RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE: LA PARABOLE DU DENDROCTONE DU PIN

Réchauffement climatique:

La parabole du dendroctone du pin

RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE: LA PARABOLE DU DENDROCTONE DU PIN dans REFLEXIONS PERSONNELLES pin

Il était une fois le dendroctone du pin ponderosa, un coléoptère brunâtre pas plus gros qu’un grain de riz qui ravageait les forêts de l’ouest canadien. Tant et si bien qu’il finit par y augmenter la température d’un degré tout l’été.

Ironie du sort, si l’insecte prospère à ce point, c’est surtout grâce au réchauffement climatique, indique Holly MANESS. Cette physicienne se trouve à l’origine d’une étude contant cette histoire tristement réelle.

Depuis une dizaine d’années, les attaques du dendroctone (Dendroctonus ponderosae) ont touché près de 20% de la surface de la province canadienne de Colombie Britannique, soit quelque 170’000 km2. Des infestations similaires emportent aussi de vastes étendues boisées dans l’ouest des Etats-Unis.

Les arbres colonisés par la larve du coléoptère, qui niche sous l’écorce et en dévore la partie interne grâce à un champignon xylophage qu’elle transporte avec elle, périclitent et finissent souvent par mourir. Lorsque ces arbres meurent, le processus d’évapotranspiration qui leur permet de se rafraîchir cesse avec eux, et la forêt perd du même coup son climatiseur naturel.

Une parabole

Dans l’étude publiée dimanche par la revue « Nature Geoscience », la physicienne et son équipe montrent que la mortalité associée à l’infestation de dendroctone en Colombie Britannique a un impact tel sur la transpiration des arbres qu’elle fait augmenter la température estivale de 1 degré Celsius en moyenne.

Un réchauffement certes local, mais qui « pourrait suffire à entraîner d’autres changements climatiques dans la région, comme la circulation des masses d’air, la couverture nuageuse et les précipitations », relève l’étude.

« L’infestation actuelle de dendroctone est une parabole. Elle illustre à quel point le délicat équilibre climatique peut être facilement bouleversé », relève Holly MANESS.

« Les effets du changement climatique font boule de neige (…) Malheureusement, il est beaucoup plus facile d’expliquer ces réactions en chaîne après coup », poursuit-elle.

(ats / 25.11.2012 21h00

 Parc national du Canada Banff

Dendroctone du pin ponderosa

Le dendroctone du pin ponderosa est un insecte indigène de l’écosystème des Rocheuses. Ce petit scarabée au corps cylindrique colonise et tue des arbres mûrs en perçant l’écorce et en extrayant le phloème – la couche qui se trouve entre l’écorce et le bois. Lorsque les conditions sont propices, les dendroctones peuvent se multiplier et infecter un grand nombre d’arbres, tuant ainsi de vastes parcelles de pins tordus mûrs.

Ce processus de perturbation naturelle joue un rôle important dans l’écosystème forestier, car il prépare la voie à la régénération des forêts.

 Cycle biologique du dendroctone du pin ponderosa

Le cycle biologique du dendroctone du pin ponderosa dure habituellement un an. À la fin de l’été, les adultes, qui mesurent environ 5 mm de longueur, quittent les arbres infestés où ils se sont développés. Ils colonisent des arbres en bonne santé, creusent des tunnels sous l’écorce et cherchent des partenaires.

Les insectes déposent leurs œufs dans des galeries verticales creusées sous l’écorce. Après l’éclosion des œufs, les larves semblables à des vers passent l’hiver à se nourrir sous l’écorce. La pupaison a lieu au printemps, et les adultes émergent de juillet à septembre.

Une étape clé de ce cycle est la transmission, du coléoptère à l’arbre, d’un champignon du bleuissement du bois. Les spores de ce champignon sont introduites dans l’arbre lors des attaques des insectes adultes.

Le champignon se développe dans l’arbre et son action, combinée à l’alimentation du dendroctone, l’affaiblit. Le réseau de galeries creusées par le dendroctone, conjugué au champignon du bleuissement, perturbe la circulation de l’eau dans l’arbre et le fait mourir rapidement. Le champignon donne une apparence gris-bleu à l’aubier.

Signes de la présence de dendroctones du pin :

  • Aiguilles rouges à la cime des arbres (à noter que le rougissement des aiguilles peut aussi être causé par la sécheresse et la maladie).
  • Œufs, larves ou galeries en J sous l’écorce.
  • Bouchons de résine sur l’écorce, à l’endroit où les dendroctones creusent leurs tunnels (généralement à mi hauteur du tronc).
  • « Sciure » à la base de l’arbre ou dans les crevasses de l’écorce.
  • Signes d’activité des pics – trous dans le tronc et copeaux d’écorce sur le sol (les pics se nourrissent d’insectes variés). 

