COMMUNIQUES DU MOUVEMENT NATIONAL DE LIBERATION DE L’AZAWAD + DANS LE NORD DU MALI, LES TOUAREGS DU MNLA LANCENT UN NOUVEAU DEFI ARME A L’ETAT (Le Monde.fr du 14.03.2012 par Yidir PLANTADE)
MOUVEMENT NATIONAL DE LIBERATION DE
L’AZAWAD
Vendredi, 22 Février 2013 18:38
Communiqué du MNLA
Plainte pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’Humanité » à l’encontre des autorités de transitions et du commandement militaire du Mali
Le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), dument mandaté par l’ensemble des Chefs de tribus, de fractions, de villages, des Chefs coutumiers et religieux représentant l’ensemble des populations de l’Azawad, toute régions confondues (Gao, Kidal Tombouctou), informe l’opinion nationale et internationale que le MNLA a déposé une plainte auprès de la Cour Pénale Internationale (CPI) contre les autorités de transitions et le commandement militaire du Mali.
Des poursuites pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’Humanité » ont été déposées auprès de la CPI contre Monsieur Dioncounda TRAORE, Président intérimaire du Mali, en tant que premier responsable de la République du Mali, ainsi que contre l’ensemble de son gouvernement intérimaire installé à la tête du Mali à la suite du putsch militaire de mars 2012.
Les responsables du commandement militaire de la République du Mali sont particulièrement visés par cette plainte et sont poursuivis pour « crime de guerre » et « crimes contre l’Humanité » à l’encontre des populations civiles azawadiennes à la suite des massacres commis par les soldats de l’armée malienne sur l’ensemble des territoires sur lesquels elle s’est redéployée. On dénombre plusieurs centaines de civils sommairement assassinées, dont une infime partie a déjà été rendue publique et dénoncée par Human Rights Watch et Amnesty International. A ce jour, les saccages, les pillages, les viols et les assassinats se poursuivent impunément et ce, depuis le déclenchement par l’armée française de l’opération Serval le 11 janvier 2013.
Il est complètement intolérable que les troupes de l’armée malienne continuent, en toute impunité, à faire subir aux populations civiles de l’Azawad, en particulier contre les Touaregs et les Maures, des exactions en tout genre, allant du viol à l’assassinat sans que la communauté internationale ne réagisse fermement face à ces actes immoraux et criminels.
Nous rappelons que le MNLA n’a jamais usé de ces pratiques indignes et inhumaines. L’armée malienne ne sait être vaillante que contre les civils qui se sont retrouvés à leur merci contre leur volonté, sans qu’ils ne puissent compter sur aucune protection. Le MNLA demande, à cet effet, que les forces militaires internationales, en particulier françaises, qui ont ouvert la voie au redéploiement de l’armée malienne dans l’Azawad garantissent au minimum la protection des civils azawadiens en exerçant, de toute urgence, un strict contrôle sur les soldats de l’armée malienne.
Un bilan des exactions maliennes, depuis le 11 janvier 2013, sera très prochainement publié sur le site officiel du MNLA.
Kidal, le 22 février 2013
Mossa Ag Attaher
Porte-parole du MNLA,
Chargé de communication du CTEA
Communiqué N° 53
Déploiement des casques bleus
Dimanche, 17 Février 2013 23:54
Déclaration du MNLA
Déploiement d’une force de paix des Nations Unies au Mali
Le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) a pris acte, avec beaucoup de satisfaction, de la proposition française soutenue par le Secrétariat Général des Nations Unies, l’Union Africaine, les USA et d’autres Etats de déployer une force de paix des Nations Unies au Mali.
Le MNLA, au regard des développements récents dans la zone, lance, donc, un appel urgent au Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies afin d’accélérer le processus de déploiement des casques bleus dans cette région du monde où la paix et la sécurité internationale mondiale est menacée.
Les missions essentielles de cette force onusienne devront :
- consister à mettre fin aux exactions, de l’armée malienne, à l’ombre de l’intervention française, contre les populations civiles, notamment, touarègues et arabes de l’Azawad et de sécuriser l’ensemble des populations de la zone
- consolider durablement la lutte contre les forces obscurantistes dans la zone dont l’Etat malien est le seul responsable de l’implantation depuis plus d’une dizaine d’année,
- Garantir et sécuriser les interventions humanitaires aux populations déplacées à l’intérieur de l’Azawad,
- Garantir et sécuriser la circulation des personnes et des biens sur toute l’étendue de l’Azawad…
Par ailleurs, le MNLA a constaté que le retour de l’armée, des milices et de l’administration malienne, actuellement en cours sur le territoire de l’Azawad avec l’appui de la France, a ouvert la voie aux exactions et aux massacres des populations arabes et touarègues de l’Azawad auxquels se livrent les forces maliennes dans le sillage de l’intervention française.
