LES EFFETS DE TCHERNOBYL EN FRANCE: CIRCULEZ !…Y’A RIEN A VOIR !…LE PROFESSEUR PIERRE PELLERIN INNOCENTE ! (Thierry LAMIREAU)
Les effets de TCHERNOBYL en FRANCE:
Circulez !…Y’a rien à voir !…
Le Professeur Pierre PELLERIN innocenté !
Un énorme scandale de Santé Publique
vient d’être étouffé par un « revers de manche »
de la part de la Cour de Cassation.
L’ancien Directeur du Service Central de Protection contre les
Rayonnements Ionisants (SCPRI), le Professeur Pierre
PELLERIN vient d’être lavé de tous soupçons quant aux
accusations de « tromperie et tromperie aggravée » par la Cour de
Cassation.
« En l’état des connaissances scientifiques actuelles, il était impossible d’établir un lien de causalité certain entre les pathologies constatées et les retombées du panache radioactif de TCHERNOBYL », précise la Cour de Cassation.
Le professeur PELLERIN avait été mis en examen, le 31 mai 2006.
Il était soupçonné d’avoir dissimulé l’ampleur des retombées radioactives de la centrale ukrainienne qui avait explosé le 26 avril 1986.
Michèle RIVASI, Députée Européenne et fondatrice de la CRIIRAD, qui s’était portée partie civile, qualifie la décision de la Cour de Cassation comme: « inacceptable ».
Elle continue en disant que: « Pierre PELLERIN ne pouvait pas ne pas savoir qu’il mettait en danger la population française ».
Pour Michèle RIVASI, cette décision montre bien que « les institutions ne répondent plus aux attentes citoyennes. On ne peut accepter que les victimes françaises de TCHERNOBYL ne soient pas reconnues. Il en va de la confiance des citoyens dans nos institutions, chaque jour plus décriées. En outre, l’Assemblée de CORSE a commandé une étude épidémiologique indépendante pour connaître les véritables conséquences sanitaires de l’ingestion d’aliments contaminés par la radioactivité ».
Michèle RIVASI souhaite que l’Association Française des Malades de la Thyroïde et la CRIIRAD fassent remonter l’affaire auprès de la Cour Européenne des Droits de l’Homme…les recours nationaux étant épuisés.
Il est évident, que la MAFIA DU NUCLEAIRE a su influencer la décision SCANDALEUSE de la Cour de Cassation.
Le lobby pro-nucléaire n’en est plus à une magouille près !
Pierre PELLERIN, comme tous les fonctionnaires et surtout les Ministres concernés de l’époque devraient pourtant FINIR LEURS JOURS EN PRISON !
Par leurs MENSONGES, leur MANIPULATION, ils ont induit SCIEMMENT un NOMBRE TRES IMPORTANT DE CAS DE MORBIDITE ET DE MORTALITE en FRANCE !
Les pratiques MAFIEUSES et de type FASCISTE (cf. les techniques de communication de GOEBBELS) ont encore de beaux jours à vivre en FRANCE et AILLEURS…
NOTA:
Depuis la création de ce sujet dans mon blog (ce jeudi 22
novembre 2012 en début d’après-midi),
des documents vidéos insérés
ont déjà été CENSURES !…PAR QUI ?
Ovietskaya Bieloroussia, dimanche 1er juillet 1989: Dans la rubrique « zones sous contrôle spécial » figure une interview de Pierre Pellerin [Les commentaires en rouge sont de la Gazette Nucléaire] réalisée par Alexandre Sidorenko le 19 juin 1989 pour le journal Kiev-Soir et reproduite dans le journal Sovietskaya Bieloroussia sous le titre:
Pierre PELLERIN:« Il n’y a pas de secret au sujetdes centrales atomiques »
L’accident du réacteur atomique de Tchernobyl a perturbé le monde entier. Le caractère sans précédent de cet accident autorise à le considérer comme une catastrophe nationale. Au cours de la lutte menée pour éliminer les conséquences de l’accident, les scientifiques soviétiques et les spécialistes ont accumulé une énorme expérience, sans précédent dans le monde. C’est pourquoi l’intérêt des collègues étrangers vis-à-vis des travaux en cours, même actuellement dans la zone interdite, est tout à fait compréhensible. Plus de 650 chercheurs et spécialistes ont déjà visité cette région.
Le Directeur du Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisant du Ministère de la Santé français, le Professeur Pierre Pellerin, a visité la centrale de Tchernobyl avec les correspondants du journal Kiev-Soir.
- J’ai visité pour la première fois le lieu de l’accident il y a un an, – dit Pierre Pellerin – mais à cette époque je n’ai pu prendre connaissance de la situation que rapidement. Plusieurs participants scientifiques à la conférence sur les aspects médicaux de l’accident de Tchernobyl qui s’est tenue à Kiev ont voulu se rendre sur les lieux et évidemment satisfaire la curiosité de chacun était difficile. Tandis qu’aujourd’hui il m’a été possible d’en voir beaucoup plus. Je suis persuadé que ce qu’on écrit dans nos journaux est très loin de la vérité. Ces derniers temps, j’ai lu beaucoup d’inepties publiées sur Tchernobyl disant, en règle générale, qu’ici la situation est terriblement dangereuse, que naissent des monstres peuplant ces lieux. Et à ce qu’on dit, c’est pour cette raison qu’on cache l’information sur Tchernobyl. Mais déjà, le fait même que vous et nous ayons pu visiter l’intérieur du bloc-réacteur n° 4 devient un argument très fort en faveur du fait que, premièrement, le sarcophage ne présente pas de danger actuellement, et deuxièmement cela permet d’insister sur le fait que vous ne cachez rien[1]. A l’intérieur du sarcophage des gens travaillent et c’est la meilleure preuve que Tchernobyl n’est tout de même pas l’enfer que beaucoup d’entre nous imaginions. Je serais heureux de travailler avec vos spécialistes pendant mes congés. Aujourd’hui ce sont les personnes les plus compétentes en ce domaine.
Commentaire Gazette
[1]: Comme il est notoire que M. Pierre Pellerin est un bourreau de travail (un ancien ministre de la santé a même déclaré publiquement «il travaille comme une bête» son temps de congé doit être assez court. Il est donc assuré de ne recevoir que des doses modestes par rapport a celles reçues par ceux qu’on envoie en première ligne.
Il aurait été préférable de connaître les débits de doses dans les différents postes de travail ainsi que les durées de séjour dans ces postes des personnes employées à ces travaux ainsi que leur nombre.
Professeur Pellerin, suite à l’accident de Tchernobyl, une grande quantité d’éléments radioactifs a été projetée dans l’atmosphêre, des territoires considérables ont été pollués y compris la France. Il serait intéressant de savoir comment la nouvelle de l’accident a été perçue par les Français.
- Dès que la nouvelle a été connue, j’ai été attaqué par des gens pris de panique. Et à cela je ne vois rien d’anormal, c’est l’instinct de conservation qui s’est réveillé chez eux. Bien qu’en France on ait enregistré un accroissement du rayonnement ambiant environ 100.000 fois plus faible qu’à Tchernobyl[2]. Votre académicien Leonid Iline m’a dit que les journalistes voulaient le «pendre à la lanterne». Chez moi, en France, la situation était à peu près la même. Certaines personnes aveuglément «vertes» essaient de m’inculper parce que je n’ai pas donné d’instructions pour distribuer des produits à base d’iode, que je n’ai pas posé devant notre gouvernement la question de l’évacuation de la population, que je n’ai pas interdit la consommation d’aliment provenant d’Europe. Et tout ceci alors que nous sommes à 2.500 kilomètres de Tchernobyl[3]. Pour vous bien sûr c’est comique d’entendre cela. Mais croyez moi, ce n’était pas du tout amusant lorsqu’on parlait ainsi en France.
[2]: Les deux complices:
- Le Professeur Pellerin est depuis 1966 le chef du service central de protection contre les rayonnements ionisants du ministère de la santé. A ce titre, il est le premier responsable de la protection sanitaire des Français contre les dégâts éventuels de l’industrie nucléaire.
