MEDIAS ET INFORMATION: IL EST TEMPS DE TOURNER LA PAGE (Viktor DEDAJ / http://www.legrandsoir.info)
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » David Bohm, 1977
Préambule
Si un boucher nous empoisonnait en nous vendant de la viande avariée, les consommateurs que nous sommes n’accepteraient jamais l’idée que « les choses sont comme ça » et qu’il ne nous resterait plus qu’à trouver un autre fournisseur. Mais lorsqu’une journaliste du New York Times ment sciemment sur les armes de destruction massive en Irak – et participe à l’extermination d’un million et demi d’Irakiens innocents – elle se voit simplement « remerciée » et l’affaire est classée dans le casier « déontologie ». Ici, l’impunité est quasi-totale et même revendiquée par la profession journalistique au nom d’une « liberté » qu’elle se garde bien de définir avec précision.
Pourtant, l’idée que « l’information est devenue un produit de consommation comme un autre » n’est pas nouvelle. Mais ce serait alors le seul produit de consommation pour lequel il n’existe aucune date de péremption, aucun suivi ni traçabilité imposés par des textes, aucune association de consommateurs représentative ni aucune réglementation sur la qualité ou sur les normes.
Comment ont-ils réussi à nous faire admettre pour notre esprit ce que nous n’accepterions jamais pour notre corps ?
Etat des lieux:
Vite fait = mal fait
Un jour, j’ai reçu un coup de fil d’une journaliste de France-Info, une certaine Sophie Parmentier, « grand reporter » est-il précisé sur le site de la radio, qui voulait m’interviewer sur un sujet précis concernant Cuba. Je me suis rapidement aperçu qu’elle ne connaissait pas le sujet et qu’elle cherchait à obtenir des réponses « attendues ». Lorsque je lui ai demandé depuis quand elle était sur le sujet et proposé quelques sources à consulter et de me rappeler plus tard, elle m’a répondu qu’elle avait commencé à étudier son sujet à 9h00 et qu’elle devait le rendre à 16h00. En clair : elle n’avait pas le temps.
Faisons une expérience. Prenez au hasard un parterre d’inconnus. Examinez-les à tour de rôle et essayez d’énoncer une vérité sur chacun d’entre eux. A part de décrire quelques éléments physiques apparents, vous n’irez pas loin. Pour faire mieux, il faudrait poser des questions, éventuellement recouper des informations, etc. Bref, il vous faudra un élément essentiel à la recherche de la vérité : le temps. A présent, recommencez et, cette fois-ci, énoncez un mensonge. Facile : untel a marché sur la lune, un autre a traversé le Pacifique à la nage.
Cette simple, évidente et incontournable contrainte du temps, contrainte physique, mécanique, induit le truisme suivant : « La vérité exige du temps alors que le mensonge s’accommode parfaitement avec la vitesse. »
Demandez à un garagiste de faire la révision de votre voiture en une heure. Maintenant demandez-lui de la faire en 5 minutes. Demandez à un médecin de vous ausculter en une demi-heure. Maintenant demandez-lui de le faire en 2 minutes. Par quelle magie les journalistes échapperaient-ils à la dégradation générale et inéluctable du résultat de leur travail induite par la réduction du facteur « temps » ?
Obnubilés par la technologie qui permet la circulation quasi-instantanée de « données », on en oublie d’analyser le délai, pourtant essentiel, entre un fait et la transmission quasi-instantanée de données présentées comme desinformations. Et plus ce délai est court, plus l’écart entre l’information et la réalité risque d’être – et même sera – grand. C’est mécanique, c’est physique, c’est incontournable. L’absence du facteur temps dans un métier où la vitesse est de plus en plus un « critère » conduit inéluctablement à une dégradation continue de la qualité de l’information. Ceci est vrai même dans le cas de ce que nous appellerons un bon journaliste.
Ce qui nous permet de compléter le truisme : « La vérité exige du temps alors que le mensonge s’accommode parfaitement avec la vitesse. Il s’ensuit que plus l’information va vite et plus elle est fausse. » Le contraire n’étant pas forcément vrai.
Ce phénomène de dégradation s’amplifie avec la complexité du sujet. En effet, annoncer qu’un train a eu une panne à tel endroit à telle heure peut se faire avec une certaine fiabilité. Après tout, la quantité d’information à traiter est limitée. Pour annoncer les résultats d’un matche de foot, c’est encore plus simple. Ici, la vitesse de traitement n’a qu’un effet mineur sur la vérité. A l’inverse, dans le cas d’un événement complexe (comme la Syrie par exemple), la vitesse de traitement produit inévitablement une dégradation de la qualité de l’information. Puisqu’il faut aller vite, et parce que l’événement est complexe, le résultat est prévisible : ce n’est pas la vitesse de traitement qui sera ralentie, mais l’événement qui sera simplifié pour pouvoir être traité dans les délais impartis. Et parce que la vitesse de traitement est relativement constante, tous les événements se verront donc compressés jusqu’à un niveau de « compatibilité » avec les formats de transmission. Plus un sujet est complexe et plus la dégradation du significatif sera forte. A vitesse constante, la dégradation de la qualité de l’information est donc proportionnelle à la complexité du sujet traité.
Enjeu, complexité et vitesse:
Le trio perdant
Nous avons vu que le vitesse de traitement était relativement constante. Relativement, parce qu’il lui arrive de s’accélérer encore plus, notamment dans le cas d’événements exceptionnellement spectaculaires. Alors que la vitesse habituelle ne permet pratiquement aucun recul, aucune analyse sérieuse, il s’avère que dans les cas d’événements exceptionnels, la notion même de recul, de réserves, disparaît, pour céder la place à une débauche de « savoir-faire » de pure forme.
Or, dans le cas du train en panne, l’enjeu politique est faible pour ne pas dire inexistant. Après tout, ça arrive. Dans le cas de la Syrie, pour garder cet exemple, l’enjeu politique est extrêmement élevé.
Si l’enjeu politique d’un événement est faible, la volonté de le manipuler sera faible. A l’inverse, plus un événement présentera un enjeu politique et plus une manipulation par les parties intéressées (notion plus large que les « parties concernées ») sera tentée – et plus la prudence et la réserve des grands médias devraient être de rigueur. C’est pourtant le contraire qui se produit.
Ainsi, la probabilité d’une manipulation d’un événement est directement proportionnelle à l’importance des enjeux politiques qui l’entourent alors que dans le même temps, la prudence des médias est inversementproportionnelle aux enjeux politiques. Leur prudence est donc – paradoxalement – inversement proportionnelle à la probabilité de manipulation. Conclusion : plus le risque de manipulation est grand, moins les médias jouent leur rôle. Moins les médias jouent leur rôle, plus la manipulation sera facilitée et par conséquence tentée, augmentant ainsi sa probabilité de manière exponentielle jusqu’à devenir « quasi certaine ».
Notons au passage que l’attitude standard d’un « consommateur de l’information » est de considérer que plus un événement est couvert par les médias, plus les risques de manipulation sont faibles et mieux nous sommes informés. Erreur classique et aux conséquences tragiques, ne serait-ce que parce que la multiplicité des médias n’a aucun rapport avec la multiplicité des sources et des opinions.
En résumé:
- Le niveau de couverture médiatique d’un événement ne garantit aucunement la fiabilité des informations.
- La mal-information (la partie « involontaire ») est proportionnelle à la complexité d’un événement multipliée par sa vitesse de traitement. Plus un événement est complexe et plus son traitement est rapide, plus nous serons mal informés.
- La manipulation (la partie « volontaire ») est proportionnelle aux enjeux politiques multipliés par l’absence de réserve des médias. Plus les enjeux politiques d’un événement sont grands, moins les médias feront leur travail, et plus nous serons désinformés.
- Lorsqu’un événement présente à la fois une complexité et un enjeu, la probabilité que nous soyons à la fois mal informés et désinformés est quasi certaine. Nos chances de connaître la vérité s’inversent donc et deviennent quasi nulles.
Ramené en une seule phrase : Plus un événement est complexe et présente un enjeu politique, moins nous sommes réellement informés – et ce, quel que soit son niveau de couverture médiatique.
La Mal-information
A l’instar de la malbouffe qui désigne à la fois les productions d’une industrie agroalimentaire et nos propres habitudes alimentaires, la mal-information désigne à la fois les produits de l’industrie de l’information et aussi nos propres habitudes de consommation.
Ce n’est pas le hamburger consommé de temps à autre qui nous bouche les artères pas plus que le sandwich occasionnel avalé à la hâte au coin d’une table de bistrot qui nous déglingue… C’est le train-train quotidien, ce petit morceau de sucre après l’autre, ce fruit chargé de pesticides ou signé Monsanto, le lent empoisonnement via nos assiettes et/ou nos propres habitudes qui se conjuguent pour nous tirer inexorablement vers le mal-être.
De même, ce n’est pas le film américain consommé de temps à autre qui nous bouche les neurones, ce n’est pas une désinformation occasionnelle avalée au coin d’une table du salon qui déglingue notre capacité d’analyse… C’est le train-train quotidien, ce petit mensonge après l’autre, cette information chargée de contre-vérités ou signée TF1, le lent empoisonnement via nos média et/ou nos propres habitudes qui se conjuguent pour nous tirer inexorablement vers le mal-savoir.
Et comme la malbouffe, la mal-information est le résultat de conditions imposées par les forces économiques mais aussi le résultat de nos propres habitudes de consommation.
La confusion entre « ingurgiter des informations » et s’informer.
« Moi, ça va, je passe beaucoup de temps à m’informer ». Souvent entendue, cette phrase ne fait qu’exprimer la même confusion qu’entre manger et se nourrir. Dire « je suis informé parce que je m’informe » équivaut à dire « je me nourris parce que je mange ». Et si cette dernière expression vous paraît cohérente, relisez la en rajoutant à la fin « …parce que je mange des cailloux ». Absurde, n’est-ce pas ?
La confusion entre, d’une part, le temps passé à ingurgiter des informations et, d’autre part, le temps consacré à la recherche de l’information est très répandue. L’action brute (comme rester planté toute la journée devant une chaîne d’information en continue ou même l’Internet) remplace, et généralement annule, l’objectif recherché.
La mal-information est la lente et permanente distillation de « Amadinejad a dit qu’il voulait rayer Israël de la carte », de « Chavez, populiste – et antisémite », de « Kadhafi a fait bombarder sa population », de « l’OTAN est une ONG humanitaire », de « les 2 tours sont tombées toutes seules… Pardon ? Il y en avait trois ? », ainsi que toutes les variations de « il n’y a pas d’alternative ».
Le « sédentarisme culturel »
La mal-information est à la fois le résultat d’une information « institutionnelle » médiocre et de notre propre passivité – par manque de temps, de moyens ou de savoir-faire, peu importe. Mais pour produire un résultat optimum, la mal-information doit se conjuguer avec un autre élément indispensable : le sédentarisme culturel.
Un des aspects les plus agaçants lorsqu’il m’arrive de débattre avec des connaissances, c’est leur évidente et totale incapacité à projeter leur pensée (ou imagination). On peut pourtant ne pas apprécier les Taliban et considérer que les enfants afghans n’ont pas à être massacrés par des cowboys surarmés. On peut ne pas apprécier feu-Kadhafi et penser, ne serait-ce que penser, que le bombardement d’un pays ne fait pas avancer la cause de la « démocratie ». On devrait pouvoir conceptualiser que la vision de l’occident vue de l’extérieur n’est peut-être pas la même que celle de l’intérieur.
Le sédentarisme culturel annihile la capacité de se « projeter dans l’autre », d’avoir un authentique recul sur soi et son environnement, d’éprouver une empathie réelle pour quelqu’un qui ne fait pas partie de son environnement immédiat. Par contre, le sédentarisme culturel renforce la capacité d’asséner des formules toutes faites comme des vérités premières et prétendument universelles. Après tout, comme disait l’autre, « Rien n’est plus dangereux qu’une idée lorsqu’on n’en a qu’une ».
Se forger une vision du monde et de l’histoire à partir de son canapé et devant la télévision (ou Internet…), ou en lisant toujours le même journal, est une opération intellectuellement risquée. Le sédentarisme culturel induit une vision où son auteur se perçoit au « centre » de quelque chose et par conséquence le reste du monde et des peuples se voient relégués vers une « périphérie ».
Demandez à n’importe qui comment s’appelle le président des Etats-Unis et vous obtiendrez probablement plus de 99% de bonnes réponses. Demandez qui est le président de la Chine et si vous obtenez plus de 1% de bonnes réponses (et je suis optimiste), je vous offre le champagne. Combien de noms de villes connaissez-vous en Chine à part les deux que tout le monde connaît ? Il ne s’agit pas ici d’un problème de mal-information stricto sensu car vous pourriez le savoir, si vous vouliez le savoir. Mais d’un autre côté, d’où nous vient cette absence de curiosité, cette absence de « sentiment d’ignorance » ? Le sédentarisme culturel est donc à la fois le produit de la mal-information et son moteur.
Notons au passage qu’être cultivé – au sens « accumulation de savoir » – n’empêche nullement le sédentarisme culturel. Le passage par la machine à formater du système éducatif – notamment le système éducatif occidental, totalement orienté centre/périphérie – est souvent l’un des meilleurs moyens d’y sombrer. Je ne suis pas le premier – Chomsky l’a bien expliqué et nombreux sommes-nous à l’avoir constaté – à dire que ce sont généralement les catégories les plus « éduquées » de la population en Occident qui sont les meilleurs piliers du système. Probablement parce que leur éducation a fortement produit une vision « centrée » du monde et que leur attitude peut se résumer à ceci : « Pourquoi diable chercher à savoir (ou comprendre) puisque je sais (ou comprend) déjà ? ».
Tous ceux qui ont déjà essayé d’expliquer quelque chose – n’importe quoi – à un enseignant, un journaliste, un diplômé d’une grande école ou un lecteur assidu du Monde savent de quoi je parle.
Obésité intellectuelle.
A l’instar de la malbouffe qui, associée au sédentarisme physique, produit l’obésité physique, on peut prolonger le parallèle et énoncer un nouveau truisme : « La mal-information associée au sédentarisme culturel produit l’obésité intellectuelle. ».
L’obésité intellectuelle, c’est l’incapacité à suivre une explication de plus de trois phrases ou à lire un long article en entier. C’est l’incapacité à suivre un raisonnement de plus d’un niveau – essoufflé dès les premières marches. C’est lire toujours le même journal. C’est regarder en boucle les chaînes dites d’information. C’est consulter toujours les mêmes sites sur Internet. C’est s’enfoncer dans l’univers ouaté de ses certitudes. C’est ne plus réagir au, et même accepter, le concept infâme de « guerre humanitaire ». C’est ne plus réagir, ni même réfléchir, aux guerres menées en notre nom. Et enfin, l’obésité intellectuelle est la propension à ne vouloir lire que ce que l’on a (déjà ) envie d’entendre et son corollaire : éviter l’effort de mettre ses certitudes à l’épreuve en les confrontant à des avis divergents.
