Djotodia, un temps diplomate au Soudan, n’a pas réussi à ramener la sécurité dans son pays neuf mois après son arrivée. Un échec réel mais qui ne doit pas faire oublier que dans ce pays qui connaît aujourd’hui des affrontements intercommunautaires d’une ampleur inédite, la dérive est ancienne : dans de larges parties du territoire national, grand comme deux fois la France, l’ordre et la sécurité sont depuis de nombreuses années des notions théoriques.

FORCES AMÉRICAINES

L’extrême nord du pays qui jouxte le Soudan et le Tchad a ainsi été baptisé «le triangle des Bermudes» par les humanitaires présents en Centrafrique : «une zone sans routes, sans sécurité, où personne ne sait ce qu’il se passe», confiait ainsi le responsable d’une ONG à Bangui en septembre.

A l’Est, une autre vaste zone échappe également à tout contrôle. C’est là qu’aurait trouvé refuge Joseph Kony, le sinistre leader de l’Armée de résistance du Seigneur, un mouvement mystique et sanguinaire né en Ouganda à la fin des années 80. Le Président Djotodia a affirmé la semaine dernière être en négociation avec le vieux leader supposé malade de cette rébellion. Sans convaincre l’ONU et surtout Washington qui depuis 2008 offre cinq millions de dollars de récompense pour sa capture.

Or à Bangui, nombreux sont les observateurs persuadés que des forces américaines et ougandaises sont à pied d’œuvre depuis lontemps dans l’Est de la Centrafrique. Avec réticence, certains proches du pouvoir actuel centrafricain reconnaissent également que la nouvelle rébellion qui a renversé Bozizé n’a jamais pu avoir accès à toute la zone. Ces informations, qui ne sont pas vérifiées, soulignent cependant la complexité d’un pays qui reste un vaste no man’s land où personne ne sait réellement ce qui se passe en dehors de la capitale.

PÉTROLE

Une réalité d’autant plus inquiétante que la Centrafrique, pays gigantesque et sous-peuplé (4,5 millions d’habitants) est aussi misérable que potentiellement très riche : or, diamants, mais aussi pétrole aiguisent les appétits. La fragilité du pouvoir actuel renforce ainsi une tendance «chez certains à prendre leur part du gâteau tant qu’il est encore temps» affirme un bon connaisseur du pays. Rien de nouveau sous le soleil centrafricain : depuis son indépendance en 1960, ce pays a connu un record de coups d’Etat et de rébellions armées qui ont toujours fait prospérer les trafics au bénéfice d’une minorité.

Aujourd’hui, dans l’entourage de l’actuel Président, qui affirme toujours vouloir se retirer en 2015, on redoute que l’intervention onusienne en préparation ne provoque en réalité un nouveau changement de régime. Mais le véritable homme fort du pays ne se trouve peut-être pas au Palais présidentiel : Nourredine Adam, un officier qui a fait ses classes en Israël et a servi à Abou Dhabi, semble être le seul à avoir encore quelque autorité sur les seigneurs de guerre qui ont pris le pouvoir en mars. Or, après avoir été ministre de la Sécurité, il a cédé sa place pour un poste plus discret : la direction des renseignements intérieurs. Une carte essentielle dans un pays qui semble parfois aussi impénétrable que la forêt qui entoure une capitale aux allures de ville du Far West.

Maria MALAGARDIS

Sangaris: 

Prise à partie sur l’aéroport de Bangui

Dans la journée du 5 décembre 2013, alors qu’elles sécurisaient l’accès à l’aéroport de M’Poko sur lequel se sont réfugiés près de 2000 centrafricains pour fuir les combats, les forces françaises ont été prises à partie à trois reprises par un pick-up armé. Au troisième tir, les militaires français ont riposté détruisant le véhicule. Cette prise à partie n’a fait aucun blessé du côté des militaires français, ni des civils venus chercher leur protection.

Centrafrique:

Les violences ont fait au moins 300 morts

 (LIBERATION)  

23 heures. Washington a salué le «leadership» de l’armée française en Centrafrique, où elle vient de renforcer la force panafricaine pour tenter de rétablir la sécurité dans le pays, en proie à l’anarchie et aux violences inter-religieuses. «Nous sommes certains que le puissant leadership de la France qui a envoyé 800 soldats supplémentaires sur le terrain et son soutien à la force panafricaine présente en Centrafrique (Misca) envoient à toutes les parties le message clair que la violence doit cesser», a déclaré la porte-parole adjointe du département d’Etat Marie Harf. 

«Nous sommes profondément inquiets par la montée en puissance des violences en Centrafrique, qui entraîne une crise humanitaire de plus en plus grave et augmente le risque de massacres de masse», a prévenu Marie Harf dans un communiqué. Les Etats-Unis ont promis de fournir près de 40 millions de dollars d’aide en équipements, entraînements et soutien logistique à la Misca.

22h20. Les violences qui ont éclaté jeudi matin à Bangui, dégénérant en tueries, ont fait au moins 300 morts, a indiqué un responsable de la Croix-Rouge centrafricaine, sous couvert d’anonymat. En comptabilisant les corps déposés dans les morgues des hôpitaux, dans des lieux de culte et ceux ramassés dans les rues de la ville par les équipes de la Croix-Rouge, le bilan provisoire s’élève à 281 tués, a ajouté ce responsable, en soulignant que les secouristes n’avaient pu accéder vendredi avant le couvre-feu à tous les quartiers touchés par les violences où de nombreux corps restent à ramasser selon les témoignages d’habitants.

19h30. Le secrétaire général de l’ONU Ban ki-moon lance un «appel urgent» à protéger les civils. Le Bureau intégré des Nations unies pour la consolidation de la paix en RCA (Binuca) «a signalé que les tueries avaient continué pendant la nuit (de jeudi à vendredi) faisant augmenter le bilan» des victimes.

18h45. Selon l’état-major des armées à Paris,deux Rafale français décollant de N’Djamena, au Tchad, ont effectué deux «passages de dissuasion» au-dessus de Bangui, vers 10 heures et 18 heures, où la situation demeure «tendue». Trois hélicoptères Puma en provenance du Cameroun ont rallié Bangui après plusieurs heures de vol. Paris est en train de mettre en place un groupement aéroterrestre à Bangui. D’autres hélicoptères pourraient venir renforcer ce dispositif dans les prochaines heures.

18 heures. Joanna Mariner, membre de l’équipe d’Amnesty international à Bangui, interrogée par l’agence Reuters, cite des témoignages qui semblent attester d’exactions en cours à Bangui. Dans le quartier PK12, des hommes de la Séléka ont tué plusieurs personnes lors de raids dans des maisons, dit-elle. Un témoin raconte également que la Séléka fait des raids «maison par maison». «Ils tuent les gens. Ils traitent tout le monde d’anti-balaka [les milices de défense].»

17h30. L’Etat-major des armées relate dans un communiqué publié sur Internet un accrochage survenu jeudi entre les soldats français et des hommes armés : «Dans la journée du 5 décembre, alors qu’elles sécurisaient l’accès à l’aéroport de M’Poko sur lequel se sont réfugiés près de 2000 Centrafricains pour fuir les combats, les forces françaises ont été prises à partie à trois reprises par un pick-up armé. Au troisième tir, les militaires français ont riposté détruisant le véhicule. Cette prise à partie n’a fait aucun blessé du côté des militaires français, ni des civils venus chercher leur protection.»

16h30. Marie-Elisabeth Ingres, chef de mission adjointe de Médecins sans frontières (MSF) à Bangui, travaille à l’hôpital communautaire de la capitale centrafricaine. Elle raconte la tension des deux derniers jours : «Depuis jeudi matin, on a soigné plus de 170 blessés. Une bonne soixantaine de cas graves demandaient une intervention chirurgicale. Souvent, il s’agit de plaies aux bras et aux jambes, causées par des armes à feu ou des armes blanches. Quand on est venu à l’hôpital ce matin, les rues de la ville étaient complètement vides, et des soldats français étaient postés devant le bâtiment. J’ai aussi cru comprendre que plusieurs milliers de personnes se sont regroupées à l’aéroport [occupé par des soldats français, ndlr], surtout des femmes et des enfants. Cela demande une confirmation plus précise, mais nos collègues de MSF sont là-bas pour apporter leur aide.»

16 heures. La présidence centrafricaine a demandé vendredi à toutes les forces de défense et de sécurité de regagner leurs casernes, autorisant seules les forces panafricaine, française et la sécurité présidentielle à patrouiller dans Bangui. Les 1 200 soldats français présents à terme auront à leur côté les hommes de la Misca (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad). Cette force, qui doit compter jusqu’à 3 600 hommes, n’en rassemble pour l’instant qu’environ 3 000, mal équipés et mal entraînés.

