LE GROUPE BILDELBERG: UNE SOCIETE TRES SECRETE… (Canal Historia / Québec / Février 2012)
Bilderberg
Série « Le signe secret » / février 2012
Les droits de cette émission sont la propriété du Canal Historia
Groupe Bilderberg
Une Société très secrète…
Série «Le signe secret», épisode «Le groupe Bilderberg»
Production : Canal Historia (Québec, Canada)
Première diffusion : février 2012, canal « Historia », Québec.
Animation : Jici Lauzon
Intervenants :
- Francis Dupuis-Déri, Professeur de Science Politique, Université du Québec à Montréal (UQÀM)
- Benoît Perron, conférencier sur les réseaux d’affaire
- Charles Moumouni, Professeur de Communication, Université Laval (Québec)
- Jim Tucker, journaliste de l’agence American Free Press (AFP)
- Andrew Marshall, Associé de Recherche, Centre de Recherche sur la Mondialisation
- Gilles Vandal, Professeur, École de Politique Appliquée, Université de Sherbrooke
- Pierre Hillard, Docteur en Science Politique, Paris
- Mireille Tremblay, Professeur en Communication Sociale et Publique, Université du Québec à Montréal(UQÀM)
Bilderberg :
Dans l’ombre du pouvoir
Publié le 29 mars 2005 par investigation
Patrons de multinationales, chefs d’Etat, banquiers, dirigeants de presse… ils sont une centaine et tiennent le monde entre leurs mains. Signe particulier : ils participent tous au Bilderberg, un puissant réseau dont les membres sont tenus au silence. Enquête sur le cercle de pouvoir le plus discret de la planète.
«Les réunions de Bilderberg ont vu le jour à la fin de la guerre et les premiers participants étaient pour certains d’anciens cadres de l’Allemagne nazie recrutés par la CIA pour lutter contre l’URSS… »
Depuis son bureau de l’Université de Liège, Geoffrey Geuens prépare une thèse sur les interactions entre médias et pouvoir. Dans son livre sorti en 2003* , il consacre un chapitre entier au Bilderberg, « probablement le club le plus discret et le plus fermé ». Créé par le Prince Bernhard des Pays-Bas, le Bilderberg tire son nom de l’hôtel où se sont réunis les premiers participants.
Depuis cinquante ans, l’élite mondiale de la finance, de la politique, de l’aristocratie et des médias se retrouve chaque année, aux Etats-Unis ou en Europe, pour débattre pendant quatre jours, à l’abri des regards.
De l’élection de Miss France ? Pas vraiment, « Bilderberg n’est pas un club de loisirs où l’on joue au bridge, c’est un lieu où l’on pense l’avenir du monde », précise le sociologue belge.
Pas de site internet, pas de conférence de presse, Bilderberg cultive la discrétion à l’extrême. Olivier, du collectif de médias indépendants Indymédia se souvient : « La sécurité autour de la réunion était très bien organisée, il n’y avait aucune possibilité d’approcher à moins de 200 mètres de l’hôtel. Il était même interdit de prendre des photos, même en restant à l’extérieur du périmètre. »
Seattle ? Gênes ? Non, Versailles. Le Bilderberg a réservé du 15 au 18 mai 2003 le somptueux Trianon Palace.
« Une partie du boulevard qui y amène a été bloqué sur 300 mètres, ainsi qu’une partie du parc du château. » Olivier a malgré tout réussi à prendre quelques photos. On y reconnaît le milliardaire Rockfeller, des gouverneurs de banques centrales, le roi d’Espagne, les plus proches conseillers de Bush et des chefs d’Etat en exercice.
Vous n’en avez jamais entendu parler ? Normal, quasiment aucun média n’en a parlé et les Versaillais eux-même n’ont rien su.
Source : Indymedia France, Bilderberg 2003 à Versailles
Le mythe du complot mondial
« Davos aime la couverture médiatique et la publicité tandis que le Bilderberg érige la discrétion en condition d’appartenance au groupe (…)
C’est une sorte de règlement intérieur non écrit, poursuit Olivier Hoedeman de l’ONG Corporate Europe Observatory, qui permet de maintenir une grande franchise dans les débats, mais qui a le gros inconvénient de créer des fantasmes. »
Aux Etats-Unis, des journaux d’extrême-droite se sont emparés du sujet pour dénoncer un »complot mondial ». Geoffrey Geuens, le sociologue belge, démonte l’argument très facilement même s’il reproche aux »Bilderbergers » d’attiser eux-mêmes la théorie du complot par le mystère qu’ils entretiennent : « Ses participants appartiennent à un même groupe, ont fait les mêmes écoles, viennent des mêmes familles…
La théorie du complot repose sur l’idée que des individus se réuniraient en secret pour se mettre d’accord. Je crois, comme Pierre Bourdieu, que ces gens se ressemblent tellement qu’ils n’ont pas besoin de se réunir pour savoir ce qu’ils doivent décider, les choses se font naturellement. ».
Bilderberg dévoile d’abord la structure du pouvoir, les relations permanentes entre médias, politiques et économiques. Mais rien ne justifie selon lui que le public soit tenu à l’écart.