Journalistes:
Complices et acteurs, ou victimes ?
Un jour, je discutais avec un journaliste de TF1 qui devait se rendre à Cuba. Nous avons discuté un peu du pays et je ne sais plus exactement comment j’en suis arrivé à reprocher « le manque de sérieux des journalistes ». Il s’en est défendu, évidemment, en rétorquant que lui ferait son travail en (devinez…) « toute objectivité ». Je lui ai dit que non. Il m’a dit que si. Non. Si.
« Faisons une expérience » que je lui dis. « Imaginez, vous êtes à La Havane, micro à la main, la caméra tourne. Vous commencez votre reportage par la phrase « à La Havane, le régime communiste de Castro a déclaré… », etc. Votre reportage passera à la télé ? » Il me répond « oui, bien sûr ». J’ai continué : « Et maintenant, imaginez, vous êtes devant la Maison Blanche, micro à la main, la caméra tourne. Vous commencez votre reportage par la phrase « à Washington, le régime capitaliste d’Obama a déclaré… », etc. Et là , votre reportage, il passera à la télé ? ». Il a admis que non, mais il a aussitôt rajouté « Mais c’est pas pareil ».
Et parce qu’il n’y pas de meilleur porte-parole d’un mensonge que celui qui y croit, énonçons le truisme suivant : « Les journalistes sont à la fois les premières victimes et les principaux vecteurs de la malinformation ».
Car aussi étonnant que cela puisse paraître, la plupart des journalistes croient aux conneries qu’ils racontent. Comment s’en étonner puisqu’ils sont les premiers producteurs et consommateurs de la mal-information, l’expression-même du sédentarisme culturel et donc logiquement les plus gros obèses intellectuels ?
La tâche ardue de l’auto-diagnostic.
« Il est plus facile de tromper les gens que de les convaincre qu’ils ont été trompés. » – Mark Twain
Annoncer que la terre est ronde ou qu’elle tourne autour du soleil a failli mener plus d’un au bûcher. Aujourd’hui, ces anciennes croyances nous font sourire. Lesquelles de nos croyances modernes feront sourire les générations futures ?
Si le résultat de la malbouffe est relativement simple à mesurer, celui de la malinformation présente un véritable casse-tête. Dans le premier cas, une balance et un diagnostic suffisent. Dans le deuxième, le seul outil à notre disposition est notre propre intellect, celui qui est justement la victime et la cible de la malinformation… Ce qui reviendrait à tenter de mesurer la précision d’un outil en ayant recours à l’outil même que l’on veut mesurer. Opération compliquée, mais réalisable.
Donc, comment savoir que l’on est victime de la mal-information ? Comment savoir que l’on ne sait pas ? Mieux encore : comment arriver à admettre qu’on s’est – ou qu’on a été – trompé ? Ce qui est certain, c’est que le réveil peut se révéler une expérience douloureuse car la victime de la mal-information est comme le cocu du village : le dernier à le savoir et le dernier à l’admettre. Mais le fait d’avoir constaté de visu une ou plusieurs manipulations médiatiques facilite le réveil – et provoque aussi une certaine habitude de « réserve » lorsque les médias aboient à l’unisson.
Choses vues qu’il est impossible de dé-voir
En 1982 j’ai décidé de me rendre au Nicaragua qui avait connu trois ans auparavant une révolution. En juillet 1979, le Front de Sandiniste de Libération Nationale avait renversé la dictature de Somoza. Entre 1979 et 1982, la presse est passée (comme toujours) d’une attitude de « sympathie compréhensive » envers ces « poètes révolutionnaires, marxistes et chrétiens » à une franche hostilité. De la guerre menée par l’armée mercenaire des Etats-Unis, il était rarement question. En 1982, le magazine français l’Express publiait un article qualifiant le pouvoir en place de « dictature marxiste-léniniste ». Brrr… De quoi annuler son voyage et demander le remboursement du billet. Toujours est-il qu’en arrivant à Managua, la capitale, ma première surprise fut de recevoir à la sortie de l’aéroport (de la capitale donc) un tract de… l’opposition. Ma deuxième surprise fut d’apercevoir tout le long de la route qui menait au centre-ville une série de panneaux publicitaires vantant les partis de … l’opposition. Ma troisième surprise fut de tenter d’acheter des journaux et de ne pouvoir trouver que La Prensa, un journal de… l’opposition. Ma quatrième surprise fut d’allumer la radio de ma chambre d’hôtel et de n’entendre que des voix de… l’opposition. Il m’aura fallu en tout et pour tout quatre heures environ pour m’apercevoir que la presse de chez moi me décrivait un pays où le ciel était vert et l’herbe bleue alors que c’était exactement le contraire. Alors, soit le journaliste de l’Express n’avait jamais mis les pieds au Nicaragua, soit il s’y est rendu mais n’est pas descendu de l’avion. Ou soit il est descendu de l’avion mais n’est pas sorti de l’aéroport. Et s’il est effectivement sorti de l’aéroport, alors il mentait.
Ceux qui connaissent déjà cette histoire
peuvent sauter ce qui suit:
En février 1990, je suis retourné au Nicaragua pour suivre la campagne de l’élection présidentielle (car oui, il y avait des élections) qui opposait Daniel Ortega (FSLN au pouvoir) à Violeta Chamorro, candidate de la UNO, une coalition de 14 partis d’opposition créée ex-nihilo sous les auspices des Etats-Unis et où se côtoyaient à la fois l’extrême-droite et l’extrême-gauche (version trotskisme local). J’ai constaté que les journalistes « envoyés spéciaux » avaient un rayon d’action d’environ 300m autour de l’Hôtel Intercontinental, c’est-à -dire la distance des dernières boutiques de souvenirs qui entouraient le bâtiment. J’ai croisé une équipe de FR3 Guadeloupe qui était venue en reportage et qui ne savait pas que le pays était en guerre depuis 11 ans. J’ai fait connaissance avec le correspondant « Amérique centrale » de la chaîne états-unienne CBS qui m’a expliqué que l’invasion du Panama par l’armée américaine qui s’était produite quelques mois auparavant « n’avait pas fait beaucoup de victimes » (Comment le savait-il ? Eh bien, il s’y était rendu quelques semaines plus tard et « Les gens dans la rue avaient l’air normaux » (sic). J’ai constaté comment leurs articles avaient comme « sources » (« sûres », « bien informées », « ayant requis l’anonymat », etc.) un chauffeur de taxi, le barman de l’hôtel ou un obscur « chargé de presse » d’une ambassade occidentale.
J’ai assisté aussi au dernier meeting de la candidate pro-US qui se tenait sur la Plaza de la Revolucion (ou Plaza de la Republica, selon votre humeur). La Place de la Révolution est située sur la Primera Avenida et elle a une forme presque carrée. Après vérification via Google Maps (la mémoire peut se révéler défaillante), cette place a des dimensions d’environ 70×80 mètres. Arrondissons à 100×100 et disons qu’elle a donc une superficie de 10.000m2. Retenez bien ce chiffre et notez que la place est par ailleurs en partie occupée par la vieille cathédrale (abîmée et désaffectée depuis un tremblement de terre à la fin des années 70).
Arrivés sur place, nous avons été bousculés et traités de « hijos de putas sandinistas », probablement parce que j’avais eu la mauvaise idée – un geste involontaire – de suspendre mon appareil photo à une bride aux couleurs rouge et noir, les couleurs du Front Sandiniste. Toujours est-il que nous avons préféré nous éloigner et nous poser à l’ombre en attendant l’arrivée de la candidate, comptant sur une certaine retenue de la part de la foule une fois les médias présents.
Alors que nous étions encore en train de profiter de l’ombre, un haut-parleur a soudain annoncé que le meeting allait finalement se tenir dans le parc Carlos Fonseca (un grand terrain vague à l’époque), qui se trouvait juste en face de nous, de l’autre côté de l’avenue, et invitait donc la foule à s’y rendre. Une fois dans le parc, et au bout de quelques minutes, la foule a été invitée à retourner sur la place de la Révolution. Sur le moment, nous nous sommes demandés « que pasa ? ». La candidate est finalement arrivée et pendant son discours, je me suis mêlé à la foule qui n’avait d’yeux que pour elle et ne faisait plus attention à moi et à mes couleurs. Je suis monté en haut de la cathédrale et j’ai pris des photos de la foule présente au moment du discours. La place était loin d’être pleine. Mon estimation à l’époque me disait qu’il y avait environ 5000 personnes. La population totale du Nicaragua à l’époque était d’environ 4 millions, dont un million dans la capitale.
Le lendemain, dans le quotidien de l’opposition, La Prensa, un titre barrait la une en annonçant « 100.000 personnes au meeting de Violeta Chamorro ». En appui, le titre était accompagné de trois photos où l’on voyait des gens sur la place de la Révolution, des gens sur l’avenue et des gens dans le parc en face, le tout destiné évidemment à faire croire que la place de la Révolution avait littéralement « débordé » à travers l’avenue et jusqu’au parc. Evidemment, nous avons bien rigolé en voyant cette manipulation maladroite, au vu et au su de tous, notamment de la presse internationale qui était présente. Nous avons par contre moins rigolé en constatant que Le Monde annonçait le même chiffre. Et c’est ainsi que j’ai assisté à une manipulation en bonne et due forme – et plutôt artisanale. Une manipulation à laquelle le Monde (et toute la presse en fait), a participé apparemment sans le moindre état d’âme.
Auparavant, Le Monde avait déjà lancé, via son « spécialiste de l’Amérique latine » de l’époque, Bertrand de la Grange, une campagne sur – retenez votre souffle – « Le génocide des indiens Miskitos » par le gouvernement sandiniste, sous la forme d’un article occupant pas moins de quatre pages entières du quotidien.
Et enfin, ce fut le Figaro Magazine qui enfonça le clou en publiant une photo d’un tas de « cadavres d’indiens Miskitos » qu’on faisait brûler et qui avait été supposément massacrés par les sandinistes. La supercherie du magazine fut révélée un peu par hasard lorsque l’auteur reconnut sa photo et porta plainte pour violation du droit d’auteur. En réalité, la photo avait été prise après le tremblement de terre susmentionné. Sur la photo originale, on voyait à l’arrière-plan des gens portant des brassards de la Croix-Rouge. Sur la photo publiée, ces derniers avaient disparu grâce à des retouches photos effectuées par le Figaro Magazine.
C’est pourtant ce magazine-là et cette photo-là qui furent brandis aux Nations-Unies par la représentante des Etats-Unis, Jeanne Kirkpatrick, comme « preuve » des « crimes commis » par le gouvernement sandiniste . Et toute ressemblance avec une scène similaire devant les mêmes Nations Unies peu avant l’invasion de l’Irak n’est probablement pas fortuite. Il y a des méthodes éprouvées et tellement simples qu’il faudrait être fou pour ne pas les réutiliser.
Le Figaro Magazine fut condamné à 3500 frs d’amende et le Nicaragua à une « guerre de libération » sanglante menée par une armée de mercenaires – les « combattants de la liberté », selon Ronald Reagan. Et nous, nous fûmes condamnés à la désinformation, la propagande et à l’ignorance, du moins pour la grande majorité d’entre nous.
Reste que Bertrand de la Grange a pris sa retraite et le Figaro Magazine a survécu à l’amende. Restent aussi les innombrables croix bleues plantées le long des routes au Nicaragua pour marquer l’emplacement des camarades tombés. Restent encore et toujours la sempiternelle arrogance, incompétence et malhonnêteté de la profession.
La morale de cette histoire : ce n’est pas une sympathie a priori (et très hypothétique) envers le gouvernement syrien – par exemple – qui provoque le doute sur les événements décrits là -bas par les grands médias, mais l’expérience vécue (et un certain entraînement par la suite) qui permet de reconnaître les signes de lamalinformation en général et de la désinformation en particulier.
C’est donc fort de ces expériences-là , et de bien d’autres – réelles et concrètes, pas virtuelles – et cet air de « déjà vu » que nous évitons de crier au loup lorsque les médias chassent en meute.
Nous sommes tous des Truman Burbank
Dans le film « The Truman Show », le jeune Truman Burbank mène une vie tranquille et pépère dans un environnement cliché du « rêve américain ». Seulement voilà : à son insu, Truman est le personnage d’une méga émission de télé-réalité. Depuis sa naissance, ses faits et gestes sont relayés par des caméras astucieusement cachées un peu partout ; sa femme, ses collègues de travail, ses voisins sont des acteurs ; les passants de simples figurants et son environnement un gigantesque décor intérieur de cinéma où il fait presque toujours beau et le ciel n’est qu’un très haut plafond peint. Tout est faux et Truman ne le sait pas.
Mais un jour (attention, spoiler : ) un projecteur se décroche du faux ciel et tombe à ses pieds. Panique à la régie et sur le plateau. Truman commence à « remarquer des choses » et à « se poser des questions ». Il décide pour la première fois de sa vie de partir – où ça ? N’importe où, donnez-moi un billet pour une destination quelconque. Mais il y a « toujours un problème », le vol est annulé, les pilotes en grève, et puis pourquoi veut-il partir alors qu’on est « si bien chez soi ? ». Truman ne l’entend pas de cette oreille et s’empare d’une embarcation pour traverser ce qu’il croit être la mer et finit par s’écraser contre le faux horizon qui n’est qu’un mur de studio. Le tout avec des larmes et des violons parce qu’on est à Hollywood, malgré tout. Et à un degré ou un autre, nous sommes tous des Truman Burbank.
Indicateurs de la malinformation:
Les ruptures narratives et les comportements atypiques.
Toute la profession vous le dira : il faut parler des trains qui déraillent et pas des trains qui arrivent à l’heure et sans encombre. C’est pratiquement leur raison d’être, leur définition résumée de l’information. Il y a d’autres exemples, tout aussi « incontournables » : l’équité dans le temps de parole lors des débats, la neutralité du journaliste, etc. (et bla bla bla). Autant de leitmotivs répétés en boucle dans toutes les rédactions et dans toutes leurs réponses aux lecteurs en colère. La profession serait donc guidée par des « lois du métier », des « comportements types » qui s’appliqueraient « en toutes circonstances » et en dehors de toute considération personnelle, partisane ou idéologique. Admettons.
Mais tout mensonge finit à la longue par se heurter au mur de la vérité. Pour maintenir le cours du mensonge, il faut donc effectuer un détour, une entorse aux « lois du métier » susmentionnés car si elles étaient réellement appliquées, elles finiraient par révéler la supercherie, forcément. Et nous avons vu qu’un mensonge est plus facile à énoncer qu’une vérité. Il se trouve aussi qu’il est plus facile de détecter un mensonge que de trouver la vérité.
