CONTRE LE FATALISME NEOLIBERAL. UNE SOCIETE INTOXIQUEE PAR LES CHIFFRES. PROPOSITIONS POUR SORTIR DE LA CRISE GLOBALE.
« Contre le fatalisme néolibéral »
(par Marc Delepouve)
mardi 5 juin 2012 par Delepouve Marc
Face à tout problème, les grands experts nous éclairent de leur savoir, de leurs théories et de leurs chiffres. Ils montrent le chemin. Les gouvernements et les citoyens n’ont plus qu’à suivre. Il n’est plus utile de réfléchir, de débattre et de se mobiliser. Les meilleurs choix s’imposent à nous.
Retour à la réalité. La fin du XXe siècle et le début du XXIe ont connu un chômage de masse et une baisse des droits sociaux dans toute l’Europe. L’environnement se dégrade toujours plus et le climat connaît un réchauffement particulièrement inquiétant. Aujourd’hui l’Union Européenne s’enfonce dans une crise majeure.
Ces « meilleurs choix », que nous indiquent les grands experts, mènent donc de catastrophe en catastrophe.
Dans le livre « Une société intoxiquée par les chiffres. Propositions pour sortir de la crise globale », j’explore longuement un chef d’œuvre de l’expertise, le rapport Charpin sur les retraites. Publié en 1999, il a servi de bible au gouvernement Jospin. Or ce rapport est un tissu d’erreurs de méthode et un tissu de manipulations des chiffres. Ainsi, par exemple, ce rapport alarme sur une prévision de triplement du coût des retraites entre 1998 et 2040, soit en 42 ans. Tripler les dépenses de retraites en seulement 42 ans, ce serait impossible ! Mais le rapport oublie de dire qu’un précédent triplement s’est fait entre 1973 et 1998, c’est-à-dire en seulement 25 ans. Autre exemple. Ce même rapport nous dit que de 1998 à 2040 le PIB français devrait doubler. Par conséquent, si l’on se fie à ce rapport, un simple calcul [1] montre que sur la même période les autres dépenses devraient augmenter d’environ 90%. Cela malgré le triplement des dépenses de retraite. Ainsi le rapport Charpin devrait rassurer. Mais il ne donne pas ce calcul, car il fallait alarmer. L’objectif de ce rapport est purement politique, au service du néolibéralisme. Son contenu est de la poudre aux yeux, un chef d’œuvre de la manipulation des citoyens. Y compris de citoyens occupant des postes de ministre !
J’établis dans ce livre un bilan des connaissances scientifiques sur le changement climatique. Il ne s’agit pas de l’exposé de toutes les connaissances sur le climat, elles sont bien trop nombreuses pour cela. C’est un résumé des connaissances utiles aux citoyens. La conclusion de ce bilan est que le réchauffement climatique fait peser un risque énorme sur l’humanité. Ce bilan indique aussi ce qu’il faut faire pour réduire fortement ce risque. Le problème est que ce qu’il faut faire ne sera pas possible tant que la mondialisation sera néolibérale. Au service des puissants, des experts ont manipulé les résultats des travaux sur le climat de l’organisation internationale GIEC. Sur la base de raisonnements faux, ils ont construit des chiffres qui ont été diffusés par des gouvernements et les médias comme étant des connaissances scientifiques. Ils cachent ainsi la gravité du changement climatique, ce qui protège le néolibéralisme et les capitalistes les plus fortunés contre la révolte de citoyens.
La question de la recherche est aussi largement abordée par ce livre. Comme tous les services publics, la recherche publique manque de financement. Aussi, elle est toujours plus mise au service des entreprises et de la compétitivité économique. Enfin, elle est de plus en plus soumise au principe de concurrence, alors que c’est par les coopérations qu’elle se développe. La recherche est ainsi détournée et freinée par le néolibéralisme. Or, pour réduire le risque climatique, et pour résoudre bien d’autres problèmes auxquels est confrontée l’humanité, les besoins de recherche sont immenses. Il faudrait par exemple investir massivement dans la recherche dans les énergies les moins polluantes, sur la base de coopérations européennes et internationales. Les politiques néolibérales sont responsables d’un gâchis du potentiel de recherche. Les conséquences seront de plus en plus tragiques pour l’humanité.
Un thème central de ce livre est, qu’à des fins manipulatrices, le néolibéralisme met des chiffres partout. Il veut faire entrer les femmes et les hommes dans des cases et des chiffres. Il ne reconnaît pas l’humain. Les services publics sont aujourd’hui sa cible. Le néolibéralisme veut déshumaniser les services publics, briser la culture du collectif, de la solidarité et du service humain.
Au-delà de ce constat, « Une société intoxiquée par les chiffres » est un livre d’espoir, et de révolte. Il trace des pistes pour sortir de la crise et se libérer du néolibéralisme : mettre fin au libre échange international, réformer radicalement la recherche, l’agriculture et la politique énergétique, construire un scénario de construction d’une autre Europe et d’une autre mondialisation…
Le projet néolibéral est en péril. Ses années sont comptées. Le rejet est de plus en plus puissant. Mouvement des indignés en Espagne et en Grèce, mobilisations massives des étudiants du Sud au Nord des Amériques… la révolte est en marche.
Auteur(s) : Delepouve Marc Titre : « Une société intoxiquée par les chiffres. Propositions pour sortir de la crise globale. » Editeur : L’Harmattan Paris, 2011, Collection : Questions contemporaines Format : 13 cm x21 cm, 156 p
Site où il peut être commandé :

Vous pouvez laisser une réponse.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.