14h30. Dans une interview au site Internet du Monde, Nicolas Tiangaye, Premier ministre de la République centrafricaine, estime que la priorité de l’opération menée par la France est de «sécuriser Bangui, les grands axes économiques que sont le corridor Bangui-Douala et Beloko-Bangui et d’autres corridors secondaires».

14h15. Ce reportage d’Al-Jezira montre les rues de Bangui jeudi, alors que la capitale centrafricaine était agitée par de violents affrontements. Attention, certaines de ces images peuvent choquer.

14 heures. Médecins sans frontières (MSF) recense 92 morts et 155 blessés en deux jours dans un hôpital de Bangui. «Hôpital communautaire : 155 blessés en deux jours, 92 morts à la morgue», indique un bref message de MSF transmis à l’AFP. L’ONG, qui a une antenne médicale et chirurgicale dans cet établissement, ne peut préciser si les corps déposés vendredi matin à la morgue étaient des victimes tuées dans la nuit, ou ceux de cadavres abandonnés dans les rues jeudi après les massacres.

12h30. Selon notre journaliste Thomas Hofnung, citant une source bien informée, des exactions se sont poursuivies la nuit dernière dans plusieurs quartiers de Bangui, où des tirs ont été entendus. Ces violences auraient été commises par des hommes de la Séléka, le mouvement qui a pris le pouvoir en mars, en représailles aux attaques de jeudi. Ce matin sur RFI, le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian avait assuré que les soldats français patrouillent dans Bangui et que la nuit avait été calme.

12 heures. D’après France 2«des ex-rebelles de la Séléka ont tenté, jeudi, de pénétrer sur l’aéroport défendu par les soldats français» à Bangui. Les militaires ont détruit le pick-up et tué ses occupants. L’information a été confirmée officiellement par l’état-major. Jeudi, «à l’aube, un pick-up armé a ouvert le feu à trois reprises en direction de ces civils et des troupes françaises. A la troisième ouverture du feu, on a riposté et on a détruit le véhicule». Par ailleurs, RFI relate qu’une colonne de 350 soldats français stationnés au Cameroun est sur le point de passer la frontière de la république centrafricaine.

11h45. L’Union européenne a décidé de débloquer 50 millions d’euros supplémentaires pour la Centrafrique, après le lancement de l’opération française dans ce pays, a annoncé le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Il a précisé que cette contribution s’ajoutait aux 225 millions d’euros versés au titre de l’aide au développement et à 20 millions d’euros d’aide humanitaire.

11 heures. Europe Ecologie-les Verts demande un vote au parlement sur l’action militaire française en Centrafrique, soulignant que l’intervention doit être «européenne et non uniquement française». Un débat sur l’intervention en Centrafrique aura lieu mardi après-midi, simultanément à l’Assemblée nationale et au Sénat, après une réunion entre le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et les principaux responsables du Parlement.

10h30. Différents témoins font état d’un survol de Bangui par des avions de chasse français. La situation reste néanmoins très tendue dans les rues de la capitale.

Ce matin. Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian assure sur RFI que la France sera en Centrafrique «pour un moment court», possiblement six mois. Les objectifs français – sécurisation du pays, aide au déploiement de la force multinationale africaine – sont-ils atteignables dans ce laps de temps ? «Ce n’est pas exclu», selon Le Drian. Un prolongement est-il envisageable ? «Ce n’est pas dans la logique de ce que nous avons décidé, (de ce) qu’a décidé le président de la République, c’est une phase transitoire», a répondu le ministre.

En Centrafrique, les soldats français agiront en soutien d’une force panafricaine, sous-équipée et mal formée, qui s’est avérée incapable de rétablir l’ordre dans un pays plongé dans le chaos depuis le renversement en mars du président François Bozizé.

LIBERATION

Le Ministre de la Défense Le Drian:

«L’intervention française en Centrafrique

a commencé»

(Alain Barluet)

Un homme porte une hache dans les rues de Bangui.
 
Le Ministre de la Défense Le Drian a mis en garde contre les «violences confessionnelles» dans le pays.
«Les forces françaises ont développé des patrouilles dans Bangui et la nuit a été calme», selon Jean-Yves Le Drian. Au lendemain du coup d’envoi donné jeudi soir par François Hollande, peu après le vote d’une résolution Conseil de sécurité de l’ONU, le ministre français de la Défense a annoncé vendredi matin sur RFI que «l’intervention française a commencé».

Le ministre a confirmé l’arrivée, jeudi soir, de renforts français en provenance de Libreville, au Gabon, ainsi que d’un détachement d’hélicoptères, durant la journée de vendredi. Ils renforceront les quelque 600 militaires français présents à Bangui ces derniers jours. François Hollande a évoqué jeudi soir le doublement de ces effectifs «dans les prochains jours, sinon dans les prochaines heures». «Des exactions horribles ont entraîné une réaction très forte de la communauté internationale», a t-il relevé.

«Pour sécuriser, il faut désarmer et cantonner», a expliqué Jean-Yves Le Drian, en indiquant que la mission «limitée dans le temps» des militaires de l’opération française «Sangaris» visait d’abord à faire comprendre aux «vandales, aux brigands et aux milices que les rues de Bangui ne peuvent pas être utilisées comme des champs de bataille». Parallèlement, a rappelé le ministre, l’autre objectif consiste à accompagner la montée en puissance de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), afin que celle-ci puisse «assurer la sécurité du pays et préparer la transition politique».

Pour le ministre français, le nombre des groupes armés est «variable selon les moments et peu identifiable». «Les gens sont mêlés à tel ou tel groupe sans que l’on en sache bien l’origine». Leurs motivations, «peut-être parfois politiques» tiennent pour beaucoup aux «rapines et aux violences gratuites». «Il faut maîtriser les violences confessionnelles» très préoccupantes qui sont apparues ces derniers jours, a toutefois insisté Jean-Yves Le Drian, qui n’a pas exclu des résistances.

 Les militaires français de «Sangaris»

à pied d’œuvre

(Alain Barluet)

Des soldats français, mardi à Douala, au Cameroun, où un navire militaire a transporté 350 hommes et des véhicules de combat dans le cadre de l'opération prévue en Centrafrique.
«Sangaris», ce papillon exotique qui prête son nom à l’intervention militaire française en Centrafrique, est sur le point de prendre son envol. «Tout est fin prêt, à Paris et à Bangui. On n’a plus qu’à appuyer sur le bouton», résume un haut chef militaire en expliquant que le millier d’hommes engagés dans l’opération n’attendent plus que le feu vert, jeudi, du Conseil de sécurité de l’ONU. Ou plus exactement celui de François Hollande, qui, en tant que chef des armées, donnera le top départ.

Car les Français, qui soutiendront la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca) - laquelle reprendra le flambeau de troupes africaines, le 19 décembre -, resteront sous commandement national. Dans l’entourage de Jean-Yves Le Drian, on indiquait, mercredi, que la dernière phase de la planification était en cours. L’accent est mis sur la collecte du renseignement. La phase active de l’intervention ne débutera vraisemblablement pas avant la fin du sommet sur la paix et la sécurité en Afrique, qui se tiendra vendredi et samedi à Paris. L’opération «Sangaris» pourrait durer de quatre à six mois.

Mission d’ordre sécuritaire et non de guerre !

À Bangui, les ultimes préparatifs se déroulaient aussi, notamment autour des pistes de l’aéroport international de M’Poko, «préparées» par les spécialistes du génie de l’air pour les rotations de gros-porteur Antonov. La logistique et les transmissions ont été «calées». Des éléments du 2e régiment d’infanterie de marine (Rima), débarqués à Douala du bâtiment Dixmude, ont été acheminés par train du Cameroun. Deux compagnies du 8e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (Rpima), appartenant au détachement Boali présent en Centrafrique depuis 2003, constituent le socle des effectifs. Les 400 soldats stationnés à M’Poko avaient été rejoints, le week-end dernier à Bangui, par un peu plus de 200 militaires français supplémentaires.

