LE PROJET DU REACTEUR NUCLEAIRE ATMEA A DU PLOMB DANS L’AILE. ZIZANIE ET COUP FOURRE SUR FOND D’OBSCURANTISME SCIENTISTE (COORDINATION ANTINUCLEAIRE SUD-EST)

Le projet du réacteur nucléaire Atmea a du plomb dans l’aile. Zizanie et coup fourré sur fond d’obscurantisme scientiste.

(Coordination Antinucléaire Sud-Est)

LE PROJET DU REACTEUR NUCLEAIRE ATMEA A DU PLOMB DANS L'AILE. ZIZANIE ET COUP FOURRE SUR FOND D'OBSCURANTISME SCIENTISTE (COORDINATION ANTINUCLEAIRE SUD-EST) dans REFLEXIONS PERSONNELLES AREVA

Atmea-Lauvergeon-Areva_Mitsubishi.jpgATMEA, c’est le projet qui sème la zizanie au sein du lobby nucléaire français. Même AREVA, qui l’a conçu avec l’industriel japonais MITSUBISHI, refuse d’évoquer le sujet. C’est un nouveau réacteur (sur le papier) dont personne ne veut parler. Comme si ce dernier rejeton du dépassé nucléaire, baptisé ATMEA, était de condition honteuse. Une illustration de l’entêtement de quelques fanatiques nucléopathes incapables de tourner la page de leurs chimères et prêts à s’engouffrer dans une discorde pathétique sur le dos des populations et de la planète au nom de l’obscurantisme scientiste de la destruction atomique.

Ce n’est pas un feuilleton mafieux mais ça y ressemble. Depuis déjà 5 ans (2007), AREVA et le japonais MITSUBISHI mettent au point l’ATMEA, un soit-disant réacteur nucléaire de 3ème génération. Le coût de ce nouveau joujoux est estimé à 3,5 milliards d’euros. Mais quand on constate les dépassements de coûts astronomiques pour la construction actuelle de l’EPR on peut, sans se tromper, prédire le double ou le triple de milliards. Sans même évoquer les retards ou impossibilités de mener à terme le projet. Sur le même créneau, EDF et le chinois CGNPC développent leur propre réacteur, baptisé ACE 1000, que les asiatiques espèrent bien commercialiser sous leurs propres et uniques couleurs après quelques adaptations et absorptions de brevets. 

AREVA refuse d’évoquer le sujet. Pas plus son dirigeant, Luc Oursel, ni Claude Jaouen, le directeur de l’activité réacteurs et services, qui n’ont pas voulu répondre aux questions du journal l’Expansion, pourtant bien en cours dans le milieu.

 » Ils devraient pourtant être fiers de leur dernier-né. A l’image de son grand frère l’EPR, codéveloppé par AREVA et SIEMENS, l’ATMEA est un réacteur de troisième génération, c’est-à-dire qu’il intègre les dernières exigences internationales en matière de sécurité. Sur plan il est l’un des plus modernes du monde. L’ASN, l’exigeante Autorité de Sûreté Nucléaire, ne l’a-t-elle pas certifié en début d’année ? Alors, pourquoi rester si discret ? Parlons-en à EDF. Peut-être l’électricien sera-t-il plus loquace ?

Faux espoir. Son directeur exécutif chargé de la production et de l’ingénierie, Hervé Machenaud, n’a pas la moindre place dans son agenda pour nous répondre. Maudit calendrier.

Un coût du réacteur estimé à 3,5 milliards d’euros

En réalité, ce sujet sent le soufre, et malheur à celui qui se prendra les pieds dans le tapis en l’abordant. S’il suscite un tel malaise, c’est qu’il pointe les incohérences de la filière nucléaire française, tant sur les plans stratégique qu’industriel. Il montre aussi que les dissensions entre les deux enfants terribles du nucléaire, EDF et AREVA, sont loin d’être apaisées.

