LES OGM, C’EST DEPASSE ! (Jacques TESTART) + UN SUPER BONUS ! (Compilations FRANCE et MONDE par « m5p »)
Les OGM, c’est dépassé !
29 septembre 2012 Par « Les invités de Mediapart«
« Produits industriels lourds et peu modulables », les OGM, et en particulier les plantes génétiquement modifiées, « sont à contre-courant des solutions qu’exige la situation réelle »: une « grande souplesse adaptative», « tant les caractéristiques de l’environnement sont peu prévisibles, même à court terme ».
Par Jacques TESTART,
Président d’honneur de la Fondation Sciences Citoyennes (FSC).
Avec les plantes génétiquement modifiées (PGM), l’ambition est de donner aux végétaux cultivés des propriétés non réalisées par l’évolution ou par la sélection traditionnelle. Dans cet essai démiurgique, il est significatif que la transgenèse tende actuellement à laisser place à la mutagenèse, laquelle veut provoquer des chemins évolutifs inédits : « accélérer l’évolution » plutôt que transférer à telle plante une propriété existant ailleurs. La première question est alors celle de la capacité de l’espèce humaine à y réussir, c’est-à-dire à atteindre et surtout à maîtriser de tels enjeux.
Bien que la compétence pour induire des modifications du vivant soit démontrée, la maîtrise de ces effets est contestable, d’abord parce que nombre d’OGM manifestent des propriétés imprévues. Ainsi, pour les PGM, des fragilités culturales ou des défauts qualitatifs sont souvent observés (intolérances climatiques, exigences nutritionnelles, anomalies de constitution), de même que les animaux génétiquement modifiés utilisés en recherche se montrent plus fragiles (1). Si la surmortalité des rats ou des souris génétiquement modifiés de laboratoire n’est pas un obstacle pour le succès des expérimentations, la vulnérabilité fréquente des plantes génétiquement modifiées exige des attentions particulières (éviter le vent, la sécheresse, augmenter les intrants…) qui sont sans rapport avec le caractère que recherchait la transgenèse, et signalent une complexité du vivant qui nous échappe largement.
Mais les PGM peuvent aussi altérer leur environnement en provoquant des effets imprévus et indésirables sur la flore ou la faune alentour (atteintes à la biodiversité, acquisition de résistances aux pesticides chez des insectes prédateurs ou des plantes envahissantes). Ces résultats, et ceux de la thérapie génique, montrent qu’à ce jour nous ne maîtrisons pas la transgenèse dans la totalité des phénomènes qu’elle peut induire. Et on peut être certains que les complications visibles ne sont qu’une fraction des effets délétères réellement créés.
Une des causes de l’assurance des producteurs de plantes génétiquement modifiées, qui les pousse à disséminer déjà et malgré tout leurs constructions génétiques, est le réductionnisme moléculaire qui considère chaque gène comme indépendant des autres. Cette vision est battue en brèche par les progrès de la génétique et on ne devrait plus négliger les interférences du génome avec le dedans du corps comme avec le dehors (la nature), car une vision systémique des interactions des molécules avec les êtres vivants, et des êtres vivants entre eux, s’impose progressivement. Clairement, nous sommes très loin d’une connaissance suffisante de ces phénomènes qui nous permettrait de maîtriser les artifices que nous créons. Certains croient que nous y parviendrons et promettent des avantages inédits pour les PGM dans un futur savant : ces plantes dépasseraient alors leurs fonctions actuelles, plutôt rudimentaires (tolérer des herbicides ou produire des insecticides), pour s’intégrer dans le progrès médical, industriel ou alimentaire.
On devrait en conclure que les PGM sont à remiser dans les laboratoires jusqu’à ce que la science nous ait permis de (presque) tout comprendre du monde vivant, un délai de précaution qui s’appuie aussi sur l’absence d’avantages pour les consommateurs des PGM actuellement disponibles.
Mais il est une autre caractéristique intrinsèque des PGM, c’est leur inadaptation à la transition écologique, laquelle constitue une cause impérative pour la suite du monde. Les PGM auraient pu, malgré leurs insuffisances mais grâce à leurs promesses, trouver place dans la période productiviste qui culmina avec les Trente Glorieuses, quand triomphaient sans contestation les hybrides et la monoculture hautement mécanisée.
Pourtant, ces sous-produits de la révolution génétique des années 60 arrivent au moment où il faut très vite développer l’agriculture de proximité, réduire les intrants (pesticides, engrais, eau, carburants), diversifier les productions locales, libérer les semences des brevets, sauver les espèces menacées, réduire fortement notre alimentation carnée (80% des PGM servent à nourrir les animaux) et offrir des perspectives de main d’œuvre abondante, toutes conditions auxquelles s’opposent les PGM.
Cela ne signifie pas que la messe du progrès technique est dite et qu’on devrait revenir à l’agriculture de grand-papa ! L’agriculture paysanne nécessite des recherches et des innovations (économie de l’eau, gestion biologique des nuisibles, élargissement de la diversité cultivée, adaptation de la plante au terroir…) pour faire face aux changements climatiques et à l’épuisement des ressources fossiles. Elle exige aussi une grande souplesse adaptative, en particulier des semences, tant les caractéristiques de l’environnement sont peu prévisibles, même à court terme. Cette souplesse propre à l’agriculture paysanne, qui adapte continuellement la semence au climat, est hors d’atteinte avec des processus technologiques qui nécessitent de nombreuses années. Pourtant, c’est aux semences paysannes et pas aux PGM que s’attaquent les institutions européennes noyautées par le lobbyisme.
Ainsi les PGM, produits industriels lourds et peu modulables, sont à contre-courant des solutions qu’exige la situation réelle.
C’est pourquoi la controverse sur les PGM oppose, sans chance de réconciliation, écologistes (ceux qui tiennent que l’homme est de la nature) et scientistes (ceux qui croient possible et souhaitent l’asservissement de la nature), ces derniers condamnant la précaution comme « sacralisation de la nature ». Car les PGM ressortissent d’une technologie à prétention démiurgique mais déjà obsolète.
C’est pourquoi les arguments échangés, même dans un débat policé, demeureront sans effet tant qu’ils se cantonneront à des expertises scientifiques. C’est pourquoi l’analyse des PGM au cas par cas, comme il est d’usage dans tous les lieux d’expertise, est aussi un moyen de noyer les nuisances qui leur sont communes. Le comble de la confusion entre expertise technique et choix politique est atteint avec un projet russe qui érige la transparence en intelligence et propose « une expérience publique, qui doit prouver le préjudice ou confirmer l’innocuité de l’utilisation d’OGM. Il sera possible d’observer sur internet les rats de laboratoire ».
