LA MEMOIRE COURTE DE JEAN-VINCENT PLACE DE « EUROPE ECOLOGIE LES VERTS » (Henry MOREIGNE / agoravox.fr)
La mémoire courte de Jean-Vincent PLACE
(Henry MOREIGNE / agoravox.fr)
Les écologistes ne manquent pas d’air. A commencer par le
président de leur groupe au Sénat. Ce vendredi, Jean-Vincent
Placé s’est interrogé au micro de Radio Classique sur les raisons
de la participation d’EELV au gouvernement. C’est oublier un
peu vite les accords préélectoraux avec le PS qui ont offert sur
un plateau aux écologistes une représentation au Sénat et à
l’Assemblée qu’ils n’auraient pas obtenu par eux-mêmes dans les
urnes.
Que les écologistes aient des états d’âme peut se comprendre mais leur capacité à demander le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière confirme qu’ils sont des alliés dont la fiabilité est fluctuante.
Il est vrai que depuis l’élection de François HOLLANDE, EELV, avale couleuvre après couleuvre. La mutation imposée de Nicole BRICQ de l’écologie au commerce extérieur a d’entrée donné le ton sur la place réservée par l’exécutif aux questions environnementales. A aucun moment les deux ministres écologistes n’ont réussi à donner la moindre coloration verte à l’action gouvernementale. Attachés à leurs maroquins ministériels comme des moules à leur rocher, ils sont contraints de subir la Loi CHEVENEMENT selon laquelle, « un ministre ça ferme sa gueule ou sa démissionne ».
On peut le regretter pour l’écologie mais pas pour les écologistes dont l’appétit de pouvoir et la volonté d’avoir des places au soleil coûte que coûte est apparue au plein jour avant les présidentielles.
Selon l’accord de mandature passé entre les deux formations politiques en novembre 2011, une soixantaine de circonscriptions a été réservée aux écologistes, dont une vingtaine de gagnables en cas de victoire de la gauche afin de leur permettre d’avoir leur propre groupe parlementaire. Lorsque cet accord avait été débattu au sein du Conseil Fédéral d’EELV – avant d’être adopté à 74% – Alice LE ROY, militante parisienne, avait eu une analyse des plus lucides. « Cet accord est le reniement de toutes nos valeurs pour se mettre les fesses au chaud » devait-elle dénoncer.
Jean-Vincent PLACE ne doit pas avoir froid à son postérieur. Celui qui joue aujourd’hui les mauvais garçons était hier le même qui réalisait une hallucinante danse du ventre pour obtenir la constitution d’un groupe politique au Sénat. Un accord électoral et à la constitution de listes communes avec le PS, le PCF et le PRG permettait ainsi de passer de 4 à 10 sénateurs écologistes aux élections de 2011. Le tour de force de Jean-Vincent PLACE aura été de faire abaisser le nombre minimal de sénateurs de 15 à 10 pour constituer un groupe. Une manœuvre loin d’être désintéressée. La constitution d’un groupe donne de nombreuses prérogatives, participation à la Conférence des Présidents, droit de parole élargi, de constitution d’une commission d’enquête, de présentation d’une proposition de loi dans une séance réservée au groupe (niche parlementaire)… Sur le plan matériel, outre une voiture de fonction avec chauffeur, un bureau et une indemnité supplémentaire pour le président, le groupe bénéficie d’une dotation pour son fonctionnement évalué à 350.000 euros par an, … en l’espèce défalquée sur celle du groupe PS.
En fin connaisseur de la Haute Assemblée, David ASSOULINE, porte-parole du PS et sénateur de Paris, a bien une petite idée sur les raisons de la sortie de son collègue. »Peut-être que Jean-Vincent PLACE se poserait d’autant moins la question s’il était ministre lui-même », a-t-il malicieusement glissé sur LCI.
