UNE ETUDE CHOC RELANCE LE DEBAT SUR LA TOXICITE DES OGM
Une étude choc relance le débat sur la toxicité des OGM
CAEN – Des tumeurs grosses comme des balles de ping-pong sur des rats nourris avec un maïs OGM du géant américain Monsanto: une étude choc de chercheurs français relance le débat sur les organismes génétiquement modifiés, au moment où la France se bat contre leur culture en Europe.
Pour la première fois au monde, un OGM et un pesticide ont été évalués pour leur impact sur la santé plus longuement et plus complètement que par les gouvernements et les industriels. Or les résultats sont alarmants, résume Gilles-Eric Séralini, professeur à l’université de Caen, pilote de l’étude.
Dans le plus grand secret, les universitaires de Caen ont suivi pendant deux ans un groupe de rats témoins ainsi que 200 rats qu’ils ont répartis en trois grands groupes: le premier a été nourri avec un maïs OGM NK603 seul, le second avec ce maïs OGM traité au Roundup, herbicide le plus utilisé au monde, et le troisième avec du maïs non OGM traité avec cet herbicide.
Le maïs était introduit au sein d’un régime équilibré dans des proportions représentatives du régime alimentaire américain.
Le premier rat mâle nourri aux OGM meurt un an avant le premier témoin. Le première femelle huit mois avant. Au 17e mois, on observe cinq fois plus de mâles nourris avec 11% de maïs (OGM) morts, détaille le professeur, qui a déjà signé plusieurs études sur le sujet, mais sur la base de données sur 90 jours fournies par les industriels.
L’étude devait être mise en ligne mercredi 19 septembre 2012 à 15H00 par la revue Food and Chemical Toxicology, qui a déjà publié des études de Monsanto affirmant la non toxicité des OGM.
Si les chercheurs ont travaillé en même temps sur le maïs OGM NK603 et le Roundup, deux produits commercialisés par Monsanto, c’est que les OGM agricoles sont modifiés pour tolérer ou produire des pesticides: 100% des OGM cultivés à grande échelle en 2011 sont des plantes à pesticides, dit M. Séralini.
Mortalité deux à trois fois plus élevée
Les résultats révèlent des mortalités bien plus rapides et plus fortes au cours de la consommation de chacun des deux produits, résume le chercheur, qui fait ou a fait partie de commissions officielles sur les OGM dans 30 pays.
Les universitaires ont observé par exemple une mortalité deux à trois fois plus élevée chez les femelles traitées et deux à trois fois plus de tumeurs chez les rats traités des deux sexes.
A la dose la plus faible de Roundup (…) on observe 2,5 fois plus de tumeurs mammaires, souligne le professeur.
Le crime, c’est que ça n’ait pas été testé avant, que les autorités sanitaires n’aient pas exigé des tests plus longs alors qu’on est à 15 ans de commercialisation des OGM dans le monde, a commenté M. Séralini.
Selon lui, le NK603 n’avait jusqu’alors été testé que sur une période de trois mois et c’est la première fois que le Roundup est testé sur le long terme avec ses adjuvants.
L’étude, qui faisait initialement l’objet d’un embargo jusqu’à mercredi 15H00, n’a pas tardé à susciter de nombreuses réactions. Le Ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a plaidé pour des procédures d’homologation des OGM au sein de l’UE beaucoup plus strictes.
Figure emblématique de la lutte contre les OGM en France, l’eurodéputé vert José Bové a demandé à Bruxelles de suspendre immédiatement les autorisations de mise en culture accordées à deux OGM en Europe.
L’Association Française des Biotechnologies Végétales (AFBV), a affirmé en revanche que les nombreuses études qui ont évalué les effets à long terme des OGM (…) n’ont jamais révélé d’effets toxiques. Son président Marc Fellous avait été condamné en 2011 à Paris pour avoir diffamé M. Séralini qui a depuis porté plainte pour faux et usage de faux contre lui.
