JAPON: LA QUESTION NUCLEAIRE, ENJEU DES PREMIERES LEGISLATIVES APRES FUKUSHIMA
JAPON:
La question nucléaire, enjeu des premières
législatives après Fukushima
TOKYO – Avant l’accident de Fukushima, la politique énergétique du Japon était toute tracée et ne souffrait guère de discussion: au moins 50% d’énergie nucléaire en 2030. Aujourd’hui, l’abandon de l’atome est au coeur de la bataille électorale qui se dénouera dimanche 16 décembre 2012.
Zéro énergie nucléaire à compter des années 2030, écrit dans son catalogue de promesses le Parti Démocrate du Japon (PDJ). Cette formation de centre-gauche actuellement au pouvoir a dû gérer la catastrophe atomique survenue le 11 mars 2011 à la centrale Fukushima Daiichi ravagée par un terrible tsunami.
Lors de sa prise de fonctions en septembre 2011, le Premier ministre Yoshihiko Noda et président dudit PDJ défendait mordicus la nécessité des réacteurs pour l’économie japonaise.
Le 16 juin 2012, il a pris ses responsabilités en autorisant le redémarrage de deux unités de l’ouest du pays, les 48 autres restant pour l’heure stoppés à cause de nouvelles mesures de sécurité.
Mais le chef du gouvernement a ensuite été contraint de tourner casaque à la lecture des sondages et à l’écoute des manifestants hurlant genpatsu iranai (pas besoin de centrales nucléaires) tous les vendredis soirs sous les fenêtres de sa résidence.
Son principal opposant, le Parti Libéral-Démocrate (PLD, droite), donné favori dans les sondages pour le scrutin du 16 décembre et réputé plus tendre avec les entrepreneurs, ne fait pas de l’énergie son principal objet de campagne.
Il relègue ce thème épineux derrière la reconstruction post-tsunami, l’économie, l’éducation ou la diplomatie. Et pour cause: sa position est plus en phase avec le patronat et les industriels qu’avec la majorité des Japonais. Le PLD juge en effet pour l’heure impossible de se passer d’une des rares formes d’électricité que le Japon est capable de produire sans trop dépendre de l’approvisionnement extérieur.
Alors que seulement deux unités d’une centrale de l’archipel, Ohi (ou Oi), sont actuellement en activité, le PLD promet de décider dans les trois années à venir du sort de chacun des 50 réacteurs du Japon, en faisant de la sécurité le premier critère. A l’instar des autres formations, il s’engage aussi à développer au maximum les énergies renouvelables (solaire, éolienne, biomasse, géothermique), dont la part est actuellement infime.
Population rétive à l’atome
Face au PDJ, aux commandes du Japon depuis 2009, et au PLD, qui a quasi monopolisé la vie politique pendant plus de 50 ans avant une lourde défaite il y a trois ans, une myriade de nouvelles formations rivalisent à qui mieux mieux sur l’art et la manière d’abandonner définitivement l’énergie atomique, la palme revenant au Parti de l’Avenir du Japon avec un délai de dix ans.
Avant la catastrophe de Fukushima, le Japon prévoyait d’élever à plus de 50% la part de l’électricité d’origine nucléaire dans sa capacité électrogène totale. Une bonne douzaine de nouveaux réacteurs devaient être construits.
Le but était non seulement de réduire les émissions de gaz à effet de serre en diminuant l’usage des centrales thermiques, mais surtout de renforcer l’autonomie énergétique de l’archipel, dépourvu de richesses naturelles et quasi intégralement tributaire de l’étranger.
En forçant une centaine de milliers de personnes à quitter leur demeure et contaminant une zone de plusieurs dizaines de kilomètres alentour, la crise de Fukushima a cependant totalement bouleversé la donne, révélant le danger de cette forme d’énergie dans un pays particulièrement exposé aux désastres naturels.
Depuis, la population nippone est rétive à l’atome et souhaite en majorité que son pays parvienne à s’affranchir des centrales nucléaires, toutes situées en bord de mer et en zone sismique, certaines étant même soupçonnées d’être construites au-dessus de failles actives.
Dans ce contexte, un programme énergétique à moyen et long terme est crucial, notamment pour les entreprises qui réclament à cor et à cri la garantie d’un approvisionnement stable, après avoir été forcées de diminuer fortement leur consommation électrique afin d’éviter des coupures à grande échelle.
De la stratégie énergétique de l’Etat dépendront aussi les orientations industrielles futures, notamment pour le développement des nouvelles énergies et la création d’appareils et infrastructures plus économes et performants, à même de constituer un modèle international et de stopper le déclin économique du Japon.
(©AFP / 12 décembre 2012 11h11)
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