Reprenons l’histoire depuis le début. Fin 2007, AREVA et MHI (Mitsubishi Heavy Industries) créent une société commune détenue à parts égales, ATMEA. S’appuyant sur l’expérience de leur maison mère, les ingénieurs français et japonais inventent, en moins de deux ans, le « design » d’un nouveau réacteur, auquel ils donnent le même nom que le joint-venture, ATMEA. Le cahier des charges est strict : le réacteur dispose d’une enceinte renforcée pour résister – théoriquement – aux chutes d’avions. Il est également équipé d’un « cendrier » – sorte d’immense cuvette de béton construite sous la centrale, capable de récupérer le coeur nucléaire s’il venait à fondre. Tout cela vaut cher. L’ATMEA coûte 3,5 milliards d’euros. « Mais il faut se référer au prix du kilowattheure, c’est-à-dire celui auquel on produit l’électricité. Selon ce critère, l’ATMEA est plus cher que l’EPR, mais moins que notre concurrent russe », prétend-on en haut lieu et, sous le manteau, à AREVA.

Un réacteur ultramoderne, c’est bien, encore faut-il pouvoir le vendre. Fin 2009, les dirigeants d’ATMEA créent une structure marketing. Sa mission : dresser la liste des pays qui sont susceptibles de l’acheter. « On en a trouvé une petite dizaine », confie-t-on à AREVA. Parmi eux, (ils espèrent) la Jordanie, sans doute le candidat le plus « mûr ». L’ATMEA s’y retrouve d’ailleurs en finale dans l’appel d’offres en cours. L’Argentine serait également sur le point de franchir le pas ; le Canada, qui possède déjà cinq centrales nucléaires (que la population rejette), mais envisagerait de changer de technologie dans les prochaines années ; et, enfin, le Vietnam et la Malaisie, deux pays qui en sont encore au stade de la réflexion, mais manifesteraient de l’intérêt pour l’atome. (ndlr : Dans le passé déjà la plupart des annonces de perspectives et contrat de construction de centrales nucléaires se sont révélés illusoires et jamais concrétisés)

Problème, la crise financière et le drame de Fukushima ont retardé le lancement de nombreux projets. Le marché n’est donc guère propice. A une exception près : la Chine, où les centrales nucléaires poussent comme des champignons (ndlr : mais depuis la catastrophe de Fukushima les ardeurs sont à la baisse). Présent, de longue date, dans ce pays, AREVA y construit actuellement, avec l’électricien local CGNPC, deux réacteurs EPR.

L’Elysée a voulu rapprocher les deux protagonistes

Fort d’une telle référence, l’industriel français ne pourrait-il pas en profiter pour y vendre son ATMEA ? Malheureusement non. Car les Chinois de CGNPC développent leur propre réacteur de troisième génération. Et ils ont trouvé un allié de premier choix : EDF. Baptisé ACE 1000, ce réacteur sera destiné au marché local, mais aussi à l’export. Et l’on sait déjà qu’il sera compétitif. Car il alliera la « marque » EDF, synonyme d’expertise dans le monde du nucléaire, aux coûts de production imbattables des Chinois.

AREVA et son ATMEA d’un côté, EDF et l’ACE 1000 de l’autre… Plutôt que de voir les deux groupes français s’étriper sur les mêmes appels d’offres, ne serait-il pas plus pertinent de les associer ? C’est en tout cas ce que pense l’Elysée. Début 2012, le gouvernement Fillon annonce la signature d’un accord : les deux groupes hexagonaux s’engagent à développer, avec le chinois CGNPC, un nouveau réacteur, dérivé de l’ATMEA.

