L’EMPLOI DES GAZ LACRYMOGENES EST TOXIQUE POUR LA SANTE ET LA DEMOCRATIE (Christophe MAGDELEINE / notre-planete.info)
L’emploi des gaz lacrymogènes
est toxique pour
la santé et la démocratie
Les manifestations pacifiques ou plus radicales sont souvent contrôlées et dispersées par l’usage de gaz lacrymogène. Si ce type de répression a l’avantage immédiat de ne pas blesser directement, les gaz émis sont potentiellement très dangereux pour la santé. Un sujet brûlant lorsque l’on constate que les forces de l’ordre, notamment en France, n’hésite pas à « gazer » les populations les plus fragiles, sans aucun ménagement.
Le gaz lacrymogène est un composé chimique qui provoque une incapacité temporaire par irritation des yeux et/ou du système respiratoire. Il s’agit principalement du propane dinitrile [(2-chlorophényl) méthylène] ou CS. Il est utilisé par les forces de l’ordre car considéré comme faiblement toxique et non létal.
Pourtant, les Nations Unies classent le gaz lacrymogène comme une arme chimique, « autorisée par la Convention sur les Armes Chimiques à des fins de maintien de l’ordre sur le plan intérieur » mais « interdit[e] en tant que moyen de guerre. » par la même Convention.
L’usage des gaz lacrymogènes en France
Le gaz lacrymogène est utilisé soit en aérosol (un spray) pour l’auto-défense, soit en grenades. Les forces de l’ordre chargées d’encadrer et de contenir les manifestations en France (CRS notamment) ont de nombreux moyens de répression et abusent volontiers des gaz lacrymogènes pour disperser ou faire reculer la foule.
Plusieurs textes de loi précisent l’utilisation des gaz lacrymogènes en France. En premier lieu, l’article L-211-9 du code de la sécurité intérieure, qui reprend l’article 431-3 du code pénal, stipule que « les représentants de la force publique appelés en vue de dissiper un attroupement peuvent faire directement usage de la force si des violences ou voies de fait sont exercées contre eux ou s’ils ne peuvent défendre autrement le terrain qu’ils occupent ». Le préfet de police, « tout officier de police judiciaire responsable de la sécurité publique, ou tout autre officier de police judiciaire », le chef d’unité sur le terrain, le commandant de CRS ou le capitaine d’escadron de gendarmerie mobile sont habilités à prendre la décision de recourir aux gaz lacrymogènes.
Malheureusement, l’actualité récente soulève de nouveau la question de l’usage abusif de ces gaz sur les personnes. En France, de nombreuses manifestations, y compris locales, et occupations pacifiques sont réprimées violemment, avec un usage tout à fait disproportionné de gaz lacrymogène, ceci avec une absence totale de discernement des forces policières envers les plus fragiles.
De très nombreuses manifestations et vidéos témoignent de cet usage inconsidéré des gaz lacrymogènes et nous citerons trois exemples, parmi tant d’autres.
La zone occupée à Notre-Dame-des-Landes sous un brouillard de gaz lacrymogène
La répression policière envers les opposants au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes a été particulièrement violente et les gaz lacrymogènes ont été massivement utilisés, noyant la zone occupée par les manifestants dans un épais brouillard toxique, alors que des personnes vivaient sur place.
Les familles Roms
gazées et enfermées
volontairement
Ce fût également le cas début janvier 2013 lorsque plusieurs dizaines de policiers ont saccagé et aspergé de gaz lacrymogène l’un des plus grands squats de Roms de l’agglomération lyonnaise à Saint-Fons. Les enfants, nombreux, ont été gazés sans ménagement, avec leurs mères, parfois même en les enfermant de force dans leur logement de fortune, un motif suffisant pour entraîner la mort.
Les familles « bourgeoises »
gazées à
« La Manif pour Tous »
« La Manif pour Tous » a montré aux yeux du plus grand nombre des parents et des enfants gazés sous les rires narquois de certains CRS, alors que la manifestation était très « bon enfant » : pas de jet de projectiles, pas de casseurs, pas de bandes mobiles prêtes à en découdre… Là encore, l’usage des gaz pose question.
Enfin, les manifestations sporadiques comme celles des associations de protection de la nature et des animaux, de riverains contre des projets destructeurs de l’environnement, mais aussi des « indignés » (fin 2011), des « sans logis » (début 2012) sont également gazées sans ménagement pour les plus fragiles.
