L’ADN POUBELLE SE REBELLE (« Les mots ont un sens »)
L’ADN poubelle se rebelle
L’ADN non codant, représentant 98% du génome humain, serait finalement actif ! La plupart des généticiens estimaient jusque-là qu’il ne servait strictement à rien… c’est (un brin) ballot.
Dans le domaine de la génétique, la décennie passée aura sans aucun doute été la plus fructueuse. « Fructueuse », ou « désastreuse », c’est selon. Car en fait, les dernières découvertes n’ont fait que réduire à néant (ou presque) toutes les croyances que les généticiens avaient pu placer dans leur « théorie » depuis des lustres. Et ce projet ENCODE qui a redonné ses lettres de noblesses à notre « ADN poubelle » vient simplement retirer une nouvelle brique au mur déjà bien éventé de la génétique classique. Problème : ce sont les briques porteuses qui sont attaquées… et le mur s’effondre.
Où y a de la gêne (éthique), y a pas de plaisir…
Pour faire simple, on considérait jusqu’à récemment que les gènes (actifs) codaient pour une protéine, et que les gènes considérés comme inactifs codaient… pour des prunes. Finalement, « on » s’est pris un tarte ! Car il s’avère que l’écrasante majorité de notre génome est utile ; les gènes inactifs serviraient finalement à réguler les autres, reste à savoir comment. Mais continuons… nous savons aussi maintenant qu’un gène peut coder pour une vingtaine de protéines différentes, selon l’emplacement de la cellule, l’âge du capitaine, la qualité de l’alimentation, l’environnement (et l’état de « stress »). Et ces protéines peuvent activer ou désactiver d’autres gènes, codant pour des dizaines d’autres protéines. Etc.
Le gène tique, et fait des sauts de puces : des gènes « sauteurs » (les transposons) se déplacent très facilement (et très régulièrement pour certains) au sein d’un chromosome. Pour le meilleur ou pour le pire, leur rôle semble très important. Quant aux micro-ARN (ARNmi), ces petits brins d’ADN voyageurs qui activent ou désactivent des gènes en se collant à eux ? On en découvre tous les jours de nouveaux et il se pourrait même que certains des ARNmi de nos aliments préférés s’associent à notre propre génomepour en modifier le fonctionnement. Bon appétit.
Epi(dé)génétique
Et, cerise sur le chromosome, ces modifications que nous appelons « épigénétiques » sont tout bonnement transmissibles à nos bambins… sur plusieurs générations. Etonnant, encore, ces gènes de résistance aux antibios qui sautent, dans le sol, de microbes en microbes pour finalement s’incruster dans des pathogènes humains, au petit bonheur la (mal)chance.
Chauffards, rassurez-vous ! Si vous conduisez mal, ce n’est (peut-être) pas la faute de vos gènes…
Ceci n’est pas un inventaire. Il s’agit simplement de quelques exemples illustrant la complexité de la chose. Pour paraphraser Bernard Dugué, pendant près d’un siècle, nous avons tout juste confondu le piano et le pianiste (et malheureusement, certains continuent, et pas des moindres, en toute connaissance de cause) : Le génome n’est que l’instrument, sur lequel notre organisme pianote, choisissant les notes et les rythmes.
(Article publié sur le site « Les mots ont un sens »)
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Cela veut dire que notre ADN est le résultat d’un code réfléchi comme un code informatique…
Il y aurait donc un programmeur ?
Comme a dit Voltaire “L’univers m’embarrasse, et je ne puis songer que cette horloge existe et n’ait pas d’horloger”. Nous ne devons pas oublier que nous sommes des créatures et qu’il y a un créateur qui nous aime.