A l’évidence, nous manquons de certitudes scientifiques, mais il faudrait surtout s’accorder sur l’avenir que nous voulons, l’avenir qu’en connaissance de cause nous sommes en position de vouloir.
(1) Quelques exemples d’imprévus pour les plantes génétiquement modifiées: maïs qui ne se relève pas après un coup de vent, tomate au goût désagréable, prune dont la chair adhère au noyau, melon qui explose avant maturité… et pour les animaux GM : saumon à tête difforme, vaches et moutons diabétiques… Voir OGM : quels risques ?, J. Testart et Y. Chupeau, Ed. Prométhée, 2007.
OGM: et si c’était vrai ? Compilations d’informations (France & Monde)
(m5p)
Comme nombre de français pour qui « manger » n’est pas qu’un mot et une nécessité mais un « mode de vie » et un grand plaisir, je n’ai jamais bavé d’envie à l’idée de déguster des « Organismes génétiquement modifiés ». Allez savoir pourquoi, la sonorité de ce « met » ne titille pas mes babines.
Comme nombre de français je SAIS que les OGM sont mauvais pour la santé et la nature.
Et je sais aussi que je ne sais pas comment je le sais. L’instinct de survie peut-être ?
Quoiqu’il en soit, je n’avais pas auparavant creusé la question car dans mon pays les OGM ne sont pas autorisés à la culture.
Seulement hier, mercredi 19 septembre 2012, une étude réputée « sérieuse » et « complète », la première du genre à durer 2 ans (précédent maximum 3 mois) et menée par des scientifiques français, a été rendue publique:
Oui les OGM sont des poisons (Nouvel Obs). Ses conclusions sont plus qu’alarmantes et surtout, me concernent plus que je ne pensais. Car en effet, si la culture d’OGM est proscrite en France, l’importation ne l’est pas. Que cela signifie-il ? Et bien tout simplement que vous et moi consommons indirectement des OGM.Autrement dit, alors que je ne souhaite pas en consommer et que mon pays a fait le choix de ne pas en faire la culture, des politiciens ont pris la responsabilité de contrôler le contenu de mon assiette. Et ça….comment dire….ça me met les nerfs P***** de B**** de M***** sa R**** !!!!
Alors j’ai décidé d’approfondir la question point par point.
5 février 1998, une décision du Conseil d’Etat, saisi par Greenpeace, suspend la commercialisation du maïs transgénique pourtant autorisée par le ministère de l’Agriculture par application du principe de précaution. Le 5 avril 2000 est rendu public le Rapport de la commission d’enquête parlementaire sur la « transparence et la sécurité sanitaire de la filière alimentaire en France » : recommandations visant à interdire les OGM. Pourtant le 12 avril le Parlement Européen vote un projet de directive autorisant la culture sous de fortes précautions.
Le 23 juin 2000 suite aux révélations de Sud-Ouest, le gouvernement confirme la présence d’OGM dans des semences de maïs conventionnelles importées des Etats-Unis et semées sur quelques 3000 hectares dans le sud-ouest de la France. Dominique Voynet, ministre de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire, se prononce pour l’arrachage des plants de maïs contaminés mais le gouvernement recule. Le 5 aout, le gouvernement ordonne la destruction de 46 hectares de cultures de semences de soja, en provenance des Etats-Unis, contaminées avec des organismes génétiquement modifiés, dans les Bouches-du-Rhône et l’Hérault. Le 22 novembre 2000 le Conseil d’Etat valide un arrêté du Ministère de l’Agriculture de février 1998, autorisant la commercialisation de trois variétés de maïs OGM tandis que le 1er mars 2001 le Tribunal Administratif de Paris condamne le Ministère de l’Agriculture à communiquer la liste des communes de France où des expérimentations de culture d’OGM ont été réalisées.
Directive 2001/18/CE du Parlement européen et du Conseil du 12 mars 2001 relative à la dissémination volontaire d’OGM dans l’environnement et abrogeant la directive 90/220/CEE. Elle a pour but de rendre la procédure d’autorisation de dissémination volontaire et demise sur le marché des organismes génétiquement modifiés (OGM) plus efficace et plus transparente, de limiter cette autorisation à une durée de 10 ans renouvelable et d’introduire un contrôle obligatoire après la mise sur le marché des OGM.
En clair rebelote. Les associations attaquent, parfois ça marche et le gouvernement suit comme pour le Colza en 2004. Et parfois le cadre légal ne bouge pas et ce sont les pressions qui incitent le marché de la vente d’OGM à ne pas se développer en France, ce qui n’empêche pas les agriculteurs de se fournir dans les pays voisins notamment l’Espagne comme avec le Mon810.
En 2007 Nicolas Sarkozy nouvellement élu fait « un truc très bien »: le Grenelle de l’environnement. Malgré les fortes pressions du groupe Monsanto et des scientifiques, un Arrêté du 7 février 2008 fait jouer la « clause de sauvegarde » (Article 23 de la Directive) suite à un « doute sérieux » portant notamment sur le Mon810 et de là, la culture commerciale du Mon810 est interdite en France.
Ce qui a nouveau n’empêche pas l’importation!
Plus surprenant, 2 mois plus tard, en Avril, le gouvernement Fillion propose une loi visant à autoriser la culture OGM en France. Rejetée par l’Assemblée, le gouvernement décide de passer outre en convoquant une commission mixte paritaire qui aboutit à la loi du 25 juin 2008 qui impose un cadre légal stricte de la culture OGM et crée, entre autre, le« délit de fauchage ». Touche pas à mon OGM José Bové!!
12 février 2009 : Publication par l’AFSSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments) d’un avis positif sur le Mon810.
20 juillet 2010 : Décret inscrivant 38 variétés de maïs OGM dans le catalogue officiel des espèces et variétés en France. Ces variétés sont autorisées à la commercialisation mais pas à la culture.
29 octobre 2010 : L’INRA annonce l’arrêt des recherches OGM à vocation commerciale
Le 9 septembre 2011, la « salope » de Cour Européenne de Justice a jugé que l’invocation de la « clause de sauvegarde »pour interdire la culture du maïs Mon810 par la France n’avait pas de base légale. Et donc le Conseil d’État a annulé l’arrêté de 2008.
6 janvier 2012 : Publication par le gouvernement de l’ordonnance mettant enconformité la législation française avec le droit de l’UE en matière d’OGM.
16 Mars 2012 : Le ministère de l’agriculture interrompt, par arrêté, la culture du maïs génétiquement modifié Mon810 en France.