Prenons l’exemple des astrophysiciens qui ne peuvent pas voir les trous noirs dans l’univers mais détectent leur présence par le comportement « inhabituel » des corps célestes environnants. Les « trous noirs » de la mal-information sont généralement invisibles – à moins d’être soi-même bien informé sur le sujet traité – mais sont néanmoins signalés par un comportement « anormal » du corps médiatique. Et ces anomalies sont comme les ennuis et les trous noirs : plus on en cherche et plus on en trouve.
J’ai assez empiriquement classé ces « anomalies » en deux catégories : les comportements atypiques et lesruptures narratives.
Comportements atypiques:
Les comportements atypiques désignent les violations des « lois du métier » par le métier lui-même. Violations qui ne s’expliqueraient pas sans une volonté, consciente ou non, de manoeuvrer pour éviter le fameux mur des réalités. Les comportements atypiques se détectent en se posant une question relativement simple : « Si j’étais réellement un journaliste mû par la volonté d’informer, à la recherche des trains qui déraillent et de l’exceptionnel, guidé par mon seul souci d’objectivité et ma déontologie, comment procéderais-je ? ». A chaque fois, je suis sidéré par l’écart entre les professions de foi et certaines réalités.
Voici quelques exemples de comportements atypiques:
- Si vous faites référence à une source d’information telle que la radio/télévision iranienne, ou syrienne (en fait n’importe quelle source située en périphérie), la réaction systématique est de mettre en doute la fiabilité ou l’objectivité de la source. Une mise en doute qui sera accompagnée par une « explication » de qui est derrière la source en question – mise en doute et questionnement qui ne sont jamais formulés lorsqu’il s’agit d’un média dominant. Alors, voici en guise de petite illustration une question simple à tous les lecteurs : comment s’appelle le rédacteur en chef du journal télévisé de la première chaîne française ?
- Si on vous mentionnait le procès le plus long de toute l’histoire des Etats-Unis, un procès qui a mobilisé un casting digne d’un blockbuster hollywoodien (des amiraux, des généraux, des dignitaires, accompagné de motions adoptées par des Assemblées nationales de plusieurs pays, des interventions de chefs d’état, des ténors du barreau US, et même des prix Nobel…), on serait en droit de penser qu’il aurait fait ad minima l’objet de nombreux articles et commentaires « par simple curiosité ». Ce fut exactement le contraire. Le procès est celui des cinq cubains condamnés aux Etats-Unis à d’absurdes peines (double peine de prison à vie « plus » 15 ans….) pour avoir combattu le terrorisme. Absurde et révoltant. Le comportement atypique ici consiste à éviter une information « à sensation » alors que la tendance naturelle des médias est de se tourner vers le sensationnel. Le fait qu’ils ne suivent plus leur comportement habituel signale la présence d’un trou noir informationnel.
- Qui a déjà entendu parler un représentant de la résistance Irakienne ? Les médias ont pris totalement fait et cause pour les envahisseurs, jetant par-dessus bord le moindre semblant de l’objectivité dont ils se gaussent. Le comportement atypique ici est simplement la violation flagrante et ouverte de leur soi-disant « neutralité de journaliste ».
- Si l’on vous disait que le président des Etats-Unis en exercice à l’époque avait fait un discours sur la nécessité de combattre sans pitié le terrorisme, et que sur le podium des personnalités invités se trouvait un personnage justement condamné par la justice US pour actes de terrorisme, on serait en droit de penser que les médias relèveraient l’étrange contradiction. Mais pas un mot. Le président en question était George W. Bush et le terroriste s’appelait Aquino.
- Le plus grand attentat de l’histoire a été moins enquêté que les frasques de DSK. Le comportement atypique ici est de traiter en mode « mineur » un événement « majeur » et inversement.
- Très récemment, le magazine Le Point a admis (avoué) dans un article laconique qu’Amadinejad n’avait effectivement jamais dit qu’il voulait « rayer Israël de la carte ». Après des années de matraquage et de citations hasardeuses, on aurait pu s’attendre à un examen de conscience ou une remise en cause style « Faux charnier de Timisoara ». Que nenni. Le magazine, après des années de désinformation continue, prétend avec tranquillité et aplomb nous « informer » (de ce que nous savions déjà en réalité).
- Le centre de torture US de Guantanamo. Ici, l’horreur de la situation est traitée avec une décontraction inouïe, en totale contradiction avec les supposés attachements aux droits de l’homme. Est-il réellement nécessaire de s’étendre ? Ah… si ce centre avait été Russe, Chinois, Iranien ou Cubain…
Ruptures narratives:
Les ruptures narratives sont des contradictions, des absurdités, des changements brutaux de ligne sans explication… Comme un navire qui changerait subtilement de cap en faisant semblant de suivre la même route. Les ruptures narratives sont plutôt difficiles à détecter lorsqu’on est « accroché aux infos », avec l’esprit sans cesse bombardé par de nouvelles informations qui chassent les précédentes – et dont la plupart sont totalement inutiles à notre compréhension, ou totalement incompréhensibles, ce qui revient presque au même.
Sans surprise, c’est lorsqu’on se désintoxique des médias, en prenant une sérieuse distance que les ruptures narratives deviennent cruellement évidentes. Eteignez la télévision pendant un mois ou deux puis revenez-y, vous comprendrez…
Voici quelques exemples de ruptures narratives:
- Où est passé le fameux trou dans la couche d’ozone ? Vous savez, celui qui annonçait la fin du monde. Disparu, résorbé ou finalement on s’en fiche ?
- Après un an d’informations sur le printemps de jasmin en Tunisie, les médias nous ont appris la victoire d’un parti dont on n’avait jamais entendu parler auparavant. C’est vous dire si leurs analyses avaient du sens. Le consommateur inattentif pensera simplement qu’il en avait entendu parler mais ne s’en souvenait plus. La rupture narrative ici consiste à ne pas feindre la surprise et de mentionner le parti vainqueur des élections comme si de rien n’était…
- Les Taliban en Afghanistan, à l’époque de l’occupation soviétique, étaient décrits comme des combattants de la liberté (décidément un terme très en vogue). Les mêmes sont désormais présentés comme des abominations. Une rupture narrative des plus classiques.
- Lors de l’annonce en 2008 à Cuba du « licenciement » de « centaines de milliers de travailleurs » du secteur public, les médias ont trompeté la « fin d’un modèle ». Deux ans plus tard, on attend toujours les images de foules en guenilles abandonnées à leur sort et errant dans les rues de La Havane.
Les ruptures narratives et les comportements
atypiques partagent les caractéristiques suivantes,
ce qui permet aussi de les reconnaître:
- Ils font l’objet d’un non-dit, même lorsqu’ils sont évidents. C’est pour cela qu’on ne les confondra pas avec « un changement de version » ou un démenti qui sera toujours intégré (récupéré) dans la narrative standard (par exemple lorsqu’ils disent : « Nous nous sommes trompés, nous le reconnaissons, vous pouvez donc encore nous faire confiance »). Les véritables ruptures narratives et comportements atypiques ne sont jamais annoncés.
- Ils ne sont jamais reconnus comme tels. Si vous en pointez un du doigt, ils préféreront hausser les épaules ou faire semblant de ne pas comprendre. D’ailleurs, souvent ils ne comprennent pas. Au mieux, vous aurez comme réponse un « Ah, mais, c’est pas pareil ». Les véritables ruptures narratives et comportements atypiques ne sont jamais reconnus
- Ils sont partagés par l’ensemble de la profession, révélant ainsi des affinités idéologiques profondes.
- Ils sont indispensables pour préserver la construction narrative qui, sans eux, s’effondrerait.
Médias alternatifs et Internet:
Une histoire d’amour ou de haine ?
L’assimilation entre Internet et média alternatif est courante. Probablement parce qu’effectivement, pour de simples raisons de moyens matériels, la plupart des médias alternatifs se trouvent sur Internet. Mais cette assimilation est trompeuse et confond le fond et la forme. Il existe des médias réellement alternatifs sur papier (Fakir, Le Sarkophage) comme il existe des médias dominants sur Internet (Rue89.com, par exemple).
Alors à quoi reconnaît-on un « média alternatif » ? Le premier signe de reconnaissance d’un média authentiquement alternatif est sa capacité à déceler et dénoncer les comportements atypiques et les ruptures narratives dominants, pour tenter de rétablir une courbe de raisonnement ininterrompue et cohérente. Le deuxième est un rapport à l’information qui, contrairement à la propagande véhiculée par les « grands » médias, est quasi-sacré. Un troisième pourrait être le refus du « deux poids deux mesures ».
Et l’internet dans tout ça ?
Panacée pour les uns, malédiction pour les autres. Oui, je sais, le printemps arabe, Facebook, Twitter et bla bla et bla. Je n’en crois pas un mot.
Dans l’exemple de l’Egype, je me suis demandé combien de gens avaient Facebook, Twitter et bla bla bla. Les chiffres trouvés sur des services spécialisés sont de l’ordre de grandeur suivants : 20 000 comptes Twitter et 1 million de comptes Facebook. Et « comptes » ne veut pas dire « utilisateurs actifs ». Et « utilisateurs actifs » ne veut pas dire « opposants ». Et « opposants » ne veut pas dire « militants actifs ». Alors, que reste-t-il pour un pays de plus de 80 millions d’habitants ? Pas grand chose en réalité, sinon un autre fantasme de geek et une nouvelle légende urbaine.
Lors d’une interview, Julian Assange, fondateur de Wikileaks, avait abordé ce thème. Il avait expliqué comment les mots d’ordre de la révolution égyptienne avaient été consignés dans un livret qui circulait sous le manteau via le réseau des clubs de football. En première et dernière page de ce manuel, on pouvait lire l’avertissement de ne pas utiliser Facebook ou Twitter, trop facilement infiltrables et manipulables. J’ai observé des nuits entières le déroulement des événements place Tahrir. J’ai été très attentif à certains détails. Comment, par exemple, les groupes qui défendaient la place et les immeubles environnants réussissaient à se protéger des infiltrations et provocations. Tout simplement parce qu’ils se connaissaient entre eux. Ou parce qu’untel connaissait untel qui connaissait untel. Pas vraiment un système à toute épreuve, j’en conviens, mais on en reparlera le jour où votre vie dépendra de la confiance accordée à un pseudo rencontré sur Facebook. Et, dernière puce à l’oreille : l’hommage appuyé d’un personnage aussi grotesque que Hillary Clinton à Facebook, Twitter et bla bla bla et leurs « cyber-révolutions ». Lorsque quelqu’un comme Hillary Clinton m’indique un chemin à suivre, j’ai tendance à faire demi-tour.
Si l’Internet avait réellement l’importance que d’aucuns semblent lui accorder, il me paraît évident que George Bush, Tony Blair et même Obama seraient en prison, que Guantanamo serait fermé, que Gaza serait libéré, que Sarkozy serait en fuite, que les banques seraient nationalisées, que le Parti Socialiste français serait redevenu un groupuscule. Car les camarades semblent avoir oublié un détail : si l’Internet nous aurait bien servi, figurez-vous que l’ennemi s’en sert aussi bien, sinon mieux. Où est le progrès ? Je veux dire, concrètement ?
Il me semble que l’Internet n’a de sens que pour ceux qui ont déjà une expérience en dehors de celui-ci, c’est-à -dire dans les cas où l’Internet n’est qu’un outil complémentaire, un facilitateur, et non une source en elle-même. La cacophonie ambiante, la multiplicité des blogs, du chacun pour soi et chacun son site, la diffusion d’une chose et son contraire, la multiplication des faux-nez, de pseudos-ci et des pseudos-ça, les trolls dans les forums (genre « J’ai vécu 10 ans en Syrie, et je peux vous dire que… » Signé : Blanche Neige), les lectures en diagonale, l’impatience devant un article trop long, le click trop facile et le butinage incessant… Le zapping à l’état pur.
Le fait est que la grande majorité de la population continue de « s’informer » via les médias dominants, y compris dans leurs versions internet où l’on retrouve les mêmes « ennemis de l’information », tout sourires et pas gênés plus que ça par notre présence.
On me rétorque souvent « sans Internet… ». Oui, mais sans Internet, nous aurions peut-être, et même probablement, mené d’autres combats, d’autres réflexions sur les médias. Nous aurions présenté d’autres exigences au lieu de déserter le champ de bataille et nous retrancher dans le virtuel.
Et je me demande même si, à force de trop de « révélations », parfois contradictoires, l’Internet n’aurait pas eu un effet démobilisateur, provoquant un sentiment de tâche insurmontable, une attitude de « à quoi bon ? ».
Médias alternatifs et Internet:
Forces et faiblesses
Tous les responsables de médias alternatifs vous le diront : les journalistes sont grosso modo des ignares, à quelques exceptions près. Lorsqu’on a soi-même subi la contrainte du temps qu’il a fallu pour connaître véritablement un sujet et qui leur fait justement défaut (alors même qu’ils sont censés intervenir sur tout et n’importe quoi, sautant du coq à l’âne), comment s’en étonner ? Mais à les voir et les entendre, ils savent tout sur tout et finissent même par le croire.
Les médias alternatifs ont un sacré avantage sur eux : 1) Ils ont le temps. Le temps de choisir leurs sujets, de les étudier en profondeur, 2) Ils n’ont pas de comptes à rendre, pas de pressions à subir, pas de conformisme à suivre…
Ces avantages sont contrebalancés par l’absence de moyens. Et cette absence de moyens pose le problème des sources de l’information. En effet, nombre de médias alternatifs se cantonnent à « décortiquer » les informations véhiculées par les grands médias, à analyser leurs comportements atypiques et pointer du doigt les ruptures narratives. Un travail utile mais qui a ses limites car ils se retrouvent, malgré toute leur bonne volonté, à travailler sur un produit qui a déjà fait l’objet d’un filtrage par les grands médias. On peut toujours analyser le contenu d’une bouteille d’eau, il est plus difficile de remonter à la source, là où l’eau jaillit…
« Oui, mais sur place, il y aura un autre média alternatif qui… » Voire. Car comment savoir si ce média alternatif est plus fiable qu’un article de Libération ? Le coup de la fausse blogueuse syrienne et des faux-nez « anars et antifas » des réseaux Indymedia sont là pour nous rappeler tous les jours la fragilité de tout ce réseau « alternatif » informel et infiltrable à souhait…
La liberté de la presse (de faire ce que bon lui semble)
contre notre droit d’être informés
« Seule la vérité est révolutionnaire »
Notre comportement vis-à -vis de l’information est déterminé par notre rapport à celle-ci. Pour certains, peut-être la majorité, ce rapport se résume à considérer l’information comme un « supermarché de faits » où l’on viendrait puiser des certitudes, ce qui en retour rétrécit le champ de réflexion. Petit à petit, le nombre « d’articles prélevés » diminue pour ne plus se résumer qu’à l’indispensable kit de survie. D’autres ont un rapport boulimique. L’un comme l’autre participent à la malinformation. Mais s’entendre dire qu’il faut réviser notre rapport à l’information, c’est comme s’entendre dire qu’il faudrait faire de la gym : on y pense, on se le promet, et les mois et les années passent tandis que dans les périphéries de notre perception, les dangers et les dégâts s’accumulent.
