Présidentielle au Mali:
François Hollande a été accueilli en libérateur samedi 2 février 2013 au Mali. Le chef de l’Etat français est arrivé dans la ville de Tombouctou, ancien fief des islamistes, où l’attendait le président malien par intérim Dioncounda Traoré. Une visite express de quelques heures destinée à rendre hommage aux soldats français déployés et placée sous très haute sécurité. (Pascal GUYOT / AFP)
Doutes sur un scrutin le
28 juillet 2013
BAMAKO – Le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) du Mali, a émis des doutes sur la possibilité de tenir le premier tour de l’élection présidentielle le 28 juillet 2013, dans une déclaration à l’AFP.
Il est extrêmement difficile d’organiser le premier tour de l’élection présidentielle le 28 juillet 2013, a déclaré jeudi soir Mamadou Diamountani, président de la CENI. D’ici le 28 juillet, nous avons encore beaucoup de défis à relever, a-t-il ajouté.
D’abord, il faut reconnaitre que la production de la carte d’électeurs a pris beaucoup de retard. Or, c’est le seul document qui permet à l’électeur de voter, c’est non seulement la carte d’identification, mais aussi la carte d’électeur, a-t-il affirmé.
Selon lui, Il va être extrêmement difficile de remettre les cartes aux électeurs maliens en moins d’un mois, surtout quand on sait qu’il y a plus de 6,8 millions de cartes et qu’il y a beaucoup de populations déplacées.
Il faut se donner plus d’un mois pour que les cartes soient remises à leurs propriétaires, parce que le mode opératoire du ministère malien de l’Administration n’est pas convainquant, selon M. Diamountani.
Il a également mis en avant la situation à Kidal, ville du nord-est du Mali occupée par la rébellion touareg du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) où l’armée malienne n’est toujours pas présente, en dépit d’un accord entre le gouvernement de transition à Bamako et le MNLA conclu le 18 juin 2013 à Ouagadougou.
C’est, selon lui, une autre raison qui rend extrêmement difficile, voir impossible, la tenue du premier tour de la présidentielle à la date prévue.
Un ministre malien a de son côté affirmé vendredi à l’AFP, sous couvert d’anonymat, que tout le monde est d’accord pour le report car nous ne voulons pas des élections bâclées.
La décision de tenir le premier tour de la présidentielle le 28 juillet 2013, éventuellement suivi d’un second tour le 11 août, a été prise par le gouvernement malien de transition sous la pression de la communauté internationale, en particulier de la France.
L’armée française intervient au Mali depuis le 11 janvier 2013 aux côtés de plusieurs armées africaines, ce qui a permis de chasser en grande partie les groupes islamistes armés qui ont occupé le nord du pays en 2012.
L’occupation du Nord par les jihadistes et cette intervention ont entraîné une fuite massive de populations, environ 500.000 personnes déplacées dans d’autres régions maliennes ou réfugiées dans des pays voisins. La plupart ne sont pas revenues chez elles.
(©AFP / 28 juin 2013 11h22)
L’armée accuse la rébellion touareg
de « violer » leur accord à Kidal
L’armée malienne a accusé les rebelles touareg du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), de « grave violation » à Kidal (nord-est) de l’accord de paix de Ouagadougou. Trois militaires de la MINUSMA ont été blessés depuis vendredi.
« Depuis samedi, le MNLA a mobilisé femmes et enfants à Kidal, pour jeter des pierres sur les populations noires, sur les militaires africains et maliens. C’est une grave violation de l’accord de paix » de Ouagadougou signé le 18 juin 2013 entre rebelles touareg et le gouvernement de transition du Mali, a déclaré dimanche soir le lieutenant-colonel Diarran Koné, de l’armée malienne.
Il a affirmé que depuis l’arrivée vendredi des soldats maliens à Kidal, en parallèle au cantonnement des combattants du MNLA et conformément à cet accord, « les manifestants, manipulés par le MNLA, ont blessé trois militaires africains de la Minusma (mission de stabilisation de l’ONU) et caillassé trois véhicules de l’armée malienne dont une ambulance ».
