DES PARLEMENTAIRES DEFENDENT L’EXPLOITATION « MAÎTRISEE » DU GAZ DE SCHISTE: UN BEAU PETIT SCANDALE SIGNE CHRISTIAN BATAILLE (AFP / bastamag.net)

Des parlementaires défendent l’exploitation

« maîtrisée » du gaz de schiste

DES PARLEMENTAIRES DEFENDENT L'EXPLOITATION

Une exploitation de gaz de schiste en Pologne le 27 avril 2011 

(Janek SKARZYNSKI AFP)

PARIS – Des parlementaires ont jeté, jeudi 13 juin 2013, un pavé dans la mare sur l’épineux dossier du gaz de schiste, avec un rapport favorable à une exploration et une exploitation « maîtrisées » de cette ressource énergétique qui divise, perspective pourtant rejetée par le gouvernement.

La fracturation hydraulique reste la technique la plus efficace et la mieux « maîtrisée » pour extraire les hydrocarbures non conventionnels, et (…) des solutions existent pour le faire avec un impact acceptable sur l’environnement, à condition de respecter quelques règles, écrivent le député PS Christian Bataille et le sénateur UMP Jean-Claude Lenoir, co-rapporteurs de ce texte.

Ils avaient été chargés en début d’année d’étudier les techniques alternatives à la fracturation hydraulique par l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST), organisme qui rassemble des élus de tous bords.

Leur rapport d’étape, présenté jeudi, avance que la fracturation hydraulique aurait déjà été utilisée en France à au moins 45 reprises entre les années 1980 et l’interdiction de 2011, sans qu’aucun dommage n’ait été signalé.

Ils estiment également que la France possède toutes les compétences scientifiques, techniques et industrielles, à tous les niveaux de la filière, pour créer une filière de fracturation propre.

Partant de ce diagnostic, les deux élus ont émis des recommandations visant à évaluer les ressources françaises en gaz et en pétrole de schiste, via d’éventuels forages expérimentaux faisant appel à la fracturation hydraulique, ou qui pourraient également servir à tester des techniques alternatives.

Parmi leurs autres pistes, ils proposent d’utiliser les retombées éventuelles de ces hydrocarbures non conventionnels pour financer la transition énergétique prônée par le gouvernement, et d’incitations localement à exploiter ces ressources en partageant ces retombées avec les collectivités et les propriétaires des terrains concernés.

Toutes ces propositions jurent avec la position de la Ministre de l’Ecologie Delphine Batho, opposée à toute exploitation de cette forme d’énergie fossile.

Lors d’un débat radio-télévisé mercredi avec la dirigeante patronale Laurence Parisot, qui a dit voir dans le gaz de schiste une possibilité pour relancer l’économie française, Mme Batho avait réaffirmé que son exploitation comme aux Etats-Unis n’est ni possible ni souhaitable en France, et prôné à la place des investissements massifs dans les économies d’énergies et les énergies renouvelables.

Tout en réaffirmant l’interdiction de la fracturation hydraulique, le Président de la République François Hollande avait quant à lui dit fin 2012 qu’il prendrait ses responsabilités si une nouvelle technique respectueuse de l’environnement apparaissait, suscitant des inquiétudes chez les écologistes.

Ce rapport parlementaire a déclenché avant même sa publication un tir nourri de critiques d’opposants à l’extraction du gaz de schiste, quelles que que soient les techniques utilisées.

Des collectifs régionaux d’ONG ont dénoncé une approche qui vise à réduire le débat public à la dimension strictement technique des hydrocarbures non conventionnels, alors que leur exploitation accélère dramatiquement le réchauffement climatique.

Il est absolument irresponsable, de la part des décideurs parlementaires de notre pays d’envisager de poursuivre dans la voie de ce qui a déjà démontré ses failles dans les pays qui ont expérimenté la fracturation, a dénoncé quant à elle Elisabelle Bourgue, présidente de l’association No Fracking France, évoquant une situation similaire à celle qui a précédé le scandale de l’amiante.

Combien de contaminations, de pollutions, de malades et de morts devront être recensés pour que les décisions soient prises en faveur de l’intérêt général, de la santé des populations, des animaux et de la préservation de la ressource en eau et de l’environnement, s’est-elle insurgée.

(©AFP / 06 juin 2013 10h57)

 COMMENTAIRE:

 (Le Souffle c’est ma Vie / Thierry LAMIREAU)

 Ce cher monsieur BATAILLE utilise les mêmes « arguments » que pour le nucléaire !

