LE PALMARES 2011 DES ESCROCS DE L’UNION EUROPEENNE (WOODWARD et NEWTON / BAKCHICH)
Le palmarès 2011 des escrocs de l’UE
L’Office Européen de Lutte Anti-fraude a rendu sa copie 2011. Surprise, les Allemands ne sont pas les derniers à carabistouiller.
Non, cet OLAF là n’a rien à voir avec les nettoyeurs islandais qui remettent les banquiers insulaires dans le droit chemin… OLAF c’est « l’Office Européen de Lutte Anti-Fraude ». Pour une fois un acronyme français môsieur ; ça se savoure non ? Il nous livre enfin la 12ème édition de son rapport annuel 2011 (pièce jointe) très
instructif, comme toujours.
L’Office en question, fort de ses 437 employés et de son budget de fonctionnement de 58,2 millions d’euros en 2011 (dont 65,8% consacrés aux salaires) est la machine de guerre contre les utilisations frauduleuses du colossal budget de l’Union Européenne.
C’est vrai que les 142 milliards d’euros du budget de l’Union attirent toutes les convoitises. Il fallait donc trouver une parade contre les arnaqueurs de tous poils qui se sont mis en tête de se goinfrer aux frais du contribuable européen. C’est sur le fondement de l’article 325 du Traité de Lisbonne qu’OLAF tente de modérer leur avidité.
Aux bons soins d’OLAF
L’arrivée de son nouveau boss en Février 2011 semble être à l’origine d’un véritable tournant dans l’organisation interne du bousin.
Giovanni Kessler, un pur animal politique originaire d’Italie du Nord comme son nom l’indique, s’est un peu occupé de lutte contre la contrefaçon entre septembre 2006 et août 2008 et s’est surtout mis en tête de rétablir la grandeur passée de la région intra-européenne du « Grand Tyrol ». Il a immédiatement redéployé ses troupes afin d’accroître sensiblement leur productivité.
Et les résultats ne se sont pas faits attendre : 1046 signalements sont parvenus à OLAF en 2011 – un record absolu, bonjour la crise ! – dont 771 d’origine privée et 275 d’origine dite « publique » c’est à dire émanant soit d’institutions européennes (221) soit des états de l’Union eux-mêmes (54).
Chez OLAF, on déplore la baisse régulière des signalements d’origine publique depuis 2008. Un phénomène dit-on, qui pourrait cacher une corruption rampante au sein des institutions européennes plus significative peut être que celle constatée à l’intérieur des frontières de la société européenne dans son ensemble.
L’amélioration de l’organisation évoquée plus haut a permis en 2011 à OLAF, après examen des signalements, d’ouvrir 178 nouveaux dossiers dont 144 déclenchant une enquête et 34 faisant l’objet d’une coordination avec les organes administratifs les plus directement concernés.
700 millions récupérés, 511 années de prison distribués
A fin 2011, OLAF avait en magasin 463 enquêtes en cours et en a terminé 208 dans l’année dont 175 ont donné lieu à « recommandation » : en clair, que soient engagées à l’encontre des malfaisants, les actions judiciaires, disciplinaires, financières ou simplement administratives qui conviennent. Chez OLAF on est assez fier du résultat obtenu : 691,4 millions d’euros ont été récupérés et les tribunaux qui se sont penchés sur les cas qui leur ont été soumis par l’Office, ont distribué 511 années de prison cumulées.
Au tiercé gagnant des domaines de l’arnaque répertoriés de 2006 à 2011, ce sont l’utilisation des fameux fonds structurels, puis les magouilles élaborées par des membres indignes de la pléthorique administration de l’Union, et enfin les usages folkloriques du budget agricole qui remportent la palme dans cet ordre.
Un phénomène confirmé par le fait que sur les 691,4 millions d’euros que l’on a fait régurgiter aux goinfres crapuleux au cours de l’année de référence, 524,7 provenaient d’usages frauduleux de fonds structurels. Lesquels sont précisément ceux que les dirigeants européens, Hollande en tête, veulent mettre au service de leur nouvelle croisade en faveur de la croissance...ça promet.
Les Allemands, médaille d’argent du classement de l’escroquerie
Quant au concours de l’eurovision des crapules, son palmarès est déroutant puisque avec 168 actions judiciaires engagées, nos cousins allemands dans chacun desquels est supposé sommeiller un fonctionnaire prussien inflexible et intègre, occupent la deuxième place derrière l’irrattrapable Roumanie (225 cas).
Suivent dans cet ordre, l’Italie (112) qui, soit se moralise soit fait dans la délinquance financière de plus en plus astucieuse, la Pologne (90 cas) la Grèce (86 cas) à laquelle on trouverait presque des excuses, et l’Espagne (54 cas). La France et les Pays bas, lamentables parangons de vertus, se traînent avec 29 dossiers chacun ayant donné lieu à poursuites judiciaires déclenchées par OLAF de 2006 à 2011.
L’Office semble donc un investissement rentable, qui rapporte annuellement 10 fois plus qu’il ne coûte. On connaît peu d’institutions européennes qui pourraient lui faire la pige. Pour tendre vers l’excellence, il met à disposition des contribuables européens, son Fraud Notification System (FNS). Une « boite aux lettres » destinée à recevoir leurs confidences en forme de dénonciations.
Amis whistleblowers, à vos sifflets.
OLAF est impatient de les entendre !
Vous pouvez laisser une réponse.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.