Crédit photo : Wikipédia
Henry MOREIGNE
agoravox.fr
PLACE lance la polémique
sur la présence
des
Verts au gouvernement
PARIS (Sipa) — Après avoir donne un « coup de pied dans la fourmilière » vendredi 9 novembre 2012 matin en s’interrogeant sur le bien-fondé de la présence des écologistes au gouvernement, le sénateur Jean-Vincent Placé a pondéré ses propos un peu plus tard et exprimé son inquiétude. La sortie du numéro deux d’EELV avait mis le feu vendredi matin et poussé les socialistes a réaffirmer que « les Verts ont toute leur place dans la majorité ».
« Je préviens le gouvernement, et ce n’est ni une menace, ni un coup de semonce, c’est vraiment la volonté de faire réussir ce gouvernement pour qu’il y ait plus d’écologie dans ce pays », a déclaré M. Placé vendredi midi sur RTL. « Je suis prêt évidemment à ce que ça dure cinq ans mais c’est comme en amour (…), il faut qu’il y ait des preuves », a-t-il ajouté.
Des propos plus tempérés que ceux tenus le matin sur Radio Classique où il avait affirmé que « de plus en plus, les écologistes s’interrogent, depuis le virage post-rapport Gallois et les annonces très en faveur des entreprises sans contreparties et sans conversion écologique », se disant « de plus en plus perplexe quant à cette participation gouvernementale ».
Le sénateur a par ailleurs souligné à midi que même le président de la République s’interroge sur la présence des écologistes au gouvernement. Dans un entretien à paraître samedi dans l’hebdomadaire Marianne, François Hollande juge en effet « possible » un départ des Verts du gouvernement mais « ne le souhaite pas ». « Je pense que quelque part il mesure (…) qu’il n’y a pas beaucoup de signaux écologistes dans ce gouvernement », a analysé Jean-Vincent Placé.
Des propos pondérés par les Verts
Ces propos avaient été immédiatement pondérés par le patron des députés écologistes, François de Rugy: « on n’attend pas de nous qu’on s’interroge à haute voix devant les micros, mais que l’on propose, que l’on agisse ». « Notre action au gouvernement (…) n’a pas à faire l’objet d’interrogations », a-t-il déclaré sur BFM TV. « Il y a quelques sujets de crispations, ils ne sont pas d’ailleurs totalement nouveaux », a-t-il ajouté.
Pour Denis Baupin, député des Verts et vice-président de l’Assemblée Nationale, il y a en effet « beaucoup de sujets sur lesquels nous sommes dans une difficulté avec nos partenaires socialistes », comme l’écologie verte, l’aéroport de Notre-Dame des Landes ou le rapport Gallois. « Mais pour autant je ne pense pas que le moment soit venu de se poser la question de sortir du gouvernement », a-t-il affirmé dans les couloirs de l’Assemblée.
« Nous avons décidé de participer de prendre des responsabilités. Ce n’était pas juste pour faire coucou et repartir. (…) Les écologistes ont décidé de participer au gouvernement sur la base d’un accord qui a été passé avec nos partenaires. Donc nous allons évaluer régulièrement si cet accord est tenu », a-t-il prévenu.
Plus catégorique, Noël Mamère s’est exprimé lui aussi à l’Assemblée: « nous ne sommes pas dans une caserne, nous n’avons pas à être caporalisés. Il est normal qu’à l’issue d’un certain nombre de divergences et de mauvais coups nous nous exprimions. Mais nous sommes parfaitement conscients que nous sommes minoritaires dans une majorité écrasante », a déclaré le député.