Aussi, le Conseil de Sécurité et le Secrétaire Général sont sollicités afin que cesse ce redéploiement de forces maliennes dans l’Azawad, porteur de tous les risques, en attendant la résolution du conflit.
Enfin, le MNLA réitère sa disponibilité au dialogue et sa disposition à négocier avec le Mali conformément aux dispositions de la résolution 2085 des Nations Unies.
Kidal, le 17 février 2013
Pour le MNLA
Le Secrétaire Général,
Président du Conseil Transitoire de l’Etat de l’Azawad (CTEA)
Bilal AG ACHERIF
Communiqué N° 52 / Déclaration du MNLA
Mercredi, 13 Février 2013 19:37
Déclaration
Le MNLA
1. Rappelle qu’il a été dès le départ un mouvement pacifique qui a œuvré pour le règlement politique de la question de l’Azawad par le dialogue, notamment à travers la correspondance adressée aux autorités maliennes en date du 05 Octobre 2011.
2. Demande l’ouverture immédiate de négociations avec l’Etat malien visant à fixer les conditions d’exercice de l’autorité, de l’administration et du développement de l’Azawad.
3. Demande à cet effet la désignation d’un négociateur neutre, internationalement reconnu, agréé par les deux parties.
4. déclare ne pas remettre en cause les frontières internationalement reconnues du Mali tout en rappelant clairement l’existence de l’Azawad en tant qu’entité ;
5. rappelle qu’à la veille de l’indépendance de la République Soudanaise, devenue République du Mali, c’est volontairement que les populations de l’Azawad ont adhéré à l’indépendance du Mali mais dans le respect de leur culture et de leur dignité.
6. Compte-tenu de leur engagement pour la paix, le MNLA demande la participation de la France, des Etats Unis d’Amérique (USA), des Nations-Unies, de l’Union Européenne, de l’Union Africaine et de l’Organisation de la Conférence Islamique comme observateurs aux négociations avec le Mali.
7. Réaffirme son attachement à la déclaration internationale des droits de l’Homme, à la Charte des Nations-Unies et au respect des libertés fondamentales.
8. Considérant la pauvreté, l’abandon et le mépris dans lesquels les populations de l’Azawad ont été toujours maintenues au sein du Mali, le MNLA demande :
a. La mise en place et le fonctionnement des services de santé (dispensaires et hôpitaux),
b. L’accès à l’eau potable et à l’électricité,
c. La satisfaction des besoins urgents de la population en matière d’alimentation,
d. La réouverture, le fonctionnement des établissements scolaires sur toute l’étendue du territoire de l’Azawad et la prise en charge des Etudiants en situation d’arrêt d’études,
e. Le MNLA dénonce les conditions de vie dégradantes des populations réfugiées et déplacées et demande la mise en place des conditions permettant leur retour rapide sur leurs sites respectifs.
9. Pour la mise en place de ces services de base dans l’Azawad, le MNLA demande la désignation d’un coordonnateur agréé par les deux parties, ainsi que l’établissement de procédures efficaces permettant d’assurer la transparence dans la gestion des fonds et d’éviter la corruption et le népotisme.
10. Le MNLA maintient son engagement à lutter contre le terrorisme et assume dès maintenant sa part de responsabilité dans ce combat en fonction de ses moyens.
11. Pour ne pas compromettre le processus de recherche de solution à la crise actuelle, le MNLA n’accepte aucune présence militaire malienne dans les zones sous son contrôle avant la fin des négociations. Le MNLA privilégie une solution politique à la question de l’Azawad.
12. Le MNLA attire l’attention de la communauté internationale sur les multiples exactions commises dans les zones occupées par l’armée malienne et appuie la demande de Human Rights Watch de mise en place d’une commission d’enquête internationale indépendante. Le MNLA demande aussi l’ouverture d’une enquête internationale indépendante pour faire la lumière sur tous les crimes commis par l’armée malienne de 1963 à nos jours sur les populations de l’Azawad.