21 Mai 2012 : L’Autorité Européenne pour la Sécurité Alimentaire (EFSA) a rendu un avis négatif à la demande de la France de suspendre l’autorisation de mise en culture du maïs transgénique Mon 810.
Mais quelle galère !!!
Autorisé, pas autorisé. Culture à vocation commerciale ou recherche, décision du gouvernement français (pour qui ont a voté), décision de l’UE (qui nous emmerde!), une loi pour, un décret contre. C’est pour ça que l’on retrouve sur la page Wikipédia de la réglementation des OGM en France, une introduction pour le moins surprenante: « La culture d’OGM en France est donc aussi autorisée en principe, mais n’est pas pratiquée pour cause d’interdiction nationale. »Oui…mais…Non LOL
Une flopée de scientifiques font l’éloge de l’OGM depuis 10 ans et maintenant, voilà une étude présentée comme la première à être réalisée sur plus de 2 ans et qui parvient à des conclusions inverses!!!
Pour creuser l’aspect juridico-politique (chronologies très complètes):
Repères chronologiques de 1990 à 2003
Historique des évènements relatifs aux OGM en France et dans le monde.
Si cette étude est vraie, cela signifie que les autorités françaises et européennes ont plaisanté avec notre santé pendant 20 ans. Ni plus ni moins.
Et puis en quel honneur serions-nous obligé de demander l’autorisation des cols-blancs de Bruxelles pour manger et cultiver ce que nous voulons dans notre propre pays ?
Je veux bien que la communauté européenne ait des règles communes mais de là à dire aux gens ce qu’ils doivent ou non manger faut pas déconner. Car nous n’avons pas le choix!
Quand des dirigeants organisent un système agro-alimentaire où l’importation est la pièce maitresse du circuit car, d’une part aucun pays de l’UE ne peut subvenir à ses propres besoins et d’autre part que même si c’était le cas, l’Europe interdit le protectionnisme au niveau national: Nous sommes baisés!
Quand ce n’est pas directement dans notre assiette qu’on place un OGM mais dans la mangeoire des animaux que nous consommons, nous perdons toute capacité de contrôle sur notre propre chaine alimentaire viciée à sa base dans notre ignorance, puisque l’étiquetage OGM n’existe pas légalement : Nous sommes baisés!
On parle de tumeurs cancéreuses quand même hein!
La moindre des choses serait de traiter ça avec moins de légèreté. Si maintenant la science se met à avoir des certitudes sur son ignorance…
A quoi cela sert-il d’effectuer une contre-expertise ne répondant pas au même sérieux que l’expertise prise pour comparaison ?
En vérité, nous apprend Rue89 « comme pour les médicaments, c’est l’industriel qui réalise lui-même les études sur les risques éventuels du produit et les soumet à l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (Efsa), compétente depuis 2003. Le protocole actuel prévoit que ces études durent trois mois, notamment pour en limiter les coûts ». Il faut préciser également que« l’impartialité de l’Efsa est sérieusement mise en doute depuis que sa présidente, Diana Banati, a dû démissionner pour cause de conflit d’intérêts (elle était aussi membre de l’International Life Science Institute, le lobby de l’industrie chimique). » La nouvelle occupante du poste n’a guère l’air de valoir mieux ! Décidément Bruxelles ne veut pas nous foutre la paix avec les OGM, la pression des États-Unis est sans doute forte. Quoiqu’il en soit le 1er ministre Jean-Marc Ayrault a affirmé que « si le danger de l’OGM NK 603 était vérifié, la France défendrait au niveau européen son interdiction ». En se fondant sur l’avis de l’Anses (Agence de sécurité alimentaire française).Sous-entendu, en zappant celui de l’Efsa. Mais en attendant ? « Il est obligatoire d’éviter tout risque pour la santé humaine ou animale » selon José Bové qui plaide sur RMC pour un moratoire y compris sur l’importation.
Et puis de toute façon, « ce maïs n’est pas importé en France, selon le Ministère de l’Agriculture » (20 minutes). Philippe Joudrier, ancien président d’un Comité d’Expert Spécialisé en Biotechnologie de l’Afssa, en charge de l’évaluation des OGM de 2006 à 2009 et auteur du livre OGM: Pas de quoi avoir peur, se veut lui rassurant. «Je peux vous rassurer tout de suite, personne ne mange d’OGM, ce n’est pas possible.» « A partir du moment où il y a eu transformation dans l’animal, leur trace est impossible à détecter« . Prend nous bien pour des cons Impossible à détecter ne dit pas absente.Et cette transformation qu’aurait-elle donné si on avait pas abattu l’animal à 3 ans pour en faire un steak mais qu’il avait vécu ses 20 années de vie nourrit aux OGM ?
Il est impossible de nous garantir que le poison que cet animal a consommé ne l’aurait pas rendu malade. Or nous, humains, ne sommes pas abattu à 3 ans, nous allons être amené à consommer cette viande nourrit d’OGM pendant plusieurs décennies de notre vie puisqu’elle représente déjà 80% de la viande vendue en France.
L’animal n’est pas laissé en vie assez longtemps pour que l’accumulation suffise mais ce n’est pas notre cas.
Le rat vit 2 ans et a développé ses maladies au 13ème mois soit à la moitié de sa vie.
C’est là la seule référence dont nous disposons sur le long terme et elle est négative!
Le bovin n’a jamais atteint la moitié de sa vie et les premiers cobayes parmi nous datent des années 90 aux USA et en Europe ces dernières années.
Alors quoi, il faudrait attendre 20 à 30 ans pour voir si il n’y a pas en 2040 une explosion des cancers du sein chez la femme et des reins chez l’homme ?
Comment se montrer aussi sûr de soi à propos d’une technique si jeune ?
Et si ils sont si sûr d’eux pourquoi autant de mystères ?
Pourquoi refuser une contre-expertise sérieuse ? Pourquoi ceux qui ont réalisé cette étude ont dû le faire dans le plus grand secret ? Pourquoi des groupes comme Carrefour et Auchan qui ne vendent pas que du Bio loin de là, auraient-ils crachés 3 millions d’euros dans une telle étude si ce n’est pour se prémunir des futures scandales sanitaires ?
Rien n’est normal avec les OGM. Pas plus les produits que ceux qui les défendent corps et âmes.
Après la publication de l’étude dans la prestigieuse revue américaine « Food and Chemical Toxicology » la bataille d’experts a repris de plus belle et tous se contredisent.
