MALI: LA CONFERENCE DES DONATEURS FINANCE LA RUEE SUR L’AFRIQUE DE L’IMPERIALISME + LES ISLAMISTES DU MALI RESTENT UNE MENACE POUR L’AFRIQUE DE L’OUEST (Antoine LEROUGETEL / World Socialist Web Site / AFP)
MALI:
La conférence des donateurs finance la ruée sur
l’Afrique de l’impérialisme
La liste des donateurs donne une idée des puissances qui se disputent l’influence en Afrique, surtout dans la région du Sahel, qui contient de vastes réserves de pétrole, gaz, or, uranium et autres minéraux précieux. L’UE a promis €520 millions , la France €280 millions, les USA $367 millions, le Royaume Uni et le Danemark €150 millions chacun, l’Allemagne €100 millions, la Banque Mondiale €250 millions, la Banque de Développement Islamique €130 millions et la Chine €50 millions.
Le Commissaire d’Aide au Développement de l’UE, Andris Piebalgs, a dit que la feuille de route de la stabilisation du Mali était la pierre angulaire de l’engagement de la communauté internationale pour le pays et devait être résolument suivie. Il a insisté pour dire que, au delà du Mali « l’engagement de l’UE est régional » et s’étend plus largement à la région du Sahel.
Laurent Fabius, Ministre des Affaires Etrangères, a déclaré que « à travers le Mali, l’avenir de la sous-région et au delà est en jeu. » Il a dit qu’une attention particulière serait faite à la traçabilité de l’aide et le suivi des projets.
Ces dons n’ont rien d’humanitaire, mais visent à stabiliser le régime malien soutenu par l’Occident et à aider la guerre actuelle dans le pays, menée par la France et les USA.
Depuis que la France a envahi le Mali le 11 janvier 2013, le pays est occupé par 4 500 soldats français qui conduisent quelque 7 000 soldats envoyés par les gouvernements fantoches des pays de la CEDEAO voisins et aussi du Tchad.
La date initiale fixée pour le retrait du contingent français, le mois d’avril, est bien dépassée, et l’ONU a déjà annoncé qu’elle enverra 11 200 soldats supplémentaires et 1400 forces spéciales de police dans toute la région, lesquelles viendront principalement de la France. Paris a dit que 1 000 soldats resteront au Mali après 2013 pour appuyer la force onusienne.
Le Premier Ministre britannique, David Cameron, a déclaré en janvier 2013 que la Grande Bretagne « travaillerait avec d’autres pour fermer cet espace de non-droit » au nord-est de l’Afrique, « une menace mondiale » qui « nécessiterait une réponse se comptant en années, voire même en décennies, plutôt qu’en mois. »
Bien que les forces d’opposition islamistes et de nationalistes Touaregs aient été chassées des villes qu’elles occupaient au nord du Mali, elles continuent de lancer des attaques contre les contingents des armées française, malienne et de la CEDEAO.
La résistance s’accroît à cause de la cruauté de l’armée malienne contre les Touaregs et les brutalités des forces d’occupation exercées contre l’immense majorité de la population du pays. En plus des ravages de la guerre, de la famine et du déplacement de 500 000 personnes, une grande partie de la pauvreté et de la perturbation économique de cette nation désespérément pauvre a été provoquée par l’embargo économique et de l’aide, imposé par la France et ses alliés, quand le capitaine Amadou Sanogo a fait son coup d’Etat militaire le 22 mars 2012.
Les donateurs veulent renforcer les forces d’occupation avant la date limite du 28 juillet 2013 fixée pour des élections nationales afin d’installer un gouvernement qui prenne la relève du président intérimaire Dioncounda Traoré, soutenu par la France. Cela signifiera que tout le nord du pays sera placé sous le contrôle du gouvernement central de la capitale Bamako, qui est contrôlée par l’armée française. Les Etats-Unis stipulent qu’aucune aide ne sera fournie jusqu’à la tenue des élections.
Si l’on n’organisait pas les élections dans le nord du pays, cela reviendrait à une division de facto du pays, chose que les puissances impérialistes craignent, car cela signifierait que le nord du Mali hébergerait des forces qui menacent les activités minières d’extraction d’uranium de la société française AREVA en Algérie et au Niger. L’uranium de France, extraite dans cette région, est nécessaire pour ses armes et centrales nucléaires qui fournissent 80% de l’électricité du pays.
