LE MEDIATOR: UN CRIME PRESQUE PARFAIT POUR LA PNEUMOLOGUE IRENE FRACHON (AFP)

Le Mediator, un crime presque parfait, pour la

pneumologue Irène Frachon

LE MEDIATOR: UN CRIME PRESQUE PARFAIT POUR LA PNEUMOLOGUE IRENE FRACHON (AFP) dans REFLEXIONS PERSONNELLES aaaaaaaaa45

NANTERRE – Un crime presque parfait : la pneumologue Irène Frachon, qui a mis au jour le scandale du Mediator, n’a pas mâché ses mots devant les juges de Nanterre pour expliquer comment ce médicament, accusé d’avoir causé des centaines de morts, a pu être commercialisé pendant près de 35 ans.

Le dossier du Mediator, c’est un crime presque parfait. Honnêtement, c’était bien fait et cela a marché pendant des années, a assuré, droite à la barre, cette femme de 50 ans à l’élégance classique.

Le principal prévenu, Jacques Servier, 91 ans, est de nouveau absent de l’audience pour raisons de santé. Il est jugé avec quatre autres prévenus de chez Servier et Biopharma, l’une des filiales des laboratoires, pour tromperie aggravée.

C’est la première fois depuis le début de cette affaire que je suis entendue sur le fond. C’est un moment historique pour toutes les victimes, confiait la pneumologue à l’AFP juste avant d’être entendue par le tribunal.

Le Mediator, pour Irène Frachon, est un combat de longue haleine. J’ai passé des heures devant les documents des laboratoires Servier et devant ceux de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé, explique-t-elle aux juges.

Tout a commencé en 2007 lorsque cette spécialiste des hypertensions artérielles pulmonaires voit arriver dans son bureau à Brest une patiente obèse atteinte de cette pathologie rare et actuellement incurable. J’ai appris que cette malade avait été exposée au Mediator, raconte Mme Frachon et cela m’a mis la puce à l’oreille. Plus tard, des collègues l’avertiront de cas de valvulopathies (défaillances des valves cardiaques) sur des personnes qui ont pris ce même médicament.

Manquements

Après un exposé minutieux de ses recherches, le docteur parle sans compromis de l’attitude des laboratoires Servier, qui ont commercialisé le Mediator, un antidiabétique largement détourné comme coupe-faim. Il y a eu à l’évidence de grands manquements, une tromperie parfaitement organisée de la part du groupe, estime-t-elle.

Le Mediator pourrait causer de 1.300 à 1.800 morts en France par valvulopathie, selon des experts.

Dans la matinée, le tribunal a entendu trois experts de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS), à l’origine en janvier 2011 d’un rapport accablant pour Servier.

Aquilino Morelle, l’un des auteurs du rapport et actuellement proche conseiller de François Hollande, s’est montré très offensif vis-à-vis du groupe pharmaceutique.

Interrogé sur la chaîne d’événements qui a conduit à la commercialisation du médicament de 1976 a 2009, M. Morelle a estimé qu’il y avait eu de la bêtise, de la paresse, de l’ignorance, de la veulerie et certainement bien autre chose.

Dès l’origine (la fin des années 60) Servier sait que le Benfluorex (le Mediator) a une parenté importante avec la norfenfluramine, une molécule très proche de l’amphétamine et déjà réputée très dangereuse, assure-t-il.

Mais à partir du moment où le Mediator est mis sur le marché, le groupe va constamment minimiser le degré de parenté du médicament avec cette molécule, ajoute-t-il.

Les conseils de M. Servier ont à nouveau insisté pour que le tribunal demande un complément d’information, notamment sur le rôle des autorités sanitaires dans ce dossier. L’Agence du Médicament (ANSM) a en effet également été mise en examen en mars, soupçonnée d’avoir négligé les alertes sur la dangerosité du médicament de 1995 à 2009.

Ce procès ressemble à une embuscade tendue aux uns et aux autres, a affirmé Me Hervé Temime, qui n’a de cesse de demander le renvoi du procès de Nanterre tant que l’instruction menée en parallèle à Paris n’est pas bouclée.

(©AFP / 23 mai 2013 17h43)

 Le procès du Mediator renvoyé pour un

supplément d’information

NANTERRE – Le Tribunal Correctionnel de Nanterre a décidé, vendredi 31 mai 2013, de reporter d’au moins un an le procès du Mediator, un médicament accusé d’avoir déjà causé des centaines de morts, après avoir ordonné un supplément d’information.

La date d’une reprise du procès, qui vise les laboratoires Servier pour tromperie aggravée, pourrait être fixée lors d’une audience de procédure prévue le 15 mai 2014.

La présidente de la 15e Chambre du Tribunal, Isabelle Prévost-Desprez, a jugé que le tribunal était dans l’impossibilité de prendre une décision en l’état et a demandé à ce que la totalité du dossier de l’instruction actuellement en cours à Paris sur les même faits lui soit transmise, une fois que celle-ci sera terminée. Ce volet de l’enquête pourrait être, selon le Parquet de Paris, bouclée à l’été 2013.

Il y a eu au cours des débats qui se sont tenus jusqu’ici de multiples références à l’instruction en cours à Paris et le tribunal est à ce stade dans l’incapacité de dissiper certaines contradictions, a relevé la présidente pour justifier sa décision.

Jeudi, le Parquet de Nanterre avait demandé un supplément d’information mais plus restreint, portant notamment sur le rapport d’expertises ordonné par les juges d’instruction parisiens et rendu public en avril. Selon ce document, le Mediator, un antidiabétique largement détourné comme coupe-faim durant sa commercialisation de 1976 à 2009, pourrait provoquer de 1.300 à 1.800 morts par valvulopathie (défaillance des valves cardiaques) en France.

Les conseils des laboratoires Servier avaient eux demandé un supplément d’information portant notamment sur le rôle de l’Agence du Médicament, mise en examen en mars à Paris.

Le tribunal est allé au-delà de ce que nous demandions, en réclamant l’ensemble du dossier, a souligné Me Hervé Temime, conseil de Jacques Servier, 91 ans, le fondateur des laboratoires.

Pour les victimes présumées, ce renvoi du procès, qui avait déjà été suspendu il y a un an pour des questions de procédure, a un goût amer.

Je suis déçu, le procès va mettre beaucoup de temps à reprendre et pendant ce temps-là des malades continuent à mourir, a déploré auprès de l’AFP Sylvain Ramsany, qui a consommé du Mediator pendant 20 ans et souffre de valvulopathie.

Les quelque 700 parties civiles de Nanterre avaient misé sur une procédure censée être rapide: une citation directe, dans laquelle leur revient la tâche d’apporter les preuves.

(©AFP / 31 mai 2013 14h54) 

Publié dans : REFLEXIONS PERSONNELLES |le 28 mai, 2013 |Pas de Commentaires »

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