Personnellement, je ne reconnais aucun droit à aucun journaliste de « filtrer » l’information, et l’argument qui consiste à rétorquer « Allez consulter d’autres sources » ne me convient nullement. D’abord parce que les sources en question, si elles se multiplient dans la forme, se raréfient sur le fond. Ensuite parce que c’est faire peu de cas de mon « Droit à l’information ». Ce droit, je le revendique, je l’exige. Et aucun média ne saurait me convaincre qu’il faut faire avec ce que l’on a, pas plus qu’un boucher indélicat ne me convaincra qu’il me suffit de changer de boutique. De quel droit ? Et comment se sont-ils arrangés pour nous faire nous résigner à cet état de choses ?
Quelle est la gravité de la situation ?
Je vois partout et tous les jours des formes d’indécence s’étaler, des charlatanismes s’exprimer, des horreurs se banaliser.
Je vois des tas de magazines « sérieux » publier régulièrement une rubrique qui annonce votre avenir selon votre date de naissance. Je connais des ministres condamnés pour propos racistes. Je vis dans un pays qui voue un culte à Napoléon Bonaparte. Je vois les journalistes se montrer révérencieux envers George Bush et Tony Blair. J’entends des gens « cultivés » et « intelligents » prôner des « guerres humanitaires » – et je me demande ce qu’ils penseraient d’un nouveau concept de mon invention, celui de « torture thérapeutique »…
Voir couler plus d’encre sur une femme portant un voile que sur une bombe larguée sur elle au nom de la société succinctement décrite plus haut me donne envie de vomir.
L’absurdité de la situation et la pauvreté de notre perception sont telles que des lois sur les médias récemment adoptées en Amérique latine (toujours une longueur d’avance sur nous) visant à élargir les espaces de liberté, à donner de la substance à la liberté d’expression, sont fréquemment qualifiées ici – y compris par des militants de gauche – de lois « liberticides ». Est-il possible d’être plus « à côté de la plaque » que ça ?
Le combat des médias n’est pas un combat annexe : il est devenu le combat. Certains l’ont bien compris et n’hésitent pas à acheter un journal qui perd des millions d’euros par an. Se pose-t-on assez souvent la question de savoir pourquoi un capitaliste investirait des millions d’euros dans une affaire qui perd de l’argent alors que dans le même temps il n’hésitera pas à fermer une usine qui en gagne, mais pas assez ? Par amour de la démocratie et du pluralisme de la presse, peut-être ?
L’information est une forme d’éducation, elle forge notre vision du monde. Mais accepterions-nous que nos enfants à l’école soient éduqués par des enseignants sortis d’on ne sait où, formés dans des « écoles de journalisme » privées et indépendantes de toute tutelle, même mineure, indéboulonnables quel que soit leur degré d’incompétence ?
Est-il normal d’exiger le non-cumul des mandats d’un élu (qui, après tout, est élu) tout en acceptant sans broncher l’ubiquité des journalistes ? Est-il normal de limiter le nombre de réélections d’un élu (qui, après tout, est élu) tout en acceptant sans broncher de voir les mêmes têtes partout sur toutes les chaînes et radios pendant vingt ans et plus ? Est-il normal que le premier abruti venu muni d’une carte de presse puisse qualifier Chavez de dictateur dans un journal distribué gratuitement à des dizaines de milliers d’exemplaires ou sur un site Internet pseudo-alternatif ?
N’y aurait-il point de nom pour désigner un système où un pouvoir avant tout économique et commercial et non-élu supplanterait celui des représentants du peuple ?
Forts du leurre que constitue une certaine facilité sur Internet, nous avons de facto abandonné avec armes et bagages le champ de bataille des médias. Champ à partir duquel l’adversaire nous bombarde en toute… liberté.
Alors, si combat pour le pouvoir il doit y avoir, autant viser le véritable pouvoir. Car ce ne sera qu’à partir de ce moment-là , et de ce moment-là seulement, que nous pourrons dire que nous avons enfin tourné la page.
Viktor DEDAJ
« J’aurais pu faire plus court, c’est vrai »
4 juillet 2012
http://www.legrandsoir.info/medias-et-information-il-est-temps-de-tourner-la-page.html
- « Et pourtant elles tournent » : l’incroyable révélation d’un Pulitzer du New York Times
- Cette épuisante sensation de courir dans l’eau (plaidoyer pour rompre définitivement avec le PS)
- Le PCF (re) découvre Cuba et l’Amérique latine avec seulement 30 ans de retard (Alléluia et Gloria in excelsis Deo)
- L’insupportable antisémitisme des sionistes (ou le syndrome de Münchhausen par procuration)
Michael PARENTI
Les Etats-Unis de mal empire : Ces leçons de résistance qui nous viennent du Sud
Présentation de l’éditeur
Au moment même où les Etats-Unis, ce Mal Empire, vont de mal en pis, et malgré le rideau de fumée entretenu par les médias dits libres, nous assistons à l’émergence de nouvelles formes de résistances dans les pays du Sud, notamment en Amérique latine. Malgré, ou grâce à , leurs diversités, ces résistances font apparaître un nouveau front de lutte contre l’ordre impérial US. Viktor Dedaj et Danielle Bleitrach, deux des auteurs du présent livre, avaient intitulé leur précédent ouvrage (…)
Très bon article !
Les exemples de désinformation cités dans cet article me font penser à l’année dernière ou y a 2 ans (me rappelle plus) quand les médias nous avaient tanné pendant 15 jours avec des faits divers de chiens qui mordaient des gens.
Peu de temps après une loi est passée concernant les chiens dangereux … et on a plus entendu parler de chiens méchants jusqu’à lors…
A croire que la loi a réglé le problème définitivement.
Merci pour cet article d’anthologie. Il est très riche et beaucoup de points mériteraient des prolongements tant ils sont lourds de signification. J’en retiendrais cependant un qui surnage de l’ensemble et qui me paraît capital : les médias officiels perdent de l’argent. C’est un point qu’il aurait fallu documenter avec des liens tant il est capital, c’est le cas de le dire. Que des médias engloutissent l’argent à perte, voilà qui se rapproche singulièrement de ce qui se passe dans toutes les dictatures qui subventionnent (quelques fois avec des publicités provenant d’entreprises d’Etat) un outil indispensable à tout régime autoritaire : la propagande. Il y a donc en France un ministère de la propagande invisible qui subvient aux besoins des médias officiels (par la publicité directe, surtout pour les T.V.) et, quand cela ne suffit pas, en acceptant les pertes. Cela veut dire aussi que ce ne sont pas les journalistes qui occupent des postes d’autorité comparables à ceux d’hommes politiques élus, sans s’être présentés aux suffrage, mais c’est ce ministère invisible de la propagande. Quel est-il ? Il est l’émanation des intérêts privés qui se sont substitués à l’Etat après l’avoir proprement éreinté. Quant aux journalistes, leur statut est à rapprocher, au mieux, à celui d’agents de la circulation (de l’information) et, aux pires, aux prostituées encartées qui vivent de leurs charmes tant que ces charmes opèrent. Parmi eux, il y a de vrais clowns (dans la tradition féodale) et, pour cela, non seulement ils sont omniprésents, mais ils ont reconnaissables à leurs accoutrements : un tel présente telle émission politique avec la même chemise de la même couleur depuis des années, l’autre, a toujours la chemise blanche largement échancrée, et l’autre encore qui ne se présente jamais sans son écharpe rouge. On peut prolonger le jeu.
Un autre point concerne le rapport au temps. Le temps est inséparable de l’espace. Quant il s’agit de l’espace hexagonal, la plupart des travers que vous relevez disparaissent, car les enjeux sont centraux et le personnel nombreux pour vérifier et enquêter les dires et les faits des uns et des autres. Par contre, tous ces travers agissent quand il s’agit de l’espace extra-hexagonal qui n’est pas censé intéresser les Français à qui personne, dans l’Hexagone, ne dit que la France est en guerre sans consultation des élus. Mais cela est une autre histoire.
Il ne faut pas désespérer. Les faits sont têtus et ce sont les faits qui finissent par l’emporter. Cuba a eu beau être stigmatisée pendant un demi-siècle par les mêmes, c’est un Etat qui se porte bien, avec sa société, et l’Amérique latine, avec ce qu’elle compte de puissances réelles ou potentielles, s’en rapproche. Cela s’appelle la marche de l’Histoire. Et contre cela, on n’y peut rien chez Bouygue ou Lagardère.
Cordialement
Merci pour ce magistral article.
« »J’aurais pu faire plus court, c’est vrai » »
Cela c’est le phénomène Twitter, où l’on croit pouvoir tout dire et bien dire en 144 caractères.
C’est aussi ce que nous impose la censure des médias officiels dans la section des commentaires.
On favorise le cliché et le préjugé, ça se dit rapidement et sans besoin de nuances.
Non, M. Dedaj, je ne crois pas que vous auriez pu faire plus court.
Bien sûr un texte sans thèmes et sans structure comme une longue sauce confuse peut toujours être plus court et mieux ciblé, mais dans ce cas-ci, vos thèmes et votre structure est impeccable et nous passons d’un point à l’autre en gardant les idées claires.
Bravo et merci pour ce document bien fait et bien réfléchi.
Un texte qui aide à mieux voir les rouages médiatiques.
Serge Charbonneau
Québec
P.S. : Ce texte aurait-il été aussi bon s’il avait été anonyme ou pseudonyme ?
Oui, sûrement, mais on aurait naturellement voulu connaître cet excellent auteur.
( Excusez cette pelure de banane).
http://www.michelcollon.info/Calomniateurs-d-Indymedia-Paris-et.html )
Excellente réflexion de Viktor !
Une illustration perso en appui : Tu écris depuis ton expérience du Nicaragua « J’ai constaté que les journalistes « envoyés spéciaux » avaient un rayon d’action d’environ 300 m autour de l’Hôtel Intercontinental, »…
J’étais, moi, à Phnom Penh entre octobre 1971 et début 73, sous le régime de Lon Nol, encerclé par les Khmers rouges qui prendront en 75 le pouvoir avec les débordements que nous savons…
J’ai été témoin d’atrocités multiples du régime : Absence totale de prisonniers de guerre ; les « ˜rouges’ étaient tous exécutés ! (Rien avoir même avec les prisons de Poulo Condor du Sud Viet Nam ou les camps du Nord Viet Nam.) …Les blessés suspectés de faire partie de la guérilla, hospitalisés dans l’hôpital civil PKM où j’étais chirurgien coopérant étaient dénoncés et enlevés par l’armée et tués ou exécutés comme j’en fus témoin dans leur lit d’hôpital… Après un raid khmer rouge ayant fait sauter le pont Monivong franchissant le Bassac en 72 les prisonniers capturés lors de cette attaque furent torturés en public, suppliciés, écorchés, éventrés, trois jours durant sous les yeux de la foule à quelques centaines de mètres de ma résidence, pas loin de l’ancienne cathédrale et j’en ai été témoin…
Tous ces faits, et d’autres, rapportés par moi a « ˜L’hôtel Royal’ où je me rendais alors car y séjournaient les « ˜valeureux’ correspondants de guerre , mais aussi les représentants de la Croix Rouge étaient niés, jamais répercutés ni transmis ou s’ils l’ont été censurés… Car les « ˜atrocités’ ne pouvaient être que celles du camp « ˜communiste’ n’est ce pas ?…
Remémorer ceci ne représente aucune négation de ma part des faits imputables plus tard aux khmers rouges et connus de tous… La question est celle de l’information partiale ou impartiale, celle de l’occultation ou déformation de la vérité connue. Le coeur de la réflexion à laquelle nous invite Viktor, et qui s’applique aussi aux échos qui nous parviennent des différents « ˜points chauds’ de la planète, y compris les points « ˜pas chauds’ mais objets de certaines convoitises qui justifient la déstabilisation des peuples et des régimes qui y vivent… Le Cambodge, avant le renversement de Sihanouk, était un de ces points « ˜pas chauds’, mais pris dans la tourmente de la folie de l’Empire qui était prêt à tout pour ne pas « ˜perdre’ au Viet Nam… On connait la suite… On a vu depuis la Libye, la Syrie, demain L’Iran ou le Venezuela ?
Alors oui : Le « ˜rayon d’action’ ne dépassait pas en effet les quelques centaines de mètres qui séparaient l’hôtel (avec sa piscine, ses cocktails et ses accueillantes et « ˜disponibles’ hôtesses) du siège du gouvernement de Lon Nol ou chaque soir un communiqué de presse « ˜gouvernemental’ alimentait ceux là qui étaient censés nous informer… Ils le faisaient depuis leur chambre après avoir fréquenté les antichambres du dictateur mis en place par un coup d’état du CIA ayant renversé Sihanouk, jugé trop favorable aux insurgés Vietnamiens, dont il favorisait en effet la fourniture en riz alors que les bombardement US avaient détruits toutes les rizières et les digues du Nord Viet Nam (« Nous les ramènerons à l’age de pierre » fanfaronnait le général en chef Westmorland !)…
Il est vrai qu’au début de cette guerre des dizaines de journalistes ont disparu, été tués, sans qu’il soit jamais établi avec certitude si ils furent tués par les révolutionnaires ou par des bombardements US dans la zone d’Angkor où ils s’étaient rendus, ceux là n’ont pas eu le temps d’envoyer leurs articles…Les bords de la piscine de l’Hôtel Royal étaient moins risqués, la blennorragie y était plus menaçante que les balles perdues…
J’ai aussi écrit, depuis là bas, aux quotidiens nationaux (Libé, Le Monde, Figaro) pour rapporter des faits jamais écrits dans les articles de notre presse à laquelle j’avais accès par l’ambassade, ni dans les rapports de la Croix Rouge…Seul le Monde Diplo a traité un peu de ces dérives…
A la même époque le massacre de My Lai au Viet Nam dénoncé par la presse communiste était considéré comme une propagande mensongère, et même les bombardements US sur le Cambodge qui firent des centaines de milliers de morts étaient niés par le Pentagone et donc occultés par la presse occidentale, alors que chacun sur place pouvait le vivre et le constater ! Seul William Shawcross, correspondant du Sunday Times au Viet Nam de 1970 à 1973, puis à nouveau en 1975, osa la révélation et le bilan : « Une tragédie sans importance- Kissinger, Nixon et l’anéantissement du Cambodge » (Ed Balland France Adel 1979 )
Pour tous les autres, les témoins aveugles, il ne s’agissait pas de cécité mais bien d’un choix idéologique. . C’est aussi le cas maintenant sur d’autres champs de l’actualité.