Mission d’ordre sécuritaire et non de guerre à proprement parler, «Sangaris» devrait «faire l’effet d’un électrochoc et avoir des conséquences dissuasives», commente un officier général qui connaît bien la Centrafrique. La priorité demeure la sécurisation de Bangui, de ses alentours ainsi que des deux axes essentiels, vers la Cameroun et vers le Tchad. Au-delà du pays «utile», une large partie du territoire centrafricain restera hors du champ d’intervention des militaires français. Les ex-rebelles de la Séléka se sont peu aventurés au sud d’une ligne joignant les villes de Bossangoa, Bambari et Bria. À l’extrême est, aux confins du Soudan, entre Birao, au nord, et Obo, en pays pygmée, au sud, un vaste territoire a toujours été une zone de non-droit. Au sud du pays, autour de Bangassou, un contingent tchadien et un camerounais sont déjà présents. Les militaires français de «Sangaris» vont s’efforcer d’accompagner le déploiement de la Misca, à laquelle reviendra la tâche de contrôler une assez large partie du pays. Une forme de pari? «Tout dépendra de la façon dont les forces africaines vont pouvoir prendre en compte leur mission de sécurisation», commente une source militaire proche du terrain.

CENTRAFRIQUE: L'OPERATION FRANCAISE

Centrafrique:

Pourquoi l’appellation « Sangaris » ?

Attribuer un nom à une intervention militaire remonte à la Première guerre mondiale. Un nom autrefois donné par hasard qui, aujourd’hui, est davantage une « affaire de communication.
AFP

(Photo: AFP)

« Sangaris », l’intervention des forces françaises en Centrafrique, enrichit le lexique militaire d’un nom de papillon africain, une singularité qui a souvent moins à voir avec les préceptes d’un Clausewitz qu’avec les hasards du vocabulaire.

Des militaires français s’amusent de l’intérêt des médias, « depuis deux ou trois ans »,pour les appellations des opérations extérieures et leur genèse, de « Licorne » à « Serval » en passant par « Manta », « Daguet », « Harmattan » ou « Corymbe ». « J’en ai vu défiler des centaines de noms! », se souvient l’ex-général de brigade aérivenne Jean-Vincent Brisset, aujourd’hui directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). « Je me souviens qu’un jour, moi l’aviateur, j’ai dû choisir un nom pour une petite opération navale : j’ai mis sur l’en-tête du document officiel un nom de poisson, et c’est parti comme ça! », raconte-t-il.

« Avant, le choix d’un nom était très largement le fait du hasard – on tirait au sort un nom dans le dictionnaire – ou de la culture personnelle du décideur. Maintenant, c’est beaucoup plus une affaire de communication, dans laquelle les politiques ont le dernier mot », relève l’ex-officier.

C’est le Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) de l’armée française, dévolu à la préparation des interventions extérieures, qui est chargé de choisir un ou des noms, les conseillers du président tranchant in fine.

Les Français optent pour la neutralité

En France, comme en Grande-Bretagne – où le tirage au sort est monnaie courante voire la création de néologismes à partir de syllabes -, le choix du nom obéit à plusieurs principes de base : « Il doit être neutre, pratique, mémorisable et facile à prononcer »,explique Jean-Vincent Brisset.Les Français ont coutume de recourir à des termes en rapport avec le monde animalier, la flore ou les caractéristiques géographiques de la zone d’intervention, qui ne heurtent pas les populations concernées. La mythologie – Artémis, Héraclès, Arès – est aussi prisée.

L’intervention en Libye, en mars 2011, fut baptisée « Harmattan », un vent chaud et poussiéreux d’Afrique de l’Ouest; le nom de poisson « Baliste » fut donné à une opération d’évacuation de ressortissants au Liban en 2006; le terme botanique « Corymbe » associé à une mission de la marine française aux large des côtes d’Afrique de l’Ouest.

Le papillon Sangaris

« Sangaris », un papillon rouge prisé des collectionneurs, s’est imposé pour l’intervention en Centrafrique, annoncée comme « courte »: « Un papillon, ce n’est pas méchant, ça ne dure pas très longtemps, c’est considéré comme joli et politiquement correct », souligne le directeur de recherches de l’Iris.

Le substantif doit être dénué de toute connotation négative. Ainsi les militaires se sont-ils gardés de choisir un papillon vert ou violet pour l’opération en Centrafrique, pays en proie à des heurts confessionnels entre chrétiens et musulmans. « La guerre ne va plus de soi en Occident, tuer représente un sujet tabou même chez les militaires, donc on recherche des euphémismes stylistiques », observe Eric Letonturier, chercheur à l’Institut des sciences de la communication du CNRS, spécialisé en sociologie militaire.

Pour autant, un mot inoffensif de prime abord peut receler des imprévus. L’opération « Serval » au Mali avait donné lieu à des commentaires acerbes, ce petit félin africain pouvant uriner 30 fois par heure pour marquer son territoire. « Pour les grosses opérations, les conseillers du président vont vérifier qu’il n’y ait pas de couac. Mais regardez ce qui s’est passé avec ‘Serval’… », note Jean-Vincent Brisset.

« Il se dit aussi que le Sangaris a une couleur fâcheusement rouge ‘sang’. Quel que soit le nom qu’on choisisse, si c’est le nom de quelque chose qui existe, on trouvera une connotation négative », poursuit-il.

« Beaucoup de gens ont glosé sur le fait que Licorne (nom de l’opération lancée en Côte d’Ivoire en 2002, NDLR) est le seul animal fabuleux qui ose s’attaquer à l’éléphant, mais c’était en fait le nom de la caserne d’où est partie la première opération! ».

La com des Américains

A l’inverse des Français ou des Britanniques, les Américains, qui ont introduit des noms de code durant la Seconde Guerre mondiale pour des raisons de sécurité (souvent des couleurs), obéissent désormais à des impératifs de communication, même s’ils utilisent depuis 1975 un système informatique (NICKA) générant annuellement des séquences aléatoires de deux lettres qui doivent constituer l’amorce des noms. (« UR » donna « Urgent Fury » pour l’invasion de la Grenade en 1983). « Il y a toujours une volonté de message chez les Américains, alors qu’il n’y en avait pas avant la guerre du Viêtnam »,note Jean-Vincent Brisset.

L’intervention américaine au Panama, en 1989, a manqué de s’appeler « Cuillère bleue » (« Blue spoon »). Le commandant des opérations, le général James Lindsay, s’insurgea alors : « Voulez-vous que vos petits-enfants racontent que vous étiez dans ‘la cuillère bleue’? », avait-il dit à l’état-major. L’opération fut finalement baptisée « Juste Cause », une connotation morale voulue par la Maison Blanche.

De fait, à partir des années 90, les militaires américains ont découvert le pouvoir symbolique des mots afin de l’emporter autant dans les esprits que sur le terrain : « Provide comfort » (littéralement « apporter du réconfort ») au secours des réfugiés kurdes au lendemain de la guerre du Golfe, « Uphold Democracy » en Haïti (« Faire respecter la démocratie ») de 1994 à 1995 après le renversement du président Aristide.

Parfois jusqu’à l’excès. L’opération « Liberté immuable » (« Enduring Freedom ») lancée contre Al Qaïda après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis devait initialement s’appeler « Infinite justice » (« Justice sans limite »), un mot d’ordre par trop vengeur rapidement écarté.

Une pratique née durant la Première guerre mondiale

L’influence politique n’est pas nouvelle. Le débarquement allié d’août 1944 en Provence devait avoir pour nom de code « Anvil » (« enclume », en anglais), mais Winston Churchill, qui était contre cette opération, lui préféra « Dragoon », qui veut dire « dragon » mais aussi « contraindre » (« I was dragooned » dira-t-il, « j’y fus contraint »).

Selon les historiens, ce sont les Allemands qui ont introduit la pratique des noms de code lors des deux dernières années de la Première Guerre mondiale, avec une prédilection pour les références mythologiques et religieuses (Archange, Mars, Castor,Pollux, Walkyrie…).

Les Israéliens et la Bible

Les Israéliens,  »une armée très religieuse » selon l’expert de l’Iris, puisent eux leur inspiration dans les épisodes sombres de la Bible (« Raisins de la colère », « Plomb durci », « Pluie d’été », etc.). « Comme on fait de plus en plus pour la communication, on espère qu’on tombera bien », ironise Jean-Vincent Brisset. « Les politiques, qui redoutent les dérapages, cherchant toujours un bouc émissaire, on se débrouille pour que ça soit quelqu’un d’autre qui choisisse ! »

Source AFP

Centrafrique:

La France déclenche l’opération Sangaris

(T.d.L. , D.LC et M.-L.W.)

Du Cameroun, un capitaine de l’armée française expose le plan d’action de la journée à son escadron de combat. Ils font route vers la frontière avec la Centrafrique (RCA).  | LP/Philippe de Poulpiquet.