L’étude a coûté plus de 3 millions d’euros, financés notamment par les fondations CERES et la Fondation Charles Leopold Meyer pour le progrès pour l’homme. Les fonds ont été gérés par le Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le Génie Génétique (CRIIGEN), indépendant des compagnies de biotechnologies et dont M. Séralini préside le conseil scientifique.
L’étude doit s’accompagner le 26 septembre d’un film, Tous cobayes, qui rend compte de cette expérience, ainsi que d’un livre chez Flammarion.
(©AFP / 19 septembre 2012 13h31)
Toxicité des OGM: une nouvelle étude qui change tout
TOULOUSE – Le député Philippe Martin (PS), grand pourfendeur des OGM, a estimé mercredi qu’une nouvelle étude sur les effets toxiques des organismes génétiquement modifiés changeait complètement la donne dans l’opposition entre la France et l’Europe sur le sujet.
Jusqu’alors, le gouvernement français a régulièrement été désavoué par les autorités européennes qui disaient toujours: vous n’apportez pas d’élément scientifique qui démontre le caractère dangereux des OGM, a dit à l’AFP, M. Martin, président du Conseil Général d’un département (le Gers) pionnier contre les OGM selon lui.
J’ai passé ma vie de combat à être battu dans cette affaire-là, a-t-il dit.
Ce qui change tout aujourd’hui, c’est que, pour la première fois, on a cette étude scientifique, et on va pouvoir, auprès de la Commission Européenne, non seulement renforcer notre souhait de ne pas avoir d’OGM en France, mais aussi porter le débat au niveau européen et faire en sorte que cette interdiction s’étende à tous les pays de l’Union Européenne, a-t-il dit.
Il a pressé le gouvernement de se saisir de l’étude pour adosser sa demande de moratoire sur le territoire français de toutes les cultures d’organismes génétiquement modifiés. Le moratoire actuel ne concerne que le maïs MON810 de Monsanto.
M. Martin réagissait à la publication par la Revue Internationale de Toxicologie Alimentaire Food and Chemical Toxicology d’une étude soulignant la toxicité de maïs OGM sur des rats nourris pendant deux ans, qui meurent plus jeunes et souffrent plus souvent de cancers que les autres.
(©AFP / 19 septembre 2012 16h10)
OGM: l’EFSA analyse l’étude française, Bruxelles en tirera les conséquences
BRUXELLES – La Commission Européenne a annoncé mercredi avoir demandé à l’agence chargée de la sécurité des aliments en Europe d’examiner les résultats d’une étude démontrant la toxicité des OGM pour la santé et a promis d’en tirer les conséquences.
Nous n’avons pas lu l’étude, mais nous allons le faire et nous avons demandé à l’Agence Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) de se saisir du dossier, a déclaré Frédéric Vincent, porte-parole du Commissaire Européen à la Santé, John Dalli, chargé du dossier des autorisations de mise en culture et de commercialisation des OGM.
Si des faits scientifiques nouveaux sont démontrés, nous en tireront les conséquences, a-t-il assuré.
La première conséquence est le gel de l’examen de la demande de renouvellement de l’autorisation de culture accordée au géant américain Monsanto pour sa semence OGM MON 810, a indiqué le porte-parole.
L’étude, réalisée par l’équipe de Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l’Université de Caen (France), démontre que des rats nourris avec du maïs génétiquement modifié ont été frappés au bout de 13 mois par des pathologies lourdes, notamment des tumeurs.
L’hebdomadaire français Le Nouvel Observateur publie des images des tumeurs développées par les cobayes dans son édition en vente jeudi. Un lien a été mis en ligne sur Twitter mercredi.
Le professeur Séralini est membre du CRII-GEN, le Comité d’Information Indépendante sur le Génie Génétique.
Le résultat de son étude, s’il est validé par l’EFSA, remet en question l’innocuité du maïs génétiquement modifié, argument avancé jusqu’à présent par l’Agence et la Commission Européenne pour justifier les autorisations de mise en culture et de commercialisation accordées pour des OGM.