En janvier 1974, dans les Annales des Mines, il recommandait aux responsables du programmes nucléaire français: «de ne pas développer de façon excessive les mesures de sécurité dans les installations nucléaires afin qu’elles ne provoquent pas une anxiété injustifiée».
- L’académicien Iline qui en tant que président de la radioprotection d’URSS décide du sort des populations qui vivent sur les territoires contaminés par Tchernobyl définissait en 1985 l’objectif principal des hygiénistes soviétiques spécialisés en radioprotection de la façon suivante: «élaborer la méthodologie et la théorie de l’hygiène sur la base de la philosophie marxiste-léniniste en tenant compte de l’évolution actuelle du socialisme en URSS» («Nouvelles de Moscou» n° 32, 3 au 10 août 1989). Envisageait-il en 1985 la catastrophe de Tchernobyl comme faisant partie de «l’évolution du socialisme en URSS» ?
Il est donc tout à fait normal que ces deux personnages se soient acoquinés pour tenter d’imposer aux populations des conditions de vie qui n’ont pour objectif que de protéger l’industrie nucléaire et non la santé publique.[3]: Ainsi d’après M. Pierre Pellerin, la contamination en France a été totalement négligeable. Il faut bien sûr le remercier pour avoir, tel Batman, été capable d’arrêter par sa seule volonté le nuage de Tchernobyl à nos frontières le laissant stagner sur nos voisins. Au bout de 10 jour, M. Pellerin a craqué et le nuage fit son apparition sur la France. Dans ses communiqués quotidiens au début de mai 1986, la situation était tout à fait normale jusqu’à un certain jour où d’après lui «elle était redevenue normale» !
Nous avons publié dans la Gazette n° 88/89 (juin 1988) de larges extraits d’un rapport du Centre d’Etudes Nucléaires de Cadarache sur la contamination dans le Bassin du Var, suite aux retombées de Tchernobyl (rapport qui semble-t-il ne sera jamais rendu public dans son intégralité [il est maintenant disponible en PDF 2,9 Mo]. Il y est indiqué que la contamination surfacique en certains endroits a atteint des valeurs considérables telles que 8,7 Ci/km2 (322.000 Bq/km2) pour l’ensemble des radioéléments sans compter l’iode 131. La contamination surfacique en césium a atteint 2,5 Ci/km2 en certains endroits. Il y a donc eu en France des points particulièrement chauds et le rapporteur du CEA insiste sur le fait que la notion de moyenne dans une telle situation n’a guère de sens. Il ajoute que si la réglementation européenne avait été appliquée, il aurait été nécessaire d’interdire à la consommation certains produits alimentaires.
Ainsi, si aucune interdiction n’est intervenue en France ce n’est pas parce que la contamination a été nulle mais parce que M. Pierre Pellerin n’a jamais voulu appliquer la réglementation du Conseil des Communautés européennes et que son chef immédiat, le ministre de la santé, n’est nullement intervenu pour témoigner d’un quelconque désaccord avec son subalterne.
Signalons que les divers rapports de synthèse effectués par les experts européens ne mentionnent pas ces contaminations pour la France (Var, Moselle, Corse) pour la simple raison que M. Pierre Pellerin n’a pas jugé bon de transmettre les mesures effectuées en France par les organismes officiels (voir l’article «Les menteurs» dans la Gazette n° 88/89).
Ainsi la radiophobie a atteint aussi les Français ?
- Comme toutes les personnes qui ne connaissent pas grand chose à l’énergie atomique et à l’industrie nucléaire, les Français aussi ont peur des radiations.
Est-ce que l’accident de Tchernobyl a influencé les plans de développement concernant l’énergie atomique en France ?
- Pratiquement, non. Chez nous, 80% de l’énergie [non, de l'électricité] est produite par les centrales nucléaires. Cela veut dire que sur 10 ampoules, 8 sont alimentées grâce à l’énergie des centrales nucléaires. La France n’est pas un grand pays. Son territoire est comparable à celui de l’Ukraine. Et sur cette superficie, nous avons 60 réacteurs installés dans 20 centrales atomiques. Pour les Français, ces installations[4] ne sont pas quelque chose d’extraordinaire. C’est que tous les 200 kilomètres ils se heurtent à un réacteur atomique. D’après les résultats du dernier sondage, 64% de la population s’est prononcée en faveur de l’énergie nucléaire. Les Français comprennent qu’il n’y a tout simplement pas d’autre source d’énergie plus sûre. Ils sont aussi persuadés du caractère inoffensif des centrales nucléaires. Le Ministre de la Santé (c’est mon chef immédiat) a un pouvoir absolu. Il a le droit juridique d’arrêter[5] n’importe quel processus technologique si on a toléré une infraction qui peut potentiellement déclencher l’apparition d’une situation accidentelle.
[4]: Des points aujourd’hui toujours très contaminés en Biélorussie se trouvent à plus de 200 km de Tchernobyl. Ce qui veut dire qu’en France un site nucléaire peut être contaminé par les émissions radioactives d’un réacteur accidenté à 200 km de là. Voilà qui ne simplifiera pas la gestion d’une crise nucléaire en cas d’accident dont les responsables EDF admettent désormais qu’il est possible.
[5]: Bien sûr, M. Pellerin dispose d’un pouvoir absolu et il s’en sert abondamrnent quand il s’agit d’empêcher le CEA ou EDF de publier les résultats de leurs mesures. Il a un droit de censure absolu et il l’exerce. Il a aussi le droit de tripatouiller les mesures par de savantes moyennes de telle façon que les exploitants nucléaires sont incapables de retrouver les résultats qu’ils ont eux-mêmes fournis à ce délicieux savant (voir la polémique EDF/SCPRI sur les mesures faites en 1986 à la centrale de Cruas et relevées par la CRII-Rad, Gazette n° 78/79). En fait, ce n’est donc pas le ministre de la santé qui exerce un pouvoir absolu, mais son représentant, le Directeur du SCPRI…
Nous [en France ? Voilà d'où vient notre prétendue indépendance énergétique !] avons de grandes réserves d’uranium et notre économie s’appuie sur ces réserves. Le prix de l’énergie électrique des centrales nucléaires est d’environ 5 milliards de dollars. Sans l’énergie atomique, nous aurions dû dépenser cet argent à l’achat de pétrole. D’un point de vue financier, la perte de telles sommes serait ruineuse pour la France puisque les revenus de l’énergie nucléaire représentent un tiers du budget national. Si ceux-ci faisaient défaut, la France qui la première a développé plusieurs technologies industrielles ne pourrait pas maintenir son leadership. Le problème énergétique est un vieux problème. Déjà Napoléon en s’engageant dans la guerre n’aspirait pas à conquérir des territoires en tant que tels mais en tant que sources de matières premières énergétiques[6].
[6]: Comparer l’activité d’EDF aux guerres napoléoniennes n’est guère flatteur quand on connaît les morts et les dégâts causés par ces guerres en Europe. On peut discuter d’une telle gloire payée à un tel prix !
Les problèmes énergétiques provoquent de nombreux conflits surtout en Europe. Mais actuellement, avec le développement de l’énergie atomique, les privilèges des pays qui « possèdent » le charbon et le pétrole touchent à leur fin.
Pourtant, votre énergie atomique est un mauvais exemple pour les pays qui essaient de la développer et un bon atout dans les mains des compagnies pétrolières qui sont obligées de payer d’énormes sommes aux «Verts» pour que ceux-ci luttent contre les centrales nucléaires[7].
Après l’accident de Tchernobyl, nous avons examiné les projets de quatre centrales nucléaires. Les projets ont été confirmés, donc visiblement votre accident n’a pas eu d’influence. Le fait est que pendant six ans nous n’avons pas construit de centrales nucléaires alors que la puissance énergétique actuelle ne peut pas satisfaire les besoins de notre industrie[8].