Bangui, la capitale de la Centrafrique, vit dans la psychose de nouvelles tueries, après les massacres et les violences qui ont fait au moins 300 morts depuis jeudi. L’armée française a déclenché l’opération Sangaris (du nom d’un papillon rouge) avec un renforcement dans un premier temps vendredi des patrouilles à Bangui. Ce déploiement militaire fait suite à l’adoption, la veille, par le Conseil de sécurité des Nations Unies, de la résolution 2127 autorisant les forces françaises à intervenir, en soutien à la force panafricaine (Misca), pour rétablir l’ordre et la sécurité en République centrafricaine. 

«L’Afrique doit maîtriser pleinement son destin et, pour y parvenir, assurer pleinement par elle-même sa sécurité», a insisté François Hollandelors du sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique, convoqué de longue date par le chef de l’Etat, alors que 1 200 soldats français seront déployés dans les tout prochains jours en Centrafrique. Comme plusieurs de ses homologues présents à Paris, le présidentmalien Ibrahim Boubacar Keïta a salué l’engagement français à Bangui, un «devoir historique» selon lui de l’ancienne puissance coloniale.

A l’aéroport, d’où les patrouilles de blindés sortent dans Bangui, l’armée française continuait de renforcer son dispositif. Venu de la ville portuaire de Douala au Cameroun, un convoi terrestre s’apprêtait également à entrer en Centrafrique. De son côté, Londres a mis à la disposition de l’opération un avion militaire gros porteur C17.

Revivez les événements de vendredi :

22h48. Washington salue le «leadership» de la France. «Nous sommes certains que le puissant leadership de la France qui a envoyé 800 soldats supplémentaires sur le terrain et son soutien à la force panafricaine présente en Centrafrique (Misca) envoient à toutes les parties le message clair que la violence doit cesser», déclare la porte-parole adjointe du département d’Etat Marie Harf. Les Etats-Unis ont promis de fournir près de 40 millions de dollars d’aide en équipements, entraînements et soutien logistique à la Misca.

21h50. Au moins 300 personnes ont trouvé la mort depuis jeudi à Bangui. En comptabilisant les corps déposés dans les morgues des hôpitaux, dans des lieux de culte et ceux ramassés dans les rues de la ville par les équipes de la Croix-Rouge, le bilan provisoire s’élève à 281 tués, selon un responsable de cette ONG. Il souligne que les secouristes n’avaient pu accéder vendredi avant le couvre-feu de 18 heures à tous les quartiers touchés par les violences où de nombreux corps restent à ramasser selon les témoignages d’habitants.

19h50.  Le général Francisco Soriano est arrivé en Centrafrique, selon nos informations. C’est lui qui est à la tête de l’opération Sangaris. 

19h40. Près d’un millier de soldats français déployés. C’est ce qu’indique l’état-major des armées. Une compagnie parachutiste de 150 hommes a été acheminée de Libreville et environ 200 hommes équipés de blindés légers, arrivés au Cameroun à bord d’un bâtiment de la marine nationale, devaient rejoindre rapidement la RCA. Trois hélicoptères de manœuvre Puma venant du Gabon se sont également posés à Bangui, avec une centaine de personnes. Au total les effectifs français en Centrafrique doivent atteindre rapidement 1200 hommes.

VIDEO. Les renforts de l’armée française en approche

19h20. L’ONU lance un appel urgent à protéger les civils. «Très inquiet de l’escalade des violences entre communautés» le secrétaire général des Nations unies, Ban ki-moon lance «un appel urgent à toutes les parties à faire preuve de retenue». «Ce cycle terrifiant de violences et de représailles doit cesser immédiatement, les civils doivent être protégés», poursuit-il dans un communiqué. De son côté, la patronne des opérations humanitaires de l’ONU Valerie Amos se déclare «extrêmement préoccupée par la détérioration de la situation humanitaire» en RCA. «Durant les dernières 24 heures nous avons reçu des rapports faisant référence à environ 100 personnes tuées et des centaines d’autres blessées dans les combats et attaques à Bangui et Bossangoa», indique-t-elle. 

 –

19 heures. Des picks-up bondés de soldats circulent malgré l’interdiction. La présidence centrafricaine a demandé vendredi à toutes les forces de défense et de sécurité de regagner leurs casernes, autorisant seules les forces panafricaine, française et la sécurité présidentielle à patrouiller dans Bangui. En fin de journée, cette demande est restée lettre morte : des picks-up remplis de soldats sont visibles dans tout Bangui.

18 heures. Des Rafales survolent Bangui.  Quelques minutes avant le couvre-feu, deux avions de combat français Rafale survolent la ville pour impressionner les belligérants.

17h45. La Croix-Rouge centrafricaine continue de ramasser des dizaines de cadavres abandonnés dans la ville de Bangui ce vendredi, après les violents affrontements de la veille, suivis de tueries, par armes à feu ou machette. Dans une odeur pestilentielle, les agents de la Croix-rouge emballent les corps dans des sacs blancs puis les placent dans des véhicules, sous le regard de combattants de l’ex-Séléka, intégrés par le président Michel Djotodia dans les nouvelles forces de sécurité.

17h30. Mélenchon demande la «vigilance», la CGT dénonce une «impasse».  «Je dis: attention, la France n’a pas vocation à être la gendarmerie internationale de l’Afrique. (…) Cependant je ne voudrais pas non plus donner l’impression que nous sommes indifférents aux souffrances qu’endure la population» explique le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui appelle à la «vigilance». Le syndicat CGT est de son côté bien plus virulent et dénonce une «impasse», tout en rejetant «l’argument» de Laurent Fabius «sur un risque génocidaire en RCA» qui ne vise qu’«à marquer les esprits du peuple français et à justifier ainsi une intervention militaire».

16h10. Les troupes françaises acclamées sur la route de Bangui. Selon notre reporter sur place, Ava Djamshidi, la colonne de blindés français, déployée sur une route camerounaise menant à la Centrafrique, est vivement saluée par les réfugiés centrafricains qui fuient les combats.

15h55. La présidence ordonne le casernement des forces de défense et de sécurité.«Il est formellement demandé à tous les éléments des forces de défense et de sécurité de regagner les casernes ce jour (…) avant 15 heures» déclare la présidence centrafricaine dans un communiqué. Seules les forces panafricaine, française et la sécurité présidentielle sont autorisées à patrouiller dans Bangui. Au lendemain du feu vert de l’ONU pour une intervention militaire française de sécurisation du pays, l’ambiance demeure extrêmement tendue à Bangui, où la population vit dans la peur.

15h30. Des milliers de Centrafricains affluent vers l’aéroport de Bangui depuis plus de 24 heures, pour se mettre sous protection de l’armée française. L’Etat-major de l’armée française en comptabilisait 2000 jeudi. Un exode qui continue ce vendredi, selon cette envoyée spéciale d’Al-Jazeera.

15 heures. La France est prête à entraîner 20 000 soldats africains par an. C’est ce que vient d’annoncer François Hollande au sommet pour la paix en Afrique. Pour «maîtriser son destin», l’Afrique doit «assurer par elle-même sa sécurité», a insisté le chef de l’Etat.

14h30. L’Allemagne propose son aide logistique à la France. Berlin dispose de cinq Airbus A310, capables d’effectuer du transport de troupes, et pour certains d’entre eux du ravitaillement aérien ou du transport de matériels, qui peuvent être mis à la disposition de la France, a déclaré un porte-parole du ministère allemand de la Défense. Il ne pourra s’agir que de transports «vers un pays voisin de la République centrafricaine», a expliqué ce porte-parole, en soulignant qu’une telle aide n’entraînant pas directement une implication dans un pays en guerre pouvait être rapidement décidée par le gouvernement.

14h20. Un avion militaire britannique en appui. Un gros porteur C-17 a quitté vendredi le Royaume-Uni pour la Centrafrique où il est attendu «sous peu», en appui de l’opération de la France dans ce pays, a annoncé le ministère des Affaires étrangères à Londres. Un porte-parole du Foreign office a précisé que l’avion avait quitté le Royaume-Uni à la mi-journée et qu’il était «en chemin». «Nous avons décidé avec le gouvernement français que nous aiderions à transporter les équipements français vers la Centrafrique au moyen d’un avion de transport C17», a indiqué le ministre des Affaires étrangères William Hague dans un communiqué. «Trois vols séparés auront lieu ce mois-ci, le premier devant atterrir en Centrafrique sous peu», a-t-il ajouté.

14h10. L’armée française tire à Bangui. On apprend que l’armée française a fait feu jeudi, près de l’aéroport de Bangui, sur un pick-up armé, tuant plusieurs personnes à bord, selon l’Etat-major des forces françaises. Jeudi «à l’aube, un pick-up armé a ouvert le feu à trois reprises en direction des civils et des troupes françaises. A la troisième ouverture du feu, on a riposté et on a détruit le véhicule», a indiqué le porte-parole de l’état-major.

