LE MONT-BLANC A L’EPREUVE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE DANS UN ATLAS EN LIGNE (AFP)
Le Mont-Blanc à l’épreuve du changement
climatique dans un atlas en ligne
Photo prise de Combloux: Le Mont Blanc s’élève à 4810 m.
C’est le point culminant de l’Europe, du moins de l’Europe occidentale, car une éternelle bataille l’oppose au Mont Elbrouz. © Josiane CASTREC
GRENOBLE – A quoi ressemblera le toit de l’Europe dans 100 ans ? C’est à cette question que prétend répondre l’Atlas en ligne du Mont-Blanc en scrutant l’impact du changement climatique sur ce massif emblématique, qui concentre des milieux naturels très divers.
Destiné à la communauté scientifique mais aussi au grand public, ce nouvel outil (www.atlasmontblanc.org) a été lancé officiellement lundi 27 mai 2013 à Chamonix (Haute-Savoie).
Le changement climatique, on en parle beaucoup mais c’est un peu abstrait. Là, on voulait montrer son impact visuel à l’échelle du Mont-Blanc, c’est plus percutant, explique Anne Delestrade, Directrice du Centre de Recherche sur les Ecosystèmes d’Altitude (CREA).
Financé notamment par l’Union Européenne, le site présente de nombreuses photos, vidéos et cartes (dont certaines en 3D) figurant l’évolution des températures, la fonte des glaciers ou la répartition de la végétation.
Les auteurs du projet ont recensé les 1.534 espèces de plantes et les 172 espèces de vertébrés du massif (4 amphibiens, 9 reptiles, 111 oiseaux, 48 mammifères) et établi une carte précise des habitats naturels.
On y découvre notamment que d’ici à 2100, il faudra monter à plus de 4.083 mètres, en juillet, pour trouver des températures négatives, soit 700 mètres plus haut qu’aujourd’hui.
Les parties gelées représenteront moins de 10 km2 pendant le mois le plus chaud de l’année contre 70 km2 entre 1950 et 2000.
L’évolution des paysages sera assez marquée
Cela aura des impacts sur la fonte des glaciers, la faune et la flore, souligne Anne Delestrade.
Il risque aussi d’y avoir plus d’éboulement car le permafrost (sol perpétuellement gelé, ndlr) joue un rôle de ciment entre les rochers et scelle toutes les aiguilles de Chamonix, explique-t-elle. La sécurité sera à revoir.
En 2005, un éboulement de 265.000 m3 avait déjà provoqué la disparition du célèbre pilier Bonatti, dans la face ouest des Drus.
Des cartes montrent aussi le retrait des glaciers du massif, passés d’une surface totale de 450 km2 en -16.000 avant notre ère, à 230 km2 en 1850 et à seulement 160 km2 en l’an 2000.
La fonte du glacier des Bossons est illustrée sous forme de photos et le glissement du glacier d’Argentière entre 2008 et 2012 présenté en vidéo.
L’évolution des espèces de la flore alpine est examinée avec précision, à travers l’exemple de l’épicéa commun (famille des sapins) et de la renoncule des glaciers, une fleur habituée aux conditions climatiques extrêmes, qui devrait voir sa zone de prédilection réduite de 70% d’ici à 2100.
L’évolution des paysages sera assez marquée, souligne Anne Delestrade. Les forêts vont monter plus haut en altitude et certaines espèces alpines vont voir leur territoire se réduire, résume-t-elle.
L’épicéa devrait voir son territoire s’étendre en altitude mais il risque de souffrir d’un manque d’eau en été dans certaines zones.
Ces évolutions sont d’autant plus intéressantes à étudier que le Mont-Blanc, qui culmine à 4.810 mètres, concentre sur une petite échelle des milieux naturels très diversifiés.
On observe sur quelques kilomètres de distance (…) une transition rapide de végétation et d’environnements correspondant aux environnements que l’on pourrait rencontrer en passant de la Méditerranée au Groenland, remarque Martin Beniston, climatologue à l’Université de Genève, cité dans le dossier de présentation de l’Atlas.
Les études menées sur les glaciers, la faune, la flore et le climat du Mont-Blanc peuvent ainsi être extrapolées à d’autres endroits du monde.
D’autant que le changement climatique est plus rapide sur le Mont-Blanc qu’ailleurs avec un réchauffement de +1,5°C au XXe siècle contre +0,5°C dans le reste du monde.
L’Atlas, qui sera actualisé au fil du temps, rassemble 194 études de sciences environnementales sur le massif du Mont-Blanc réalisées par 65 organismes de recherche (Universités, laboratoires, administrations) en France, Italie et Suisse.
(AFP)
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