[7]: Il était difficile à notre cher professeur d’utiliser devant un auditoire de Soviétiques l’argument habituel de certaines farouches inconditionnels du nucléaire: ceux qui osent mettre en doute cette foi absolue seraient finalement manoeuvrés par le KGB pour déstabiliser notre démocratie! M. Pellerin a-t-il en sa possession les preuves du financement des «Verts» par les compagnies pétrolières ? Sinon il risque d’être accusé de calomnie ! Ainsi nous espérons qu’il appuiera ses déclarations de scientifique compétent par les preuves objectives de ses accusations. S’il ne le faisait pas rapidement nous serions en droit de ne le considérer que comme un vulgaire calomniateur.
[8]: Passons rapidement sur le fait que notre parc électronucléaire est tellement insuffisant pour alimenter notre industrie qu’EDF, pour atténuer quelque peu les coûts importants de sa surcapacité de production, se trouve dans l’obligation d’exporter à bas prix de l’électricité dans les pays voisins.
[Commentaire d’Infonucléaire: Les exportations d’électricité, en données de 1995 (non actualisée), sont de 70 TWh exportés ce qui correspond à la production annuelle d’environ: 12 réacteurs de 900 MWe ou 9 réacteurs de 1300 MWe. Soit un total de 9 à 12 réacteurs en trop en France !!!!!]
Professeur Pellerin, actuellement a lieu une discussion, pas seulement dans le milieu scientifique, au sujet de la conception d’absence de seuil et des effets des petites doses de radiations. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?
- A mon avis, la conception d’absence de seuil appartient à la catégorie des problèmes imaginaires qui, bien à propos, sont utiles aux personnes atteintes d’égoïsme professionnel[9]. Au sujet de la linéarité (de la relation effet/dose, c’est-à-dire l’absence de seuil, Note du traducteur) pendant les 30 ans d’existence du marché commun, on a dépensé à peu près 1 milliard de francs et jusqu’à présent il n’y a eu aucun résultat. Lorsque nous posons la question pour arrêter le financement de telles recherches, on essaie de nous faire changer d’avis parce que depuis de nombreuses années existent des laboratoires, que des services entiers ont été créés, que beaucoup de scientifiques prennent part à ces recherches et qu’interrompre tous ces travaux serait peu raisonnable.
[9]: Il est savoureux (ou pénible) de lire ces stupidités de la part d’un haut responsable de la santé. Nous le renvoyons aux dernières déclarations des experts de l’Académie des sciences des USA, du Comité BEIR V (ce comité évalue les effets sur la santé des rayonnements ionisants). Citons des extraits de la revue américaine Science du 5 janvier 1990 «La nouvelle étude (le rapport BEIR V) conclut que les risques du rayonnement ont été jusqu’à présent sous-estimés. Ce n’est pas tout, car elle montre que la probabilité de développer un cancer après avoir été exposé à une petite dose de rayonnement est 3 à 4 fois plus élevé que ce qui était indiqué dans le précédent rapport de l’académie des sciences des USA, qui lui-même était dénoncé à l’époque par certains experts comme alarmiste. Ainsi le développement de la compréhension scientifique des effets du rayonnement sur la santé conduit à envisager actuellement comme modéré ce qui était considéré en 1970 comme un point de vue alarmiste».
La revue scientifique «New Scientist» du 6 janvier 1990 résume la nouvelle position des experts américains de l’académie des sciences: «Il n’y a pas de seuil en dessous duquel les effets du rayonnement sont négligeables»… «Le risque de développer une leucémie à partir d’une petite dose de rayonnement a été multiplié par un facteur 4»… «Le risque dépend en partie de l’âge et les enfants exposés à une dose donnée de rayonnement ont un risque de cancer double de celui des adultes».
Gageons, selon la logique de M. Pellerin, que ces messieurs de l’académie des sciences des USA, experts sur les effets biologiques du rayonnement, sont tout simplement appointés par les compagnies pétrolières !
M. Pellerin préfère s’en tenir à une version plus spécifiquement française, celle des experts de notre académie des sciences qui ont publié il y a peu un rapport sur le même sujet et dont les conclusions reprennent quasiment la vieille version des années 70 et recommandent de ne pas abaisser les normes de radioprotection. Ce sont certainement les mêmes compagnies pétrolières qui les empêchent de publier leurs travaux dans les revues internationales car nous n’y trouvons guère leurs noms ! Ils doivent donc se contenter de la presse française, parisienne ou provinciale…
En résumé: l’académie des sciences des USA indique clairement qu’il n’y a pas de seuil, que le risque est maintenant, d’après elle, de 800 cancers mortels pour une population de 1.000.000 de personnes soumises à un rayonnement de 1 rem (10 millisievert – mSv) au lieu de 125 morts estimés par la CIPR en 1977 pour la même dose collective de 1 million d’hommes x rem (ou 10.000 hommes x sievert). D’autre part, il est indiqué que les enfants sont des individus à risque particulièrement élevé.
Compte tenu de l’évolution des estimations de cette académie, il n’est pas impossible que le risque de facteur cancérigène soit dans les années à venir à nouveau revu en hausse.
Entre parenthèses, la conception d’absence de seuil est apparue non pas comme un problème exigeant une solution mais seulement comme une hypothèse qu’il convient d’utiliser par humanité afin d’élaborer des normes de protection. La Commission Internationale de Protection Radiologique créée en premier lieu justement pour examiner ces hypothèses pessimistes, a bien compris que c’était une manière pseudo-scientifique de traiter la question, toutefois elle n’a pas hésité à les formuler en partant précisément de ce désir d’améliorer la protection contre les radiations. Et un nombre énorme de personnes y compris des scientifiques, ont commencé à considérer cette hypothèse pessimiste comme un fait indiscutable.
Revenons au problème des petites doses. A propos je n’ai jamais obtenu jusqu’à maintenant une bonne définition. Qu’est-ce qu’on entend donc par petites doses ?
- La réponse à cette question va dépendre de votre profession.
Comment cela ?
- Si vous étiez un radiologue, on pourrait compter comme petite une dose de 20 rad. Mais si vous étiez un agent des services de protection radiologique, alors on la compterait comme dangereuse, presque mortelle. C’est pourquoi on ne peut pas répondre par un chiffre. Une telle définition n’existe pas, bien que je comprenne que cela paraisse ridicule.
Moi, ma profession c’est journaliste.
- Ne prenez pas cela pour vous. Mais d’après les publications de vos collègues[10] qu’il m’est arrivé de lire, n’importe quelle dose est mortelle. Pourtant nous sommes entrés ensemble à l’intérieur du sarcophage. Oui nous nous sommes exposés à un risque en recevant à peu près 130 millirad. Mais moi je ne me considère pas comme irradié. Notre tâche est actuellement de faire enfin comprendre aux gens ce qu’est une dose d’irradiation et la comparer à un risque réel; 100 millirad, c’est ce qui résulte d’une seule radiographie des poumons[11]. Tandis que celui qui subit un examen radiologique complet de l’appareil digestif reçoit en un jour 35 à 40 rad. Mais si à côté de cela on dit que durant sa vie on accumule en moyenne 35 rad et il faut ajouter qu’une certaine dose est apportée par l’élévation du rayonnement ambiant résultant, disons, de l’accident radioactif, alors les gens commencent à avoir peur. Mais ce sont des choses complètement différentes. C’est à peu près pareil que si on vous propose de prendre 35 comprimés d’aspirine en une fois ou durant 70 ans[12]. Dans le premier cas, vous mourez et dans le second cas, rien ne vous arrive.
[10]: D’après Nucleonics Week, 7 déc. 1989:
Le biophysicien Marvin Goldman a déclaré «qu’il avait enregistré des niveaux de rayonnement d’environ 100 milliroentgen par heure à environ 20 mètres du sarcophage et de 30 mR/h à 100 mètres. Pendant la visite du site qui a duré un peu plus d’une heure, il a enregistré une dose totale de 200 mR…»
La visite d’une heure hors du sarcophage donne une dose de 0,2 R/h, soit environ 0,17 rem. La limite annuelle de dose considérée comme acceptable pour les travailleurs de 5 rem/an est atteinte en moins de 30 heures avec un tel débit de dose ! On voit mal comment on peut faire travailler, même en négligeant la santé des travailleurs, des gens pendant des temps très longs à l’intérieur du sarcophage. Les propos de P. Pellerin n’ont guère plus de valeur que ceux d’un touriste en balade rapide et qui aime se donner des frissons ![11]: Il est évident pour la plupart des experts que le rayonnement médical n’est pas totalement anodin et présente un risque. De nombreux comités d’experts recommandent de les pratiques uniquement s’ils sont justifiés par le bénéfice que le patient peut retirer du diagnostic pouvant être déduit des examens par rayons X.