La retraite c’est pour quand pour ce spécialiste en conneries ?…

Je serais très curieux de fouiller dans ses comptes pour voir, si par hasard, il ne toucherait pas quelques euros pour inonder la FRANCE d’une désinformation scandaleuse…

Gaz de schiste:

Chanteguet (PS) critique vivement un rapport

parlementaire

PARIS – Le président de la Commission du Développement Durable de l’Assemblée Nationale, Jean-Paul Chanteguet (PS), a vivement critiqué vendredi le rapport de deux parlementaires favorables à une exploitation maîtrisée du gaz de schiste, jugeant qu’il n’apportait aucune élément nouveau et contenait des affirmations profondément contestables.

Les propositions de ce rapport du député PS Christian Bataille et du sénateur UMP Jean-Claude Lenoir, publié jeudi, visent à relancer un débat tranché par le gouvernement et le parlement, alors qu’elles n’apportent aucun élément susceptible de revenir sur les choix opérés, écrit M. Chanteguet dans un communiqué.

Ce dernier conteste en particulier que l’exploration des gaz de schiste puisse être respectueuse de l’environnement, alors que cette technique de production utilise aujourd’hui 750 composés chimiques, dont 29 ont été reconnus cancérigènes et à risque pour la santé humaine.

Selon M. Chanteguet, le rapport, publié par l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST), comporte aussi des affirmations profondément contestables concernant les avantages à explorer et exploiter le gaz de schiste sur le plan économique.

Ainsi, estime M. Chanteguet, le chiffre de 100.000 emplois qui seraient créés donne de faux espoirs. L’expérience américaine démontre qu’une fois le puits mis en place, il faut moins d’une personne pour le faire fonctionner. Seule la course éperdue, qui a conduit à creuser 500.000 puits aux Etats-Unis en huit ans, a permis de renouveler les emplois. Ce qui n’est pas réalisable en France, étant donné l’occupation de notre espace géographique, poursuit-il.

Enfin, conclut-il, l’empreinte carbone du gaz de schiste est équivalente à celle du charbon. Ainsi, son exploitation aboutirait à retarder le passage à l’énergie du futur, en s’obstinant dans une voie du passé et en exploitant à des coûts toujours croissants pour le climat, l’environnement et la santé, les dernières ressources fossiles disponibles.

(AFP)

Pourquoi les grands patrons français sont

obnubilés par les gaz de schiste

(Ivan DU ROYOlivier PETITJEAN

Lobbying intense à Bruxelles, recommandations à répétition auprès de l’Elysée, opérations séduction vers les médias : plusieurs groupes français déploient des efforts considérables pour plaider la cause des gaz de schiste. Pourquoi une telle insistance ? Qui sont les acteurs de cette guerre d’influence ? On y retrouve TOTAL bien évidemment, mais pas seulement. Les gaz de schiste cachent de puissants intérêts, qui refusent toute transition énergétique. Enquête.

arton3110-0cdb4 CAC 40 dans REFLEXIONS PERSONNELLES

C’est un véritable rouleau compresseur qui s’est mis en branle en faveur de l’exploitation des gaz de schiste. Le groupe de travail patronal franco-allemand sur la « compétitivité » et la « croissance » en Europe, mis en place sous l’égide du MEDEF et de la Fédération Allemande des Industries (BDI) [1], en a fait une de ses propositions phares. 

« L’Europe doit oeuvrer en faveur du développement des compétences industrielles et d’un cadre d’action pour le secteur des gaz non conventionnels (dont les gaz de schiste, ndlr)  », suggère-t-il, dans leur liste de 32 revendications patronales remises à François Hollande et Angela Merkel le 30 mai 2013. A l’automne dernier, un plaidoyer « pour que la recherche sur les techniques d’exploitation des gaz de schiste soit poursuivie », figurait déjà parmi les 22 propositions du Rapport Gallois sur la Compétitivité Française.

La proposition faisait déjà écho à « l’appel des 98 PDG », publié fin octobre 2012 par Le Journal du Dimanche (groupe Lagardère) qui, eux aussi, insistent pour « se donner les moyens d’explorer et d’exploiter nos ressources nationales comme les gaz de schiste ».

Sans oublier la succession de déclarations gouvernementales ambiguës et la salve d’éditoriaux ou d’articles (Le MondeLe Point,Challenges…) qui, entre juillet et septembre 2012, appelaient à rouvrir le débat.