Ainsi Gérard Pascal dans Le Monde précise que « l’équipe de chercheurs a choisi, pour les expérimentations, une espèce de rats qui développent spontanément des tumeurs » argument que l’on retrouve sur Rue89 dans la bouche de Marc Fellous, professeur de génétique à l’Inserm et déjà condamné pour diffamation contre M. Séralini. Les deux hommes s’appuient sur le même »article de la revue Cancer Research datant de 1973 et qui conclut que 45% de ces rats ont des tumeurs à 18 mois« . La journaliste de Rue89 a l’intelligence de vérifier l’information et il apparait que cette étude a été « réalisé par une biologiste américaine, chercheuse indépendante. Sur cette base, Marc Fellous n’est donc « pas sûr que cet article soit fait dans les règles de la science ». Et, « Après confirmation auprès des chercheurs du CNRS » il apparait au contraire que « le rat Sprague Dawley est bien l’un des plus couramment utilisés en laboratoire ».
La critique concerne également le nombre (200) de rats-cobayes: et là, le Criigen (Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le Génie Génétique) répond tout net : « On aurait aimé que nos détracteurs soient aussi critiques vis-à-vis des études de Monsanto qui n’ont jamais porté sur plus de dix rats par groupe, ce qui ne les a pourtant jamais dérangés.
- les rats du premier groupe n’ont ingéré ni OGM ni pesticide ;
- ceux du deuxième groupe ont bu un pesticide au taux de concentration présent dans l’eau du robinet ;
- ceux du troisième groupe ont consommé des maïs OGM à des doses plus ou moins concentrées (sans pesticide) ;
- ceux du dernier groupe ont été nourris au maïs OGM traité avec pesticide.
Un taux de mortalité élevé a été constaté chez les rats ayant ingérés des pesticides et/ou du maïs OGM (les trois derniers groupes). Et plus surprenant pour les chercheurs, l’absence de pesticides n’a pas changé le résultat. Autrement dit l’OGM seul suffit aussi.
Les maladies dont il s’agit ici sont de nature cancéreuse.
« Chez les femelles, il s’agit d’explosions de tumeurs mammaires disproportionnées. Chez les mâles, le foie et les reins sont atteints d’anomalies marquées ou sévères. Les rats OGM ont deux à trois fois plus de tumeurs que les rats non OGM, quel que soit leur sexe »(Rtbf Belgique).
«Le crime, c’est que ça n’ait pas été testé avant, que les autorités sanitaires n’aient pas exigé des tests plus longs alors qu’on est à 15 ans de commercialisation des OGM dans le monde»commente M. Séralini (La Dépêche).
Les produits les plus concernés sont les huiles de soja, les corn-flakes, et les sauces notamment importées des Etats-Unis. Mais quitte à être vigilant autant regarder la carte des pays producteurs d’OGM:
« Mais on en trouve surtout dans la viande ». Anaïs Fourest, chargée de campagne à Greenpeace, explique les lacunes de la législation à Rue89:
« Depuis le 1er juillet dernier, certains produits sont signalés “sans OGM”, mais il y a un vide sur les produits animaux, or c’est là où il y en a le plus.80% des animaux d’élevage ont été nourris aux OGM, principalement du tourteau de soja venu du continent américain. »
Valérie Bris, responsable de l’alimentation animale chez Coop de France qui représente 70% des entreprises du secteur, confirme: «La France est dépendante à 40% pour ses besoins en protéines, essentiellement du soja. Or, sur le marché mondial, le produit standard est OGM» . Aussi, « moins d’un quart du cheptel français n’est pas nourri aux produits OGM » (20 minutes).
En clair Watch out ta bavette !
Le lait et les oeufs non issus de l’agriculture biologique ou certifié « sans OGM » sont à ranger dans le même panier.
Liste Greenpeace des Viandes, Poissons et Fromages classés par type et par supermarché contenant ou non des OGM (très complète et trop longue!)
Liste Greenpeace des produits laitiers classés par type et par supermarché contenant ou non des OGM.
Quelques photos de produits encore en supermarché et contenant des OGM (Greenpeace)
« Or, les viandes et autres produits issus du règne animal (oeufs, produits laitiers, biscuits…) ne sont soumis à aucune obligation d’étiquetage quand aux éventuelles traces d’OGM ».
(Nouvel Obs)
Etude controversée sur un maïs OGM: les questions soulevées
PARIS – La méthodologie de l’étude du chercheur français Gilles-Eric Séralini, qui affirme avoir démontré la toxicité d’un maïs OGM sur des rats, est critiquée par d’autres scientifiques et par des agences sanitaires sur plusieurs points :
- TAILLE DES ECHANTILLONS: l’étude a porté sur dix échantillons de 20 rats: trois groupes avec OGM, trois groupes avec OGM et l’herbicide Roundup, trois groupes avec le seul Roundup, chaque groupe étant divisé en deux échantillons, l’un de femelles, l’autre de mâles. Et un groupe témoin, qui a ingéré du maïs non transgénique non exposé à l’herbicide, composé de 10 femelles et dix mâles. Une taille d’échantillon jugée statistiquement suffisante pour des études de 90 jours mais pas pour des durées plus longues (l’étude a duré deux ans).
- TYPE DE RATS UTILISES: les rongeurs utilisés sont issus de la couche dite de Sprague-Drawley, connue pour développer facilement des tumeurs cancéreuses. Dans le groupe témoin femelles, 50% des animaux ont développé des tumeurs mammaires.
- COMPOSITION DES MENUS: la composition précise de l’alimentation des rongeurs n’est pas fournie, ce qui ne permet pas de vérifier que le régime était équilibré et qu’il n’a pas contribué à la dégradation de la santé des animaux. L’Agence Sanitaire Allemande a également relevé dans son avis l’absence de données sur l’évolution du poids corporel des rats, qui permet aussi de juger de l’équilibre alimentaire.
- ANALYSE STATISTIQUE: l’agence allemande souligne que la partie sur la mortalité et les tumeurs apparues comprend des données descriptives mais pas d’analyse statistique. Les augmentations sont données en % et non en valeurs absolues, est-il également relevé. Est aussi mis en avant un manque de données expérimentales en faveur de la thèse des auteurs, selon laquelle les effets toxiques observés seraient dus à des perturbations hormonales.
- HYPOTHESES: Alain Paris, chercheur à l’INRA, souligne qu’une étude scientifique commence par la rédaction d’une ou de plusieurs hypothèses, que l’expérimentation va ensuite vérifier ou infirmer, et que l’étude du Pr Séralini ne comprend pas ce point de départ. Il pointe la différence avec une étude réglementaire en vue d’une homologation (produite par les industriels) qui s’attache à déceler des effets différents entre plantes OGM et non-OGM sur un critère essentiellement statistique, pour alerter sur une éventuelle toxicité.