Sur ce sujet, la France est très en retard et ce n’est pas étranger aux conceptions à l’honneur chez nos responsables de la santé dont M. Pellerin est le représentant typique. Ce n’est donc pas un hasard si la France est au premier rang mondial pour la consommation de radiodiagnostics. Cela coûte cher en argent et en vies humaines ![12]: Pourquoi P. Pellerin utilise-t-il toujours ce nombre de «35» ?: une radio délivrant 35 rad, 35comprimés d’aspirine ? C’est que ce nombre 35 est un nombre fatidique: 35 rem est la dose qui, engagée sur 70 ans, est jugée acceptable par les autorités sanitaires soviétiques (dont Iline). En dessous de cette dose, on continue à vivre sur les territoires contaminés. Au dessus, on envisage l’évacuation.
Les scientifiques biélorusses quant à eux, se fiant aux recommandations de la CIPR de 1985, considèrent que la limite moyenne d’accèptabilité est de 0,1 rem par an, soit 7 rem en 70 ans. Ceci conduirait évidemment à des évacuations massives qui impliquent des dépenses considérables.
Mais pour Pellerin, tout se passe comme si 1 rem = 1 comprimé d’aspirine ! Bravo M. Pellerin.
Le comprimé d’aspirine est une image très prisée de M. le Pr Pellerin. Ainsi nous avons retrouvé dans une de ses publications des années 70 une autre allusion au comprimé d’aspirine. Dans «La querelle nucléaire vue par la santé publique», P.P. écrivait à propos des déchets nucléaires: «Voici la réalité: Si toute l’énergie produite en l’an 2000 était d’origine nucléaire, le retraitement des combustibles nucléaires ne produirait pas un volume de déchets de haute activité supérieur, par habitant et par an, à celui d’un cachet d’aspirine. En dix ans, plus de 99 % de leur radioactivité disparaît du fait de la décroissance».
M. Pellerin ne doit pas bien comprendre pourquoi les habitants des sites retenus pour les futures poubelles nucléairés se battent contre les forces de l’ordre pour empêcher qu’on mette chez eux, très profond dans la terre, quelques comprimés inoffensifs !
Dans le même article, cet expert en santé publique parlant du problème du plutonium, déclairait: «Il est simplement aussi toxique que la nicotine et seulement une dizaine de fois plus que la caféine». Toujours à propos du plutonium, il déclarait à L’Express (9-15 déc. 1974): «Vous pouvez boire de l’eau contenant du plutonium, manger des légumes gorgés de plutonium».
Les « oeuvres complètes » de Pierre Pellerin révèlent des trésors étonnants. C’est certainement pour cette raison qu’on le trouve comme expert à la Commission Internationale de Protection radiologique (CIPR), au Comité scientifique des Nations Unies pour les effets des radiations atomiques (UNSCEAR), à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), comme expert auprès du conseil des Communautés européennes, et enfin comme responsable en chef de la protection de la santé publique contre les rayonnements. Question: après son départ à la retraite dans quels comité continuera-t-il à sévir ?
J’estime qu’avant tout, il faut ouvrir l’énergie atomique aux gens de façon à ce qu’ils puissent visiter les centrales nucléaires et obtenir l’information qui les intéresse à n’importe quel moment. C’est de cette façon que sera assuré un contrôle sûr par la population du travail des entreprises atomiques. En effet, moins il y a de contrôle, plus l’incertitude concernant la sécurité est grande. Le problème n’est pas l’énergie atomique est-elle bonne ou est-elle mauvaise mais jusqu’à quel point elle est contrôlée par la population.
L’accident de Tchernobyl a justement compromis la confiance dans la sécurité des centrales atomiques ?
- Oui, c’est vrai. Mais je crois que cet accident n’a pas eu que des conséquences négatives mais aussi en un certain sens des conséquences positives[13]. Comme résultat positif, je pense qu’on peut noter l’élargissement des contacts internationaux dans le domaine de l’énergie nucléaire. De nombreux pays ont cessé de considérer l’énergie nucléaire comme leur propriété privée dont personne d’autre ne doit s’occuper.
Des scientifiques et des spécialistes étrangers ont visité vos installations atomiques, les Soviétiques ont visité les installations des autres pays. Quel mal y a-t-il à cela ? Je suis heureux qu’entre l’URSS et la France la compréhension s’installe. Chez nous sont venus vos scientifiques, l’académicien Leonid Iline, les professeurs Evguenine Komarov et Anatoli Romanenko. Nous leur avons montré nos installations secrètes, la plus grande usine au monde de traitement industriel des déchets radioactifs.
Nous n’aurions jamais pu organiser de telles visites par l’intermédiaire de l’AIEA par exemple mais nous avons réussi à le faire par celui de notre gouvernement. Le fait que j’ai eu la possibilité de discuter avec vos scientifiques est la meilleure preuve de notre compréhension mutuelle.
[13]: Ainsi, Tchernobyl a pour M. Pellerin bien des aspects positifs. Cela lui a permis de pouvoir offrir largement ses services aux états qui ont des difficultés avec leurs scientifiques et leur population comme c’est le cas actuellement en Ukraine et en Biélorussie. Ainsi les vaillants héros qui sont morts pour éviter le pire, ceux qui survivent dans des conditions les plus précaires, les soldats qu’on a contraints par dizaines de milliers aux travaux de décontamination du site de Tchernobyl, les morts à venir parmi ceux qu’on oblige à demeurer sur des territoires très contaminés, n’ont pas été inutiles. Ils n’assombrissent pas pour ce responsable de la santé publique les aspects «positifs» de la catastrophe. Avoir un tel cynisme est quand même assez rare sauf parmi les sectes intégristes !
Mais il sera difficile de rétablir la foi ébranlée dans la sécurité de l’énergie atomique…
- L’énergie atomique en soi est un phénomène progressiste et les moyens de protection qu’on utilise actuellement sont aussi progressistes. Mais avant tout, je suis médecin et je me soucie de la santé des gens. Ce qui est arrivé à Tchernobyl, c’est un accident industriel. Les avions aussi essuient des catastrophes mais ce serait déraisonnable de refuser les vols aériens à cause de cela. Je ne connais pas d’autre source d’énergie électrique plus inoffensive et ayant moins d’influence sur la santé des gens que l’énergie atomique. Prenons la centrale française de Paluel dont la puissance est de 5.600 MW. Elle consomme chaque année 5 wagons d’uranium. Tandis que si l’on était obligé de produire la même énergie à l’aide de centrales thermiques, il faudrait 40 wagons par jour, soit 14.600 par an. En plus de telles centrales au charbon de 1.000 MW envoient dans l’atmosphère environ 7 millions de tonnes de gaz carbonique chaque année, augmentant le niveau mondial des océans de 3 millimètres au moins. Si nous continuons à exploiter les centrales thermiques, la Hollande devrait disparaître complètement et la Normandie se transformer en île. Il est évident que ceci est un avenir effrayant.
Mais nous ne sommes pas protégés contre les catastrophes naturelles. En effet, la centrale atomique d’Arménie a été construite dans une zone sismiquement dangereuse et c’est la raison pour laquelle il a été décidé de la démonter.
- Chez nous aussi, il y a des centrales nucléaires dans des régions sismiquement instables, mais elles sont construites sur des patins en caoutchouc et ne craignent pas les chocs même extraordinaires[14]. Et aux personnes qui craignent les séismes, nous conseillons dès que les secousses commencent, courez vers la centrale atomique !