14 heures. Début du sommet pour la paix et la sécurité en Afrique. Le Sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique s’ouvre à Paris avec l’arrivée des premiers dirigeants africains au palais présidentiel, reçus par François Hollande qui doit prendre la parole dès pour un hommage à Nelson Mandela. Une quarantaine de dirigeants africains, sous le choc de la disparition du héros de la lutte anti-apartheid, étaient attendus à l’Elysée pour ce sommet de deux jours qui vise à encourager l’Afrique à assurer sa sécurité au moment où la France intervient militairement en Centrafrique.

13h43. Selon nos informations, deux Rafale ont effectivement été déployés ce vendredi en Centrafrique. Une information qui donne du crédit aux divers témoignages – notamment de journalistes – faisant état du survol de Bangui par des chasseurs français en milieu de matinée.

13h15. Le Sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique vient de s’ouvrir.Une quarantaine de dirigeants africains, sous le choc de la disparition du héros de Nelson Mandela, sont attendus à l’Elysée pour ce sommet de deux jours qui vise à pousser l’Afrique à assurer sa sécurité au moment où la France intervient militairement en Centrafrique.

12h48. Une colonne française est sur le point de passer la frontière entre le Cameroun et la Centrafrique, selon RFI. 350 soldats composeraient cette colonne.

12h15. Des ex-rebelles de la Séléka ont été tués par l’armée française jeudi soir,selon France 2. Les soldats français ont détruit leur pick-up alors qu’ils tentaient de pénétrer sur l’aéroport. Aucune précision n’a été apportée sur le nombre exact d’ex-rebelles tués, ni sur l’heure à laquelle a eu lieu cette première utilisation de la force par des militaires français en Centrafrique.

11h50. L’Union européenne a décidé de débloquer 50 millions d’euros supplémentaires pour la Centrafrique, annonce  le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. «Je salue la France pour son initiative et son courage», déclare-t-il avant l’ouverture du sommet France-Afrique à Paris. «La France prend une grande responsabilité que nous devons tous, en tant qu’Européens soutenir», ajoute-t-il.

VIDEO. Bruxelles débloque 50 millions d’euros 


11h15. Deux rafales survolent Bangui, témoigne l’envoyé spécial de France 2.

VIDEO. Combien va coûter «Sangaris»?

11h05. EELV demande un vote du Parlement sur l’intervention en Centrafrique. «EELV se félicite de l’annonce par le Président de la République s’engageant à fournir au Parlement dès la semaine prochaine toutes les informations nécessaires et demande un vote de nos deux assemblées à ce sujet», écrivent les deux porte-parole Sandrine Rousseau et Eric Loiselet dans un communiqué.Un débat sur l’intervention française en Centrafrique aura lieu mardi après-midi, simultanément à l’Assemblée nationale et au Sénat, après une réunion entre le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et les principaux responsables du Parlement.

10h45. Une intervention «salutaire» selon le chef de l’Etat ivoirien. Alassane Ouattara juge que l’intervention militaire française en Centrafrique est «salutaire» même si «on a perdu trois mois», dans une interview ce vendredi au quotidien français Le Figaro. En Centrafrique, «un peuple est en danger. Je trouve même que ça a trop tardé. On a perdu trois mois. Quand il y a une situation d’urgence, c’est bien que la France intervienne. Mais après, ce sont aux pays africains de prendre leur sécurité en charge, avec l’aide de l’ONU», a-t-il déclaré. Elu président en novembre 2010, M. Ouattara est arrivé au pouvoir – que refusait de lui céder l’ex-président Laurent Gbagbo – grâce à une intervention décisive de l’armée française en avril 2011.

10 heures. Rues désertes. Malgré la levée du couvre-feu à 6 heures, les rues sont totalement vides en début de matinée et la quasi totalité des commerces restent fermés.

9h45. Pas de déploiement massif à Bangui. Dans les rues de Bangui, sous l’orage et la pluie, où toute circulation de véhicules civils est interrompue depuis jeudi, aucun déploiement massif des troupes françaises n’était visible en début de matinée. Comme chaque jour, des patrouilles – véhicules légers et blindés – circulent sur les principaux boulevards de la capitale. En revanche, contrairement à la veille où ils avaient patrouillé la ville toute la journée, les pick-ups bondés de soldats centrafricains se faisaient discrets.

VIDEO. Centrafrique : Juppé et Fillon soutiennent l’intervention française

8h12. La France est là  «pour un moment court» Toujours sur RFI, Jean-Yves Le Drian certifie que «cette intervention sera rapide, elle n’a pas vocation à durer, et je suis sûr de son succès.» Un prolongement est-il envisageable ? «Ce n’est pas dans la logique de ce que nous avons décidé, (de ce) qu’a décidé le président de la République, c’est une phase transitoire», répond le ministre.

Les forces françaises en Afrique

8h09. Un sommet de l’Elysée très attendu. Le ministre de la Défense espère qu’il permettra «une prise de conscience des pays africains sur la nécessité de s’organiser ensemble pour assurer la sécurité de l’Afrique.» Une quarantaine de dirigeants africains sont attendus dans l’après-midi.

8h07. Les motivations des milices ne sont pas politiques. Bien qu’il ne faille «pas négliger une dérive confessionnelle», «les motivations de bases ne sont pas politiques», assure le ministre de la Défense. «Peut-être que pour certains il y en a», mais «il s’agit beaucoup de rapines, de violences parfois gratuites».

VIDEO. Le Drian anonce le début de l’opération 


8h05. «Pour sécuriser, il faut désarmer et cantonner», confie le ministre de la Défense. «Les vandales, les brigands, les milices s’aperçoivent qu’ils ne peuvent pas utiliser les rues de Bangui comme un champ de Bataille. »

8h02. Objectif : sécuriser «l’intervention humanitaire.» Selon Jean-Yves Le Drian, le rôle des forces françaises est «d’abord de faire en sorte qu’une sécurité minimum permette à l’intervention humanitaire de se mettre en oeuvre, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Ce pays vit dans un chaos humanitaire et un effondrement sécuritaire. Il n’y a plus d’Etat.» 

7h57. Premières patrouilles françaises à Bangui. Invité sur RFI, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian annonce le début de l’opération française. «L’opération a commencé, dans la mesure où les forces françaises qui étaient déjà présentes à l’aéroport de Bangui, avec une mission limitée à la protection de cet aéroport et de nos ressortissants, dès cette nuit, ont développé des patrouilles dans Bangui. La nuit a été calme».

VIDEO. Centrafrique: les habitants apeurés 

6 heures. Tirs nocturnes à Bangui. Malgré la levée du couvre-feu, les rues de Bangui sont désertes. Contrairement à la veille où ils patrouillé la ville toute la journée, les pick-ups bondés de soldats se font discrets. Des tirs sporadiques d’armes automatiques ont été entendus dans la nuit. Ils ont cessé à l’aube dans certains quartiers. On ignore encore s’ils ont fait des victimes

Jeudi. 19h19. François Hollande annonce une action militaire « immédiate » de la France en Centrafrique.

VIDEO. Centrafrique: des soldats français arrivent au Cameroun

Jeudi, 18 heures. Terreur au couvre-feu. La nuit tombe à Bangui. Pour les habitants de la capitale, c’est une longue nuit de terreur qui commence. Tous redoutent une chose, que ce soit pire encore que la veille.

VIDEO. Centrafrique : 14 enfants blessés jeudi dans des violences

VIDEO. Centrafrique : à Bangui, les blessés affluent dans les hôpitaux

(LeParisien.fr)

Centrafrique:

Paris porte à 1.600 soldats son contingent

et étend leur mission

au désarmement des milices !

PARIS – Le contingent français en Centrafrique atteindra 1.600 hommes samedi 7 décembre 2013 au soir, soit 400 de plus qu’annoncé jusqu’à présent, avec pour mission prioritaire de mettre fin aux massacres et de désarmer toutes les milices et groupes armés, a annoncé le président François Hollande.

L’intervention française sera rapide, efficace et devra désarmer toutes les milices et groupes armés qui terrorisent les populations, a affirmé M. Hollande, lors d’une conférence de presse de clôture du sommet sur la paix et la sécurité en Afrique à Paris.

Elle devra permettre à la Centrafrique de retrouver la stabilité, et permettre le moment venu des élections libres et pluralistes, a ajouté M. Hollande.

Jeudi soir, il y avait 600 militaires français; hier (vendredi) soir, il y en avait 1.000; et ce soir, il y en aura 1.600 et ce sera l’effectif qui demeurera autant que nécessaire pour cette mission, a déclaré le chef de l’Etat.