« C’est une grave violation de l’accord de Ouagadougou, et nous demandons aux forces impartiales (armées française et de l’ONU présentes à Kidal) de le dire publiquement », a ajouté le lieutenant-colonel Koné.
Civils réfugiés dan un camp militaire
Une source militaire africaine a de son côté affirmé que plusieurs dizaines de civils maliens s’étaient « réfugiés » dans un camp militaire de la ville où se trouvent les soldats maliens, français et africains.
Ces habitants « subissent des représailles de la part de groupes touareg armés » pour avoir manifesté leur joie à l’arrivée de quelque 150 soldats maliens dans la ville qui était occupée par la rébellion touareg depuis février 2013.
Il s’est inquiété du « climat de tension » à Kidal au moment où débute dans tout le reste du pays la campagne pour le premier tour de la présidentielle du 28 juillet 2013 qui, grâce à l’accord de Ouagadougou, doit théoriquement se dérouler aussi à Kidal.
Depuis vendredi, manifestations pour et contre la présence de l’armée malienne se succèdent à Kidal, selon des témoins.
(ats / 08.07.2013 12h41)
Tensions à Kidal
entre pro et anti armée malienne
(FRANCE 24)
Des manifestants pro-Azawad se pressent devant le camp où est présente l’armée malienne.
Photo: Othman Ag Mohamed.
Depuis l’entrée de l’armée malienne vendredi 5 juillet à Kidal, dans le Nord-Mali, la cohabitation entre les habitants pour et contre la présence des soldats est difficile. Des tensions qui se cristallisent autour d’un camp militaire situé à l’ouest de la ville: à l’extérieur, des défenseurs de l’Azawad manifestent contre la présence de l’armée. Tandis qu’à l’intérieur, une centaine de civils pro-armée ont trouvé refuge par peur d’être pris pour cible.
L’accord de paix de Ouagadougou signé le 18 juin 2013 entre l’État malien et les représentants du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) prévoyait un cantonnement des groupes touaregs armés ainsi qu’un redéploiement en parallèle des forces armées maliennes et de membres de l’administration en vue de la tenue du scrutin présidentiel du 29 juillet 2013.
Pourtant, l’arrivée d’un contingent de 200 militaires a provoqué un regain de tensions entre des indépendantistes du MNLA et des civils venus célébrer l’arrivée des soldats maliens. Ces derniers ont dû trouver refuge dans le camp 1, où les militaires maliens sont pour le moment postés en attendant que les combattants touaregs soient tous cantonnés dans un autre camp et désarmés.
Dans un communiqué, l’armée malienne a accusé lundi les rebelles du MNLA à Kidal de « grave violation » de l’accord de Ouagadougou et affirmé que trois militaires de la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA), dont un Français, avaient été blessés par des jets de pierre de manifestants pro-Azawad alors qu’ils sécurisaient les abords du camp.
Cela faisait près d’un an et demi que l’armée malienne n’était pas entrée dans Kidal. Prise par les combattants indépendantistes touaregs du MNLA et les djihadistes d’Ansar Dine en mars 2012, puis occupée par ces derniers pendant neuf mois, la ville a été reconquise en janvier 2013 par le MNLA qui, entre temps, s’est rangé aux côtés des soldats français pour chasser ses anciens alliés du nord du Mali.
Des manifestants, femmes et enfants, devant le camp 1 à Kidal, samedi.
« Les chefs touaregs nous calment en disant que l’armée est là pour faire ‘de la figuration’, mais nous restons très sceptiques »
Ibrahim Ag Souleymane est touareg. Il participe aux manifestations pro-Azawad.