« Il ne faudrait pas que ça continue comme ça (…). C’est suicidaire de se soumettre et d’avaler des couleuvres, mais ce serait aussi suicidaire pour nous (…) que de partir du gouvernement et de quitter cette majorité. Donc nous n’avons pas beaucoup le choix », a-t-il ajouté
Les Verts font partie de la majorité
« J’ai écouté Monsieur de Rugy qui a nettement pondéré ces propos », a réagi pour sa part le sénateur PS David Assouline. « Les ministres écologistes n’ont pas l’air de se poser des questions, ils sont à plein dans leur job », a-t-il ajouté LCI. Quant à la question de savoir pourquoi Jean-Vincent Placé était si perplexe, le porte-parole socialiste a lancé: « parce qu’il n’est pas ministre ».
« Je pense que c’est une question qui concerne cette formation politique et qu’ils doivent se la poser entre eux », a renchéri Fleur Pellerin, Ministre déléguée de l’Innovation et de l’Economie Numérique. « C’est peut-être une impatience vis-à-vis de la fiscalité écologique (…). Ca ne s’improvise pas à la hâte comme ça, c’est un travail qui est en cours sous l’égide de Delphine Batho », a-t-elle ajouté sur i-Télé.
« Je crois que Les Verts ont toute leur place au gouvernement », a aussi jugé le Ministre de l’Intérieur, Manuel Valls sur France Info. Pour lui, les ministres Verts « savent qu’il faut redresser les comptes publics, qu’il faut se tenir à la compétitivité de nos entreprises ».
Il s’agit d’une « remarque personnelle qui ne reflète pas l’état d’esprit des écologistes », a ajouté Harlem Désir, le patron du PS jugeant les propos « décalés ». « Les écologistes ont toute leur place dans la majorité », a-t-il ajouté comme pour colore le débat.
La majorité se fissure?
Du côté de l’UMP, on raille cette sortie. « Ca montre que la majorité continue de se fissurer et qu’il y a une très grande fragilité de la majorité hétéroclite que François Hollande a soudé uniquement sur l’anti-sarkozysme », a asséné Valérie Pécresse, soutien de François Fillon dans la course à la présidence de l’UMP.
La crise « est larvée mais elle existe », a encore jugé Valérie Pécresse sur France 2. « Elle va apparaître au grand jour au fur et à mesure où la majorité refusera de voter les textes proposés par François Hollande. François Hollande, non seulement n’est pas capable de décider, n’est pas capable de fixer un cap, mais en plus n’est pas capable de se faire obéir par sa majorité. C’est assez tragique comme situation ».
(Sipa / 09.11.2012 13h47)
« Verts »:
Pascal DURAND
met en garde
contre les
« propos trop définitifs »
PARIS (Sipa) — « Je crois que chacun doit se garder de propos trop définitifs ou d’emportements passagers », déclare vendredi le secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts, Pascal DURAND, réagissant sur le site du Journal du Dimanche aux interrogations exprimées le matin même par le président du groupe EELV au Sénat Jean-Vincent PLACE sur le bien-fondé de la présence des écologistes au gouvernement.
« Il y a des interrogations légitimes », reconnaît M. DURAND, citant en exemple « l’entêtement » sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et « les arbitrages sur le rapport Gallois ». Sur les 22 milliards de crédit d’impôt à destination des entreprises décidés par le gouvernement, « nous aurions aimé mettre des conditionnalités aux aides », développe-t-il, regrettant une « absence (…) de dialogue ». Le chef des écologistes appelle également le gouvernement à mettre en oeuvre une fiscalité écologique avant 2016. « Jean-Marc AYRAULT a pris cet engagement. Il a clairement dit qu’elle serait mise en oeuvre dans le cadre de la grande réforme fiscale de 2014″, rappelle-t-il.
Pascal DURAND ne remet toutefois pas en cause la participation des écologistes au gouvernement. « Il faut effectivement que les écologistes montrent qu’ils apportent une valeur ajoutée à l’action de la majorité et du gouvernement. C’est ce que font nos deux ministres », juge-t-il. « Le concert des petites phrases, ça fait parler des uns et des autres, mais ça n’aide pas le travail collectif », insiste-t-il.
(Sipa / 09.11.2012 15h44)
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