LE CONSEIL DE L’AIEA FACE A L’IMPASSE DU NUCLEAIRE IRANIEN (AFP)
Le conseil de l’AIEA
face à l’impasse du nucléaire iranien
VIENNE – Le conseil des gouverneurs de l’AIEA se retrouvera, à partir de lundi 3 juin 2013, aux prises avec le dossier du nucléaire de l’Iran, qui continue de défier la communauté internationale en étendant ses activités d’enrichissement d’uranium.
Dans son dernier rapport, l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) a fait état d’une accélération de l’installation de centrifugeuses plus modernes sur un site d’enrichissement d’uranium à Natanz (centre).
Même si ces équipements ne sont pas encore opérationnels et seront destinés, selon l’Iran, à produire de l’uranium faiblement enrichi à des fins pacifiques, la nouvelle a nourri les inquiétudes des occidentaux.
Washington a déploré une étape regrettable, Paris a prôné une réponse permettant d’accroître la pression diplomatique sur le pays.
Mais concrètement, les délégations des 35 pays membres du conseil -qui se réunissent à huis clos pendant une semaine à Vienne- ne devraient pas épingler l’Iran dans une résolution, selon plusieurs sources diplomatiques.
Le moment serait mal choisi alors que le pays est en pleine campagne pour les élections présidentielles et que le négociateur iranien avec les grandes puissances, Saïd Jalili, fait partie des candidats.
Après plus de dix ans d’enquête sur l’Iran et une douzaine de résolutions, l’AIEA affirme ne pas être en mesure de déterminer avec certitude si son programme nucléaire est purement pacifique, ou bien s’il cache un volet militaire, en raison d’un manque de coopération du pays.
La République islamique accuse de son côté l’agence de servir les intérêts occidentaux, surtout américains, et de s’acharner sur elle pour des raisons politiques.
Téhéran est sous le coup de plusieurs résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour son programme nucléaire, dont certaines assorties de sanctions, notamment concernant l’enrichissement.
Il revendique, en tant que signataire du Traité de Non Prolifération des armes nucléaires (TNP), le droit à enrichir à des fins civiles, jusqu’à 5% pour produire de l’électricité, jusqu’à 20% pour la recherche médicale.
Les occidentaux et Israël redoutent toutefois qu’il veuille pousser l’enrichissement à un niveau nécessaire pour fabriquer l’arme atomique (90%) ce que l’Iran dément.
Discussions au point mort
Selon le rapport de l’AIEA, Téhéran a produit au total 324 kg d’uranium enrichi jusqu’à 20%, donc largement plus que les 240 kg estimés nécessaires à la fabrication d’une bombe et qui serait aussi la ligne rouge définie par l’Etat hébreux avant une éventuelle intervention militaire.
Mais le pays en a converti une partie, environ 40%, afin selon lui de créer du carburant pour son réacteur de recherche.
Cette conversion d’uranium enrichi à 20% est un rayon de lumière, mais il reste beaucoup de nuages noirs, indique à l’AFP Shannon Kile, de l’Institut International de Recherche pour la Paix de Stockholm (SIPRI).
Elle cite notamment les progrès réalisés par les autorités dans la construction d’un réacteur de recherche à eau lourde à Arak, avec lequel elles pourraient, craignent les occidentaux, produire du plutonium utilisable à des fins militaires.
Le gendarme de la non prolifération nucléaire a aussi regretté, dans son récent rapport, l’absence d’avancée sur un accord devant lui permettre d’obtenir un accès plus large à des sites, individus ou documents à même de l’aider à vérifier si l’Iran a tenté ou non de développer l’arme atomique avant 2003, voire ensuite.
Elle demande depuis plus d’un an, en vain, d’accéder au site militaire de Parchin, près de Téhéran, où elle soupçonne le pays d’avoir procédé à des tests d’explosion conventionnelle applicable au nucléaire.
A la mi-mai, la dixième réunion entre les deux parties s’était de nouveau soldée par un échec. Aucune date n’avait été fixée pour une nouvelle rencontre.
(©AFP / 01 juin 2013 06h47)
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