[14]:La centrale de Cruas, située dans la zone sismique de la vallée du Rhône, respecte les normes de sûreté antisismique. Nous ne chercherons pas ici à analyser la validité de ces normes. Signalons simplement que les réacteurs du Tricastin à quelques kilomètres de Cruas ne respectent pas ces normes. Monsieur Tanguy qui était alors un expert en sûreté au CEA est intervenu à la Commission Interministérielle des Installations Nucléaires de Base pour que celle-ci ne considère pas la région comme présentant des risques sismiques au sens des normes de sûreté.
Est-ce que la population française possède des dosimétres individuels ?
- Jusqu’à présent, une telle demande ne m’a jamais été faite. Chez nous, les gens ont une entière confiance dans l’information officielle. Ils sont sûrs qu’avant la construction de n’importe quelle installation nucléaire le gouvernement prend soin de sa sûreté[15]. Sans l’accord écrit du Ministre de la Santé, une telle construction est simplement impossible. En France a été mis au point un système précis de contrôle de la situation radioactive. Sur tous les terrains d’aviation sont installés des détecteurs pour mesurer la radioactivité de l’air. Chaque installation de ce type est reliée à mon service et l’information arrive directement sur mon écran. Pour chacun des 60 réacteurs sont installés 20 points de mesures dont les données sont également transmises à mon service. De cette façon, nous avons le moyen de disposer de toutes les informations sur la situation réelle de la radioactivité dans le pays et ceci à tout instant.
Nous prenons constamment une grande attention à la réalisation de notre tâche d’information du public en ce qui concerne les problèmes de sécurité nucléaire. Nos centrales atomiques sont ouvertes aux visiteurs. L’an dernier, elles ont été visitées par 300.000 personnes. Nous avons instauré depuis 2 ans un système «Minitel». A l’aide de cet appareil, en composant par téléphone le 3614, vous pouvez obtenir des informations sur n’importe quelle donnée concernant les centrales nucléaires, y compris sur le niveau de pollution radioactive de l’air et de l’eau autour de chaque installation. La particularité de ce système consiste en ce que n’importe qui peut l’utiliser à volonté comme il le désire et à la fréquence qui lui convient. J’espère qu’à ma prochaine visite à Kiev je pourrai faire la démonstration de ce système.
[15]: Il est de mauvais goût de rappeler à méfiance du public vis-à-vis de M. Pellerin. En mai 1986, ce fut pour lui un vrai festival.
En ce qui concerne la rapidité des réactions du SCPRI vis-à-vis des situations accidentelles, mentionnons que son Bulletin mensuel porte en tête du chapitre sur les mesures de la radioactivité dans les poussières atmosphériques: «les mesures sont connues cinq jours après les prélèvements».
Est-ce qu’il y a un accroissement du rayonnement ambiant autour des centrales atomiques ?
- Pratiquement non. Les réacteurs ont une grosse enceinte de protection et une fuite plus ou moins importante est simplement impossible[16].
[16]: Ainsi toute fuite hors de l’enceinte de confinement des réacteurs français est-elle «simplement impossible».
Alors pourquoi M. Pellerin a-t-il été l’inventeur et le farouche promoteur des filtres à sable dits «filtres rustiques» ?
Les enceintes ne résistant pas à la surpression résultant d’une fusion importante du coeur (possible et même peut-être prévisible d’après M. Tanguy actuellement à EDF), il lui a semblé utile d’y mettre une soupape afin de relâcher la pression d’une façon qu’il espère pouvoir contrôler en limitant les rejets radioactifs. Ainsi les procédures françaises de sûreté envisagent des rejets de produits radioactifs dans l’environnement. Nos experts les ont évalués et les considèrent comme acceptables !
Mais auparavant, avant l’accident de Tchernobyl, on considérait aussi que l’accident était impossible.
- L’accident de Tchernobyl et aussi Three Mile Island se sont produits non pas parce que la technologie exigée était insuffisante mais parce que ces exigences ont été violées. Je vous ai déjà dit qu’il n’y a pas de technologie plus sûre et moins nocive pour la production d’énergie électrique que celle de l’énergie nucléaire. Mais elle se venge de manière cruelle en cas d’insouciance et d’inattention.
Je veux maintenant organiser en France, avec l’aide bien sûr de mes collègues européens, une équipe qui, pour ainsi dire, n’aurait pas peur des radiations. En effet, si tout à coup survient quelque part quelqu’accident comme à Tchernobyl, on sera loin d’avoir beaucoup de monde ayant le désir de travailler avec l’éventualité d’une irradiation par rayonnements ionisants. Or, ce travail doit être fait par des professionnels. J’ai rencontré vos spécialistes. J’ai rencontré Iouri Samoïlenko et son action pour créer un tel service en URSS est un bon exemple pour nous. Dans mon propre pays, je dis que s’il survenait un accident chez nous, les meilleurs conseillers dans les domaines technique et médical seraient les spécialistes soviétiques. Personne d’autre n’a jusqu’à présent une expérience telle que la vôtre dans la liquidation d’un accident radioactif.
Entretien réalisé par Alexandre Sidorenko,
Kiev-Tchernobyl-Kiev,
Kiev-Soir, 19 juin 1989,
publié par Sovietskaya Bieloroussia, dimanche 1er juillet 1989
Tchernobyl: à propos de la CIPR
Dr. Rosalie Bertell.
*Les problèmes de Tchernobyl sont enracinés très profondément dans notre société. Il s’agit vraiment de problèmes structurels. Nous devons identifier les mécanismes de répression structurelle qui sont à l’oeuvre ici. Nous devons également porter le problème de Tchernobyl devant l’opinion publique. On présente Tchernobyl comme un problème scientifique, mais c’est faux : Il s’agit de répression, de décisions politiques qui ont entraîné les conséquences dramatiques que nous observons.
Aujourd’hui, étant donné que la Conférence de l’Agence Internationale pour l’Énergie Atomique (AIEA) vient de réunir les auteurs du Rapport de 1991 sur Tchernobyl – ceux-là même qui ont déclaré que les problèmes ont été exagérés et que les maladies n’ont aucun lien avec la radioactivité – ces experts se trouvent au centre des critiques.
Cependant j’estime que les racines du problème sont plus profondes encore. Elles ont précédé ce qui s’est passé à l’AIEA. Cette organisation n’est qu’une force de police qui applique de manière irrationnelle des mécanismes préétablis. Actuellement, c’est l’AIEA qui est la plus critiquée. J’estime que sa manière d’appliquer le régime de protection contre les radiations a été très cruelle, mais ce n’est pas elle qui a créé ce régime.
Je travaille depuis 1968 comme chercheur sur les effets des radiations sur la santé et j’ai été surprise de découvrir dans la littérature que l’essentiel des recherches vraiment détaillées ont été menées avant 1951.
A partir de 1951, un mythe s’est établi, selon lequel il serait impossible de déceler les effets des faibles dosesde radiations. 1951 est une date très importante, celle de l’ouverture du site des essais atomiques en atmosphère au Nevada, le premier site ouvert sur le continent américain. Les retombées de plus de 500 essais atomiques se sont répandues dans tout l’hémisphère Nord. A partir de cette époque, une propagande savamment orchestrée décréta que les faibles doses de radiations étaient sans danger, qu’il était impossible de leur attribuer aucun effet négatif.
Lorsque nous regardons ce qui s’est passé à Hiroshima et à Nagasaki, nous voyons qu’à partir de ce moment, la recherche s’est pratiquement limitée aux conséquences des scénarios de guerre. Il s’agissait de savoir combien de personnes seraient tuées rapidement, combien seraient hors d’état de combattre. Voilà quelles étaient désormais les préoccupations des chercheurs, et les calculs qu’ils ont effectués. Ils ne s’intéressaient ni aux fausses couches ou avortements, ni aux enfants mort-nés, ni aux enfants malades, ni aux conséquences pour le long terme. Leur recherche était très sélective et les dommages reconnus devaient demeurer minimes. [...]
