LEO FERRE: « LES ETRANGERS » (« Le Grand Echiquier » avec le violoniste Ivry GITLIS)

Léo FERRE

LEO FERRE:

« Les étrangers » (1975)

Regarde-la ta voile elle a les seins gonflés
La marée de tantôt te l’a deshabillée
Les bateaux comme les filles ça fait bien des chichis
Mais ce genre de bateau ça drague pas dans Paris

T’as les yeux de la mer et la gueule d’un bateau
Les marins c’est marrant même à terre c’est dans l’eau
Ta maman a piqué sur ta tête de vieux chien
Deux brillants que tu mets quand t’embarques ton destin

C’est pas comme en avril en avril soixante-huit
Lochu tu t’en souviens la mer on s’en foutait
On était trois copains avec une tragédie
Et puis ce chien perdu tout prêt à se suicider

Quand la mer se ramène avec des étrangers
Homme ou chien c’est pareil on les regarde naviguer
Et dans les rues de Lorient ou de Brest pour les sauver
Y’a toujours un marin qui rallume son voilier

Regarde-la ta quille à la mer en allée
La marée de tantôt te l’a tout enjupée
Les bateaux comme les filles ça fait bien du chiqué
Mais quand on se fout à l’eau faut savoir naviguer

T’as le coeur comme ces rocs vêtus de Chantilly
Quand la tempête y’a fait un shampooing dans la nuit
Ta maman t’a croché deux ancres aux doigts de chair
Et les lignes de ta main ça se lit au fond de la mer

C’est pas comme en avril en avril soixante-huit
Lochu tu t’en souviens dans ces rues de l’emmerde
On était trois copains au bout de mille nuits
Et le jour qui se pointait afin que rien ne se perde

Quand la mer se ramène avec des étrangers
En Bretagne y’a toujours la crêperie d’à côté
Et un marin qui te file une bonne crêpe en ciment
Tellement il y’a fourré des tonnes de sentiment

Regarde-la ta barre comme de la Pop musique
Ca fait un vrai bordel chez les maquereaux très chics
La mer a ses anglais avec le drapeau noir
On dirait Soixante-huit qui s’en revient du trottoir

Ma maman m’a cousu une gueule de chimpanzé
Si t’as la gueule d’un bar je m’appelle Pépée Ferré 

C’est pas comme en avril en avril de mon cul
Dans ce bar adossé au destin de la rue

Et c’est pas comme demain en l’An de l’An Dix mille
Lochu tu t’en souviens c’était beau dans ce temps-là
La mer dans les Soleils avec ou bien sans quille
Un bateau dans les dents des étoiles dans la voix

Et quand on se ramenait avec nos Galaxies
Ca faisait un silence à vous mourir d’envie
Et les soirs d’illusion avec la nuit qui va
Dans Brest et dans Lorient on pleure et on s’en va

Lochu ? L’ An Dix mille … Tu te rappelles ?
Lochu ? L’ An Dix mille …
L’An Dix mille, l’An Dix mille, l’An Dix mille, l’An Dix mille…

Publié dans : REFLEXIONS PERSONNELLES |le 6 décembre, 2012 |Pas de Commentaires »

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