On ne peut pas dire que la nouvelle réjouisse EDF, qui n’a jamais caché son manque d’intérêt pour ce réacteur. Il y a une raison. « Nous avons commis un péché majeur, raconte un dirigeant d’AREVA. Lorsque nous avions lancé le projet ATMEA, nous n’y avons pas associé EDF. Mais il faut se rappeler les rapports exécrables qu’entretenaient, à l’époque, les dirigeants des deux groupes, Anne Lauvergeon** et Henri Proglio. Le dialogue était impossible. Affront suprême, nous avons proposé à Gérard Mestrallet, patron de GDF Suez et ennemi juré de Proglio, d’en construire un, ensemble, dans la vallée du Rhône… » (ndlr : GDF prévoyait sa mise en service en 2020. Projet abandonné à ce jour)

Lorsqu’il a pris la tête d’AREVA, Luc Oursel n’a pas signé l’accord avec GDF Suez. Mais cela n’a pas suffi à apaiser le courroux d’EDF, qui aimerait bien ranger l’ATMEA au placard…

Ce n’est pas le cas de son partenaire chinois, qui voit plutôt d’un bon oeil ce ménage à trois. Car il a tout à y gagner. « Partenaire à part entière, CGNPC n’aura pas besoin de licence pour acquérir nos technologies », maugrée un dirigeant d’AREVA, qui commence à se demander si l’industriel français sortira vraiment gagnant de cette histoire. « Nous voulons bien leur transférer notre savoir-faire, à condition que nous récupérions des contrats industriels lorsque le consortium vendra des réacteurs, confie-t-il. Mais combien de temps les Chinois joueront-ils le jeu ? Nous savons qu’ils sont en train de développer leur propre filière de sous-traitance. Bientôt, ils n’auront plus besoin de nous pour construire leurs réacteurs. »

Les Chinois tentés de développer leur version

La situation est donc loin d’être claire. L’accord entre EDF et AREVA n’a, du reste, toujours pas été signé. A EDF, on fulmine. Car on pense que le temps ne joue pas en faveur des Français. « Si on continue à tergiverser, CGNPC va se lasser de nos petites querelles hexagonales et se passer de nous », s’inquiète un cadre dirigeant.

C’est déjà le cas, répond, en écho, notre dirigeant d’AREVA. « EDF ne s’en vantera jamais, mais les Chinois sont en train de développer une autre version de l’ACE 1000, totalement « sinisée ». A votre avis, quelle version présentent-ils dans les salons internationaux : celle qu’ils construisent avec EDF ou celle qu’ils développent seuls ? La leur, bien évidemment ! Ils ont déjà fait le coup avec l’ AP1000, un réacteur qu’ils construisent avec Westinghouse et Toshiba. On a vu apparaître un « AP 1400« , qui en est directement inspiré et que les Chinois comptent vendre à l’export sans en partager les droits. » Comment dit-on « être le dindon de la farce » en chinois ? »

Et tout cela pour produire des millions de m3 de déchets radioactifs pour des centaines de milliers d’années, des rejets permanents de radioactivité dans l’atmosphère et dans les rivières et mers, absorber 90% des budgets de recherche au détriment des autres secteurs de la recherche scientifique, hypothéquer tout développement d’avenir en matière d’énergies renouvelables,..

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** Ancienne secrétaire générale adjointe de l’Elysée, puis «sherpa» du président socialiste François Mitterrand, Anne Lauvergeon a dirigé pendant dix ans AREVA. Elève de l’Ecole Normale Supérieure, agrégée, ingénieure du corps des Mines, Anne Lauvergeon fut associée-gérante de Lazard Frères – (dont l’associé-gérant et vice-président de Lazard en Europe Mathieu Pigase est l’un des conseillers économiques de François Hollande, et fut membre des cabinets ministériels de Dominique Strauss-Kahn et de Laurent Fabius, et est actuellement actionnaire du quotidien « le Monde« ,  propriétaire du journal « les Inrockuptibles » qui emploie Audrey Pulvar, la compagne du ministre socialiste du redressement industriel Arnaud de Montebourg)- avant de rejoindre Alcatel en 1997. Deux ans plus tard, elle devient PDG de la Cogema. Elle est aujourd’hui membre du conseil de surveillance du quotidien  »Libération », propriété notamment de Edouard de Rothschild (de France-Galop/PMU)

Publié dans : REFLEXIONS PERSONNELLES |le 6 septembre, 2012 |Pas de Commentaires »

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