J’estime que le nombre des victimes des radiations s’élève environ à 32 millions de personnes, ce qui est un chiffre prudent : travailleurs du nucléaire, population japonaise, victimes des essais nucléaires en atmosphère et victimes des divers accidents et incidents passés, Le plus grave d’entre eux est la catastrophe de Tchernobyl, qui reste un épouvantable désastre dont nous allons parler pendant ces deux prochains jours.
Nous devons aussi évoquer la définitions que donnent les bureaucrates de ce que l’on doit qualifier de « sérieux », un « sérieux » qu’ils définissent pour l’ensemble de la communauté. Cela ne concerne pas l’individu, le point de vue individuel étant très différent.
Pour moi, 1954 constitue un autre tournant historique. En 1954 a eu lieu la première explosion réussie – du point de vue des militaires – de la bombe à hydrogène. La bombe H a donné une puissance de feu illimitée à l’explosion atomique. La puissance de feu des bombes atomiques du type de celles qu’on a utilisées contre Hiroshima et Nagasaki reste limitée. Ce n’est plus le cas pour les bombes à hydrogène. C’est donc en 1954 que les Etats-Unis en particulier et les puissances occidentales ont décidé de placer la bombe au centre de leur doctrine stratégique.
C’est de cette époque que date le lancement du programme de l’atome commercial, soi-disant « pacifique », qui a permis d’organiser toute l’Amérique du Nord en une grande usine à bombes, y compris les mines d’uranium, les usines d’enrichissement, mais aussi l’implication des universités chargées d’enseigner la physique et les technologies nucléaires etc. Il fallait s’assurer de la coopération des civils et c’est de cette époque que date l’organisation de la Commission Internationale pour la Protection contre les Radiations (CIPR).
Née dans le secret des armes atomiques, cette organisation a, dès sa création, baigné dans le secret de la sécurité nationale. Il s’agit d’une commission composée de 13 hommes** (jusqu’à l’arrivée de la première femme en 1990), qui élabore toutes les définitions et prend toutes les décisions. Ses membres se remplacent par cooptation et s’auto-perpétuent. Ce sont eux qui élaborent les recommandations pour les normes de radioprotection qui sont ensuite adoptées par tous les pays et sur lesquelles se basent en particulier les règlements appliqués par l’AIEA. L’AIEA les a appliqués d’une façon très cruelle, à Tchernobyl et dans tant d’autres occasions.
Il est très important d’étudier les documents de la CIPR. J’ai été très choquée de lire dans leur édition de 1990 qu’ils parlaient d’effets « transitoires » des radiations, effets qu’ils estimaient ne pas être assez graves pour être indemnisés ou reconnus. Or il s’agit précisément des problèmes dont souffrent les populations et qu’il faudrait faire connaître au monde entier. L’existence de ces problèmes est niée de manière constante par l’AIEA, alors qu’en réalité elle est admise par la CIPR. La CIPR reste très discrète, en retrait, en effet sa crédibilité professionnelle est en jeu. Ces 13 « experts » ne peuvent se permettre d’affirmer malhonnêtement que ces effets n’existent pas, qu’ils n’ont aucun lien avec les radiations. Ils laissent aux ingénieurs et aux physiciens de l’AIEA le soin de parler des conséquences des radiations sur la santé. Ceci est un aspect déterminant du problème.
Il y a plusieurs manières d’utiliser des définitions, ce que l’Université de Harvard qualifie de « dysreprésentation ». Il y a des manières très habiles de mentir, si l’on veut éviter d’être traîné en justice. L’une est de définir « l’accident ». Je ne connais pas bien la définition exacte de l’accident de Tchernobyl, mais je me souviens que pour Three Mile Island, leur définition de « l’accident » ne prend en compte que les 7 premiers jours : Tout ce qui s’est passé par la suite tombe sous la définition de « décontamination ». Lorsqu’ils parlent des doses que les personnes ont reçues suite à l’accident, ils les limitent en conséquence aux 7 premiers jours. En outre, ils en soustraient la dose que les gens auraient reçu en travaillant dans une centrale nucléaire en fonctionnement normal, plus le rayonnement de fond, plus les retombées des essais nucléaires chinois (en atmosphère à cette époque), étant donné que tout ceci était possible. La dose reçue suite à l’accident comprend en conséquence ce qu’ils ont effectivement reçu les 7 premiers jours seulement, moins tout ce qu’ils auraient pu recevoir par ailleurs mais n’ont pas reçu effectivement. Ceci constitue en soi une tromperie.
J’aimerais souligner la différence entre les conséquences de l’accident de Tchernobyl et celles de l’accident de Bhopal : à Bhopal, la plupart des effets étaient visibles immédiatement. Il y avait des atteintes directes aux personnes exposées, et ces atteintes étaient flagrantes, tant pour ces personnes que pour le public. Les lésions dues aux radiations quant à elles, se produisent au niveau de la cellule et un certain temps de latence s’écoule avant que la personne ne tombe malade. On ne fait donc pas immédiatement le lien entre la maladie et l’exposition aux radiations. Lorsque cette lésion affecte un spermatozoïde ou un ovocyte, le résultat n’apparaît que dans les générations suivantes. Il se perpétue et c’est précisément cela que l’industrie atomique essaie de nier.
Les experts ont constamment minimisé les conséquences génétiques et les conséquences pour les générations futures. Comme une personne de Tchernobyl me l’a expliqué, il s’agit d’un accident qui commence à petite échelle et s’aggrave avec le temps. C’est l’inverse de ce qui se passe après la rupture d’un barrage ou autres terribles catastrophes, épouvantables au début, mais dont les effets s’atténuent avec le temps. Tchernobyl au contraire s’aggrave sans cesse. D’un point de vue psychologique, cet aspect est essentiel, car la crainte de transmettre des lésions aux générations futures augmente dans la population.
Je voudrais énoncer ici, [...] d’une part les atteintes à la santé attribuées aux radiations reconnues par l’AIEA, et d’autre part les atteintes réelles qu’elle refuse de reconnaître. L’AIEA a créé deux catégories, trois depuis qu’elle a été obligée de reconnaître la leucémie.
Les experts reconnaissent tout d’abord les « cancers mortels radio-induits », chaque mot étant essentiel. Ils reconnaissent donc les cancers mortels, mais sont très réticents pour admettre des cancers qui ne seraient pas mortels ou les tumeurs bénignes. Par ailleurs ils ne considèrent que les cancers « radio-induits », refusant d’admettre que les radiations favorisent des cancers induits par d’autres causes. C’est pourquoi ils imposent une limite de 10 ans et ne reconnaissent aucun autre cancer comme ayant été radio-induit, en particulier des cancers ayant été favorisés par les radiations. Cette catégorie n’est pas indemnisée.
L’autre catégorie est constituée par « les maladies génétiques graves chez des enfants nés vivants ». Ici aussi chaque mot a son importance. Il faut qu’il s’agisse d’une « maladie génétique grave », c’est à dire une maladie classique, codifiée, « maladie très rare et très grave ». Les atteintes les plus courantes comme l’asthme ne sont pas reconnues. Il faut par ailleurs qu’il s’agisse d »‘enfants nés vivants », c’est à dire qu’ils ne reconnaissent pas la mortalité périnatale, ni les avortements causés par des malformations congénitales du foetus.
En ce qui concerne les effets tératogènes, lésions du foetus in utero, ils n’acceptent à présent que « le retard mental grave » et ils limitent l’exposition à 8 – 15 semaines de grossesse. Pour l’industrie atomique, « le retard mental grave » implique l’incapacité d’une personne à répondre à un salut, ou l’incapacité de se nourrir elle-même. Rien d’autre n’est retenu. Il s’agit visiblement d’états limites, alors que les habitants des régions contaminées souffrent d’une quantité d’autres maladies [...]. La plupart de ces souffrances ne sont pas reconnues.
Nous devons comprendre que ce déni est d’ordre structurel, inhérent à la situation politique. On a souvent dit que la plupart des problèmes de Tchernobyl venaient de ce qu’il s’agissait d’un régime communiste, et que les structures politiques d’alors étaient responsables. Pourtant le même degré de secret existe en Occident. J’aimerais citer à titre d’exemple l’accident de Three Mile Island qui s’est produit en 1979 aux Etats-Unis.