« Profitons de la richesse du sol français en gaz de schiste ! », lançait Claude Perdriel, patron du groupe Nouvel Observateur, dans une tribune publiée par Challenges du 12 juillet. « Le débat n’est pas tranché », expliquait le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault un mois plus tard (lire notre article). Exploiter les gaz de schiste permettrait de faire baisser le prix de l’énergie, créerait des emplois, rendrait la France moins dépendante des coûteuses importations d’hydrocarbures, contribuerait à la croissance et renforcerait notre « compétitivité » au même titre que « la baisse du coût du travail ».

A croire que les énergies renouvelables, elles, ne contribueraient à rien de bien intéressant.

Bruxelles assiégée par les lobbyistes pétroliers

Le « débat » sur les gaz de schiste agite également Bruxelles. La Commission et le Parlement sont « assiégés par les grands acteurs des secteurs pétroliers et gaziers », estime l’organisation Corporate Europe Observatory (CEO), qui étudie les actions de lobbying des grandes entreprises au niveau européen. 

« Entre janvier et août 2012, treize réunions formelles avec pour thème les gaz de schiste ont eu lieu entre la Commission et des représentants d’ExxonMobil, Talisman Energy, Shell, Statoil, Halliburton, Chevron et GDF Suez », décrit le CEO, dans un rapport publié en novembre [2]. TOTAL fait aussi partie de ces firmes déployant un lobbying intensif pour tenter de « minimiser les dégâts écologiques et sociaux de la production de gaz de schiste » et « faire passer le gaz pour une option énergétique favorable aux climats dans un avenir moins carboné. » 

Exemple: ce voyage de presse financé par le pétrolier, qui avait donné lieu à une série d’articles et d’éditoriaux défendant la cause des gaz de schiste dans Le Monde [3].

En France, cette offensive industrielle et médiatique se heurte pour l’instant à un obstacle de taille: la fracturation hydraulique, seule technique en vigueur aujourd’hui pour accéder aux gaz de schiste enfermés dans la roche, dont l’utilisation est interdite par la loi du 13 juillet 2011.

La fracturation hydraulique est excessivement gourmande en eau, recourt à des produits chimiques, et peut provoquer des remontées non maîtrisées de gaz à la surface, le tout risquant de contaminer nappes phréatiques, cours d’eau et sols. C’est cet obstacle que s’évertuent à lever le sénateur UMP de l’Orne Jean-Claude Lenoir et le député PS du Nord Christian Bataille. Les deux élus préparent un rapport parlementaire sur les « techniques alternatives à la fracturation hydraulique pour l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste ».

Le CAC 40 plébiscite les gaz de schiste

Ils considèrent que la fracturation hydraulique est « une technique ancienne qui évolue aujourd’hui rapidement sous l’effet de considérations environnementales de plus en plus partagées ». Et proposent d’étudier d’autres voies : « Une technique alternative opérationnelle existe : il s’agit de la fracturation au propane, qui mériterait un plus ample examen. D’autres technologies sont envisagées en recherche et susceptibles d’aboutir à des applications d’ici une dizaine d’années. » Un rapport d’étape sur leurs premières investigations vient d’être présenté ce 5 juin 2013. Le jour où la fracturation hydraulique n’apparaîtra plus comme la seule technique possible, l’interdiction pourra être contournée.

Cette interdiction commence sérieusement à gêner des intérêts économiques considérables. Car l’extraction des gaz de schiste n’est pas seulement l’affaire d’aventuriers texans et de « majors » pétrolières et gazières, comme TOTAL ou GDF SUEZ, qui voudraient fracturer le sous-sol français comme ils le font aux États-Unis ou en Pologne. Fait peu connu, pas moins de dix groupes français cotés au CAC 40, d’AIR LIQUIDE à VEOLIA, ainsi que plusieurs autres grandes entreprises nationales, sont impliqués dans l’extraction des gaz de schiste, depuis la fourniture d’équipements et de produits chimiques jusqu’au traitement des eaux usées. Et ce, partout dans le monde.