 Historique des infestations du dendroctone du pin ponderosa dans les parcs des Rocheuses

Le dendroctone du pin ponderosa est présent à l’état endémique dans tous les parcs nationaux des Rocheuses, mais ce n’est que dans les parcs nationaux KootenayYoho et des Lacs-Waterton qu’il a atteint des proportions épidémiques. Dans les années 1940, une importante infestation a sévi dans le parc national Kootenay où 65 000 ha de pinèdes ont été ravagés. Dans le parc national Banff, une infestation mineure a endommagé 4 000 ha. Au cours des années 1970, une importante pullulation s’est propagée, depuis le côté américain des Rocheuses, dans le sud-est de la Colombie-Britannique et le sud-ouest de l’Alberta, y compris le parc national des Lacs-Waterton. Pendant les années 1980, le dendroctone a gagné du terrain dans le parc national Kootenay. Au début des années 1980, le sud du parc national Banff a été le siège d’une infestation mineure.

L’enquête annuelle sur les insectes et les maladies, effectuée en 1997, a révélé que les dendroctones avaient franchi la ligne de partage des eaux pour atteindre le bassin hydrologique des ruisseaux Brewster, Healy et Bryant, dans le parc national Banff. Depuis, la population de dendroctones s’est accrue et a migré vers l’est, dans les forêts plus chaudes et plus sèches de la vallée de la Bow, de même que dans des secteurs avoisinants du parc national Banff.

Que faisons-nous au sujet des dendroctones du pin ponderosa ?

Parcs Canada a adopté la politique suivante en ce qui concerne le Parc National Banff:

  1. Les insectes et les maladies d’origine indigène sont des processus écologiques naturels qu’il faut laisser agir sans intervenir, dans la mesure du possible.
  2. Si des insectes ou une maladie menacent gravement les terres provinciales, des interventions peuvent avoir lieu dans la mesure où elles sont efficaces et ne nuisent pas à l’écosystème du parc.

Pour atteindre ces deux objectifs, le Parc National Banff a constitué deux zones distinctes, assorties de stratégies différentes :

  • Des zones de brûlage dirigé où des pinèdes seront brûlées afin d’empêcher une pullulation de la population du dendroctone.
  • Une zone de brûlage dirigé, de piégeage aux phéromones et d’exploitation limitée où les arbres attaqués font l’objet d’un brûlage dirigé, puis sont abattus et éliminés ou bien abattus et brûlés pour ralentir l’augmentation de la population du dendroctone.

 Mise à jour 2009

Le Service Canadien des Forêts de Ressources Naturelles Canada a publié son rapport annuel sur l’état des forêts pour le Parc National Banff. Il y résume les résultats des relevés aériens et terrestres concernant les insectes et les maladies dans les forêts effectués la saison dernière. Le dendroctone du pin ponderosa a intensifié ses activités dans le Parc National Banff en 2008; on compte maintenant plus de 7 000 arbres nouvellement décolorés à l’échelle du parc.

En outre, les données sur la mortalité hivernale de la dernière saison révèlent que les ravages causés par l’insecte varient selon l’endroit : certaines populations continuent de croître (p. ex. dans le secteur du chaînon Fairholme) tandis que d’autres sont en déclin (p. ex. dans le secteur du ruisseau Turbulent). Le rapport indique également que le cycle de vie des populations de dendroctones du pin ponderosa s’étend sur plusieurs années et que les insectes tardent à s’envoler pour coloniser de nouveaux arbres.

Pour gérer les populations de dendroctones du pin ponderosa, Parcs Canada a surtout recours aux brûlages dirigés; il peut ainsi gérer les pullulations actuelles et en prévenir de nouvelles tout en reproduisant un processus naturel de l’écosystème.

Les brûlages dirigés contribuent à réduire l’habitat propice au dendroctone du pin ponderosa et favorisent la diversité des forêts, ce qui stimule la croissance des essences d’arbres qui ne sont pas ciblées par ce ravageur (p. ex. le Douglas taxifolié). Parcs Canada poursuivra sa collaboration avec le gouvernement fédéral, les provinces et les administrations municipales de même qu’avec l’industrie forestière de l’Alberta et de la Colombie-Britannique en vue de gérer les populations de dendroctones du pin ponderosa dans les années à venir.

 Résumé:

Le dendroctone du pin fait partie d’un processus écologique dynamique qui procure des bienfaits écologiques très importants pour le parc mais qui peut aussi avoir des répercussions économiques à grande échelle sur les forêts industrielles. C’est pourquoi il convient d’adopter un mode de gestion adaptative qui tienne compte des objectifs des nombreux gestionnaires des terres et groupes d’intérêt. 

Publié dans : REFLEXIONS PERSONNELLES |le 25 novembre, 2012 |Pas de Commentaires »

Vous pouvez laisser une réponse.

Laisser un commentaire

consultationjuridique |
mediatorspot |
femmebattueencolere |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | tribulationsdepsys
| Bonjour d'Algérie Sou...
| kabylia2007