Malheureusement, outre l’incommodation temporaire, les lacrymogènes sont dangereux pour la santé comme le synthétise le blog Danger-sante.org
La toxicité du gaz lacrymogène
Les effets du gaz lacrymogène à court terme sur la santé:
- Des problèmes respiratoires, une irritation des voies respiratoires.
- Des nausées, voir des vomissements.
- Une irritation des voies lacrymales et des yeux
- Des spasmes
- Des douleurs thoraciques
- Des dermatites et des allergies
- Il faut savoir que les effets sont accentués par temps chaud et humide.
Les dangers des gaz lacrymogènes à long terme pour la santé:
- Une nécrose des tissus dans les voies respiratoires
- Une nécrose des tissus dans l’appareil digestif
- Des œdèmes pulmonaires (trou ou bulle d’air dans le ou les poumons)
- Des hémorragies internes (hémorragies des glandes surrénales)
Le gaz lacrymogène, une toxicité mortelle
Plusieurs études démontrent la toxicité importante de ces gaz dans un espace confiné où le décès peut survenir. Ainsi, lorsque une personne reçoit des bombes à gaz lacrymogènes à l’intérieur de son domicile et qu’elle n’arrive pas à sortir à l’extérieur (cas des personnes âgées et des bébés), elle risque de perdre la vie assez rapidement.
C’est typiquement le cas qui aurait pu se produire lors de cette scène d’un autre temps rapportée par le webzine Basta, début janvier 2013, dans le camp de Roms à Saint-Fons : « Sandu est seul dans sa cabane. « J’étais en train de me laver. Un policer est rentré, quand il m’a vu, il a lancé du gaz lacrymogène à hauteur de mon visage et il a refermé la porte. Quand j’ai voulu sortir, je n’ai pas pu. Il bloquait la porte et m’empêchait de sortir. J’ai cru que j’allais mourir.« »
Cette issue qui aurait pu être fatale, aurait été due soit à une atteinte pulmonaire et/ou une asphyxie.
Les effets à long terme de ces gaz lacrymogène sont de 3 types :
- l’effet mutagène et donc cancérigène des produits.
- l’effet tératogène : les femmes enceintes risquent donc d’avoir des enfants avec des malformations.
- l’effet nécrosant : une pneumopathologie chronique peut malheureusement s’installer et devenir irréversible.
Les populations les plus fragiles (bébés, jeunes enfants, personnes âgées) sont très sensibles à ces gaz toxiques, ainsi que les insuffisants rénaux[1]. Ils peuvent développer une syndrome de dysfonctionnement respiratoire réactif. Ce syndrome ainsi que la bronchopneumonie et un oedème pulmonaire peuvent s’installer définitivement. On peut également assister aussi à une fièvre persistante.
Ce n’est pas tout, les gaz lacrymogènes peuvent également développer des douleurs abdominales et à des diarrhées. Le foie peut subir une atteinte nécrosante importante de type stéatose. Un oedème cérébral peut également apparaître.
La répression policière aveugle :
un déni de démocratie
Par conséquent, l’emploi des gaz lacrymogènes n’est pas anodin et particulièrement inacceptable lorsqu’il est sciemment projeté contre des personnes fragiles, ce qui est assez fréquent dans les manifestations, y compris celles pacifiques, alors même que la loi ne l’autorise pas.
L’usage de ces moyens de répression d’un autre temps participe à la fracture de plus en plus profonde entre les forces de l’ordre et les citoyens qui expriment leur mécontentement sur des sujets de société. Alors que nos politiques sont prompts à lancer des appels au calme et à affirmer que la violence ne résout rien, force est de constater qu’ils ne favorisent aucunement le dialogue et pire, le méprisent en faisant usage de gaz toxiques.
A l’heure où la France peine à évoluer vers la démocratie[2], ce recours quasi systématique à des armes chimiques contre la population, y compris les plus fragiles, est tout à fait inacceptable. Un constat qui fait peine à voir dans le pays qui se gargarise d’être le berceau des Droits de l’Homme…
Le mépris du peuple est le meilleur terreau pour qu’il se révolte.
Notes:
- Ces gaz toxiques sont rapidement absorbés par voie pulmonaire. Une grande partie est hydrolysée puis éliminée par les reins dans les urines.
- Absence de la représentation proportionnelle à l’Assemblée Nationale, quasiment aucun référendum, corruption et mensonges des élites, président élu par une minorité, peu de considération pour les minorités…
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