- ADJUVANTS: la combinaison d’adjuvants et d’un principe actif, comme c’est le cas dans un herbicide, peut modifier les seuils de toxicité. Pour le Roundup, le principe actif a été largement étudié et déclaré sans effet cancérigène ni sur la mortalité ou le système endocrinien. Mais il n’y a pas d’étude portant à la fois sur l’effet combiné des adjuvants et du principe actif. Les réglementations relatives à la toxicologie ne l’exigent pas, note l’agence allemande.
(©AFP / 04 octobre 2012 19h22)
OGM: Le Foll attend l’avis de l’ANSES pour se prononcer sur l’étude Séralini
PARIS – Le Ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, attend l’avis de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) pour se prononcer sur l’étude Séralini sur la toxicité d’un maïs OGM de Monsanto, dont l’avis l’emportera auprès du Ministre sur les réserves de l’Agence Européenne.
Moi, j’ai saisi l’ANSES et j’attendrai ses conclusions, a assuré le ministre vendredi 5 octobre 2012 à la presse.
En fonction de ses conclusions, je dirai à ce moment-là ce que je pense, a-t-il ajouté.
Mais, quoi qu’il arrive, le ministre souhaite poser la question globale des protocoles d’autorisations sur les OGM.
Stéphane Le Foll avait déjà dit vouloir des règles d’homologation fondées sur des études scientifiques qui fassent clairement le point sur les avantages et inconvénients des OGM et en particulier sur les risques sanitaires et environnementaux de dissémination.
D’ailleurs, pour plus de la moitié des OGM étudiés, l’ANSES estime que les données fournies par l’industriel ne sont pas suffisantes pour conclure sur la sécurité sanitaire liée à la consommation de l’OGM.
Jeudi, l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) a rejeté en l’état l’étude du chercheur Gilles-Eric Séralini qui porte sur la toxicité d’un maïs OGM, la jugeant inadéquate et insuffisante.
Publiée mi-septembre, cette étude sur la toxicité du maïs OGM NK603 produit par Monsanto montrait des rats avec d’importantes tumeurs létales.
Ce travail du Français Gilles-Eric Séralini est la première au monde à étudier aussi complètement l’effet d’un OGM sur des rats pendant deux ans, alors que ces produits sont autorisés à la vente sur la base de tests sur trois mois.
(©AFP / 05 octobre 2012 18h54)
OGM:
l’Autorité européenne demande à Séralini de coopérer sur son étude
BRUXELLES – L’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) attend des réponses du chercheur français Gilles-Eric Séralini concernant les lacunes trouvées dans son étude sur la toxicité d’un maïs OGM, et est prête à lui donner du temps, a déclaré lundi à l’AFP sa directrice.
Nous espérons recevoir des réponses dans le courant de la semaine, a dit Catherine Geslain-Lanéelle. S’il a besoin de temps, nous le lui donnerons, a-t-elle ajouté.
La directrice de l’EFSA a précisé avoir adressé un courrier au chercheur et a souhaité qu’il accepte de soumettre ses travaux au questionnement de ses pairs.
Quand on dit qu’on a des éléments de preuves sur un possible impact sur la santé, on ne peut que coopérer pour convaincre du bien fondé du travail que l’on a réalisé, a-t-elle souligné.
M. Séralini a publié une étude selon laquelle la consommation du maïs transgénique NK603 et d’un herbicide contenant du glyphosate (RoundUp) de Monsanto par des rats était associée à un risque accru de tumeurs.
Le NK603 est autorisé dans l’UE depuis 2003 pour l’alimentation animale et humaine sur la base d’un avis de l’EFSA assurant qu’il ne représente aucun danger pour la santé.
A l’EFSA, nous sommes prêts à refaire notre avis si de nouveaux éléments scientifiques l’imposent. Nous n’avons pas peur de cela, a affirmé Mme Geslain-Lanéelle.
Mais la première analyse de l’étude par un groupe d’experts de l’EFSA ne l’a pas jugée probante. Les Autorités de Sécurité Alimentaires en Allemagne et aux Pays-Bas ont rendu des avis similaires, a souligné Mme Geslain-Lanéelle.
Le chercheur français a rejeté les premières conclusions de l’EFSA. Il a annoncé refuser de donner des réponses aux questions posées et de transmettre les informations destinées à combler des lacunes dans son étude.
Nous attendons qu’ils fournissent les éléments qui ont permis d’autoriser cet OGM et ce pesticide, a-t-il déclaré.
Mme Geslain-Lanéelle s’est dite prête à communiquer ces éléments. Nous avons eu plusieurs demandes de scientifiques demandant communication des données sur l’avis sur le NK 603 au cours de ces dernières années, et nous les avons transmises, a-t-elle déclaré.
Elle n’a pas exclu de les publier sur le site de l’EFSA. Ce ne serait pas une mauvaise idée, a-t-elle commenté.
Elle a rejeté les accusations de partialité portées contre le premier avis rendu jeudi par l’EFSA sur l’article publié par le chercheur français. Cet avis n’a pas été rendu par un panel, mais par un groupe d’experts membres du personnel de l’EFSA, a-t-elle expliqué.
Le Britannique Andrew Chesson, qui est mis en cause, n’a pas pris part à la rédaction du pré-avis. Il a été consulté pour le relire, a affirmé la directrice de l’autorité européenne.
L’EFSA rendra un avis finalisé sur l’étude de Gilles-Eric Séralini une fois obtenues toutes les données réclamées, et en intégrant les avis des autorités nationales chargées de la sécurité alimentaires dans les Etats membres.
Nous savons qu’une réunion est prévue entre M. Séralini et l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) en France, a indiqué Mme Geslain-Lanéelle.
L’ANSES et le Haut-Conseil pour les Biotechnologies doivent rendre un avis le 20 octobre 2012, et il sera pris en compte, a-t-elle expliqué.
Nous rendrons l’avis final après, fin octobre ou début novembre, a-t-elle précisé. Nous voulons faire un travail sérieux. L’enjeu c’est la santé, a-t-elle conclu.
(©AFP / 08 octobre 2012 20h59)
RISQUES SANITAIRES
Etude OGM :
« J’attends des critiques objectives, de caractère scientifique »
(NOLWENN WEILER) (8 OCTOBRE 2012)
L’étude sur les OGM publiée par l’équipe du Professeur Gilles-Eric Séralini déchaine les passions. Les résultats alarmants font réagir l’industrie de l’agrobusiness. Les critiques et les doutes émis sur la méthodologie de cette recherche sont-ils fondés ? Quels enseignements peut-on réellement tirer de cette étude ? Entretien avec le biologiste Robert Bellé, qui a démontré la dangerosité du Roundup il y a 10 ans.