13. Le MNLA nie toute responsabilité dans les évènements malheureux d’Aguelhoc en janvier 2012 et accepte la mise en place d’une commission d’enquête internationale destinée à établir les faits. Le MNLA est disposé à apporter sa contribution à la manifestation de la vérité.
Fait à Kidal le 11 Février 2013
Le Secrétaire Général,
Président du Conseil Transitoire de l’Etat de l’Azawad (CTEA)
Bilal AG ACHERIF
Dans le nord du Mali, les Touaregs du MNLA
lancent un nouveau défi armé à l’Etat
Le Monde.fr | 25.01.2012 à 17h46
• Mis à jour le 14.03.2012 à 09h08
Par Yidir PLANTADE
Le 17 janvier 2012, des hommes solidement armés ont attaqué des cantonnements militaires à Menaka, Adaramboukare et Tessalit, trois localités sahariennes du nord du Mali. Les combats, âpres, se sont poursuivis plusieurs jours, faisant de nombreuses victimes. Le 20 janvier, un accrochage sérieux a eu lieu à Aguelhok. Les attaques ont été revendiquées par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), un groupe politique et militaire indépendantiste né le 16 octobre. Dans la région, l’armée malienne se déploie en force. Des combats opposent à nouveau depuis jeudi matin 26 janvier à Anderamboukane l’armée malienne aux rebelles touaregs.
Difficile de dresser un bilan fiable des affrontements en l’absence d’observateurs impartiaux : si l’armée malienne décrit des rebelles en déroute, abandonnant des dizaines de morts sur le terrain, les communiqués du MNLA évoquent des militaires en fuite, subissant de lourdes pertes. Des photos publiées sur Facebook montrent une carcasse d’avion brûlé, supposément un MIG-21 abattu par des rebelles.
Qui compose le MNLA ?
Le Mouvement National de Libération de l’Azawad est né de la fusion du Mouvement National de l’Azawad (MNA), un groupe de jeunes intellectuels et de militants politiques, avec les guérilleros de l’ex-Alliance Touareg Niger Mali (ATNM).
Ces derniers constituent les fidèles d’Ibrahim Ag Bahanga, leader des rébellions touaregs de 2006 à 2009, mort dans un mystérieux accident de voiture le 26 août. A ces deux composantes fondatrices sont venus s’ajouter des groupes d’ex-rebelles touaregs qui, dans les années 1990, ont fui le Mali pour s’engager dans l’armée libyenne de Mouammar Kadhafi. Beaucoup de ces hommes ont déserté le « Guide » libyen durant le conflit qui l’a opposé au Conseil National de Transition et à l’OTAN. Lourdement armés, certains ont fait la jonction avec le MNLA. C’est d’ailleurs Mohamed Ag Najim, ancien officier de l’armée libyenne, qui en est aujourd’hui le chef d’état-major.
Quelles sont les revendications des rebelles ?
Pour Mossa Ag Attaher, chargé de communication du MNLA contacté par Le Monde.fr, l’objectif est clair :
« Se libérer du colonialisme malien ». Pour lui, le territoire de l’Azawad se compose des territoires des trois gouvernorats septentrionaux du Mali actuel, soit ceux de Tombouctou, de Gao et de Kidal. Il affirme que « le MNLA est l’émanation des aspirations des touaregs et d’une bonne partie des Songhaï, Peuls et Maures de l’Azawad » et lutte pour le « droit de la population de l’Azawad au libre choix de sonmode de gouvernement, à l’autodétermination et, si elle le souhaite, à l’indépendance ». Selon lui, « les fonctionnaires de l’Etat malien dans nos villes sont tous des sudistes. Les gouverneurs de Kidal, Tombouctou et Gao sont des Bambaras, venus du Sud en mission. Il en va de même pour les hauts fonctionnaires régionaux ainsi que pour les gradés de l’armée et des autres services de sécurité ».
Dans un entretien accordé au journal arabophone mauritanien Al-Akhbar, Bilal Ag Chérif, secrétaire général du MNLA, affirme que son mouvement est « pacifique et croit en une démarche de dialogue pour atteindre ses objectifs ». Le MNLA avait d’ailleurs organisé des marches pacifiques le 1er novembre. Pour Bilal Ag Chérif, l’Etat malien porte la responsabilité de l’escalade militaire : « Le militarisme [de l'Etat] et les opérations de provocations ont provoqué le déclenchement du mouvement de libération, en réaction contre les agissements de l’armée malienne. »
En quoi cette rébellion diffère-t-elle des précédentes ?
