M.JOSPIN, LA DEONTOLOGIE C’EST MAINTENANT ! (Mélanie MENDELEWITSCH / BAKCHICH)
Pour rénover la vie publique, la commission pilotée par l’ancien Premier ministre ferait bien de s’inspirer de ce qui se passe outre-atlantique.
Alors que tout semble partir en vrille sur le front économique arrive enfin une bonne nouvelle : la commission « chargée de la rénovation et de la déontologie de la vie publique » présidée par Lionel Jospin va se mettre au taf.
Et on sait à quel point ce n’est pas le travail qui manque dans ce domaine…Même si Roselyne Bachelot, nommée surprise, paraît encore un peu tendre pour s’exprimer légitimement sur le sujet et y apporter une contribution crédible.
Car les Français, y compris les mieux informés – souvent d’ailleurs les plus éloignés des extrêmes sur l’échiquier politique – semblent chaque jour plus nombreux à se demander si le très démagogue « tous pourris » n’est pas finalement une image assez proche de la réalité. Une tare congénitale que nos institutions démocratiques partageraient avec le reste de la société, laquelle s’abandonnerait au plaisir discret de la corruption, si on en croit les mises en garde périodiques tels que Transparency International.
La transparence de la vie publique en fin de programme
La corruption politique en période de caisses pleines, passe encore, se dit l’électeur résigné. Ça risque de devenir plus critique en phase d’austérité.
Il est d’ailleurs symptomatique que parmi les grandes lignes de l’ordre de mission de Lionel Jospin et des 3 hauts fonctionnaires, 2 magistrats et 7 universitaires de droit constitutionnel appelés à s’exprimer sur le sujet, « les règles déontologiques de nature à garantir la transparence de la vie publique » viennent en toute fin de peloton.
Il est en effet plus consensuel d’aborder le cumul des mandats ou le degré de proportionnel des élections législatives que les questions embarrassantes telles que le contrôle effectif du patrimoine des élus de Douce France et les conflits d’intérêts auxquels ils s’exposent…
C’est presque un miracle que les intéressés n’aient pas invoqué le « Secret Défense » dans l’affaire des grosses enveloppes de Liliane Bettencourt, voire dans celle où Christine Lagarde aurait fait Maurice Nussembaum Chevalier de la Légion d’Honneur en juillet 2009 sur la recommandation de Xavier Musca, ancien Directeur Général du Trésor et Secrétaire Général de l’Elysée qui – étrangement – s’en défend et menace de déposer plainte pour dénonciation calomnieuse de faits de corruption présumée et de trafic d’influence. Pauvre Maurice, voilà une broche qui va devenir lourde à porter.
On nous opposera bien sûr qu’en matière de transparence, on a la loi du 17 juillet 1978 sur la liberté d’accès aux documents administratifs qui a institué l’impayable Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA). On ne compte plus les associations de toutes sortes et les citoyens qui s’y sont cassés les dents lorsqu’il s’est agi concrètement d’obtenir des documents mettant gravement en cause des élus petits et grands de tous bords politiques.
L’exemple américain
Mais en termes purement démocratiques, tenir l’électeur dans l’ignorance peut s’avérer contre-productif à la longue. D’où les vocations de lanceur d’alerte pour le plus grand bonheur des chercheurs de fuites en VF, type Wikileaks et FrenchLeaks qui exploitent légitimement la faille. Sans parler des Anonymous aux objectifs certes parfois plus discutables.
Nos amis les Cainris se maudissent un peu plus chaque jour de ne pas disposer d’une Ecole Nationale d’Administration que le monde entier nous envie. Pour autant, leur loi CADA à eux (qui se nomme FOIA pour Freedom of Information Act) fonctionne de manière satisfaisante dans l’ensemble comme le démontre l’exemple qui suit. En particulier parce qu’elle est utilisée par des organisations d’action civique dotées de moyens conséquents, et qui savent l’exploiter au max.
Judicial Watch (www.judicialwatch.org) en fait partie. Animée depuis août 1998 par Thomas Fitton, un ex-journaliste devenu activiste, elle s’est donnée pour objectif de promouvoir intégrité, transparence, responsabilité et respect des principes de droit de la part de l’exécutif. Pour la faire courte, elle est peu à peu devenue l’une des bêtes noires de la Maison Blanche.
Quand Michelle Obama s’envoyait en l’air avec son coiffeur
Le 28 juin 2011, par exemple, Judicial Watch a demandé dans le cadre de la loi FOIA communication de plusieurs documents concernant le voyage de la First Lady US en Afrique du 21 au 27 juin 2011 (la requête portait sur le détail des raisons de la visite de Michelle Obama en Afrique du Sud et au Botswana du 21 au 27 juin 2011, tous les justificatifs de frais de transport et le manifeste de vol n° DD-2131 qui renseigne notamment sur l’identité des passagers…)
La US Air Force, chargée de la logistique du voyage a d’abord refusé d’obtempérer. Judicial Watch a donc assigné l’US Air Force (Judicial Watch v. US Air Force n° 11-1496) qui est gentiment revenue sur sa position.
Les informations fournies et notamment le coût de l’heure de vol du C32-A utilisé (un Boeing 757 en version militaire !) a révélé que la petite virée de Madame avait coûté rien qu’en frais de transport, plateau repas compris, 424 142,00 dollars au contribuable Américain.
La dream team présente à bord a également surpris : Malia et Sasha, les deux filles du couple Obama y figuraient comme «membre du personnel d’encadrement » (« Senior Staff »). Tout comme la mère de la First Lady Marian Robinson ainsi que sa nièce et son neveu Leslie et Avery Robinson. Encore plus étonnant ? Le document de bord relatif à ce déplacement du plus grand intérêt diplomatique révèle la présence du maquilleur et du coiffeur perso de Madame Obama (Carl Ray et Johnny Wright) parmi les 21 passagers. Lesquels, en plus des 192 repas servis par les stewards de l’Air Force pendant le voyage, ont demandé des petits extras facturés 922,44 dollars au contribuable .
Le Safari de la first Lady
La Maison Blanche a finalement admis du bout des lèvres que le déplacement avait pour but « d’encourager la jeunesse de ces deux démocraties naissantes que sont l’Afrique du Sud et le Botswana à prendre des responsabilités dans les affaires publiques. Au cours de ses étapes à Pretoria, Cape Town et Gaborone, capitale du Botswana, la First Lady s’est entretenue de questions d’éducation, de santé et de bien-être ». Un peu light, même pour les supporters de la première heure de l’ambassadrice de charme.
Quant à la visite de lieux historiques et au petit check à Nelson Mandela en passant, la Maison Blanche ne s’y est pas attardée. Pas plus qu’au safari privé dans une réserve africaine qui a clôturé en beauté ce déplacement « historique ».
Comme l’a résumé avec malice Thomas Fitton sur le site de l’association « Ce voyage fut autant une occasion pour la famille Obama de s’offrir un safari que pour conduire des affaires d’état. Un gaspillage d’argent du contribuable et des ressources de notre armée déjà beaucoup mise à contribution. Pas étonnant qu’on ait dû faire un procès pour obtenir ces informations »
Pour consulter les frais de vol de la petit famille Obama, cliquer sur l’image ci dessous.

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