Jacques Richaud
Excellent article…
Peu de journalistes oseraient le dire… Cela dit mon optimisme me fait penser que si beaucoup d’entre eux s’y croient vraiment, il sont en réalité assez nombreux si ce n’est pas à avoir « tout » compris, au moins à savoir sans le moindre doute que la situation de l’information est absolument catastrophique.
En attendant quand on essaie d’expliquer ça à des gens complètement « possédés » par les médias on passe pour un illuminé… au mieux, pour un pur extrémiste au pire. Le meilleur moyen que j’ai trouvé pour ne pas faire fuir l’auditoire, c’est d’expliquer que notre vision est faussée par la mise en avant de la presse plutôt que du journalisme (on lit plutôt un article du Monde et pas du journaliste Mr.Trucmuche), de la liberté de cette presse plutôt que de notre droit à l’information (leur liberté ne s’arrête pas là où commence la notre…), et du statut d’entreprise de cette presse permettant au patron ou à l’actionnaire de faire la pluie et le beau temps sur l’information en contrôlant totalement la liberté d’expression des journalistes.
Il est facile d’expliquer pourquoi une entreprise dont le patron est de part son statut le quasi-dictateur peut être au minimum sujette à un minimum de suspicion. C’est la meilleur porte d’entrée pour se lancer dans le vrai nom de ce combat : la remise en cause du concept de liberté de la presse, ou au minimum du statut d’entreprise de la presse.
Au final quand on y réfléchit n’est-il pas au moins curieux que quand on pense à tout ça, on le résume par l’expression » la liberté de la Presse » ? Le journalisme qui si je me souviens bien ne se résume pas tout à fait à vendre du papier. D’ailleurs dans ce que cela implique, la liberté d’expression ne devrait-elle pas plutôt revenir en théorie aux journalistes plutôt qu’à la boîte pour laquelle ils bossent ? Et puis au fond, doivent-ils vraiment être « libres » de dire n’importe quoi ou doivent-ils justement plutôt s’imposer des tas de règles sans lesquels il n’y aurait QUE des journalistes dans ce monde, puisque tout le monde sait ouvrir sa bouche pour dire n’importe quoi sans suivre de règles ?
En tout cas il faut penser une nouvelle manière d’organiser l’information. Complètement.
Non l’article n’est pas trop long, il aurait même gagné à être moins court !
« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement » , et pas forcément rapidement.
Exemple, les discours fleuves de Fidel.
Ce combat est tellement capital qu’il vaut tous les autres combats réunis.
L’ignorance de l’écrasante majorité de la population , tout niveau social confondu, est sidérante
Il faut bien reconnaître que leur « système » est bien huilé, et si un petit grain de sable vient s’y glisser, il ne grippe pas pour autant la machine, ou si peu, car d’autres « systèmes » mis en place prennent le relais : autres infos matraquées en boucle, événement soudain, distractions ludiques ou « informatives », aidé par l’individualisme et la résignation, le manque de curiosité, la désignation de boucs émissaires, les mensonges, les omissions etc , et le grain de sable passe , et le public oublie.
Une machine infernale, mise au point et perfectionnée depuis des dizaines d’années dans nos « démocraties des droits de l’homme » , servie par des nervis classifiés qui se sont hissés jusqu’aux « primes times », non par leurs connaissances et leur déontologie, mais pour leur carrière et par leur malléabilité et leur allégeance aux « puissants ». Ceux là savent ce qu’ils font.
Rien qu’ouvrir les yeux sur « le SEUL secteur ( les médias officiels ) où les capitalistes acceptent d’en perdre (de l’argent) son trop rechigner… » mériterait un article fouillé, documenté , chiffré, surtout pas bâclé et …très long.
Car qui y-a-t-il effectivement de plus pourri comme « investissement » que d’acheter des journaux. ?!
La encore le manque de temps travaille efficacement pour l’oligarchie.
Le problème est : Comment sortir d’internet ?
Car quand on voit ce que la majorité fait sur cet outil, la encore c’est pas gagné. !
Ce que pense le consommateur de base plus ou moins obèse.
En France, pour l’information quotidienne sur les événements du monde le tuyau est délibérément branché sur les USA et sur l’OTAN.
Il doit exister une ou deux grandes agences auxquelles tous nos moyens d’information vont s’abreuver.
Si bien que pour tous les dossiers chauds, mais en existe-t-il d’autres pour l’information quotidienne ? il s’agit d’une propagande massive, dans sa version atlantiste, car pour les responsables il faut maintenir le moral de l’arrière.
Le seul monde pour l’obèse de la base est celui d’où émanent les propos (mais surtout les silences) et les images ( mais surtout la cécité) dans lesquels nous baignons ; c’est notre monde qui est si beau et civilisé mais qui est entouré de tant de monstruosités.
Le reste est peuplé de milliards d’êtres, il lui arrive au prix d’un grand effort de les imaginer, qui vivent aux marges de l’humanité, quand ils ne sont pas aux mains de tyrans, de fous, de fanatiques et de voyous, ou tout à la fois, qui mettent en péril sa quiétude.
Il s’agit donc d’une information de classe, par laquelle la classe capitaliste en France exerce sa solidarité avec l’impérialisme et contribue à sa survie et à la sienne propre.
Sur le plan intérieur, disons « les puissances d’argent » pour ne pas répéter la ligne précédente, tiennent l’information depuis le berceau (la formation) des journalistes, leur carrière (que deviennent ceux qui un jour ne sont pas dans le consensus ? on ne les lit plus, on ne les entend plus…), le cadre matériel et « administratif » dans lequel ils l’exercent.
Il n’en demeure pas moins que l’obèse du cerveau, grâce à quelques sites d’Internet comme Le Grand Soir qu’il pratique, et quelques autres comme la Riposte ou l’Humanité.fr, peut grâce à ses commentaires faire entendre sa voix, croit-il, quand dans le meilleur des cas il provoque quelque réaction ; sinon au moins s’entendre lui-même, ce qui le soulage un peu de son hydrocéphalie.
Merci.
Moi, je ne flagornerai point ;-). Je dirai, donc, que j’ai trouvé personnellement que c’était trop long. Parce qu’il y a une foule de renseignements et qu’il est difficile de tout appréhender devant un écran. Il faudra que je relise bien tout. Mais, en lecture cursive, je suis globalement d’accord.
Juste quelques réflexions sur ce que j’ai lu plus attentivement.
D’abord sur les journalistes :
» Tous les responsables de médias alternatifs vous le diront : les journalistes sont grosso modo des ignares, à quelques exceptions près. Lorsqu’on a soi-même subi la contrainte du temps qu’il a fallu pour connaître véritablement un sujet et qui leur fait justement défaut (alors même qu’ils sont sensés intervenir sur tout et n’importe quoi, sautant du coq à l’âne), comment s’en étonner ? Mais à les voir et les entendre, ils savent tout sur tout et finissent même par le croire. »
(au passage, « censés » s’écrit, je suppose avec un « c », sinon, la démo ne veut plus rien dire :- ).
« Ignares« ? Oui et non. Les journalistes sont, comme tout le reste de la population : brillants, intelligents et/ou cultivés, mais aussi, et surtout, j’imagine : des gens d’intelligence moyenne avec une culture formatée et un certain manque de curiosité.
Ils ont tous, par ailleurs, comme tout le monde, leur subjectivité, mais cette subjectivité, eh bien, elle ne va pas dans notre sens, puisqu’elle est au service du capital, et que, comme dit dans l’exposé, ils finissent par croire à ce qu’ils disent, s’ils ne pensaient pas ainsi au départ. Probablement à force de s’autocensurer.
D’autre part, le terme de « journalisme » recouvre des tas d’activités complètement différentes et qualifier l’ensemble (ou presque) des journalistes d’ignares, c’est plutôt dur. Ils savent probablement ce que leur activité professionnelle leur apprend et leur permet d’approfondir, comme tout le monde, je suppose.
J’ai lu un commentaire sur le GS récemment sur la formation des journalistes qui était très intéressant. Hélas, je ne l’ai pas retrouvé. Il montre que les journalistes ont des formations et des parcours divers et variés. Je ne saurais en dire plus sans trahir les propos du commentateur (si quelqu’un peut retrouver le lien ?).
Pour ce qui est d’Internet, je suis complètement d’accord : la « révolution » ne viendra pas de là . Non seulement parce que c’est une vraie cacophonie, surtout entre ceux qui se disent de gauche, mais aussi, parce qu’on ne peut pas faire confiance à quelqu’un avec lequel on n’a pas discuté face à face et vu à l’oeuvre (combien se cachent, pseudo ou pas pseudo, derrière un personnage fictif, même sans le vouloir, s’inventent des luttes qu’ils n’ont pas menées, des parcours qu’ils n’ont pas eus ?).
Ensuite, parce que nous sommes, contrairement à ce que pensent certains, constamment épiés. J’ai bavardé avec un gars des RG, un jour : il était clair qu’il suivait ce qui se passait sur Fb et autres pour savoir s’il allait y avoir du mouvement. Sans compter qu’ils doivent lire les mails de ceux qu’ils connaissent pour être des meneurs. Mais, ça, il ne me l’a pas dit :-D
L’avantage d’Internet sur les médias dominants, c’est que, si on s’en donne la peine, on peut encore y trouver des infos relativement fiables.
Alors que ce n’est plus possible par ailleurs. Parce que, justement, les grands groupes industriels ont bien compris qu’il leur fallait faire main basse sur les médias (ce qui est évident avec la PQR, autrefois pluraliste, qui a été réduite à un seul journal).
Il n’y a guère, quand un journal (Le Monde, Libération, ou autre) était déficitaire et risquait de couler, on lançait une souscription publique pour le sauver.
Ce n’est plus le cas, ceux qui perdent probablement des millions n’en ont cure : ils en gagnent bien plus par ailleurs en ayant à disposition un outil de propagande redoutable et des journalistes dociles, acharnés à perpétuer le système.
« Forts du leurre que constitue une certaine facilité sur Internet, nous avons de facto abandonné avec armes et bagages le champ de bataille des médias. Champ à partir duquel l’adversaire nous bombarde en toute… liberté ».
Je pense que c’est plutôt l’inverse : nous nous sommes tournés vers Internet parce que la presse avait complètement abandonné sa mission d’information. D’autre part, d’après ce que je constate autour de moi (un milieu où les gens lisent et s’informent), la plupart sont encore attachés à la presse écrite et à la radio publique. Je n’en fais pas une généralité, mais je pense qu’on se fait des illusions sur l’impact de l’info sur Internet. D’autant que si on ne lit que le français, le champ est très réduit.
« Nous avons de facto abandonné avec armes et bagages le champ de bataille des médias »
Oui, mais qu’aurions-nous dû faire pour empêcher cela ? Contre qui aurions-nous dû lutter ? Et puis, les choses ne se sont pas passées brutalement, mais progressivement. Comment convaincre ceux qui ne voyaient pas venir le danger de cette mainmise sur l’information ?
Cela a commencé, plus ou moins, par les radios « libres », par ex. Qui pouvait dire qu’il était contre et qu’il voulait une radio « muselée » ? Les visionnaires sont pris pour des fous, pas pour guides.
C’est bien compliqué, tout ça. Ce qui est sûr, c’est que nous ne sommes pas sortis de l’auberge et que, personnellement, je ne vois pas d’issue possible, à brève ou longue échéance.
S’agissant de la Syrie, je pense que trois phénomènes se conjuguent pour faire en sorte qu’il soit à peu près impossible d’obtenir des informations fiables.
D’une part les médias occidentaux sont partis au conflit, ce sont eux qui ont même lancé initialement les premiers troubles par le biais des médias dit sociaux pour le compte des lobbies sionistes. Ils n’ont aucune envie d’informer mais bien au contraire de désinformer. Les prétendus faits et chiffres qu’ils citent ne sont que la reprise de la propagande grossière des marionnettes de Tel-Aviv, Ryad et Washington.
De plus personne n’a la moindre idée de ce qui se passe réellement sur place, mis à part un excellent reportage de Nir Rosen, qui a été fait dans les règles de l’art de la déontologie journalistique, je n’ai rien lu qui ait la moindre trace de rigueur professionnelle. Même un Robert Fisk, n’a de Beyrouth pas la moindre idée de ce qui se pas réellement en Syrie. Ceci vaut aussi bien pour les médias mainstream occidentaux que pour les médias alternatifs qui tentent maladroitement de défendre le régime.
Pour finir le régime syrien est complètement indigent en matière de communication et ce n’est pas sur lui que l’on peut compter non plus pour avoir des informations fiables, ses médias ne délivrant qu’une propagande inepte, à la différence de leurs voisins iraniens qui sont eux des maîtres en matière de communication et de diplomatie.
Donc mis à part les Syriens sur le terrain – et encore – je ne vois pas bien qui pourrait être habilité à parler pertinemment de ce qui se passe là -bas. Je pense que Bachar al-Assad – bien que pour moi ce soit un sombre crétin – a tout à fait raison quand il affirme que la Syrie est victime d’une guerre médiatique, outre bien sûr la guerre par proxies interposés, et autres mercenaires.
Pour voir à quel point les médias occidentaux peuvent être prêts à travestir la réalité, on peut considérer par exemple comment ils avaient tous rapportés les émeutes ethniques au Xinyang, à mon avis un véritable cas d’école de la désinformation. Souvenez-vous que l’on vous avait vendu – images à l’appui – que des Hans l’ethnie majoritaire de l’est de la Chine auraient massacré des Ouïgours une minorité ethnique locale musulmane d’origine turque pour faire court. Tout le monde à l’Ouest a avalé ce bobard monumental, sauf qu’une équipe de reporters TV coréens était sur place et a fait son travail à la lettre, et qu’ont-ils vu et filmé ? Eh bien strictement l’inverse ! Ce sont des Ouïgours qui ont massacré plus que sauvagement des Hans qui n’avaient que pour seul tort d’être typés Chinois de l’est. Ils en ont égorgés comme des porcs des centaines en une nuit, n’épargnant ni les femmes, ni les enfants, ni les vieillards. Et pourquoi cela ? Parce que Washington sponsorise une dite opposition séparatiste et qu’ils leur avaient donné le feu vert et les dollars.
@ latitude zero
Exemple, les discours fleuves de Fidel.
Je suis pinailleur :
Fidel n’a jamais fait de « discours fleuves ». Fidel a fait de longues interventions, nuance. Les « discours », c’est ce que prononcent nos responsables politiques à nous, ceux qui font des promesses qui n’engagent que ceux qui les croient. Ceux qui promettent une chose en campagne électorale et qui font le contraire une fois élus. Ceux qui embauchent des doués de la plume pour leur tourner de belles « petites phrases » qui feront le buzz de la semaine. Le discours, c’est pour celui qui n’a pas honte de prononcer quarante fois (sic) le mot liberté dans une intervention de 20 minutes (sic), exploit réalisé par George Bush, par exemple. Un discours, chez nous, c’est l’opération qui consiste à trouver les mots justes pour remporter l’adhésion d’une population à une politique injuste.