TOTAL amasse les concessions

TOTAL, GDF-SUEZ et la compagnie pétrolière franco-britannique PERENCO exploitent de nombreux gisements de gaz de schiste hors de France. Le géant français amasse les concessions à l’étranger. Aux États-Unis, TOTAL a acquis 25 % des concessions de Chesapeake Energy, premier producteur mondial de gaz de schiste, et premier foreur nord-américain avec 11 000 puits creusés en 20 ans. Et y a investi plus de 2,2 milliards de dollars ! En Pologne, TOTAL a récupéré une partie des concessions d’exploration d’ExxonMobil. Il en détient au Danemark, au Canada, en Chine, en Algérie, en Argentine, et même en Libye…

GDF-SUEZ, l’autre grand acteur français du gaz, était sur les rangs pour exploiter le fameux « permis de Nant » en Aveyron. Suite au moratoire, Gérard Mestrallet, PDG de GDF-SUEZ, a annoncé publiquement que sa firme attendrait la mise au point des technologies plus sécurisées avant de relancer ses opérations. L’entreprise garde sous la main des licences d’exploitation en Allemagne. En attendant, elle accroît ses achats de gaz américain à bas prix, partiellement issu de la fracturation hydraulique, en encaissant au passage la différence entre son coût réel d’achat et le coût théorique sur lequel est basé le tarif réglementaire du gaz en France. Une pratique qui pénalise les consommateurs et dénoncée par la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) (Lire notre article). De son côté, PERENCO procède à des forages par fracturation hydraulique en Tunisie.

Schlumberger et la « fracturation intelligente »

N’en déplaisent aux deux élus en quête de « techniques alternatives à la fracturation hydraulique », ni TOTAL, ni GDF SUEZ ne semblent encore en mesure d’en proposer. 

« L’activité de la R&D s’intensifie dans le domaine des gaz et huile de schiste, avec une attention toute particulière sur la gestion de l’eau dans l’ensemble du cycle de production et sur la recherche d’alternatives à la fracturation hydraulique », avance TOTAL dans son rapport annuel. GDF SUEZ n’en fait aucune mention.

Derrière les deux « majors » arrivent les firmes spécialisées dans les services à l’industrie pétrolière et gazière : Vallourec, Technip et Schlumberger. Ces firmes ne possèdent pas directement de gisements, mais assistent les compagnies pétrolières dans leur exploitation. Elles leur vendent des services et des solutions technologiques pour extraire l’hydrocarbure. Schlumberger, qui possède un double siège à Paris et Houston, est l’un des principaux fournisseurs de matériaux de pompages et de produits chimiques liquides utilisés pour la fracturation hydraulique. Ces mêmes produits qui suscitent les craintes des populations riveraines et dont les firmes concernées se refusent obstinément à révéler la composition, sous prétexte de secret commercial. Schlumberger essaie désormais de se positionner sur la fracturation « haut de gamme », qui, selon son directeur général, Paal Kibsgaard, serait un peu moins gourmande en eau et en produits chimiques : bienvenue au « smart fracking », ou « fracturation intelligente »…

Vallourec: des forages « sans nuisance aucune »

Vallourec a aussi massivement investi aux États-Unis. L’entreprise est aujourd’hui l’un des principaux fournisseurs de tubes de forage profond pour l’extraction des gaz de schiste. Son PDG, Philippe Crouzet, espère des« productions massives de gaz de schiste » en Europe d’ici 2017.

« Il faudra d’abord rendre acceptable, par l’opinion publique, l’exploitation des gaz de schiste d’un point de vue environnemental », prévient-il. A l’écouter, il n’existe pas de source d’énergie plus sûre : « Il n’y a pas eu un seul accident dû au forage horizontal au cours des dernières décennies aux États-Unis (…). Tous les forages traversent, sans nuisance aucune, des nappes phréatiques pour aller chercher le gaz ou le pétrole beaucoup plus loin en dessous. Mais l’idée qu’il puisse y avoir des fuites dans les tubes est une aberration », expliquait-il en août 2012 [4].

L’arrivée des gaz de schiste en Europe est, selon lui, synonyme de « retombées économiques significatives ». Pas sûr que ces retombées profitent à tout le monde: Vallourec est la société du CAC 40 qui, entre 2003 et 2009, a le plus largement favorisé ses actionnaires par rapport à ses employés. Les dividendes versés par action ont progressé de 1007 % ! [5].

Le secteur du BTP est également concerné: Lafarge, leader mondial des matériaux de construction, fabrique des ciments spéciaux pour les puits de forage nord-américains, à la fois pour les gisements conventionnels et pour la fracturation hydraulique.

Saint-Gobain fournit des matériaux de fracturation, notamment des billes en céramique de la taille d’un grain de sable qui, injectées dans les failles rocheuses, font office de soutènement pour améliorer le taux de récupération des hydrocarbures. Technip, spécialiste des infrastructures pétrolières et gazières, mais aussi du raffinage et de la pétrochimie, a également redirigé une grande partie de ses investissements stratégiques – 225 millions d’euros – vers les États-Unis pour profiter des retombées du gaz de schiste. Sans oublier l’industrie chimique, comme Solvay, et sa filiale française Rhodia, qui dépendent de l’achat d’hydrocarbures pour une partie de leur production. Ils figurent parmi les principaux défenseurs du gaz de schiste, dans lequel ils voient une promesse de réduction de leurs coûts.