La durée de l’étude est exceptionnelle, car jusqu’à présent les études pour démontrer l’innocuité d’un OGM pour la santé sont menées sur 90 jours au maximum. Cette durée de 90 jours est optionnelle, a reconnu Frédéric Vincent.
L’étude du professeur Séralini conforte les pays qui comme la France ont adopté une clause de sauvegarde pour interdire la culture du MON 810 sur leur territoire.
L’Association Française des Biotechnologies Végétales (AFBV) a toutefois assuré que de nombreuses études toxicologiques ont évalué les effets à long terme des OGM sur la santé des animaux (…) et n’ont jamais révélé d’effets toxiques.
Deux OGM sont actuellement cultivés dans l’UE: la pomme de terre Amflora mise au point par le groupe allemand BASF et le MON 810 de Monsanto. Plusieurs autres OGM, comme le NK603, sont autorisés pour l’alimentation humaine et animale. Le maïs OGM NK603 de Monsanto a servi pour l’étude du professeur Séralini.
Cette étude montre enfin que nous avons raison et qu’il est urgent de revoir rapidement tous les processus d’évaluation des OGM, a déclaré mercredi l’eurodéputé vert français José Bové qui a demandé à la Commission Européenne de suspendre immédiatement les autorisations de mise en culture accordées au maïs OGM MON810 et à la pomme de terre Amflora.
Les données fournies par Monsanto et les autres multinationales sont tout simplement biaisées et ne reposent pas sur des travaux scientifiques sérieux et fiables, a-t-il accusé.
L’eurodéputée française Corinne Lepage, membre du groupe des Démocrates et Libéraux (ADLE) au Parlement Européen, a pour sa part demandé à la Commission de suspendre l’autorisation du maïs NK603.
Elle a également appelé les Etats membres de l’UE à engager sans délai des études sur des rats nourris pendant deux ans avec les OGM consommés en Europe afin de déterminer leurs effets potentiels sur la santé humaine.
Mme Lepage et le professeur Séralini publient tous deux des ouvrages consacrés aux OGM.
(©AFP / 19 septembre 2012 15h29)
Cultures OGM: Le Foll veut durcir les autorisations au niveau européen
PARIS – Le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a appelé mercredi à une réforme profonde des procédures d’homologation des cultures génétiquement modifiées dans l’UE afin de les rendre beaucoup plus strictes, après la publication d’une étude soulignant leur toxicité.
Il est indispensable de préciser dans le droit européen les conditions dans lesquelles on peut déclencher un moratoire sur les cultures d’OGM, a déclaré à l’AFP M. Le Foll, dénonçant le flou juridique au niveau communautaire.
Il faut revoir les protocoles d’homologations et permettre aux Etats de faire des choix, pour ou contre les organismes génétiquement modifiés, a-t-il insisté.
Le ministre réagissait à la publication d’une étude par la Revue Internationale de Toxicologie Alimentaire Food and Chemical Toxicology soulignant la toxicité de maïs OGM sur des rats nourris pendant deux ans, qui meurent plus jeunes et souffrent plus souvent de cancers que les autres.
Avec son homologue de l’Environnement Delphine Batho, le ministre a précisé avoir immédiatement saisi l’ANSES, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire, pour réclamer une vérification de l’étude du Pr Gilles-Eric Séralini.
Cette étude conforte la position qui était la nôtre, a poursuivi M. Le Foll en réclamant la révision des conditions des protocoles: l’Europe, a-t-il rappelé, se fonde actuellement sur des tests de trois mois alors que l’étude en question porte semble-t-il sur environ deux ans.
Il faut avoir des règles d’homologations fondées sur des études scientifiques qui fassent clairement le point sur les avantages et inconvénients (des OGM) de manière très claire, sur les risques sanitaires qui semblent être démontrés dans l’étude (du Pr Séralini) et sur les risques environnementaux de dissémination, a-t-il souligné.
Sur ce dernier point, M. Le Foll a rappelé avoir toujours été résolument opposé aux OGM résistants à des herbicides ou porteurs de pesticides en raison du risque de dissémination dans la nature.