Alors oui, dans ce cas, un discours de deux heures, d’une demie-heure et même de dix minutes, c’est long. Moi, j’entends « Français, Françaises… » et ça y est, je baille.
Fidel Castro ne faisait pas de discours, Fidel délivrait des cours magistraux à la population cubaine. Il ne promettait pas du sang, des larmes et de la sueur, comme ça, juste pour entrer dans le dictionnaire des citations ; il « expliquait » à la population et la conviait à ses côtés, pour lui préciser quel sang, pourquoi des larmes, avec quelle sueur. Oui, expliquer exige un effort, une analyse, une compréhension, les mots pour le dire, la volonté de le faire et du temps. Essayez de retrouver un seul de ces éléments parmi nos responsables et on en reparlera.
C’est ça la politique chez nous. Dites « je vous aime » et vous passerez au 20h de TF1. Dites pourquoi et comment « je vous aime » et vous aurez de la chance si vous arrivez à vous caser à 23h30 sur ARTE
http://www.legrandsoir.info/Le-modele-cubain-l-annonce-de-ma-mort-est-…
Merci, Viktor. Tout à fait.
C’est Geb qui a écrit ça, je le pensais, mais je n’étais plus sûre.
Très intéressant, et même pas sous un nom normal. On se demande. Une exception sans doute.
Voila, pour rebondir sur la manipulation médiatique au Nicaragua décrite par Viktor, j’ai uploadé rien que pour LGS, le fabuleux documentaire : La Révolution ne sera pas télévisé – Coup d’état contre Hugo Chavez. Docu vu de l’intérieur, un vrai polard !
La Révolution ne sera pas télévisé
695 megs – 10 hébergeurs disponibles. Il suffit de suivre les trois petites étapes inscrites en rouge en haut de la page et de choisir l’hébergeur.
Bon visionnage !
L’article est excellent et, fait rare sur les forums, blogs etc, les commentaires sont à la hauteur !
A faire tourner !
(tiens, ben voilà un commentaire qui n’apporte rien… Désolé !)
@LGS
Bande de frileuse ! :-)
Non, pas d’inquiétude à avoir, ce documentaire est désormais introuvable, même les vénézueliens ne l’ont pas réedité, il est dispo sur toute les plates formes vidéo (youtube, daily, etc.), mais moi je l’ai en résidence :-)
Et vous aussi maintenant.
V. Dedaj
Effectivement je sentais « vaguement » que le terme « discours » ne me plaisait pas.
Comme quoi le choix des mots est important mais parfois , faute de mémoire et/ou de temps, nous échappe !
Ouf il y a quelqu’un ! Un grand merci pour l’article.
L’autre jour, lors d’une conversation, certaines personnes se moquaient de gens qu’ils jugeaient désinformés, qui ne connaissaient rien, et ils se demandaient s’ils avaient la télé, comme si ce média permettait d’être très bien informé comme eux !!! Tout était dit. Et chaque personne y allait de son exemple. Ces gens étaient aussi bien professeur de collège, responsable de la fonction publique, médecin, instituteur que sans emploi… et leur conviction était que la télé informe !
C’est là que l’on découvre les ravages de la mise en conditions sur tous.
Ils pensent savoir, sont convaincus de leurs opinions et de leurs informations. L’évidence d’être « les informés » les porte sur un piédestal. Ils ne voient pas leurs oeillères pas plus que celles de leurs voisins qui portent les mêmes.
Ils ne remettent jamais rien en question, se complaisent à vivre leur vie, atones. Ils se croient libres et sont sûrs qu’ils profitent des plaisirs de la vie. Bref, ils vivent comme on leur a dit de le faire, aiment ce qu’on leur dit d’aimer, croient ce qu’on leur dit de croire, trouvent beau ce qu’on leur dit de trouver beau…parce que c’est ce qui convient le mieux au système. Ils n’ont pas la pertinence de se remettre en question, ils n’ont pas l’étincelle de liberté qui ferait que tous ces gens si robotisés mais à l’apparence si humaine se soulèvent enfin. C’est la tout le drame de notre société. Ces gens en apparence épanouis sont si prisonniers, si enfermés mais ils sont convaincus d’être libres, informés et d’une certaine manière dans une vérité de vie ! A partir de là , comment s’attendre à ce qu’ils demandent un changement ? Pourquoi changeraient-ils ce qui leur convient ?
A nous d’apporter la lumière aux borgnes…
Il faudrait un miracle pour que le changement vienne des esclaves occidentaux heureux. Ce n’est pas des esclaves du tiers-monde non plus, car ils n’en ont pas la préoccupation première. L’asie se délectera encore de ses fausses joies capitalistes. Reste l’amérique du sud. Mais quand on voit comment les régimes socialement avancés basculent du jour au lendemain parce qu’une poignée de pauvres esprits mais aux poches remplies le décident…
Merci pour cet article qui est matière pour moi à multiples réflexions, d’ailleurs je n’ai pas encore tout digéré (heu, intégré :)
J’apprécie particulièrement cette phrase là , qui me semble être une phrase « clé » :
« (…)ce sont généralement les catégories les plus « éduquées » de la population en Occident qui sont les meilleurs piliers du système. Probablement parce que leur éducation a fortement produit une vision « centrée » du monde et que leur attitude peut se résumer à ceci : « Pourquoi diable chercher à savoir (ou comprendre) puisque je sais (ou comprend) déjà ? ».
J’aurais bien raconté pourquoi dans mon petit univers à moi mes croyances que médias = vraies infos sont tombées lors d’une anecdote quand j’étais jeunette : nous étions plusieurs automobilistes sortis de nos véhicules à nous demander pourquoi toutes les voitures stationnées étaient pliées, puis lorsque la circulation s’est dégagée nous sommes repartis. Le lendemain mon garagiste -qui m’avait prêté sa voiture- m’appela en me demandant ce qui s’était passé parce que dans les faits divers du quotidien local, il était indiqué que la conductrice (moi) du véhicule immatriculé… (celle de mon garagiste) avait poursuivi ceux qui avaient pliés les voitures en stationnement et ensuite les avaient fait monter dans son véhicule pour prendre la fuite avec eux (je vous laisse apprécier la cohérence du contenu). La « source » de ces bobards s’est excusée ensuite.
Vu que c’est anecdotique à souhait et que mon témoignage sous pseudo ne vaut pas grand chose je ne le raconterai donc pas. ;)
… mais c’est pour dire qu’après ça il m’a fallu des années pour me répéter sans cesse : »attentions les médias racontent des énormités, rappelle-toi… car je n’arrivais pas à y croire spontanément.
Pourtant je n’étais jamais allée au catéchisme du Dieu Info quand j’étais petite.
Donc, que ce soit encore plus falsifié dans des contextes graves qui génèrent encore plus de drames qu’il y en a, par des reporters censés rapporter de manière neutre des évènements, ben… en tant que réceptrice passive ça me provoque un bug interne. Comment c’est possible, comment c’est possible, comment c’est possible…
Je ne sais pas par où passera la révolution (pacifique) mais j’ai besoin de ce genre d’informations tels que ces articles qui m’aident à faire passer à mon tour l’info alternative dans mon entourage et renforce la conviction qu’il est nécessaire d’agir (comment, ça je ne sais pas encore).
(Pour les villes de Chine, je m’inscris à la session de rattrapage o_o).
Je n’avais pas bien lu cette phrase pertinente citée par Sheynat. En effet, ces amis donc je parlais, qui s’’informent et qui lisent la presse, ont du mal à croire à une autre version des faits.
Car, comme ils ont réfléchi à la question, ils pensent avoir raison et sont interloqués quand on les contredit, même preuves à l’appui, et restent souvent sur leurs positions, réfutant les contre-arguments comme s’ils étaient incongrus. Cela vaut surtout pour la politique internationale, d’ailleurs.
Peut-être une piste sérieuse : ils ont tous voté Front de gauche ;-)
<< Ce n’est pas du piratage au moins >>
C’est eux qui pour l’instant décident de qui est du piratage ou pas. Ce qu’ils tolèrent ou pas, quand ils laissent copier allègrement et quand ils menacent ou sévissent pour faire remonter les profits.
L’important n’est pas la répression réelle mais la répression possible et nombre de lois ou d’usages leurs permettent de faire n’importe quoi à leur convenance. Au final ce sera toujours les rouges qu’on vise.
Stalman dénonce ici
http://www.rebelion.org/noticia.php?id=152579
deux lois dangereuses passées EN ARGENTINE ! pas du temps de videla, aujourd’hui !
Etonné que l’enterrement d’ACTA ne rencontre pas plus d’écho que cela . Ce 4 juillet fut un grand jour ou le Parlement européen enterra définitivement cet accord secret qui permettait de faire n’importe quoi (un bateau indien chargé de médicaments génériques à livrer quelque part en afrique ou amérique latine aurait pu être intercepté dans n’importe quel port français ET sa cargaison détruite pour préserver les profits de qui vous savez. Ce n’est qu’un exemple).
un lien sur un article qui mérite d’être connu et pourrait se publier :
http://www.framablog.org/index.php/post/2012/07/04/europe-stops-acta
pour le fun, un aparté sur le vote électronique (vive le mexique)
« Suite à un problème de boîtier électronique dans l’hémicycle au Parlement européen, j’ai tout de suite fait corriger mon vote sur ACTA : mon intention était bien de m’abstenir et de ne pas voter pour. »
http://www.pcinpact.com/news/72236-victime-dbug-rachida-dati-sest-en-f…
Et juste en passant, il me semble qu’à l’époque citée par Victor, on pouvait faire trois cent mètres à partir de l’hotel cité dans presque toute les directions sans rencontrer la moindre construction (tremblement de terre + somoza oblige)
on pouvait faire trois cent mètres à partir de l’hotel cité dans presque toute les directions sans rencontrer la moindre construction (tremblement de terre + somoza oblige)
Effectivement, ça faisait un « no man’s land ». Il n’y avait que quelques constructions légères – genre cahutes – qui vendaient des bricoles.
@ Spartacus
Savez-vous que votre commentaire serait parfait pour vulgariser le mythe de la caverne de Platon ? C’est exactement cela : des gens enchaînés à l’intérieur d’une caverne, le dos tourné au jour, prennent pour de la réalité les ombres qui défilent sur une paroi éclairée par le soleil qu’ils ne voient pas et qui réfléchit les ombres d’une réalité dont ils n’ont pas la moindre idée. Telle est la condition de l’homo telespectateurus.
@ eemcee,
Je pense que le commentaire en question était celui-ci :
Quel intérêt ont ceux qui, sortis en principe d’études poussées et titulaires d’une carte de presse, ont pour idéal d’informer et d’investiguer dans l’intérêt de tous, pour endosser ainsi de tels agissements ?
Effectivement, la question pour ceux qui n’ont pas vécu l »évolution » négative dans le Monde de l’Information ces 30 dernières années peut se poser.
Tout d’abord il faut « savoir » pour « comprendre » que point n’est besoin d »études poussées » pour fréquenter une « école de journalisme » ou soi-disant telle. Mais il suffit d’avoir les moyens de « financer » ces études. En effet les « écoles de journalisme » sont toutes des écoles privées. Et lorqu’elles sont accessibles elles sont « sponsorisées » par les majors de la presse mainstream ou les Majors de l’Industrie. Au même titre que les HEC ou les Ecoles Supérieures de Commerce.
Ce sont des outils de formatage des futurs supports de l’Idéologie dominante.
Ces « écoles »ont commencé à fleurir dans les années 70 lorsque un petit groupe de Magnats de la presse et le Pouvoir en place ont réalisé que les Médias évoluaient avec les moyens audio et vidéo, puis avec Internet, et que le Journalisme traditionnel, pluraliste, qui mettait en concurence des opinions différentes à travers les différents supports de Presse, ne correspondait plus à leurs besoin d’hégémonie politique.
Il fallait absolument contrôler la totalité du Paysage Médiatique Français en situation de conflit social permanent. Et pour ça on ne pouvait plus « censurer » comme avant. Avant, ou la censure s’exerçait au niveau du Conseil de Rédaction, ou carrément au niveau de l’Etat. Il fallait maintenat que la « censure » soit faite en aval par le journaliste lui-même. Donc il fallait qu’il ne se considère plus comme un « témoin » indépendant de l’événement, mais bien comme un chroniqueur « embedded » dans une action de support de la Guerre psychologique en cours. Et évidemment tout ceci dans le sens du soutient à ses employeurs.
Actuellement, les « vrais » journalistes, les « reporters » n’écrivent plus, en dehors de la Prese alternative du Web, dans des « journaux ». La majorité écrit des ouvrages spécialisés sur un sujet quand ils arrivent à trouver un éditeur, ou à compte d’auteurs. D’autres bien plus engagés sur des sujet brûlants, en sont même contraint à s’exiler afin de tout simplement protèger leur vie ou leur famille. Et ces derniers, sur le terrain sont les cibles privilègiées des « Défenseurs de la Liberté » occidentaux, ou de ceux qu sont en face. Ou des deux. ((- :.
Il ne s’agit pas là d’ »impartialité » ; personne, et aucun journaliste, n’est impartial. Mais il s’agit de l’éradication de la diversité du témoignage par les pouvoirs médiatiques en place afin de soutenir l’installation d’un pouvoir oligarchique suprême des Grandes compagnies financières mondiales.
Avant les annéees 70, et après 1945, il y avait en France plus d’une centaine de Titres de quotidiens de toutes tendances confondues. Ces quotidiens représentaient un panel d’opinion de l’Exrême droite traditionnelle à l’Extrême-Gauche communiste. Et il suffisait de justifier d’un passé de pigiste dans différents quotidiens durant trois ans pour obtenir une carte de presse permanente. Mieux le « journaliste » pouvait faire jouer le « consensus clausus » si son patron de prese pour des raisons diverses, (Y compris de rachat par un autre groupe), lui demandait d’écrire contre ses propres convictions.
Il reste actuellement trois grands groupes de presse qui couvrent l’ensemble des titres, ou qui en sont plus ou moins actionnaires. Et quand ce n’est pas le cas ce sont des groupes financiers qui sont partie prenante dans le montage finacier. Y compris à l’Humanité, avec Lagardère à 30% dans le Capital de la boîte, ou à Marianne avec le Carlyle Group, (Cité dans le sacndale des « puts » en Bourse sur les compagnies aériennes à la veille du 11 septembre), un des plus grands, sinon le plus grand groupe financier du Monde.
Et tout ce beau monde travaille en « syndication » c’est à dire qu’avant de publier on commence par s’entendre sur ce qu’on va dire et sur ce qu’on ne dira pas. A demander les avis des différents ministères, Et à quelle heure on commence à prendre en compte l’info, et jusqu’à quelle heure on prend celle qu’on publie. Puis on pompe de la dépêche d’agence, déjà censurée elle-même, et on arrange à la sauce politique du Titre en variant les détails mineurs.