La fracturation hydraulique:

Source de profits pour Veolia et Suez

Pas de fracturation de la roche sans de l’eau en abondance. Veolia et Suez Environnement ont trouvé là le moyen de compenser leurs pertes de marché dans l’approvisionnement en eau potable, dont la gestion privée est de plus en plus contestée. Les deux géants de l’eau considèrent la fracturation hydraulique comme une source de profit prometteuse. Elles ont réalisé des investissements importants dans les zones d’exploitation des gaz de schiste aux États-Unis (Pennsylvanie, Texas et Ohio), et financé les lobbies du secteur [6]. Grâce aux gaz de schiste, elles gagnent sur deux tableaux : la vente d’eau en gros aux entreprises réalisant les forages – 15 000 m3 d’eau sont nécessaires, en moyenne, pour une opération de fracturation – et le traitement des eaux contaminées issues de la fracturation.

Cette utilisation massive des ressources en eau provoque tensions et conflits avec les agriculteurs, notamment aux Etats-Unis ? Qu’importe. Jean-Michel Herrewyn, directeur général de Veolia Eau, évoque les « très beaux projets » de son entreprise dans « les mines, le pétrole ou les exploitations de schistes bitumineux, tous énormes consommateurs d’eau ».

La plupart de ces groupes français, ou de leurs filiales, sont membre des puissants groupes de pression états-uniens, très actifs pour promouvoir les gaz de schiste et limiter au maximum toute régulation contraignante: de l’ « American Petroleum Institute » à l’ « American Gas Association », en passant par la « Marcellus Shale Coalition », qui regroupe les firmes ayant des intérêts dans les gisements de gaz de schiste de Pennsylvanie. Cette coalition, dont Veolia, Vallourec, Lafarge et Schlumberger sont membres, milite pour étouffer toute critique et combattre toute velléité de régulations de l’impact environnemental de l’exploitation des gaz de schiste dans la région, ainsi que pour réduire leur contribution fiscale aux administrations des territoires où ils opèrent [7].

Une coalition anti-transition énergétique ?

Ce modèle d’influence se retrouve dans tous les pays dont les sous-sols recèlent des gisements potentiels de gaz de schiste, de la Pologne à l’Argentine. Et semble désormais se propager dans toute l’Europe, et gagner la France. Cet engouement et ces investissements font-il sens, alors que les gaz de schiste pourraient connaître leur pic de production – le moment où la production commence à décroître, faute de ressources – aux alentours de 2017 ? Les gaz de schiste permettront de maintenir artificiellement des systèmes industriels périmés, car basés sur l’usage intensif d’énergies fossiles à un coût relativement bas. Et ensuite ?

Face à cette offensive d’ampleur, « une petite poignée d’organisations de la société civile exprime ses inquiétudes, fait pression pour une interdiction de la fracturation ou, au minimum, pour un cadre réglementaire strict », décrit le CEO.

Les partisans d’une transition énergétique vers moins d’énergies fossiles feront-ils le poids face à cette impressionnant cartel de multinationales ? La bataille s’annonce rude.

Ivan DU ROY et Olivier PETITJEAN

bastamag.net

Photo: CC SkyTruth

Notes:

[1] Et animé par le Français Jean-Louis Beffa et l’Allemand Gherard Cromme, respectivement anciens patrons de Saint-Gobain et de ThyssenKrupp.

[2] Pour le consulter.

[3] Lire ici.

[4]  Source.

[5] Source : L’Expansion, décembre 2010.

[6Lire ici, en anglais.

Publié dans : REFLEXIONS PERSONNELLES |le 15 juin, 2013 |2 Commentaires »

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2 Commentaires Commenter.

  1. le 16 juin 2013 à 22 h 12 min Cadou Création écrit:

    N’oublions pas que le gaz de schiste pourrait bien être l’énergie de demain… quoi qu’on en pense

    Dernière publication sur Interprétation des films d'animation : SOLDES D'été

    Répondre

    • le 17 juin 2013 à 19 h 10 min lesoufflecestmavie écrit:

      Alors…je crois que vous n’avez rien compris au dossier !

      Répondre

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