Nous sommes en colère parce qu’on a le sentiment que les accords de Ouagadougou n’ont pas été respectés par l’armée malienne : les forces rentrant dans Kidal devaient être un mélange homogène de soldats originaires du sud et du nord du Mali et surtout pas des partisans de Gamou [ un colonel farouche opposant au MNLA qui avait feint de rejoindre le mouvement en mars 2012 avant de rejoindre ses hommes au Niger ; qualifié de ‘traître à la cause touareg’, il est suspecté d’exactions par les représentants du MNLA ]. On pense que s’ils sont là, c’est parce que l’armée malienne ne connaît pas le terrain, et qu’ils ont besoin des hommes de Gamou, au cas où il y aurait opposition avec des membres du MNLA [selon RFI, entre 20 et 30 miliciens du contingent de Gamou font partie du détachement des 200 soldats maliens, une information non confirmée par l’armée malienne].
Depuis dimanche, nos chefs ont convoqué les jeunes pro-Azawad pour expliquer qu’il faut éviter les débordements, ne plus lancer de pierres ou affronter les partisans des militaires. Ils attendent l’issue des discussions avec le président de la Commission dialogue et réconciliation [chargée d’animer des conférences-débats pour l’unité de l’État malien] qui est depuis mardi à Kidal. Ils ont tenu à nous rassurer en nous disant que l’armée malienne était là sous la contrainte internationale, seulement pour ‘faire de la figuration’, si je reprends leurs mots.
Mais les gens sont très sceptiques. Certains ont encore brûlé des pneus ce matin [mardi]. Il y a des jeunes et des vieilles femmes qui ont planté leur tente devant le camp. Ils crient ‘Oui à l’Azawad, non au Mali !’ et manifestent pacifiquement tous les jours. Ils ont très peur que l’armée malienne commence à patrouiller dans la ville car ils craignent de possibles exactions envers les ‘peaux claires’ comme ça a été le cas dans d’autres régions du Mali [Human Rights Watch a recensé une douzaine d’exactions commises par l’armée malienne à l’encontre de membres de la communauté touareg à Mopti].
Des manifestants pro-Azawad ont brûlé des pneus pour contester la présence de l’armée malienne. Photo prise mardi matin par Ibrahim Ag Souleymane.
« Les pro-Azawad nous provoquent, nous disent de sortir sinon il nous arrivera malheur »
Sidi Ag Albaka est touareg. Il a participé aux manifestations de soutien à l’armée malienne et a trouvé refuge dans le camp après les affrontements avec les manifestants pro-Azawad.
Ça fait depuis vendredi soir que je suis dans le camp [comme plus d’une centaine d’autres civils]. Ici, il y a une quarantaine de blessés qui sont soignés par les militaires. De là où je suis, je peux voir les manifestants dehors : ils nous provoquent, brûlent des drapeaux maliens, nous insultent et disent qu’ils vont ‘rentrer dans le bâtiment et nous égorger un par un’. Certains d’entre nous reçoivent même des appels de menaces sur leur téléphone. Les pro-Azawad nous mettent la pression, disent qu’il faut qu’on sorte pour rejoindre leur cause sinon il nous arrivera malheur.
On a des directives très claires, qui s’appliquent aux civils comme aux militaires dans le camp, de ne pas provoquer ceux qui sont à l’extérieur. Mais pour nous, on n’a jamais provoqué ! Vendredi, lorsque l’armée est arrivée, la plupart d’entre nous venaient accueillir un frère, un mari, une connaissance.
Kidal a été oubliée sur tous les plans pendant trop longtemps. Depuis qu’ils contrôlent la ville, les membres du MNLA nous ont imposé leur vision des choses, ils arrêtaient les personnes suspectées d’être des espions et harcelaient ceux qui ne soutenaient pas leur cause. Tout ce qu’on souhaite maintenant, c’est que les élections aient lieu normalement ici à Kidal, et qu’on ait le sentiment de redevenir malien [un candidat à l’élection, Tiébilé Dramé, a demandé le report de l’élection car les listes électorales des 13 communes de la région de Kidal ne seraient pas encore établies à trois semaines du scrutin].
Le rond-point de Kidal a été repeint aux couleurs du drapeau l’Azawad deux jours avant l’arrivée des militaires maliens. « Un exemple de provocation », selon Sidy Ag Albaka.
Photo: Ibrahim Ag Souleymane.
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