La méthode de travail de l’équipe du Professeur Gilles-Eric Séralini, pour analyser l’impact sanitaire de l’OGM NK603 de Monsanto, vous semble-t-elle recevable, d’un point de vue scientifique ?
Robert Bellé : L’étude de l’équipe de Gilles-Eric Séralini est publiée dans un journal très coté en toxicologie. Elle a été analysée et expertisée par les « arbitres » du journal. Le protocole expérimental a donc lui aussi été expertisé. Pour une recherche de science fondamentale, ce protocole me paraît tout à fait correct. Je suis persuadé que s’il en avait eu les moyens, l’auteur aurait augmenté le nombre de rats pour renforcer ses résultats ou se serait engagé avec d’autres espèces sur des durées encore plus longues. Les résultats sont présentés avec le protocole choisi et c’est bien de cela dont il faut tenir compte aujourd’hui.
Quels sont les principaux enseignements de cette étude ?
Le premier enseignement concerne les effets du pesticide Roundup. La publication montre que le Roundup augmente l’incidence et la précocité de l’apparition des tumeurs. Ce n’est pas une réelle surprise dans la mesure où notre équipe, dès 2002 – et bien d’autres depuis – ont démontré que le Roundup pouvait agir sur des cellules et des mécanismes liés au déclenchement d’une tumeur. Chaque cellule possède ses propres moyens de défense contre la formation de tumeurs, par des mécanismes de maintien de la « stabilité génétique ». La cancérisation commence dans toutes les cellules par la levée de ce verrou biologique. C’est sur ce mécanisme que le Roundup agit. Et c’est à ce titre qu’il est, à mon avis, « potentiellement cancérigène ».
Le Roundup est un mélange contenant le produit actif, le glyphosate. Nos résultats, et bien d’autres, insistent sur le fait que le glyphosate pénètre les cellules grâce aux autres produits du mélange. C’est la raison pour laquelle les études menées sur du glyphosate pur ne donnent pas les mêmes résultats que celles effectuées avec du Roundup (ou d’autres produits à base de glyphosate). Dans l’analyse des articles ou des tests réglementaires, il faut être très attentif au produit qui est effectivement utilisé. Le pesticide est toujours un mélange : seul, le glyphosate pur ne serait pas actif sur les plantes, faute de pouvoir entrer dans les cellules.
Le Roundup est cancérogène, mais qu’en est-il de l’OGM étudié ?
Le maïs transgénique qui n’a jamais été traité au Roundup donne des effets comparables à celui qui a été traité. C’est la deuxième révélation de l’étude. Les auteurs discutent ce point dans leur publication car j’imagine qu’ils ne s’attendaient pas à ce résultat. Les constatations obtenues avec le Roundup concernent seulement les OGM tolérants au pesticide. Comme dans ce cas ce n’est pas le Roundup qui a pu provoquer les tumeurs, cela pourrait remettre en cause tout type d’OGM. Les tumeurs des rats ont été produites par quelque chose fabriqué par le mais OGM (mais pas par le maïs normal). Si ce produit est lié à la réaction de défense des plantes contre le gène étranger, tout autre OGM pourrait être tumorigène, par la sécrétion de ce même produit. Tout cela bien sûr est au conditionnel. Mais les OGM non traités au Roundup représentent une minorité des OGM actuellement à l’étude. Ils constituent pourtant 80 % des OGM cultivés aujourd’hui.
Ces résultats doivent cependant être confirmés…
Comme tout résultat scientifique, celui-ci doit être reproduit et vérifié par différentes approches et avec différents modèles. J’ai recherché si des études épidémiologiques avaient été faites sur des animaux élevés avec des plantes OGM, sur une période assez longue pour provoquer des tumeurs ou des cancers. Je n’en ai pas trouvé. Avec mes connaissances de la biologie, je peux comprendre qu’un gène étranger dans une cellule ait des conséquences sur le fonctionnement même de la cellule. Mais qu’il provoque une réaction comparable à celle du Roundup chez les animaux me surprend.
Un troisième élément m’interpelle dans cette étude : les propositions pour améliorer la réglementation actuelle. Je ne peux m’empêcher de penser au test que j’avais proposé il y a maintenant neuf ans. Il permet une analyse automatisée rapide, à haut débit et à faible coût, de produits ou combinaisons de produits, pour évaluer leur pouvoir cancérigène ou tératogène (possible altération du développement de l’embryon, ndlr). Le principe de ce test porte sur l’analyse de la première division de l’œuf d’un animal marin, comme l’oursin, ce qui permet de trier rapidement les produits à risque, avant d’affiner les recherches. Passer ainsi au crible ces produits et leurs combinaisons permet de réduire considérablement le nombre de produits potentiellement à risque. Ce test aurait été très utile comme crible pour appliquer la directive européenne REACH (qui concerne l’évaluation de la toxicité et l’autorisation de 100 000 produits chimiques, ndlr).
Les critiques faites à l’étude du professeur Séralini vous semblent-elles étayées ?
Un scientifique doit analyser les publications de façon critique et objective. Cette publication particulièrement car elle présente des résultats sur le Roundup et sur les OGM servant dans l’alimentation, dont l’impact social est majeur. Certaines critiques me paraissent cependant démesurées ou manquant nettement d’objectivité scientifique. Personnellement, j’attends avec impatience des remarques et critiques objectives, de caractère scientifique. J’espère que les pouvoirs publics prendront les dispositions pour la sécurité des citoyens si cela doit s’avérer nécessaire.
Le fait que le professeur Seralini soit clairement identifié comme un militant anti-OGM pose-t-il problème ?
Ce qui m’intéresse, c’est son travail scientifique. Ses travaux lui procurent la conviction que les OGM, et notamment ceux tolérants au Roundup, sont dangereux pour les humains. Les résultats qu’il produit vont clairement dans cette direction. Il me paraît tout à fait louable qu’il informe le public sur des convictions acquises par ses expériences et celles des autres. Qu’il soit devenu militant est une question citoyenne que je n’ai pas à commenter.
Le Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le Génie Génétique (CRIIGEN), qui a lancé cette étude, se dit « indépendant ». La recherche en France, est-elle indépendante ?