2000 victimes de Three Mile Island n’ont toujours pas encore été entendues par les tribunaux. En effet, l’industrie atomique est intervenue en appel jusqu’à la Cour Suprême, pour faire admettre que le niveau de radiations auquel les habitants ont été exposés à Three Mile Island était incapable de causer des atteintes à la santé et qu’en conséquent aucun cas ne pouvait être recevable. Ceci a été rejeté il y a un mois seulement (mars 1996), et la procédure vient enfin d’être ouverte pour des cas datant de 1979. Les 11 premiers cas seront jugés en juin 1996 au Tribunal Fédéral de Harrisbourg.
L’industrie atomique est intervenue une seconde fois, invoquant une loi qui réglemente l’audition des experts. Ils plaident qu’un expert ne peut témoigner que si sa méthodologie et ses résultats concordent avec ceux de ses pairs dans le domaine des atteintes à la santé radioinduites. Ils se sont auto-proclamés pairs dans ce domaine. En conséquence, 11 sur 12 des experts viennent d’être révoqués par la Cour. A présent les victimes en seront réduits à plaider sans l’assistance de leurs experts, ce qui représente un déni structurel du droit d’expression et de la justice légale.
J’aimerais attirer l’attention [...] sur ce que j’appellerai les dangers atomiques imminents qui nous menacent tous, étant donné que l’industrie atomique se prépare au prochain accident nucléaire. Je pense que les dangers inhérents à cette technologie ne sont pas seulement les accidents statistiquement prévisibles, inhérents à toute industrie, mais également les émissions routinières de matières radioactives au cours du fonctionnement normal.
J’estime que [...] (l’on) devrait se prononcer sur la définition extrêmement limitative des dommages radio-induits que donne la CIPR.
J’estime que [...] (l’on) devrait condamner l’absence de toute agence internationale chargée de la protection des travailleurs et des communautés menacées par cette industrie. La CIPR fait des compromis tenant compte des « impératifs » économiques. Elle ne parle pas en faveur de la protection contre les radiations. Aucun membre de la CIPR n’a jamais eu de formation spécifique dans le domaine de la santé publique ou de la médecine du travail. Plus de 50% d’entre eux sont des physiciens, ils défendent le compromis, car ils sont pratiquement tous liés à cette industrie.
J’estime que nous devrions reconnaître publiquement les souffrances humaines niées par l’AIEA. La revictimisation des victimes par cette administration doit être condamnée. Nous devons condamner le conflit d’intérêts qui existe au sein de l’AIEA, chargée de la promotion de l’industrie atomique dans les pays en développement. Les Nations-Unies donnent une crédibilité pseudo-scientifique à cette agence.
Mais j’estime que la question la plus importante est l’atteinte au milieu naturel, aux bases mêmes de la vie sur terre. Je recommande l’abolition de la CIPR et de l’AIEA, mesure essentielle pour un avenir viable. [...]
Dr. Bertell,
Tchernobyl, conséquences sur l’environnement, la santé, et les droits de la personnes,
Vienne, 12-15 avril 1996,
Tribunal Permanent des Peuples,
Commission Médicale Internationale de Tchernobyl.
* Rosalie Bertell est présidente de l’International Institute of Concern for Public Health (Institut international pour la santé publique) de Toronto.
** En 1990, la CIPR était composée des personnes suivantes : Président : Dr. J. Beninson; Comision Nacional de Energia Atomica, Argentine, Vice-Président : Dr. H. Jammet, Directeur du Centre d’Etudes Nucléaires de Fontenay aux Roses, France, Secrétaire scientifique : Dr. H. Smith, Grande-Bretagne Membres : Professeur R.J. Berry et M. H.J. Dunster, Grande Bretagne, Prof. W. Jacobi, Allemagne, Dr. Li Deping, Chine, Prof. J. Liniecki, Pologne, M. C.B. Meinhold, Prof. A.K. Poznanski, Dr. W.K. Sinclair, USA, Prof P.V. Ramzaev, URSS, Dr. G. Silini, Autriche, Dr. E. Tajima, Japon. Au cours de 1990, les Dr. Tajima, Ramzaev, Poznanski et Berry ont été remplacés par les Dr. R.H. Clarke, le Professeur A.K. Guskova (la première femme, russe, spécialiste du syndrome d’irradiation aigüe) le Prof. F. Mettler (rédacteur de l’étude de l’AIEA en 1991 sur les conséquences de Tchernobyl sur la santé) et le Dr. S. Shigematsu.
Tchernobyl et la gravité de la situation
concernant la démocratie en France
(Bella BELBEOCH)
Il y a en ce moment une orchestration avec montée en force pour blanchir définitivement le Professeur Pellerin pour sa » gestion » post-Tchernobyl en 1986 et ce qui se passe est très grave pour la liberté d’expression et la démocratie. On a l’impression d’un tournant et les protestations ne sont pas à la hauteur des enjeux.
D’après le Pr. Galle (1) P. Pellerin, directeur du SCPRI (service central de protection contre les rayonnements ionisants), a donné toutes les informations en temps réel sur la contamination en France dès qu’a été connue le 28 avril 1986 l’explosion du réacteur de Tchernobyl et il n’y avait aucune raison en France de prendre quelque contre-mesure que ce soit, ce qui blanchit du même coup toutes les autorités officielles françaises.
De son côté le Pr. Aurengo (2) renforce ses attaques contre l’IRSN (Institut de radioprotection et sûreté nucléaire) pour sa carte de contamination de la France publiée l’an dernier et devenue cohérente avec celle publiée par la CRIIRAD. Toutes deux sont très différentes de celles publiées en 1986 par le SCPRI du Pr. Pellerin. Crime de lèse-majesté ! Rappelons que cette nouvelle carte IRSN a été révélée l’an dernier lors d’une conférence de presse de l’IRSN et qu’André-Claude Lacoste, le directeur de la DGSNR (direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection), aurait souhaité empêcher la tenue de la conférence. On l’a appris par un article du Figaro du 10 juin 2003 titrant « Nucléaire : la transparence muselée « . L’article de Fabrice Nodé-Langlois et Yves Miserey faisait état de pressions et censures exercées sur les scientifiques partisans de la transparence au sein de l’IRSN, pas seulement dans le domaine de la radioprotection mais également dans celui de la sécurité des réacteurs (3).
C’est dans ce contexte qu’on apprend que, pour la première fois depuis 18 ans, l’IRSN ne fournira pas de dossier Tchernobyl. Il y a tout lieu de supposer que le Pr Aurengo, le Pr Galle et leurs amis supporters de P. Pellerin pèsent plus lourd que les scientifiques désireux de transparence de l’IRSN et qu’André-Claude Lacoste a sacrifié les tenants de la transparence.
Pourquoi il est « nécessaire » de blanchir le Pr. Pellerin
- Il y a, bien évidemment, le procès en cours des malades de la thyroïde et de la CRIIRAD. Reconnaître la carte de l’IRSN c’est reconnaître la validité de celle de la CRIIRAD et de ses actions face aux carences de l’état français.
- Mais il y a un autre point et sur lequel on fait silence : le laboratoire du SCPRI était le centre international de référence de l’OMS et c’est en tant que responsables de l’OMS que Pellerin, en même temps que l’argentin Beninson et le canadien Waight, ont été envoyés en juin 1989 en Ukraine et en Biélorussie pour soutenir les autorités de radioprotection soviétiques et contrer les scientifiques ukrainiens et biélorusses qui réclamaient une meilleure radioprotection de la population ce qui aurait impliqué un programme d’évacuation à effectuer dès fin 89 et les années suivantes bien plus important que celui prévu par les autorités soviétiques. Ainsi lorsque Pellerin est attaqué pour sa » gestion » en France en 1986 on attaque en même temps l’expert de l’OMS, ces experts qui sont intervenus à Minsk et à Kiev en dénigrant les scientifiques biélorusses et ukrainiens, en soutenant les décisions des experts de Moscou, en disant que si on leur avait demandé leur avisils auraient préconisé des normes 2 à 3 fois plus élevées.