Je me demande depuis ces dernières années combien de jeunes « journalistes » de la Presse mainstream, issus des fameuse « écoles de journalisme », ont fait jouer cette clause qui leur permet de quitter leur poste sans être qualifiés de démissionnaire et en ayant droit aux indemnités de licenciement. A mon avis très peu. Ils sont formatés pour écrire ce qu’on leur demande comme un chauffeur routier l’est pour ne pas se poser de question sur le fret qu’il transporte dans la mesure ou ça ne le gêne pas physiquement.
Et s’il se barrent ils ne travaillent plus dans le secteur. C’est la black-list.
Sans compter ceux qui sont réellement apppointés par diverses organisations étrangères, (de la CIA aux ONG backées par les Grandes compagnies), dans un but de propagande pure et simple.
Mais c’est vrai que tout ça faut surtout pas compter sur la Presse en général pour l’expliquer au vulgum pecus.
Tout ce beau monde gamelle plus ou moins, et c’est l’essentiel.
Autant demander à Dutrou ce qu’il pense d’un projet de protection de l’enfance.
Comme tu dois t’en douter j’ai bossé plus de 40 ans dans la Presse quotidienne et j’ai été syndicaliste dans la même branche. (((- :
Et j’ai eu largement eu l’occasion d’analyser, et surtout de subir, tout ça.
Geb.
C’était en réponse à un commentaire sur le papier sur le 11 septembre et Bush…
9/11, qui est selon ma vision du Monde actuel, l’élément majeur de « non-information » du siècle.
Et le plus dramatique en conséquences « colatérales » pour l’avenir des Peuples. Pour parler comme « eux ».
Sans jouer au cireur de pompes l’analyse de Vktor est pour pour mon compte sans faille et particulièrement fouillée et complète.
Je n’ai hélas pas son talent ni son expérience du terrain mais tout ce qu’il a pu écrire sur le sujet je le soutiens à 100%. Et d’ailleurs je le sauvegarde en copie et le transmets avec le lien à tous ceux de mon entourage qui ont été ou sont concernés dans le milieu de la presse ou celui des « ex » avec qui bien souvent je me collette sur le sujet.
Pour en revenir à l’Internet et son utilité pour l’alter-info, même s’il est réel que le Web sert au moins autant ceux que nous combattons en les tenant au courant de nos capacités de réaction heure par heure, je n’ai jamais eu autant d’accès à de l’info alternative que depuis que je suis connecté, soit grosso-modo depuis 1998.
Bon, ça m’a demandé aussi de revoir mes bases linguistiques. D’autant que les traducteurs électroniques n’étaient alors pas autant développés qu’aujourd’hui. ((- :
Et il est évident qu’il faut filtrer et mettre en concurence pour vérifier les probabilités d’exactitude.
Même lorsque je bossais encore, (Jusqu’en 2000), malgré les kilomètres d’info des fax des agences, l’accès à l’info directe était très limitée surtout dans un quotidien de province, et ça faisait longtemps que je m’élevais sur le fait que même pas 10% de l’info était réellement traitée et pratiquement jamais sous un angle critique sinon pour faire passer le message politique de la ligne éditoriale du moment.
Dans les années 90 la FILPAC-CGT et le SNJ-CGT avaient d’ailleurs organisé des « Journées d’études » locales d’abord, puis nationales à Montreuil, sur le sujet et les dérives qui arrivaient à grand-pas ainsi que sur l’internet et ses avantages et dangers*. Mais à mon avis nos réflexions et travaux ont plus servi à démolir un peu plus qu’à sauver quoi que ça soit. J’ai même l’impression que certains se sont servi de nos études pour accélérer le mouvement de démolition.
Et il s’agissait dans mon cas de presse écrite, alors que pour la presse parlée ou télévisée les messages sont encore plus subliminaux et compressés.
Sans compter que bien souvent le journaliste de la presse écrite est en plus secrétaire de rédaction et assume aussi les tâches de mise en forme de la mise en page informatique. Ca ne lui laisse guère de temps pour réfléchir.
Viktor est un vrai journaliste. Ce qu’avant on nommait « Grands reporters », et de plus n’est pas à ma connaissance « attaché » à un « titre » en particulier. Ce qui lui donne toute latitude d’indépendance même si ça ne doit pas être facile tous les jours. Ce qui ne veut pas dire qu’il est « objectif » selon le terme employé par les ânes qui eux sont TOUJOURS subjectifs stipendiés. Mais ça signifie qu’il décrit, (Avec le talent en plus), en toute conscience ce qu’il voit, ou pense voir réellement, en allant réellement le chercher ou il faut.
Il est le « témoin. Ce que devrait être le « journaliste » : Un « rapporteur » d’événement. Pas un amplificateur stipendié ni un juge.
En tout cas chapeau. L’article est un grand morceau d’anthologie et il ne va pas faire plaisir à tout le Monde dans le milieu concerné.
Merci.
Geb.
*Quand on sait que le réseau original du Web a pour origine la liaison primitive des réseaux informatiques universitaires Usaméricains pour l’usage de l’US Army et de la CIA, pas de doute que ça demande réflexion sur « qui sert quoi » et « quoi sert qui »…! ((- :
Merci, Geb, mais Viktor avait été plus prompt pour donner le lien ;-)
En effet, le long exposé de Viktor est très intéressant, justement parce qu’il a pris le temps de bien observer le phénomène et de l’illustrer par des exemples concrets.
Je continue mon petit voyage dans l’univers des médias avec quelques remarques personnelles suggérées par le billet et les com’s.
D’abord, l’objectivité n’existe pas, en effet. Pour reprendre l’image du match de foot, seul le résultat final est objectif (et encore, tout le monde n’est pas d’accord, si j’ai bien compris :). Sinon, il suffit d’écouter ne serait-ce que les commentaires des supporters des deux camps pour se rendre compte qu’ils ne voient pas la même chose. Pourtant plus basique qu’un match de foot …
Il en va ainsi pour tout, et, bien sûr, c’est d’autant plus difficile quand il s’agit d’événements lointains avec des enjeux bien plus grands qu’une rencontre de derby.
En cas de conflit armé, qu’on reste confiné dans le confort et la sécurité d’un hôtel international avec les dépêches d’agence qui tombent sur les genoux, qu’on fasse partie des « pools » de journalistes encadrés par l’armée, ou qu’on s’aventure sur le terrain pour chercher l’info, on n’aura pas la même vision des choses.
Si on ajoute à cela son propre vécu, le milieu d’où l’on vient, ses connaissances académiques, culturelles et linguistiques, ses opinions politiques, ses préjugés, son genre, ceux pour qui on travaille (et pour lesquels on ne travaillerait pas si on pensait différemment), etc, cela fait une somme de subjectivités impressionnante.
Et au texte s’ajoute l’illustration choisie, ainsi que sa légende, qui forment un bloc de subjectivité à eux seuls (on a vu le procès infâme fait à Charles Enderlain, les pseudo-charniers, ou les reportages bidons sur des manifestations qui avaient, en fait, lieu dans un autre pays et n’avaient rien à voir avec le sujet, par ex.).
Alors, non, la « neutralité » journalistique n’existe pas plus que chez les supporters de foot. Simplement, c’est bien plus grave pour notre « droit d’être informé ».
Pour ce qui est d’Internet, je suis d’accord, on peut s’informer si on cherche bien, et si on recoupe les infos, même si ce n’est pas toujours facile.
En revanche, il n’y a pas d’illusions à se faire : très peu de gens cherchent à s’informer au point de fouiller le Web pour trouver l’info. La preuve, les sites les plus lus (et commentés, avec ce que cela comporte de dose massive de désinformation) sont les sites d’infos des médias papier dominants, qui donnent l’accès quasiment gratuit à toutes leurs infos, parce qu’ils l’ont compris, comme pour la presse papier et audio-visuelle, l’important, c’est que leurs infos circulent, pas qu’ils perdent de l’argent.
Quant à la presse alternative, elle ne représente qu’une infime partie du lectorat des « infoamateurs » (déjà peu nombreux globalement) et si, d’après moi, elle est actuellement dans le collimateur, c’est qu’ils ne supportent plus du tout l’idée de pluralisme de l’information et qu’il leur faut tout contrôler désormais. Signe des temps.
Parce qu’Internet, c’est comme les élections, si ça changeait les choses, ce serait interdit depuis longtemps.
Dernier point, en forme de boutade :
A la question : comment s’appelle le rédacteur en chef du journal télévisé de la première chaîne française ?
Je peux répondre sans me tromper à la première partie : je n’en sais absolument rien, parce que je ne connais le nom d’aucun rédac-chef des infos-télé (ou d’autres, souvent), et que, les infos étant toutes construites sur le même modèle (avec, en tête de pont, délayage sur des non-événements – canicule, neige ou match de foot), ils sont interchangeables (et d’ailleurs, quand ils sont changés, qui s’en rend compte ?) et nommés par les pouvoirs.
Alors pourquoi s’encombrer la tête de noms inutiles ? (encore cette manie de connaître les noms de gens que la postérité ne retiendra pas).
En revanche, la seconde partie de la question (… « la première chaîne française ») est intéressante parce qu’elle montre que, même si on est très vigilant, on est manipulé malgré soi.
Quelle est donc cette « première chaîne française » ? Et sur quels critères se base-t-on pour décider de la hiérarchie parmi les chaînes télé ?
Le numéro du bouton qui la fait apparaître ? Son audience (mais n’est-elle pas due en partie au n° du bouton qui lui a été attribué ?) ? Ses rentrées en matière de publicité ? La notoriété et le professionnalisme de ses journalistes ? En tous cas, ce n’est certainement pas à la qualité de ses reportages et de ses infos, ça se saurait.
Et d’abord, qu’est-ce qu’une « chaîne française » ? Une chaîne qui parle français ? Une chaîne publique financée par le contribuable ? Autre ?
Quand la Une a été rachetée, personne n’a remis en cause sa place dans le paysage audio-visuel. Etonnant, non ?
Quant au nom du président chinois, euh … c’est plus Mao ? Mais aussi, ils changent tout le temps, ceux-là aussi. A peine on retient un nom, qu’il faut passer à un autre.
Je sais comment les USaméricains l’appellent, toutefois : Chang-Li, apparemment à cause de la pagaille qu’il a mise chez eux.
Et celui de l’économie, ils l’ont surnommé : Chang-Yuan-Khang.
Allez savoir pourquoi.
@ Geb
Viktor est un vrai journaliste. Ce qu’avant on nommait « Grands reporters »,
Merci, mais c’est me faire beaucoup d’honneur. Je me sens plutôt dans la position de celui qui s’est fait renverser par une voiture et veut prévenir les autres qu’il faut regarder avant de traverser…
Mes limites me ramènent sur terre : J’ai réalisé il y a un an environ 10 heures d’entretiens vidéo d’une dizaine de personnalités à Cuba (dont le numéro 2, Ricardo Alarcon) sur le blocus et je n’arrive pas à faire faire le montage. C’est très frustrant (sans parler du temps que j’ai fait perdre à mes interlocuteurs).
et de plus n’est pas à ma connaissance « attaché » à un « titre » en particulier.
Ca, c’est vrai…
- Geb :
Il ne s’agit pas là d’ »impartialité » ; personne, et aucun journaliste, n’est impartial. Mais il s’agit de l’éradication de la diversité du témoignage par les pouvoirs médiatiques en place afin de soutenir l’installation d’un pouvoir oligarchique suprême des Grandes compagnies financières mondiales.(…) Ils sont formatés pour écrire ce qu’on leur demande comme un chauffeur routier l’est pour ne pas se poser de question sur le fret qu’il transporte dans la mesure ou ça ne le gêne pas physiquement.(…)
Il est le « témoin. Ce que devrait être le « journaliste » : Un « rapporteur » d’événement. Pas un amplificateur stipendié ni un juge.
- Emcee :
D’abord, l’objectivité n’existe pas, en effet. Pour reprendre l’image du match de foot, seul le résultat final est objectif (et encore, tout le monde n’est pas d’accord, si j’ai bien compris :). Sinon, il suffit d’écouter ne serait-ce que les commentaires des supporters des deux camps pour se rendre compte qu’ils ne voient pas la même chose. Pourtant plus basique qu’un match de foot …
Il en va ainsi pour tout, et, bien sûr, c’est d’autant plus difficile quand il s’agit d’événements lointains avec des enjeux bien plus grands qu’une rencontre de derby.
En cas de conflit armé, qu’on reste confiné dans le confort et la sécurité d’un hôtel international avec les dépêches d’agence qui tombent sur les genoux, qu’on fasse partie des « pools » de journalistes encadrés par l’armée, ou qu’on s’aventure sur le terrain pour chercher l’info, on n’aura pas la même vision des choses.
Si on ajoute à cela son propre vécu, le milieu d’où l’on vient, ses connaissances académiques, culturelles et linguistiques, ses opinions politiques, ses préjugés, son genre, ceux pour qui on travaille (et pour lesquels on ne travaillerait pas si on pensait différemment), etc, cela fait une somme de subjectivités impressionnante.
OK ^^ . Autant pour moi et merci pour ces éclaircissements.
Quand j’énonçais :
par des reporters censés rapporter de manière neutre des événements
Je pensais plus à une ligne de conduite dans la manière de faire, pour garantir un minimum d’objectivité (en évitant par exemple de rajouter des interprétations pour permettre au lecteur de se les construire) qu’à une sorte de virginité du reporter lui-même.
Mais bon, à la lecture de vos apports, ça semble être compromis, d’autant plus qu’il y a 30 ans j’avais vu un film qui m’avait marquée (et il est revenue soudainement à mes souvenirs -sa musique d’abord- en lisant je ne sais plus quel article du GS sur l’Amérique Latine) : Under Fire.
Il s’était produit l’inverse de ce que j’avançais : le journaliste était en mission pour un parti pris (USA pour le dictateur Somoza du Nicaragua) mais il allait sur le terrain et s’est donc retrouvé à la fois témoin et acteur directement impliqué pour le parti opposé (il aida concrètement les Sandinistes).
C’est sa non-neutralité qui lui permis de diffuser des éléments pour faire prendre conscience au gouvernement américain de son erreur de soutenir les Somozistes. (petit bémol dans la démonstration de ce film, il a falsifié une info, par contre pour le reste, c’est inspiré d’un événement réel).
Seulement, sa prise de position non-neutre est pourtant en cohérence avec un principe d’objectivité qui n’a pu s’opérer que parce qu’il allait sur le terrain, au bénéfice d’une prise de conscience qu’il a fait partager ensuite.
Sa subjectivité a pu être remise en question ce qui l’a rendu plus objectif.
Je m’aperçois que ch’uis con, je croyais que la plupart des journalistes envoyés sur place allaient sur le terrain et non coincés à faire du tourisme à l’hôtel… du coup je me demande à quoi ça sert qu’ils partent en déplacement >_<
@ V. Dedaj
je n’arrive pas à faire faire le montage
Ce qu’il vous manque c’est quoi, un excellent ordi, puissant avec beaucoup de mémoire et quelqu’un qui connait bien son logiciel et a l’habitude de l’utiliser pour faire des montages vidéos ?