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait précédemment évoqué une mission pour une période brève, de l’ordre de six mois, une échéance non utilisée samedi par le chef de l’Etat.

En Centrafrique, il faut frapper fort, tout de suite, a insisté le président français, semblant ainsi expliquer pourquoi les troupes françaises avaient été portées à 1.600 hommes.

Jusqu’à présent, les autorités françaises n’avaient parlé que de 1.200 militaires mobilisés dans le pays pour une opération de soutien à la force africaine (Misca) déployée en Centrafrique. Elles n’avaient pas non plus indiqué que la mission des Français comprendrait un désarmement des milices.

Les forces françaises vont se déployer le plus rapidement possible et partout où il y a des risques pour la population, avec les forces africaines présentes qui sont au nombre de 2.500 soldats, a ajouté François Hollande.

Dans un délai, je crois court, nous pourrons faire cesser toutes les exactions et les massacres, a-t-il enchaîné, précisant que, selon les informations en sa possession, il y en a peu aujourd’hui alors que sur la seule journée de jeudi, les chiffres étaient effrayants, il y aurait eu 300 morts.

Selon le président français, le troisième temps de l’opération sera de permettre aux autorités centraficaines de pouvoir reprendre le contrôle du territoire et d’assurer la défense de la population.

Pour autant, nous ne nous arrêterons pas là, a-t-il prévenu, expliquant qu’il s’agira, comme au Mali, de conclure l’opération par la tenue d’élections.

François Hollande a estimé cependant que l’intervention des troupes françaises avait permis une respiration pour la population centrafricaine qui les a accueillies dans la liesse. 

Annonçant solennellement jeudi soir le déclenchement de l’opération française après le feu vert du Conseil de sécurité de l’ONU, Francçois Hollande avait laissé entendre que les effectifs des forces françaises seraient limités à 1.200 hommes. Déjà 600 militaires français sont sur place. Cet effectif sera doublé d’ici quelques jours, pour ne pas dire quelques heures, avait-il dit.

Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian, avait indiqué pour sa part vendredi sur RFI que les deux objectifs des opérations militaires françaises étaient d’assurer une sécurité minimum, permettant à une intervention humanitaire de se mettre en oeuvre et que les forces africaines soient en situation d’assurer la sécurité du territoire en attendant la transition politique.

(©AFP / 07 décembre 2013 17h47)

NOTA: 

« Frapper fort tout de suite »

signifie donc que les aéronefs

vont utiliser

des armes à l’URANIUM « APPAUVRI » !

Hollande à Bangui:

La France en Centrafrique,

ou le centre en françafrique ?

(Chien Guevara)

 1. Actualité

L’intervention de la France en République centrafricaine est imminente. Le pays, « au bord du génocide » selon le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a sombré dans le chaos depuis le renversement, le 24 mars dernier, du régime de François Bozizé par Michel Djotodia, le chef de la coalition rebelle Séléka, accusée de perpétrer des violences à caractère confessionnel. Actuellement, environ 410 soldats français – dont 180 parachutistes du 8e RPIMa de Castres (Tarn) qui ont pris leurs quartiers dans la ville de Boali – sont basés du côté de l’aéroport de Bangui, notamment pour assurer la protection du millier de ressortissants français en Centrafrique.

Ce contingent sera donc porté à un millier très prochainement, a annoncé hier le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Ce sera, a priori selon le ministre, « pour une période brève, de l’ordre de six mois à peu près », afin de rétablir l’ordre en appui d’une force panafricaine qui compte actuellement 2 500 hommes, sur un total prévu de 3 600.Mais elle peine à atteindre son effectif plein et manque cruellement de moyens.
Pour autant, la France prend soin de souligner qu’elle est « en appui » et qu’elle ne réédite pas en Centrafrique, ex-colonie, son intervention armée du début de l’année au Mali, qui visait à neutraliser des groupes islamistes armés.
Paris apparaît cependant, comme au Mali, à la manœuvre et sur tous les fronts, diplomatique comme militaire. Du coup, la réponse à la résolution déposée, lundi, par Paris au Conseil de sécurité de l’ONU ne saurait tarder. Pour rappel, cette résolution vise à renforcer la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca) déjà présente, avec la perspective de la transformer en force de l’ONU de maintien de la paix. Elle est de fait placée sous le chapitre VII de la Charte de l’ONU, qui prévoit le recours à la force dans un pays où les violences oscillent entre « conflit religieux et ethnique », entre chrétiens et musulmans. Jusqu’à présent plusieurs pays, notamment les États-Unis ou la Grande-Bretagne, sont réticents à financer une nouvelle opération en Afrique.

2. Etat des lieux

La République centrafricaine est un de ces pays où le temps s’est arrêté. On dit même, ici à Bangui, la capitale, que l’horloge a reculé de 40 ans. Selon la Fondation Mo Ibrahim sur la bonne gouvernance, la Centrafrique est, avec le Tchad, le Congo démocratique, l’Érythrée et la Somalie, en tête de liste des États en déliquescence du continent et de la planète.

En fait, entre ces cinq pays, il faut même faire une distinction : d’un côté la Somalie, toujours en proie à l’anarchie et au terrorisme, et la Centrafrique sur le point d’y ressembler, et de l’autre côté, les trois autres qui tentent avec des fortunes diverses de se reconstruire.
La Centrafrique est aux prises depuis vingt ans avec une instabilité politique et militaire chronique. De rébellions militaires en coups d’État, d’insurrections rebelles en interventions étrangères, le pays ne fait que s’enfoncer, malgré une présence internationale permanente. La Centrafrique détient le record du monde pour le déploiement de forces de maintien de la paix : onze missions depuis 1998, et l’ONU en prépare une douzième.
Malgré cela, rien n’y fait. Les élites se disputent le pouvoir et les quelques richesses sans aucune considération pour les quatre millions de Centrafricains. Dès qu’un groupe prend le pouvoir, il donne naissance à une rébellion qui le déloge, et ce groupe est à son tour délogé quelques années plus tard.
Ce cycle infernal a conduit la Centrafrique là où elle est présentement. En août dernier, de passage à Bangui, un représentant de l’ONU a résumé en quelques mots l’ampleur du désastre : « L’État n’existe tout simplement pas en dehors de la capitale. Au-delà de Bangui, il n’y a ni police, ni système judiciaire, ni services sociaux. La sécurité est pratiquement inexistante et la population vit dans un état de peur permanent », déclarait-il.
Le dernier groupe rebelle à avoir pris le pouvoir, la coalition Séléka, a tout dévasté sur son passage lors de sa marche sur la capitale en mars dernier. Les préfectures, les écoles, les églises, ont été pillées et brûlées, tout comme les archives. L’ONU, présente au pays depuis treize ans, n’a pas été en mesure de stopper la descente aux enfers.

En fait, la République centrafricaine, un non-Etat au cœur du continent, est en train de sombrer dans le chaos, entre rebelles et milices hors de contrôle et des dizaines de milliers d’habitants réfugiés dans les forêts, fuyant les massacres pour tomber dans la faim et la maladie. Les organisations humanitaires présentes, comme Médecins sans frontières ce mardi, appellent à l’aide.
Un « porte avions » au cœur de l’Afrique
La RCA n’a jamais réellement eu d’Etat depuis son accession à l’indépendance il y a un demi-siècle. La France n’a pas aidé, orchestrant les coups d’Etat comme les couronnements d’empereurs, pour protéger des bases militaires dans un pays considéré comme un « porte avions » au centre de l’Afrique.

Livrée à elle-même, la population a répondu du mieux qu’elle pouvait en organisant les milices paysannes, les fameux anti-balaka (anti-machettes). Il y a déjà eu des affrontements violents et des centaines de morts. Aujourd’hui, on parle d’un conflit interethnique entre chrétiens et musulmans. Rien n’est plus faux. Les deux groupes ethniques sont victimes d’un même ennemi : la coalition Seleka, qui a pris le pouvoir dans l’indifférence de la communauté internationale.
Lundi dernier (25 novembre, NDLR), le vice-secrétaire général des Nations Unies, Jan Eliasson a agité à son tour le spectre d’un « conflit ethnique et religieux » et a appelé à une réaction rapide et décisive pour éviter que la situation n’échappe à tout contrôle, ce qui représenterait un terreau fertile aux extrémistes et aux groupes armés.

3. Historique de la colonisation

Quant à la durée de l’opération, il faudrait un miracle pour que dans les six mois, les forces africaines soient prêts à prendre le relais et assurer à la Centrafrique la stabilité qui lui manque pour tenter de bâtir -enfin- un Etat digne de ce nom.