M. Le Foll a rappelé la position de la France en faveur d’un moratoire sur son territoire de toutes les cultures d’organismes génétiquement modifiés, qui ne concerne actuellement que le maïs MON810 de Monsanto.
En février 2008, la France avait actionné la clause de sauvegarde pour suspendre les cultures OGM sur son territoire en arguant de préoccupations environnementales.
En septembre 2011, la Cour Européenne de Justice a invalidé cette clause sur des arguments techniques et le gouvernement avait alors pris en mars, juste avant les semis, une mesure conservatoire d’interdiction temporaire des cultures OGM, confirmée par le Conseil d’Etat en mai.
Les procédures d’homologation des OGM dans l’UE sont dans l’impasse. Six autres pays ont adopté des mesures de sauvegarde contre le MON810 (Hongrie, Luxembourg, Grèce, Allemagne, Autriche et Bulgarie).
L’Autriche, le Luxembourg et la Hongrie ont également demandé l’interdiction de culture de la pomme de terre OGM Amflora.
(©AFP / 19 septembre 2012 13h24)
Pas de culture OGM en France, mais des importations de céréales
PARIS – La culture d’OGM est interdite en France et très limitée en Europe, mais les pays de l’Union Européenne importent plusieurs céréales génétiquement modifiées, surtout pour l’alimentation animale, et autorisent un certain nombre d’OGM comme ingrédients ou additifs.
- Seuls le maïs MON 810 de Monsanto et la pomme de terre Amflora de BASF sont autorisés en Europe à la culture. Toutefois des pays – France, Autriche, Hongrie, Grèce, Roumanie, Bulgarie, Luxembourg – ont interdit la culture de MON 810 sur leur sol via la clause de sauvegarde et au nom du principe de précaution.
- Dans la pratique, seul le MON 810 est cultivé, surtout en Espagne (80% des surfaces cultivées) mais aussi au Portugal, en République tchèque, Roumanie, Slovaquie. Les surfaces cultivées représentent 94.800 hectares. Le maïs MON 810 est un maïs destiné à l’alimentation animale. BASF a finalement renoncé à cultiver la pomme de terre Amflora en Europe.
- L’Union Européenne autorise en tout 46 OGM, dont 44 seulement pour la commercialisation via des importations. On y trouve 26 variétés de maïs, 8 de coton, 7 de soja, 3 de colza, 1 pomme de terre et 1 betterave.
- Ces OGM importés sont utilisés pour l’alimentation animale, ainsi que dans la fabrication de produits alimentaires pour l’homme. Par exemple dans la farine ou la semoule de maïs, l’huile de soja ou de colza. Potentiellement, ces ingrédients peuvent se retrouver dans les céréales pour petit déjeuner, les biscuits apéritifs, la chapelure, les plats cuisinés, les sauces, la charcuterie, les crèmes desserts, les potages, les pâtisseries, etc. Enfin, sont issus du maïs et du soja de nombreux additifs alimentaires comme par exemple l’amidon oxydé (E 1404), les phosphates d’amidon (E 1410, E 1412 à E 1414), le sorbitol (E 420), la lécithine de soja (E 322) ou l’huile de soja oxydée (E 479b).
- Toutefois, si des produits contiennent plus de 0,9% d’OGM, la réglementation européenne impose un affichage signalant la présence d’OGM.
- Une quinzaine d’autres OGM sont en attente d’une autorisation à la culture dans l’Union, mais les procédures d’homologation sont actuellement bloquées, en l’absence de consensus entre les Etats membres sur les procédures elles mêmes.
- Les risques des OGM pour l’environnement et la santé font l’objet de débats récurrents. Les fabricants d’OGM mettent en avant les bénéfices pour l’agriculture (variétés résistantes à des parasites, des insectes, des climats secs, aux herbicides, etc.).
Les opposants dénoncent la mainmise des multinationales sur le secteur agricole, le rachat obligatoire des semences chaque année et la dissémination des OGM vers des champs non OGM.