Ces événements découlent d’une histoire de conflit quasi ininterrompu entre touaregs et Etat malien. Appartenant à l’ensemble ethno-linguistique amazigh (berbère), les touaregs (qui se nomment eux-mêmes « Kel Tamacheq ») occupent la zone saharienne, où ils vivent traditionnellement d’élevage et de commerce. Sur une population générale estimée à 1,5 million de touaregs, 550 000 vivraient au Mali (850 000 au Niger, 50 000 en Algérie et le reste en Libye et au Burkina-Faso).
Dès 1958, le Mouvement populaire de l’Azawad (MPA), basé à Kidal, réclame la constitution d’un Etat touareg. En 1963, soit trois ans après l’indépendance du Mali sur un modèle unitariste jacobin, éclate la première rébellion touareg, durement réprimée par l’Etat. Suivent les sécheresses des années 70 et les camps de réfugiés en Algérie et en Libye, où de jeunes touaregs sont entraînés et enrôlés par l’armée. Aguerris, certains d’entre eux fondent en 1988 le Mouvement Populaire de Libération de l’Azawad (MPLA) et déclenchent une insurrection en 1990, qui débouche sur la signature des accords de Tamanrasset (1991) et du Pacte National de 1992. En 2006, une seconde rébellion force l’Etat malien à de nouvelles négociations avec les touaregs, lesquelles aboutiront à l’accord d’Alger du 4 juillet 2006.
Ces textes visent à une meilleure intégration sociale, économique et culturelle des populations du Nord (touaregs, mais aussi Peuls, Maures arabophones et Songhaï) dans l’ensemble malien. Paradoxalement, ils ont généré une double frustration.
D’un côté, l’opinion malienne, majoritairement sudiste, ne comprend pas que l’Etat crée des programmes de développement spéciaux pour le Nord, alors que tout le pays souffre de pauvreté. La presse nationale regorge d’éditoriaux critiques à l’égard de nordistes assimilés à des enfants capricieux ou à des maîtres chanteurs.
De l’autre, pour les militants du Nord, rien n’a changé :
« Il faut ignorer les réalités de l’Azawad pour affirmer qu’il s’agit d’une région gâtée », affirme Mossa Ag Attaher. Il ajoute : « Les régions du Nord composent la moitié du territoire malien et ne sont quasiment pas couvertes en terme de santé publique, d’éducation et d’accès à l’eau. La région de Kidal est la seule au Mali où l’on doit parcourir plus de 100 kilomètres entre chaque point d’eau. Les grands projets de l’Etat sont des montages : il lève des fonds auprès des organisations internationales, lesquels sont ensuite accaparés et détournés par des responsables corrompus du Sud. »
Tandis que les rébellions précédentes n’ont jamais officiellement franchi le pas du séparatisme, pour la première fois le MNLA demande explicitement l’autodétermination de l’Azawad et une potentielle indépendance. Les cadres du MNLA ne parlent d’ailleurs plus de rébellion mais de « mouvement révolutionnaire ».
Quel est l’impact de cette rébellion au Mali ?
Le premier tour de l’élection présidentielle malienne aura lieu le 29 avril. L’importance du scrutin tient au fait que l’actuel président, l’ex-général Amadou Toumani Touré, devra quitter le pouvoir après deux mandats consécutifs. La presse et les principaux candidats se sont saisis des événements dans le Nord du pays pour ranimer la flamme patriotique, dénoncer les « bandits armés » du MNLA et appeler à un raffermissement de l’autorité de l’Etat sur tout le territoire malien.
Dans le nord du pays, la reprise des affrontements pourrait déboucher sur une nouvelle crise humanitaire et à la fuite de populations civiles vers les pays voisins. Faisant planer le spectre d’affrontements internes à la région, des milices pro-gouvernementales y ont pignon sur rue : les Maures du colonel Ould Meidou, les touaregs du colonel Ag Gamou ainsi que les Songhaï de l’ex-Ganda Koy (milice ouvertement raciste qui sema la terreur dans les années 1990, se livrant notamment à des pogroms de touaregs et de Maures).