Tout scientifique vous expliquera que l’évolution de la recherche publique laisse de moins en moins de liberté aux chercheurs, avec de plus en plus de financements sur programme, avec des objectifs de valorisation. C’est une orientation sans doute nécessaire, si elle ne met pas en péril la recherche fondamentale, qui est la meilleure source de « valorisation » dans l’avenir. Les recherches du professeur Séralini ont été financées par de grands groupes d’intérêt, en ce qui concerne les expériences, comme cela est indiqué dans l’article. Mais je n’oublie pas que le domaine public a aussi participé, pour les salaires et l’environnement scientifique. Je ne connais pas la part respective public/privé dans les travaux, et j’aurais préféré un financement intégralement public (comme sans doute le professeur Séralini). Je suis cependant ravi qu’il ait trouvé le moyen de faire ses recherches. Les agences nationales, comme l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail), ou internationales, peuvent subir les pressions de groupes d’intérêt. Mais elles sont très importantes. Il est de la responsabilité des pouvoirs publics de créer les conditions pour qu’elles puissent fonctionner en toute objectivité scientifique, et de sanctionner les dérives avérées.
Où en êtes-vous de vos recherches aujourd’hui ?
Les recherches sur les pesticides ont été arrêtées, faute de moyens de les réaliser. Ce n’est pas un problème car nos résultats sont publiés et de nombreux laboratoires dans le monde peuvent continuer et les approfondir. Je m’intéresse depuis plusieurs années à la « biologie des systèmes », qui permet d’appréhender le fonctionnement du monde vivant dans sa globalité, plutôt que par « petits morceaux ». Je ne doute pas que, dans un proche avenir, les méthodes et concepts de la biologie systémique pourront être utilisés aussi dans les études toxicologiques.
Nolwenn WEILER
Le Pr Séralini appelle à sortir de 15 ans de débats stériles sur les OGM
PARIS – Le professeur Gilles-Eric Séralini, auteur d’une étude tendant à démontrer la toxicité d’un maïs OGM, a appelé, mardi 9 octobre 2012, les députés à instituer les conditions d’une expertise contradictoire pour mettre fin à quinze ans de débat stérile sur les organismes génétiquement modifiés.
Il faut sortir du mythe de l’expertise indépendante pour instituer l’expertise contradictoire, a-t-il lors d’une audition devant les Commissions du Développement Durable et des Affaires Sociales de l’Assemblée Nationale.
Le député UMP Bernard Accoyer, qui avait mis en cause dans la journée une audition précipitée, a de nouveau contesté avec virulence l’étude du biologiste, notamment sur sa médiatisation ou son financement.
Nous ne parviendrons pas à apaiser le débat sans mettre sur la table l’ensemble des analyses de sang qui ont permis l’autorisation de ces produits, sinon nous sommes au Moyen âge de la connaissance scientifique, a répondu le Pr Seralini, appelant les députés à demander la levée du secret illégal sur les données ayant permis les autorisations d’OGM.
De plus, il faut instituer l’expertise contradictoire, avec chacun démasqué, a-t-il ajouté, pointant les intérêts industriels importants à réduire l’ampleur et la longueur des tests.
Les tests réglementaires doivent être publics, indépendants des compagnies et soumis à l’expertise contradictoire pour que nous puissions enfin sortir des débats stériles, qui durent maintenant depuis 15 ans, a-t-il ajouté.
M. Accoyer, dans un courrier à la présidente de la Commission des Affaires Sociales, avait jugé surprenant que cette audition intervienne avant même que les parlementaires puissent disposer des conclusions sur la validité scientifique de l’étude en cause de l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire) et du HCB (Haut Conseil des Biotechnologies).
Le député PS du Gers, Philippe Martin, a toutefois remercié les commissions concernées, estimant que cette réunion est moins précipitée que les commentaires des détracteurs du Pr Séralini.
(©AFP / 09 octobre 2012 21h31)
OGM:
Polémique sur l’étude Séralini avant l’avis des
autorités sanitaires
PARIS – Avant la publication lundi 22 octobre 2012 de l’avis des autorités sanitaires sur l’étude du Pr Séralini concernant la toxicité d’un maïs OGM, six académies scientifiques sont montées ce vendredi 19 octobre 2012 au créneau, la taxant de « non-événement scientifique qui ne permet aucune conclusion fiable ».
Il est rare, en France, qu’un non-événement scientifique de cette nature suscite de telles passions jusqu’à mobiliser aussi rapidement les membres du Parlement, estiment dans un communiqué les Académies nationales d’Agriculture, de Médecine, de Pharmacie, des Sciences, des Technologies et Vétérinaire.
Elles mettent en avant de nombreuses insuffisances, notamment statistiques, mais reconnaissent toutefois ne pas avoir organisé une expertise approfondie de l’étude publiée le 19 septembre 2012 dans la revue scientifique Food and Chemical Toxicology.
Paul Deheuvels, un statisticien membre de l’Académie des Sciences, s’est aussitôt démarqué dans une tribune publiée sur le site du Nouvel Observateur, en estimant que ce groupe d’experts convoqué en urgence, on ne sait par qui, on ne sait comment, dans une absence totale de transparence, ne peut pas prétendre à incarner l’avis de l’ensemble du monde scientifique français.
Interrogé par l’AFP, Bernard Meunier, délégué à la communication de l’Académie des Sciences, a affirmé qu’un groupe de travail (avait) été mis en place par les six Académies, et qu’ensuite, cet avis a été validé par les présidents ou secrétaires perpétuels qui engagent la responsabilité des Académies.
Le Pr Gilles-Eric Séralini n’a pas souhaité réagir à l’avis commun des six académies et a renvoyé aux propos du seul statisticien de l’Académie des sciences, Paul Deheuvels.
Dans leur avis, les Académies ciblent aussi la stratégie de communication lors de la sortie de l’étude, avec la publication de deux livres, d’un film et d’un article scientifique, avec l’exclusivité de leur contenu accordé à un hebdomadaire, en l’occurrence le Nouvel Observateur.
Cette prise de position intervient alors que l’Agence de Sécurité Sanitaire (ANSES) et le Haut Conseil des Biotechnologies (HCB), saisis par le gouvernement, doivent rendre publics, respectivement à 14h00 et 10h00 lundi, leurs avis sur les travaux du Pr Séralini.
Transparence sur les tests
L’Agence Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) a déjà estimé que l’étude était inadéquate et insuffisante pour remettre en question l’innocuité du maïs NK603, dont elle a autorisé la commercialisation au sein de l’UE en 2003.
Le Pr Séralini, professeur de biologie moléculaire à Caen, a été auditionné à l’Assemblée Nationale, ainsi que par l’ANSES et le HCB.