Sur le volet santé, l’Agence Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) et la Commission ont estimé que les études démontraient l’innocuité des OGM autorisés. Les anti-OGM contestent ces études.
(©AFP / 19 septembre 2012 17h15)
La recherche sur les OGM fait toujours débat
PARIS – La recherche sur les OGM fait toujours débat : l’étude à long terme d’un chercheur français, publiée mercredi dans une revue scientifique, est critiquée par certains pour sa méthodologie, tandis que d’autres pointent le manque de travaux sur une durée suffisante dans ce domaine.
Les travaux de Gilles-Eric Séralini, chercheur en biologie moléculaire à l’université de Caen, concluent à une surmortalité chez des rats nourris avec du maïs OGM NK 603 de Monsanto qui résiste au Roundup, l’herbicide le plus utilisé au monde. Ils ont été publiés dans la revue Food and Chemical Toxicology.
En Europe, ce maïs n’est pas cultivé mais il est importé pour l’alimentation animale.
Paris et Bruxelles ont immédiatement saisi leurs agences sanitaires respectives pour évaluer l’étude et en tirer les conséquences.
En France c’est l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (Anses) et le Haut Conseil aux Biotechnologies (HCB) qui vont l’examiner. Le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault a dit jeudi attendre un avis d’ici quelques semaines.
Nous espérons avoir un avis (de l’EFSA, Agence Européenne de Sûreté Alimentaire) (…) pour la fin de l’année, a indiqué à Bruxelles un porte-parole du commissaire européen à la Santé.
Gilles-Eric Séralini a cependant contesté jeudi l’autorité de l’EFSA, estimant qu’il y aurait conflit d’intérêt car l’EFSA a autorisé le maïs NK 603.
Si l’étude a relancé le débat sur l’innocuité des OGM, elle est critiquée par des scientifiques qui mettent en cause la méthodologie d’un professeur ouvertement anti-OGM.
Bernard Meunier, spécialiste de chimie thérapeutique (CNRS), conduit régulièrement des études sur les animaux. S’il ne porte pas de jugement définitif sur l’étude du Pr Séralini, il pointe trois points gênants dans le protocole.
Règle des 90 jours
D’abord le choix de rats d’une souche dite Sprague-Dawley qui développe facilement des tumeurs. On les utilise justement pour tester des médicaments anti-cancéreux, souligne le chercheur interrogé par l’AFP.
Ensuite, la durée du protocole de deux ans pose problème selon Bernard Meunier. Deux ans, c’est quasi la fin de vie pour un rat, explique le chercheur, ce qui pourrait expliquer une mortalité plus élevée.
Enfin, cette durée de deux ans rend très difficile la vérification des résultats par la reproduction de l’expérience, qui est un passage obligé, estime Bernard Meunier. 90 jours, c’est la règle, car cela équivaut à environ 10% de l’espérance de vie d’un rat et équivaudrait à une expérience de 7 à 8 ans chez l’homme, ajoute le scientifique.
Dernière observation gênante selon M. Meunier: les effets observés dans l’étude ne sont pas toujours proportionnels aux doses.
D’autres scientifiques pointent aussi l’absence d’informations précises sur la composition des menus administrés aux rats ou le nombre trop réduit de rats dans le groupe de contrôle.
Au delà de l’étude du Pr Séralini, des critiques existent sur l’insuffisance de la recherche concernant l’impact des OGM.
Ainsi, pour plus de la moitié des OGM étudiés, l’ANSES estime que les données fournies par l’industriel ne sont pas suffisantes pour conclure sur la sécurité sanitaire liée à la consommation de l’OGM.
Il y a trop peu de travaux sur la longue durée, c’est courageux d’en faire, a commenté à l’AFP, sans juger de la nouvelle étude sur le fond, Yvon Le Mahon, chercheur au CNRS et auteur en 2008 d’un rapport sur les OGM à la demande du gouvernement français.