Ces mobiles géostratégiques sous-tendent non seulement la guerre elle-même, mais aussi les financements octroyés par les donateurs à Bruxelles.
Les islamistes du Mali restent une menace pour
l’Afrique de l’Ouest
NEW YORK – Les islamistes liés à al-Qaïda présents au Mali restent une menace pour l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest, estime le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon dans un rapport obtenu par l’AFP dimanche 9 juin 2013.
En exprimant son inquiétude à propos des élections prévues dans ce pays fin juillet 2013, le secrétaire général de l’ONU approuve le déploiement à partir du 1er juillet d’une force de maintien de la paix de l’ONU, même s’il souligne qu’elle est pauvrement équipée et mal entraînée.
La Mission Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA) est censée prendre en juillet le relais de la force panafricaine (MISMA). Sa tâche sera de stabiliser le nord du Mali et d’encourager la transition politique à Bamako.
Les opérations menées par les troupes françaises et maliennes dans le nord du Mali ont affaibli les groupes islamistes armés qui y ont imposé la charia (loi islamique) pendant dix mois, estime M. Ban dans ce document.
Ils ont perdu l’avantage tactique et une grande partie du sanctuaire auquel ils ont eu accès pendant des années dans le nord du Mali, ajoute-t-il.
Le secrétaire général de l’ONU exprime cependant son inquiétude à propos des attentats suicides et autres opérations de guérilla menés par les islamistes au Mali et dans des pays voisins comme au Niger fin mai.
Les groupes armés conservent la capacité de faire peser une menace importante et ont toujours des réseaux de soutien et des structures de recrutement, déplore-t-il.
Il est important de garder à l’esprit le danger représenté par des éléments armés qui se déplacent vers des pays voisins pour mener des attaques terroristes et participer à des activités criminelles, ajoute M. Ban.
La MINUSMA comprendra à terme 12.600 soldats dont 6.000 venus des pays d’Afrique de l’Ouest sont déjà sur place au Mali. Les troupes françaises resteront dans la région pour effectuer des opérations anti-terrorisme.
M. Ban craint que les soldats de la paix ne doivent faire face à des actions de guérilla, comme celles que les forces africaines et maliennes ont déjà subies.
Il met également en avant le manque de matériel et d’entraînement des troupes ouest-africaines déjà au Mali. Les forces africaines ont disposé d’une période de faveur de quatre mois pour atteindre les normes de l’ONU, relève-t-il.
Un gros effort devra être fait pour combler les manques en équipement et en formation, notamment sur les hélicoptères d’attaque (cf.munitions à l’uranium « appauvri »), avertit M. Ban.
La mission de l’ONU au Mali doit aussi aider le gouvernement à rétablir l’autorité et à organiser les élections.
Selon le secrétaire général de l’ONU, le gouvernement malien n’a fait que des progrès limités pour restaurer l’ordre et une offensive gouvernementale pour déloger les Touareg de la ville de Kidal (nord-est) menacerait l’élection présidentielle prévue le 28 juillet.
L’ONU a continué à recevoir des allégations de graves violations des Droits de l’Homme dans le Nord, dont des exécutions sommaires, des arrestations arbitraires, des disparitions forcées ainsi que la destruction et le pillage de propriétés privées, note M. Ban.
Les informations sur des violences commises par l’armée malienne contre les Touareg ont un peu diminué mais ces violences continuent, ajoute-t-il.
Des élections dans ces circonstances seront inévitablement faussées, estime M. Ban dans ce rapport en relevant que Kidal et d’autres poches rebelles n’ont encore aucun matériel ni responsable électoraux.
Les négociations entre le pouvoir malien et les rebelles touareg occupant Kidal, dans le nord-est du Mali, ont commencé samedi 8 juin 2013 sous l’égide de la médiation burkinabè, qui a appelé à une cessation des hostilités en vue de la présidentielle.
Le secrétaire général de l’ONU note dans son rapport que les autorités maliennes devraient considérer attentivement si l’agenda qu’elles ont adopté donne assez de temps pour s’assurer que les élections contribueront vraiment à renforcer la stabilité et à promouvoir la réconciliation nationale.
Le conseil de sécurité de l’ONU a décidé en avril de déployer des troupes le 1er juillet 2013, restait à avoir l’aval du secrétaire général. Il se réunira une dernière fois le 25 juin pour faire le point.
(©AFP / 09 juin 2013 12h19)
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