GRANDE BRETAGNE: LE PROGRAMME NUCLEAIRE FACE AUX DOUTES SUR SON FINANCEMENT
Grande Bretagne:
le programme nucléaire face aux doutes sur son financement
LONDRES – Principal marché pour le nucléaire en Europe depuis la catastrophe de Fukushima, le programme de construction de nouvelles centrales en Grande-Bretagne, axe phare de la politique énergétique du gouvernement, fait face à de multiples interrogations sur son financement.
Ces interrogations ont été relancées, mercredi 3 octobre 2012, par des informations du Financial Times indiquant que le consortium formé par le français AREVA et son allié chinois, China Guangdong Nuclear Power (CGNPC) avait laissé passer la date limite de vendredi dernier, sans déposer de dossier de reprise du projet Horizon de construction de deux nouvelles centrales nucléaires.
AREVA et Horizon Nuclear Power se sont refusés à tout commentaire tandis qu’un porte-parole du ministère de l’Energie britannique a jugé inapproprié de répondre aux spéculations.
Hitachi et Westinghouse/Toshiba ont soumis une offre pour ce projet, selon le FT. Le retrait d’AREVA n’en est pas moins un coup pour la renaissance du nucléaire britannique car il limite le nombre d’investisseurs pour un programme amené à coûter des dizaines de milliards de livres, a commenté le quotidien des milieux d’affaires.
Le journal, qui cite des personnes proches du dossier, relève en outre qu’aucun des candidats encore en lice n’a le soutien d’un groupe chinois, ce qui met en doute leur capacité financière à mener à bien un programme aussi coûteux.
Le financement est un gros morceau et est difficile à obtenir en ce moment alors que nous sommes en crise et que la demande d’électricité des industriels et des particuliers stagne, analyse Colette Lewiner, conseillère énergie du président du groupe français de conseil Capgemini.
Confronté également au problème du financement, EDF, qui projette de construire en tout quatre réacteurs de type EPR outre-Manche et qui est déjà allié à l’énergéticien britannique Centrica, est en discussions avec plusieurs autres partenaires potentiels, dont des chinois, avait indiqué début septembre son PDG Henri Proglio.
La Grande-Bretagne dispose aujourd’hui de 9 centrales équipées de 16 réacteurs et toutes, sauf une, arrivent en fin de vie en 2023. Le programme de remplacement porte sur la construction d’au moins dix réacteurs, de sorte que le pays fait figure de principal marché en Europe pour l’industrie du secteur depuis Fukushima, pire accident nucléaire depuis celui de Tchernobyl (Ukraine) en 1986.
Le gouvernement du conservateur David Cameron a confirmé sa confiance dans l’atome et désigné huit sites pour accueillir de nouvelles centrales malgré la catastrophe japonaise de mars 2011, à l’inverse de l’Allemagne et de l’Italie, qui ont décidé de rompre avec le nucléaire.
Hormis EDF, GDF-Suez et son partenaire, l’espagnol Iberdrola, sont également sur les rangs.
Horizon –qui possède les terrains pour construire deux nouvelles centrales nucléaires au Pays de Galles et près de Bristol (sud-ouest de l’Angleterre) représentant un investissement global estimé à 15 milliards de livres (près de 18 milliards d’euros)– était à l’origine un projet d’EON et RWE.
Mais les géants allemands, très affectés par la décision de l’Allemagne de sortir progressivement du nucléaire d’ici 2022, ont décidé fin mars de le céder pour se concentrer sur des activités rentables plus rapidement et s’épargner de coûteux investissements, ce qui avait été perçu comme un revers pour le programme du gouvernement britannique.
(©AFP / 03 octobre 2012 14h34)
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