@ Sheynat
je croyais que la plupart des journalistes envoyés sur place allaient sur le terrain et non coincés à faire du tourisme à l’hôtel… du coup je me demande à quoi ça sert qu’ils partent en déplacement >_<
A rien. Pour quelle raison un journaliste deviendrait soudainement plus « pro » à 10.000 km de chez lui ?
Une journaliste de FR3 m’a raconté que les reportages des « envoyés spéciaux » pendant la première guerre en Irak étaient en fait réalisés au Koweit et qui si on prêtait bien attention, on pouvait remarquer que le « traducteur irakien » à leurs côtés étaient en fait toujours le même, mais avec un pull-over différent. Elle m’a dit que toute la profession le savait. Pas pu vérifier personnellement.
Ce qu’il vous manque c’est quoi, un excellent ordi, puissant avec beaucoup de mémoire
J’ai.
et quelqu’un qui connait bien son logiciel et a l’habitude de l’utiliser pour faire des montages vidéos ?
J’ai pas.
Une petite remarque au sujet de l’Obésité intellectuelle :
vous dites : « c’est l’incapacité à suivre une explication de plus de trois phrases ou à lire un long article en entier. »
Certes mais je rajoute que le support, ici l’écran, est tout à fait désagréable pour lire (pour moi). Non seulement l’écran mais la position et puis j’aime lire aux chiottes :-) par exemple..
Cela dit, je vous conseille « Propagandes » de J.Ellul pour rester ds le sujet
@ V. Dedaj
J’ai pas.
OK. Pour vous contacter je passe par le contact Le Grand soir ?
Pour mon compte, le « journalisme de terrain » en France, comme je l’aime, c’est Madeleine Riffaud et Thomas Burchett, « Dans les Maquis Viet-Cong ».
Ou « Salvador, le martyre d’un Peuple » de Maurice Lemoine.
C’était évidemment pas « impartial », ni « objectif », mais à l’usage et avec le temps on s’est rendu compte que tout était vrai. Même si c’était évidemment pas parfait.
Et entre les deux, et avec deux decennies d’écart, on a pu mesurer le niveau de dégradation : Madeleine Riffaud a pu en son temps publier ses enquêtes dans l’ »Huma » d’alors, (Lagardère n’était pas encore venu à eux, pas plus que la « mutation » du Peucefeu ((- :), et Burchett dans son canard en Australie, (Il s’appellait comment au fait ce canard ??), alors que Maurice Lemoine a publié son enquête dans son bouquin, mais même pas dans le « Monde Diplo » dont il est pourtant devenu rédac-chef plus tard.
Aujourd’hui c’est même pas la peine d’en parler. Même si tu publies une enquête en free-lance à compte d’auteur, enquête qui plait pas à ton Comité de Rédaction et/ou aux annonceurs ou sponsors, (CIA, CRIF ou Alcampo) le lendemain tu passes au service du personnel de ton canard pour solder ton compte.
Voili-voilou…
Geb.
Truman Burbank =
« Que sait un poisson de l’eau dans laquelle il nage toute sa vie »
(Albert EINSTEIN)
Au sujet des « périphéries » -le texte touche le sujet quand l’auteur aborde les sources d’information étrangères « situées en périphéries »- on est en plein eurocentrisme, ou même occidencentrisme. Nous beux gentils intelligents, eux moches méchants cons.
Bravo pour cet excellent article
Il est une vraie bible à lui seul, que dis-je un deuxième « Coran » et les commentaires en sont les « Hadiths ».
« Rien n’est plus dangereux qu’une idée lorsqu’on n’en a qu’une ».
…
« s’entendre dire qu’il faut réviser notre rapport à l’information, c’est comme s’entendre dire qu’il faudrait faire de la gym : on y pense, on se le promet, et les mois et les années passent tandis que dans les périphéries de notre perception, les dangers et les dégâts s’accumulent. »
…
« Voir couler plus d’encre sur une femme portant un voile que sur une bombe larguée sur elle au nom de la société succinctement décrite plus haut me donne envie de vomir. »
Effectivement les temps sont durs pour ne serait-ce qu’arriver à échanger avec son prochain (au sens « proche » du terme) que l’on découvre lui aussi atteint par ce mal indicible. Il suffit de prendre comme simple exemple la prononciation du mot-clef « Obama » autour de vous et attention à la levée de bouclier s’il vous prend l’idée de le critiquer un tant soit peu…Pire encore prononcez (avant de partir en courant) « Dieudonné » !
Mon propre constat est effectivement celui d’une « paresse intellectuelle » doublé d’une dose d’orgueil sans pareil (« on est en France quand même ! ») chez la plupart des gens qui m’entourent.
Le problème reste entier « comment partager ce genre d’article » autour de moi ? Qui va prendre le temps de le lire à l’heure de Twitter ou FesseDeBouc ?
Les médias jonglent avec l’émotion collective de telle sorte que l’on accepte sans résistance ce bombardement d’informations prédigérées à tel point que mettre en doute une information donnée pour sûre provoque une douleur mentale visible sur son visage comme une attaque de rage dentaire et que d’autre part déconstruire l’image de ce qui vous a été vendu comme une icône provoque le même sentiment de trahison et de rejet que lorsque l’on vous annonce un scandale alimentaire de plus…
La plupart des commentaires font remonter la vague de désinformation au 11 septembre 2001, pour ma part je l’ai vraiment ressentie en 1991 sous Bush père au moment de la 1ère « guerre du Golfe » où l’on voyait des cohortes d’experts militaires saturant les journaux télévisés interprétant des images absentes.
Je fais partie de cette génération Mitterand, celle de la Bastille qui après l’avoir encensé pour cette bouffée d’oxygène indispensable à l’époque s’est senti trahie jusqu’au plus profond de son âme citoyenne de s’être fait tant manipuler.
Joseph Stiglitz a dit pas plus tard que cette semaine interviewé par Fréderic Taddei dans son émission « Ce soir ou jamais » ( l’exception journalistique télévisuelle qui confirme la règle) que l’Europe dans son marasme conservait intellectuellement, socialement et culturellement beaucoup d’atouts par rapport aux US et que le vrai et seul danger qui la guette est cette lente mais sûre dérive vers le modèle états-unien
Bref je m’arrête là et je me dépêche d’envoyer cet article à mon neveu qui rêve et prépare une carrière de journaliste politique…
« On en apprend des choses sur le net » !
Excellent article et commentaires intéressants.
J’assimile internet au sevrage qui a lieu après l’allaitement.
Sans internet nous en serions encore à ce stade.
Maintenant nous avons le choix de notre nourriture !!!
De plus celui qui veut se rapprocher de la vérité trouvera
les liens correspondants à ses aspirations.
Bonjour,
Quel papier !
Enfin quelqu’un qui ose.
Je reconnais bien dans votre article le milieu du journalisme que j’ai fréquenté pendant 5 ans et que j’ai fui.
La liberté de la presse n’existe pas, surtout si elle a des annonceurs. Essayez donc de faire un papier contre ceux qui vous passe de la pub…
La presse est un milieu de requins qui se font de grands sourires et se tirent dans le dos… ou qui se tirent dans le dos et se font de grands sourires… selon privé ou publique. Le plus important étant de vendre du papier… pas de vendre des vérités.
J’avais déjà lu cet article, mais je viens de m’en resservir une platée : comme c’est percutant, comme c’est succinct pour dire autant (je veux dire que tout ce qui est dit ici prend normalement un livre entier) ! Nietzsche parlait de « philosopher à coup de marteau », Viktor le fait à coups de machette : il défriche une jungle épaisse pour nous frayer un passage, et tranche en même temps la chair débile des faux professionnels de l’information. Et çà enchaîne : un vérité profonde toutes les deux lignes en début d’article, schlakkk, schlakkk, schlakkk, un coup à droite, un coup à gauche, un virtuose, un sabreur d’élite, un maître d’armes !
J’ose quand même ajouter un paramètre au risque de désinformation / mensonge : la distance séparant le sujet traité du destinataire de l’information. La manipulation sera moins importante, de nature différente et en tout cas bien moins aisée si l’événement, le phénomène traité se produit à proximité physique du consommateur de l’information que s’il se déroule à l’autre bout du monde dans un pays peu connu par le public ciblé. Si l’on veut faire avaler n’importe quel bobard aux Français sur ce qui se passe en France il faut généralement le faire avec intelligence (généralement…) car dans le cas contraire il se trouvera (il peut se trouver) trop de gens au fait de la situation pour contester les faits énoncés. Par contre on peut raconter ce qu’on veut sur la Chine, les Français n’y connaissent rien (mais si ! l’ôt’ soir j’ai vu une émission sur TF1…) et les quelques protestations seront presque inaudibles.
Bon allez j’en profite pour reposer ma question sur l’article parlant d’arrêt sur images et Cuba : sérieux, vous avez vraiment compris que je m’attaquais à Cuba et que je défendais Schneidermann ?! Si c’est çà ch’ui drôlement déçu, j’croyais qu’vous m’connaissiez un peu…snif…
Merci encore pour cet article et l’ensemble de votre travail. Je vais me coucher heureux et plus intelligent que je ne m’étais levé !
Article absolument énorme, que je ne découvre que maintenant. Il n’est jamais trop tard…MERCI !
Merci pour cet article au passage.
Que pensez-vous de l’organisation de l’information des journaux télévisés ? (je m’adresse à tous ceux qui ont une idée sur la question !)
Pour être plus précis, qui organise et pourquoi l’ordre des informations diffusées ? Quels sont les objectifs à remplir pour ces personnes, les objectifs connus (y a-t-il une volonté de composer, de rythmer, de faire du spectacle ou quelque chose d’autre) ? Qui est le supérieur de cet organisateur ?
Comment s’organisaient les premiers journaux télévisés ? (il serait intéressant d’en faire l’Histoire, si cela n’existe pas)
Quel est le pourcentage de la population qui s’informe par la télévision, et par catégorie sociale ? par la presse écrite (je suppose que c’est un peu plus complexe à déterminer) ?
Voilà, pardon pour l’avalanche de questions, en espérant que quelqu’un pourra y apporter quelques réponses.
Cordialement.
Merci !
Tellement : je fait passer.
Surtout à ceux avec qui j’ai déjà parlé de ces problèmes, car ils sont tellement mieux exposés que mes pauvres baratins, et ouvrent des portes.
C’est raconté, comme ça, genre 3ème personne, et puis, tout d’un coup, j’ai reçu un violent uppercut, j’ai ressenti comme un tutoiement brutal ! « L’obésité intellectuelle, tu connais ? » D’accord, il y aura sûrement des commentaires, mais l’article, il a l’air assez long, non ? Tu te sens de tenir jusqu’au bout ? Et pourtant, si il y a un sujet qui m’accroche… La perception, la communication, les incompréhensions qui en découlent et puis l’utilisation qui est faite de ces déformations, volontairement ou non.
( Ne pas oublier que, quelle que soit la cause que chacun défend, pour beaucoup c’est la bonne, peut-être la seule valable, donc il faut l’écouter aussi : j’avais un oncle F.N… j’ai voulu savoir pourquoi ! ).
Bref, loin d’être trop long, ce bon petit coup de pied au derrière au départ, on se regarde dans la glace, et on continue, forcément. Et heureusement !
Relativement aux « ruptures narratives », je n’étais pas très intéressé à l’époque, ayant appris depuis longtemps déjà qu’il fallait écouter le journal télévisé, non pas pour ce qu’ils disent, mais pour ce qu’ils ne disent pas… ou plus… et la rupture brutale d’informations sur l’Argentine m’avait fait un peu cet effet-là.
L’Islande, pareil, mais moins de silence ( c’est plus proche ).
En bateau ( ± entre 1990 et 97 ), pour la météo, nous écoutions R.F.I. ( infos toutes les demi-heures : à 8 h 30 ils racontaient tout, à 9 h il y avait à peu près tout, mais raccourci, à 9 h 30 il y avait déjà quelques bonnes coupes bien choisies, et le reste de la journée se passait dans un silence « médiatique conventionnel » impressionnant !
Pour vous, ça rentre dans les « ruptures narratives » ou dans les « comportements atypiques » ?
De toute façon, ce ne sont que des cases pour simplifier l’exposé, mais je ne pense pas qu’il y ait vraiment de frontière : les frontières nous nous les fabriquons pour pouvoir jouer avec…
Relativement à Internet : tout à fait d’accord ça va très vite. C’est un bon outil ( Citrus Hystrix ? oui je peux planter ça chez moi, paraît-il ), mais ça n’est qu’un outil, et tout le monde peut s’en servir. D’ailleurs, comme dit un de vos commentateur ( pardon, je ne sais plus lequel ), « C’est comme la démocratie, si ça servait vraiment à quelque chose ça serait interdit depuis longtemps ».
Merci encore, et bonne soirée…
J’ai adoré ce texte !! je me sens même soulagée parce que je croyais devenir barge, surtout depuis quelques deux ou trois années !!! Le must, allez sur n’importe quel site internet Marianne, surtout Le monde, le truc en vogue est croustillant, et perso, les mots ont trop d’importance pour qu’on jette des conneries énormes à la face des pauvres lecteurs qui n’y pigent rien !!! eh bien j’ai lu par exemple sur Marianne, « journaliste d’investigation » … eh oui !!! le journalisme fait peau neuve dans la redondance « journalisme d’investigation » pour être plus crédibles et ce depuis que leur CA a chuté ! alors que le terme journalisme parle de lui même !
J’ai lu que pendant la guerre du Vietnam, un pont (dont j’ai oublié le nom) aurait été détruit. Un historien l’évoque dans un de ces bouquins disant que finalement il avait vu ce pont lors de son séjour dans ce pays… Imaginez, çà fait près de 50 ans que nous Français, avons gobé ce mensonge parce qu’évidemment, il faut se déplacer pour constater par soi même ! combien de pékins ont les moyens de se payer un tel voyage ??? Les médias poussent le vice jusqu’à solliciter le citoyen pour qu’il envoie des vidéos ou photos… et c’est simplement pour renforcer la crédibilité de l’info la plus mensongère mais plus c’est con et mieux çà passe …. En 2004 je suis allée place du trocadéro pour y rencontrer l’Abbé Pierre. On avait annoncé son passage et j’avais du temps d’autant que j’habitais pas très loin de là alors je me suis dis pourquoi pas. J’ai pouffé de rire lorsqu’au JT de 20h, on annonçait 2000 à 4000 personnes ! il y en avait à peine une soixantaine !!! la télé comme disait mon prof, c’est l’espace ou la parole est la plus restreinte alors comment voulez vous réveiller les mille et une âmes qui la vénèrent ? Merci pour ce texte en tous cas, et l’humour qui s’en dégageait d’autant …
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