Le chercheur a reconnu que son étude avait des limites statistiques comme toutes les études faites avec dix rats par groupe étudié, tout en rappelant que l’EFSA a autorisé des maïs transgéniques sur la foi d’études avec 5 ou 6 rats, des travaux produits par l’industriel lui-même qui ne communique pas les données brutes de l’étude.
Les accusations sur la faiblesse des études réalisées par les industriels sont reprises par de nombreux acteurs opposés aux OGM (ONG, Confédération paysanne, agriculteurs bio, etc), qui ont rappelé leur point de vue vendredi dans une lettre adressée au Premier Ministre et aux ministres concernés, notant que ces études montrent toutes encore plus de faiblesses que celles qui sont reprochées à l’étude du Pr Séralini.
La députée européenne Corinne Lepage a estimé cette semaine que la carence des études préalables pose la question du fonctionnement des agences réglementaires comme l’EFSA.
Le Ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a indiqué attendre l’avis de l’ANSES avant de se prononcer mais il souhaite, quoi qu’il arrive, poser la question globale des protocoles d’autorisations sur les OGM.
(©AFP / 19 octobre 2012 18h48)
OGM:
Séralini espère l’annonce de plus de transparence sur les autorisations
CAEN – Le professeur Gilles-Eric Séralini a dit vendredi 19 octobre 2012 espérer que l’avis que doivent rendre lundi les autorités sanitaires françaises sur son étude sur un OGM de Monsanto et le Round Up aboutira à plus de transparence dans l’évaluation des OGM et des produits phytosanitaires en France.
L’Agence Française de Sécurité Sanitaire (ANSES) présentera lundi à 14H00 ses conclusions sur l’étude et dans un contexte plus large, les conséquences éventuelles à en tirer quant à la réglementation actuelle en matière d’évaluation des OGM et des produits phytosanitaires.
C’est bon signe, a déclaré ce vendredi à l’AFP le professeur de biologie moléculaire à l’université de Caen.
Il demande en premier lieu la transparence sur les tests qui ont servi à évaluer et autoriser OGM et pesticides en France c’est-à-dire la levée de (leur) confidentialité.
Il prône en outre des tests sur la durée de vie entière sur mammifères avant autorisation des produits, des tests sur les pesticides tels que vendus et non sur un seul de leurs composés chimiques et independants des compagnies.
M. Séralini déplore que les OGM ne soient autorisés que sur la base de tests non publiés effectués par ceux qui en demandent la commercialisation.
Mais il lui est reproché que son étude porte sur un trop petit nombre d’animaux et qu’elle soit en partie financée par la grande distribution, même si selon le chercheur Monsanto a travaillé sur le même nombre d’animaux.
Alors que vendredi la polémique a rebondi quand six Académies nationales ont émis un avis négatif sur son étude, il a renvoyé aux propos du seul statisticien de l’Académie des sciences, Paul Deheuvels, qui a critiqué sur le site du Nouvel observateur cet avis.
M. Séralini a été auditionné le 10 octobre 2012 par le Haut Conseil des Biotechnologies (HCB), où il estime avoir été extrêmement mal reçu. Je ne comprends pas cette agressivité de la part d’agences si ce n’est que mon travail démontre leur laxisme, a-t-il déclaré.
Il a aussi été reçu par l’ANSES qui, selon lui, admet que c’est évidemment un problème de tenir confidentiel certaines données.
(©AFP / 19 octobre 2012 19h13)
L’Agence de Sécurité Sanitaire
souhaite des études à long terme
sur les OGM et les pesticides
PARIS – L’Agence de Sécurité Sanitaire (ANSES) a réfuté lundi 22 octobre 2012 l’étude controversée du Pr Séralini sur un maïs transgénique, soulignant les faiblesses de ces travaux, tout en appelant à engager des études sur les effets à long terme de la consommation d’OGM associés à des pesticides.
L’agence, saisie par le gouvernement, souligne le nombre limité de publications traitant des effets potentiels à long terme d’une consommation d’OGM associés à des pesticides.
Les recherches du professeur Gilles-Eric Séralini ne permettent pas de remettre en cause les évaluations réglementaires précédentes sur le maïs NK603 (produit par Monsanto, ndlr) et le Round-up (herbicide), estime l’ANSES.
Pour cette agence, la faiblesse centrale de l’étude réside dans le fait que les conclusions avancées par les auteurs sont insuffisamment soutenues par les données (qui) ne permettent pas d’établir scientifiquement un lien de cause à effet entre la consommation du maïs OGM et/ou de pesticide et les pathologies constatées.
Le Pr Séralini, biologiste de l’université de Caen, estime que ses travaux, d’une durée inhabituelle de deux ans, montrent un risque accru de tumeurs mammaires et d’atteintes hépato-rénales pour les rats nourris avec ce maïs, associé ou pas à l’herbicide Round-up.
Cependant, l’ANSES note l’originalité de l’étude du Pr Séralini qui aborde un sujet jusqu’ici peu étudié: celui des effets à long terme des OGM associés aux préparations phytopharmaceutiques.
Elle recommande donc d’engager des travaux sur ces questions et appelle à la mobilisation de financements publics nationaux ou européens dédiés à la réalisation d’études et de recherches d’envergure visant à consolider les connaissances sur les risques sanitaires insuffisamment documentés.
Lors d’une conférence de presse, le directeur général de l’ANSES, Marc Mortureux, a d’ailleurs souligné l’insuffisance du cadre réglementaire européen sur deux points: les études de toxicité d’OGM à long terme et certaines études sur les produits phytopharmaceutiques.
Il ne s’agit pas de refaire l’ensemble des études des industriels, a-t-il nuancé, mais sur quelques cas avec des questionnements sur des risques sanitaires, il peut y avoir la possibilité de réaliser des études financées par les fonds publics pour crédibiliser l’ensemble du dispositif d’homologation.
L’ANSES se dit ainsi prête, en association avec d’autres partenaires et notamment d’autres agences sanitaires européennes, à travailler à l’établissement des principes généraux de tels protocoles d’étude.
Lors de son audition devant l’ANSES, le Pr Séralini a accepté de donner quelques données brutes supplémentaires, tandis que Monsanto n’a pas souhaité une audition orale et a fait une contribution écrite, a précisé M. Mortureux.
Lundi également, le Haut Conseil des Biotechnologies (HCB) a réfuté lui aussi les conclusions des travaux du Pr Séralini, mais il a recommandé une étude indépendante et de long terme sur ce maïs pour lever le doute dans l’opinion publique.
(©AFP / 22 octobre 2012 15h34)
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