Tony Gosling, ancien journaliste de la BBC, vit aujourd’hui à Bristol et se considère comme un militant de l’altermondialisme. Il découvre l’existence de ce cercle un peu par hasard : « Un activiste écolo m’a un jour parlé de Bilderberg, j’ai d’abord pensé que ce type était complètement fou ».
Il apprend ensuite que le domaine www.Bilderberg.org n’a pas été déposé et décide de l’acheter pour un créer un site web citoyen aussi complet que possible. Dans les mois qui suivent, son courrier est régulièrement ouvert. Il se rend à deux rencontres de Bilderberg et parvient finalement à décrocher quelques rares confidences de participants.
« Ils disent que c’est une réunion privée entre personnes privées mais c’est étrange car ils ont tous de lourdes responsabilités dans les affaires publiques et parlent de l’avenir du FMI ou de la Banque Mondiale en présence de leurs présidents respectifs, de la libéralisation de l’Europe en présence des commissaires européens… »
Tony veut bien croire qu’aucune décision ne soit prise formellement dans l’enceinte d’un Bilderberg, mais il est évident que « les débats permettent d’aboutir à un consensus, de créer la toile de fond des politiques et des décisions qui seront prises par la suite au FMI, au G8 ou ailleurs. »
Pour la réunion de Versailles, Tony a choisi d’arriver la veille pour visiter discrètement la salle de réunion avant le début des festivités. Il découvre alors un écran géant sur le mur, un projecteur et une liaison satellite : « Cela signifie qu’ils organisent des vidéoconférences, qui sait si Bush, Tony Blair ou d’autres ne participent pas à distance à ces réunions ? »
« J’ai fait trois Bilderbergs »
« C’est un mythe, flatteur pour les participants mais sans aucun fondement », conteste André Lévy-Lang. L’ancien PDG de la banque Paribas, administrateur de quelques unes des plus grandes entreprises françaises, est l’un des rares participants français à avoir accepté de répondre à mes questions**.
Coopté par un autre Français pour intégrer le réseau, André Lévy-Lang a même fait partie pendant plusieurs années du comité de direction de Bilderberg. Il résume la philosophie du groupe en une phrase : « Développer les contacts et les échanges entre des personnalités des pays membres de l’OTAN , en toute liberté. »
Nicolas Beytout, directeur du Figaro, a également accepté de dire quelques mots :
« J’ai fait trois Bilderberg mais on ne demande pas à participer, on est invité par le comité de direction. (…) Nous sommes installés par ordre alphabétique, il n’y a absolument aucun protocole ni décorum. Des sessions thématiques sont annoncées à l’avance avec deux ou trois orateurs qui font un exposé avant d’ouvrir le débat avec la salle. » La confidentialité ? « Un gage très grand de sincérité qui permet aux participants de dire vraiment ce qu’ils pensent. » Nicolas Beytout ne veut pas en dire beaucoup plus, « puisque c’est la règle de base », mais concède avoir assisté à des débats passionnants comme cette fois « où les patrons de Shell et de BP ont débattu des réserves pétrolières et du développement durable… »
Michel Bon, l’ancien PDG de France Telecom, a lui aussi été invité à deux reprises :
« Ce n’est en rien une institution, ni un lieu de pouvoir quelconque. » La théorie du gouvernement mondial occulte est pour lui « un vieux fantasme : les jésuites, les francs-maçons, les inspecteurs des finances… comme ce serait simple ! » Thierry de Montbrial, directeur de l’Institut Français des Relations Internationales et membre du comité directeur du Bilderberg depuis presque 30 ans, préfère parler de club : « Si un élu n’avait pas le droit de parler à huis clos avec des gens compétents et informés, le monde se porterait mal ! Par exemple, j’ai invité Jospin en 1997 juste quelques mois avant qu’il ne devienne premier ministre… »
Alors, simple club ou gouvernement du monde ? Interrogée le 19 mai 2000 par Patricia Mc Kenna***, la Commission Européenne a apporté malgré elle un début de réponse : «Pour ce qui est de la participation de membres de l’ancienne Commission aux réunions de Bilderberg, seules les dépenses de voyage et les indemnités journalières étaient à charge du budget de l’institution. »
Lorsque les frais sont pris en charge par les contribuables de l’Union Européenne, peut-on encore parler de »club privé » ? Au fait, le prochain Bilderberg aura lieu à Munich au printemps prochain mais ne le répétez pas, c’est un scoop très privé.
* Tous pouvoirs confondus. Etat, Capital et Médias à l’ère de la mondialisation, Anvers, EPO, 2003, 471 p. 29 €.
** Les personnalités suivantes ont toutes participé à au moins un Bilderberg mais n’ont pas voulu répondre : Les députés Pierre Lellouche, Dominique Strauss-Kahn, le Ministre Jean-François Copé, l’ex-commissaire européen Pascal Lamy, les patrons du MEDEF, de Danone, de Lafarge, d’AXA, le juge Jean-Louis Bruguière, et les journalistes Alexandre Adler (Le Figaro) et Eric Le Boucher (Le Monde).
*** Questions n° 54 de Patricia McKenna (H-0358/00), Députée Européenne Verte (Irlande)
Bruno FAY
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