La France, un vague souvenir…

Pour l’heure, il y a urgence, même si l’emploi du mot « génocide » à Paris comme à New York crée un malaise : rien ne prouve, jusqu’ici, la volonté d’extermination d’un camp sur l’autre, qu’il soit ethnique ou religieux, comme ce fut le cas au Rwanda par exemple.
Pour le meilleur comme pour le pire, c’est un pays que Paris connaît bien. Ce fut même une caricature de ce que l’on appelait jadis la « Françafrique ». Un Etat où la France faisait et défaisait les régimes. Remplaçant des dictateurs en cours d’émancipation par d’autres hommes qui lui étaient redevables. On a bien noté les visites mystérieuses ces derniers mois à Bangui de Claude Guéant et de Jean-Christophe Mitterrand, deux figures d’une « Françafrique » moribonde. Mais nous n’en sommes plus là.

De l’ère coloniale à l’ère néocoloniale

Le colonialisme français, qui s’est partagé le pays avec le colonialisme belge dès 1885 avant de s’en emparer totalement en 1905 et dont il ne faut jamais oublier qu’il avait conquis le pays « pour y apporter la civilisation », y amena la guerre, les populations refusant, en particulier de 1928 à 1931, le travail forcé imposé par les colons. Le travail et sa valeur ne constituent-ils pas pourtant les éléments fondamentaux de la civilisation moderne ? Mais allez faire comprendre cela à l’« homme africain qui n’est pas assez entré dans l’histoire »…
Pillant allègrement les richesses agricoles, minières, forestières et animales ainsi que la force de travail gratuite des populations locales, le colonialisme français ne construisit aucune base industrielle.
L’indépendance toute formelle proclamée en 1960 marqua le passage de l’ère du colonialisme à celle du néocolonialisme avec l’insertion du pays dans la Francafrique. Outre ses richesses exploitées et potentielles, la RCA avait le malheur d’occuper une position géostratégique peu commune en Afrique. Située au cœur du continent, elle allait abriter d’importantes bases militaires françaises et jouer le rôle de porte-avions lors des nombreuses interventions militaires françaises dans la région (Tchad, Congo…).
En dépit de la proclamation de l’indépendance, le colonialisme français n’a jamais quitté le pays. Avant même l’indépendance, Barthélémy Boganda, « père de l’indépendance » proclamée dès 1958, fut opportunément assassiné. Le candidat soutenu par Paris, David Dacko, brûlera la politesse au successeur attendu de Boganda et deviendra le premier président de la République. Wikipédia nous apprend que ce président « instaure très vite un régime dictatorial et commet l’erreur de se rapprocher de la Chine. Cela déplaît à la France qui veut garder son influence sur ce pays riche en uranium et à l’importance stratégique primordiale du fait de sa position centrale sur le continent africain. La France se décide alors à soutenir le chef d’état-major de l’armée centrafricaine, Jean-Bedel Bokassa. » Paris continuera, jusqu’à ce jour, à jouer un rôle politique de tout premier plan, faisant et défaisant allègrement tous les présidents. Quant à la Chine, il semble, comme nous le verrons plus loin, qu’elle persiste à constituer un facteur de déplaisir pour la France en RCA.

4. Ressources naturelles locales

A l’image de nombreux autres pays du continent, la république Centrafricaine (RCA) n’est pas dénuée de ressources naturelles. Cela n’empêche pas le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) de la classer en 2005 parmi les États les plus pauvres de la planète puisqu’elle occupe la 171e place sur 177 selon le classement de l’Indicateur de développement humain (IDH)… Des mines d’or et de diamants au potentiel énorme, mais aussi de mercure, d’uranium et de fer sont pourtant exploitées alors que les recherches de pétrole semblent prometteuses.

Sur le plan agricole qui contribue à hauteur de plus de 65% au PIB du pays, on cultive du manioc, des bananes, du maïs, du café, du tabac, du coton, de la canne à sucre… L’absence de réelle politique d’investissement dans le secteur agricole empêche toutefois la RCA d’exploiter au mieux ces cultures alors même qu’elle pourrait, en particulier, développer les rendements en matière d’exploitation du coton et de la canne à sucre.
Une autre ressource majeure de la RCA est constituée par la forêt qui couvre 3,8 millions d’hectares dont 3 millions sont exploitables. Disposant d’essences précieuses telles que les arbres Sapelli, Sipo et Kosipo… particulièrement recherchés pour la menuiserie (contreplaqué, fabrication de meubles…) et qui s’ajoutent à l’exploitation traditionnelle de l’hévéa depuis la colonisation, l’exploitation forestière contribue à hauteur de 10% au PIB du pays.

5. Implantation française en Centrafrique

Les échanges commerciaux (52 M€) sont peu importants et les entreprises françaises peu nombreuses, mais la France reste le premier investisseur en RCA et a su, dans un contexte difficile, nouer des partenariats notamment dans les secteurs des services aux entreprises, des industries manufacturières, du commerce et des services bancaires.

En dépit de l’instabilité politique et des risques sécuritaires, Air France, Bolloré (logistique et transport fluvial), Castel (boissons et sucre), Total (stockage et distribution des produits pétroliers), CFAO (distribution automobile) ont maintenu leurs implantations en RCA. L’arrivée en 2007 de France Télécom dans la téléphonie mobile marque un certain intérêt des investisseurs français. Les pillages consécutifs à la prise de Bangui par les rebelles le 24 mars ont fortement perturbé l’activité des entreprises françaises.
Alors qu’Areva avait signé un accord avec le gouvernement centrafricain le 1er août 2008 pour l’exploitation du gisement d’uranium de Bakouma (Est), les nombreuses difficultés (éloignement du gisement, mise au point du procédé de traitement du minerai, fourniture d’énergie, insécurité) et la baisse des cours mondiaux d’uranium à la suite de la catastrophe de Fukushima ont conduit Areva à suspendre ce projet.

Un demi-siècle après la soi-disant indépendance, les « peuples entreprenants » – incarnés par une poignée de firmes occidentales soutenues par la Banque mondiale – ne se privent guère, en effet, d’exploiter l’or africain et de bouleverser le mode de vie des populations locales : cadences infernales, normes de sécurité inexistantes, mouvements syndicaux réprimés, pollution catastrophique, etc.
Ces firmes privées, tentaculaires, exploitent aujourd’hui 80 % des gigantesques gisements africains. Liées à des trafiquants d’armes, à la famille Bush, à la CIA ou au lobby nucléaire, on les retrouve au Mali, au Ghana, en Tanzanie, en Afrique du Sud et jusque dans les régions en conflit – comme en République démocratique du Congo –, où elles soutiennent parfois des mouvements armés. Elles sont si puissantes que l’ONU renonce à les sanctionner. Leurs bénéfices sont rapatriés dans des paradis fiscaux, tandis que les pays africains riches en or ne cessent de s’appauvrir… »
Le secteur privé étranger domine donc toute l’économie du pays, y compris dans les transports. Le transport fluvial (fleuves Oubangui, Sangha, Mpoko, Bamingui, Ouaka, Kotto…) constitue le mode principal de transport dans le pays. Dans ce domaine, « l’Agence française de développement » se vante d’octroyer une subvention au gouvernement centrafricain en vue de réhabiliter le parc de pousseurs et de barges. Elle se targue également de financer « un dispositif d’assistance technique auprès du service commun d’entretien des voies navigables » ainsi que « la construction dans la zone forestière du Sud-Ouest de deux ponts sur les fleuves Lobaye et M’Baéré [… et] la reconstruction ou la réhabilitation de 4 ouvrages de franchissement… ». Mais cette aide, que d’aucuns pourraient naïvement considérer comme désintéressée, n’a été possible que par « la privatisation de la Société centrafricaine de transport fluvial (Socatraf), qui assure le transport sur l’Oubangui entre Kinshasa, Brazzaville et Bangui, et la signature d’un contrat d’affermage entre le Groupe Bolloré et l’Etat ». Le Groupe Bolloré appartient à l’ami de l’ancien président Nicolas Sarkozy : Vincent Bolloré. Ce groupe contrôle une bonne partie des chemins de fer et des ports d’Afrique de l’ouest qui servent entre autre à l’évacuation du produit de l’exploitation forestière du Cameroun, du Gabon, de Centrafrique et d’ailleurs. Cela n’a bien évidemment aucun rapport avec la Francafrique.
Ainsi, la Banque mondiale et le FMI, par le biais de plans d’ajustement structurels (PAS), obligent les gouvernements africains (souvent complices) à privatiser-brader leurs entreprises publiques que des groupes rapaces rachètent à vil prix pour mieux s’assurer une position monopolistique sur les chaînes de transport et quelques activités hautement rentables en amont (tabac, forêts…).
Rivé, comme nombre de pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale au Franc CFA, le pays supporte le poids important de la dette sur le budget national. Cela a favorisé la venue des bailleurs de fonds internationaux (UE, Banque mondiale, FMI…).