Rappelons qu’à l’automne 1988 les responsables soviétiques introduisent le concept de dose-vie, dose qui serait engagée par un individu vivant 70 ans dans un endroit contaminé. Cette dose-vie ne devait pas dépasser 35 rem soit 350 millisievert (5 mSv par an). Il était tenu compte des doses reçues auparavant. Si dans une zone la dose-vie était inférieure à 35 rem, la vie redevenait normale (on arrêtait l’arrivage de nourriture » propre « ). Si elle était supérieure à 35 rem les habitants devaient être évacués ( » relogés » en zone » propre « ). Ce concept devait devenir une loi au 1er janvier 1990, ce qui n’a pas eu lieu.
Préconiser 3 fois 350 mSv sur 70 ans soit 15 mSv/an (en contradiction flagrante avec la législation française de l’époque et la limite admissible de 0,5 mSv/an) cela représente une dose-vie de 1 Sievert. C’est précisément ce que recommandent désormais les experts internationaux en radioprotection, voire davantage selon la situation, pour le prochain accident nucléaire !
En appliquant les mesures préconisées par les scientifiques ukrainiens et biélorusses (1mSv/an) les évacuations tardives auraient concerné 1 million de personnes dont des habitants de villes importantes (4).
Défendre Pellerin et sa gestion post-Tchernobyl en France en 1986 c’est aussi crédibiliser son action 3 ans plus tard en Ukraine et en Biélorussie et effacer sa responsabilité dans la dégradation sanitaire de la population des zones contaminées en ex-URSS et celle de tous ceux qui ont empêché les évacuations tardives des années 90.
B. Belbéoch
1- P.Galle et al., » Données métrologiques et évaluation des risques en France lors de l’accident de Tchernobyl (26 avril 1986). Mise au point historique « . C. R. Biologies 326 (2003).
http://www.sciencedirect.com
Rappelons que le même Pr. Galle avait insisté pour que le GSIEN fasse une intervention lors du colloque de Créteil organisé par la Société française de radioprotection et la société de biophysique le 15 mai 1987 (Gazette Nucléaire 78/79 juin 1987). Il a été demandée publiquement, au nom du GSIEN, la démission du Professeur Pellerin pour incompétence et qu’une commission d’enquête établisse les responsabilités à tous les niveaux. Voir aussi Gazette Nucléaire 207/208 juillet 2003
2- André Aurengo Calculs et modèles à l’épreuve des faits. L’exemple de Tchernobyl.
www.industrie.gouv.fr/energie/nucleaire/se_nuc_a3.htm
3- » Les retombées sur la liberté d’expression des scientifiques, de la publication de la carte de contamination de la France en 1986 « , Lettre d’information du Comité Stop Nogent-sur-Seine n°98, mai-juillet 2003
4- Gazette Nucléaire 100, mars 1990 » Gestion post-Tchernobyl en URSS » (De nouvelles évacuations s’imposent), Gazette Nucléaire 109/110 juin 1991.
Et pour parler de FUKUSHIMA:
26 ans après Tchernobyl, la catastrophe
continue…
Pour les «liquidateurs» c’est déjà plus de 100 000 morts et plus de 200 000 invalides, et pour les populations exposées à la contamination le bilan (serait déjà selon les estimations) probablement supérieur à 985 000 de morts à travers le monde.
En janvier 2010, l’Académie des Sciences de New York (NYAS) a publié le recueil (sous la direction d’Alexei Yablokov) le plus complet de données scientifiques concernant la nature et l’étendue des dommages infligés aux êtres humains et à l’environnement à la suite de l’accident de Tchernobyl «Chernobyl: Consequences of the catastrophe for people and the environment». Cet ouvrage (dont on peut lire une version réduite et traduite par Wladimir Tchertkoff en Word (.doc), ou en PDF,) met à la disposition du lecteur une grande quantité d’études collectées dans les pays les plus touchés: la Biélorussie, la Russie et l’Ukraine. Les auteurs estiment que les émissions radioactives du réacteur en feu ont atteint dix milliards de curies, soit deux cents fois les retombées des bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki, que sur les 830 000 «liquidateurs» intervenus sur le site après les faits, 112 000 à 125 000 sont morts, et que le nombre de décès à travers le monde attribuables aux retombées de l’accident, entre 1986 et 2004, est de 985 000, un chiffre qui a encore augmenté depuis cette date.
A la ferme du kolkhoze Petrovski, on m’a montré un porcelet dont la tête ressemblait à celle d’une grenouille: à la place des yeux il avait des excroissances tissulaires où l’on ne distinguait ni cornée ni pupille.
- C’est un de nos nombreux monstres – m’a expliqué Piotr Koudine, vétérinaire du kolkhoze – Ordinairement, ils meurent sitôt venus au monde, mais celui-là vit encore.
La ferme est petite: 350 vaches et 87 porcs. En cinq ans avant l’accident nucléaire, on n’y a enregistré que trois cas de monstruosité parmi les porcelets et pas un parmi les veaux. En un an après l’accident, il y a eu 64 monstres: 37 porcelets et 27 veaux. Dans les neuf premiers mois de 1988: 41 porcelets et 35 veaux. Ces derniers naissent le plus souvent sans tête ni extrémités, sans yeux ou côtes. Les porcelets sont exophtalmiques, ont le crâne déformé, etc.
- Et que disent les savants ? à Kiev, on a créé un institut spécial de radiologie agricole.
- Ils n’ont pas manifesté un intérêt particulier pour notre ferme, m’a répondu Piotr Koudine. Ils ont examiné plusieurs cadavres de nouveau-nés monstrueux et déclaré que ce phénomène pouvait être provoqué par des centaines de causes n’ayant rien à voir avec la radiation. Je suis vétérinaire, donc je le sais moi aussi, mais les statistiques de la monstruosité m’obligent à distinguer une cause bien déterminée. Car les fourrages sont produits par des champs contaminés par les radionucléides. Et puis, les responsables du stockage refusent notre bétail car les doses de radiations qu’il a reçues sont supérieures à la norme.
La porchère ayant sorti le porcelet monstre pour que je puisse le photographier, m’a dit, les larmes aux yeux:
- Ma fille vient de se marier. Comment sera mon petit-fils ?
Extrait de l’article «Les séquelles»,
Les Nouvelles de Moscou,
édition française du 19/2/1989.
Comment seront les enfants ?
- Des éléments de réponse avec le reportage de Paul Fusco « Les oubliés de tchernobyl » qu’aucun magazine à part Photo de septembre 2001, n’a eu le courage de publier:
1) Minsk, Biélorussie 1997. Scène quotidienne dans l’asile Novinski. Ce jeune garçon hurle tandis que ses amis jouent dehors.
2) Hôpital des enfants cancéreux, Minsk, Biélorussie 2000. Vova sait qu’il est gravement malade. Malgré l’amputation, son état ne s’est pas amélioré.
3) Foyer pour enfants, Minsk, Biélorussie 2000. Alla tient dans les bras un enfant de 2 ans dont le cerveau se trouve dans l’excroissance.
4) Asile Novinski, Minsk, Biélorussie 1997. Ces enfants ne peuvent pas se tenir debout et sont nourris par terre.
5) Asile Novinski, Minsk, Biélorussie 1997. Cet asile est le principal centre d’accueil pour enfants contaminés en Biélorussie.
6) Foyer pour enfant, Minsk, Biélorussie 2000. Cet enfant de 3 ans est là depuis sa naissance. Il est inopérable: l’excroissance contient ses reins
7) Orphelinat pour enfants abandonnés, Gomel, Biélorussie 1999. Sasha, 5 ans, souffre d’une quasi absence de système lymphatique. Son organisme produit des toxines que sont corps ne peut donc plus éliminer.
8) Asile Novinski, Minsk, Biélorussie 1997. Cet enfant est en état de terreur constant.
CONCLUSION:
L’HOMME CREUSE SA TOMBE AVEC LE NUCLEAIRE
(Thierry LAMIREAU / Réalisateur du film « URANIUM EN LIMOUSIN »)

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