Il faut notamment des études avec des semences telles qu’elles sont utilisées et non seulement avec des principes actifs, explique-t-il.
Par ailleurs, les études toxicologiques permettent d’étudier des effets sévères sur un temps court, souligne Yvon Le Mahon, déplorant que l’éco-toxicologie visant à étudier les conséquences des pesticides à doses non-létales et sur un temps long ait du mal à émerger.
(©AFP / 20 septembre 2012 19h01)
L’auteur d’une étude choc sur un OGM se dit attaqué par des lobbies
CAEN – Le professeur Gilles-Eric Séralini, qui a dirigé une étude choc sur la toxicité d’un OGM, en cours d’examen par les autorités sanitaires, s’est dit lundi attaqué de manière extrêmement malhonnête par des lobbies en réponse aux critiques sur son étude dévoilée mercredi.
Je suis attaqué de manière extrêmement malhonnête par des lobbies qui se font passer pour la communauté scientifique. C’est le même lobby qui a permis l’autorisation de ces produits et qui est activé par les entreprises de biotechnologies, a estimé l’universitaire de Caen interrogé par l’AFP.
C’est une entreprise de salissement de l’individu pour essayer de discréditer son travail parce que la conséquence, ce serait qu’on les (les entreprises de biotechnologies, ndlr) oblige à faire des études à long terme, a ajouté M. Séralini, répétant qu’il venait de publier l’étude la plus longue et détaillée jamais faite sur un OGM.
Cette étude du maïs NK 603 et du Round Up, produits par Monsanto et importés en Europe, menée sur 200 rats pendant deux ans, a été publiée dans la revue Food and Chemical Toxicology, qui a aussi publié par le passé des travaux favorables aux OGM.
Il est en particulier reproché à cette étude de porter sur un trop petit nombre de rats: des groupes de 10 rats soumis à des traitements différents, et sur une race de rats qui a tendance plus que d’autres à développer des tumeurs.
Toutes les études du monde sont faites là-dessus (des échantillons de 10, ndlr). Le NK 603 a été autorisé sur cette base. Si on ne peut pas tirer de conclusions il faut aussi tout de suite interdire tous les OGM, répond le professeur qui ajoute que la pomme de terre OGM de BASF a été autorisée avec des tests sur cinq rats.
Tout ceux qui ont aboyé (contre l’étude) sont à l’origine de l’autorisation de ces produits, et ils l’ont fait sur la base de tests sur la même souche rat, avec des échantillons de 10 rats pendant seulement trois mois et pas avec autant de tests, ajoute M. Séralini, c’est ridicule.
Le professeur se dit conscient que son étude a ses limites et je l’ai dit dans mon livre (à paraître mercredi). On pourrait faire (des groupes de) 50 rats mais c’est aux pouvoirs publics de financer, ça ne peut plus être un laboratoire indépendant qui finance 20 millions d’euros, a-t-il ajouté.
Dans son étude les groupes de rats traités meurent plus tôt sauf un, qui présente des problèmes rénaux graves, insiste le chercheur qui a observé chez les rats traités une explosion des tumeurs ou des affections des reins et du foie au 11e et 12e mois, qui correspond à l’âge de 35/40 ans chez l’homme.
Et on ne se base pas que sur ces courbes de mortalité ou de tumeurs. C’est corroboré statistiquement par la biochimie et par l’observation d’organes et de tumeurs sur 200 rats. On sait de quoi les rats sont morts, ajoute M. Séralini qui réaffirme que son étude conclut clairement que la toxicité de cet OGM est prouvée.
L’étude a coûté plus de 3 millions d’euros, financés notamment par les fondations Ceres et la Fondation Charles Leopold Meyer pour le progrès pour l’homme. Auchan et Carrefour l’ont également aidée.
Les fonds ont été gérés par le Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le Génie Génétique (CRIIGEN), indépendant des compagnies de biotechnologies et dont M. Séralini préside le conseil scientifique.
(©AFP / 24 septembre 2012 18h17)

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