Les nouveaux habits roses du néocolonialisme français

Le quotidien parisien Le Monde rapportait dans son édition du 28 décembre 2012 que le président François Hollande, réagissant à l’avancée des rebelles centrafricains qui menaçaient de renverser le président François Bozizé à Bangui, avait déclaré : « Si nous sommes présents, ce n’est pas pour protéger un régime, c’est pour protéger nos ressortissants et nos intérêts et en aucune façon pour intervenir dans les affaires intérieures d’un pays, en l’occurrence la Centrafrique ». « Ce temps-là est terminé », a ajouté le président français.
Qui peut accorder un quelconque crédit à ces déclarations ? Il est de notoriété publique que le président Hollande et son gouvernement ne remettent nullement en cause les fondamentaux du néocolonialisme en RCA comme dans l’ensemble des pays de la Francafrique.

6. Les mensonges et la conclusion

Pour la troisième fois cette année, François Hollande s’apprête à ordonner une intervention militaire à l’étranger. Après le Mali en janvier, la Syrie en septembre qui n’a finalement pas eu lieu pour les raisons que l’on connait, un millier de soldats français sont sur le point d’être envoyés en République centrafricaine.

François Hollande est donc solidement installé dans son rôle de Commandant en chef où on l’attendait le moins, faisant preuve de la détermination et de l’autorité dont l’opinion juge qu’elles lui font défaut dans les affaires nationales.
Au plus bas dans les sondages, le président ne peut attendre aucun « bénéfice » politique immédiat d’une telle opération militaire. Celle du Mali, globalement réussie même si les forces françaises sont contraintes de se maintenir plus longtemps que prévu, ne lui a apporté qu’une petite éclaircie d’image, mais n’a rien changé dans l’opinion.
L’enjeu de cette intervention au cœur de l’Afrique est ailleurs : il est dans le « retour » de la France sur le continent noir, après des décennies d’ingérence (« Françafrique ») suivies d’une période de relative indifférence ou de profondes maladresses (« l’homme africain n’est pas entré dans l’histoire » – Sarkozy à Dakar en 2008).

La France interviendra donc militairement. Mais en faveur de qui ? D’un gouvernement lui-même issu d’un putsch. La France n’est pas à une contradiction près. En revanche, lorsque des intérêts économiques majeurs sont en jeu, la logique est remisée au placard. Comme on peut le lire sur le site officiel du ministère des affaires étrangères, l’Élysée a directement en ligne de mire les ressources naturelles de son ancienne colonie : « En dépit de l’instabilité politique et des risques sécuritaires, Air France, Bolloré (logistique et transport fluvial), Castel (boissons et sucre), Total (stockage et distribution des produits pétroliers), CFAO (distribution automobile) ont maintenu leurs implantations en RCA. L’arrivée en 2007 de France Télécom dans la téléphonie mobile marque un certain intérêt des investisseurs français. Les pillages consécutifs à la prise de Bangui par les rebelles le 24 mars ont fortement perturbé l’activité des entreprises françaises ».
Grâce à l’intervention militaire, la France peut maintenant achever le sien.

Derrière les grands et nobles mots de démocratie, de développement et de liberté, les grandes puissances impérialistes continuent de piller l’Afrique et d’ensanglanter ses peuples. Il est temps que ces derniers se lèvent, prennent leurs affaires en main et entament en comptant sur leurs propres forces un nouveau cycle de libération des liens d’allégeance néocoloniaux.

Sources :

 http://www.rue89.com/2013/11/26/pourquoi-francois-hollande-envoie-trou…
 http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-13106.html
 http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/11/27/centrafrique-questions-…
 http://www.ladepeche.fr/article/2013/11/27/1762023-centrafrique-la-fra…
 http://www.lanation.info/Centrafrique-de-l-ere-coloniale-a-l-ere-neoco…
 http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo/republique-centrafrica…
 http://www.resistance-politique.fr/article-republique-centrafricaine-l…

L’article dans sa niche: Hollande à Bangui : la France en Centrafrique, ou le centre en françafrique ?

République centrafricaine.

La France peut achever les travaux de pillage.

(Capitaine Martin)

On risque un « génocide » en République centrafricaine. L’alarme a été donnée par la France qui, après des mois de silence, a demandé en toute hâte à l’ONU d’agir rapidement. La situation dans ce pays est dramatique. Les rebelles de la Seleka, responsables du coup d’état du 24 mars, ont saccagé le pays, commettant les pires atrocités : pillages, exécutions sommaires, viols et tortures sur les populations civiles.

Livrée à elle-même, la population a répondu du mieux qu’elle pouvait en organisant les milices paysannes, les fameux anti-balaka (anti-machettes). Il y a déjà eu des affrontements violents et des centaines de morts. Aujourd’hui, on parle d’un conflit interethnique entre chrétiens et musulmans. Rien n’est plus faux. Les deux groupes ethniques sont victimes d’un même ennemi : la coalition Seleka, qui a pris le pouvoir dans l’indifférence de la communauté internationale.

En décembre 2012, l’ancien-président déchu, François Bozizé, avait demandé l’aide des États-Unis et de la France en vue de stopper les rebelles, mais François Hollande avait refusé d’intervenir dans l’ancienne colonie, arguant que la France ne pouvait agir que sous mandat de l’ONU. Le locataire de la Maison blanche avait avancé à l’époque le même argument.

Aujourd’hui, la France fait valoir que la Centrafrique est catastrophique. Selon les États-Unis, la situation y est « pré-génocidaire ». Pourquoi me direz-vous ne pas avoir entamé quoi que ce soit plus tôt ? Tout simplement parce que la situation n’était pas mure. La France prétend aujourd’hui jouer le rôle de bon samaritain vis-à-vis de la République centrafricaine dont on sait qu’elle est riche en uranium, en pétrole, en or, en diamants et en bois. Et elle peut aujourd’hui le faire avec le feu vert de l’ONU.

Lundi dernier (25 novembre, NDLR), le vice-secrétaire général des Nations Unies, Jan Eliasson a agité à son tour le spectre d’un « conflit ethnique et religieux » et a appelé à une réaction rapide et décisive pour éviter que la situation n’échappe à tout contrôle, ce qui représenterait un terreau fertile aux extrémistes et aux groupes armés.

Durant la réunion dédiée à l’ancienne colonie française, les quinze pays membres du conseil de sécurité se sont mis d’accord pour autoriser la force panafricaine présente en Centrafrique(Misca) à se déployer pour une période initiale de six mois. L’objectif officiel est d’essayer de renforcer la sécurité et de protéger les civils. Il n’est pas exclu que la Misca se transforme à terme en opération de maintien de la paix avec à la clé le déploiement de Casques bleus.

Les Nations Unis ont autorisé les forces françaises déjà présentes en République centrafricaine à prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca. Invité sur Europe 1 le 26 novembre, le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, a officiellement annoncé l’envoi d’un millier d’hommes sur le terrain. « La France appuiera cette mission africaine, de l’ordre d’un millier de soldats », a-t-il déclaré. « Nous le ferons en appui et non pas en entrée en premier, comme nous avons pu le faire pour le Mali, et pour une période brève, de l’ordre de six mois à peu près », a ajouté le ministre.

La France interviendra donc militairement. Mais en faveur de qui ? D’un gouvernement lui-même issu d’un putsch. La France n’est pas à une contradiction près. En revanche, lorsque des intérêts économiques majeurs sont en jeu, la logique est remisée au placard. Comme on peut le lire sur le site officiel du ministère des affaires étrangères, l’Élysée a directement en ligne de mire les ressources naturelles de son ancienne colonie : « En dépit de l’instabilité politique et des risques sécuritaires, Air France, Bolloré (logistique et transport fluvial), Castel (boissons et sucre), Total (stockage et distribution des produits pétroliers), CFAO (distribution automobile) ont maintenu leurs implantations en RCA. L’arrivée en 2007 de France Télécom dans la téléphonie mobile marque un certain intérêt des investisseurs français. Les pillages consécutifs à la prise de Bangui par les rebelles le 24 mars ont fortement perturbé l’activité des entreprises françaises ».

Grâce à l’intervention militaire, la France peut maintenant achever le sien.

Capitaine Martin

Publié dans : REFLEXIONS PERSONNELLES |le 7 décembre, 2013 |Pas de Commentaires »

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