Quelles sont les relations entre le MNLA et Al-Qaida ?
Cette nouvelle rébellion touareg intervient dans un contexte délicat : la présence depuis 2003 d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et de son ancêtre, le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) algérien, dans la zone saharo-sahélienne. Multipliant les enlèvements d’étrangers et le racket des trafiquants de cocaïne et de migrants clandestins qui sillonnent la zone, les hommes d’AQMI ont installé plusieurs bases au nord du Mali. Essentiellement algérien, le groupe a tenté de s’acheter les bonnes grâces des populations locales via des mariages (notamment parmi les tribus maures), le recrutement de jeunes désœuvrés et quelques actions sociales. Une petite organisation djihadiste touareg autochtone, Ansar Al-Din, a également vu le jour le 15 décembre.
La facilité avec laquelle AQMI agit dans la région nourrit les interrogations : selon l’anthropologue britannique Jeremy Keenan, le groupe serait une création du DRS (renseignement militaire) algérien. Pour le MNLA, c’est au contraire l’Etat malien qui utilise AQMI pour déstabiliser la zone de l’Azawad et bénéficier d’une assistance militaire étrangère grâce à laquelle il combat la résistance touareg plutôt que les djihadistes. Tous les responsables du MNLA insistent sur leur refus de tout sectarisme religieux et leur détestation d’AQMI. Ils réfutent les affirmations de certains journaux maliens qui affirment que MNLA et AQMI travailleraient main dans la main. Au contraire, affirme le MNLA, si les pays de la région et les grandes puissances cherchaient réellement à se débarrasser d’AQMI et des trafiquants dans le Sahara, ils aideraient ses guérilléros, familiers du terrain et animés du désir de « nettoyer le territoire de l’Azawad ». Lors de la rébellion de 2006, des affrontements meurtriers avaient eu lieu entre les touaregs et le GSPC.
De quels soutiens bénéficie le MNLA ?
Il y a peu de chances que l’Union Africaine, qui consacre l’intangibilité des frontières de ses Etats membres, apporte son soutien aux partisans de l’autodétermination de l’Azawad. Au Niger voisin, où des révoltes touaregs ont suivi celles du Mali en 1992-1995 et en 2007-2009, le président de la République a déjà appelé au calme. La France, qui importe près de 20 % de son uranium du Niger, notamment exploité par Areva dans la région touareg de l’Aïr, n’a aucun intérêt à favoriser ce qui serait pour elle un facteur d’instabilité supplémentaire. L’Algérie a toujours joué un rôle de puissance régionale dans les conflits entre touaregs et Etat malien, abritant les négociations de paix. Aujourd’hui, des sources du MNLA affirment au Monde.fr que « l’Algérie refuse de recevoir et soigner les blessés de guerre du MNLA ». En Libye, le nouveau gouvernement fait face à suffisamment de difficultés internes pour ne pas reprendre le jeu permanent de soutien suivi de lâchage auquel se livrait Mouammar Kadhafi avec les divers groupes touaregs. A l’heure actuelle, le MNLA ne bénéficie que du soutien moral de mouvements pacifiques de défense de la cause amazigh en Afrique du Nord (Congrès mondial amazigh, Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie, ONG Tamazgha…).
Quelle issue pour le conflit ?
Mieux armé que les mouvements précédents grâce au stocks d’armes rapportés de Libye, le MNLA est également beaucoup mieux structuré idéologiquement. Souvent efficaces sur le terrain militaire, les rebelles touaregs ont par le passé fait montre d’un flou politique préjudiciable. L’insistance sur la notion d’autodétermination donne une cohérence politique inédite au MNLA. Cependant, le mouvement risque l’isolement sur deux tableaux : au Mali, outre le climat d’intransigeance nationaliste attisé par la campagne électorale au Sud, il risque d’être perçu comme un mouvement exclusivement touareg par les autres composantes ethniques de l’Azawad. Quant aux soutiens étrangers, il ne semblent guère probables dans une zone déjà perçue comme une poudrière du fait de la présence d’Al-Qaida. Les porte-parole du MNLA, notamment Hama Sig Ahmed et Bilal Ag Chérif, répètent à l’envi leur désir d’un authentique dialogue avec les autorités de Bamako. Celles-ci semblent davantage enclines à maintenir la pression militaire.
Yidir PLANTADE
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